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Les biens du Chapitre de la cathédrale de Vannes

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FIEFS

Comme l'évêque, le chapitre avait aussi un fief particulier, qui comprenait tout le faubourg de Saint-Salomon de Vannes.

De qui venait-il ? — Des ducs nécessairement, à cause de la juridiction qui en faisait la base. — Mais encore de quel duc ? — En l'absence de toute charte originale, nous en sommes réduits à une simple note d'un Rentier du chapitre de 1387, dont voici le texte : Notandum quod eadem die (5e martii) debent fieri anniversaria Alani ducis Britanniœ, qui territorium Sancti Salomonis Venetensis ecclesiœ munimini condonavit, et Conani ducis Britanniœ, qui dictam terram ab omni costuma et tributo liberavit.

Les deux ducs mentionnés, dans cette note sont Alain IV, surnommé Fergent, qui régna de 1084 à 1112, et son fils Conan III, dit le Gros, qui lui succéda en 1112 et qui mourut en 1148. Le don du territoire, remontant au premier de ces princes, se place forcément entre 1084 et 1112. — En quelle année précise ? — On l'ignore. — On présume toutefois que ce fut après le retour de la première croisade, c'est-à-dire après l'an 1101 ; peut-être même faut-il descendre jusque vers 1110, puisque Conan III compléta la donation de son père en accordant l'exemption de toute redevance vis-à-vis de lui et de ses successeurs.

Le fief date donc du commencement du XIIème siècle. C'est vers le même temps que le quartier fut érigé en paroisse.

Le territoire de Saint-Salomon était limité au nord par la rue de Saint-Yves ou d'Auray ; à l'est par les douves de la ville, jusqu'au bastion des Cordeliers, aujourd'hui hôtel de la poste ; au midi par une ligne irrégulière, suivant une partie de la rue Richemont, la rue Pasteur et la rue Descartes ; à l'ouest par le chemin ou la rue de Bernus, le champ de foire et une ancienne venelle, enfermée plus tard dans la Visitation.

Les habitants de ce quartier, devenus ainsi les sujets et les vassaux du chapitre, durent lui payer désormais les rentes féodales attachées à leurs immeubles, et de plus les droits de mutation, appelés alors droits de lods et de ventes ; ils durent en outre moudre leurs grains à son moulin et cuire leur pain à son four.

Le four du chapitre était situé à l'entrée de la rue actuelle des Tribunaux. Son revenu dépendait du chiffre des habitants ; il était donc de l'intérêt du fermier, et par suite du chapitre lui-même, de ne laisser personne s'adresser ailleurs. Le monopole du four était au moyen âge, et jusqu'à la Révolution, un droit seigneurial.

Le moulin du chapitre était à Rohan, sur le petit ruisseau de Frotmer, qui descend au moulin de l'Evêque, et relevait des Régaires. Il avait été acquis, le 23 février 1281 (N. S.), de Yves de Crozon, trésorier et chanoine de Vannes, moyennant un cens perpétuel de dix livres monnaie, garanti sur les revenus du four et du fief du chapitre, et payable à ses héritiers après lui, et de plus moyennant une rente de trente sous par an, pour célébrer l'anniversaire du dit trésorier, et distribuer vingt sous aux chanoines et dix sous aux chapelains pour leur assistance. (G. Orig.) Le vicomte de Rohan abandonna ses droits au chapitre, pour participer à ses prières.

L'eau n'étant pas très abondante à Rohan, le vendeur avait cédé en même temps un terrain à proximité, pour y construire un moulin à vent. Le tout fut conclu avec le consentement formel de l'évêque Hervé Bloc, de qui relevaient ces immeubles. Le moulin à vent étant tombé en ruines en 1406, les chanoines voulurent le relever ; mais l'évêque Hugues Le Stoquer s'y opposa, ainsi que son successeur Amaury de la Motte. Enfin en 1447, Jean de Saint-Léon fit une transaction, par laquelle il reconnut le droit du chapitre sur le terrain contesté et sur le moulin à restaurer, et reçut en échange un courtil et une place de maison situés entre l'évêché et la rue des Chanoines (N° 1618, 1619 du cadastre, et N° 28 de la rue).

Le moulin à vent fut relevé, mais deux siècles après, en 1640, il était encore en ruines, comme le constate un aveu de cette année. Relevé une troisième fois, il a été presque entièrement démoli de nos jours.

