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PERSONNEL ÉPISCOPALE DU DIOCÈSE DE VANNES : LE CHAPITRE |
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Malgré l'assertion de M. Hauréau qui, dans sa continuation du Gallia Christiana, fixe à quarante le nombre des chanoines de Vannes en 1270, il est certain que, dès cette époque, le Chapitre ne comptait que seize canonicats avec autant de prébendes. Plus tard, il se réduisit à quatorze et resta tel jusqu'à la Révolution. C'est qu'en effet, par une bulle du 14 novembre 1459, Pie II annexa une de ces prébendes à la psallette qu'il venait d'ériger dans la cathédrale, et déclara que le titre du canonicat correspondant serait éteint à la première vacance, ce qui eut lieu cette même année, le titulaire Pierre Brient ayant résigné pour se faire carme du Bondon. Il est à présumer que l'autre canonicat fut supprimé au commencement du XIVème siècle et que sa prébende servit de dotation au précepteur, dont la fonction à Vannes fut créée à cette époque. La collation de tous ces canonicats était soumise à l'alternative.
Quoique depuis longtemps pourvu d'un chef portant le titre de doyen et dont les attributions ainsi que la durée de la commission variaient souvent, le Chapitre de Vannes, appuyé par l'Évêque, obtint en 1300, du Souverain Pontife, l'érection canonique de son doyen comme son premier dignitaire et avec toutes les prérogatives de cette dignité : convoquer les assemblées, présider et diriger les délibérations capitulaires, etc.
Pour être pourvu d'un canonicat, le sacerdoce n'était pas requis ; la tonsure cléricale suffisait. On donnait le nom de Chanoines mineurs à ceux qui n'avaient point encore reçu le sous-diaconat. Ces derniers avaient, pendant leur minorité, une position exceptionnelle. Alors même qu'ils avaient pris possession et accompli leur rigoureuse ou résidé pendant un mois, ils n'avaient ni stalle au chœur, ni entrée au Chapitre. Avec la permission de leurs confrères, ils consacraient ce temps à poursuivre leurs études dans quelque Université, et le Chapitre, retenant les fruits de leurs prébendes, leur fournissait une pension annuelle et variable avec leurs années d'étude. S'ils abandonnaient la carrière ecclésiastique, ils devaient le remboursement intégral de cette pension. Si, au contraire, ils persévéraient, il leur suffisait de présenter leurs lettres de sous-diaconat pour avoir stalle au chœur, entrée au Chapitre et percevoir tous les revenus de leurs prébendes. Mais, comme le plus souvent ils étaient sous-diacres avant la fin de leurs études, l'autorisation de s'absenter encore pour les achever et même pour recevoir les grades jusqu'au doctorat inclusivement leur était facilement octroyée, surtout lorsque l'office divin pouvait se passer de leurs concours. Cette seconde absence leur créait une position nouvelle quant aux fruits de leurs prébendes ; ils percevaient entière la partie désignée sous le nom de gros, mais ils ne gagnaient que la moitié des distributions manuelles.
Dès la fin du XVIème siècle, à la prise de possession de son canonicat, chaque nouveau chanoine devait verser à la caisse quatre écus pour être employés aux réparations du four et du moulin du Chapitre, 60 livres, élevées plus tard à 100 et même 120, pour une chappe, et enfin 36 livres pour son octave à la cathédrale après son décès. Par an, chaque chanoine avait droit à trois mois de vacances, sans perdre ni ses gros, ni ses distributions. A cause de l'office canonial et du service du chœur, les membres du Chapitre devaient s'entendre sur ce point pour ne pas s'absenter en trop grand nombre à la fois. Lorsqu'un chanoine, devenu vieux, avait joui pendant cinquante ans de son canonicat et rempli correctement ses devoirs, il pouvait, au besoin, avec le consentement de l'Évêque et de ses confrères, user en tout ou en partie du privilége de chanoine jubilé, c'est-à-dire se dispenser en tout ou en partie de l'assistance aux heures canoniales, sans préjudice de son temporel. Du reste, les anciens chanoines étaient ici entourés d'égards bien marqués, parfois même exhorbitants. Ainsi, une délibération capitulaire, du 20 janvier 1629, avait établi qu'un chanoine résignant après vingt ans d'exercice conservait, pour le reste de sa vie, la jouissance de sa maison canoniale, sa stalle au chœur et voix délibérative aux assemblées du Chapitre. Un statut du 19 janvier 1665 porta à quarante ans d'exercice la condition de ce privilége. Le nombre des maisons prébendales ne dépassant pas celui des canonicats, cette générosité eut pour résultat de priver les nouveaux chanoines de leur logement et d'établir parmi eux le turne ou tour pour être logés. Bien souvent aussi, lorsqu'un personnage important et agréable à ses confrères résignait son canonicat, le Chapitre lui accordait un titre qui se l'attachait encore, celui de chanoine honoraire. La bienveillance du Chapitre poursuivait ses membres même après leur mort. Ainsi, il fut établi, en 1218 et du consentement de l'Évêque, qu'après le décès de chaque chanoine, les revenus de sa prébende pendant un an seraient consacrés à exécuter les legs de son testament et à acquitter ses dettes, s'il en laissait. Tous étaient inhumés dans la cathédrale à des places ordinairement choisis par eux. Les reliques de saint Vincent Ferrier ayant été retirées, en 1775, de la chapelle voûtée sous le chœur, le Chapitre décréta que ce lieu serait fermé et converti en caveau pour les dignitaires et les chanoines. C'était un peu tard, car, avant la Révolution, un trésorier et deux chanoines eurent seuls le temps de profiter de ce nouveau privilége.
