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L'église de Tréguier |
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Des neuf anciens évêchés de la Bretagne armoricaine, trois seulement sont gallo-romains : Nantes, Rennes et Vannes. Les six autres diocèses doivent leur première fondation à de saints personnages, moines pour la plupart, qui, dans le cours des Vème et VIème siècles, conduisirent ou suivirent les Bretons insulaires cherchant dans la fuite un refuge contre l'invasion et la tyrannie des Angles et des Saxons. Les premières émigrations des Cornovii et des Domnonii arrivèrent en Armorique vers l'an 460 de notre ère. Le fort de l'émigration bretonne pour ces deux peuplades a dû être entre les années 509 et 577, et se continuer, en diminuant d'intensité, jusqu'au commencement du VIIème siècle. Les principaux saints émigrés de Grande-Bretagne sont contemporains de Childebert et de Clotaire, fils de Clovis (511-561). Le dernier Breton insulaire établi en Armorique est saint Ivi qui vivait vers la fin du VIIème ou au commencement du VIIIème siècle. Ainsi, quelle que soit la prétention de certains historiens, fort érudits et respectables d'ailleurs, l'établissement des évêchés dans toute la Domnonée ne date pas du Ier siècle de l'ère chrétienne, et l'émigration bretonne en Armorique ne fut un fait accompli qu'à l'époque que nous venons d'indiquer, d'après les meilleurs auteurs. Albert Le Grand cite avec complaisance un catalogue fantastique de 62 évêques de Lexobie, de l'an 72 à 527. L'opinion qui voudrait voir Lexobie sur l'emplacement du Yaudet en Ploulec'h, prés Lannion, est une thèse depuis longtemps réfutée par la saine critique. On ne peut citer aucun acte authentique dans lequel les anciens évêques de la région trécorroise ont pris le litre d'évêque de Lexobie. |
L'église de Tréguier
Le véritable fondateur de l'église de Tréguier est saint Tugdual, issu de race royale, venu de Grande-Bretagne en Armorique vers le milieu du VIème siècle, avec sa mère, sa sœur et 72 solitaires. Sa mère, Alma Pompœa, est la patronne de Langoat, où l'on vénère ses reliques et où son tombeau restauré porte la date de 1370 ; sa soeur, sainte Sève, a donné son nom à une paroisse des environs de Morlaix. Les compagnons les plus illustres de saint Tugdual furent, pour notre ancien diocèse de Tréguier : saint Gonéri, mort à Plougrescant, saint Maudez, saint Kirec, saint Mérin et saint Briac, apôtres, patrons et fondateurs des paroisses appelées encore aujourd'hui de leurs noms Lan-Modez, Loc-Kirec, Lan-Mérin et Bour Briac ; saint Ruélin et saint Pergat, ses successeurs dans l'épiscopat et dans le gouvernement des monastères de Trécor (Troguéry) et de la vieille cité nommée actuellement le Yaudet, en Ploulec'h. Saint Pergat est le patron de Pouldouran ; saint Trémeur, de Camlez ; saint Léonor ou Lunaire, de Trélévern ; saint Gildas et saint Gouénou ont des chapelles, l'un à Penvénan, l'autre à Plouguiel. Saint Guénolé, à Trévou-Tréguinec ; saint Gonval et saint Hérigin, à Penvénan (Voir J. Gaultier du Mottay, Géographie des Côtes-du-Nord, 1862, pp. 701-704). — Saint Tugdual était tellement en honneur au moyen âge que la légende populaire en fit un pape de Rome sous le nom de Léon V. Cette prétention est enregistrée dans les anciens bréviaires de Tréguier, de Chartres et de Laval. Le fondement de cette fable pourrait bien être un pèlerinage que le saint fit au tombeau des Apôtres. Ce voyage même n'est pas très réel, mais les hagiographes du moyen âge ne manquent pas d'imposer à tous nos vieux saints, à tort ou à raison, un pèlerinage obligé ad limina apostolorum. Si la vérité du fait n'est pas toujours rigoureuse, l'intention du moins est excellente de nous montrer nos pères dans la foi en parfaite communion avec le Saint-Siège apostolique, et jamais depuis les Bretons n'ont refusé au Souverain-Pontife leur foi, leur or et leur sang.
Avant de mourir, Tugdual désigna le moine Ruélin pour son successeur. Celui-ci, parait-il, eut à triompher de l'ambition de Pergat, qui ne se désista qu'après une apparition de saint Tugdual (Note : Avant la Révolution, et dans le bréviaire de Tréguier, édité en 1770, notre diocèse faisait publiquement la fête de saint Ruélin, son second évêque. On nous permettra de regretter que ce saint, avec saint Gonéri et tant d'autres, ne soit plus honoré dans notre calendrier).
