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LES COLLEGIALES DU DIOCESE DE VANNES

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On appelle Collégiale une église desservie par un collège ou une réunion de prêtres, chargés d'y chanter la messe et l’office divin. Une église collégiale, canoniquement érigée, vient après l’église cathédrale, et passe avant toutes les églises paroissiales. Ses prêtres portent le titre, tantôt de chapelains, tantôt de chanoines, et vivent sous l’autorité d’un doyen ou d’un autre dignitaire. 

Le diocèse de Vannes a eu jadis quatre collégiales, savoir : 

- le Saint-Esprit d'Auray, 

- Saint-Michel-du-Champ en Brech, 

- Notre-Dame de la Tronchaye à Rochefort, 

- Notre-Dame de la Fosse à Guémené. 

Il s'agit d’étudier ici chacun de ces établissements. 

I. SAINT-ESPRIT D’AURAY.

Cet établissement situé à proximité du château ducal d'Auray, « en un lieu plaisant pour prier Dieu », a été fondé par les ducs de Bretagne. On en rapporte l’origine à Jean II, mort en 1305, ou à Jean III, mort en 1341. 

La chapelle, qui subsiste encore, porte les caractères de l’architecture du commencement du XIVème siècle. C’est un monument déformé rectangulaire, mesurant environ 40 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur, divisé intérieurement en cinq travées et muni d’une magnifique charpente ogivale. A l’extérieur, on voit des contreforts simples adhérents à la muraille, et portant des gargouilles en pierre ; il n’y a pas de porte à l’ouest ; c’est au sud, au bas de la nef, que se trouve la porte principale, précédée d’un porche voûté ; plus loin, du même côté, s’élève une tourelle polygonale renfermant un escalier. Les fenêtres sont de vastes baies ogivales de 3 mètres sur 9 environ ; celle du fond du choeur, vers l’est, de 6 mètres 12 sur 12 environ, présente à l’extérieur des retraits et des colonnettes, ainsi que des sculptures en oves des deux côtés de la retombée de l’arc.

« La transformation en caserne de cette belle chapelle, disait M. Rosenzweig en 1860, est tout à la fois une profanation et un acte de vandalisme, que le besoin d’une garnison ne saurait excuser. Il est regrettable qu’on ne puisse rendre ce monument si grandiose à sa destination primitive ». Quelle était sa destination ? - Aussi loin que remontent les renseignements, on y trouve établis les religieux du Saint-Esprit de Montpellier. C’est d’eux que la chapelle a pris le nom du Saint-Esprit. Ces religieux, fondés vers 1190 par un certain Guy, pour desservir l’hôpital établi par lui à Montpellier, furent approuvés par le pape Innocent III le 23 avril 1198, et introduits par lui dans l’hôpital du Saint-Esprit à Rome en 1204.

Les premiers Hospitaliers étaient simples frères laïques et ne faisaient que des voeux simples ; dés 1198, sur le conseil du pape, le fondateur leur adjoignit des clercs, qui firent des voeux solennels. Plus tard, les frères prirent les armes et devinrent militaires et chevaliers, à l’exemple des chevaliers du Temple et de Saint-Jean de Jérusalem ; ils eurent dans leurs hôpitaux le rôle de protecteurs et prirent les titres de commandeurs ou de gouverneurs.

Telle était la situation de l’ordre hospitalier du Saint-Esprit, quand il fut appelé à s’établir à Auray. On y reçut un chevalier commandeur et quatre prêtres, et ce nombre se maintint constamment le même dans la suite. Leur but étant le service des hôpitaux, il est évident que l’établissement d’Auray a commencé par un hôpital. Ce qui le prouve encore c’est l’existence d’un cimetière, situé au nord de la chapelle, et servant au début du XXème siècle de cour à la caserne. Les religieux prêtres, tout en soignant les malades, célébraient l’office canonial dans leur chapelle, et formaient ainsi une sorte de petite collégiale.

Le 30 septembre 1434, le duc de Bretagne Jean V, « à la supplication et humble requeste de Messire Ivon du Val, chevalier et gouverneur de l’église et collège du Saint-Esprit d’Auray, considérant qu’à cette église et collège, au jour de Madame Sainte Elizabeth, par chacun an, il y a une très belle et notable assemblée de peuple », permit d’y tenir une foire le 19 novembre de chaque année, jour de la fête de la sainte. (Montpellier. Arch.).

En 1446, les prêtres hospitaliers du Saint-Esprit ajoutèrent à leur règle celle de Saint-Augustin, et se qualifièrent depuis chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin. Ils portèrent « une robe noire et un manteau, avec une croix de toile blanche à douze pointes cousue sur le côté gauche de la robe et du Manteau ; au choeur ils eurent le surplis, l’aumusse et le camail ou la chape, suivant les saisons ».

En 1459, le pape Pie II supprima les chevaliers du Saint-Esprit, et l’ordre n’eut plus que des religieux clercs du des chanoines. Néanmoins la maison d’Auray continua d’avoir à sa tête un chevalier d’un ordre quelconque, qui s’intitulait « Commandeur et gouverneur de l’ordre du Saint-Esprit d’Auray ». C’est ainsi qu’on trouve en 1473 Antoine de Kerriec, rendant aveu au sire de Rieux et de Largoet, pour des terres situées dans la paroisse de Plougoumelen. 

On rencontre au Saint-Esprit, en 1499, Fr. Jean le Bourmair, prieur, et Fr. François Le Gouvello, procureur. 

On trouve aussi en 1544 le nom de Thomas Baud, « religieux au collège du Sainct-Esprit d’Auray». C’est une preuve qu’à cette époque il y avait encore des religieux dans la maison. Mais peu à peu l’élément religieux se fit plus rare, et finit par faire place aux prêtres séculiers. C’est ainsi que l’établissement changea de mains. Les chapelains séculiers continuèrent les oeuvres de leurs prédécesseurs, et quand l’établissement de nouveaux hospices à Auray vint réduire ou supprimer leur hôpital, ils conservèrent toujours fidèlement la célébration des offices divins.

Pour avoir une idée des biens temporels du Saint-Esprit d’Auray, il suffit de parcourir l’aveu suivant du 7 mai 1654. 

« C’est l’adveu et dénombrement par minu, que religieux seigneur frère François-Alexandre d’Elbenne, chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Colommiers, Castres, Bellecroix, et de la chevalerie du Saint-Esprit d’Auray, diocèse de Vannes, présente et baille au Roy nostre sire, par devant nos seigneurs de ses Comptes, du temporel de la d. chevalerie du Saint-Esprit, qu’il tient prochement de Sa Majesté, à debvoir de serment de fidélité, prières et oraisons, en fief amorty , soubs la juridiction d’Auray :

1° La maison et logis de la d. chevalerie, o leurs courts cernées de murs, joignant l’église du d. Saint-Esprit, contenant soubs fonds un journal et demy ; — le jardin près la d. maison, cerné de murs, contenant soubs fonds un demy journal ; — une pièce de terre labourable, assez près du d. lieu du Saint-Esprit, contenant environ un journal et demy ; — trois parcelles de terre labourable, près du marché aux pourceaux ; et un demy journal de pré.

2° Le manoir et métairie noble du Moustoir-au-Chevalier, situé en la paroisse de Crach, avec logeix, court, jardin, pourpris, fuye, bois de haulte fustaye et taillifs, garennes et moulin à vent ; — Item en Crach, une tenue à Kerleau, une autre à Kermarquer, et une autre à Kerouserh, avec quatorze pièces de terre.

3° En Locmariaquer, une tenue à Kerhano, une autre à Kermoroux, une troisième à Larmor, une quatrième à Keraudran, et quelques rentes sur diverses maisons. 

4° En Brech, une tenue à Kerguézec, une autre à Keropert et une autre à Kerouars.

5° En Ploemel, une tenue à Locmaria, une autre à Kergal.

(Lacune de deux ou trois tenues) ; une tenue en Mendon.

Rentes. Sur le domaine du Roy, en sa châtellenie et jurisdiction d’Auray, est deub le nombre de 60 perrées de fourment rouge, mesure d’Auray, par fondation faicte des ducs de ce pays et duché de Bretagne, payables par les mains des recepveurs ou fermiers du Roy en sa d. châtellenie d’Auray, chacun an, aux termes de la Saint-Jean et de Noël, par moitié. 

Item sur divers particuliers et diverses maisons d’Auray, il est deub en tout 40 livres, 17 sous, 10 deniers.

Droits.  Plus le dit chevalier a accoustumé de faire tenir ses plaids le lendemain du jour de Sainte-Elisabeth , 1é 20e jour de novembre, où ses hommes et subjects sont tenus comparoir et déclarer respectivement les rentes et debvoirs qu’ils lui doivent, par devant un séneschal, procureur et greffier de sa court, quels il est en possession d’instituer, o pouvoir de juger et condamner entre luy et les d. hommes et subjects.

Charges. Et pour tout ce que dessus doibt le d. chevalier la servitude que on doibt faire et qui se fait en l’église du d.  Sainct-Esprit : entretenir quatre chapelains, pour dire tous les jours au matin une messe basse, et une grande messe à haulte voix à neuf heures, et vespres à chant.

Fait à Auray, au tablier de Me Guillaume Geffroy, notaire, le 7 mai 1654. » (Sem. rel. 1887, p. 279).

En additionnant les revenus de tous les biens énumérés dans cet aveu, on arrive à un total d’environ 100 livres en argent, 220 perrées en divers grains, et 80 chapons. I1 faut bien observer que cet aveu ne concerne que les biens situés dans la juridiction d’Auray ; il y avait d’autres biens situés dans la juridiction de Vannes, notamment au Bono et à Kerdeil en Plougoumelen, et dans d’autres paroisses : ils ont dû faire l’objet d’un autre aveu qui ne nous est pas parvenu. Les possessions du Saint-Esprit d’Auray s’étendaient dans une quinzaine de paroisses. Le chiffre total du revenu a monté graduellement, à mesure que la valeur de l’argent a baissé. En 1777, à la veille de la Révolution, il était d’environ 3.400 livres. C’est avec ces ressources qu’il fallait entretenir les immeubles et le personnel.

Cependant la diminution de « l’hospitalité » au Saint-Esprit avait attiré l’attention publique. Dés 1643, les Carmes déchaussés de Vannes avaient demandé l’autorisation de s’établir, en ce lieu et d’y fonder un hospice. Mais la communauté de la ville d’Auray s’y opposa ; il n’y avait pas lieu, suivant elle, de renvoyer les prêtres du Saint-Esprit qui, suivant les clauses de la fondation, « célébraient chaque jour l’office divin très bien, très dévotement et avec édification, vivant en gens de bien, sans reproche ».

Les Carmes ne se tinrent pas néanmoins pour battus, et en 1654 ils prirent clandestinement possession de la chapelle du Saint-Esprit. La communauté renouvela son ancienne opposition...  et les Carmes durent céder. Mais ces tentatives eurent pour résultat de réveiller l’attention des commandeurs et d’ouvrir les portes de la maison à quelques pauvres infirmes. 

On voit alors passer comme commandeurs François-Louis Rousselet de Chatourneau, puis M. Eustache d’Avergne, mort en 1693, ensuite l’abbé Charles Mignon, supplanté en 1710 par Fr. Michel de France de Vandeuil, religieux du Saint-Esprit de Montpellier, qui fut définitivement maintenu par le grand Conseil du roi en 1715, à la charge d’y entretenir « l’hospitalité ». Celui-ci ayant abattu quelques arbres dans l’ancien cimetière de l’établissement, la communauté de la ville lui fit un procès, qu’elle perdit et dut payer les frais du procès qui montèrent à 840 livres.