Les principales attributions du Chapitre consistaient dans la célébration quotidienne et intégrale de l'office canonial au chœur et en faisaient le conseil-né de l'Évêque pour les affaires importantes de l'administration ecclésiastique. Mais sa grande prérogative était celle que lui conférait le droit, à la vacance du siège épiscopal, de gouverner le diocèse et de nommer le vicaire capitulaire pour l'administrer jusqu'à la prise de possession du nouvel Évêque. Grâce à une concession apostolique, confirmée encore par Sixte IV, le 5 avril 1480, il nommait aux offices manuels de vicaire, de sous-chantre, de diacre, de sous-diacre, d'archiprêtres, de sacriste et de maître de la psallette, offices qui peuplaient le bas-chœur de la cathédrale et sur lequel le Chapitre avait droit de correction et même de révocation avec le concours de l'Évêque. Outre son four et son moulin pour ses sujets, il avait aussi son tribunal des Régaires, dont la juridiction s'étendait sur une partie de la ville, et un fief étranger au diocèse concédé par un de nos derniers ducs pour doter certaines fondations faites par des duchesses, et desservies à la cathédrale.
Malgré leur petit nombre, les chanoines avaient une dotation tellement insuffisante que, pour les retenir dans la ville épiscopale et soutenir l'office divin à la cathédrale, les Évêques furent obligés, à différentes reprises, de recourir au Saint-Siége pour faire unir des bénéfices à leur mense capitulaire. C'est ainsi que lui furent annexées les paroisses de Béganne, Brech, Crach, Erdeven, Guégon, Guéhenno, Guern, Lantillac, Merlevenez, Noyal-Muzillac, Noyalo, Plaudren, Plœmeur, Plougoumelen, Plouhinec, Pluherlin, Riantec, Saint-Allouestre et Buléon, Saint-Avé, Saint-Nolff, Saint-Patern, Saint-Salomon, Treffléan, afin d'augmenter la valeur de chaque prébende qui n'était que de sept livres monnaies en 1334 et de 65 livres tournois en 1451. Il le faut cependant remarquer, presque toujours chacun des chanoines avait la jouissance d'une maison canoniale ; avec le temps, de nombreuses fondations se firent au Chapitre ; pendant plusieurs siècles, les membres de ce corps furent, avec dispense apostolique, titulaires de plusieurs autres bénéfices, même à charge d'âmes. Enfin, le roi lui ayant, en 1721, afféagé des terres pour faire des salines à Séné, les ressources du Chapitre s'améliorèrent notablement et suffirent jusqu'aux approches de la Révolution, époque à laquelle la misère commençait encore à se faire sentir et poussait à solliciter, auprès du monarque cette fois, l'annexion de quelque mense abbatiale en commende. On alla même jusqu'à lui indiquer certaines abbayes à revenus assez considérables, habitées par un très petit nombre de religieux et dont le titre pouvait s'éteindre sans grave inconvénient. Ces démarches n'obtinrent aucun résultat, et la pauvreté accompagna nos derniers chanoines jusqu'à l'époque sinistre de leur dispersion.
Doyens du chapitre.
A Vannes, le doyen n'était pas elu par le chapitre.
Cette dignité se trouvait de droit dévolue au plus ancien des chanoines. C'est,
du moins, ce qui résulte du catalogue suivant et dans lequel nous n'aurons à
signaler qu'une seule exception certaine à cette règle. D'ailleurs, les archives
du chapitre ne nous ont révélé aucune élection de doyen. C'était entre les mains
de ce doyen que les nouveaux chanoines prêtaient, à leur installation, serment
sur les Saint Évangiles. Comme nous rencontrerons encore ces dignitaires dans
les listes de chanoines, il suffit ici de donner leurs noms et des dates.
1450. Jean Jégot.
1505-1524. Yves du Quirissec,
1533. Olivier Baud.
1533-1544. Guillaume de Villeneuve.
1544-1557. Pierre Daniélo.
1557-1558. François de la Cooldraye, oncle.
1558-1568. Jacques Fabri ou Le Febvre.
1568-1570. Nicolas Robin, aîné.
1570-1584. Guenhaël Le Floch..
1584-1593. Roland de Callo.
1593-1599. Henri Lechet.
1599-1608. Jean Juhel [Note : En sa faveur se fit l'exception.
Quoiqu'il ne fut pas le plus ancien chanoine, d'un commun accord, ses confrères lui
décernèrent le titre de doyen pour le consoler de voir sur la tête et entre les
mains d'un autre la mître et la crosse pour lesquelles ils l'avaient élu le 23
juillet 1597 et dont il fut privé par les troubles de la Ligue].
1608-1630. Bertrand Guymarho.
1630-1644. Claude Gouault.
1644-1654. Jacques de Belleville.
1654-1665. Pierre du Rancau.
1665-1606. Pierre de Montiguy.
1666-1671. Olivier Lechet.
1671-1679. Claude
Kermasson.
1679-1702. Pierre Gicquel.
1702-1716. Jean Bossard
[Note : Quoique devant être doyen de droit, ce Bossart ne le fut probablement pas de fait. A
cause, en effet, de certains accidents auxquels il était sujet, le chapitre et
l'Évêque l'envoyèrent, dès 1693, à Paris, d'où il ne revînt plus et où il mourut au commencement de 1716, dans la maison de Saint-Lazare].
1716-1748. Antoine Verdoye.
1748-1751. Joseph Ragot de la Coudraye.
1751-1760. Bertrand Le Gouvello.
1760-1775. Claude Bossard.
27 av. 1775, 3 sept. 1775. René-Valentin Le Vallois de Séréac.
1775-1781. Vincent Jean Louis
Boutouillic.
1781-1785. Grégoire-Marquez.
1785-1790. Léonard-Barthélemy du
Douhet-Dupuis-Molinier.
(abbé Luco).
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