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LES RUES ET PLACES DE TREGUIER |
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Le territoire de Tréguier, aussi exigu soit-il, l'était encore plus sous l'Ancien Régime. Sur le cadastre de 1834, un trait rouge marque les anciennes limites de la Ville.
On peut, en se référant aux noms actuels pour une meilleure compréhension, en suivre le tracé en partant du Guindy et en remontant le chemin de Lapie, ce qui laisse hors de la ville l'ancien abattoir, passe dans la rue de Verdun, emprunte quelques mètres dans la rue du Duc Jean V pour tourner à droite dans la rue Saint-Michel et tout de suite à gauche , dans la rue de la Barrière.
Le fil rouge traverse ensuite la route de la Roche pour piquer vers la rue Saint-Yves par la rue Garden an Eskop, puis oblique vers l'est en direction de Minihy par ce qui n'est plus aujourd'hui qu'un chemin piétonnier et qui portait le nom de « chemin de derrière le verger de Kernabat ».
Contournant le manoir de Kernabat, la limite de la ville longeait durant quelques mètres l'actuelle frontière de Minihy jusqu'à la fontaine de Keroudot pour revenir par la rue de Kernabat, aujourd'hui coupée par le boulevard Jean Guéhenno, et ensuite par les Buttes vers la rivière par la rue Chateaubriand.
Tout ce qui se trouvait en dehors de ce périmètre appartenait à la paroisse de Minihy.
C'est seulement en 1836 que Tréguier acquerra ses limites actuelles.
Par ordonnance du 15 - 2 - 1836, la ville s'accroît de deux fractions de celle de Minihy, comprenant l'une la maison des Buttes, l'autre le faubourg de Kerfant et la chapelle Saint-Michel.
LES PAROISSES.
La ville comprenait les paroisses de Saint-Vincent ou l'Hôpital et de Saint-Sébastien ou la Rive.
Quant à Minihy, son statut fut toujours ambigu... Ce nom désignait à l'origine et certainement depuis l'époque de saint Tugdual, un fief réservé où le fondateur de la ville puis ses successeurs, les Evêques, avaient seuls le droit d'exercer la justice.
Dans toutes les paroisses qui possédaient un minihy, celui-ci formait une entité à part, les habitants y bénéficiaient de certains privilèges, les impositions qui frappaient les paroisses étaient calculées à part pour le territoire qui formait le minihy comme ce fut le cas en 1593 où l'on voit taxer distinctement Camlez et le minihy de Camlez, Coatréven et le minihy de Coatréven ainsi que Tréguier et Plouelantreguer alors que Minihy n'y figure pas.
L'appellation de minihy dans toutes ces paroisses perdura quelque temps après sa suppression officielle au 16ème siècle. On la trouvait encore dans un acte de 1750.
Mais les minihys dans leur ensemble finirent par se fondre dans la paroisse mère ou par former une paroisse totalement indépendante comme Pouldouran, ancien minihy de Hengoat.
Seul le minihy de Plouelantreguer a gardé suffisamment de prestige sous le double patronage de saint Tugdual et de saint Yves pour garder son nom de Minihy au détriment de celui de la paroisse qui le désignait autrefois : Plouelantreguer.
Des actes (aveux) citent en effet : le moulin de Troguindy dans la paroisse de Plouelantreguer, le moulin du pont Losquet entre les limites des paroisses de Plouelantreguer, Plouguiel et Coatreven ; et encore « paroisse de Minihy Plouelantreguer ». La paroisse était autonome sur le plan administratif puisqu'elle possédait un corps politique, mais entièrement dépendante de Tréguier sur le plan religieux puisqu'elle n'eut son propre recteur qu'en 1659.
Toutefois une petite partie de ce territoire semble avoir été d'emblée incluse dans les limites de la cité épiscopale puisque la Trésorerie, située rue Saint-André, donc bien dans les limites de la ville, se trouvait dans la paroisse de Minihy.
En effet en 1766, une minute de notaire signale :
« François de Montigny, chanoine, vicaire général du diocèse de Tréguier, demeurant en l'hôtel de la Trésorerie de ladite ville, paroisse de Minihy ».
LES GRANDS TRAVAUX DU XVIIIème SIÈCLE.
Sous l'impulsion du duc d'Aiguillon, nommé commandant en chef de la province en 1753, la ville entreprend à partir de 1761 de grands travaux de voirie et de pavage des rues dans le cadre d'un plan d'amélioration du réseau de communication breton dit « plan du duc d'Aiguillon ».
Les routes d'accès de Lannion et de Guingamp appelées « les banlieues » sont rétablies à partir d'anciens chemins.
Le plan de l'ingénieur Anfray, dressé à cette occasion, donne à l'entrepreneur chargé des travaux toutes les précisions utiles et en même temps nous renseigne sur le visage de ces quartiers avant cette entreprise :
« La route de Lannion sera rétablie, fera 18 pieds de large (6 mètres environ) sur 40 toises (la toise française faisait un peu moins de 2 mètres), à partir de la maison des Hospitalières jusqu'au puits et croix de Poulaouet. L'entrepreneur enlèvera la croix de Poulavel qui se trouve dans la banlieue pour Lannion, dans le milieu du chemin et la replacera à peu de distance, de même entre la naissance des banlieues et la rue Guillaume (rue de la Chalotais) se trouve un puits et une croix qui seront démolis.
Il fournira une borne en pierre de taille à la naissance de chaque banlieue et à leur naissance commune, faisant 3 pieds de hauteur, où il sera inscrit : Banlieue de Tréguier, tant en toise et sur l'autre, telle paroisse ».
En quelque sorte l'ancêtre de nos bornes kilométriques.
LA NUMEROTATION DES MAISONS.
D'après le rapport de Bechameil de Nointel, en 1698 la ville comptait 458 maisons. En 1926, elle en renfermait 422 alors qu'elle s'était accrue du faubourg de Kerfant et des Buttes. Il est vrai que l'urbanisme avait changé et que l'entassement des maisons serrées les unes contre les autres sous l'Ancien Régime n'était plus de mise. En 1862, la municipalité étudie un projet d'éclairage public qui sera réalisé en 1867.
La numérotation des maisons est rendue obligatoire par un décret de 1766. Malheureusement pour nous, le corps politique de Tréguier, reculant sans doute devant la dépense que cela entraînait, fait valoir que Tréguier n'est pas une ville de passage, que la plupart des maisons sont des maisons prébendales ou maisons de gentilshommes et demande à en être exemptée, tout comme Dinan.
Ce n'est qu'au début du XIXème siècle que l'on commence à trouver des maisons numérotées dans les actes notariés. Sous l'Ancien Régime il faut se contenter du nom des propriétaires des maisons voisines ou quelquefois d'un surnom attribué à l'une ou à l'autre de ces maisons.
C'est ainsi qu'en 1760, on démolit la très vétuste « maison des sept saints » qui servait de magasin pour la chaux et les outils nécessaires aux travaux du quai.
On trouve aussi rue Guillaume (rue de la Chalotais) « la maison de la cour de Coatmen » que l'on situera plus tard au n° 24, ou « le Vatican » (sur la place), « Rome », (à côté des sœurs de la Croix).
Afin de compliquer un peu le jeu de piste à la recherche des rues de la ville, le même nom a quelquefois désigné plusieurs rues différentes suivant que les institutions auxquelles elles devaient leur patronyme changeaient de place, c'est le cas de la rue du Collège ou de la rue des Ursulines.
C'est seulement en 1925 que l'on propose d'apposer des plaques indiquant le nom des rues.
Il va sans dire que la plupart des noms ont aussi changé au cours des siècles au gré du progrès ou des bouleversements politiques, comme sous la Révolution, noms transitoires qui s'effacèrent pour rendre à la tradition ceux que l'on avait voulu supprimer.
A une époque plus récente, on rend hommage aux grands savants, aux hommes politiques.
LES NOMS DES RUES.
GARDEN AN ANKOU.
Garden qui en breton
signifie « chemin » s'applique ici à un chemin qui part de la rue des Perderies
et descend vers la rivière.
L'Ankou, outre le symbole de la mort, était le dernier mort de l'année dans la paroisse et chargé durant l'année à venir d'aller chercher les âmes de tous les défunts.
On peut donc supposer que dans cette ruelle, un habitant fut le dernier défunt. Cette funèbre appellation peut aussi faire allusion au danger parfois mortel que représentait le passage à gué ou en bac de Saint-François.
RUE DE LA BARRIERE.
Cette rue est marquée à
son intersection avec la rue des États de Bretagne par l'école Saint-Yves. Elle
s'appelait autrefois rue de la Barrière de la Roche.
C'est bien là que passait la limite de la ville, cette barrière était celle d'un péage dont le produit était réservé à l'entretien des portions des routes dites « banlieues ».
Il y avait trois barrières à Tréguier ; route de la Roche ou Pontrieux, route de Lannion, et route de Paimpol.
En l'An VII on procède à l'adjudication de ces trois barrières dont le cahier des charges stipule que l'adjudicataire est tenu de mettre et maintenir en état la partie de route portée au devis de l'ingénieur :
« Seront à charge la construction, réparation et entretien de tous les ponceaux (petits ponts à une seule arche), écluses, fossés, berges, levées, décharges d'eau, rigoles souterraines ou à découvert. Il ne sera point fourni de logement à l'adjudicataire sauf aux endroits isolés où l'on aurait été obligé d'en construire un.