Cependant la maison ne renfermait plus que quelques enfants. Quand M. de Vandeuil mourut en 1747 et fit place à M. Claude Calmelet, la communauté d’Auray s’adressa à l’intendant de la province et à l’évêque de Vannes, demandant le rétablissement d’un véritable hôpital. Il lui fut sans doute répondu que la ville avait assez des trois hôpitaux qu’elle possédait déjà.

« En quelques années, dit M. Rosenzweig, on vit la commanderie d’Auray changer plusieurs fois de destination. En 1759, le commissaire des guerres y installa provisoirement un hôpital militaire. Trois ans plus tard, la chapelle du Saint-Esprit servit de dépôt d’artillerie. En 1773, le roi concéda à l’ordre de Saint-Lazare le bénéfice de la commanderie, tout en confiant l’administration de ses biens à l’évêque de Vannes ; mais ce n’était encore que provisoire.

Un arrêt du Roi, du 11 janvier 1773, autorisa les évêques dans les diocèses desquels se trouvaient des biens appartenant à l’ordre du Saint-Esprit de Montpellier, à en disposer de la manière la plus utile aux intérêts de l’Eglise ou de l’Etat. Sur une nouvelle requête du bureau d’administration de l’hôpital général d’Auray, Mgr Amelot prononça enfin, le 24 juin 1777, le décret d’union de la maison du Saint-Esprit au dit hôpital. Mais en même temps, cédant aux instances du clergé du diocèse, l’évêque se réserva sur les revenus de la commanderie une rente annuelle de 700 livres, destinée à l’entretien de trois jeunes séminaristes à son choix. Le tout fut confirmé .par lettres patentes du 31 octobre de la même année, et le 16 décembre suivant la communauté d’Auray fit prendre possession des biens qui lui avait été concédés » (Annuaire 1872).

Au milieu de tous ces changements, la petite collégiale des quatre chapelains avait été supprimée. L’administration hospitalière transféra les enfants de l’hôpital général au Saint-Esprit, leur donna deux gouvernantes pour la nourriture et le vestiaire, et nomma un chapelain, chargé de l’instruction des enfants et de l’acquit des fondations. En même temps on répara le bâtiment de la commanderie et les maisons qui en dépendaient, et on nomma des magistrats particuliers pour continuer l’exercice de la juridiction féodale. En 1783, par suite d’un traité, approuvé par l’évêque de Vannes, les deux gouvernantes furent remplacées par quatre religieuses de l’ordre de Saint-Thomas de Villeneuve, qui furent logées et nourries dans la maison, à la condition d’élever et de faire travailler les enfants, de soigner le linge et le mobilier, de tenir la comptabilité, et de gouverner le tout, sous la surveillance et le contrôle des administrateurs. Ce nouveau régime ne dura que quatre ans, à cause des difficultés financières qui surgirent alors : voici à quelle occasion. 

Ni l’ordre de Saint-Lazare ni celui du Saint-Esprit ne s’étaient opposés à l’union de la commanderie d’Auray à l’hôpital général de cette ville. Malheureusement l’ordre du Saint-Esprit, au moment de sa suppression, avait des dettes ; les créanciers réclamèrent près du roi et les biens furent mis sous séquestre. L’ancienne, commanderie d’Auray subit le sort commun : « Tous les revenus de la d. commanderie, dit Louis XVI, dans ses lettres du 15 décembre 1787, seront et demeureront affectés au paiement des sommes dues aux créanciers, les charges déduites ; dès à présent les revenus de la d. commanderie seront remis par les fermiers, locataires et débiteurs de la d. commanderie ès mains de Gillot, notaire à Auray, … qui sera tenu de rendre compte chaque année au procureur général de notre grand Conseil... ».

L’administration hospitalière d’Auray, privée par ce moyen d’une grande partie de ses ressources, fut obligée de renoncer aux soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve, et de revenir à l’emploi d’une seule gouvernante laïque. Celle-ci sut tirer parti d’une situation très obérée, et allait peut-être obtenir des résultats plus satisfaisants, quand la Révolution vint tout bouleverser et commencer une ère nouvelle.

 

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II. SAINT-MICHEL DU CHAMP.

La bataille d’Auray, livrée le 29 septembre 1364, jour de la fête de saint Michel archange, avait en pour résultat la mort de Charles de Blois et le triomphe de Jean de Montfort.  Le vainqueur conserva toujours le meilleur souvenir de son succès, et il songeait à bâtir un monument commémoratif, quand il fut obligé de quitter la Bretagne en 1373. Rappelé en 1379 et réconcilié avec le roi en 1381, Jean IV se mit aussitôt à l’oeuvre. Il fit construire à l’emplacement de la bataille une chapelle rectangulaire, et tout à côté une maison pour recevoir les prêtres destinés à la desservir, et le 6 février 1382 (N. S. 1383), il donna la charte suivante :

« Jehan (IV), duc de Bretaigne, comte de Montfort et de Richemont, à tous ceulx qui ces lettres verront, salut. Comme nous ayons fait édiffier et construire une église collégialle, nommée l’église de Saint-Michel près Auray, à l’honneur et à la louange de Dieu et de Monsieur Saint Michel, et y ayons ordonné ouict prestres, pour continuellement faire le divin service au dit lieu, et prier Dieu pour nous et nos prédécesseurs et successeurs, et pour les ames de ceulx qui le jour de la bataille décédèrent au champ auquel la d. église est sittuée, et pour la fundation et dotation du d. lieu ayons donné et octrié six centz livres de rente annuelle et perpétuelle, tant pour la dépense des d. gentz que pour la soustenance et réparation du d. lieu ;

Scavoir faisons que, en attendant l’assiepte des d. six centz livres de rente estre faicte par nous et nos successeurs, ès lieux et en la manière que verrons estre affaire, Nous, de nostre certaine science et propre mouvement, et par l’avisement de nostre Conseil, avons donné et octroyé, et par cestes présentes donnons et octroyons à la d. église et  aux chappellains et autres gents, qui sont et seront demeurants en icelle, pour l’office divin faire, selon l’ordonnance sur ce faite, CC. livres monnoye de rente annuelle et perpétuelle sur les revenus, profits et esmoluments quelconques à nous appartenants et qui appartiendront en la chastelenie et forest de Lanvaulx ; CC livres sur les revenus, profits et esmoluments quelconques à nous appartenans et qui appartiendront en la chastelenie d’Auray ; et CC. livres sur tous les revenus, profits et esmoluments quelconques à nous appartenans et qui appartiendront en la ville et chastelenie de Vennes ; à estre prins et levez par chacun an par les mains des receveurs des d. lieux, en deux termes, scavoir est, à Nouel et à la Saint-Jehan-Baptiste, par moitié, jusques à tant que assiepte en soit faicte, comme dit est.  Si mandons et commandons... Donné en nostre ville de Vennes, le VIe jour de febvrier, l’an de grace M. CCC. LXXXII. (N. S. 1383) ». — (Chartreuse).

L’assiette des 600 livres de rente se fit graduellement. Ainsi le 3 août 1385, le duc donna à la collégiale le domaine seigneurial de la Forêt de Lanvaux, avec ses dépendances, sauf le parc et la pêche de l’étang, le tout pour valoir une rente annuelle de 300 livres : c’était déjà la moitié de la dotation. Le même jour, il donna divers immeubles, acquis de Catherine de Sanzay, de Perrot Le Maréchal et de Jehan Bestang, situés aux environs d’Auray et à Languidic, et estimés plus tard valoir 79 livres 11 sous 6 deniers de rente annuelle. Le 12 mai 1389, il donna des marais salants situés à Guérande, rapportant 100 livres de rente par an. Le reste de la dotation, montant à 120 livres 9 sous 6 deniers, fut assis sur un four et divers immeubles de Pluvigner, sur le moulin de Sach-Raoul en Belz, sur les moulins de Tuon ou de Tréauray, et sur les biens acquis des Rosnarho en Crach et Locmariaker. Ainsi furent déchargées les recettes ducales d’Auray et de Vannes qui devaient primitivement fournir chacune 200 livres de rente (Ibid.).

Pour augmenter les ressources de la collégiale, le duc Jean IV, qui venait de fonder l’ordre de l’Hermine, statua que les assemblées des chevaliers se tiendraient tous les ans dans la chapelle de Saint-Michel-du-Champ, et que les colliers des membres défunts seraient donnés à la d. chapelle. C’est ce que rappelle le duc Jean V en 1437 : « Comme nostre très redouté seigneur le duc nostre père, cui Dieu pardoint, eust ordonné et fait un Ordre de son collier, ceulx qui le recevoint et prenoint estoint tenuz et par serment se rendre, le jour de la feste saint Michel-en-mont-Gargane, à la chapelle de Saint-Michel-du-Champ près Auray, si à celui jour ils estoint dans le duché et hors de tout empeschement, et pour chacun deffunct d’icel ordre de collier les sourvivans faire dire et célébrer certain nombre de messes, pour le salut et rédempcion des ames d’iceulx deffunctz, et les hoirs des d.  deffunctz rendre les colliers, que iceulx deffunctz soloint porter, au doyen ou chappellains dé la d. chappelle, pour estre mis, convertiz et employez en galices, ornements et autres bonnes oeuvres de la d. chappelle... ».

Jean IV tenait tellement à l’existence de sa collégiale, qu’il la fit confirmer par les évêques et les seigneurs de Bretagne, réunis en parlement à Ploërmel en 1396. Voici la charte qui le constate :

« Jehan, duc de Bretagne, à tous ceulx qui ces présentes lettres voiront ou oiront , salut. — Scavoir faisons que aultreffoys, de nostre propre dévotion , en l’honneur de Dieu, de la benoiste Vierge Marie et de Monsieur sainct Michel, et pour le salut des ames de nos prédécesseurs et successeurs, et aussy pour les ames de ceulx qui trespassèrent en la bataille nommée la bataille d’Auray, au jour de la Saint-Michel, ou champ ouquel par la grace de Dieu eusmes victoire. Nous feismes dotation et fondation de une église o ses appartenances, qui à présent y est édiffiée, nommée la chappelle Saint-Michel ou dit champ, pour y célébrer et faire le divin office pour les ames des d. trespassez et pour nous, nos hoirs et successeurs, de la somme de seix centz livres de rente, à estre assise aux déan et chapelains de cette chapelle, tant sur le domaine de nostre duché que sur nos acquestz ; Nous, récolents de nostre dotation et fondation de la d.  somme de seix centz livres de rente, et qui voulons icelle estre et sortir son plain effet sans difficulté, en la présence et par le consentement exprès de noz prélatz et barons, estans en nostre grand Conseil , avons ratifié, loué et approuvé, et par la teneur de ces présentes ratifions, louons et approuvons la d. dotation et fondation à celle somme de seix centz livres de rente, et promettons et nous obligeons, pour nous, nos hoirs et successeurs, et sur l’obligation de tous noz biens, faire, parfournir, poyer et accomplir aux déan et chapelains d’icelle chapelle de Sainct-Michel ou d. champ la d. somme de seix centz livres de rente de là où n’en ont eu assiepte, ou de ce que en deffauldra, sauf à nous réservez nos droitz royaulx, nostre souveraineté et ressort des choses et chacune, que nous leur avons baillées et baillerons pour, l’assiepte des d. seix centz livres de rente. — Donné en nostre ville de Ploërmel le XXVème jour du moys de febvrier, l’an mil trois centz quatre-vingt et quinze (N. S. 1396).

Et nous Richard (de Lesmenez), évesque de Dol, Anseaume (de Chantemerle), évesque de Rennes, Bonabes (de Rochefort), évesque de Nantes, Henry (Le Barbu), évesque de Vennes, Robert (de la Motte), évesque de Saint-Malo, Guillaume (Guéguen), évesque de Saint-Brieuc, Guy (Le Barbu), évesque de Léon, Thébaud (de Malestroit), évesque de Cornouaille, Pierre (Morel), évesque de Tréguer, Guy, sire de Laval, Raoul, sire de Montfort, Jehan, sire de Rex et de Rochefort, Guillaume, sire de Montauban, Geffroy, sire de Quintin, Jehan, sire de Malestroit, Robert, sire de Beaumanoir, Raoul, sire de Coasquen et Patri, sire de Châteaugiron, avons esté présents et avons donné, et par ces présentes donnons nostre consentement exprès à toutes et chacunes les choses dessus dites, leurs séquelles et dépendances, et les louons et avons fermes et estables, et en témoignance avons apposé à ces présentes nos propres scéaulx, l’an et jour dessus dits.

