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LA MUNICIPALITE DE TREGUIER PENDANT LA REVOLUTION |
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MUNICIPALITÉ TRÉGORROISE PENDANT LA RÉVOLUTION.
Un fait à noter, c'est la modération dont firent preuve les municipalités qui se succédèrent à Tréguier pendant la période révolutionnaire ; si les membres qui les composaient étaient tenaces à défendre et propager les idées nouvelles, ils ne furent jamais sanguinaires, et leur grande préoccupation fut toujours, tout en défendant les intérêts qui leur étaient confiés, d'apaiser les esprits et de faire régner la concorde.
Nous les avons vus :
Donnant mandat à leur député aux Etats de réclamer le relèvement du Tiers ;
S'opposant à tout désordre, tout en usant de la plus grande modération lors du soulèvement de la jeunesse trécorroise :
Préoccupés du préjudice que devait causer à Tréguier la suppression des juridictions seigneuriales, faisant tous leurs efforts pour obtenir le siège du présidial ou le chef-lieu d'arrondissement dans leur cité ;
Cherchant par tous les moyens conserver leur collège ;
Inhumant près de la chapelle de saint Tudual les reliques de saint Tudual et de saint Yves pour les soustraire à la destruction dont elles étaient menacées ;
Irrités des exactions commises par le bataillon d'Etampes, adressant des plaintes réitérées à l'Administration supérieure pour y mettre un terme ;
Se refusant à répondre à l'invitation de Cadillan, lors de l'arrestation de Mme Taupin et ne voulant prendre aucune part à l'acte de sauvagerie qui en fut la conséquence ;
Usant d'un subterfuge aussi humain qu'intelligent pour assurer des soins expérimentés aux malades, en demandant et obtenant l'incarcération des hospitalières à l'hôpital même ;
Enfin, s'exposant aux rebuffades et aux coups d'une soldatesque en délire, pour empêcher la dilapidation de la cathédrale.
Outre ces faits, nous trouvons encore aux archives municipales un grand nombre de décisions et de délibérations qui dénotent chez les membres de la municipalité le même état d'esprit ; nous en extrayons les suivantes :
1er
mars 1792. — Délibération relative aux prêtres non assermentés :
« Vu la
requête présentée par plusieurs prêtres non assermentés de cette ville, tendant
à ce qu'il leur soit délivré des ornements dans l’Eglise paroissiale et qu'il
leur soit permis de célébrer la messe et indiqué les heures convenables à cet
effet.
De ce qu'il résulte de l'arrêté du Directoire du Département du 18
juin 1791, et déclaration interprétative du 3 octobre suivant, portant que les
prêtres non assermentés seront libres de célébrer la messe dans les Eglises
paroissiales, oratoires nationaux et chapelles, l'Assemblée déclare :
1° Que
les Dimanches et fêtes gardées, les prêtres non assermentés ne pourront célébrer
leur messe depuis 10 heures jusqu'à la fin de la messe paroissiale dite
grand-messe ;
2° Toutes les autres heures devenant indifférentes à l'ordre
public et au culte commun, leur sont indistinctement permises.
Renouvelle l'invitation faite par le Département à tous les ecclésiastiques et
citoyens de porter respect à la loi.
Les exhorte à vivre en paix sous
l'empire de la Constitution acceptée par le roi et à éviter tout ce qui pourrait
renouveler les nouvelles divisions.
Recommande particulièrement aux prêtres
non assermentés d'éviter avec soin toute cause de trouble et de division par
leurs discours ou autrement, et leur enjoint de porter obéissance à la loi qui
les protège. ».
Le 10 mars 1792, la municipalité et le conseil général de la commune déclaraient qu'ils ne connaissaient de citoyens de la ville notoirement émigrés que :
M. Le Mintier, ci-devant évêque, et cinq particuliers :
François Trogoff, Kergueneck, Keralio, Cillard et Boisboissel.
« Ces citoyens
sont absents de la ville, mais la municipalité ignore la cause de leur absence
et qu'à l'égard des biens de ces particuliers, elle ne leur connaît aucun dans
l'étendue de la municipalité qu'une maison au sieur Trogoff, et maison et jardin
au sieur Cillart ».