Des auteurs ont voulu voir le siège épiscopal de Tréguier canoniquement établi ou reconnu après la mort de saint Tugdual. Il est plus probable cependant que les évêques qui se sont succédé après lui furent seulement des abbés revêtus du caractère épiscopal sans siège fixe et sans pouvoir régulièrement déterminé. Nominoë, roi des Bretons d'Armorique, voulant établir dans son pays l'indépendance civile et religieuse vis-à-vis des descendants dégénérés de Charlemagne, érigea, en 848, le monastère de Trécor en évêché, et prétendit ériger en métropole bretonne le siège de Dol, au détriment de celui de Tours : ce qui donna lieu, entre le Saint-Siège, les princes et les évêques bretons, à de vives contestations, qui ne finirent qu'au 1er juin 1199. Ce fut le grand pape Innocent III qui termina cette épineuse affaire. Il ordonna, par un jugement définitif, que l'église de Dol serait toujours soumise à la métropole de Tours, que tous les évêques de Bretagne rendraient à l'archevêque de Tours l'obéissance qu'ils lui devaient à titre de suffragants, et que les évêques de Dol ne pourraient jamais prétendre au pallium. La scission avait duré 350 ans.
Telle nous semble être l'origine de l'érection canonique ou du moins de la reconnaissance implicite de l'évêché de Tréguier, d'abord administré par des abbés, qui, sous le nom d'évêques régionnaires, remplissaient dans notre pays les fonctions épiscopales, mais sans territoire déterminé et sans reconnaissance officielle soit du pouvoir civil, soit même de l'autorité papale. En ce qui concerne Tréguier, l'état de choses établi par Nominoë, en 848, fut sanctionné par les pontifes romains, et depuis lors Tréguier a toujours joui, sans contestation, de ses droits et privilèges, et ses évêques ont été reconnus pour légitimement institués, agréés qu'ils étaient, d'ailleurs, par la cour de Rome. Après la mort de Salomon, roi de Bretagne, deuxième successeur de Nominoë, Tréguier fut désolé par les invasions des Danois et des Normands, qui l'avaient déjà, dit-on, saccagé dès 836, sous la conduite de leur chef Hastings [Note : Ce sac de Tréguier par les Normands, en 836, est très douteux ; en tout cas, Hastings n'y prit pas part, puisqu'il ne paraît en France qu'en 842. (Voir Depping, Histoire des expéditions maritimes der Normands, édit. 1844, p. 73-76)]. On attribue à tort à ce prince barbare la construction de la tour romane appelée encore aujourd'hui, de son nom, « tour d'Hastings ». Ce vénérable monument, reste de la cathédrale primitive, ne remonte pas au delà du XIème siècle (G. du Mottay, Répertoire, p. 364). La dénomination populaire « tour d'Hastings » peut signifier, à mon avis, que les Barbares restés dans le pays auraient construit un fort pour se défendre contre les Bretons, et ce serait à la place de cet établissement que la première cathédrale de Tréguier fut bâtie. La tour du temple chrétien, substituée à la citadelle normande, aurait ainsi retenu le nom de l'édifice païen, « tour d'Hastings ». Mais, je le répète, c'est là une supposition qui m'est absolument personnelle, et je n'espère point qu'elle fasse autorité. Les ravages des colons établis à Tréguier et protégés par la fameuse « tour d'Hastings » étaient si grands que, dans les prières publiques, le peuple adressait à Dieu cette supplication patriotique : A furore Normannorum libera nos, Domine ! « Seigneur, délivrez-nous de la férocité des Normands ! ». Les désordres de ce temps malheureux expliquent le silence de l'histoire sur les actes et les noms mêmes des évêques de Tréguier jusqu'en 990.
Avant l'arrivée des Bretons insulaires, notre patrie était en proie à un paganisme fortement mélangé de souvenirs druidiques. Les moines et les solitaires de l'émigration eurent à dompter des âmes plus rebelles que les dragons qu'ils terrassaient. La personnification la plus complète de l'obstination de nos ancêtres, dit M. de la Borderie, c'est le barde Gwenc'hlan. Il habitait la presqu'île actuelle de Tréguier, entre Roc'h Allaz et Porz-Gwenn. Ecoutez ses imprécations : « Un jour viendra où les hommes du Christ seront poursuivis, et on les tuera comme des bêtes fauves. Ils mourront tous par bandes sur le Méné-Bré, par bataillons ! Alors la roue du moulin moudra dru ; le sang des moines lui servira d'eau ! » (Barzaz-Breiz, 1867, p. 23).
La lutte entre le druidisme expirant et le christianisme naissant fut si vive que saint Tugdual, comme saint Malo, fut obligé de s'expatrier pendant deux ans : d'où la légende de son voyage à Rome et de son élévation sur le siège de saint Pierre, preuve que la religion chrétienne n'était pas universellement établie dans la presqu'île trécorroise avant l'émigration bretonne au Vème siècle, et que nos vieux saints, favorisés pourtant du don des miracles, eurent à surmonter bien des difficultés pour implanter sur notre sol le culte du vrai Dieu. Avant eux il put y avoir des prédicateurs isolés, des chrétiens dispersés, mais ce n'était pas la prédication organisée dans le pays tout entier, ce n'était pas la croyance générale de tout un peuple à la foi de l'Evangile.