Un autre revenu du fief consistait dans les rentes féodales, assises sur les maisons et terres formant le territoire. Voici quel était l'état de ces rentes pour Saint-Salomon, d'après un sommaire dressé en 1387, et donnant les vieux noms des rues.

« Ce sont les cens et rentes dou chapitre de Vennes, lour deues en leur terre de Saint-Salemon, métié à la Goel-aoust, et métié à la Circoncision Nostre Seigneur.

Premier, à exir (sortir) par la porte dou Bali (Hôtel-de-Ville), et commencer à main senestre et venant le long de la dove : deux mésons, trois places et un courtil, 4 livres, 12 solz, 7 deniers.

(Nous remplaçons les chiffres romains par les chiffres arabes)

2° En alant le long dou Marchiez (place de l'Hôtel-de-Ville), et passer par la venelle de la Corgnière (rue Le Sage), en la rue ès Bochiers (rues de la Loi et Pot-d'Etain), et retourner en bas devers la ville : mésons et places de mésons, 7 livres, 16 solz, 6 deniers.

3° En retournant par l'autre costé de cette rue (du Pot-d'Etain) et par la rue venant dou Marcheiz à Saint-Salemon (rue Le Sage), et retornant au carfourt devant la porte de Saint-Salemon, 4 livres, 13 solz, 6 deniers.

4° En passant au travers de la rue (Thiers) qui descent dou Marchiez aux Frères de Saint-François, et en retornant celle rue de l'autre partie dou chemin, 7 livres, 7 solz, 1 den.

5° Carfourt de la rue devant la porte de l'église Saint-Salemon et la rue du Four (des Tribunaux) venant de Saint-Salernon aux Frères ; maisons et places, 8 livres, 3 solz, 4 den.

6° A commencer devers la terre de Kaer, et retornant de l'antre part de la rue comme l'on veit à Saint-Salemon, 6 livres, 12 solz, 3 deniers.

7° La terre de fontaine Guédas (rue Pasteur), à commencer au coign devers la ville, et alant à la rue aux Paessoniers, et retourner jusque au dit coign, 2 livres, 10 solz, 11 deniers.

8° A commencer au carfourt de la rue ès Bochiers, venant dou Marchiez, et alant tout le tour de Poulehou (Salle-d'Asile), et retornant par la dicte rue, 5 livres.

9° De l'autre part dou chemin devers la justice (rue de Bernus), et suivant la rue des Bochiers (ou de la Loi) devers la ville, 2 livres, 18 solz, 6 deniers.

10° De la rue des Bochiers se rendant vers Saint-Yves (rue d'Auray), et passant par le bout susain dou Marchiez, 0 livre, 16 solz, 6 deniers ». Total : 42 livres, 7 solz, 9 deniers.

Outre les rentes féodales, qui étaient fixes, il y avait les droits de mutation, appelés lods et ventes, qui étaient casuels et variables. Chaque fois qu'un immeuble changeait de main, il y avait lieu de payer ces droits au chapitre. Si le changement s'opérait par la mort du propriétaire, on faisait l'estimation, et les droits se payaient généralement au denier huit. Si le changement s'opérait par vente, une copie de l'acte était donnée, au chapitre, et les droits se payaient d'après le chiffre du contrat.

Ces droits étaient renouvelables à chaque mutation ; il était facile de les régler vis-à-vis des particuliers. Mais comment faire vis-à-vis des communautés religieuses, qui ne meurent pas ? Car trois couvents s'établirent dans la paroisse de Saint-Salomon, la Visitation en 1638, la Retraite en 1675, et le Petit-Couvent en 1680. Voici comment on s'y prit. Le chapitre fit payer une première fois les droits de lods et de ventes, pour chaque acquisition d'immeuble, puis un capital proportionnel, qu'il plaça en rente, et dont le revenu remplaçait les droits de mutation pour l'avenir. C'est ce qu'on appelait alors l'indemnité de fief, c'est au début du XXème siècle l'impôt de main-morte. Si la communauté voulait s'affranchir du moulin et du four du chapitre, elle avait recours à une nouvelle convention qui aboutissait à un abonnement payable en argent.

Voilà les droits du fief, par rapport aux biens temporels. Quels étaient ses droits par rapport aux personnes ? — Le principal droit était celui de juger et de gouverner tous les habitants. Le chapitre ne jugeait pas lui-même, mais il nommait un sénéchal, un alloué, un procureur fiscal et un greffier pour rendre la justice en son nom ; à la suite de ces magistrats, il avait des procureurs, des avocats, des notaires, et des huissiers qui lui étaient propres.