Scellé du grand séel du d. seigneur, en cire verte et lacz de soye, et de seelz des d. prélats et barons de Bretagne, de cire verte et rouge, sur double queue ». (Chartr.. — Copie).

A toutes ces confirmations il ne restait plus à ajouter que celle du pape. Mais à quel pape s’adresser ? — On était alors en plein schisme d’Occident. Dès 1383, Clément VII, qui siégeait à Avignon, et qui était reconnu en Bretagne comme dans le reste de la France, avait accordé des indulgences aux fidèles qui visiteraient la chapelle de Saint-Michel aux principales fêtes de l’année et y feraient une aumône. 

Alexandre V, élu au concile de Pise, le 26 juin 1409, par les cardinaux des deux obédiences, ne fit que passer sur le trône pontifical. Néanmoins, informé par le duc de Bretagne de la fondation et de la dotation de la collégiale de Saint-Michel, tenant compte de l’autorisation jadis donnée par Jean de Montrelais, évêque de Vannes, et voulant donner au prince une preuve de sa bienveillance, il confirma canoniquement l’existence de l’établissement et lui conféra tous les droits d’une collégiale par décision du 29 avril 1410. Ce pontife mourut quatre jours après, sans avoir pu délivrer les lettres apostoliques constatant son approbation. Mais son successeur, Jean XXIII, y suppléa par une bulle du 25 mai de la même année, donnée à Bologne, où il résidait alors. 

C’est le même Jean XXIII qui renouvela, le 1er décembre 1412, pour une période de vingt ans, les indulgences accordées à Saint-Michel-du-Champ par Clément VII en 1383. 

Enfin, le concile général de Constance, réuni pour mettre fin au schisme qui désolait l'Eglise, confirma, par acte du 26 juin 1416, la collégiale de Saint-Michel. S’adressant aux doyen et chapelains de l’endroit, il leur dit :

« Fils bien aimés dans le Seigneur, nous accueillons favorablement vos justes demandes, nous confirmons vos personnes, votre chapelle, où vous célébrez l’office divin, tous les biens que vous possédez légitimement aujourd’hui, et ceux que vous pourrez justement acquérir à l’avenir, et aussi toutes les libertés et immunités accordées par les pontifes romains, les privilèges et les indulgences conférées à vous et à votre chapelle, les libertés et exemptions des charges séculières, accordées par les rois, les ducs, les princes et les fidèles, soit à vous, soit à la dite chapelle, tels que vous les possédez pacifiquement, et nous maintenons le tout par notre autorité et la teneur des lettres présentes.  Donné à Constance, le 6 des calendes de juillet (26 juin) 1416, le siège apostolique vacant ». (Chartreuse).

C’est ainsi qu’un établissement confirmé par des papes douteux, fut reconnu par un concile général dont les actes canoniques furent ensuite ratifiés par le pape incontesté Martin V.

Pendant ce temps, les chapelains de Saint-Michel avaient fait quelques petits contrats : les archives en ont conservé la trace. Ainsi, le 22 avril 1407, Olivier Danou et sa femme donnèrent aux chapelains leurs maison et courtil, situés au bourg de Ploemel, à la seule condition de participer à leurs prières et bonnes oeuvres. — En juillet 1411, les chapelains s’affranchirent d’une rente foncière de cinq sols, due sur une maison de Kerroch en Locmariaker, et d’une rente semblable assise sur une maison du bourg de Pluvigner. — Le 30 août 1414, ils remboursèrent un capital de 46 écus d’or et rachetèrent ainsi une rente de 50 sols, hypothéquée sur leur tenue du Guernic en Pluvigner. — Le 16 octobre 1428, ils donnèrent à titre de cens leur propriété de Kervorz en Pluvigner, pour une rente annuelle de 46 sols monnaie, un perrée d’avoine, une poule et les corvées ordinaires. 

Toutes ces petites propriétés étaient faciles à gérer ; il n’en était pas ainsi de l’important domaine de la Forêt de Lanvaux. 

Dès 1408, le doyen et les chapelains de Saint-Michel se plaignaient au jeune duc, Jean V, d’être troublés dans la jouissance de cette propriété et d’y subir des pertes, et le prince ordonnait à ses juges de Broérech de faire une enquête, afin de rendre justice aux plaignants.

En 1411, nouvelles doléances. « Nous avons entendu, dit le duc, la complainte de noz amez, les doyen et chapelains de nostre chapelle de Saint-Michel-du-Champ, jouxte notre ville d’Auray, contenant.... que le doyen voulant user de son droit, avoit requis plusieurs nobles de la chastellenie de la Forêt de Lanvaux à luy faire foy et hommage des terres et héritages que ils tenoint et tiennent en icelle chastellenie, et entre autres Louise de la Forest, Guillaume, du Garou, Pierre Le Douarin et autres, lesquels ont recusé et recusent iceluy doyen d’iceluy hommage faire, disans qu’ils sont nos hommes et subjects, et tiennent. de nous plusieurs terres et héritages hors d’icelle chastellenie, et de ce que ils ont et tiennent en la d. chastellenie ils avoint autrefois fait hommage à nostre seigneur et père , … en la poursuite du quel fait, qui longtemps a duré et dure encore, ont les d. supplians grandement frayé et mis des revenuz de la d. chapelle, quelx ils eussent bien mestier avoir, pour leur sustentation et réparation de la d. chapelle et maisons.

Pour quoy, eu esgard à ce que dit est, … considérant que le rachat des nobles et subjects d’icelle chastellenie, quand le cas adviendroit de leur déceix, pourroit moult valoir aus d.  supplians, et que en tant qu’ils seroint décreuz de leur assiette, nous serions tenuz par autant les en récompenser ; si ainsin est, vous mandons et commandons et à chacun de vous noz procureurs, que les d. doyen et chapelains vous fassiez joir, par toutes voies licites, d’iceux hommages, foy et obéissances, et notamment des d. Louise de la Forest, G. du Garou et P. Le Douarin, et d’autres nobles subjects de la d. chastellenie, si aucuns en y a, et si d’iceulx foy et hommage faire au d. doyen soyent refusant, en ferez la poursuite comme de ceux et chacun feriez en cause propre... 

Donné en nostre ville de Ploërmel, nostre général parlement tenant, le XIXe jour de febvrier l’an mil CCCC dix (N. S. 1411) » (Chartreuse. Copie).

Si ces lettres produisirent leur effet, il faut reconnaître que ce ne fut pas pour longtemps ; car quelques années après, les doléances se renouvelaient. Le doyen représentait au duc « que plusieurs nobles d’icelle chastellenie estoint refusans de lui faire foy et hommage, et estoint décédez et allez de vie à trespassement », et que leurs héritiers n’avaient pas payé les droits de rachat malgré les poursuites.

Le duc Jean V, par lettres données à Brelevenez le 21 septembre 1417, prescrivit de nouveau à ses officiers de justice de Broérec de se transporter sur les lieux, pour se rendre un compte exact de la situation, et de faire jouir les doyen et chapelains « des foy et hommaigés et des rachats d’iceulx décédez et de chacun , selon et jouxte la forme des lettres à eulx données sur ce, et de tout le contenu en icelles ».

L’intervention ducale eut enfin raison des résistances locales.  Les archives conservent encore un aveu détaillé du seigneur de la Forêt, énumérant toutes les tenues qu’il possédait dans le fief de Saint-Michel-du-Champ. On trouve également un aveu de Thebaud de Kervéno, seigneur de Kerlan, et un autre de Guillaume de Muzillac, seigneur de Kermenguy. (Chartr.).

LE PERSONNEL DE SAINT-MICHEL.

Le personnel de la collégiale est très peu connu. Ce n’est que par occasion qu’on rencontre quelques noms des chapelains. 

En 1389 on trouve Dom Henri Robert, chapelain de Saint-Michel, mais ses confrères sont complètement inconnus. 

Une vingtaine d’années après, en 1410, le personnel comprenait : Dom Guillaume Ernaud, doyen, Geffroy Craban, Guillaume Le Moulnier, Henri Ropert, Geffroy Ménard, Jehan Le Mener, Alain Calemart, Eon Le Hen et Guillaume Le Joliff, chapelains.

Ils vivaient en commun auprès de la chapelle de Saint-Michel, et l’un d’eux portait le titre de maître d’hôtel, c’est-à-dire d’économe de la communauté. Le revenu de chaque prébende étant assez modéré, les chapelains obtenaient parfois l’adjonction d’une paroisse du voisinage. Ainsi, en 1416, Dom Eon Le Hen était en même temps recteur de Belz et maître d’hôtel de Saint-Michel-du-Champ.

Douze ans plus tard, en 1428, presque tout le personnel était renouvelé. On y trouvait alors : M. Jehan Le Mouel, doyen, Dom Jehan Le Mener, Messire Olivier de Kerlémon, Dom Olivier Le Hen, Dom Olivier Seguélien, Dom Henri de Talhoet, Dom Pierre Le Guennec, et un ou deux autres. 

En 1446, on rencontre dans un acte de bail les noms de Me Jehan Le Parisy, doyen, Messire Hervé Gilouart, Me Olivier de Kerlémon, Dom Henri de Talhoet, Dom Pierre Le Guennec, Dom Julien Le Mercier, Dom Olivier Seguélien, chapelains; il y manquait un ou deux titulaires.

En ajoutant à ces listes le nom du dernier doyen, Jehan, Merven, en 1480, on aura tiré parti de tous les renseignements qu’il a été possible de recueillir.

La fondation ne comptait que huit chapelains, dont un était doyen ; mais dans la suite il y eut souvent huit chapelains, sans compter le doyen.

Voici le curieux règlement que leur donna, en 1433, le duc Jean V, fils du fondateur.

«... En imitant et poursuyvant la bonne volunté et intencion de nostre feu père, Nous ordonnons et disposons estre fondé en la chappelle de Saint-Michel un collège séculier de ouyct chappellains, pour le divin office faire et célébrer, dont l’un d’eulx sera cheff et principal, appelé Doyen, à qui les aultres seront tenuz faire obédiance et révérence, et aura sur iceulx aultres toute congnoissance de juridicion et cohercion en touz cas civils et criminels, et aura entr’eulx préminance comme cheff principal.

Item, que les d. ouyct personnes soient tenuz de dire et célébrer sollempnement en beaux et nectz sourpeliz, avecques chappeaux (bonnets) d’escureux en esté, fors le doyen qui aura chappeau de gris, et en yver chappes noires, les hores canoniaux diurnes et nocturnes, et troys messes, l’une o note, selon l’exigence du jour, les deux aultres en contant, une de Nostre-Damme, et l’aultre pour les trespassez, et espécialement pour l’âme de nostre père, de qui en la principale collecte sera faicte expresse mention, et des trespassez en la bataille. 

Item, seront tenuz dire et célébrer la d. messe du jour par ordre des sepmaines, et les aultres deux messes en contant, esgallement selon qu’ils ordonneront entre eulx, et oultre voulons qu’il y ait quatre cureaux (choristes) pour aider au divin office, qui pareillement seront subgetz et obéissantz au d. doyen, comme dessus.