D'ailleurs, presque tous les noms de nos anciennes paroisses accusent une origine bretonne par les préfixes Lan, Mousser, ermitage, monastère ; Ker, Lech, lieu, village ; Plé, Pleu, Plou, Plo, Plu, peuplade ; Tré, tréf, Gui, territoire, hameau ; Hen pour hent, chemin ; Coat ou Goat, bois, lieu boisé ; Léz, cour, palais ; Poul, marais, etc., etc. Un bon nombre de paroisses, de création relativement moderne, portent, devant le nom de leur patron, presque toujours étranger à la Bretagne et à l'Armorique, la qualification « saint » comme Saint-Clet, Saint-Michel, Saint-Fiacre, Saint-Martin, Saint-Mathieu, etc. Les moines nous ont apporté la civilisation religieuse, morale et matérielle. En éclairant nos âmes du divin flambeau de la foi, ils ont défriché nos landes, cultivé notre sol et sauvé les trésors de la science d'une destruction certaine et complète. Ils ont été, dans leurs écoles de monastères, les premiers éducateurs du peuple. Entre outres découvertes, les Bretons d'Armorique doivent à leurs frères d'Outre-Mer la culture de la vigne, la fabrication du cidre, la pratique de la médecine, l'invention d'instruments aratoires, la domestication des animaux sauvages et la fertilisation du sol. Nos pères ont témoigné leur reconnaissance aux bons moines en donnant à nos bourgs et villages le nom de leurs apôtres et fondateurs. Il ne nous est pas permis d'être plus ingrats que nos devanciers, et nous devons saluer avec respect les ruines de nos monastères et de nos abbayes, désolés et dépeuplés, au nom de la liberté, par un vandalisme ignare et stupide.
Quelques paroisses du diocèse de Tréguier ont reçu une dénomination tirée de l'histoire féodale et bretonne. Ainsi La Roche-Derrien s'appelait autrefois La Roche-Jaudy, lorsque, vers 1070, Derrien, fils du comte de Penthièvre, à qui cette ville échut en partage, l'appela de son nom « La Roche-Derrien ». Personne n'ignore les sièges glorieux que cette petite place soutint pendant la guerre de Succession de Bretagne, entre Blois et Montfort, et la bataille mémorable qui se livra sous ses murs le 18 juin 1347. Charles de Blois y fut fait prisonnier et se rendit A Robert du Châtel. La paroisse do Tonquédec garde aussi le nom de ses seigneurs, comme Pleumeur-Gaultier, Plebs magna Galterii, et bien d'autres.
L'histoire de Tréguier se reflète complètement dans l'histoire de sa belle cathédrale, commencée en 1339, sous Richard du Poirier ; dans le succession de ses évêques, ininterrompue jusqu'à la Révolution ; dans ses églises et paroisses, dont les archives, trop négligées, sont pleines d'intérêt ; dans ses couvents et autres établissements religieux, asiles de la prière, de l'étude, de la charité.
La division ecclésiastique de l'évêché de Tréguier comprenait les paroisses du fief épiscopal et celles dépendant des archidiaconés de Plougastel et de Tréguier. Le diocèse renfermait 101 paroisses, 29 trêves, 2 abbayes et 2 prieurés à nomination royale. Les deux abbayes furent l'abbaye de Bégard (de l'anglais, mendiant), fondée le 11 septembre 1130 par quatre religieux cisterciens de l'abbaye de l'Aumône, au diocèse de Chartres, du vivant même de saint Bernard, sous l'épiscopat de l'évêque de Tréguier, Raoul, à la demande et dotation d'Etienne de Penthièvre et d'Havoise de Guingamp, sa femme. Ces pieux époux fondèrent et dotèrent encore la seconde abbaye de Tréguier, Sainte-Croix de Guingamp, en 1135, sous l'épiscopat de l'évêque Geoffroy, qui fit venir de Bourg-Moyen, prés de Blois, des chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin, parmi lesquels se trouvait le célèbre religieux saint Jean de la Grille.
Les deux collégiales ; Notre-Dame-du-Mur de Morlaix ; fondée par Jean II, duc de Bretagne, le 15 août 1295, sous l'épiscopat de Geoffroy Tournemine ; et la collégiale de Tonquédec, fondée le 17 août 1447, sous l'épiscopat de Jean de Plœuc, à la demande de Rolland IV de Coëtmen, vicomte de Tonquédec. « Ce privilège, dit M, Gaultier de Kermoal, fut autorisé par le pape Eugène IV. Il y avait sept chanoines et un prévôt ou doyen, tous à la nomination du vicomte. Le prévôt avait 2,400 livres de revenu, et chaque chanoine, 800 ».
