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L'EGLISE SAINT-CORNELI ou CORNELY DE TOURCH

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Eglise de Tourch (Bretagne).

I. — EGLISE.
Elle a la forme d'une croix régulière mesurant 23 mètres de longueur et, aux bras de croix, 20 mètres de largeur. La hauteur, sous nef, est de 7 mètres.

L'an 1843, le bas de l'église menaçait ruine. M. Caudan, recteur, procéda à la reconstruction de 22 toises de maçonnerie et à la réfection de 25 toises de toiture.

Ce mauvais pseudo-roman jure avec le transept et le chœur, constructions gothiques qui remontent à la fin du XVème siècle. Les piliers de forme octogonale irrégulière ont des socles et des chapitaux dépourvus de sculpture. Ils sont reliés par des arcades ogivales non moulurées, agrémentées de simples chanfreins.

La partie rebâtie est séparée de la partie gothique par un arc ogif qui traverse la nef médiane. L'ambon ou jubé se trouvait en cet endroit. Les entailles pratiquées au haut des piédroits, et où reposaient les poutres transversales, suffiraient à en faire la preuve.

Cette grande ogive n'a d'autre valeur actuelle que celle d'établir la date au-delà de laquelle on doit nécessairement placer celle de la construction du transept.

En 1930, le chœur a été proprement dallé et meublé de stalles qui ne sont pas indifférentes.

Mais ce que l'église possède de plus remarquable, c'est un beau vitrail ancien de la Crucifixion.

A sa partie supérieure, 3 soufflets nous présentent les armes des prééminenciers de l'époque.

Le soufflet de gauche contient les armes suivantes : Ecartelé : au premier, d'argent à trois molettes de gueules (de Kernimihy) [Note : De Kerminihy, seigneur dudit lieu. Réformations de 1426-1536. Paroisses d'Elliant, Rosporden et Tourc'h. Ce seigneur fut amené à figurer dans le vitrail de Tourc'h, à l'occasion de ses terres de Kervindal (Kervidal) et autres, en cette paroisse] ; au deuxième, d'argent au chêne de sinope englanté d'or ; au franc canton, de gueules, chargé de deux haches d'armes d'argent adossées en pal (Plessis-Nizon) [Note : Du Plessis, seigneur dudit lieu en Nizon. Réformations 1427-1535. M. 1481-1562. Laurent Diu Plessis était seigneur de Kerminihy entre 1540 et 1562. Famille éteinte : mais les armes en sont décrites dans les aveux de cette seigneurie. Entre plusieurs autres droits on y lit la revendication de celui d'avoir un écusson en la maîtresse vitre de l'église de Tourc'h, du côté de l'Evangile] ; au troisième, parti de Plessis-Nizon et de gueules aux trois croissants d'argent (Kerflous) [Note : La maison de Kerflous était alliée de celle de Kerminihy] ; au quatrième, d'argent à la croix de sable qui est Le Doulec, seigneur de Kerourgant, en Plogastel-Saint-Germain.

Au-dessus de cet écusson de gauche on voit une dame âgée, les yeux levés au ciel, les cheveux recouverts de feuillage et tenant dans les mains comme les extrémités d'un long et large ruban. Les couleurs en sont passées ; le détail se remarque surtout avec des jumelles.

Au soufflet de droite nous avons les mêmes armes que dans les soufflets supérieurs des deux petites fenêtres latérales du chœur : d'argent au greslier d'azur, lié de même, qui est La Rivière, seigneur du dit lieu, en Tourc'h.

Cet écusson est surmonté d'une tête de seigneur, ornée de deux ailes.

Le troisième soufflet, qui domine les deux autres, devait probablement présenter, écrit M. de Villiers, « les fleurs de lys des ducs de Bretagne et des rois de France. Cette circonstance a pu en provoquer la destruction en 1793. A cette place, on voit maintenant une gloire analogue à celle qui existe à la grande vitre de l'église de Rosporden et qui date du commencement du dernier siècle ».