Item, seront tenuz les d. ouyct personnes de dire les d. hores à l’usage de l’église de Vennes, et en tenir la manière de la sonnerie ; et après Matines qui seront dites assez matin, sera faite pose d’une heure et plus, avant sonner Prime et sera célébrée la messe basse de Nostre-Dame sur un des petits autiers ; la. sonnerie pour Prime sera tenue longuement du petit sen (cloche), avec un poay de l’autre sen plus grant, avant la dire ; et après ycelle Prime chantée, et une des d. messes basses célébrée, c’est asavoir de Requiem, sera sonné pour Tierce, laquelle dite, sera célébrée sollempnement la messe o notte ; après laquelle sera incontinent sonnée et dite Sexte, et non plus avant disner.

Item, après disner bonne pose, sera sonné le petit sen pour None ; laquelle dite sera sonné pour Vespres, et icelles dites sera sonné pour Complies, lesquelles ainsin seront dites ensuite. Et ceste manière sera tenue par tout l’an, sinon eh caresme, ouquel temps sera la messe o notte célébrée après none, et incontinent après seront dites vespres, tout avant disner, et les complies seront sonnées et dites après disner, puis grant pose ; et durant la grant messe homme ne chantera messe senz, le congié du doyen.

Item, les d. chappellains seront tenuz habiter et faire résidence et menger ensemble, et faire leurs provisions communelment, sinon le doyen, quant il luy plaira, pourra menger en sa chambre ou là où il luy plaira. Et si le doyen ne peut vaquer ne entendre au gouvernement et revenu du d. ostel et pour les causes et pladaieries, sera depputé un d’eulx, de commun assentement ou de la maire partie ou plus saine d’eulx, entre lesqueulx sur ce la voix du doyen vauldra autant comme de deux, afin de gratificacion ; et s’il est mestier ils pourront depputer un dehors, et aussi pour estre recepveur de leurs rentes et revenus, qui en comptera au moins une foiz l’an, ou toutes les foiz que requis en sera.

Item, seront tenuz les d. chappellains à estre à toutes les hores et messes senz faillir, et ne s’en partirent de l’ostel senz le congié et licence du doyen ou de son lieutenant ; et si aucun d’eulx va hors sans le congié et licence du d. doyen, il poira pour la première foiz cinq soulz, pour la seconde foiz dix soulz, et pour la tierce foiz vingt soulz ; et s’il est si obstiné qu’il dédaigne demander congié, ou faire l’office comme dit est, le doyen, le cas à nous premièrement noctiffié, pourra de vostre auctorité déposer celui inobédient et nous signiffier déposition pour mectre un autre en son lieu qui soit suffisant.

Item, seront tenuz les d. chappellains et chascun d’eulx officer et commencer anthiennes, lire lessons, dire versels, tenir chappes ès festes sollempnelles, et faire les autres choses pertinentes à l’office divin diurne et nocturne, selon l’ordennance du d. doyen, son lieutenant ou commis, et en cas de deffault, seront privez, pour chascune désobéissance, du boire et menger d’une des réfections du jour, savoir est du disner ou du soupper, ou à jour de jeûne, de boire vin par tout le jour ; et si la d. désobéissance se tourne en rébellion, pourra le d. doyen les priver et déposer en la forme desclairée au précédent article.

Item, auront à leur trésorerie une bonne huge et forte, fermante à deux cleffs, desquelles le doien gardera une, et un des autres chappellains ad ce choaisi gardera l’autre ; et en celle huge sera mis le trésor de l’église et les cleffs du troncq. 

Item, tendront chappitre, sonné le sen ad ce depputé par troys foiz, comme â l’église de Vennes, chascun vendredi, et traicteront de toutes choses appartenantes au d. collège, et aviseront des prouffilz de l’ostel acquerre et d’eschiver son domage.

Item, en cas de nécessité grant, honneur ou utilité de l’ostel, du commandement du doien ou de son lieutenant, seront tenuz à faire et tenir autres chappitres à autres jours, et à se y comparoir, mais qu’ils soient sonnez ou mandez, sur peine de l’amende à l’ordonnance du doien.

Item, seront tenuz faire processions chascun dimanche et ès grandes et annuelles festivitez, en la manière du tuer de l’église de Vennes.

Item, nous retenons et réservons à nous et à noz hoirs ducs de Bretaigne les collacions et totales dispositions ou donnaisons du d. doyen et chappellains et de chascun. 

Item, le d. doyen pourra en son absence faire et instituer un des chappellains, celui qu’il vouldra, son lieutenant, à qui les autres seront tenuz obéir comme à iceluy doyen, si présent estoit.

Item, à chascun jour de dimanche et aux grandes festes solempnées, sera dite et célébrée la messe o note ordinaire, à diacre et à soudiacre, les queulx seront au tour. 

Item, prendra et reeepvra le d. doyen les hommages des hommes féaulx du d. lieu.

Item, du commun assentement les d. doyen et chappellains institueront’ en leur chappitre un séneschal et un procureur, pour gouverner leur temporel, et s’ils discordent des personnes, sera tenu ce que le doyen en ordonnera, s’il a troys de son opinion, non obstant quelque opposition des autres, et nous certifiiez duement.

Item, du résidu des revenus du d. lieu seront poiez les despens et mises des plédairies, les gaiges de touz leurs officiers, les réparations et mises communes et nécessaires au d. ostel ; et de ce qu’il restera l’en fera neuff parties, des quelles le doyen prendra deux pour soy et à son prouffict, et chascun des autres une.

Quant aux oblacions, elles seront mises en la réparation de la d. chappelle, et en la provision du luminaire, des ornemens et autres choses nécessaires en la d. chappelle estre faites.

Et en oultre voulons que le doyen, à l’assentement des d. chappellains, ou la maire et plus saine partie d’eulx, puisse croistre et adjouster à cestes noz présentes ordonnances toutes les choses qu’il verra estre justes, raisonnables et prouffitables pour le bien et accroissement de l’office divin, ou au prouffilt du d. ostel et ses dépendances.

Et par ces mesmes présentes mandons et commandons à nostre bien ainé et féal secrétaire Jehan Le Moel, à présent, doyen du d. lieu, et à celuy ou ceulx qui pour le temps advenir le seront, cestes noz présentes ordonnances garder et faire garder fermement, senz les enfreindre et senz faire ne souffrir estre fait aucune chose à l’encontre. Donné à Vennes, l’an 1433 le 25e jour de décembre. Par le Duc, de son commandement : M. de Partenay... »  (Nantes. — E. 83).

Le duc Jean V ne se contentait pas de renouveler les sages règlements de la collégiale de Saint-Michel, il augmentait aussi sa dotation. Dès le 26 avril 1424, il avait donné les lettres suivantes : «... Désirans de tout nostre coeur croistre et augmenter le service divin et les fundation et dotation aultrefois faictes et fundées par feu nostre seigneur et père, savoir faisons que aujourd’huy, de nostre certaine science et pour ce que très bien nous plaist, avons ordonné et octroyé, ordonnons et octroyons par ces présentés aux déan et chapelains du d. lieu du Champ, présens et avenir, la somme de trois cens libvres monnoye de rente, par chascun an, en perpétuel, oultre les aultres revenus, à les avoir, prendre et lever et estre assises sur les premières confiscations qui nous escherront et adviendront en nostre pais et duché, et qui de raison nous appartiendront..., jusques ad ce que la d. somme de trois cens livres de rente leur soit assise et parachevée en assiepte ou aultrement par leur juste et raisonnable prix... ».

Le même prince, ayant appris en 1437 que son moulin de Tenou-Auray était tombé en ruine, et que les chapelains de Saint-Michel qui avaient droit d’en recevoir trois tonneaux de froment de rente annuelle n’avaient pas été payés, écrivit à son receveur d’Auray de prendre sur ses autres revenus de quoi satisfaire à sa dette, et de continuer le service de la rente jusqu’à la reconstruction du moulin. C’est en la même année 1437 qu’il rappela aux chevaliers de l’ordre de l’Hermine l’obligation de faire porter après leur décès le collier de l’ordre à Saint-Michel-du-Champ. «... Nous mandons, dit-il, et commandons à noz procureurs généraulx et particuliers, qui de présent sont, et à ceulx qui pour le temps advenir le seront, et à chascun d’eulx en son temps et pour ce que fuy en appartient et appartiendra, vigoreusement et sanz déport contraindre par toutes voyes deues, licités et raisonnables, touz et chacun les hoirs des d. deffunctz, qui pour ce seront à contraindre , à faire restitution des d. colliers aux doyen et chappellains de la d. chappelle, et en cas de leur reffus, délay ou opposition, adjourner ou faire adjourner les opposans et contredisans devant Nous et nostre Conseil, ou à noz généralles assignences, où nous voulons qu’ils soyent poursuiz à fin de la d. resstitution... ».

Ce bon duc fut toujours favorable à la collégiale de Saint-Michel ; il en fut de même de ses fils François I et Pierre II, et même de son neveu François. II. Toutefois celui-ci, voulant augmenter le personnel de la maison sans faire de nouvelles dépenses, eut l’idée de remplacer les chapelains séculiers par des religieux chartreux. Il en fit la demande formelle au pape, et Sixte IV, par une bulle du 21 octobre 1480, consentit au changement, supprima le décanat et les huit chapellenies de la collégiale, et transféra la maison avec ses dépendances et ses revenus aux Chartreux. Ceux-ci devaient venir du couvent des SS. Donatien et Rogatien de Nantes, fournir un prieur et douze frères, et jouir de tous les privilèges de l’ordre. 

Le doyen et les chapelains continueraient à jouir de leurs bénéfices pendant leur vie, à condition de célébrer l’office divin et la messe conventuelle dans l’église paroissiale du lieu, c’est-à-dire à Brech.

Naturellement le doyen et les chapelains protestèrent contre leur suppression, et en appelèrent au Saint-Siège pour obtenir au moins la fixation du chiffre de leur retraite et la diminution de leurs charges. Le pape Sixte IV, par une seconde bulle du 20 novembre 1481, délégua l’évêque de Nantes et celui de Léon avec Jean de Porcon, chanoine de Saint-Malo, ou l’un des trois, pour terminer cette affaire.

Il leur donna pour instruction d’exiger le retrait de l’appel, d’assigner au doyen un traitement annuel de cent vingt livres, monnaie de Bretagne, et à chacun des huit chapelains ou chanoines cinquante livres de pareille monnaie, à payer par les Chartreux sur les revenus de la maison, en deux termes, au 1er avril et au 1er octobre, enfin d’exempter les d. doyen et chapelains de l’obligation de la vie commune et de la récitation collective de l’office, en laissant seulement la messe hebdomadaire à dire à voix basse dans une église à choisir par eux, les Chartreux étant désormais chargés de la messe et de l’office quotidien dans la chapelle de Saint-Michel-du-Champ. 

L’évêque de Nantes, commissaire apostolique, ayant convoqué le doyen Jean Merven et le prieur Jean Le Liénier, comme représentant les deux parties intéressées, leur notifia, le 29 mars 1482 , les conditions imposées, par le souverain pontife et leur demanda s’ils les acceptaient. Sur leur réponse affirmative, il déclara l’affaire consommée.

C'est ainsi que finit la collégiale de Saint-Michel-du-Champ, pour faire place à un couvent de Chartreux. Elle avait duré juste un siècle, de 1382 à 1482. 

 

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III. NOTRE-DAME DE LA TRONCHAYE.

Notre-Dame de la Tronchaye est le nom d’une antique et vénérable statue en bois de la très sainte Vierge, conservée dans l’église de Rochefort. Ce nom de la Tronchaye semble dire que la statue a été primitivement exposée ou trouvée dans le tronc d’un arbre. Elle est connue depuis le XIIème siècle au moins ; le temps l’a tellement rongée dans sa partie inférieure, qu’il a fallu lui donner une base postiche pour la soutenir, et même la vêtir de robes précieuses pour dissimuler ce défaut. Elle est le but d’un pèlerinage très fréquenté, et les offrandes des fidèles, jointes aux largesses des seigneurs de Rochefort, ont contribué dans tous les temps à l’entretien et à la restauration de l’église. 