L'adjudicataire est tenu à la construction des barrières et bureaux qui n'avaient pas encore été établis pour la perception des taxes. L'adjudicataire sera traité comme un entrepreneur de travaux publics ».
Cette notion de taxes prélevées aux barrières s'apparente au péage qui était perçu sur le pont Canada jusqu'en 1872. C'est peut-être à la même date que furent supprimées les barrières. Les octrois par contre ne s'appliquaient qu'aux marchandises vendues dans la ville.
RUE MARCELIN BERTHELOT.
Cette rue part
de la rue Saint-André et longe le quai en direction du pont Canada.
Marcelin Berthelot, célèbre chimiste est né à Paris en 1827. La grande amitié qui le liait à Renan, dont il fit connaissance en 1845 et qu'il vint visiter plusieurs fois à Rosmapamon, lui vaut d'être ainsi honoré à Tréguier où il vint encore pour l'inauguration de la statue de l'écrivain trécorois.
Titulaire d'une chaire au Collège de France en 1865, il entra à l'Académie de Médecine, à celle des Sciences et enfin à l'Académie Française en 1901. Il devint ministre des Affaires Étrangères. Auteur des « Origines de l'alchimie ». Il est décédé en 1907.
LA RUE DU BILO.
Cette rue longe le domaine qui lui donne son nom.
Ce domaine auquel on accède par la rue des Perderies et la route du Guindy est situé en Minihy-Tréguier et domine la rivière.
La belle demeure du XlXème siècle, aujourd'hui fort délabrée, a remplacé un ancien manoir ayant appartenu au moins depuis 1628 à la famille de Botloï.
A cette date, un « aveu » mentionnait : « le lieu noble, manoir et métairies du Bislou avec ses pourpris, largesses et rabines, bois de futaye, refuge à pigeons, aplacements de colombiers et pouvoir d'en construire de nouveaux, jardin, vergers, garennes et autres franchises, décorations et embellissements ».
C'est à travers les terres du Bilo que passaient les canalisations amenant l'eau de Creven.
IMPASSE THEODORE BOTREL.
Chansonnier né à Dinan en 1868, mort à Pont-Aven en
1925, rendu célèbre par « La Paimpolaise », il possédait à Port-Blanc, où il
résidait souvent, la villa « Ty Chansonniou ».
BOULEVARD ANATOLE LE BRAZ.
Sous l'Ancien Régime, l'emplacement de ce boulevard était occupé par le bois et
les jardins de l'évêché qui descendaient jusqu'à la rivière par un passage qui
dès la Révolution devint passage public.
Après la prise de possession des bâtiments de l'évêché (suite à la loi de 1905) la municipalité en vendit une partie et installa la mairie dans une autre partie en 1922, époque à laquelle on aménagea sur le trajet du passage « le Nouveau Boulevard » et le « Passage des Voûtes » à double voie qui au préalable n'en comportait qu'une.
Anatole Le Braz, né en avril 1859 à Saint-Servais où son père était instituteur, passa une partie de son adolescence à Port-Blanc.
Maître de conférence à la Faculté des Lettres de Rennes, il se rendit célèbre par son œuvre littéraire ; « Les légendes de la mort chez les bretons armoricains », « Au pays des pardons », « La chanson de la Bretagne », « Poèmes votifs », « Le sang de la sirène », « Le gardien du feu » ....
Il fit de fréquents séjours aux Etats-Unis. A sa mort, en 1926, il fut inhumé dans le bois de l'évêché où un monument fut élevé sur sa tombe. Le nouveau boulevard prit alors son nom. L'écrivain rejoignait ainsi son père, ses frères et sœurs et amis qui reposaient en terre de Tréguier après un naufrage en 1901 durant une partie de pêche en rivière de Tréguier.
LA RUE DES BUTTES.
Le lieu-dit « Les Buttes » était une promenade plantée d'ormes et
cernée de murailles qui existait déjà en 1608. Elle faisait partie du territoire
de Minihy.
Au XVIIIème siècle existait une rue des Buttes qui se dirigeait vers les sœurs de la Croix et un chemin des Buttes qui deviendra la rue Chateaubriand. Cette promenade était très fréquentée par les trécorois jusqu'aux années 1950. Elle servait aussi de terrain de gymnastique aux patronages de la ville.
LA RUE ALEXIS CARREL.
Elle relie la Chantrerie à la rue
Chateaubriand.
Alexis Carrel naquit près de Lyon en 1873. C'est dans cette ville qu'il obtint son diplôme de docteur en médecine et devint chirurgien. N'ayant pas obtenu de chaire de chirurgie, il est recruté par l'Institut Rockfeller de New-York. Il y mit au point les méthodes de culture de cellules « in vitro » et les méthodes de suture des vaisseaux sanguins qui seront à l'origine des techniques de transplantations d'organes.
Prix Nobel de physiologie et de médecine en 1912, ses recherches lui permettent durant la Première Guerre Mondiale d'utiliser de nouveaux traitements des blessures. Il se lie d'amitié avec Lindbergh, avec lequel il met au point une pompe à perfusion.
En 1941 il a le tort d'accepter sa nomination à la tête de la « Fondation française pour l'étude des problèmes humains » créée par le maréchal Pétain : organisme de recherche en démographie, habitat, hygiène de la maternité et du travail.
Il est démis de ses fonctions en 1944.
A sa mort en 1945, il est inhumé selon son vœu à l'île Saint Gildas, près de Port-Blanc, île qu'il avait acquise avec le montant de son prix Nobel et où il avait fait de nombreux séjours.
RUE DE LA CHALOTAIS.
Cette rue qui part de la chapelle des
Augustines pour rejoindre la place de la Cathédrale était une artère très
fréquentée. Jusqu'au milieu du XVIIIème siècle, elle se trouvait dans un état
déplorable au point que les charrettes ne pouvaient y passer que fort
difficilement et que les cavaliers devaient mettre pied à terre. Et pour comble
un puits occupait le bas de la rue. Il existait encore en 1799.
La rue était fort étroite et plusieurs maisons anciennes qui la bordaient n'ont pas résisté aux plans d'alignement mis en œuvre en 1845.
Au milieu du 19ème siècle elle était encore pourvue d'un seul caniveau central qui recueillait les eaux de pluie et les eaux usées.
Louis René Caradeuc de La Chalotais, né à Rennes en 1701, procureur général en 1751, et Président du Parlement de Bretagne, entre en conflit avec le représentant du pouvoir royal, le duc d'Aiguillon.
Accusé d'avoir favorisé le soulèvement de la noblesse bretonne et refusé de nouveaux impôts, La Chalotais fut arrêté en 1765 et libéré en 1767 mais exilé.
Le procureur de La Chalotais fut aussi l'un de ceux qui ont favorisé l'introduction de la pomme de terre en Bretagne.
La Chalotais passa à Tréguier en 1754, et son ennemi mortel le duc d'Aiguillon en 1757.
Sous l'ancien Régime, la rue portait le nom de rue Guillaume ou rue Saint-Guillaume en l'honneur de Guillaume Pinchon, Évêque de Saint-Brieuc, mort en 1234 et canonisé en 1247. On retrouve encore ce nom en l'An VII.
Durant les guerres de la Ligue, 6 maisons furent brûlées dans cette rue. En 1834 un acte notarié mentionne la vente d'une maison nommée « la cour de Coatmin » au n° 24 de la rue Guillaume, consistant en « une maison principale et maison à four, la cave en-dessous, la cour dite d'en bas, la soue à gorets ».
C'est dans cette rue qu'habitait le sculpteur François Corlay.
Le nom révolutionnaire de la rue est rue de la Convention.
RUE ET CHEMIN DU CHAMP LAINE.
Le chemin du Champ
Lainé prolongeait la rue des Perderies en direction du Bilo. Au coin de cette
rue et de la venelle Lapie se trouvait « le château du Champ Lainé » cité en
1834 sur l'ancien cadastre.
En direction du Guindy, la route se poursuivait ensuite sous le nom de « route des moulins » qui étaient en effet très nombreux sur les bords de la rivière.
Sous l'Ancien Régime, le château du Champ Lainé dépendait de Kermen. Gilles du Tertre, seigneur de Kermen, avait épousé Marie Lainé.
La rue du Champ Lainé coupait la rue des Perderies au niveau de la rue de Verdun dont elle suivait le tracé. Ce chemin longeait donc la limite de la ville.
LA RUE DE LA CHANTRERIE.
En descendant de la rue Gambetta vers la
rue Saint-André, on emprunte la rue de la Chantrerie qui doit son nom à la
demeure du grand chantre, premier dignitaire du Chapître. Le domaine de la
Chantrerie, bordée au nord-est par l'impasse de Kerpoisson, était fort
important. Il s'étendait jusqu'à l'entrée de la promenade des Buttes.
Le côté sud-est s'arrêtait à la partie haute de la rue Chateaubriand. Il abrita jusqu'en 1927 le presbytère de la cathédrale.
La Chantrerie fut vendue comme bien national en 1792 à Pierre Mathurin Pillas. En 1698, on signale qu'un colombier, situé dans un clos du verger lui appartenant, est contre le jardin de la Chantrerie.
A côté d'une place ombragée, la demeure existe toujours, divisée en appartements.
LA RUE CHATEAUBRIAND.