La partie principale du vitrail se compose de trois panneaux d'environ cinquante centimètres de largeur et séparés par des meneaux en granite de Scaër.

L'ensemble représente comme sujet unique le crucifiement de Notre Seigneur. C'est la reproduction des trois parties médianes du vitrail de saint Mathieu de Quimper, que M. le chanoine Abgrall décrit de la façon suivante :

« Notre Seigneur en croix, saint Longin à cheval lui perce le côté de sa lance ; la Madeleine au pied de la croix. Sous le larron de droite, on voit la Vierge éplorée, soutenue par saint Jean et par une sainte femme ; à l'arrière plan, deux juifs debout, puis un soldat casqué et un pharisien à cheval. Sous le larron gauche, un centurion au costume très riche monte sur un magnifique cheval et au second plan, le Prince des prêtres et un pharisien aussi à cheval. Le bon larron rend le dernier soupir et son âme sous la forme d'un petit enfant nu est portée au ciel par un ange, tandis que celle du mauvais larron est emportée par un démon hideux ».

En outre, il est une scène qui n'existe pas à Saint-Mathieu et qui complète très heureusement le vitrail. C'est une bataille de militaires pour la conquête de la robe sans couture de Notre-Seigneur. La robe prend tout le bas des trois panneaux. A droite, un militaire est à genoux sur une extrémité de la robe ; à côté de lui, un paisible caniche paraît bien indifférent à ce qui se passe. Dans le panneau du milieu, la scène est très violente. Un militaire, étendu sur la robe, rage, en montrant de grandes dents blanches ; le voilà qui dégaîne. Il en est temps. Au-dessus de lui, un autre soldat le tient par la chevelure, durement, de la main gauche, tandis que de la droite il se prépare à lui enfoncer un sabre dans le dos. Un quatrième militaire accourt du panneau de gauche, arme au clair. Qu'il attende un peu, il aurait un concurrent de moins.

C'est une dramatisation brutale du miserunt sortem. Mais, pour n'être pas absolument évangélique, cette scène n'en est pas moins vivante. Les soldats sont revêtus des riches costumes du XVIème siècle, ils jouent leur rôle avec un naturel parfait et une combativité très communicative.

Tout le vitrail est de fort bon style et ne présente aucune lacune. « Quelques panneaux, écrivait M. de Villiers, sembleraient à première vue être en verre blanc, mais en regardant avec attention, on trouve partout des traces de la composition primitive. La photographie l'indique très nettement. Il y a seulement une décoloration partielle qui a malheureusement atteint la partie basse du panneau de droite où une date se trouvait inscrite. On lit sans peine l'An et, avec une difficulté croissante, un 1, un 5 et un deuxième 5 ; ce qui ferait remonter le vitrail aux environs de l'année 1550.

Cette date est du reste parfaitement d'accord avec le style du vitrail et elle se trouve vérifiée par les indications contenues dans les soufflets ».

M. de Villiers écrivait ces lignes en 1893. Peu de temps après, les vitraux de Saint-Mathieu et de Tourc'h quittaient leur église respective. Il y revenaient, au bout de 4 mois, entièrement restaurés.

Le vitrail de l'église de Tourc'h a été classé comme monument historique, le 10 novembre 1906. Il est en très bon état. Le pignon présente une fêlure qu'il pourrait lui communiquer. La chose est signalée.

Entre le vitrail et la paroi Nord, dans le grand chœur, se voit la statue de saint Cornély, patron de la paroisse. Il tient une crosse à la main et porte la tiare. A sa droite, on remarque une bête à cornes, noire et blanche, de facture médiocre.

Saint Cornély est invoqué pour les bêtes à cornes. Des pèlerins offrent à l'église des longes en chanvre. Ces longes sont vendues aux enchères publiques après la messe et il est rare qu'elles ne soient pas rachetées par les donateurs. Ils s'en servent, à l'étable, pour tenir attachée la bête de leur sollicitude.