Le 19 mai 1792, Yves Queynec, de Ploujean, présente le procès-verbal d'une adjudication qui lui a été faite par le Directoire du district, le 24 avril précédent, aux termes duquel il est chargé d'opérer la descente des cloches de la cathédrale et autres églises et chapelles et d'en faire le transport au port du Légué.
L'assemblée prend connaissance de ce procès-verbal, et pour bien marquer son opposition à l'enlèvement de ces cloches, déclare qu'elle n'a aucun moyen d'empêcher Queynec d'exécuter son contrat.
Il résulte de ce procès-verbal que les cloches dont Tréguier dut subir la perte comprenaient :
Dans la cathédrale, 4 cloches pesant ensemble
8,100 livres, dont la cloche dite Saint-Tudual pesant à elle seule
7,000 livres : 8.100 liv.
A l'évêché, 1 cloche pesant
: 60 livres.
Dans l'église de N.-D. de Coatcolvezou, 4 cloches pesant
ensemble : 3.050 livres.
Dans l'église Saint-Fiacre, une cloche
pesant : 500 livres.
Dans la chapelle Saint-André, 1 cloche pesant : 60
livres.
Dans l'église Saint-François, près de Tréguier : 2 cloches pesant : 250 livres.
Ensemble : 12.920 livres.
Le 17 juillet 1792, la municipalité de Tréguier faisait afficher la proclamation dont suit la teneur :
«
Citoyens,
L'Assemblée nationale qui veille sur le
salut de l'empire, déclare que la patrie est en danger et que des troupes
nombreuses s'avancent vers les frontières et que tous ceux qui ont horreur de la
liberté s'arment contre la Constitution.
Que cette proclamation n'effraye pas
les amis de la patrie, elle est moins l'annonce du véritable péril que l'effet
du zèle et de la prudente sollicitude du corps législatif.
Voyez-y une
invitation aux bons citoyens de se rallier autour de la Constitution et de
réunir leurs efforts pour s'opposer avec courage et avec énergie aux complots
des méchants, des factieux et des rois. La liberté a jeté des racines trop
profondes dans l'Empire français pour être jamais renversée et ses troupes sont
nombreuses et ses ressources intarissables. S'il était un vrai danger à
craindre, il serait dans les discordes intestines, dans la désunion des citoyens
qui diffèrent moins peut-être dans leurs opinions que dans la manière et les
moyens d'assurer le bonheur et la liberté du royaume. Tout esprit de parti doit
céder au cri de la patrie menacée. Réunissons-nous, nous serons invincibles.
Citoyens !
La municipalité aime à reconnaître que votre esprit de paix
et de concorde vous a maintenus jusqu'à ce moment dans le respect et
l'obéissance de la loi et des autorités constituées.
Cette conduite fait
voire éloge.
Evitez tout esprit de discorde. Bannissez toute haine, s'il en
existe encore.
L'Assemblée nationale veille sur votre sécurité et sur vos
intérêts. Reposez-vous avec confiance sur ses soins et sa vigilance.
Citoyens,
la loi a parlé, voilà ce qu'elle vous recommande ».
Le 16 juillet 1793 le conseil municipal, ému de l'état de de détresse dans lequel se trouve l'abbé Fichan, l'ancien doyen du chapitre de la Cathédrale, désigne la veuve Guillarme pour le soigner et gérer ses biens et son traitement.
Le 31 octobre 1794, défense est faite de laisser pénétrer dans le temple (cathédrale), les enfants au-dessous de 10 ans, sans être accompagnés de leurs parents ou tuteurs pour éviter le désordre trop commun dans un temple « consacré au silence et à l'instruction des lois ».
Le 29 janvier 1796, le Commissaire du pouvoir exécutif de Tréguier écrit une lettre très violente à la municipalité, parce que des prêtres réfractaires circulent librement à Tréguier et demande que tous les prêtres réfractaires soient conduits à Guingamp dans la maison de réclusion.
Nous ne savons ce qu'il advint de cette lettre, mais elle prouve la grande tolérance de la municipalité.
Il ressort de ce qui précède, que les habitants de Tréguier ne formaient qu'une grande famille et que ceux qui étaient à leur tête ne voyaient dans leurs administrés que des enfants de la cité ayant droit à leur sollicitude et à leur protection, à quelque parti qu'ils appartinssent et sans pour cela renier leurs idées ni faire trêve à leurs aspirations.