C'est en 1776 que l'ingénieur
Anfray, à la demande du duc d'Aiguillon, dresse un plan pour ouvrir une route
entre la promenade des Buttes et la Grève, en passant entre le verger de Jean
Langlois et les champs tenus à ferme par Jean Cousin, sous le nom de « chemin du
Canada aux Buttes ». Son plan était de transformer ce chemin en rue, en
l'élargissant sur une longueur de 200 toises (1 toise = environ 2 mètres)
jusqu'à lui donner 30 pieds de largeur y compris les fossés, et d'en faire une
route d'accès direct du haut de la ville vers le passage du Canada en passant
par la Chantrerie. Ce plan fut repoussé par les trécorois.
Dans cette rue se trouvait la chapellenie du Pont- Plancoët fondée par la famille de Quelen qui, originaire de Plougasnou, y possédait la seigneurie de Pont-Plancoët. Une autre famille de Plougasnou, les Kermoysan ont laissé leurs armoiries sur une cheminée de la rue Colvestre.
En l'An VII, on envisagea à nouveau de faire de cette rue un passage direct du Canada vers la route de la Roche, mais cette solution fut abandonnée au profit de la rue Saint- André.
François-René de Chateaubriand est né à Saint-Malo en 1768 dans la famille nombreuse d'un hobereau breton.
Après avoir passé sa jeunesse en Bretagne, il devient lieutenant au régiment de Navarre. En 1791 il entreprend un voyage en Amérique. Il est de retour en France en janvier 1792 puis il émigre et se réfugie en Angleterre.
De retour d'émigration, il publie en 1802 « Le Génie du christianisme ». Mêlé de près à la politique, il fut ambassadeur à Londres et ministre des Affaires Étrangères. Il avait terminé en 1841 ses « Mémoires d'Outre-Tombe ».
A l'origine du romantisme, son influence sur la littérature fut immense. Il ne revint en Bretagne qu'après sa mort, en 1848, pour être inhumé sur le rocher du Grand-Bé en face de Saint-Malo.
CHEMIN DU CANADA.
Le passage du Canada était le trajet suivi par la bac reliant Tréguier à la
presqu'île sauvage et au goëlo maritime.
Jusqu'en 1835 on n'avait pas eu l'audace de jeter un pont par-dessus l'estuaire du Jaudy aussi pendant des siècles eut-on recours aux bacs bien organisés qui avaient été mis en place dès le XIVème siècle.
Le « droit de passage », privilège féodal attribué à un fief, bien déterminé était en ce qui concerne le « passage du Canada », propriété de l'évêque.
Le nom ancien de ce passage était « scaff an milin » scaff signifiant « bateau de transport » et « milin » car il accostait à côté de l'important moulin de l'évêque transformé plus tard en minoterie et aujourd'hui en magasin de fournitures maritimes.
C'est à partir de 1619 que l'on trouve ce nom associé à celui de « Canada ».
« Le passage de scaff an milin dans l'endroit du Canada ».
En 1624 : « Passage de scaff an milin ou scaff du moulin au devant de la maison du Canada ».
En 1767 : « Passage du Canada ou de scaff an milin ».
Ce nom de Canada utilisé dés le début du XVII siècle est d'emblée bien orthographié. Il ne semble donc pas s'agir d'une déformation mais l'allusion à la maison du Canada laisse supposer que l'habitant de cette maison s'expatria pour ces contrées lointaines ou participa à la pêche à Terre-Neuve dont ce furent en 1612 les premiers essais à partir des ports de Portrieux et de Binic.
PLACE NOTRE-DAME DE COATCOLVEZOU.
Cet emplacement fut sans doute
occupé par un bois de noisetiers comme l'indique son nom.
Son nom actuel est dû une très antique église, propriété de la communauté de ville qui la gérait entièrement avec l'aide de diverses confréries : marchands et maîtres de navires, cordonniers, tisserands.
Cette église aurait été élevée au XVème siècle ; en effet, il est à remarquer que dans le procès de canonisation de saint Yves qui se déroula en 1330, plusieurs témoins évoquent la chute d'un aveugle tombé dans le puits de la Grand'rue. Un autre témoin précise que le puits est situé en plein marché de la ville de Tréguier, près du cimetière, un autre ajoute : près de la grande croix du cimetière. Aucun ne fait allusion à l'église de Coatcolvezou à proximité de laquelle devait se trouver ce puits.
Si l'on ne trouve pas de nom révolutionnaire pour cette place, c'est qu'en réalité il n'y avait, jusqu'à la destruction de l'église, pas réellement de « place » car Notre-Dame de Coatcolvezou alignait ses 66 pieds de long (environ 22 mètres) le long de la Grand'rue et ses 56 pieds de large empiétaient sur la place qui n'était alors qu'un passage élargi pour aller de la Grand'rue vers le cimetière et la rue de la Poissonnerie au-dessus de laquelle l'église projetait son porche qui laissait un passage libre.
Le monument comprenait une flèche comparable à celle de l'église Saint-Michel, un très beau cloître à plusieurs arcades et un cimetière.
Vendue comme bien national à un certain Lesaux, l'église fut rachetée par les habitants qui désiraient la restaurer. Sur un plan dressé en l'An VII elle porte le nom de Saint-Jean.
En 1820 la municipalité s'empara de cet emplacement pour cause d'utilité publique afin d'y construire des halles, celles de la place du Martray ayant été démolies en 1792. Ces nouvelles halles, bâtiment octogonal à arcades fermées par une grille de fer, furent détruites en 1920.
LA RUE COLVESTRE.
Sauf pendant
quelques années, pendant la première guerre mondiale où elle prit le nom de rue
de la Mairie, cette rue n'a jamais changé de nom, même sous la Révolution, mais
son orthographe a varié de « Corguenest » au XVème à « Corvestre » au XVIIème.
Si cette artère reste une des plus remarquables par les belles et vieilles demeures qui s'y trouvent, c'est que du début du XVème siècle jusqu'en 1592, elle occupait une position privilégiée en reliant l'évêché (alors rue des Perderies) à la cathédrale ; aussi rien d'étonnant à ce que s'y pressent les demeures des chanoines prébendés et les hôtels particuliers des gentilshommes tenant le haut du pavé. Située en hauteur elle abandonnait aux corps de métiers les plus polluants les rues déclives : Grand'rue, rue de la Poissonnerie, rue des Bouchers...
Cette rue possédait encore un autre atout : la proximité de la rue Saint-François appelée dans sa partie haute rue de Plouguiel car elle recevait, par l'intermédiaire du bac de Saint-François toute la population de Plouguiel et de Plougrescant qui se rendait dans la cité épiscopale avec charrettes et chevaux.
Aussi quelle activité dans cette rue ! Les gentilshommes eux-mêmes ne dédaignaient pas de louer une partie de leur maison en « boutiques » dont on reconnaît encore l'architecture particulière avec les larges appuis de fenêtres servant d'étal. En 1875 il s'y trouvait 6 auberges, 1 hôtel et 13 commerçants.
Rien d'étonnant à ce qu'aucune parcelle de ce précieux terrain ne soit perdue ; les maisons s'alignent de chaque côté sur deux rangs dans un véritable dédale de cours et de jardinets.
Sous cette rue passaient les canalisations qui, venant de la fontaine de Créven à Plouguiel, amenaient l'eau par l'aqueduc qui franchit le Guindy (construit en 1612), jusqu'à l'évêché et à la pompe située au bas de la place.
Cette eau coulait à ciel ouvert sur les terres du Bilo, traversait en souterrain la rue Saint-François, quelques jardins jusqu'au numéro 18 de la rue Colvestre, pour reprendre son chemin par les canalisations sous les pavés de la rue.
Durant la Ligue 4 maisons y furent brûlées. Beaucoup de rouages de l'administration de la cité s'y trouvaient réunis.
En partant de la cathédrale on trouvait à gauche la geôle et l'auditoire construit en colombages, ayant 42 pieds 6 pouces de long.
En 1810 le gouvernement cherchant un local pour y installer une prison, la municipalité propose « deux maisons antiques », propriété nationale, qui servaient anciennement de prison et d'auditoire, situées dans la rue Colvestre. « Mais pour les rendre salubres il est nécessaire de démolir la façade de l'auditoire qui donne sur la rue qui est en emposture et terrasse et de la remplacer par une autre en moellon ou taille de la longueur de 13 mètres sur 8 mètres de hauteur. Il faut 4 croisées en taille. Cet édifice consiste en un rez-de-chaussée et en une cuisine servant au geôlier ».
L'autre maison dite « la prison » consiste en deux appartements à feu (avec cheminée) l'un au-dessus de l'autre.
L'ensemble des deux immeubles fut reconstruit en 1828 et rehaussé d'un étage en 1862 afin de servir de mairie avant la prise de possession par la ville de l'ancien évêché.
C'est dans l'hôtel de Tournemine appartenant au frère de l'évêque au temps de saint Yves qu'eut lieu son procès de canonisation, emplacement occupé aujourd'hui par une belle demeure ancienne.
Au coin de la petite venelle se trouvait une maison sans beaucoup de cachet qui est qualifiée dans un acte notarié de 1817 de « maison des trois avocats ». appellation qui lui est restée.
De l'autre côté de la venelle donnait le premier couvent des Paulines rapidement désaffecté appelé « les vieilles Paulines ». Vient ensuite une grande bâtisse très délabrée qui fut longtemps un hôtel très côté : l'hôtel de France.