Le fief de Saint-Salomon, en 1790, donnait 300 livres environ pour les droits de mutation, 60 livres pour le greffe, et 318 livres pour les rentes féodales.

Le fief du chapitre était un démembrement de celui du duc ou du roi, et c'est peut-être pour cette raison que son tribunal siégeait dans l'auditoire du présidial de Vannes, place Saint-Pierre. Une note de 1673 s'exprime ainsi : « Le chapitre a cette prérogative qu'il est en possession, de tout temps immémorial, de faire exercer sa jurisdiction en l'auditoire du siège présidial de Vannes, à l'issue de l'audience du siège ». Ses sentences ne pouvaient être attaquées que devant le parlement de Bretagne.

Sa justice était haute, moyenne et basse. La haute justice était celle qui pouvait condamner à mort ; la moyenne. justice avait droit de juger des actions de tutelle et des injures dont l'amende ne dépassait pas 60 sols ; la basse justice connaissait des légers délits et de la police. Pour punir les coupables, il y avait d'abord l'amende ; il y avait ensuite la prison : la prison du chapitre se trouvait auprès de l'église de Saint-Salomon ; il y avait enfin la peine de mort par pendaison : les quatre terribles poteaux ou fourches patibulaires se dressaient à la bifurcation des routes de Bernas et d'Arradon.

Ces insignes de la mort étaient une menace continuelle à l'adresse des voleurs et des assassins, et en même temps une marque de la puissance du seigneur haut justicier. Le fief de Saint-Salomon étant peu étendu et peu peuplé , les condamnations à mort devaient être très rares. En 1414, on trouve une procédure concernant ces fourches patibulaires « qui avoient esté abatues, coupées , dilacérées et desrompues à la non savance et desceu du chapitre ». En 1577, la justice capitulaire ayant condamné a mort un certain Pierre Danet, le chapitre fit placer quatre nouveaux poteaux patibulaires, pour remplacer les anciens qui tombaient de vétusté. Le procureur du roi tenta de s'opposer à ce rétablissement, mais on lui prouva qu'il y avait là un droit séculaire.

Comme seigneur temporel, le chapitre était le patron de la paroisse de Saint-Salomon ; il avait comme tel le droit de présenter le recteur à la nomination de l'évêque, et il usa de ce droit jusqu'à la révolution française.

2° Le fief de Saint-Salomon n'était pas le seul bienfait que le chapitre de Vannes eût reçu des ducs de Bretagne. En 1371, le duc Jean IV, le vainqueur d'Auray, voulant fonder à la cathédrale deux anniversaires, l'un pour son père et l'autre pour lui, donna « à Dieu et au chapistre de la dite église... toute la place sisse entre le grant clocher de la dite église d'une part et la (vieille) maison où demeure Guillaume Theis d'autre part, et comme elle se comporte ; entre la rue qui va de la Pierre-aux-Chièvres (en breton Mein-Guevr, d'où Mainlièvre) au grand huis d'icelle église d'une part, et le courtil au Druic, jadis chanoine de la dite église de Vannes, d'autre part ; ensemble o toutes les appartenances d'icelle place, à en faire leur volunté, et à tenir et posséder par eulx et aultres pour eulx » (Chapitre G. — Orig. parch.) –

Le chapitre et l'évêque acceptèrent cette donation par acte authentique. Plus tard une main étrangère ajouta au bas de cet acte une note disant que le duc s'était réservé la justice ou le fief de la place Saint-Pierre. Or, c'est absolument faux, La charte ducale ne dit pas un mot de cette prétendue réserve ; le chapitre de son côté a agi, dès le commencement, comme seigneur de cette place, en permettant d'y bâtir des maisons, et en leur imposant une rente féodale. En 1406, le receveur du chapitre mentionne déjà trois maisons touchant à l'église et situées « au fé du chappitre », la première à droite de la grande porte en entrant (N° 2080), devant 35 sols par an ; la seconde à gauche de la porte (N° 2081), payant 14 sols par an, la troisième, la maison neuve de Guillot Theis, touchant au clocher (N° 2082), et payant 12 livres par an ; la quatrième (N° 2083), à la suite de la précédente, n'était pas encore bâtie ; elle le fut peu après. (Ibid).

En 1455, les souvenirs commençaient à s'altérer. Le receveur du duc a des doutes sur la mouvance de ces maisons et il écrit dans son compte : « Et dit-on que c'est fié du chapitre et que aucune rente n'y est deue au duc ». — En 1474, le procureur du duc près de la sénéchaussée de Vannes contesta formellement les droits du chapitre sur les quatre maisons qui touchaient à la cathédrale et voulut s'opposer à l'usage de tenir parfois les plaids généraux de Saint-Salomon sur la place de Saint-Pierre, mais une sentence de l'alloué le débouta, en 1476, de ses poursuites.

