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LA CHÂSSE ET LE CHEF DE SAINT-TUGDUAL

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LE CHEF DE SAINT TUGDUAL A CHARTRES.

Dans l'article sur le reliquaire de saint Tudual [Note : Il ne faut pas s'étonner de la différence d'orthographe des deux noms de ce saint. En latin il s'appelait Tugdualus ; les chanoines de Laval le traduisirent Tudual, ceux de Chartres Tugual. Nous avons cru devoir respecter la coutume] est cité un procès-verbal des archives de l'évêché de Tréguier, rédigé en 1669 par M. de La Grève, chanoine de Saint-Tudual de Laval, où se trouvent décrits la châsse et les vitraux de la collégiale de Saint-Tudual. Il y est relaté que « l’office du saint étant le jour de la translation, dit que le chef est à Chartres, et à Chartres il n’en est fait aucune mention ».

Le rédacteur de ce document commet une erreur. Les auteurs chartrains rapportent la présence, à Chartres, du chef de saint Tudual [Note : A la bibliothèque de Chartres, nous lisons dans un manuscrit provenant de la bibliothèque du Chapitre, dans l'inventaire des reliques par MM. Brillon, Letunais et de Perry, p. 153, l'extrait suivant d'une lettre écrite par M. Letunais, chanoine, à M. Baillet, s. d. : « Quant à saint Tugual (dernier novembre) vous n'en laissez que le seul chef à l'église de Chartres, qui seroit en possession de son corps, et qui n'en parle pas autrement, non plus que Rouillard, Sablon, Souchet ; non qu'absolument elle le possède en entier, mais parce qu'elle en garde une partie considérable ».

Brillon dit plus loin : « Une partie du corps de ce saint est renfermée dans cette châsse avec plusieurs autres reliques ; il y a aussi plusieurs autres vestements et entr'autres une robe qui parroist sans couture » (Mss. 1016)] : la Vieille Chronique du XIIIème siècle, aujourd'hui à la Bibliothèque de la ville, parle du corps de saint Tugual comme étant au Trésor des Reliques, et les éditeurs du Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, qui l'ont reproduite, nous apprennent que « Goneran, évêque de Tréguier, aurait apporté, au IXème siècle, le corps de saint Tudual, frère de Hoël II, roi des Bretons » (De Lépinois et Merlet ; Chartres, Garnier, 1881, 3 vol. in-4°, p. 60). 

De plus, nous avons la description de la châsse de saint Tugual, à Chartres relatée par le chanoine Estienne, en 1682 ; le soin avec lequel elle est faite dit l'intérêt qu'on y attachait (F. de Mély, Le Trésor de Chartres ; Paris, Picard, 1885, in-8°, p. 83). « Il y a trois châsses dans le premier estage qui en remplissent les portiques. Celle du costé de main droite (longueur 24 pouces, largeur 12 pouces, hauteur 23 pouces) est couverte d'argent doré. Elle a sur le devant une figure de relief assize représentant Notre-Seigneur, tenant d'une main un livre sur son genouil et donnant la bénédiction de l'autre : Les costez sont composez de six portiques chacun, dans lesquels les 12 apostres sont aussi de relief. Il y a sur la face de derrière une vierge assize tenant son fils. et l'on voit sur la couverture quelque point d'histoire de la vie de S. Tugual, dont le nom est peint le long du faiste de la châsse. Le corps de ce saint est renfermé dedans ; il estoit Anglois de nation, et vint en Bretagne par une inspiration divine, et après y avoir professé la vie monastique, il y fut esleu évesque de Tréguier ou L'antriquet ; il vivait en 514, sous le régne de Childebert. Sur un des costez de la couverture de S. Tugual, il se lit : + CELITUS : ELECTUS : PETRIC : TUGVALUS : AD : ARAM (ligne d'en haut). CUIDAT EORUM DOMINUS PATRIAM PETAT : VL. S. CAR : AM. (ligne d'en bas). Entre ces deux lignes, il y a eu des figures en bosse divisées en trois portiques ; le 1er a esté rompu. Dans celuy du milieu, il y reste 2 clercs portans des chandeliers devant un autel sur lequel il y a un calice découvert, et il parroist que derrière eux il y a eu une figure d'évesque tenant une grande croix au lieu de crosse. Le dernier portique est en son entier, dans lequel il y a une figure d'évesque revestu de ses habits pontificaux avec estole et manipule, tenant d'une main une grande croix sur laquelle il s'appuye ; et, de l'autre, il semble la tendre pour prendre un cheval qui est tout sellé et bridé et dont le bout de la bride est tenu par une main qui sort d'une nue. Sur l'autre costé de la couverture, il n'y a point d'escriture ; il y avait trois portiques, dont deux sont rompus ; dans celuy qui reste, il y a une figure assise ayant de grands vestemens. La teste en est dehors ; il parroist qu'elle estoit appuyée sur sa main droite, ayant dans sa gauche un baston ; son attitude parroist d'un homme resvant ; derrière luy, il y a deux pastres avec un chien gardant deux moutons ; ces pastres regardent un ange sortant d'une nüe qui leur parle ».