Enfin, du côté Midi, le haut de la nef latérale est orné, depuis 1930, d'une cellule de sainte Thérèse. L'entrée consiste en deux colonnettes avec socle et chapiteau : elles sont reliées par une ogive découpée et ajourée. C'est l'œuvre de M. Derrien, sculpteur sur Kersanton, à l'Hôpital-Camfrout. Au milieu de la cellule, sur un socle, se dresse une jolie statue de 1 m. 66 de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.

***

Une fontaine, à 200 mètres au sud, de l'église, porte le nom de fontaine de Saint-Cornély. Son eau n'est employée à aucun usage de guérison.

Le pardon de saint Cornély est célébré le troisième dimanche de septembre. Il attire les environs. La journée est exclusivement religieuse. La fête civile a lieu le lendemain et le surlendemain jusqu'à midi.

II. — CLOCHER.

A l'extérieur de l'église, le clocher seul, de silhouette vigoureuse et trapue, mérite une mention.

L'angle Sud-Ouest du pignon est défendu par une superbe lionne. A l'angle Nord-Ouest, se trouve le petit Torc'h. C'est un horrible nain à tête énorme, reposant, agenouillé, à demi-renversé en arrière, sur ses longs bras étendus. Bien que tout nu, il ne choque guère aujourd'hui. A coups de cailloux, d'après la tradition, les enfants de quatre siècles ont condamné et sévèrement corrigé l'impudique hardiesse de nos sculpteurs anciens.

Le milieu du pignon est percé d'une belle porte cintrée, flanquée de deux pilastres soutenant une double corniche très saillante dans le style de la Renaissance bretonne du XVIIème siècle. Deux lions, tenant 2 écussons frustes, semblent servir de base à une croix. Au lieu d'un Christ, cette croix porte un cœur enflammé. Au-dessus, un écusson, incliné à l'antique et timbré d'un heaume avec lambrequins et volets, dont le cimier est formé d'une tête de lion, provient assurément d'un plus ancien clocher. Au bas de son angle gauche, il présente en miniature les armes de La Rivière.

Au sommet du pignon, au-dessus d'un œil de bœuf, on voit, en très bon état de conservation, dans un cartouche ovale, les armes de la famille de Tréouret.

D'argent, au sanglier passant de sable [Note : De Tréouret, seigneur dudit lieu, de Kerstrat, de Penanguer, de Penfouillic. Réformations, 1426-1536. M. 1481. Paroïsse de Cast : D'argent au sanglier le sable, ayant la lumière et la défense d'argent. Devise : sœvit, furet et ardet. — Un page du roi en 1764] et le buste en pleine ronde bosse de saint Cornély portant la tiare.

Et nous arrivons à la tour proprement dite. C'est un clocher à jour. Deux belles galeries, à balustres de granit, portent sur leurs angles huit pierres œuvrées en forme de coupes couvertes. Dernièrement, nettoyé aux baguettes d'acier, lavé, consolidé au ciment, on lui a rendu les 21 pierres tombées victimes de délabrement. Il a figure de clocher neuf. On peut regretter que, faute de ressources, on n'ait pu incorporer à la flèche les 5 ou 6 mètres qui lui auraient restitué toute son élégance originelle [Note : Le clocher est tombé deux fois, et chaque fois on en a remonté, seulement, les pierres en bon état].

Sous l'encorbellement de la galerie inférieure se voit une large frise sculptée, présentant, au milieu de la façade Ouest, une chimère grimaçante, hideuse, venant d'une construction antérieure.

Des angles saillissent quatre têtes, peut-être celle du pape, celle de l'évêque, celle du saint patron et celle du recteur de Tourc'h, en barrette. Les intervalles sont remplis par des médaillons et des cartouches en losanges alternés.

Sur la deuxième galerie on voit, formant encoignures, les représentations symboliques des quatre évangélistes.