Du côté droit en repartant du bas de la rue, après deux immeubles du XIXème siècle (l'un fut construit peu avant 1839) - n° 2 et 4 - se trouvent deux belles maisons à colombages et un petit manoir du XVème qui a gagné un jardinet depuis que l'on a abattu la construction qui le masquait.
Au bout de la rue, au n° 22, se trouve une vaste et belle maison appelée aujourd'hui « maison du duc Jean V », appellation que l'on ne retrouve pas dans les textes anciens. Cette maison fondée par les seigneurs de Kericuff passa à la famille de Kergnec'h et enfin à la famille Garjan de Kerversault qui la vendit.
LA CORDERIE.
Le chemin de la
Corderie relie la route de Lannion à celle de La Roche. Aujourd'hui route
importante, elle dessert le collège et l'hôpital et se prolonge de l'autre côté
de la route de La Roche par l'importante rocade Jean Guéhenno.
Le métier de cordier était autrefois traditionnellement réservé aux lépreux ou caquins. Jusqu'au début du XXème siècle, il existait encore à la Corderie des métiers sur lesquels œuvraient des cordiers. Ils avaient pour clients les armateurs des goélettes trécoroises dont les dernières furent « L'Herman » (armateur Kervizic), « l'Idéal » et le « Roscovite » (armement Meudal) et « l'Océanide » (armement Nicolas) mais aussi les paysans les minotiers et les teilleurs de lin. Le domaine de l’évêque, dans les environ immédiats de la cité comprenait entre autres « une métairies noble appelée Parc an Bran contenant 5 arpents de prisage entre le chemin de Tréguier au Pont Losquet et la maladrerye dudit Lantreguer ». Or Parc an Bran se trouve entre la route de Lannion (route de Tréguier à Pont Losquet) et la Corderie. La maladrerie est dite aussi se trouver entre la route de Lannion et la seigneurie de Troguindy.
LA RUE DE CRUBLEN.
C'est
une rue neuve qui reprend comme toutes les rues voisines de ce lotissement des
noms de rochers, de phares ou d'îles de la côte, alors que le quartier voisin
est consacré à la flore.
Le Crublen est un massif rocheux situé au nord-est de la chaussée des Renauds. Il est surmonté d'une balise latérale bâbord rouge de forme cylindrique et permet de se guider pour entrer dans la rivière de Tréguier.
La nuit, elle est munie d'un feu à 2 éclats rouges toutes les 6 secondes visible à 5 miles nautiques. Elle est aussi munie d'un signal sonore.
LA RUE DU DUC JEAN V.
Elle emprunte une partie du parcours de la rue Poul
Raoul.
A la mort de son père. Jean V n'avait que dix ans et était fiancé à la princesse Jeanne de France, fille du roi Charles VI. Sa mère, Jeanne de Navarre, s'étant remariée au roi d'Angleterre, la régence fut confiée à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne.
Jean V bénéficie auprès des Bretons d'une grande popularité. Les chroniqueurs de son temps le décrivent sage et avisé dont le règne fécond (1399-1442) fit de la province un pays riche.
Son règne arrivait après la fin de la « guerre de succession », guerre civile qui avait duré plus de vingt ans et épuisé le peuple de Bretagne.
Son goût artistique le porta à favoriser les arts et il encouragea la reconstruction de nombreux monuments détruits pendant la guerre.
Il vint en pèlerinage à Tréguier sur le tombeau de saint Yves qu'il vénérait. Fait prisonnier en 1420 par ses ennemis de Penthièvre lors de l'attentat de Chantoceaux, Jean V fit le serment, s'il recouvrait sa liberté, de faire élever un magnifique tombeau à saint Yves. Il accomplit son serment et donna pour cela une somme en argent équivalente à son poids revêtu de son armure. Il demanda en outre à être inhumé après sa mort aux côtés du saint. Ces deux monuments funéraires ont disparu à la Révolution, détruits par le « bataillon d'Etampes ».
GARDEN AN ESKOP.
ou « Chemin de
l'évêque », continue la rue de la Barrière en direction de la rue Saint-Yves.
L'évêque Jean de Calloët, au moment de son entrée dans la ville en 1504, logeait au manoir de Kernabat, et aurait pu emprunter ce chemin pour se rendre à la ville.
RUE DES ETATS DE BRETAGNE.
Cette rue occupe une partie de la route
de La Roche en prolongement de la rue Le Peltier.
Les États de Bretagne se réunirent à Tréguier dans la cathédrale en 1607 sur la convocation de Henry IV.
La mission des États de Bretagne était de défendre les privilèges de la province confirmés par Charles VIII, Louis XII (les deux maris d'Anne de Bretagne) et François Ier (son gendre), de répartir, de refuser ou d'accepter les subventions extraordinaires demandées par le roi.
Les États subventionnent en 1610 l'adduction d'eau de Tréguier, la restauration de la voirie en 1617, la réparation des canalisations, l'aménagement du port au XVIIIème siècle.
RUE DE LA FONTAINE HOUDOT.
Les puits et fontaines étaient nombreux dans la ville
jusqu'au début du XIXème siècle. Il en reste peu.
La magnifique fontaine de Keroudot a donné son nom à l'impasse toute proche.
Ce même Oudot est le fondateur du manoir voisin.
En 1750, le propriétaire de Keroudot était le Sieur de Villefort et dans un acte décrivait ainsi le domaine qu'il donnait en location : « la petite cour au nord, l'écurie ou maison à four, la loge à charrettes et autres petits logements donnant sur ladite cour à l'exception de la vieille maison étant au coin au levant que le dit sieur de Villefort se réserve, les issues vis à vis les fontaines le grand jardin avec ses murs et fossés, le colombier y étant, les rabines, les pâturages, les feuillages, la moitié de l'allée, parc an Marc'h, la moitié du vieux bois, parc an cerf huellan ».
Le colombier cité se trouvait, ainsi qu'un lavoir, à proximité de l'anse sainte Catherine. L'acte ne mentionne pas de chapelle mais il n'est pas impossible que dans un temps très reculé une chapelle dédiée à cette sainte se soit élevée à cet endroit car il existait une prébende de Sainte Catherine, rue Kersco. La disparition de l'anse Sainte Catherine est toujours déplorée par les trécorois qui pouvaient s'y baigner à marée haute.
Un pont menant le chemin de fer vers la Roche-Derrien la franchissait. Il fut construit selon les plans de l'architecte Harel de la Noé qui construisit d'ailleurs presque tous les ouvrages d'art servant au petit train de « la société départementale des chemins de fer des Côtes du Nord ».
RUE GAMBETTA.
Cette rue emprunte une partie de
la rue Poul Raoul de la place de la République à la rue de la Chalotais.
Les discours de Léon Gambetta (1838-1882), avocat et homme politique français, le placent parmi les grands orateurs du parti républicain dont il devint chef à l'assemblée. A la nouvelle de la chute de Sedan, il proclama la déchéance de l'Empire. Il devint ministre de l'Intérieur. Il fonda le journal « La République française » en 1871 (source : grand Larousse encyclopédique).
C'est dans cette rue que se trouve l'ancien hôpital. Cet hôpital, appelé sous l'Ancien Régime « Hôtel-Dieu », fut commencé au temps de saint Yves, restauré et agrandi au XVIIème siècle. Il en reste la salle des passants, les bâtiments de la communauté religieuse des Augustines hospitalières avec sa chapelle. Le corps de l'hôpital fut entièrement reconstruit en 1852. Désaffecté au profit d'un édifice plus moderne, il est aujourd'hui transformé en hôtel. La chapelle sainte Marie-Madeleine commencée en 1447 fut restaurée et agrandie à l'arrivée des Augustines hospitalières en 1654.
PLACE DU GENERAL DE GAULLE.
Cette
place est située sur le quai entre la rue Saint André et la rue Renan : en l'an
VII, elle se nommait place du Port.
Charles De Gaulle est né à Lille en 1890. Officier de carrière, lors de la première guerre mondiale, il est fait prisonnier à Douaumont.
En 1932, il publie « Au fil de l'épée » et en 1933, dans son ouvrage « Vers l'armée de métier », il met en valeur le rôle des blindés en cas de conflit.
En 1940, devant la défaite de la France qui demande l'armistice le 16 juin, il part à Londres d'où il lance le célèbre « Appel du 18 juin » annonçant la poursuite de la guerre aux côtés de la Grande Bretagne. De nombreux français rejoignent alors la « France Libre ».
En 1943, il crée à Alger le « Comité Français de Libération Nationale ».
De Gaulle, rentré en France en libérateur, forme son premier gouvernement en septembre 1944. Il organise un référendum et dote le pays d'une nouvelle constitution. Écarté du pouvoir en 1946, il se retire à la Boisserie. Il est rappelé en 1958, au moment des événements d'Algérie. A la suite d'un référendum, il met fin à ses fonctions en 1969 et meurt l'année suivante à Colombey-les-deux-églises.
PLACE DU GENERAL LECLERC.
Cette place était la
première cour de l'évêché fermée à l'est par le bâtiment de la Porterie et par
un grand portail. Ce portail fut démoli au moment de l'aménagement du boulevard
Anatole Le Braz.
A l'emplacement du monument aux morts élevé en 1920 à la mémoire des 75 enfants de Tréguier morts pour la Patrie se trouvait un puits. Ce monument, dû à l'artiste breton Francis Renaud, est compté parmi les plus beaux de France.