Nous donnons, ci-après, les noms des membres qui composèrent ces diverses municipalités, ainsi que ceux des notables et ceux même des électeurs de Tréguier en 1790. C'est tout Tréguier qui passe et beaucoup de Trécorrois retrouveront dans cette nomenclature les noms de membres de leur famille.
D'après le rapport déposé le 21 janvier 1790, par MM. Le Moal et Pasquiou, chargés du recensement, la population de Tréguier s'élevait au chiffre de 3.222.
A
la même époque, MM. Launay et Labiche furent chargés de dresser la liste des
électeurs municipaux. Cette liste, déposée aux archives municipales, se
composait des noms suivants que nous donnons par ordre alphabétique :
ABGRALL, ARTHUR, BAIL (Le), BALCOU (Y.-M.), BERRE (Le), BIDEAU (Jean Le),
BONIEC-KERGOMAR (Le), BOURDON (Jacques), BOURGNEUF, prêtre, BRETTRYE (de La),
BRIAND (P.,) CAMPION, CARRO, CLISSON, COUEZ, prêtre, COUSIN (Jean), COUSTON
(Y.-M.), prêtre, DU (Y. Le), DUEDAL (Le), prêtre, DUFF (Le), prêtre, DUVAL,
EVEN, FIQUENEL, FLEM (Le), FOURMAL (Guy), FOURMAL (Julien), GAUTIER, GORREC
(Le), GUICHER (Le), prêtre, GUEUT (Le) (François), GUILLAUME, prêtre, GUILLOU
(Charles), GUILLOU (Guy), GUIOMAR, HAMON, HAMON (Henry), HERIBEL, HUET
(Antoine), ILLIAC (Jacques), INDES, JANVIER, JOUAN, KERAMBRUN (François),
LABARRE, LABICHE aîné, LABICHE Jeune, LANGLOIS, LAURENT, LEGUEN (F.), LEGUEN
(Ch.), LEQUÉMENT (Y.), LEQUÉMENT, LESTIC (Isaac), LUCAS (Yves), MALET, prêtre,
MARCHAND, MERDY (Le), MERGLET, METAYÉ, MILLON, MOAL (Le), MOIGN (Le), MORDELLES,
MORVAN, prêtre, MORVAN, prêtre, NEDELLEC, PASQUIOU, PERROT (Yves), PERROT
(François), POMMELLEC, PRIGENT, QUINTIN (G.), RENAN (Alain), RICHARD (Y), RIOU,
RIVIÈRE, ROBIN, ROPERT, ROULLET (Louis), TAUPIN (Pierre), THOMAS (Y.-M.), TOSSEL
(Y), SAVIDAN, prêtre.
Le 4 février 1790, M. Launay-Duportal était élu maire, et le 5 du même mois eut lieu l'élection de la municipalité qui se composa de :
MM. LABICHE aîné, LE MOAL, MALLET, recteur, de LA RIVE, DUEDAL, recteur de l'hôpital, FIQUENEL, PASQUIOU, LUCAS, recteur du Minihy, LE GORREC père.
Le même jour, 5 février, étaient élus comme notables :
LE DUFF, curé du Minihy, LANGLOIS, HERIBEL, RIOU, BOULAYE, COUSTON, LECORRE, EVEN, LE BONIEC-KERGOMAR, GUILLOU, LE MERDY, TROADEC, PRIGENT, RICHARD, GUILLAUME, vicaire, CAMPION, CRECH’RIOU, Joseph LE BROUSTER.
Ces diverses élections se firent dans l'église de Coatcolvezou.
Le 13 novembre 1791 eut lieu le renouvellement de la municipalité qui se composa de :
M. LAUNAY-DUPORTAL,
maire.
Et comme conseillers municipaux, de : HERIBEL, CAUDAN, GUILLOU, LE
TROADEC, Laurent PASSÉ, LE BOZEC, LE GUILLOU, LABICHE, MAUFFRAY, PASQUIOU, J.
ROUXEL, Yvon BRETTRYE, LECLERC, LE GORREC, RICHARD, LE MERDY, HELIGOIN, LA
BICHE.
Le 10 décembre 1792 de nouvelles élections municipales étaient faites.