En 1655, le chapitre, ayant réclamé aux habitants des quatre maisons un aveu de leurs propriétés et les quittances des droits de mutation, les vit renier sa justice et se plaindre au présidial. Le chapitre, qui était alors en contestation avec le présidial, fit évoquer la cause au parlement de Rennes. Le substitut du procureur à Vannes se montra particulièrement partial et violent ; il ne craignit pas, un jour où le tribunal du chapitre tenait ses plaids sur la place Saint-Pierre, d'arracher des papiers des mains du greffier et de renverser sa table. Malgré tout, le parlement adjugea la mouvance des quatre maisons au chapitre, ordonna aux propriétaires de lui faire aveu, et les condamna à payer les droits de mutation et les frais du procès.

Fatigué de ces chicanes, le chapitre obtint, au mois d'avril 1660, des lettres patentes du roi Louis XIV, confirmant le don de la place Saint-Pierre et reconnaissant sa juridiction haute, moyenne et basse sur les habitants des quatre maisons voisines du portail de l'église. En dépit de ces lettres, les commissaires chargés de la réformation du domaine du roi refusèrent, en 1680, de reconnaître les droits féodaux des chanoines sur ces immeubles et leurs habitants, et les condamnèrent à 500 livres d'amende pour usurpation de fief. Le parlement, plus juste et mieux instruit, cassa cette sentence, et maintint le chapitre dans tous ses droits.

De ces quatre maisons litigieuses, les trois premières ont été rachetées et démolies en 1863 et 1864, pour dégager la cathédrale ; la quatrième subsiste encore au début du XXème siècle et est suffisamment éloignée de l'église pour n'offrir aucun danger.

3° Le chapitre avait un troisième fief, qui lui venait d'une fondation du duc jean V. Ce prince, ayant perdu la duchesse Jeanne de France, le 20 septembre 1433, la fit inhumer dans la cathédrale de Vannes, à l'entrée du sanctuaire. Puis, par acte du 24 avril 1438, il assigna une rente de 200 livres au chapitre, pour avoir, tous les jours, à perpétuité, une messe solennelle pour la défunte. Pour l'assiette de la rente, il donna en toute propriété au chapitre la terre de Plouvara et le manoir de Saint-Robin, situés dans l'évêché de Saint-Brieuc ; il y ajouta une rente de 100 livres sur sa recette de Vannes, pour avoir de plus une messe basse tous les jeudis. (Chapitre G).

La seigneurie de Plouvara avait juridiction haute, moyenne et basse, et ressortait directement au parlement de Bretagne. Elle possédait au bourg un auditoire, où siégeaient un sénéchal, un procureur fiscal et un greffier. Elle avait 15 tenues à domaine congéable aux villages de Saint-Ignouan et de la Piaye, et trois autres à Kercocu, Hillion et Ville-Porte-Amour ; leur contenance totale était de 114 journaux, 36 cordes ; leurs redevances étaient en grains, avec très peu d'argent. Il y avait en outre quelques rentes censives ou féagères sur diverses propriétés, payables en grains et en argent, et enfin quelques portions de dîmes à Plouvara, à Saint-Ignouan et à Cameau.

En 1634, les chanoines de Vannes estimaient les grains de ce fief à 1.339 livres, et les rentes en argent et volaille à 147 livres, sans compter les droits de mutation et les amendes, qui étaient casuels.

En 1790, ils percevaient environ 817 livres pour les mutations et amendes, 90 livres pour la ferme du greffe, 192 livres 12 sous pour rentes diverses ; ils recevaient de plus 293 boisseaux de froment, 118 boisseaux de seigle, 61 boisseaux d'avoine, 45 boisseaux de blé noir, 250 livres de lin., et 23 poules. Il fallait environ trois boisseaux de Goello pour faire une perrée de Vannes. 

C'est sur ces divers revenus qu'il fallait acquitter la fondation de la duchesse Jeanne de France.

 

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IMMEUBLES

Quand le partage des biens de l'Eglise se fit entre l'évêque, les chanoines, la fabrique et les pauvres, le chapitre eut sa part proportionnelle. En quoi consistait ce lot primitif ? Etait-ce seulement en revenus ? Y avait-il aussi des immeubles ? Pour Vannes, on l'ignore absolument.