Durant tout le cours du moyen âge, le diocèse de Tréguier comptait toujours plusieurs professeurs et étudiants aux grandes universités, illustrées surtout par l'enseignement des fils de saint François et de saint Dominique. Nous aimons à enregistrer entre tous les noms de Jean Kerhoz, de Pleubihan, de saint Yves, son élève, Yvon Suet, leur contemporain et ami. Le 11 avril 1325, Guillaume de Coëtmohan, de la maison de Gwernac'hané, en Plouaret, grand chantre de Tréguier, chanoine de Notre-Dame de Paris, conseiller au Parlement de la même ville et secrétaire de Philippe le Bel, fonda, dans un immeuble qu'il possédait à Paris, le collège de Tréguier, devenu plus tard, après diverses vicissitudes et réformes sous Henri II, Henri IV et Louis XIII, le Collège Royal, puis au XIXème siècle, le Collège de France. Pierre de l'Isle, évêque de Tréguier de 1324 à 1326, fut, avec Even de Querebert, archidiacre de Léon ; Guillaume Riou, archidiacre de Tréguier ; le directeur de l'Hôtel-Dieu ; Pierre et Guillaume de Coëtmohan, neveux du testateur, exécuteur testamentaire de ce contrat, dont bénéficièrent largement les petits gentilshommes bretons, trop pauvres d'ordinaire pour suffire à leurs frais d'études et de séjour à Paris. Cette première provision de huit bourses fut augmentée considérablement en 1412 par Olivier Droniou, prêtre originaire de Tréguier, et par Christophe de Hauterive, évêque de Tréguier de 1408 à 1417, qui fonda, en 1416, une messe dans notre collège breton à Paris. Notre pays n'était donc pas, au cours de ce moyen âge tant décrié et si peu connu, aussi arriéré dans la culture des arts libéraux que le déclament certains ennemis de la Religion et de la Bretagne catholique.
La bonne ville de Tréguier, sous l'impulsion de ses évêques et comtes, de ses riches et généreux chanoines, posséda la troisième imprimerie bretonne. Notre premier « maistre en l'art d'imprimer de Lantréguer » n'est connu que par ses initiales Ja. P. Il dut s'établir chez nous vers la fin de l'année 1484, car le premier ouvrage sorti de ses ateliers, les Coustumes de Bretaigne, fut achevé d'imprimer le 17 mai 1485. On sait que les deux premières imprimeries bretonnes furent celles établies à Bréhan-Loudéac, en 1484, par Jean de Rohan, sire du Gué de Lisle, et à Rennes, quelques mois après. Les Etablissements de Bretaigne sortirent des presses de Lantréguer, le 4 juin 1485. Nos deux premiers incunables ont donc pour mission de défendre l'indépendance nationale et de maintenir intacts nos droits et privilèges contre la faiblesse de notre dernier duc et l'ambition d'un roi conquérant Pro Patriœ laude, proque salute soli ! On pressentait déjà la journée de Langeais (6 décembre 1491), première étape pour arriver au traité d'Union (21 septembre, 8 décembre 1532). Jean Calvez, qui dirigeait, en 1499, l'imprimerie de Tréguier, s'illustra en mettant au jour un ouvrage de bien haute importance : Le Catholicon, de Jehan Lagadeuc, « en trois langues, construit, compilé et intitulé par maistre Auffret Quoatquervran, en son temps chanoine de Tréguier (1454), recteur de Plourin près de Morlaix, revu et corrigé, en 1464, par Jean Lagadeuc, imprimé en la cité de Lantréguer par Jean Calvez, le 5 novembre 1499 ». Le dernier imprimeur de Tréguier, avant la Révolution, fut P. Levieil, établi en 1723 et mort en 1762. A cette dernière date, l'imprimerie de l'évêché fut transférée à Morlaix, où les ordonnances royales de 1704 et de 1739 restreignant la liberté d'imprimer restèrent sans effet ; car le dernier Bréviaire de Tréguier parut à Morlaix, en 1770.
Notre diocèse possédait, avant 1789, un grand nombre de couvents, tant d'hommes que de femmes, qui répandaient autour d'eux l'exercice de la bienfaisance, du soin des malades, de l'instruction populaire. Citons seulement :
COUVENTS D'HOMMES. Les Dominicains de Morlaix, (1235) établis 14 ans après la mort du saint fondateur de l'ordre. Cette résidence fut illustrée par Yves Bégaignon, devenu évêque de Tréguier en 1362 et cardinal en 1371 ; par Hugues Lestoquer, évêque de Tréguier en 1403 ; par le P. Albert Le Grand, dit aussi Albert de Morlaix, mort en 1640.
Les Dominicains de Guingamp, dont le premier couvent dans cette ville fut fondé en 1284, sur l'emplacement de Montbareil, occupé ensuite par les Filles de la Croix. Alain de Bruc, évêque de Tréguier, officia, au nom du pape Martin V, le jour de la prise de possession du monastère par les religieux. En 1636, les Dominicains, appelés aussi Jacobins, furent transférés à Sainte-Anne de Guingamp.