Sous l'aigle, on lit : S : IOANNES.
Sous le bœuf : St LUCA : P.
Sous le lion : S : MARCE.
Sous l'homme : S : MATHEE.

Plusieurs lecteurs, assurément, seront heureux de trouver quelques explications sur ce symbolisme. Elles sont empruntées, surtout à Fillion.

Dès le deuxième siècle, ont eut la pensée de comparer les quatre évangiles au célèbre char d'Ezéchiel, char à la fois unique et quadruple. On les compara de même aux quatre animaux de l'Apocalypse. Dans la réalisation, il y eut des variantes notables et l'on se trouva bientôt en face de trois systèmes.

1. — Le premier système est celui de saint Irénée, d'après lequel saint Mathieu est représenté par l'homme, saint Marc, par l'aigle, saint Luc par le taureau et saint Jean par le lion. Juvencus l'a traduit par ces vers bien connus :

Matheus instituit virtutum tramite mores,
Et bene vivendi justo dedit ordine leges :
Marcus amat terras inter cœlumque volare
Et vehemens aquiloe stricto secat omnia lapsu :
Lucas uberius describit prœlia Christi,
Jure sacer vitulus, qui mœnia fatur avita :
Joanner fremit ore leo ; similis rugienti
Intonat œternœ paudens mysteria vitœ.

II. — Saint Augustin, évêque d'Hippone, dans son traité sur saint Jean, oppose un deuxième système à celui de saint Irénée.

Saint Mathieu est représenté par le lion, saint Marc par l'homme, saint Luc par le taureau et saint Jean par l'aigle.

III. — Enfin, un troisième système, défendu surtout par saint Ambroise, saint Jérôme et saint Grégoire Le Grand, supplanta les deux autres et ne tarda pas à devenir traditionnel dans l'Eglise latine. C'est celui qui a été emprunté par le sculpteur de Tourc'h. Voici comment l'expose saint Jérome et quels sont les motifs qui ont déterminé son choix.

« Hœc igitur quatuor evangelia multo ante prœdicta Ezechiells quoque volumen probat, in qua prima visio ita contectitur : Et in medio sicut similitudo quatuor animalium, et vultus eorum facies hominis, el factes leonis, et facies vituli, et facies aquilœ.

Prima hominis facies Matheum significat qui quasi de homine exorsus est scribere : Liber generationis Jesu Christi : secunda Marcum, in quo vox leonis in eremo rugientis auditur : Vox clamatis in deserto ; parate viam Domini. Tertia vituli, quœ evangelistam Lucam a Zacharia sacerdote sumpisse initium proefigurat. Quarta Joannem evangelistam, qui, assumptis pennis aquilœ et ad altiora festinans, de Verbo Dei disputat ».

Voici au sujet de ce troisième système, une des plus belles hymnes du moyen-âge composée par Adam de Saint Victor.

Supra cœles dum conscendit
Summi Patris comprehendit
Natum ante sœcula
Fellens nubem nostrœ molis
Intuetur jubar solis
Joannes in aquila.

Et leonis rugientis
Marco vultus, resurgentis
Qui claret potentia :
Voce Patris excitatus,
Surgit Christus laureatus
Immortali gloria.

Os humanum est Mathei
In humana forma Dei
Dictantis prosapiam ;
Cujus genus sic contexit
Quod a stirpe David exit
Per carnis materiam.

Ritus bovis Lucœ datur
In qua forma figuratur
Nova Christus hostia :
Ara Crucis mansuetus
Hic mactatus, sicque vetus
Transit observantia.

Paradisi hic fluenta
Nova fluunt sacramenta
Quœ descendunt cœlitus :
His quadrigis depostatas
Mundo Deus, sublimatur
Itis arca vectibus.