Toutes les anciennes fondations du XIIIème siècle, mentionnées dans le Rentier du chapitre de 1387, ne sont basées que sur des rentes ; mais ces rentes étaient généralement hypothéquées sur des maisons ; aussi voit-on parfois le chapitre, au XIVème et XVème siècles, saisir les immeubles qui ne payaient plus la rente stipulée, et les donner à cens à d'autres.

En dehors des fondations, les immeubles du chapitre se partagent en deux catégories : 1° les maisons prébendales ou semi-prébendales, destinées au logement des chanoines ou des bénéficiers, 2° les autres maisons et biens de la ville et de la campagne. Il ne peut être question ici de la maison de l'archidiacre et de ses dépendances (N° 1621, 1620, 1636 du cadastre), parce qu'elle n'appartenait pas au chapitre, mais au titulaire du bénéfice. 

I. En ce qui concerne les maisons prébendales, la première qu'on rencontre est celle qui était habitée en 1281 par Yves de Crozon, trésorier et chanoine ; elle était située dans la ville close, près de la porte de Saint-Salomon. On en perd ensuite la trace, à moins qu'on ne veuille l'identifier avec une maison voisine, située au fond de l'impasse de la Vieille-Psallette, et dont il sera question plus loin.

Une autre maison prébendale se trouvait jadis à l'ouest de l'archidiaconé et avait un jardin derrière (N° 1619, 1618 du cadastre). Elle était ruinée avant 1406, et le chapitre finit par la céder en 1447 à l'évêque, qui la lit rebâtir ; elle porta longtemps le nom de Chapeau-Rouge, et devint le siège de l'officialité, ce qui la fit appeler aussi le Petit-Eveché (Voir le plan).

Au fond de l'impasse de la Vieille-Psallette, était une grande maison prébendale, avec une cour au devant (N° 1548 du cadastre) ; occupée successivement par M. Ragot de la Coudraye,  M. Nouvel de Glavignac, et enfin M. Grimaudet de Coetcanton, elle fut vendue nationalement, le 12 janvier 1793, à M. Esnoul, pour 14.100 francs.

Tout à côté, dans la même impasse (N° 1575), était une autre maison prébendale, avec cour en avant ; elle avait été occupée jusqu'en 1594 par la psallette ; elle servit ensuite à M. Le Guével, chanoine, et en 1670 à Mlle Catherine de Francheville ; rebâtie en 1749 et augmentée de la maison et du jardinet de Saint-Yves, elle abrita M. Duclos, Mme du Pérenno et M. de Boutouillic, et fut vendue, le 25 janvier 1791, à M. Michel, pour 11.800 francs.

Dans la rue des Chanoines, à l'est de l'archidiaconé (N° 1622, 1623) était une maison prébendale, avec son jardinet ; elle était occupée en 1661 par M. Kermasson, en 1679 par M. Verron, en 1718 par M. de Langle, et en 1790 par M. Blanchet de la Sablière. Vendue, le 25 janvier 1791, à M. Ch. Poussin, au prix de 7.300 francs, elle a été rachetée en 1853 au prix de 20.000 francs pour servir de presbytère à la paroisse de Saint-Pierre.

La maison suivante, avec une .cour au devant (N° 1625, 1620, servait aussi primitivement au logement des chanoines ; M. Le Guével la quitta en 1594 pour faire un échange avec la psallette, du consentement du chapitre ; elle servit aux enfants de choeur et à leur maître jusqu'à la Révolution, qui la vendit le 1er février 1791 au sieur Hermant pour 1.500 francs.

La maison du coin (N° 1626), appelée la Badine, à cause de sa médiocre importance, était également réservée aux chanoines ; menaçant ruine elle fut reconstruite en 1680 par le chapitre, et louée désormais à des particuliers ; occupée par M. Le Maignen, notaire, au moment de la Révolution, elle fut achetée par lui, le 27 février 1791 , au prix de 4.600 francs.

Une autre maison prébendale, avec une cour, située au fond de la rue Saint-Jean ou du Nord (N° 1630, 1629), était occupée en 1761 par M. Huchet, chanoine, en 1770 par M. de Lantivy, chanoine, puis par son neveu ; elle fut adjugée, le 26 septembre 1791, à M. Launay, vicaire épiscopal, pour 8.000 francs. Une maisonnette et un jardinet (N° 1627, 1628), qui en dépendaient primitivement, furent vendus, le 28 février 1791, à M. Le Maignen pour 4.000 francs.