Les Augustins de Lannion (1394) fournirent plusieurs de leurs sujets à l'évêché de Tréguier. De ce nombre furent Christophe de Hauterive (1408-1417) et Mathias du Cozker (1417-1422) appelé par quelques-uns Mathieu Rocdere.
Les cordeliers de Tréguier et de Morlaix, venus des Sept-Iles en 1483, sur l'appel de François II, dernier duc de Bretagne. Le couvent de Tréguier fut établi à Plouguiel, près de la passerelle Saint-François, au bord du Guindy, sur un terrain donné par Jean de Bizien, sieur de Kérousy.
Les Cordeliers de Guingamp furent fondés longtemps auparavant, le 4 octobre 1283, 57 ans seulement après la mort du séraphique Patriarche d'Assise, par Guy de Bretagne et Jeanne d'Avaugour, sa femme. Leur premier établissement se trouvait à l'endroit appelé aujourd'hui « Terre Sainte » . Plus tard, en 1591, à la suite du sac et de l'incendie de leur maison pendant les troubles de la Ligue, les pauvres fils de saint François allèrent demander asile à René Chomard, gouverneur de N.-D. de Grâces, qui se démit en leur faveur de sa chapellenie. Les nouveaux religieux bénéficièrent dans la suite des libéralités de la duchesse de Martigues et de Marie de Beaucaire, sa fille, du seigneur de Kerduel, et enfin du duc d'Aiguillon, gouverneur de Bretagne, célèbre par la légende du moulin de Saint-Cast (1758) et par ses différends avec le procureur général de la Chalotais. La chapelle de N.-D. de Grâces est antérieure à l'arrivée des Franciscains. Elle fut bâtie de 1507 à 1509 par ordre de la bonne duchesse Anne. Ce sanctuaire, de style ogival, bien décrit par M. Gaultier du Mottay, est aujourd'hui une église paroissiale, et conserve les restes de Charles de Châtillon, dit de Blois, l'illustre pèlerin de Saint-Yves, tué à la bataille d'Auray, le 29 septembre 1364. Le tombeau de ce prétendant au duché de Bretagne et à l'honneur de la canonisation n'existe plus. Il fut élevé, le premier août 1752, par un des descendants du héros breton Alexis-Magdelaine Rosalie, duc de Châtillon, alors lieutenant général du roi Louis XV dans la haute et basse Bretagne. Les « patriotes » de la Révolution ont détruit ce précieux monument ; et, en 1874, les reliques de Charles de Blois ont été dé posées dans une nouvelle châsse de bois sculpté donnée par Mgr. David, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier.
Guingamp eut aussi, en 1615, des Franciscains réformés nommés Capucins. Ils habitaient la vieille maison et les dépendances actuelles de l'institution Notre-Dame. La fondation fut consentie le 23 juin 1615, par Guillaume de Coatrieux. C'est aussi à cette époque, sous l'épiscopat de Guy Champion, que les Capucins s'établirent à Lannion, dans le beau local occupé ensuite par le collège et la prison.
Outre ces couvents, il faut rappeler l'existence, dans notre diocèse, de nombreux prieurés de moines. Ainsi, de 1047 à 1049, dans un acte non daté, Eudes, tuteur du jeune Conan II, duc de Bretagne, signe comme témoin une charte par laquelle sa soeur Adèle, première abbesse de Saint-Georges de Rennes (1032-1062), institue un prévôt à Pleubihan (aujourd'hui Pleubian). L'endroit de cette fondation est encore désigné aujourd'hui dans le cadastre et par tout le peuple « le prieuré » et la tradition constante et unanime appelle les premiers pasteurs de la paroisse « les moines de Saint-Georges ». De là aussi sans doute l'origine d'une foire très ancienne établie dans le bourg sous le nom de « foire Saint-Georges ». Avant la manie prise après le Révolution de donner aux paroisses ayant la lettre P pour initiale saint Pierre pour patron obligé, saint Georges était bien le patron de Pleubihan, en souvenir des moines préposés par l'abbaye de Saint-Georges de Rennes au service paroissial. Ces prêtres, comme les religieuses de Saint-Georges, de Rennes, devaient suivre la règle de saint Benoît.
COUVENTS DE FEMMES. Les convents de femmes furent encore plus nombreux dans le diocèse de Tréguier, quoique fondés plus tard. Citons :
Les Religieuses Hospitalières de Tréguier, venues de Quimper, s'établirent, en septembre 1654, à Tréguier, sous l'épiscopat fécond de Mgr Balthazar Grangier. Elles eurent pour fondateurs le seigneur de Kergomanton et sa femme, et pour premiers bienfaiteurs insignes les sieurs Cludon de l'Isle, de Leslec'h, de Kerébo et le chanoine Thépaut du Rumelin.
Les Religieuses Hospitalières de Lannion vinrent aussi de Quimper, en 1667, au nombre de cinq. La première supérieure était parente de Messire Joseph Corentin de Kerméno, seigneur de Plivern, prêtre du diocèse de Léon, premier supérieur et fondateur du couvent Sainte-Anne, où il vécut près de 45 ans et mourut en odeur de sainteté, le 18 avril 1716, à l'âge de 72 ans.