L'art chrétien ne manqua pas de s'emparer de ces symboles pour représenter les quatre évangélistes. Ils apparaissent pour la première fois sur la mosaïque de sainte Pudentienne, qui date, d'après MM. de Rossi et Garrucci, des dernières années du IVème siècle. Le Christ entouré des Apôtres, est assis sur un trône à la partie supérieure de la mosaïque ; en haut, on voit les figures ailées de l'homme, du lion, du taureau et de l'aigle.

Les mosaïques de sainte Sabine et de sainte Marie-Majeure reproduisent, les mêmes types.

D'autres mosaïques un peu plus récentes, notamment celles de Saint-Paul-Hors-les-Murs (de 440 à 461) modifient légèrement la représentation, en ajoutant à chaque animal un nimbe et un livre fermé : coutume qui alla se perpétuant sur les ivoires, les croix pectorales, les monnaies, les miniatures, soit de l'antiquité, soit du moyeu-âge.

Plus tard, aux quatre symboles on ajouta quatre personnages nimbés, tantôt debout, et tenant à la main un livre fermé (rarement ouvert) ; tantôt assis, et écrivant, ou bien ayant simplement à côté d'eux une petite table munie de tout ce qu'il faut pour écrire.

M. Rohault de Fleury, dans son bel ouvrage : l'Evangile, études iconographiques et archéologiques, reproduit au frontispice du tome I, d'après une gravure conservée à la bibliothèque de l'Arsenal, une carte des voyages de N. S. J. C. au sommet de laquelle on voit ce charmant croquis : un personnage assis, qui écrit dans une belle et grave attitude. Son siège est supporté par un lion et un taureau ailé ; au dessus de sa tête planent un ange et un aigle.

La seconde galerie est décorée de quatre pinacles ou fléchettes d'angles carrées, amorties en pyramides, dont chacune porte à son sommet quatre fleurs de lys. Entre ces pinacles, quatre grandes ouvertures rectangulaires, couronnées de quatre œils de bœuf très ornés, sont surmontées d'une boule et d'une croix. Stat crux, dum volvitur orbis.

La flèche, octogonale, est percée de jours multiples. Chaque angle porte de nombreux crochets. Et, au-dessus de la pierre pinale, au haut de la croix, tourne le fier coq traditionnel.

AUTRES INSCRIPTIONS.

Nous lisons du côté Nord de la chambre des cloches :

JEAN LE GUENNEL F. 1727

Au pignon Ouest : HERVE BOLIDO. [Note : A noter que ces caractères se trouvent en fait renversés. Il faudrait lire du haut de la flèche et commencer par la droite, parce que la pierre a été posée sur le mauvais champ, probablement un lundi matin !].

A la deuxième galerie, côté Ouest:
— IA — RIVIER. R — P. FLAO. G.

Façade Midi :

1727 — V. ET D. M. MODIRE R. DE TOUR — DOM JEAN GUENNEL R.

Et plus bas :

F. 1726 [Note : Cette date et celles du côté Nord, sont celles d’une reconstruction].

La pierre qui porte cette inscription aurait dû faire suite à celle où se trouve le nom de Hervé Bolido.

CLOCHES — INSCRIPTIONS.

M. de Villiers écrit en 1893 : « J'ai parcouru la collection des registres de la paroisse, qui est fort incomplète pour le XVIIème siècle, et n'ai trouvé à signaler que la mention de la résidence à Tourc'h d'un notaire et la présence de deux prêtres pour assister le recteur en 1680.

Il y a cependant un baptême de cloche fait dans des conditions particulières qu'il est intéressant de rappeler comme se rapportant à l'histoire générale de la Bretagne. C'est, après cinq années, un épilogue de la révolte du papier timbré. Je reproduis textuellement cette intention dont la rédaction est incorrecte et l'écriture peu lisible :

« Décembre 1680. Et a été nommée par nobles gents Guillaume Changeon, sieur de Nevars, sénéchal de la Juridiction, cappitaine de la ville de Rosporden, et par dame Elisabeth du Livec, dame de Kerminihy, la maraine et aultres lieux, qui ait signé pour leurs respects et les soussignants présenté. Et ce même jour, ait été les cloches rendues de cette église paroissiale après avoir été enlevées d'icelles et rendues au château de Conqau pour cause des troubles de la paroisse et bâtements du toscsin du roi.