Derrière cette maison prébendale, il y en avait une autre, avec un jardin (N° 1633, 1634) ; elle était occupée en 1680 par M. Nepveu, en 1780 par M. Marquez, chanoine, et en 1788 par M. d'Haumières, chanoine ; elle fut adjugée, le 18 janvier 1795, à M. Dégastine pour 14.100 francs, en assignats dépréciés.

Une dernière maison prébendale, avec cour et jardin, se trouvait dans un enfoncement de la rue des Vierges (N° 1724, 1712) ; occupée en 1474 par M. Bugaud, chanoine, en 1640 par M. Cousturet, scolastique, en 1773 par M. de Douhet, chantre, elle fut vendue, le 27 février 1791, à M. Dussers pour 13.700 francs.

Tel était l'état des 7 maisons prébendales, quand, le 28 mai 1660, le chapitre, sur la réclamation des chanoines non logés, décida qu'on prendrait sur les annates une somme annuelle de 1.600 livres, pour augmenter graduellement les maisons prébendales et améliorer le service divin. En vertu de cette décision, approuvée par une ordonnance de l'évêque du 26 juin 1660, et par les lettres patentes du roi, du même mois de juin, le chapitre acquit, le 4 février 1667, de M. Olivier de France, chanoine, au prix de 6.500 livres, une maison faisant le coin de la rue des Vierges et des Duchesses, avec la remise située eu face (N° 2050, 2051). Cette maison prébendale, la huitième de la série, après avoir été occupée par MM. De Chalons, Nebout, Le Drogo, du Parc et de Querhoent, fut vendue nationalement, le 23 avril 1794, à M. Boyer, pour 8.059 francs. La remise fut vendue, le 26 janvier 1791, à M. Josse, pour 2.150 francs.

Le chapitre continuant ses acquisitions, se rendit adjudicataire, le 4 septembre 1670, d'une maison ou partie de maison, située au haut de la rue Saint-Guénael, près de la tourelle de l'église, et ce au prix de 4.000 livres (N° 2079). Cette maison, la neuvième prébendale, fut aussitôt occupée par des chanoines, et elle reçut le nom de Badine comme celle qui fait le coin de la rue des Chanoines et de la rue du Nord (N° 1626). La seconde badine, louée successivement à divers particuliers, fut vendue, le 17 juillet 1796, à M. Nayl, pour 3.705 francs. Elle a été démolie en 1863.

Là s'arrêta l'exécution du plan voté en 1660. Le chapitre n'avait pas été sans remarquer que l'augmentation des maisons prébendales était pour lui une source de difficultés et de dépenses. Bien que chaque chanoine logé fut obligé de tenir sa maison en bon état de réparation il y avait parfois des dégâts qu'il négligeait de réparer : de là des contestations avec le titulaire, ou même des procès avec ses héritiers ; en fin de compte, c'était souvent à la mense capitulaire de remettre en état des maisons dont elle n'avait pas la jouissance, mais seulement la nue propriété.

Pour couper court à ces inconvénients, le chapitre, par une délibération du 9 avril 1756, décida que désormais les maisons prébendales seraient unies à la mense capitulaire, au fur et à mesure des vacances, et qu'on donnerait en place à chacun des sept anciens chanoines une indemnité annuelle de 200 livres, au 8ème et au 9ème chanoine (ceux qui jouissaient des badines), une indemnité de 150 livres ; la mense se chargerait désormais de l'entretien et de la location des maisons. Ce statut fui accepté par tous les chanoines, approuvé par décret épiscopal le 31 mars 1758, et sanctionné par lettres patentes du roi, du mois d'avril de la même année.

Ce nouveau régime dura jusqu'à la Révolution, avec cette seule modification que le 10ème chanoine par rang d'ancienneté reçut aussi une indemnité de logement de 150 livres. Il ne restait plus à pourvoir que les quatre plus jeunes chanoines.

Quant aux maisons semi-prébendales, dont la propriété appartenait au chapitre et la jouissance aux bénéficiers, voici quel était, en dernier lieu, leur état.

Une maison, avec un petit jardin, située rue Notre-Dame (N° 1567, 1565) était affectée au logement du premier archiprêtre ; louée 250 livres en 1790, elle fut vendue, le 13 août 1791, à M. Roysard pour la somme de 2.700 francs.

Une autre maison, contiguë à la précédente (N° 1568), était affectée au logement du second archiprêtre, et louée en dernier lieu à un boulanger pour 250 livres par an ; elle fut adjugée, le 2 mars 1793, à M. Tourmente pour 3.000 francs.