Les quelques points d'histoire de la vie du saint, dont parle le chanoine Estienne, étaient assez difficiles à expliquer pour nous ; la description de la châsse et du grand vitrail de Laval contenant vingt-quatre panneaux relatifs à saint Tugual nous apporte les éclaircissements nécessaires.

A Chartres, sur la châsse, il n'y avait que six portiques entourant des tableaux de la vie de saint Tugual, encore trois étaient-ils détruits au moment de l'inventaire de 1682. Le deuxième portique, où sont les deux clercs portant des chandeliers, pourrait bien représenter le même sujet que le vingt-quatrième panneau du vitrail (un religieux à l'autel et d’autres qui l’assistent). Nous ne pouvons cependant l'affirmer. Il n'y aura, au contraire, aucune hésitation pour le suivant. Saint Tugual est bien reconnaissable à ses vêtements pontificaux, à sa crosse en croix, ainsi que nous le montre la châsse de Laval, entre deux autres évêques : il reçoit du ciel l'ordre de se mettre en route, il semble tendre la main pour saisir son cheval (sa hacquenée blanche). Nous avons ce sujet dans le dix-septième panneau de la verrière (un ange l'avertit de se mettre en chemin et faire voyage).

Le seul tableau intact, qui reste de l'autre côté de la couverture de la châsse de Chartres, semblerait se rattacher au vingtième sujet du vitrail de Laval : « l'homme resvant, écoutant un ange qui sort d'une nüe », paraît être, « l’ange lui parle de rechef ».

Par sa disposition, la châsse de Chartres offrait de grands rapports avec celle de Laval : toutes les deux étaient en argent doré et avaient une Vierge assise tenant son fils, mais celle de Chartres est plus importante. Le Christ, bénissant, accompagné des douze apôtres, décore tout un côté ; les détails de la vie de saint Tugual sont nombreux : on y lit une longue inscription.

Voilà pour la châsse. Quand une église possède une relique insigne d'un saint qu'elle honore d'un culte particulier, la châsse ou le reliquaire est exposé dans le chœur des premières aux secondes vêpres de la fête du saint, quelquefois même pendant toute l'octave. Brillon, chanoine de Chartres, au XVIIIème siècle, qui a laissé des notes sur tout ce qui avait rapport à la cathédrale, écrit « 1516, 20 septembre. Saint Tugual remonté, sainte Tècle descendue » (Ms. 1016, f. 325, v°. Bibliothèque de Chartres). C'est tout ce qu'il en dit ; mais enfin, il nous indique déjà qu'à cette époque la châsse de saint Tugual fut mise dans le chœur ; le mot remonté nous l'apprend, car nous connaissons la disposition du trésor des reliques de Chartres : « TROISIESME TRESOR. Dans l'arcade du milieu du rond-point du chœur et à cinq ou six thoises au-dessus de l'autel qu'on appelle de Tous les Saints, l'on y a disposé encore un troisième lieu pour y mettre des reliques. L'on y monte par un escalier de pierre, pratiqué entre deux piliers, au haut duquel il y a une balustrade qui conduit devant et derrière ce dernier trésor, lequel n'est pas d'une mesme composition que les autres. Il est disposé en trois estages, qui diminuent de grandeur à proportion qu'ils s'eslèvent les uns au-dessus des autres ; l'on n'y rentre point, mais ils sont à jour, et l'on peut voir aisément au dedans par les deux bouts, qui sont revestus de menuiserie, distribuée en six portiques dorez et ornez de frontons, de pyramides et d'autres ornements ; le premier estage en contient trois, celuy du milieu deux, et le dernier qui est plus haut n'en a qu'un » (Mély, Le Trésor de Chartres, p. 83).

La Grève, aujourd'hui, nous renseigne sur les motifs de la dévotion et le but du pèlerinage à saint Tugual : « Les femmes enceintes allaient vénérer ses reliques pour être heureusement délivrées de leurs enfants ».

Tandis que certaines femmes, privées d'enfants, venaient implorer la Vierge miraculeuse de Chartres pour en obtenir, et suspendaient ensuite devant sa statue des enfants d'argent en maillot, comme nous le font voir les anciennes gravures et nous le racontent les historiens chartrains (Souchet, Histoire du diocèse et de la ville de Chartres. Chartres, Garnier, 1876, 4 vol. in-8°, t. IV, p. 113), d'autres, déjà exaucées, venaient en pèlerinage à saint Tugual pour obtenir une heureuse délivrance (F. de Mély).

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