Suivent les signatures : Marie-Elisabeth du Livec, Changeon, Callonaut, Kerguennec, Yves Le Bail, prêtre, Henri Pontpaul, prêtre et recteur ».

Rien n'indique que cette cloche soit jamais revenue prendre sa place au clocher de Tourc'h.

***

Une cloche fêlée, qui a dû être remplacée, portait l'inscription suivante :

« L'an 1780, j'ai été hénite par M. G. LEDU, recteur de Tourc'h ; M. le marquis et Mme la marquise de Tinténiac, seigneur de fief ; M. et Mme de Kerjean, seigneur prééminencier ; M. Baret, fondeur ».

On y remarquait 2 écussons accolés ; l'un, fruste ; l'autre, de Tinténiac : d'hermine avec croissant de gueules. Plus bas, figurait Kerjean : D'argent à la Tour couverte de sable ; et, à droite, les armes de Marie-Louise de La Marche, femme de François de Kerjean, seigneur de Kerminihy : de gueules au chef d'argent.

***

Le 4 août 1824, en vertu de l'autorisation de M. Tromelin, vicaire capitulaire, M. Le Roux, recteur d'Ergué-Gabéric, bénissait une cloche de 282 kilos, nommée Corneille, L'acte est signé par les recteurs des environs, par M. Le Bris, recteur de Tourc'h, et par M. de Lalande de Calan, maire.

Cette cloche a été remplacée, en 1873, par une autre donnant le si bémol grave, maximum de réception du clocher. Son parrain, M. François Bleuzen de La Rivière, et sa marraine, Mme Isabelle Gourmelen, du bourg, l'avaient nommée Josèphe-Marie.

Elle sert aujourd'hui de basse à trois cloches bénites le 21 septembre 1930, par M. le chanoine Pierre Joncour, vicaire général, délégué par Son Excellence Mgr Duparc, évêque de Quimper et de Léon. Le carillon actuel sonne rigoureusement : Si bémol — do — ré — fa.

La cloche qui sonne do a été nommée Corneille-Elisabeth-Françoise par les parrains-donateurs : Mlle Elisabeth de Villiers du Terrage de Kerminihy, de Rosporden, et M. François Le Borgne, du moulin de La Rivière.

La cloche a été nommée Thérèse-Anna-Louise par les parrains-donateurs : Anna Bourbigot, dame Seznec, de Quimper, et M. Louis Boëdec, de Quillien, maire de la commune.

La petite cloche a été nommée Candide-Josèphe-Catherine par les parrains-donateurs : Mlle Catherine Le Roy, du bourg, et M. Joseph Quéré, de Coat-Ilis.

III. — SACRISTIE.

L'ancienne sacristie portait sur le linteau de la porte extérieure qu'elle avait été bâtie par M. I. DE VALLAN, recteur en 1760.

Beaucoup trop petite et tombant en ruine, elle a été remplacée, en 1930, par un immeuble vaste, bien éclairé, comportant rez-de-chaussée et étage.

 

IV. — OBJETS DE VALEUR.

A. — Une grande croix processionnelle mesure, sans le fût, 125 x 65. Elle date du début du siècle dernier. A l'avers, nous voyons, au bas, sur le nœud, les tables de la loi et, de chaque côté, une tête d'ange. En haut, un beau Christ de 0.35 est attaché à la croix. Il a, à sa droite, un buste de saint Pierre, un buste de saint Paul à sa gauche et, derrière la tête, une colombe au milieu de la gloire. Enfin, on voit un ruban, avec l'inscription INRI.

Au revers, la sainte Vierge éplorée tient son cœur entre les mains.