Philippe de Hautecloque, né en 1902, fait prisonnier en mai 1940, s'évade deux fois. Il rejoint De Gaulle à Londres.
Sous le nom de Leclerc il devint gouverneur du Cameroun qu'il rallie à la France Libre, puis gouverneur militaire de l'A.E.F.
En 1944 il participe au débarquement à la tête de la célèbre division blindée qui porte son nom. Il joue un rôle décisif dans la libération de Paris et de Strasbourg. Nommé en 1945 commandant en chef des forces françaises d'Indochine, il trouve la mort dans un accident d'avion en 1947. Il fut nommé maréchal à titre posthume en 1952.
LE BOULEVARD JEAN GUEHENNO.
Cette rocade relie la route venant de Paimpol à celles qui se
dirigent vers Guingamp et Lannion en évitant Tréguier. C'est la réalisation dans
une version moderne d'un projet en germe depuis la Révolution : une liaison
rapide entre le pont Canada et la route de Pontrieux et de Guingamp.
Jean Guéhenno est né à Fougères le 25 mars 1890. Inspecteur Général de Instruction Publique, il entre à l'Académie Française en 1962. Il se consacra également au journalisme et fut rédacteur en chef de la revue « Europe ».
Parmi ses œuvres littéraires : « Caliban parle », « Conversion à l'humain », « Journal d'un homme de 40 ans », « Journal des années noires », « Changer la vie ». Il passait ses étés dans sa maison de Port-Blanc, jusqu'à son décès en 1978.
LA RUE DU HUIT MAI.
C'est le 7 mai 1945 qu'eut lieu à Reims au quartier
général d'Eisenhower la reddition inconditionnelle de toutes les troupes
allemandes. Mais c'est seulement le lendemain 8 mai qu'elle entre en vigueur
lorsque Truman, De Gaulle, Staline et Churchill annoncent au monde la victoire
alliée. Les conditions de la capitulation stipulaient qu'elle s'appliquait
envers les russes au même titre qu'envers les occidentaux. Elle mettait un terme
à la seconde guerre mondiale déclenchée le 3 septembre 1939 sur le sol européen.
Le ler septembre 1945 aura lieu la capitulation du Japon.
LA RUE DES HEAUX.
Laissons parler Michelet qui a donné de ce phare une description magnifique :
« Le phare des Héaux, bâti sur le dangereux écueil des Épées de Tréguier, a la
simplicité sublime d'une gigantesque plante de mer. Il n'a que faire des
contreforts. Il enfonce dans la roche vive ses fondements taillés au ciseau sur
une base de 60 pieds en largeur. De plus, pour les parties basses, les assises
sont reliées par des dés qui pénètrent à la fois dans des pierres superposées.
Le tout est taillé si juste que le ciment est superflu. De bas en haut, toute
pierre mordant ainsi sur sa voisine, le phare n'est qu'un bloc unique, plus
unique que son rocher même » (La Mer).
Et Charles Le Goffic, plus lyrique encore : « Et voici le foyer suprême, l'étoile merveilleuse entre toutes, le phare des Héaux, grand cierge de granit dressé à 48 mètres sur l'abîme ».
Décapité par les allemands en 1944, le phare fut rapidement reconstruit.
RUE DE L'ILE D'ER.
Grande île située à la sortie de la rivière
de Tréguier à égale distance de Plougrescant et de Pleubian, elle s'appelait
autrefois l'île d'Erc'h et plus anciennement « Tuesterc'h ».
L'île qui appartenait à l'évêque était desservie par le bac de Pont-Rod. Une tourelle blanche à bande noire est un amer appelé « men noblance » à aligner, pour entrer dans la rivière, avec l'amer du même nom situé à Plougrescant.
Un mémoire non daté indique : « A l'entrée de Lantriguet (sic) les vaisseaux peuvent toujours demeurer à flot depuis l'île d'Er jusqu'au quai de Tréguier distant d'à peu près une lieue. Les vaisseaux de 600 tonneaux peuvent monter et sont à mi-flot même à une demi-lieue au-dessus de la ville. Le reflux monte jusqu'à la Roche-Derrien où remontent des barques de 40 tonneaux ».
RUE DE L' ILE LOAVEN.
Cette île, beaucoup plus petite que l'île d'Er, est aussi beaucoup plus proche
du continent. Elle est située en face du Castel à Plougrescant.
Elle doit son nom au biographe et disciple de saint Tugdual, saint Loenan ou Loaven ou encore Lavan. C'est sur cette île que vécut et fut inhumée sainte Eliboubane, mère de saint Gonéry.
Autrefois, lors du pardon, les pèlerins se rendaient sur l'île Loaven en bateau, emportant le chef de saint Gonéry afin qu'il puisse y saluer sa mère.
RUE JEAN JAURES.
Elle rejoint la rue des Perderies à la rue Poul
Raoul, parallèlement à la rue de Verdun.
Jean Jaurès, né en 1859, agrégé de philosophie, est nommé maître de conférences à l'université de Toulouse. Il fonde le parti socialiste français puis « l'Humanité » en 1904.
Réélu régulièrement depuis 1902, il exerce son éloquence pour la défense de la classe ouvrière. Il s'oppose à Clemenceau.
Assassiné par un déséquilibré le 31 juillet 1914, sa dépouille fut portée au Panthéon en 1924. La municipalité de Tréguier participa à cette cérémonie.
IMPASSE KERFANT.
Le faubourg
de Kerfant se trouvait autrefois en dehors des limites de la ville : il y fut
rattaché par ordonnance du 15 - 02 - 1836.
RUE KERSCO.
Le nom le plus ancien de cette
étroite venelle qui relie la place de la Cathédrale à celle de la République est
« rue du Scavet ».
Le nom de « Kersco » ou « kerscau » provient du nom d'un chanoine qui vivait en 1528.
A droite, en montant cette rue étroite et faisant le coin avec une autre venelle qui rejoint la rue Colvestre, se trouvait le premier bâtiment occupé par les Paulines à leur arrivée à Tréguier en 1699. Ce bâtiment appelé « les vieilles Paulines » fut désaffecté lors de la construction des « Paulines neuves » en 1771. Durant la Révolution, « les vieilles Paulines » servirent de prison. Madame Taupin y passa sa dernière nuit.
Dans la même rue, à gauche, se trouve une maison reconstruite avec des pierrs réutilisées portant la date de 1788. A cet emplacement se trouvait la demeure de l’abbé Sieyès, juge ecclésiastique, personnage éminent durant la Révolution qui vécut à Tréguier de 1776 à 1780.
Lors de son accession au trône. Louis XVI avait institué une maison prébendale située rue Kersco en faveur de l’abbé Sieyès.
Dans cette rue se trouvaient aussi la prébende Sainte-Catherine, le petit archidiaconé et la prébende de la Motte Rouge ainsi que la prébende du But, vendue comme bien national.
LA RUE DE KERNABAT.
Jusqu'à une date récente, elle s'appelait rue du Léandy (maison des
religieuses), et sous l'Ancien Régime, chemin des Ursulines à Kernabat. Le
Léandy aurait été réservé aux novices.
Elle doit son nom à l'important manoir de Kernabat qui signifie « manoir de l'abbé ».
Lors de l'entrée de Jean de Calloët qui venait en 1504, prendre possession du siège Épiscopal, il est fait mention de ce manoir qui appartenait alors à Jean Le Lagadec, notaire apostolique public, dont la fille unique épousera Raoul de Kergnec'h, notaire.
Cette rue marquait l'ancienne limite de Tréguier. Sa prolongation qui traverse le boulevard Jean Guehenno prend le nom de Fontaine Houdot.
RUE DU LOTISSEMENT DE KERPOISSON.
Cette
rue s'est appelée rue des Buttes puis rue des
Promenades. Le nom actuel lui vient de l'ancienne propriétaire de la Chantrerie
et terrains avoisinants.
RUE LAMENNAIS.
Elle prend naissance place
Notre-Dame de Coatcolvezou, fait un coude pour rejoindre le quai parallèlement à
la rue Renan et aboutir rue du Port.
Jusqu'au début du XIXème siècle elle portait le nom de rue de la Poissonnerie. En 1776 on cite la croix de la Poissonnerie.
Sous l'Ancien Régime se trouvait dans cette rue l'ancien collège de Tréguier qui jouissait d'une fort bonne réputation. Son nom révolutionnaire était d'ailleurs rue du Collège ou rue de la Fraternité.
Ce collège reconstruit en 1782 disparut après la Révolution. Ces locaux furent un temps occupés par l'école Notre-Dame.
En 1816, le frère Jean-Marie de Lamennais, chargé de l'administration des écoles diocésaines, s'entendit avec la ville pour y établir le petit séminaire qui fut transféré en 1821 dans les anciens locaux du grand séminaire (place de la République). Il en profita pour établir dans les locaux devenus vacants une école des frères de Ploermel dont il était le fondateur.
Ces frères y restèrent jusqu'en 1892, ce qui explique que cette rue ait également porté au XIXème siècle le nom de « rue des Frères ».
VENELLE LAPIE.
Cette venelle, aujourd'hui impraticable, reliait
autrefois la rue des Perderies au Guindy en traversant le bois Lapie et se
trouvait dans le prolongement de la rue de Verdun.
RUE LAENNEC.
Elle relie
la rue de la Barrière à la rue Poul Raoul.