Une maison, située rue des Vierges (N° 1732), était affectée au logement du troisième archiprêtre ; louée en dernier lieu au perruquier Moreau pour 170 livres par an, elle fut achetée par lui, le 25 janvier 1791, au prix de 2.000 francs.

Une autre maison, attenante à la précédente (N° 1732), était affectée au logement du quatrième archiprêtre, et affermée dans les derniers temps 240 livres à M. de la Haye-Durand ; elle fut vendue, le 14 mars 1791, à M. Le Rouzic, pour 3.925 francs.

Le diacre de la cathédrale jouissait d'une maison située dans la rue des Chanoines (N° 1672) et d'un jardinet derrière ; il en tirait 100 livres de ferme en 1785 ; elle fut vendue, le 4 mai 1791, à M. Bizard, locataire, pour 1.675 francs.

Le sous-diacre avait la jouissance d'une maison, située rue des Vierges (N° 1725), avec un jardin derrière ; il en tirait 100 livres de ferme en 1781 ; elle fut vendue le 14 septembre 1791 à M. Chevalier pour 2.230 francs.

Le sacriste jouissait d'une maison touchant le choeur (N° 2092) ; il ne la louait pas, mais l'habitait lui-même. Rebâtie en 1774, elle fut vendue, le 17 juillet 1798, à M. Guillemet, pour le prix fabuleux de 32.365 livres en papier déprécié, et donnée à la fabrique en 1821.

Toutes ces demi-prébendes ne formaient qu'une partie de la dotation des bénéficiers ; ils avaient d'autres revenus, qu'on indiquera plus loin. Ils n'étaient pas d'ailleurs les seuls à aider le chapitre ; il y avait beaucoup d'autres ecclésiastiques qui desservaient des chapellenies à la cathédrale, et qui avaient l'obligation d'assister au choeur. Leurs bénéfices ou leurs chapellenies n'appartenaient pas au chapitre, mais celui-ci en avait la surveillance, et quelquefois la présentation, et il en a profité pour amener, dans certains cas, l'union de deux bénéfices. C'est ainsi qu'il annexa au diaconat, en 1654, une maison de la rue de Saint-Guénael (N° 2044) formant une partie de la dotation de la chapellenie de Saint-Guénael. C'est de même qu'il fit unir, en 1765, à la sacristie de la cathédrale une maison située près du séminaire, et dépendant de la chapellenie de Magouéro.

II. A la suite des prébendes, se placent les biens du chapitre ayant une destination libre.

Il y avait d'abord trois petites maisons, accolées à la chapelle de Saint-Vincent (N° 2094, 2095, 2070), bâties en 1594 par M. Thomas de la Garde, achetées par le chapitre en 1632, confisquées à la Révolution, et démolies depuis, pour dégager la chapelle.

Il y avait ensuite deux maisonnettes, l'une près de la cour de la sacristie (N° 2071), acquise en 1632, l'autre dans la rue Coessial, donnée à bail emphytéotique ; la première a été démolie en 1851, et la deuxième vendue, non par le chapitre, mais par la fabrique en 1846.

A l'entrée de la rue actuelle des Tribunaux étaient, d'un côté, le four du chapitre, et de l'autre la maison du fournier ; ils étaient loués 250 livres en dernier lieu ; le 1er août 1796, ils ont été vendus à L. Jamet pour 2.160 livres.

Dans la rue de la Vieille-Loucherie ou de la Loi, le chapitre avait une maison et un jardin (N° 1492 ? 1488 ?), touchant à la chapellenie de Toussaints, acquis en 1690, et vendus le 14 mars 1791 à M. Bernard pour 750 livres seulement.

Au bout de la même rue, en face du Carmel, était le pavillon du chapitre, avec un grand jardin, donné en 1661 par Julienne de Bogar, dame du Plessis-Padoyer, à charge de deux obits, et vendus le 26 janvier 1791 à M. Le Calonnec, pour 3.025 livres.

Le 24 mai 1791, deux pièces de terre, situées à la Madeleine, affectées aux archiprêtres, furent adjugées à M. Lacombe, pour 4.690 livres ; trois pièces de terre sur la route d'Auray à M. Guyot, pour 1825 livres, et un pré vers Coetec à M. du Bodan, pour 2.450 livres.