B. — Un chrêmier ou orceau, en argent. Il a la forme d'un petit pétrin orné aux angles et reposant sur quatre pieds sculptés. La toiture qui le couvre porte une tête d'ange sur chacun des quatre versants. Le tout est surmonté d'une croix.

A l'intérieur, dans une plaque d'argent perforée, plongent trois ampoules cylindriques. Une inscription en indique le contenu. Le sommet du couvercle de chacune est muni d'une petite croix.

C. — Un ostensoir, en vermeil, de 0.65 de hauteur. Il a été acheté en 1875.

D. — Deux ciboires en vermeil, dont l'un très ancien, a été fabriqué au marteau et doré au feu. Un calice, en vermeil, également ancien, et deux calices, en argent, dont l'un date de l'époque de la grande croix.

E. — Enfin, une navette et une chaîne d'encensoir avec son chef, en argent. L'encensoir, depuis moins de 30 ans, a émigré vers le Sud.

***

KANTIG SANT KORNELI.

Tourch (Bretagne) : Cantique Saint-Cornély (Partie 1).

Tourch (Bretagne) : Cantique Saint-Cornély (Partie 2).

Tourch (Bretagne) : Cantique Saint-Cornély (Partie 3).

Tourch (Bretagne) : Cantique Saint-Cornély (Partie 4).

 

***

APPENDICE.

Biens appartenant à l'ancienne Fabrique de l'église ; folio 89 de la matrice cadastrale.

Les parcelles 81 et 82 ont été vendues par M. Loison, de Landudec, canton de Plogastel-Saint-Germain, à la Fabrique de l'église de Tourc'h, au rapport de Aimé Pennaros, notaire à Elliant, enregistré à Concarneau, le 3 janvier 1861, folio 21.

M. Loison avait acheté la parcelle 81 à Yves Le Guillou, le 5 août 1829, et la parcelle 82 à Corentin Torrec, le 27 mars 1832.

Il n'a pas été trouvé trace d'origine des parcelles 85, 86, 150 et 318. L'église en jouissait, sans charge, depuis longtemps.

L'ancien presbytère était bâti sur les parcelles 83 et 84. Elles sont devenues propriétés communales à la révolution et servent aujourd'hui de jardin [Note : D'après le procès-verbal d'Août 1779, voici en quoi consistait le presbytère : un corps principal de 42 pieds de long sur 18, contenant cuisine, sallon, cave, escalier avec décharge séparés seulement par des cloisons de planches, escalier en bois, 2 chambres à l'étage et cabinet avec escalier communiquant au grenier, latrines sur le palier, cour close au midi contenant un four dans son angle midi et couchant, écurie, porte d'entrée de la cour de 4 pieds de large avec jambages en taille, jardin clos, cour de basse-cour au Nord contenant un puits, aire à battre, hangar couvert en paille et verger (tout cela sur 10 ares 56)].

Le presbytère actuel a été édifié sur la parcelle 85, terrain de la Fabrique.

Ce 10 août 1890, lisons-nous sur le journal de la cure, M. Couïc, recteur, expose que l'église ne possède qu'un pré disponible valant 800 francs, lui-même a reçu un don de 1.000 francs. Il demande à la commune d'aider à bâtir un nouveau presbytère. Le maire refuse, alléguant que la commune est sans ressources.

M. Couïc déclare qu'il bâtira « à ses frais personnels » sur le terrain de la Fabrique et la maison sera propriété fabricienne. Le 8 février 1891 le presbytère était bâti.

Par la loi de séparation, l'Etat a saisi les biens ci-dessus désignés.

La commune a loué à M. François Calvez, recteur de Tourc'h, et aux recteurs approuvés par Mgr l'Evêque de Quimper qui les remplaceraient, les parcelles 83, 84 et 85, c'est-à-dire le presbytère actuel avec ses annexes et dépendances, jusqu'à octobre 1940.

Tous les 9 ans, les autres parcelles ont été mises en adjudication de location.

(F.-M. Calvez).

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