Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

ENFANCE DE ROBERT SURCOUF

  Retour page d'accueil       Retour " Robert Surcouf "   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

LA MARINE DE COURSE — L'ENFANCE DE SURCOUF — SES PREMIÈRES NAVIGATIONS DANS L'OCÉAN INDIEN.

Le corsaire Robert Surcouf (1773-1827)

La vie toute entière de Robert Surcouf est un chapitre de la partie de nos annales maritimes qui se rapportent à la course. On donnait ce nom aux campagnes de navigation entreprises par des bâtiments armés en guerre, à leurs risques et périls par des particuliers, et dont la mission était surtout de ruiner le commerce maritime de l'ennemi, de capturer ses navires, de combattre ses corsaires et, au besoin, de s'attaquer à ses vaisseaux de guerre eux-mêmes. La marine nationale française n'eut jamais de meilleure auxiliaire que la marine de course, qui, bien souvent, lui suppléa dans les mauvaises périodes de notre histoire. Nos anciens rois ne cessèrent de la protéger et de l'encourager ; les équipages de course étaient assimilés à ceux qui montaient les vaisseaux pour tout ce qui concernait grades et pensions. Des primes étaient accordées à la construction des bâtiments, aux prises de bateaux marchands ou corsaires, proportionnellement au nombre de canons et de prisonniers. Les chantiers de l'Etat étaient ouverts aux navires avariés ; les armateurs recevaient le dédommagement d'une partie de leurs pertes et se partageaient avec les équipages la presque totalité des prises. En dehors de services rendus au pays, la course enrichissait donc tous ceux qui s'y adonnaient, permettant aux marins de donner à la fois satisfaction à leurs goûts aventureux et de remplir leur bourse aux frais de l'ennemi. Pour équiper leurs corsaires, les armateurs devaient solliciter du pouvoir des lettres de marque les autorisant à faire véritable campagne de guerre, et qu'il ne faut pas confondre avec le simple congé de navigation.

Il serait injuste de ne point établir de distinction entre les corsaires, munis de lettres de marques, combattant fréquemment aux côtés des vaisseaux de guerre, et les flibustiers qui furent pendant si longtemps les véritables bandits de la mer, qui attaquaient aussi bien amis qu'ennemis, et dont le seul nom évoque le souvenir des guirlandes de pendus qui se balançaient aux vergues des navires de Montbars.

Saint-Malo, dont l'importance maritime et commerciale n'est plus que le pâle reflet de ce qu'elle était jadis, fut, par excellence, un nid de hardis corsaires. Elle se glorifie d'avoir donné naissance aux Porçon de la Barbinais, aux Duguay-Trouin, aux Surcouf et à bien d'autres, dont les hauts faits ne le cèdent en rien à ceux de leurs rivaux de la Manche, les chevaliers Paul et les Jean Bart. A l'aube du siècle qui devait amener la suppression de la course, le corsaire dont nous nous proposons de retracer la vie sut garder intacte la gloire de ses prédécesseurs et lui donner un dernier éclat.

D'origine irlandaise, la famille des Surcouf était venue s'établir à Saint-Malo vers le milieu du règne de Louis XIV, et n'avait pas tardé à prendre un rang très honorable dans le pays. Dès la fin du XVIIème siècle, un Surcouf se signalait déjà comme capitaine de corsaires, et diverses alliances firent que, dans les veines de Robert, coulait du sang de Porçon de la Barbinais et de Duguay-Trouin. Il naquit à Saint-Malo, le 12 décembre 1773, de l'union de Charles Surcouf de Boisgris et de Rose Truchot de la Chesnais, et dans son jeune âge se montra l'enfant résolu, batailleur et indomptable, que ses biographes aiment à comparer à un autre Breton illustre, du Guesclin.

On le mit dans un collège de Dinan. La pieuse Mme Surcouf souhaitait fort de voir s'adoucir le caractère de son fils et rêvait pour lui l'état ecclésiastique. Après un effort de quelques mois pour se maîtriser, la violente nature de Robert reprit le dessus, et il devint l'élève le plus indiscipliné. Le régent voulant un jour lui appliquer le fouet, l'enfant résista tant qu'il put, puis, se sentant dompté, saisit la jambe de son maître et la mordit si cruellement que celui-ci dut lâcher le beau diable, qui, tête et pieds nus, s'enfuit par la campagne pleine de neige et s'en revint chez ses parents. Cette fois, l'on ne crut pas devoir refuser d'accéder au désir que souvent il avait exprimé, de s'embarquer sur un navire de commerce.

Le 3 août 1786, Robert Surcouf prit la mer à bord d'un caboteur, et à quinze ans passa sur l'Aurore, qui se rendait à l’île de France et à Pondichéry. Pendant le cours de cette longue et pénible traversée, un officier du bord, M. de Saint-Pol, se prit d'amitié pour le jeune homme, dont il avait reconnu l'énergie de caractère, la droiture, l'intelligence et la passion véritable pour le rude métier de la mer. Avec grande complaisance, il lui enseigna les éléments de la science nautique et exerça une influence considérable sur ce cerveau à l'imagination ardente, qui s'enflammait au récit des batailles dont la mer des Indes avait récemment été le théâtre.