René Théophile Hyacinthe Laennec naquit à Quimper en 1781. Après avoir étudié à l'école de médecine de Nantes, il entra à Paris dans le service de Corvisart. Il obtint les grands prix de médecine et de chirurgie.
Inventeur du stéthoscope en 1815 et auteur d'un traité d'auscultation médicale en 1819, il fit avancer les connaissances sur les affections pulmonaires. Il mourut de phtisie en 1826.
RUE CHARLES LE GAC.
En 1875, la nécessité de relier le bourg de Plouguiel à la ville de Tréguier
devenait impérieuse. Jusqu'alors le trafic se faisait par la passerelle saint
François, le bac et la rue saint François.
La construction d'un pont à deux voies plus fonctionnel que le fragile pont saint François fut décidé et deux tracés proposés ; l'un reprenait le trajet par saint François approuvé par tous les commerçants du quartier mais par eux seuls.
L'autre tracé définitivement adopté, d'une part croisait le chemin longeant la rive droite pour aboutir au port et d'autre part permettait de rejoindre la place des Halles par la rue Charles Le Gac et la « rue des Frères » ancienne rue de la Poissonnerie aujourd'hui rue Lamennais.
Charles Le Gac était maire à l'époque où ces travaux furent réalisés.
Un premier pont fut réalisé en 1877 auquel participèrent toutes les communes du littoral, pont de bois à 2 voies pour laisser passer les charrettes. Hélas, dès 1888 il fallut envisager la reconstruction du pont noir « déjà très fatigué et ébranlé sur sa base ». Un autre pont fut mis en œuvre et terminé en 1893. Il subsista jusqu'en 1971.
On lui adjoignit un pont de chemin de fer lors de la mise en service de la ligne Tréguier - Lannion - Paros.
IMPASSE CHARLES LE GOFFIC.
Né à Lannion
le 14 juillet 1863, Charles Le Goffic était le fils d'un imprimeur libraire qui
publiait le journal « Le Lannionnais ».
En 1889 un recueil de vers « Amour breton » lui apporta la renommée. Auteur de pièces de théâtre, romans, poèmes, il entra à l'Académie Française en 1930.
La Bretagne (l'âme bretonne) et la première guerre mondiale furent ses principales sources d'inspiration. Il est mort en 1932.
RUE DU MANOIR SAINT ANDRE.
Cette rue, de percement récent,
longeait la demeure de l'archidiacre ou grand archidiaconé située rue
Saint-André laquelle doit son nom à une chapelle dédiée à ce saint.
Au XVIIIème siècle, le mur de ce domaine menaçant ruine, le grand archidiacre voulut faire prendre en charge sa restauration par la communauté de ville prétextant que ce haut mur crénelé faisait partie des remparts de la ville. Mais la communauté protesta que d'une part la ville n'avait jamais eu de remparts et que d'autre part une pierre portant une inscription en lettres gothiques indiquait le nom du constructeur et la date de 1539.
PLACE DU MARTRAY.
Appelée couramment « place de la Cathédrale », elle se nommait jusqu'au milieu
du XIXème siècle « place de la Ville » et durant la Révolution « place de la
Liberté ». C'est là d'ailleurs que fut planté l'arbre du même nom entre le
tertre et la cathédrale.
Elle avait une physionomie différente de celle que nous connaissons, aujourd'hui.
Le tertre central était occupé par des halles flanquées d'un corps de garde affermé et d'une boutique adjacente dont les loueurs devaient laisser la disposition aux troupes chaque fois qu'il en venait à Tréguier.
Au couchant des halles se trouvait le bâtiment abritant les poids publics.
Lorsque les halles furent démolies en 1792, les poids publics furent transférés dans une bâtisse accolée à la cathédrale que la municipalité s'engageait à faire détruire en 1860 (mais en 1920 il restait encore une maison contre la cathédrale).
En l'An XII, la municipalité, à la recherche d'un local convenable pour y installer la maison commune, estime que le seul local qui présente les convenances désirables est celui de l'ancien chapître.
« Ce local attenant d'un côté à la tour de la cathédrale où est l'horloge qui sert de phare à la rivière de Tréguier possède déjà les ouvertures toutes faites. La maison commune se trouverait dans la position la plus avantageuse puisque située en face de la grand place et avoisinerait le nouveau corps de garde auquel elle se trouverait jointe ».
Sous l’Ancien Régime tous ces bâtiments appartenaient à l'évêque de four banal qui se trouvait en haut de la place (à l'emplacement du Crédit Maritime). Ses dimensions étaient de 15 pieds et de hauteur de 3 pieds 9 pouces (1 pied = 0,33 m). Il était de plus recommendé aux fermiers de ne pas y faire cuire du plâtre sans autorisation.
Tout autour de la place on remarque de belles maisons à colombages. Elles sont immédiatement postérieures aux guerres de la Ligue qui en détruisirent 30. Une seule fut épargnée par l'incendie.
On remarque en effet sur les facades et sur les seuils des dates du début du XVIIème siècle. L’une d’elles porte une plaque récente indiquant la demuere de Madame Taupin, guillotinée sur la place du Martray le 4 mai 1794 pour avoir caché 2 prêtres réfractaires.
Les autres maison, tout en pierres, accusent la fin du XVIIIème siècle ou même le XIXème siècle.
Le côté sud de la cathédrale était flanqué de maisons et de magasins. C'est seulement en 1860 que la ville entreprend de les faire démolir. L'une de ces maisons masquait entièrement la rosace. Une autre empiétait sur le grand escalier du cloître qui était ainsi tronqué.
Entrepris en 1610 par l'évêque Adrien d'Ambroise les travaux d'adduction d'eau dotèrent le bas de la place d'une pompe.
En 1775 la communauté de ville reçoit plans et devis pour la construction d'une fontaine publique. Ces deux ouvrages coexistèrent quelques temps côte à côte comme on peut le voir sur les plans de l'époque révolutionnaire.
En 1873 on construit deux réservoirs d'alimentation d'eau au centre de la place et sur la promenade plantée (sur le quai). De là, on fit descendre un tuyau jusqu'au quai pour alimenter des bornes fontaines se trouvant sur son parcours.
RUE PASTEUR.
Elle rejoint la place de la République à la rue Jean Jaurès.
Louis Pasteur, chimiste et biologiste français est né à Dôle en 1822 et mort à Marnes-la-Coquette en 1895.
Docteur en physique et en chimie, il publia un traité sur la cristallographie qui le rendit célèbre.
Il entreprit l'étude des fermentations et mit au point le procédé de fermentation Grâce à ses recherches sur les vers à soie, il sauva la sériculture. Il imposa ses idées sur le rôle des micro-organismes dans la propagation des maladies contagieuses.
En 1885, il mit au point avec Chambreland et Roux le vaccin contre la rage.
Placé à la tête de l'institut Pasteur en 1888, il est considéré comme un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité (grand Larousse encyclopédique).
RUE LE PELTIER.
Cette rue part de la rue Gambetta, juste en face de l'ancien hôpital, en
direction de La Roche. Elle est une des deux routes restaurées en 1762 sous le
gouvernement du duc d'Aiguillon.
En 1847, le conseil municipal considérait : « que l'ancienne route romaine de Tréguier à Guingamp serait un avantage bien grand pour le pays si celle-ci était classée au nombre de routes de grande communication ».
Jusqu'à la construction du pont de la Roche en 1873, le trafic de Guingamp à Tréguier se faisait par cette voie romaine et, à Pommerit-Jaudy, empruntait le bac de Pont-Rod (autrefois Pont Rouzault).
A qui attribuer la paternité de cette rue ? Soit à un Monsieur Le Peltier qui faisait partie de la municipalité en 1903, mais aussi peut-être à Le Peltier de Rosambo dont le nom revient en marge de toutes les délibérations qui concernent l'hôpital en 1751, où il insiste avec énergie auprès de la communauté de ville pour que les fondations assurées par les membres de sa famille en faveur de l'hôpital soient respectées.
Le nom ancien de cette rue est « Clos-Houarn » qui pourrait être une déformation de « Cloc'h Ouarn » ou « la cloche de fer » ; un tel lieu-dit existe également en Penvénan.
Ces cloches étaient de très vieilles cloches en fer battu utilisées dès les premier temps de l'émigration bretonne.
Son nom révolutionnaire est « rue des Côtes-du-Nord ». Dans cette rue se trouvait l'hôpital-hospice (l'hôpital de la rue Gambetta étant alors l'Hôtel-Dieu). Les anciens bâtiments de l'hôpital qui existaient déjà en 1667 furent démolis en 1884 pour reconstruire à leur emplacement une gendarmerie aujourd'hui désaffectée.
L'hôpital comportait une petite chapelle dédiée à saint Louis dans les murs de laquelle on a trouvé un calice du 17ème siècle à tête d'anges. La chapelle reconstruite en 1859 fut fermée en 1911.
RUE PEN AR GUEZEC.
Pen ar Guezec signifie
en breton « la tête des chevaux » ; c'est un
bloc rocheux surmonté de deux tourelles (dont l'une détruite) qui indique une
petite passe de la rivière.
Sous la Révolution la corvette « l'Assemblée Nationale » poursuivie par une frégate anglaise vint s’échouer sur ces rochers qui servirent de refuge à l’équipage qui réussit à joindre le bourg de Plougrescant tandis que son capitaine Corouge et quelques hommes se laissèrent couler avec leur navire.
RUE DES PERDERIES.