Les moulins à eau et à vent, situés à Rohan, avec les terres et prés qui en dépendaient, étaient loués partie en grains, partie en argent, avec des nouveautés tous les neuf ans ; ils furent vendus le 25 juillet 1796, à la veuve Mahéo, pour 66.822 livres en assignats dépréciés.

La métairie du Petit-Bézit, en Treffléan, acquise par le chapitre, on ne sait quand, payait 18 perrées de ferme par an ; elle fut achetée le 2 mars 1791 par Kergal, pour 6.826 livres.

La tenue Pédron au bourg de Larré était annexée au diaconat ; elle contenait seulement trois journaux de terre et ne payait que deux perrées de seigle ; le 23 janvier 1798, elle fut vendue à M. Jollivet pour le prix exagéré de 7.000 livres.

En 1673, le chapitre, ayant en main des capitaux considérables, provenant de diverses fondations, et ne se souciant plus de les placer sur des particuliers, résolut de les placer sur des terres. En conséquence, le 27 novembre de cette année, il acquit par contrat judiciel, au prix de 24.090 livres, dans la succession bénéficiaire de François Le Sénéchal et de Marie de Marigné, sa compagne, sieur et dame de Bonnepart, les immeubles suivants, situés en Grandchamp :

1° Le manoir, pourpris et métairie de Quéral ; le manoir, pourpris et métairie de Coetergaf, relevant chacun du roi ;

2° Le moulin à eau et le bois de Quéral, le moulin à eau et à vent de Bodéan, la métairie de Penprat, la métairie de la Lande, la métairie de Bodéan, quatre tenues congéables à Bodéan, deux tenues à Lézolvan, trois tenues au Moustoir, une tenue au Grisso-Parfin, une tenue au Porzo, une maison et jardin au bourg, le tout relevant de Largoet ;

3° Trois tenues à Roscorlès, relevant de la Chesnaye ;

4° A Vannes, dans le fief des Régaires, un tiers de la métairie du Fozo, un tiers d'un pré à Rohan, un tiers de jardin à Bourgmaria, et un tiers de maison dans la rue des Chanoines.

Le chapitre paya naturellement les droits de mutation au roi, à Largoet, à la Chesnaye et à l'évêque, et de plus il fut taxé en 1690 par le roi à 5.230 livres, pour ce nouvel acquêt.

Il ne jouit de ces biens que pendant un siècle.

Le manoir et le pourpris de Quéral furent vendus, le 18 janvier 1791, à Joseph Guyot, pour 11.723 livres. Le manoir et le pourpris de Coetergarf furent adjugés à M. Périer, le 11 juin 1791, pour 15.145 livres. Les autres propriétés furent divisées entre plusieurs acquéreurs. Au total, ces biens produisirent en Grandchamp 104.651 livres, et à Vannes 4.318 livres, dont une grande partie en assignats.

En 1720, la chute du système financier de Law causa partout d'effroyables ruines. De nombreux capitaux avaient été remboursés au chapitre en billets de banque, et ces billets perdirent presque aussitôt leur valeur. Après avoir opéré des réductions dans les offices chantés et dans les distributions manuelles, le chapitre, pour relever ses finances, sollicita du roi, par l'intermédiaire de l'évêque, la concession des terres vagues le long de la côte orientale de Séné, pour y faire des salines. Louis XV lui accorda sa demande par un acte passé en Conseil d'Etat le 7 février 1721, confirmé, par lettres patentes du mois d'avril suivant, à la condition de payer une redevance annuelle de 30 livres au domaine.

Dès 1725, le chapitre se mit à l'oeuvre, et y employa les nombreux capitaux, qui lui furent successivement remboursés. Dès 1730, ces salines lui rapportaient déjà 3.185 livres. En 1765 elles donnaient un revenu net de 15.556 livres. Tous les services de la cathédrale furent sensiblement améliorés. Mais bientôt la concurrence des sels étrangers vint arrêter la prospérité, et aux approches de la Révolution il fallut faire de nouvelles économies ; on sollicita même l'annexion de quelque mense abbatiale en commende.

Bientôt l'Assemblée nationale confisqua tous les biens ecclésiastiques. Les salines de Séné furent vendues à leur tour. Le 16 mars 1791, M. Le Mauff acheta 75 oeillets à Michot, pour 16.000 livres. Le 30 mars, M. Guillemet acquit 103 oeillets à Dolan, pour 5.425 livres. Du 20 au 30 avril, M. Périer, de Lorient, se fit adjuger 2.333 oeillets à Kerbiscon, Bindre, Falguérec, Brouel et Keradin, pour 282.550 livres (abbé Le Mené).

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