L’église primitive, construite au midi du château, sur la déclivité du terrain, datait probablement du XIIème siècle, époque où les seigneurs de l’endroit commencent à figurer dans l’histoire. Elle était naturellement de style roman et avait la forme d’une croix latine, avec une tourelle carrée sur le milieu de l’inter-transept. Ce plan est encore celui de l’église du début du XXème siècle, parce que la substitution du nouvel édifice à l’ancien ne s’est faite que graduellement.

L’église du début du XXème siècle est en grand et moyen appareil, avec de grandes fenêtres ogivales, et appartient au XVème siècle. Plus tard on a retouché la nef au nord et ajouté une quatrième nef au midi. Cet édifice, centre religieux de la petite ville de Rochefort, n’était autrefois qu’une église tréviale, dépendant de l’église paroissiale de Pluherlin, et était desservie par un curé relevant du recteur de la paroisse.

Telle était la situation canonique de l’église de Notre-Dame de la Tronchaye, lorsqu’en 1499 Jean IV, seigneur de Rieux et de Rochefort, y fonda un collège de chapelains ou de chanoines. Voici la reproduction de l’acte de fondation : « Jehan, sire de Rieux, de Rochefort et d’Ancenis, comte de Harcourt, vicomte de Donges, seigneur de Largouet, mareschal de Bretagne, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. 

Scavoir faisons que pour le désir singulier et affection que avons d’augmenter le service divin, pour le salut de nostre ame et de nos progéniteurs, avons aujourd’huy ; par meure délibération, ordonné que au temps advenir, durant nostre vie, il sera dit et célébré en l'église de la Tronchaye, sise en ceste nostre ville de Rochefort, par chacun jour de la sepmaine, Matines, Prime, Tierce, Sexte, None, Vespres et Complies du temps qui courra, ainsi qu’il est accoustumé de faire aux églises cathédrales ou collégiales. avecque une messe o note, diacre et soudiacre, à commencer au septiesme jour d’avril prochain venant (Quasimodo 1499) ;

Scavoir, la messe au dimanche du temps qui courra, selon l’ordonnance de nostre mère sainte Eglise ; au lundy de Saint-Sébastien ; au mardy de Saint-Julien, au mercredy des Morts, au jeudy de Saint-Christophe et une collecte de Sainte-Barbe, au vendredy de la Passion et au samedy de Notre-Dame, de la très sainte et très angouesseuse Passion de Nostre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ, de laquelle dépend nostre salut, nostre vie et nostre résurrection, et de tous les saints et saintes de paradis ;

Sauf aux quatre festes principales (Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël), aux jours de l’Ascension, du Sacre, de la Purification, de l’Annonciation, de l’Assomption et de la Nativité et aux festes d’apostres, auxquelles sera dit et célébré du jour, et en la messe d’iceluy sera dite une collecte de la messe qui estoit ordonnée à celuy jour de la sepraine ;

Et à l’issue de Complies par chacun jour sera dit à notte devant l’autier Nostre-Dame du d. lieu de la Tronchaye le Salve Regina, ou autre antienne de Nostre-Dame, avec un verset et oraison, selon le cours du temps, et après sera sonnée l’une des cloches par trois fois, ainsi qu’il est accoustumé faire au couvre-feu ;

Et durant le d. service, il y aura en la d. église une lampe et deux cierges d’une livre chacun ardans, scavoir aux d. heures la d. lampe, et à la messe les deux cierges et deux torches de cire de quatre livres chacune à l’élévation du corps de Nostre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ. 

Et pour faire le d. service voulons, qu’il y ait six chapellains et un doyen, lesquels auront, scavoir, chacun des d. chapellains trente livres monnaie et le doyen quarante livres ; et pour l’entretenement des d. lampes et lumières quinze livres monnoie : quelles parties de finances montent à 235 livres, le tout monnoie de Bretagne, qui seront poyées aus d. doyen et chapellains par les quartiers de l’an, selon la nomination que ferons des d. doyen et chapellains, quels pourrons casser et en mettre d’autres, par autant que en casserons, toutes fois qu’il nous plaira, les faisant poyer par autant qu’ils auront servi, et selon les assignations que pour ce baillerons par l’estat de nostre maison chacun an à nostre bien amé et féal Pierre de la Coudre, nostre chastellain de Rochefort.

Et par ce moyen voulons et entendons que les d. doyen et chapellains fassent résidence en choeur durant les d. heures, vespres, complies et messes en surpelis, et s’ils y défaillent, ils perdront pour chacun défault, celuy qui défauldra sans excuse de maladie, scavoir, à Matines IV deniers, à Prime, Tierce, Sexte et None IV deniers, à la grande Messe IV deniers, à Vespres et Complies IV deniers ; lesquels deniers des d. défaults seront employez et convertis à l’augmentation du d. luminaire et autres choses nécessaires pour le d. service, à l’ordonnance du d. doyen.

Et afin que ce soit chose stable durant nostre vie, comme dit est, avons signé ces présentes et fait sceller du scel de nos armes, le 30 mars l’an 1498 finissant (N. S. 1499). JEHAN DE RIEUX. Par Monseigneur, de son commandement : J. Trégouet » (D. Morice. Pr. III. 818).

Quand on compare la dotation des chapelains de Saint-Michel-du-Champ avec celle des chapelains de N.-D. de la Tronchaye, on trouve que la première était bien supérieure à la seconde ; il est vrai que dans le premier cas le fondateur était le duc de Bretagne, et que dans le second c’était un vassal qui, malgré sa richesse, ne pouvait pas rivaliser avec son suzerain.

Malgré la modicité de la dotation, le seigneur de Rochefort trouva sans trop de peine les sept prêtres dont il avait besoin.  Il les installa dans le choeur de l’église qu’il mit à leur disposition exclusive, et laissa les transepts et les nefs de l’édifice à l’usage du curé et des habitants de la ville. 

Sa fondation n’étant que provisoire, il ne fit aucun travail considérable dans le sanctuaire, et quand il mourut, le 9 février 1519 (N. S.), il ne fut pas inhumé à Rochefort, mais chez les Cordeliers d’Ancenis.

Claude Ier de Rieux, son fils et son successeur, maintint la fondation paternelle. Ayant perdu sa première femme, Catherine de Laval, le 30 décembre 1526, il la fit enterrer dans le choeur de N.-D. de la Tronchaye, prés de l’autel, du côté de l’évangile. Peu après, le 1er juin 1527, il donna des lettres pour établir à perpétuité la collégiale de Rochefort ; il voulut qu’elle fût composée d’un doyen, d’un chantre, de cinq chanoines, de quatre chapelains ou archiprêtres et de deux petits choristes. Il leur imposa l’obligation de célébrer l’office et la messe, comme à la cathédrale de Vannes, et leur assigna une rente annuelle de 610 livres, rachetable pour la somme de 12.200 livres. Il se réserva seulement la présentation du doyen et laissa la collation des autres prébendes au chapitre (Pr. III. 819).

Ce seigneur, pour compenser la perte du choeur, réservé aux chanoines, construisit une aile au sud de la nef de l’église ; on y voit encore, sur une sablière, son écusson en alliance avec celui de Susanne de Bourbon, sa seconde femme (1529-1532). Il mourut à l’âge de 35 ans, le 19 mai 1532 et voulut reposer près de Catherine de Laval, dans le choeur de la collégiale. Quand on ouvrit son tombeau en 1692, pour y déposer un autre seigneur de Rochefort, on y trouva son cercueil en plomb, avec son écusson en bois, ressemblant au liège. On a dit parfois que ce tombeau, qui est au niveau du pavé, était jadis décoré des statues couchées de ce seigneur et de sa dame : c’est plus que douteux. On ajoute que ces statues ont été converties, après la Révolution, en un saint Joseph et une sainte Vierge : c’est absolument faux ; les statues tombales ont toujours les mains jointes, et il n’y en a aucune de cette sorte dans l’église.

Claude II de Rieux-Rochefort n’avait que deux ans à la mort de son père. C’est de son temps que fut achevée une grosse réparation au nord de la nef de l’église ; on lit encore sur un contrefort près du portail latéral : An l’an Mil Vcc XXXIII fut ceste ouvre par faicte … Ce seigneur mourut à l’âge de 18 ans, le 26 avril 1548, et ses biens passèrent successivement a sa soeur Renée, puis aux Coligny en 1567, aux Lorraine-Elbceuf en 1607 et aux Larlan vers 1660.

En 1750, les chanoines de Rochefort tenaient par tradition que Claude Ier de Rieux se proposait de compléter sa fondation en unissant à la collégiale deux paroisses du voisinage. La mort l’ayant prévenu avant l’exécution de ce projet, les chanoines restèrent désormais avec une dotation très modique. Pour améliorer leur position, ils se faisaient conférer des chapellenies ou des prieurés, quelquefois même des paroisses. 

Avec le temps, ils reçurent diverses fondations de messes et services, dont les revenus étaient payés par les familles ou hypothéqués sur des terres. Ils eurent même des immeubles à la Haute et à la Basse-Barre, en Pluherlin, qui rapportaient 178 livres en argent et une rente en grains. Ces biens représentaient peut-être une partie de la fondation, car les seigneurs de Rochefort, dans les derniers temps, ne payaient plus au chapitre que 582 livres tournois au lieu de 610 livres monnaie fixées par Claude Ier.

L’argent perdant continuellement sa valeur primitive, et le prix des denrées allant toujours en augmentant, les chanoines avaient peine à vivre en 1750. C’est pourquoi M. Jean-Anne-Vincent de Larlan, de Kercadio et de Rochefort, demanda l’union à la collégiale des prieurés et chapellenies de la Barre, du Château, des Quatre-Evangélistes, de Saint-Michel, de la Magdeleine-de-Bléhéban et de Sainte-Noyale, qui étaient à sa présentation.

L’évêque de Vannes, Mgr Charles-Jean de Bertin, accueillit sa demande et, après avoir rempli les formalités, canoniques, signa le décret suivant, le 17 février 1750 : « Vu... Nous avons éteint, éteignons, supprimé et supprimons à perpétuité les titres des prieurés et chapellenies de la Barre, du Château, des Quatre-Evangélistes, de Saint-Michel, de la Magdeleine-de-Bléhéban et de Sainte-Noyale, et en conséquence avons uni et unissons à l’église collégiale et chapitre de Rochefort les fruits et revenus des d. prieurés et chapellenies, et tout ce qui en dépend et y peut appartenir, soit à présent, soit à l'avenir, pour être divisé et réparti entre les sieurs dignitaires et chanoines de la d. église, aux clauses et conditions suivantes :

1° Qu’à mesure que la. d. union aura lieu et effet, soit par vacance, par mort, démission volontaire ou accord fait par les titulaires actuels de gré à gré avec le dit chapitre, les sieurs chanoines seront tenus de faire ou faire faire le service des d. prieurés et chapellenies, scavoir, pour le prieuré de la Barre une messe par semaine, pour le prieuré du Château deux messes par semaine, pour celui des Quatre-Evangélistes une messe par semaine, pour le prieuré de Saint-Michel d’eux messes par semaine, pour la chapellenie de la Magdeleine-de-Bléhéban une messe par semaine, pour la chapellenie de Sainte-Noyale deux messes par semaine, et d’acquitter les autres charges des d. prieurés et chapellenies ;

2° Que du moment que le d. chapitre jouira de 150 livres de revenus, charges déduites, provenant de la d. union, il sera payé à chaque chanoine, par forme de distribution quotidienne, la part des absents accroissant aux présents, savoir, les jours de dimanches et fêtes, à Prime quatre deniers à chaque dignitaire ou chanoine, et à Prime les jours ouvriers, à Tierce, Sexte, None et Complies, tant des jours de dimanches et fêtes que jours ouvriers, deux deniers par chacun des d. offices, à chacun des d. dignitaires et chanoines, dont le payement sera fait selon l’usage du d. chapitre pour les distributions quotidiennes des grands offices » (Insinuat. XIV, 287).