Les Religieuses Hospitalières de Guingamp. — Mgr Grangier envoya dans cette ville, le 14 août 1676, quatre religieuses augustines de Tréguier pour fonder une nouvelle maison de charité, dont le terrain fut donné par le duc de Vendôme.
Les Ursulines vinrent de Dinan à Tréguier, le 20 janvier 1625, sous l'épiscopat de Mgr Guy Champion de Cicé, et s'établirent dans un couvent doté par Mathurin Lhostis, chanoine de Tréguier, le seigneur du Rumain et Michel Thépaut du Rumelin, que l'on rencontre à la tête de toutes les bonnes oeuvres. — La maison de Tréguier établit bientôt des fondations à Morlaix ; à Guingamp (4 août 1654) où leur maison, chapelle et dépendances, données par Pierre Le Bricquier, un des vicaires, servent ensuite de caserne, de grenier à foin et de parc à la remonte de cavalerie ; et à Lannion (1660), où mourut la première supérieure de Tréguier, venue de Dinan, l'infatigable mère Louise Gays. Partout ici nous trouvons la main bienfaitrice et intelligente de Balthazar Grangier, un des saints évêques de Tréguier.
Les Religieuses de la Charité du Refuge occupèrent à Guingamp, en 1676, l'ancien couvent des Jacobins, dit Montbareil, où se retrouvent ensuite les Filles de la Croix.
Les Calvairiennes vinrent à Morlaix en 1625, sous l'épiscopat de Guy Champion de Cicé.
Les Filles de la Croix. — Mgr Grangier appela de Saint-Flour en Auvergne les Filles de la Croix, qui arrivèrent à Tréguier le 29 mars 1667. Quelques membres du chapitre et quelques seigneurs de la contrée se cotisèrent pour acquérir un terrain et bâtir une maison aux nouvelles religieuses. La chapelle de cet établissement fut construite plus tard et bénite le 3 mai 1700, fête de l'exaltation de la sainte Croix, par Olivier Jégou de Kerlivio, évêque du diocèse.
Les Paulines ou Filles de Saint-Paul furent établies à Tréguier en 1679 par Mme de Lézerdrot, sous l'épiscopat de Mgr de Baglion de Saillant, mais ce fut Mgr Olivier Jégou de Kerlivio qui approuva leurs constitutions, statuts et règlements, le 23 juin 1727. Sous l'administration de ce dernier évêque, trop favorable au parti janséniste, les Paulines fondèrent des maisons d'éducation à Pontrieux et à Pédernec.
Les Carmélites. — La ville de Guingamp donna, le 22 juin 1625, une maison et la chapelle Saint-Yves, alors situées dans la rue actuelle de ce nom, aux Carmélites de la réforme de sainte Thérèse. Dans cette chapelle furent enfermés, pendant la Terreur, les prêtres réfractaires destinés aux pontons ou à l'échafaud de la Révolution.
SEMINAIRES. Parmi les établissements religieux et charitables de notre ancien diocèse, mentionnons encore le grand séminaire, qui eut l'insigne honneur d'être fondé par saint Vincent de Paul. C'était en 1654, sous l'épiscopat de Mgr Grangier. Un chanoine, M. Thépaut du Rumelin, et sa soeur, Mme de Trézel, avaient donné le terrain nécessaire pour bâtir. Les constructions de l'ancien séminaire sont de 1654, 1658 et 1734. La chapelle date de 1685 et renferme, sous une simple pierre tombale confondue avec le pavé, prés de la porte d'entrée destinée au public, les restes de ses nobles bienfaiteurs. La congrégation de Saint-Lazare a dirigé le grand séminaire de Tréguier jusqu'en 1791. Les bâtiments et dépendances de l'ancien séminaire sont dignement occupés ensuite par la direction du petit séminaire de Tréguier. — A côté du grand séminaire, nous avions encore, dans la ville épiscopale, avant la Révolution, une école d'instruction secondaire, sorte de collège ecclésiastique ou de petit séminaire, qui inscrit avec gloire notre Le Gonidec parmi ses meilleurs élèves. Les anciens évêques comtes de Tréguier, pour favoriser le développement des études, se prêtaient volontiers à présider en personne les exercices publics. Cette maison sert ensuite d'école primaire et de pensionnat, sous la direction des Frères de l'Instruction chrétienne dits de Lamennais.