M. Louis-Charles LE BONNIEC était élu maire, et le Conseil municipal comprenait les noms suivants : RENAN, CABANAC, LE GUILLOU, BIDAMANT, Jacques LE BONNIEC, Joseph MAUFRAY, GUILLOU, Jean LANGLOIS, Y. RIOU, CAUDAN, POMMELEC, BLOUËT, SARADIN, LEREQUER, Jacques ILLIAC, BLOUIN, Y. LE MERDY, Y. ALLANET, BRIAND, LE GORREC, MARQUET, HERIBEL, J. RICHARD LE TROADEC.
Le 13 avril 1795 (24 germinal an III), Nicolas-Jean Despoirier, agent national près le district de Lannion, commis par les représentants du peuple Guezno et Germeur pour la réorganisation des autorités constituées des communes rurales du même district, déclarait qu'après avoir pris les renseignements nécessaires pour bien fixer son choix et consulté le conseil général du district, il avait fait les nominations suivantes pour la commune de Tréguier :
Maire. — François-Louis LASBLEIZ.
Officiers municipaux. — Louis-Charles LE BONNIEC,
Magdelain DUPORTAL-GOASMEUR, Yves LE MERDY, François LE POMELLEC, Jacques LE
TROADEC, Pierre LE QUELLEC, Jacques RICHARD, Nicolas DUMONT.
Agent national. — Pierre GUILLOU.
Notables. — François-Marie DIEULEVEUT, Armand LE MOULLEC, Alain RENAN, Yves ALLANET, Henry INDÈS, Blaise LABICHE, Claude GÉRARD, Yves MORDELLÈS père, Jean LANGLOIS, François LE GORREC père, Louis VILLENEUFVE fils, Thomas HERIBEL, Yves ROUXEL fils, Louis CABANAC, Jean GUILLOU père, Daniel FAUGEYROUX, J.-Baptiste LE BONNIEC, Toussaint CONEN.
Officier public. — François LE GORREC père.
Greffier de la Municipalité. — Philibert PARTHENAY.
Directeur des Postes. — Toussaint BLOUIN.
Juge de paix. — François LE GUÉVEL.
Greffier. — Joseph-Marie EVEN.
Assesseurs. — Guillaume NEDÉLEC, Yves LE BOZEC.
Le citoyen Dieuleveut ayant refusé d'accepter les fonctions de notable, Guillaume Nédélec fut nommé à sa place.
La municipalité nommée par Nicolas-Jean Despoirier fut tout à fait éphémère, car, à la date du 28 novembre de la même année 1795 (8 frimaire an IV), une nouvelle administration était instituée ayant comme président Louis Le Bonniec avec Pierre Guillou jeune comme agent municipal et Daniel Faugeyroux comme adjoint.
Enfin, le 9 mai 1801 (20 floréal an IX), nous trouvons comme :
Maire, Le Guillou, l'aîné. Adjoint, Jean-Pierre Perrichon.
Il résulte de ce qui précède que depuis le départ de Launay-Duportal et à part les quelques mois d'administration de Louis Lasbleiz, ce fut Louis Le Bonniec qui assuma la lourde charge et la lourde responsabilité d'exercer les fonctions de maire pendant toute la période révolutionnaire.
A ce propos, je ferai remarquer que dans le procès-verbal du 20 floréal an IX, relatant l'exhumation des reliques de saint Yves et saint Tudual, il est dit que ces reliques avaient été enterrées, en 1793, près de la chapelle Saint-Tudual, par les citoyens Louis Le Creiou, alors maire, Jacques Richard, Jean-Marie Caudan, Yves Lemerdi et Jacques Le Troadec, officiers municipaux. Ces quatre derniers étaient, en effet, conseillers municipaux, ainsi qu'on peut le voir par les listes énoncées ci-dessus, mais Louis Le Creiou autrement dit Crech'riou, n'était pas maire, car, en compulsant les archives municipales, j'ai pu m'assurer que toutes les délibérations du conseil municipal, en 1793, étaient signées de Le Bonniec, maire. Crech'riou était bien notable, et c'est sans nul doute en vertu d'une délégation de Le Bonniec que, dans la circonstance, il fit fonctions de maire.
(Adolphe Guillou).
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