L'Aurore venait de prendre à Mozambique, un chargement d'esclaves, lorsque une violente tempête le désempara et le jeta à la côte. La noble conduite du jeune marin pendant le sauvetage fut récompensée par le capitaine, qui le fit officier.

A partir de ce moment jusqu'à la fin de 1792, le jeune homme, passant d'un navire sur un autre, court sans relâche toutes les mers, de Sumatra à la côte d'Afrique et aux Indes, et acquiert cette parfaite connaissance des côtes, des courants et des vents, qu'il devait si bien mettre à profit quelques années plus tard. Il devint un marin consommé.

Surcouf revint en France au bout de trois années, sur la flûte du roi la Bienvenue, qui le débarqua à Lorient, le 3 janvier 1792. Ce fut chez les siens grande joie bien partagée, lorsqu'ils revirent ce fils dont les lettres venues des Indes leur avaient appris la conduite et qu'ils n'avaient jamais cessé de chérir, malgré sa turbulence et son indiscipline.

Surcouf était venu à l'île de France, lorsque éclata la guerre avec la Grande-Bretagne, au commencement de 1793. Etait arrivée presque en même temps la nouvelle de la mort du roi. Un certain nombre d'officiers se firent débarquer ; plusieurs, bien que royalistes, demeurèrent à leurs bords et soutinrent les premiers chocs contre les Anglais. Surcouf fut de ceux-là ; il voulut continuer à servir sa patrie, malgré les turpitudes et les crimes de ceux qui la gouvernaient.

Bientôt la guerre, les croisières anglaises rendirent presque impossible la navigation commerciale. Redoutant par-dessus tout l'obligation de rester oisif, Surcouf se fit embarquer comme enseigne sur une corvette de guerre. C'était au temps où la Convention parachevait le bouleversement de l'ancienne France. Une loi venait d'abolir brusquement l'esclavage dans les colonies. Mise en pratique insensée, d'une idée très noble en vérité, cette mesure alluma un terrible incendie dans toutes les possessions françaises, causa le massacre des colons et nous fit perdre Saint-Domingue. Effrayés de ces réformes qui lésaient gravement leurs intérêts et dont ils envisageaient les conséquences, les habitants de l’île de France cherchèrent les moyens de se préserver de l'action directe du gouvernement métropolitain.

Une assemblée coloniale fut convoquée à Port-Louis, pour se concerter avec le gouverneur, général de Malartic, qui avait su garder sous la République des fonctions qu'il tenait du roi Louis XVI. On convint qu'avant d'être imposées comme loi dans la colonie, les mesures arrêtées par le gouvernement de Paris seraient soumises à la sanction des colons. Il arriva de cette manière que, pendant toute la durée de la Révolution, l'île de France jouit d'une semi-indépendance, que la Convention fut obligée de tolérer, faute de pouvoir y rien faire. Elle avait autant à craindre de la France que de l'Angleterre, mais échappa à l'anarchie, ne connut guère de proscriptions et ne vit pas s'élever d'échafauds, jusqu'au jour où les colons purent applaudir au retour de la raison dans le gouvernement.

Ne pouvant compter que sur leurs propres forces, ils se regardèrent comme les champions de la France dans l'océan Indien. Leurs corsaires devinrent la terreur des commerçants et des navigateurs anglais, si bien que la Compagnie des Indes en vint à faire bloquer l'île. Cinq petits bâtiments français s'attaquèrent à ses deux gros vaisseaux et les contraignirent à se retirer, après un terrible combat où Surcouf avait fait ses premières armes.

Malgré la récente abolition de l'esclavage, les colons ne renonçaient pas à se procurer des noirs. On offrit à notre marin, qui venait d'atteindre sa vingtième année, de prendre le commandement du brick le Créole et d'aller en embarquer sur la côte d'Afrique. La traite était alors acceptée par les moeurs et ne paraissait pas avoir un caractère déshonorant. Le jeune homme accepta cette mission, pleine de dangers ; il fut bientôt dénoncé aux autorités comme violant les lois de la République et, un jour qu'il entrait dans le port de Saint-Denis, de Bourbon, après avoir, la nuit précédente, débarqué son chargement d'esclaves sur un autre point de la côte, trois commissaires du Comité du Salut public colonial abordèrent son navire pour en faire la visite. Les commissaires reconnurent aisément les traces du séjour des nègres ; ils dressèrent procès-verbal et invitèrent le capitaine à les suivre à terre.

Fort irrité de ce contretemps, Surcouf les retint sous prétexte d'un déjeuner, fit prendre le large à son navire et déclara à ses hôtes forcés qu'il était tout disposé à les conduire parmi leurs bons amis les nègres.

Les malheureux commissaires, très inquiets sur le sort qui leur était réservé, demandèrent à entrer en composition. Le premier procès-verbal fut déchiré, un nouveau rendit Surcouf blanc comme neige : un raz-de-marée seul avait fait chasser le Créole sur ses ancres. Cette simple anecdote suffit à montrer avec quelle décision savait agir Surcouf dans une circonstance difficile (Philippe Descoux).

 © Copyright - Tous droits réservés.