Déjà citée dans
le procès de canonisation de saint Yves en 1330 (dite rue des Perdric. sic), les
perderies peuvent désigner la déperdition des eaux usées.
Au fil des siècles elle sera alternativement « Perderies » et « Perdrix ». C'est ce nom qu'elle portait durant tout le XVIIème siècle dans tous les actes officiels de la Prévôté, pour reprendre à une époque relativement récente son nom authentique de « Perderies ».
C'est dans cette rue que se trouvait jusqu'aux guerres de la Ligue le Palais Épiscopal construit par Pierre Piedru en 1432.
Cet édifice dont il ne reste aujourd'hui qu'une petite partie a conservé toutefois sa belle porte gothique. Son remarquable escalier à vis a été condamné en 1994 pour raison de sécurité. Le puits ajouté par l'évêque Jean de Ploeuc existe encore.
Le 15 novembre 1589, l'évêché, dans lequel s'étaient retranchés nombre d'ecclésiastiques et de gentilshommes fidèles à la cause royale, fut attaqué par les paysans d'alentour sous les ordres des ligueurs.
Rendu inhabitable, l'édifice servit longtemps d'entrepôt d'armes et de munitions. Après la construction du nouveau palais épiscopal de 1604 à 616, cet ancien édifice prendra le nom de « La Théologale » ou « maison de Keroffret » et aujourd'hui plus communément « le Vieil Évêché ». Sur es dépendances fut construit l'hôtel de la Tour.
Au coin de la rue des Perderies et de la rue Saint-François se trouve la « maison de Kermorvan » ou « vieille mission » donnée aux Lazaristes qui dirigeaient le séminaire (en 1772 ils possédaient 13 maisons dont 7 en ruines).
La rue des Perderies se prolongeait vers la campagne par la rue du Champ Lainé puis par la rue des Moulins.
Ces deux rues appelées aujourd'hui « rue du Guindy » se dirigeaient en effet vers la vallée où s'activaient jusqu'à une date relativement récente de nombreux moulins transformés pour la plupart en teillages de lin et parmi eux le « Moulin de l'Évêque » au pied de l'aqueduc.
RUE MARIE PERROT.
Cette rue s'appelait sous la Révolution
« rue de la Mission
» et en 1912 « rue du Collège ».
Marie Perrot née à Tréguier le 2 octobre 1884 était institutrice d'école publique. Elle eut dans la résistance un rôle très actif sous le commandement départemental des F.F.I. Elle mourut à Tréguier le 16 janvier 1975.
Dans cette rue se trouvait la demeure du Scolastique. Le Scolastique était un chanoine, maître d'une école ouverte à tous. Tréguier possédait une telle école au moins dés 1419.
La description de ce domaine au moment de la vente des biens nationaux montre qu'il s'agissait d'une très belle propriété remplie d'arbres fruitiers.
RUE DU PHARE DE LA CORNE.
Ce phare
situé sur la rive droite de la rivière de Tréguier, au large de Pleubian, au
niveau du rocher du Taureau, fonctionne avec une éolienne. C'est un feu à
occultation (durée de lumière plus grande que l'obscurité) et à secteurs :
blanc, vert, rouge ; le blanc donne l'axe des grandes profondeurs, le vert
indique peu de profondeur, le rouge signale un danger (rocher).
RUE DU PORT.
L'on appelle communément « les quais » toute la rive du Jaudy et les rues qui la
bordent. Or la rue Marcelin Berthelot qui va du Canada à la place du Général De
Gaulle se prolonge au-delà par la rue du Port.
Autrefois appelée simplement la Rive, elle se partageait en « Vieux quai » du pont Canada à l'impasse Quelen, puis « rue du Port », pour prendre le nom de « Quai neuf » à partir de la rue Saint-André vers l'ouest.
A cet endroit se trouvait dés 1608 une levée de terre plantée d'arbres qui servait de « pourmenoir » aux habitants.
Le port, poumon de la ville, connut son âge d'or au XVème siècle grâce aux privilèges accordés par le duc Jean V aux trécorois.
De grands travaux y furent entrepris au XVIIIème siècle : on nettoie bassin, on maçonne le rivage, on remonte le quai le plus bas pour empêcher l'eau de pénétrer dans les magasins du quai aux grandes marées, on comble l'ancienne cale et on prolonge le quai.
RUE POUL RAOUL.
Nom d'origine de toute la rue, elle
n'a conservé aujourd'hui que le tronçon qui relie la rue Gambetta à la rue du
duc Jean V.
Ce nom apparaît dans un compte de fabrique en 1484.
Son nom révolutionnaire est « rue du Finistère » ou « rue du Pavé neuf », nom tout à fait justifié car 40 ans plus tôt avait eu lieu la restauration des banlieues de Guingamp et Lannion donc la réfection de cette route.
L'ingénieur Anfray chargé du plan de rénovation emploie les termes de « Poulavel » ou « Poulaouet », lieu dans cette rue où se trouvait un puits et une croix au niveau du couvent des Paulines (devenues Ursulines). Poul Raoul serait peut-être la déformation de l'un de ces termes.
RUE DE PORS KERDERRIEN.
Cette venelle prend naissance
sur la place du général De Gaulle et court parallèlement aux quais jusqu'à la
rue Renan.
En 1542 on trouve parmi les membres de la corporation des maîtres de navire, François de Kerderrien. Au XVIIème siècle Michel Thépault de Rumelin fait don au séminaire de Tréguier d'une rente de 96 livres fondée sur la maison de Kerderrien. La maison est en ruine en 1701 et restaurée en 1808.
Il existait à Pleudaniel une seigneurie de Kerderrien ayant haute justice.
RUE JARL PRIEL.
Jarl Priel est le pseudonyme de Charles Joseph Tremel né à Plouguiel
le 23 avril 1885 et décédé à Marseille le 19 août 1965. Il fut professeur de français dans un lycée en Russie
où il commença à s'intéresser au théâtre.
Interprète de russe pendant la guerre de 1914, il devint ensuite ami et secrétaire de Charles Dullin. Il écrivit des nouvelles, des romans et plusieurs pièces de théâtre.
Il revint à Plouguiel en 1937, utilisa le breton à l'occasion d'une pièce pour le Bleun Brug en 1942. Dés lors il n'écrivit plus qu'en cette langue (notamment 3 livres de mémoires). Il mourut en 1965.
IMPASSE QUELEN.
Elle s'ouvre sur la rue Marcellin Berthelot et longe le parc
public. La rue peut devoir son nom à la famille de Quelen, héritière de
Kermartin et qui possédait de grands biens. Cette famille dont sortit un
archevêque de Paris au XlXème siècle s'était alliée à celle de saint Yves au
XVème siècle lorsque Plesou de Quelen épousa Olivier de Kermartin. Leur arrière
petite-fille épousa Maurice de Quelen.
RUE RENAN.
La Grand'rue ou «
Grand rue sur la Rive » est déjà ainsi nommée dans le procès de canonisation de
saint Yves en 1330.
C'était en effet la rue principale de la ville puisque par elle remontait tout le trafic de port vers le cœur de la ville mais aussi la circulation qui venait de la presqu'île sauvage par le bac du Canada. C'était l'unique voie carrossable.
Les deux pavillons qui la ferment vers le quai sont postérieurs à la destruction de la ville par les espagnols puisque l'un d'eux est daté sur un linteau de 1610.
Ils avaient pour fonction de surveiller la rivière et le port à la suite d'une époque troublée où la cité avait vu la ruine arriver par la mer. Une troisième tour semblable existait sur la maison voisine.
Les maisons à colombages qui la composent sont elles aussi du début du XVIIème siècle avec une assise en pierres de taille ou de maçonnerie surmontée d'une ossature en bois.
Dans cette rue se trouvait le four banal de l'évêque (il en possédait un aussi place du Martray) ainsi que celui du chapître. La Grand rue semble avoir été le fief des cordonniers puisqu'en 1747 on y trouve 9 cordonniers et un bourrelier.
Une « place des cuirs » non identifiée devait se trouver dans les parages.
Durant la Révolution la rue portait, de la place du Martray à la rue Stanco, le nom de « rue de l'Union » et de la rue Stanco au port « rue de la Révolution ».
C'est dans cette rue que naquit le 28 février 1823, un des plus illustres enfants de Tréguier : Ernest Renan.
Après des études au collège ecclésiastique de cette ville, il entre à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Après beaucoup d'hésitations il accepte de recevoir les ordres mineurs.
Ne parvenant pas à mettre en accord ses convictions personnelles issues de ses recherches scientifiques et les thèses de l'église officielle, il quitte définitivement le séminaire en 1845.
Il est reçu premier à l'agrégation de philosophie en 1848.
Linguiste, historien, homme de lettres, il est chargé de missions scientifiques au Moyen-Orient ; il fait de nombreux voyages en Asie, en Israël, en Grèce.
En 1862, il est nommé à la chaire d'hébreu du Collège de France où son premier cours fait scandale. Il est suspendu de ses fonctions et ne sera réintégré qu'après la guerre de 1870.
« La Vie de Jésus » qu'il abordait de façon scientifique parut en 1863. C'est le premier tome des « Origines du Christianisme ». Ses œuvres les plus connues sont en outre « Souvenirs d'enfance et de jeunesse » et « l'Avenir de la science ».
En 1903, l'élévation de sa statue devant la cathédrale et l'attribution de son nom à la Grand rue provoquèrent une foule de protestations à une époque où les passions ne s'étaient pas encore calmées.