Ce décret fut confirmé par lettres patentes du roi Louis XV, du mois de janvier 1756, enregistrées au Parlement de Bretagne le 16 mars suivant.

Voici quel était en 1789 l’état des revenus de la collégiale.

Rente sur la terre de Rochefort : 582 livres.

Droit d’ancrage dans la Loire, affermé : 800 livres.

Rente sur la maison Boyac, à Rochefort : 31 livres 10 sols.

Sur une maison et jardin à la porte Saint-Michel : 5 livres 5 sols.

Sur une maison des rues Hautes, à Rochefort : 6 livres 5 sols.

Sur le pré Normand près Saint-Michel : 30 livres.

Sur Jean Bertho, de Dessous-le-Bois : 13 livres 6 sols 6 deniers.

Sur Jean Louer et consorts : 16 livres 13 sols 4 deniers.

Sur Louis Le Beau, de Rochefort : 15 livres.

Sur les enfants de M. Sauvé, de Rochefort : 16 livres.

Sur Pierre Jamet, de Rochefort : 6 livres.

Sur Yvonne Robert, Veuve Macé, à Rochefort : 40 livres.

Sur Jeanne Lacambre, de Rochefort : 21 livres 10 sols.

Sur J. Moro et M. Le Franc, de Rochefort : 11 livres.

Sur la Croix-Blanche, à Rochefort : 66 livres.

Sur Josso, Avenet, en Pluherlin : 4 livres 16 sols.

Sur maison, jardin et clos.., en Pluherlin : 3 livres 10 sols.

Sur Jean Caudart, du Madéro, en Pluherlin : 61 livres 5 sols.

Sur la Veuve Jéhanno et consorts, de Pluherlin : 10 livres.

Sur Jean Têtu, de Coedaly, en Pluherlin : 6 livres.

Sur Joseph Mahé, de Brambien, en Pluherlin : 6 livres.

Sur Jean Maleuvre, de Carlevau, en Pluherlin : 23 livres.

Sur Julien Jagu et consorts, du bourg, en Pluherlin : 14 livres 3 sols 4 deniers.

Sur Guill. La Haye, de la Ville-Basse, en Pluherlin : 14 livres.

Sur Joachim Cresté, de Pluherlin, et consorts : 6 livres.

Sur Jean Danilo, de Pluherlin : 31 livres 4 sols.

Sur divers biens, en Questembert : 10 livres.

Sur les enfants Le Gray, de Pleucadeuc : 10 livres.

Sur Jean Mouro, de Pleucadeuc : 18 livres 10 sols.

Sur Julien Dubois, du Plessis, en Saint-Gravé : 23 livres 1 sol.

Sur Julien Digo, de Saint-Gravé : 6 livres 13 sols 4 deniers.

Sur le Cota et Loiseau, en Malansac : 3 livres 10 sols.

Sur la Veuve Hercouet, à la Vallée, en Malansac : 12 livres.

Sur Pierre Rapé, de la Moraie, en Malansac : 21 livres 5 sols 4 deniers.

Sur L. Dréan et consorts, au Beuron , en Malansac : 31 livres 5 sols 8 deniers.

Sur J. Hercouet, de Léternet, en Malansac : 12 livres.

Sur Franç. Rouxel et consorts, de Caden : 52 livres 10 sols.

Sur Julien Le Scouézec, de Caden : 16 livres 13 sols 4 deniers.

Sur Joseph Tabourdet, de Caden : 13 livres 17 sols.

Sur Jean et Yves Evain : 12 livres 8 sols 10 deniers.

Sur Julien Santerre, de Saint-Jacut : 15 livres.

Sur Yves Boulo, de Saint-Jacut : 6 livres.

Sur Jean Rival, de Tessé, en Saint-Jacut : 37 livres 3 sols.

Sur François Montoir, de Saint-Jacut : 6 livres.

Sur A. Le Bihan, de Saint-Jacut : 6 livres.

Sur Jean Diguet, de Saint-Martin : 16 livres.

Sur M. de Carmoy, à Redon : 10 livres.

Sur M. de Bégasson et Yves Thébaud : 14 livres.

Sur Jean et Yves Hazo : 24 livres.

Sur Mathurin Mahé et Yves Martin : 13 livres 10 sols.

Sur Yves Boéffard, de Noyal-Muzillac : 20 livres.

Sur J. Martin et Yves Soulèbre, de Noyal-Muzillac : 18 livres.

Sur Pierre Bocéno et consorts, de Noyal-Muzillac : 15 livres.

Total : 2284 livres 15 sols 8 deniers.

A ce total il faut ajouter le revenu de la propriété de la Haute et Basse-Barre, et la dîme appelée « la gerbe-aux-chiens », rapportant environ 25 perrées de seigle.

PERSONNEL. 

L’absence de tout registre de réception des chanoines de Rochefort empêche d’en dresser la liste suivie ; on est réduit à glaner çà et là des noms épars. Presque tout le XVIème siècle s’écoule sans fournir un seul nom ; ce n’est qu’en 1575 que commencent les renseignements : Claude de l'Hospital était alors doyen ; il mourut en 1583. 

Au début de 1587 mourut M. Jean des Brosses, chanoine et doyen de la collégiale. Peu-après, M. Jacques Milon, chanoine, fut présenté comme doyen par la dame de Rochefort, pourvu par l’évêque le 25 mars 1587, et installé le 8 avril suivant. Le chapitre comprenait alors, outre le doyen : Jacques Danilo, chantre, mort en 1590. Yves Huo, chanoine, mort en 1590. François Le Cadre,. recteur de Saint-Jacut de 1573 à 1592.  François André, chantre, puis doyen, et recteur de Malansac 1607-1628. Julien Guinois, recteur de Saint-Gravé en 1602, mort en 1609. Laurent Guinois, chanoine, mort en 1608. 

Les archiprêtres étaient alors Guillaume Guého et Pierre Pédron, qui deviennent chanoines après MM. Danilo et Huo. 

En 1592, furent placées les stalles hautes et basses qui se voient encore des deux côtés du choeur, en y entrant. Elles sont en chêne, et malgré leurs trois siècles d’existence,.elles sont encore assez bien conservées. Une boiserie les surmonte et règne le long des murs. Il y a de chaque côté huit stalles hautes et cinq stalles basses. Le doyen occupait la première stalle à droite, et le chantre la première à gauche ; à leur suite se plaçaient les autres chanoines, par rang de promotion, trois à droite et deux à gauche ; puis venaient les quatre chapelains ou archiprêtres, deux de chaque côté. 

On lit encore sur les accoudoirs les noms des chanoines de 1592, gravés en capitales romaines, savoir, « Misire Jaq. Milon, doien ; — Misire F. André, chantre ; — Misire F. Le Cadre ; — Misire Julien Guinois ; — Misire L. Guinois ; — Misire G. Guého ; — Misire P. Pédron. 1592 »

M. Pierre Evenard, de Pluherlin, chanoine en 1608 après Laurent Guinois et recteur de Pluherlin de 1609 à 1647.  René Hervieu, de Saint-Congard, chanoine en 1609, après Julien Guinois, et recteur de Saint-Gravé en 1609 et de Saint-Congard en 1615. Les successeurs de J. Milon et de F. Le Cadre sont inconnus. 

Voici le personnel dé la collégiale en 1620 : MM. François André, doyen, recteur de Malansac, 1607-1628. Pierre Pédron,. chantre. Guillaume Guého, recteur de Limerzel, 1595-1632. Pierre Evenard, 1608, recteur de Pluherlin, 1609-1647. René Hervieu, 1609, recteur de Saint-Gravé puis de Saint-Congard. N. N. Les archiprêtres étaient alors : Henri Le Cadre, Pierre Criaux, Denis Quiban et N. On trouve ensuite Pierre Criaux, chanoine, après M. Guého, et Guillaume Le Gailoys, doyen et recteur de Noyal, puis vicaire général. 

En 1653, le chapitre comprenait : MM. Pierre Evenard (II), doyen et recteur de Pluherlin, 1647-1667. Laurent Duval, chantre, mort en 1697. Guillaume Racouet, recteur de Saint-Congard, 1643-1660. Julien Déjours, ex-recteur de Saint-Congard. Jean Le Gal. Julien Denis, chanoine, mort en 1690. Gilles Libor. 

Les archiprêtres étaient : Guy Gachet, Olivier Guymar, Julien Le Duc, et Guy Rouxel. 

Pendant le reste du XVIIème siècle, on rencontre seulement : Julien Pédron, chanoine et recteur de Pluherlin, 1669-1681. N. Denis, neveu, chanoine, 1670 et 1684. N. Baron, chanoine en 1670 et 1684. Jean Penhoet, chanoine, 1676. Yves Boubillon, chanoine, mort en 1693. Pierre Kermasson, chanoine, mort en 1686. Jean Bahon, chanoine, 1686, recteur de Pluherlin, 1681-1716. François Lucas, chanoine en 1694. Julien Le .Chesne, chanoine, puis doyen, mort en 1736. 

Les relations entre le chapitre et la paroisse étaient à peu près normales. Pour les faciliter, on nommait fréquemment le recteur de Pluherlin chanoine de la collégiale, et on choisissait souvent les archiprêtres parmi les vicaires de la trêve. 

Le chapitre d’ailleurs avait la jouissance exclusive du choeur, avec une sacristie au midi, pourvue de linges, ornements et objets servant au culte. La trêve avait sa sacristie au nord, avec un couloir pour arriver à l’église sans passer par le choeur, et elle jouissait des transepts et des nefs, pour y faire les baptêmes, les mariages, les enterrements et les autres cérémonies paroissiales. 

Il n'y avait de difficultés que pour l’administration et l’enterrement des chanoines, la bénédiction des cendres et des fonts, l’admission des prêtres étrangers à dire la messe dans l’église et quelques autres menus détails. Mg Louis de Vautorte, par une ordonnance du 8 octobre 1685, régla ces divers points, et une transaction eut lieu, le 12 novembre 1686, entre le chapitre de Rochefort et M. Jean Bahon, recteur de Pluherlin, qui venait d’être reçu chanoine. Le texte de ces divers enseignements n’ayant pas été retrouvé, il est impossible d’en donner l’analyse et de les apprécier au point de vue du droit canonique. 

Le 13 août 1692, mourut à Rennes le premier seigneur de Rochefort, du nom de Larlan, après avoir choisi sa sépulture à Notre-Dame de la Tronchaye. Voici comment M. Lucas, archiprêtre et futur chanoine, raconte les obsèques dans les registres de Rochefort : 

« Le 22e aoust 1692, le corps de haut et puissant seigneur Vincent Exupère de Larlan, vivant chevalier, seigneur de Lanitré, comte de Rochefort, Kerdréan, Keralio, le Boisgestin, le Bréguet, Botpilio et autres lieux, conseiller du roy en tous ses conseils, et président à mortier en sa grand'chambre de parlement en Bretagne, nous a été présenté par vénérable et discret Missire 0llivier, prestre, aumônier de mon dit feu seigneur, accompagné du R. P. procureur des Cordeliers de la ville de Rennes, où son décès est arrivé le 19 du d. mois et an, chez lesquels Cordeliers il a été fait des funérailles pompeuses, et on y a inhumé ses intestins. 

Le corps arrivé, sommes allés le recevoir processionnellement accompagnés de MM. les prestres de la paroisse et des révérends Pères Cordeliers de Bodelio, jusqu’au dela du moulin à tan, et l’avons conduit, assistés de tous MM. les officiers en robe, dans le choeur, sur le tombeau du chapitre, et y est reposé jusqu’au lendemain onze heures du matin. Pendant lequel temps, depuis cinq heures, on a célébré dans la d. église de Rochefort incessamment quantité de messes par MM. les chanoines du d. chapitre, les prestres de la paroisse, les prestres et recteurs des paroisses de Malansac, de Saint-Martin, de Caden et autres circonvoisines. 