PAROISSES. Nous n'avons ni la compétence, ni le loisir, ni les documents nécessaires pour donner dans cet article (à peine ébauché) une notice même succincte sur l'origine des paroisses, leurs églises, leurs patrons et leurs seigneurs temporels. C'est une étude très intéressante à faire, et qui appartient de droit ceux que la providence a placés dans chaque localité. A cet égard, le diocèse de Rennes est plus favorisé. M. de la Borderie a publié les « Origines paroissiales », et M. l'abbé Guillotin de Corson vient d'achever le Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. La Société archéologique et historique des Côtes-du-Nord, dans sa séance du 9 décembre 1885, annonce de savantes recherches sur le « Pouillé historique de Saint-Brieuc ». Nous espérons bien que l'auteur comprendra dans son oeuvre le diocèse annexé de Tréguier. La Société d'Emulation des Côtes-du-Nord entreprend la publication des « Trésors archéologiques de l'Armorique occidentale », dont plusieurs pièces intéressent la région trécorroise. Un érudit, J. Gaultier du Mottay a beaucoup travaillé cette partie des études bretonnes, et « son Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord » est un inventaire complet, par cantons et par paroisses, de nos richesses et de nos gloires nationales ; c'est un bulletin monumental de l'art celtique et chrétien dans le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier ; et si nos vieilles églises tendent à disparaître, elles survivront toujours, comme nos menhirs et nos dolmens, aux yeux de la postérité, dans le savant recueil du regretté M. Joachim Gaultier du Mottay. — M. René Kerviler a fait revivre dans son bel ouvrage « la Bretagne à l'Académies » les illustrations les plus pures de notre province, et prépare en ce moment, dans son « Essai de Bio-Bibliographie bretonne », la résurrection de beaucoup de vieux noms oubliés, titres de noblesse pour ceux qui ont l'honneur de les porter encore.
EVEQUES. Plusieurs auteurs, après les doctes Bénédictins bretons du XVIIème siècle, DD. Lobineau, Denys Briant, Maur Audren, Morice et Taillandier, ont entrepris de dresser le catalogue historique des évêques de Tréguier, et on peut consulter avec fruit et intérêt ces compilations spéciales, reproduites par M. Tresvaux dans son ouvrage intitulé « l'Eglise de Bretagne ». Six évêques élus de Tréguier eurent l'honneur d'être promus au cardinalat : Yves Bégaignon (1371) ; — Hugues de Coatrédrez (1465), qui ne siégea point ; — Raphaël, dit le cardinal de Saint-Georges (1480) ; — Robert Guibé (1513), inhumé à Saint-Yves des Bretons à Rome ; — Louis de Bourbon (1531) ; — Hippolyte d'Est, dit le cardinal de Ferrare (1543).
Rappelons seulement pour mémoire Etienne, qui ratifia la fondation faite en 1235 aux Dominicains de Morlaix ; Alain de Bruc, qui rappela saint Yves dans son diocèse, le nomma son official et lui donna la cure de Trédrez ; Geoffroi Tournemine, qui désigna saint Yves à la cure de Louannec et vit mourir le saint à Kermartin. Yves de Boisboëssel introduisit la cause de la canonisation de saint Yves en 1330, et sous Richard du Poirier, auquel appartient l'honneur de la construction de la cathédrale actuelle, cette canonisation fut solennellement proclamée, le 19 mai 1347, par Clément VI, pape d'Avignon. Robert Painel et Yves Bégaignon reçurent Charles de Blois en pèlerinage au tombeau du saint prêtre. En 1420, Mathieu, Rocdere ou du Cozker reçut la fondation de Jean V ; et, en 1451 Jean de Plouec fit transférer à Tréguier le corps du bon duc, enterré à Nantes depuis 1442. Ce prince avait fait ériger dans la cathédrale de Tréguier, de 1420 à 1428, sous la direction de « Maistre Jacques de Hongrie, scolastique de Tréguier » un monument digne de la Bretagne et de son grand saint Yves. En 1444, Mathieu du Cozker avait établi la psallette de Tréguier, approuvée par une bulle du pape Nicolas V, en 1449, et par son successeur, Calixte III, en 1456. Pierre Prédou ou Piédru bâtit, en 1430, le manoir épiscopal de Keroffret à Tréguier, détruit en 1594 sous la Ligue et l'épiscopat de Guillaume du Halegoët, et rebâti en 1608 par Adrien d'Amboise. Tréguier, pour être fidèle à la cause d'Henri IV, fut saccagé en 1589, 1590 et 1591 par les Ligueurs bretons et, en 1592, par les Espagnols conduits par le duc de Mercœur. Le trésor de la cathédrale fut pillé, le tombeau de saint Yves dépouillé de ses ornements d'or et d'argent, et l'évêque obligé de chercher un refuge dans sa terre de Kergresk, en Plougrescant, où il mourut le 29 octobre 1602. Raoul Rolland, Antoine du Grignaux et Guillaume du Halegoët, se firent remarquer par leur dévotion à saint Gonéri et leurs ordonnances relatives à son culte. Les statuts synodaux de l'évêque Rolland forment un recueil précieux connu sous le nom de « Raouiin ». Guingamp est redevable à l'évêque du Halegoët du beau porche Notre-Dame, appelé aussi porche du Halegoët. Jean de Coëtquis posa la première pierre du Cloître (1461), terminé sous Christophe du Châtel en 1479. En 1484, fut bâtie la tour de Saint-Michel, une des églises de la ville épiscopale.