Sa maison, probablement maison d'armateur au XVIIème siècle, fut classée en 1946. Elle abrite aujourd'hui le « Musée Renan » inauguré en 1947 par Edouard Herriot.
RUE DES RENAUDS.
Chaussée et massif rocheux au nord de l'île d'Er.
PLACE DE LA REPUBLIQUE.
Sur
l’actuelle place de la République se trouvaient jusqu'en 1911 les bâtiments de
l'ancien séminaire qui déterminaient une venelle appelée venelle du séminaire.
Lorsque les bâtiments furent détruits, la venelle disparut d'elle-même.
Le 16 mars 1654. Messire Michel Thépaut de Rumelin, chanoine et sa nièce, Madame de Trèzel firent donation à la fondation saint Vincent de Paul « d'un hôtel, cours, jardin, et de 7700 livres » pour l'édification de ce séminaire dirigé par les lazaristes.
En 1819, le diocèse rachète le bâtiment et en fait un petit séminaire. Plusieurs personnalités le fréquentèrent dont Mgr Carmené, archevêque d'Hiëropolis, Mgr Laouénan de Pondichèry, Mgr Mando, Évêque d'Angoulème et enfin Ernest Renan.
Les bâtiments furent vendus comme bien national sauf l'aile droite transformée en gendarmerie.
La chapelle actuelle, d'inspiration néo-byzantine due à l'initiative (1892-1894) de Jean-Marie de Lamennais, remplaçait une autre chapelle en piteux état datant de 1685. (source : Adolphe Guillou). Elle est devenue en 1993 le « Théâtre de l'Arche ».
RUE DE LA REPUBLIQUE.
Cette
rue est parallèle à la rue Poul Raoul qui la sépare de la place du même nom.
RUE DE ROC'HIR.
Rocher le plus à l'ouest du plateau des Duono.
RUE SAINT-ANDRE.
Saint André était le premier patron de la cathédrale qui fut ensuite placée sous
le patronage de saint Tugdual.
Elle était appelée autrefois rue des Bouchers en raison des nombreux représentants de cette profession qui y étaient établis. En 1747 on n'y trouvait pas moins de 8 bouchers. C'est peut-être aussi pour cette raison qu'elle prit sous la Révolution le nom de « rue des Subsistances ».
A partir de 1808, la partie haute de la rue prend le nom de Saint-André, puis adopte ce nom sur la totalité de son parcours après 1923.
A la fin du XIXème siècle, de grandes transformations avaient eu lieu.
Cette rue n'était sous l'Ancien Régime qu'une voie secondaire en raison de son étroitesse (2m,50 dans les endroits les plus resserrés). Elle est promue au titre de traverse principale de la ville, ensuite classée departementale en raison de sa proximité avec le bac, puis le pont du Canada. Ce dernier, construit en 1835, fut muni en 1885, fut muni en 1885 d'une travée toumante.
Ce sont les maisons du bas de la rue des Bouchers qui devaient être détruites pour élargir la voie. Mais en 1923 la municipalité doit imposer la destruction de l'immeuble « Le Diagorn », ancien abattoir, car il barrait presque complètement la rue. La pente moins accentuée que celle de la rue Renan fut prise aussi en considération. C'est en 1937 que l'on envisage d'y installer la Poste.
RUE SAINT-FRANÇOIS.
La rue Saint-François descend en
forte pente de la rue Colvestre jusqu'à la rivière et portait autrefois dans sa
partie haute le nom de rue de Plouguiel. C'est en effet par là que se faisaient
tous les échanges avec les paroisses de Plouguiel et Plougrescant par
l'intermédiaire du bac de Saint-François.
Le nom de rue de Plouguiel avait déjà disparu en 1835. Quant à son nom actuel, il est dû au couvent de Franciscains qui s'installa en 1483 de côté de la rivière et dont il subsiste quelques bâtiments. En 1875 il existait dans cette rue 3 auberges et 3 commerces.
ALLEE SAINT-MICHEL.
Cette allée piétonnière relie la rue de la Corderie à
celle de Lannion. Elle doit son nom à l'Église Saint-Michel dont il subsiste la
tour du XVème siècle.
L'édifice avait été construit en 1474 par l'évêque Christophe du Chastel. La nef voûtée en taille mesurait plus de 19 mètres de long et 6 mètres de large. Elle fut démolie en 1841.
Le premier chemin de Saint-Michel allait de la Corderie à la Croix-Neuve de Traou Miquel en coupant la route de la Roche.
Le second chemin de Saint-Michel allait du même endroit à la route de Lannion et s'appelait Saint-Michel-au-Pavé.
Comme le faubourg de Kerfant, l'Église était autrefois en dehors des limites de Tréguier et n'y fut rattachée qu'en 1836.
RUE SAINT-TUGDUAL.
Une rue nouvellement
ouverte pour permettre la construction d'un lotissement part de la rue des
Perderies au niveau de l'ancien Évêché. Cette appellation comble une lacune car
le fondateur de la ville n'avait jusqu'alors pas de rue à son nom, sauf au
XIXème siècle où le nom de Tugdual fut temporairement donné à la venelle du
séminaire.
Né en Grande-Bretagne en 490, Tugdual débarqua à Tréguier vers 525 amenant avec lui 72 religieux, des laïcs, et sa mère afin d'évangéliser de nouveaux territoires (... tout en échappant aux Picts et aux Scots). 7 ans après son débarquement, il découvre un espace fort boisé et, décidant de s'y installer, il fonde l'abbaye du Val Trécor autour de laquelle se développa la cité de Tréguier.
RUE SAINT-YVES.
Assez étroite et très pittoresque, elle part de la place du Martray en direction
de Minihy. Déjà citée en 1502, elle portait autrefois le nom de « rue Neuve » et
sous la Révolution le nom de « rue de la République ».
Tout comme saint Tugdual, saint Yves, malgré la vénération qui l'entoure depuis sept siècles, n'avait aucune rue à son nom à Tréguier, alors qu'il y en avait depuis longtemps à Rennes et dans d'autres villes de Bretagne. Seule la partie rurale de cette route sur le territoire de Minihy s'appelait « chemin de Saint-Yves ».
Cette rue conduit vers Minihy et le manoir de Kermartin où le saint naquit en 1250. Dès 14 ans il quitte ses parents afin de poursuivre ses études à Paris puis à Orlèans où il apprend le droit.
L'évêque de Rennes l'appelle auprès de lui et le nomme official (juge eclésiastique). En 1283 il rejoint définitivement le pays natal comme official du diocèse de Tréguier et simple recteur de Trédrez puis de Louannec. Il meurt en 1303.
Son procès de canonisation commence en 1330. Il sera canonisé en 1347. Depuis, un grand pardon (le 19 mai) le second de Bretagne après Sainte-Anne-d'Auray, lui rend hommage chaque année. Il est le patron des avocats et des universitaires.
C'est dans cette rue que se trouvait la Psallette, où étaient formés les chœurs d'enfants qui participaient aux offices et cérémonies religieuses, ainsi que la chapelle Saint-Ruelin, successeur de Saint-Tugdual.
RUE STANCO.
Cette courte rue relie la
place Notre-Dame de Coatcolvezou à la rue Saint-André. D'après l'ancien cadastre
sa rencontre avec la rue Saint-André aboutissait en face d'un vieil étang encore
qualifié en 1834 « d'ancien étang » et dont l'emplacement se trouvait à la
racine de la rue du manoir Saint-André. Une forme ancienne donne aussi « Stancou
».
RUE DES TEMPETES.
Venelle aujourd'hui disparue, elle prenait naissance
rue Renan en face de la venelle de Pors Kerderrien dont elle était symétrique
par rapport à la rue Renan.
On remarque au 55 de cette rue une maison élargie par rapport à la construction d'origine. On retrouve au numéro 9 de la rue du Port les mêmes traces de transformation.
La rue des Tempêtes située entre ces deux maisons servait aux piétons de voie de dégagement lorsque la Grand'rue était trop encombrée, ce qui devait arriver très souvent.
RUE TREUZ.
Cette
courte rue citée au XVème siècle indiquait le passage entre la rue Lamennais et
la rue Renan.
RUE DES URSULINES.
L'ordre des Ursulines fut la première
communauté à s'installer dans la ville le 20 janvier 1625 sous l'épiscopat de
Guy Champion.
Leur couvent s'inscrivait dans un enclos de 240 cordes suivant le procès-verbal de l'An IV dans un lieu-dit « le Léandy » ou « monastère » dont une rue a gardé le nom. Le mur d'enceinte subsiste sur sa plus grande partie et englobe entre autres le terrain des sports.
Le beau portail a été conservé devant une propriété privée au coin des rues de Minihy et de Kernabat.
A la Révolution le couvent fut vendu comme bien national et les religieuses dispersées. Revenues à Tréguier en 1806, les religieuses rachetèrent à la ville le couvent des Paulines dont l'ordre était dissout.
Au moment de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, les édifices furent dévolus à la ville qui en fit une école primaire supérieure.
LA PETITE VENELLE.
Cet étroit passage piétonnier
relie la rue Kersco à la rue Colvestre. Il longeait le premier établissement des
Paulines.
Elle était appelée « Petite Venelle » par opposition à la « Grande Venelle » qui désignait quelquefois la rue Kersco.
(Nicole Chouteau).
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