La cérémonie, messe et sépulture, a été faite le plus solemnellement que jamais faire se peut d’ans la d.. église, comme estant environ près de cinquante prestres, huit à l’autel, trois chapes au choeur, et le tout en fort bel ordre, chapelle ardente, grand et continuel son de cloches. Et environ une heure de l’après midy, on a descendu le d. corps dans un enfeu. profond de six pieds, large de cinq, situé du costé de l’évangile, sous la plus grande pierre de grain qui y soit, entre la porte de la sacristie de la ville et le grand autel du choeur du d. chapitre ; à l’ouverture du quel enfeu on y a trouvé une châsse de plomb, et sur la châsse un écusson de bois de liège (?), à ce que l’on croit, et un corps dans la d. châsse depuis 160 ans. 

Présents étaient aussi M. l’abbé de Campzon (Jean de Kermeno), recteur de Questembert, et toute la noblesse des paroisses voisines. Son coeur a été porté à Noyal »

Bientôt de nouveaux tiraillements se produisirent entre le chapitre et la trêve. Les chanoines, ennuyés de ces taquineries, refusèrent en 1701 de fournir le pain bénit, comme ils l’avaient fait jusque-là. Au mois de juin 1709, ils statuèrent que celui d’entre eux qui assisterait aux offices de la paroisse, au détriment de ses obligations du choeur, paierait une amende. Mgr François d'Argouges fut obligé d’intervenir, le 5 mars 1711, pour bien fixer les droits respectifs. 

Voici les noms des chanoines rencontrés au XVIIIème siècle :

François Maubec, mentionné en 1719, mort en 1726. 

Charles Pageot, mentionné en 1730. 

Pierre Le Pelletier, chanoine et chantre, mort en 1733. 

Jean de Lanoë, chanoine. 

Julien Bertin, chanoine, puis doyen en 1736, mort en 1762.

Louis-Alexandre Boubillon, chanoine et chantre, 1753. 

Joseph Bertho, vivant en 1760, mort en 1785. 

Jean-René Le Clainche, doyen en 1762, mort en 1767.

Charles-Jean Boyer, cité en 1760. 

Charles N. Bourdet, vivant en 1760 et 1785. 

N. Thébaud, mentionné en 1764. 

Théodore Prioul de la Toise, doyen en 1767, mort en 1784.

Pierre Brohan, chanoine et curé, mort en 1774. 

Louis Chevereux, chanoine, mort en 1769. 

Louis Lucas, pourvu en 1767. 

N. Bertho, cadet, cité en 1775. 

Jean-Mathurin Le Gal, pourvu en 1769. 

N. Le Franc, chanoine en 17... 

Barnabé Evain, de Bains. 

Jean-.Baptiste Maury, doyen en 1784, recteur de Pluherlin.

Yves-Joseph Malary, chanoine en 1785, démissionnaire. 

N. Gautier. 

Jean-Marie Merlet, curé de Rochefort. 

Julien Désalleurs. 

N. Guérard. 

Cette liste, péniblement formée, est encore bien incomplète. 

M. Jean-Baptiste Maury, mentionné ci-dessus, était originaire de Bains et avait été pourvu de la paroisse de Pluherlin en 1776. Jaloux de ses droits, il se plaignit des transactions anciennes, et au lieu de les déférer à l’autorité ecclésiastique il les dénonça au parlement. Celui-ci, toujours avide d’affaires pareilles, se mit à la place du pape et donna l’arrêt suivant, le 12 août 1784. 

« Entre Missire Jean-Baptiste Maury, recteur de la paroisse de Pluherlin-Rochefort, appelant comme d’abus d’ordonnance rendue par le R. P. en Dieu Louis de Vautorte, évêque de Vannes, le 8 octobre 1685, et d’autre ordonnance rendue par le R. P. en Dieu François d'Argouges, aussi évêque de Vannes, le 5 mars 1711, et demandeur en requête verbale à fin de rapport des arrêts de 1779 et 1782, Me Gohier avocat, d’une part ; et les doyen, chanoines et chapitre de l’église collégiale de Notre-Dame de la Tronchaie de la ville de Rochefort sous Pluherlin, intimés et défendeurs, Me Gerbier, avocat, d’autre part ; 

LA COUR, faisant droit dans l’appel comme d’abus... a rapporté les arrêts de 1779  et 1782, fait défense aux parties de Gerbier de s’en aider et servir ; dit qu’il y a abus dans les d. ordonnances de 1685 et 1711 ; en conséquence maintient les parties de Gohier dans le droit d’administrer les sacrements et de donner la sépulture aux chanoines de la collégiale, de faire la bénédiction des fonts baptismaux, de bénir le prédicateur, d’annoncer le jubilé et le Te Deum, de permettre aux prêtres étrangers de dire la messe dans la nef, d’y porter l’étole quand il le jugera à propos, ainsi que ses vicaires, d'y faire les processions dominicales, et généralement toutes les fonctions et cérémonies qui concernent l’église paroissiale ; — sauf au chapitre à exercer dans le choeur de l’église les fonctions et prérogative qui leur appartiennent, et à prendre dans les enterrements, quand il y assistera en corps, rang et séance au-dessus des prêtres de la trêve, à l’exception de celui qui fera la cérémonie, et à précéder le clergé de la paroisse et succursale, même le recteur et le curé, dans les cérémonies et processions ; 

Et faisant droit sur les conclusions du procureur général du roy, ordonne au recteur de Pluherlin de se conformer pour l’heure de la célébration des offices au règlement qui sera fait par le R. Evêque de Vannes, sans pouvoir troubler l’office canonial, sous quelque prétexte que ce soit » (Reg. 1784). 

M. Maury, si raide vis-à-vis du chapitre, accepta néanmoins avec plaisir la place de chanoine-doyen, qui lui fut offerte le 6 avril 1785 par la dame de Rochefort. Voici l’acte de sa prise de possession, qui renferme des détails inédits. 

« L’an 1785, le 11e jour d’avril, je soussigné, notaire du comté de Rochefort, certifie que sur la réquisition de noble et discret Messire Jean-Baptiste Maury, prêtre recteur de Pluherlin, je me suis transporté en l’église collégiale de Notre-Dame de la Tronchaye, pour rapporter acte de la possession que le d. sieur Maury entendait prendre de la dignité de doyen et chanoine de la d. collégiale, vacante par le décès de n. et d. Messire Théodore Prioul de la Toise, aux fins de la présentation faite au d. sieur Maury par Madame la marquise dé Nethumières le 6 de ce mois, et du visa lui accordé par M. Tranchant du Tret, vic. gén. le même jour ; où étant environ les 8 heures du matin, le d. sieur Maury a été mis en la réelle et actuelle possession du d. décanat et canonicat dans la forme et de la manière qui suit : Après les trois sons de la cloche à la manière accoustumée, un grand nombre de peuple de tout sexe rendu, le d. sieur Maury à genoux devant l’autel de saint Joseph, prés la porte du choeur, le chapitre, composé de MM. Bourdet, Le Franc, Evain, Merlet et Désalleurs, s’y est rendu en corps, précédé de la croix levée ; le d. sieur Bourdet, ancien chanoine, a donné lecture à haute et intelligible voix des d. actes de présentation et visa, et demandé s’il y avait quelqu’un qui eût moyen, de s’y opposer, sans qu’aucun se soit présenté pour y former opposition, le d. sieur Bourdet, ayant déclaré que le chapitre recevoit le d. sieur Maury, l’a revêtu d’un surplis et, lui a mis une aumuse sur le bras ; ensuite le d. chapitre l’a introduit processionnellement dans le choeur, en chantant le Te Deum, pendant la durée duquel le d. sieur Maury conduit par le d. sieur Bourdet, a monté à l’autel après s’y être agenouillé, et l’a baisé ; ensuite le d. sieur Bourdet lui a présenté l’évangile, sur lequel il a juré d’observer la fondation et les règlements du d. chapitre ; de là le d. sieur Bourdet l’a conduit dans la stalle du décanat, qui est la première dans le fond du choeur du côté de l’épître, où il s’est assis ; ensuite dans là sacristie, où il s’est assis dans la principale place du lieu capitulaire ; et revenant dans le choeur le d. sieur Bourdet a ôté. sa chape et l’a mise au d. sieur Maury, qui, le Te Deum fini, a dit l’oraison Deus cujus. Ensuite les d. chanoines sont rentrés dans la sacristie, pour rapporter acte de tout ce que devant sur le livre capitulaire ... », Le Cadre, notaire (Insinuat. XXII. 8.) 

Deux mois après, mourut Mme Marie-Françoise-Rose de Larlan de Kercadio, veuve de M. Paul-Charles Hay, marquis des Nétumières. « Le convoi fut fait par Mre J.-B. Maury, en sa qualité de recteur, depuis le château de Rochefort jusqu’à la porte du choeur du chapitre, et continué par le même dans le choeur, en sa qualité de doyen »

Le 25 octobre 1790, fut publiée à Vannes la constitution civile du clergé, qui supprimait les chapitres des églises cathédrales et collégiales, et bouleversait la discipline. C’est alors que les chanoines de Rochefort furent dépouillés et forcés de se disperser. 

Après la Révolution, M. Maury fut nommé recteur des Fougerets, M. Merlet de Pluherlin et M. Désalleurs de Billiers. 

 

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IV. NOTRE-DAME DE LA FOSSE.

Notre-Dame de la Fosse est le nom de l’église de Guémené.  Elle doit cette appellation à la fosse ou à la douve qui la sépare du château. Construite pour le service du château et de la ville, elle n’était pas paroissiale, mais elle dépendait du recteur de Locmalo. 

L’idée d’y établir une collégiale était venue à Louis IV de Rohan, seigneur de Guémené, de la Roche-Moysan, des Fiefs-de-Léon, de Tréfaven, de Lanvaux, de Montauban, de Montbazon, de Sainte-Maure, de Nouastre, de Condé-sur-Noireau, etc... Il avait déjà commencé l’assignation partielle de la dotation quand il mourut en 1527, dans un âge peu avancé, et fut inhumé à Notre-Dame. 

Sa veuve, Marie de Rohan, fille du vicomte Jean II et tutrice de son fils Louis V, reprit l’exécution du projet en 1529. L’acte de fondation n’a pas été retrouvé, mais on y supplée facilement par la bulle de confirmation du pape du 14 mars 1531 (N. S.). 

Cette fondation était pour un doyen ou prévôt, chef du chapitre, six chanoines, quatre chapelains, quatre enfants de choeur et un sacriste ; on y ajouta plus tard un maître particulier pour les enfants. 

La dotation primitive était une rente de 490 livres tournois, payable à Guémené, moitié à Noël et moitié à la Saint-Jean, et assise, savoir, 150 livres sur la terre de Guémené, 150 sûr la Roche-Moysan, 130 sur les Fiefs-de-Léon, et 60 sur Tréfaven ; plus tard cette rente fut portée à 600 livres. 

Le traitement du personnel était fixé à 55 livres pour le doyen, à 40 livres pour chacun des chanoines, à 25 livres pour chacun des chapelains, à 15 livres pour les petits choristes, et à 35 livres pour le sacriste, à la charge pour celui-ci de fournir deux cierges à l’autel, deux autres cierges au tombeau de Louis IV, de procurer l’encens nécessaire, de sonner les cloches, et de servir les ornements requis. Ces traitements furent augmentés dans la suite. 

Les obligations des chanoines, chapelains et choristes étaient de chanter tous les jours matines et laudes, avec une messe solennelle des morts et une absoute pour les fondateurs ; puis prime et tierce, la messe capitulaire avec diacre et sous-diacre, suivie de sexte et de none ; l’après-midi les vêpres des morts, avec un nocturne et laudes, et ensuite les vêpres du jour et complies. 