Après le traité d'union (1532), nos évêques furent attirés à la cour de France, et le siège de Tréguier ne fut plus considéré que comme un marchepied pour parvenir à un poste plus important. Les revenus de l'évêque n'étaient pas des plus considérables (40.000 livres de rente), mais le chapitre possédait de grands biens et de nombreux droits féodaux de péage, de four, de pêche, de chasse, etc. Notons en passant que ce sont les saints évêques qui meurent à Tréguier en refusant les faveurs du monarque. Nous avons vu Guy Champion de Cicé établir dans son diocèse bon nombre de familles religieuses. Ce prélat autorisa le P. Albert Le Grand à rechercher dans les archives de l'Evêché et des paroisses du diocèse les éléments nécessaires pour composer la Vie des Saints de Bretagne. A Plougrescant et à Tréguier, le pieux Dominicain trouva les anciens légendaires de saint Gonéri conservés à Paris (n° 1148, fol. 60, et 22.321, fol. 745 de la Bibliothèque nationale). Les Bollandistes, pour avoir ignoré l'existence de ces offices, frustra legendam latinam exspectarunt majores nostri, frustra ego ipsam sperem hodie, accusent le P. Albert de les avoir fabriqués dans son imagination : Quamvis autem sancti goda et œtas penitus ignorentur, nihilo tamen minus more suo legendam ipsi ad IV aprilis aptavit Albertus Le Grand de Monte relaxo, collectam asserens ex veteribus Legendariis mss. ecclesioe cathedralis trecorensis... atque ex vetusto Legendario mss. quod exstat in ecclesia parochiali de Plougrescant. (AA. SS., t. IV., jul,, p. 422). Sous l'épiscopal de Guy Champion advint en partie la perte du trésor de la cathédrale, causée par l'incendie de la sacristie, dans la nuit du 6 septembre 1632. Un inventaire, dressé en 1626, fait mention de nombreuses pièces d'argenterie, de tapisseries, de livres et d'ornements données par les évêques de Tréguier et portant les armoiries de Jean de Plouec et de Coëtquis, de Christophe du Châtel, de Jean Calloet, d'Antoine du Grignaux, d'Adrien d'Amboise, le plus généreux des donateurs. Noël Deslandes, dominicain, qui a laissé une grande réputation d'éloquence et de sainteté, prononça, n'étant que simple religieux, l'éloge funèbre de Henri IV à Saint-Merry (1610) ; et, comme visiteur du couvent de Morlaix, donna l'ordre au P. Le Grand de publier les Vies des Saints de Bretagne, ouvrage qui parut sous son épiscopat en 1637 (Nantes, 1 vol. in-4°, chez Pierre Doriou). Evêque de Tréguier de 1635 à 1645, Noël Deslandes combattit vigoureusement les protestants, visitait souvent les couvents de son Ordre à Guingamp et à Morlaix, et fut un ardent zélateur de la dévotion et de la confrérie du Rosaire. Il eut un digne successeur en Balthazar Grangier, dont nous avons énuméré les oeuvres et les fondations pieuses. François-Ignace de Baglion de Saillant fut un des signataires des quatre fameux articles de 1682. Olivier Jégou de Kerlivio favorisa le jansénisme et se vit excepté, lui, son clergé et son diocèse, de la grâce du Jubilé accordé à tout le monde catholique, en 1725, par Benoît XIII. François-Hyacinthe de la Fruglaie de Kerver publia dans notre diocèse la bulle Unigenitus, que son prédécesseur de Kerlivio ne reçut même pas avec le respect dû à l'autorité du Saint-Siège. Jean-Marc de Royère établit, le 26 avril 1768, la dévotion au sacré Coeur de Jésus et fit imprimer à Morlaix, en 1770, un Propre de son diocèse. Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac fut le protecteur de l'indigne Sieyès, qu'il fit chanoine de sa cathédrale. Augustin-René-Louis Le Mintier de Saint-André fut le dernier évêque de Tréguier. Il construisit l'aqueduc et la flèche de la cathédrale, de 1785 à 1787, favorisa l'instruction populaire à tous les degrés, et publia un catéchisme breton à l'usage de son diocèse. Depuis le mois d'avril 1791, Tréguier pleure son évêque et compte sur la bienveillance des évêques de Saint-Brieuc. Cette bienveillance s'est manifestée le jour où Mgr Le Mée prit pour lui-même et ses successeurs le titre « d'évêque de Saint-Brieuc et Tréguier », par la translation solennelle des restes de Mgr Le Mintier à Tréguier, par ordre de Mgr David, le 8 juillet 1868 ; et se continue aujourd'hui par l'oeuvre de réédification du tombeau de saint Yves, entreprise par Mgr Bouché, avec les bénédictions et la souscription de S. S. Léon XIII, et sous la direction de M. Arthur de la Borderie.
(abbé Yves-Marie Lucas)
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