Les fondateurs se réservèrent à eux et à leurs successeurs le droit de présenter les chanoines et les chapelains, en reconnaissant à l’évêque diocésain le droit de les instituer.  Bien qu’il n’y eût rien de stipulé, les seigneurs de Guémené présentèrent toujours le recteur de Locmalo comme doyen du chapitre, afin d’éviter des rivalités et des conflits entre deux titulaires distincts. 

Telle était l’organisation de la collégiale de Guémené, fondée par Marie de Rohan et son fils Louis V, érigée canoniquement le 24 décembre 1529, par François de Salvagnes, docteur en droit et vicaire général de Laurent Pucci, cardinal du titre des Quatre-Couronnés, évêque de Préneste et administrateur de Vannes (Pr. 1. 989). L’établissement fut confirmé par une bulle du pape Clément VII, donnée à Rome le 14 mars 1531 (N. S.).

Les premiers chanoines furent MM. Jehan Havart, doyen ou prévôt et recteur de Locmalo, Léonard Lesné, recteur de Hauteville, François Le Roux, recteur, Pierre Tardivel, recteur, Guillaume Talfaut, chapelain de Saint-Jacques, Marc Le Berre et N.... Quand la fondatrice mourut en 1542, elle fut inhumée à côté de son mari. Son fils vécut jusqu’en 1557, et fut à, son tour enterré dans l’église de Notre-Dame de la Fosse. 

L’église comprenait alors : le choeur, réservé aux chanoines, la chapelle Saint-Jacques, la chapelle de Saint-Yves, et la nef servant aux fidèles ; il y avait de plus le long de la nef la grande chapelle de Saint-Antoine de Padoue, et au bas de cette chapelle la tour de l’église. 

Le chapitre était à peine constitué qu’il reçut diverses fondations, qui améliorèrent son sort. Dès 1525, M. Jacques Boutin, recteur le Condé-sur-Noireau, au diocèse de Coutances, avait laissé entre les mains du sire de Guémené une somme de 1.000 livres, et avait stipulé une rente annuelle de 25 livres sur ce capital, pour fonder deux messes par semaine à la chapelle de Saint-Jacques ; naturellement le service de cette fondation fut attribué aux chanoines. De même, en 1530, M. de Chef-du-Bois légua à Mme de Guémené la somme de 1100 livres monnaie, pour fonder une messe basse quotidienne et quatre obits par an à perpétuité, moyennant le paiement d’une rente annuelle de 55 livres ; ce service fut encore confié au chapitre. Plus tard la famille de Guémené s’affranchit de la rente, en payant le capital au chapitre. Beaucoup d’autres fondations d’obits ou de messes pour les morts, vinrent graduellement s’ajouter aux précédentes, et procurèrent aux chanoines quelques rentes en argent et même quelques pièces de terre. En 1612, le 6 décembre, le chapitre accepta du prince de Guémené le service de la chapellenie de Sainte-Christine, dont la dotation consistait en dîmes, levées à la onzième gerbe, sur certains quartiers des frairies de Sainte-Christine, de Rosulair, de Longueville, de Penhair et de Kergustang. 

Voici l’état du revenu assuré de la collégiale de Guémené, envoyé à Mgr l’évêque de Vannes, le 4 janvier 1756 :

La fondation principale : 600 livres.

Les fermes particulières, sujettes à réparations : 95 livres.

La dîme à la 11e gerbe des frairies de Locmalo : 600 livres.

Les obits et fondations : 1000 livres.

Total : 2295 livres.

De cette note si précise il faut rapprocher une déclaration faite au roi, le 4 février 1693. « Les chanoines et archiprêtres de l’église collégiale de Notre-Dame de la Fosse du Guémené déclarent : 

1 ° Que haute et puissante princesse Marie de Rohan, dame de Guémené, a fondé le chapitre en 1529, pour 17 personnes, scavoir, un doyen, six chanoines, quatre chapelains ou archiprestres, un sacristain, quatre enfants de choeur, et un maistre pour les instruire ; auxquels elle a donné la somme de six cents livres de rente annuelle et perpétuelle, pour estre distribuée entre eux, à condition que les gens du chapitre feroient, comme ils font actuellement, tous les jours, le service canonial, avec une grande messe, comme dans la Cathédrale de Vannes. 

2° De plus déclarent les d. sieurs qu’ils jouissent de quatre maisons avec leurs jardins, situées en la ville de Guémené, lesquelles maisons ils font valoir par leurs mains : la première appelée la maison de la Psallette, avec son jardin derrière, située entre les deux chemins qui conduisent de la ville aux moulins du d. Guémené ; la seconde, nommée la maison de Coeteven, située près la fontaine Gillette de cette ville, ouvrante au midy sur le chemin qui conduit à l’église de Notre-Dame de la Fosse ; la troisième, à présent entièrement ruinée, ouvrante au midy sur les douves et remparts du château du d. Guémené ; la quatrième également en ruine, au couchant de la précédente.

Remontrent aussi les d. sieurs du chapitre qu’ils ont esté contraints d’abandonner l’église collégiale, qui est interdite (depuis le 9 juillet 1697), parce qu’elle est ruinée, et dans laquelle on ne fait plus l’office canonial, mais dans la chapelle de l’hôtel-Dieu, les d. gens du chapitre n’estant pas en estat de retablir la d. église, n’ayant pas chacun 80 francs de gros, sur quoy ils sont chargés de messes et d’offices, et le chapitre n’ayant pas un sol de revenu à la manse capitulaire ny à la sacristie ». (G. Orig.).

L’église fut réparée quelque temps après, grâce sans doute au concours des seigneurs de Guémené et de la population, et l’office y fut rétabli. 

Quant aux messes fondées, dont les honoraires n’étaient plus payés ou dont la rétribution était devenue trop faible, Mgr Fagon en fit une réduction en 1721.

A cette époque, les membres du chapitre observaient les statuts, arrêtés par eux le 1er décembre 1719, et dont voici les principales dispositions : 

« Toutes les messes de fondations, tant à voix basse que chantées, seront dites par les MM. du chapitre, suivant leur rang de réception, à commencer par M. le doyen. 

Aux fêtes solennelles pendant l’année, M. l’ancien chanoine fera tous les offices, en l’absence de M. le doyen, et même M. le doyen présent, aux fêtes de la Circoncision, des Rois, de l'Annonciation, des Rameaux, de l'Ascension, de la Nativité et de la Conception. 

Le livre de la pointe sera renouvelé et exactement observé suivant l’usage ancien. Les MM. du chapitre, qui auront atteint l’âge de 60 ans, pourront s’exempter d’assister à Matines, sans qu’ils soient piquables. 

Le semainier sera obligé d’annoncer dans la sacristie tous les obits et fondations qui arrivent pendant sa semaine, et d’avertir même les prêtres qui doivent les desservir.  

Les MM. du chapitre, qui seront approuvés (par Mgr l’évêque) pour la confession, et admis à la cure par M. le doyen, seront obligés de faire les baptêmes par quartier, et de partager entre eux le casuel à la fin de chaque quartier.  

Outre cela, ils porteront pendant le d. quartier les sacrements d'Eucharistie et d'Extrême-Onction aux malades, feront les prônes en l’absence de M. le doyen, et rempliront avec exactitude les registres de baptêmes, mariages et sépultures.

Les messes des enterrements et services seront chantées au tour par les MM. du chapitre qui ont droit d’assistance, et même par les MM. hors de la cure et qui ne participent point au droit rectorial.

Les MM. du chapitre seront tenus et obligés d’assister aux enterrements, à quelque heure qu’ils soient faits, si mieux n’aiment prendre dies (vacance) ou subir la pointe » (Délib.);

La ville de Guémené formant une trêve importante, il était nécessaire pour le recteur de Locmalo de choisir ses coopérateurs dans le chapitre, et de fixer les charges et les avantages de ceux qu’il choisissait pour l’aider dans le ministère. Le concours des chanoines ne lui fit jamais défaut pour le service de la ville ; et une délibération du chapitre, du 12 janvier 1770, en fournit une nouvelle preuve, en indiquant les nombreux cas où ils étaient à la disposition du doyen et des habitants de la trêve. 

De son côté, l’évêque de Vannes intervint aussi pour faire, non des statuts, mais des règlements de détail. Ainsi le 2 août 1748, Mgr Charles-Jean de Bertin, évêque .de Vannes, étant en cours de visite à Guémené, ordonna ce qui suit : 

« 1° Les sieurs doyen et chanoines et archiprêtres se rendront tous les jours à l’église, le matin à 7 h. 1/2 depuis le 15 novembre, à 7 h. depuis le 15 janvier, à 6 h. depuis Pâques, et à 7 h. depuis le 1er octobre jusqu’au 15 novembre, pour y dire Matines, conformément à leur fondation, et personne ne pourra commencer avant l’heure sonnée, ni retarder après l’heure sonnée. 

2° Les matines et autres offices seront précédés de trois sons de cloches, avec un intervalle raisonnable entre les d. sons, et le troisième sera assez long pour que les sieurs du chapitre et le peuple puissent se rendre à l’église. 

3° On chantera la messe, les jours de dimanches et festes à 10 h. ; les deux chanoines moins anciens présents feront les fonctions de diacre et sous-diacre, lorsqu’il ne se trouvera pas d’archiprêtres. 

4° Les sieurs doyen, chanoines et archiprêtres prendront leurs arrangements de façon qu’il y ait deux messes dans la d. église, les jours de dimanches et festes, outre la grande messe... Et pour éviter qu’il ne se trouvent dans l’impossibilité de remplir le présent article, il est expressément défendu à chacun de s’engager à desservir aucune chapelle, surtout à la campagne, que par une permission positive et par écrit du chapitre, à cause du service de la ville. 

5° On fera incessamment un cartulaire (tableau) des obits et fondations, qui sera exposé dans la sacristie, conformément à la réduction faite par Mgr Fagon, notre prédécesseur, dans son ordonnance de visite à Guémené, le 21 juin 1721. 

6° Les chapitres se tiendront exactement le premier vendredi de chaque mois, et il en sera fait mention sur le registre capitulaire, quand même il n’y auroit rien de décidé.

7° Les sieurs doyen, chanoines et archiprêtres rétabliront, à commencer de dimanche prochain, l’usage de la pointe, qui a été négligé et omis par un abus intolérable. 

8° Les jours de dimanches et fêtes, il y aura au moins quatre cierges allumés sur l’autel, pendant la grande messe et les vespres, afin que quand les enfants de choeur en prennent deux pour assister le diacre à l’évangile ou le célébrant au magnificat, l’autel ne soit point dépourvu de luminaire. 

9° Nous ordonnons aux différents membres du chapitre, qui sont actuellement saisis des registres, titres, contrats et autres papiers concernant le dit chapitre, de s’en dessaisir incessamment et de les remettre dans les archives... 

10° Nous enjoignons au sieur doyen, ou au plus ancien chanoine en son absence, de veiller à ce que chacun des membres du d. chapitre assiste aux offices avec la décence convenable, d’admonester ceux qui seroient en défaut sur ce point ; et en cas de mépris, d’opiniâtreté ou de révolte de leur part, de citer en plein chapitre les coupables, pour être mulctés de trois livres, applicables à l’hôpital ; et en cas de récidive, le coupable sera condamné par le chapitre à assister au moins pendant trois jours, aux offices à genoux sous la lampe et sans habit de choeur » (Délib. p. 88). 

Voici comment le même évêque régla, le 22 juillet 1752, la question si complexe de la procession de la Fête-Dieu. « La procession du Saint-Sacrement partira de Locmalo assez de bonne heure pour se trouver sur les 9 h. du matin à la chapelle de Saint-Joseph (hôpital), où le chapitre se trouvera pareillement, d’où il accompagnera le Saint-Sacrement dans les différentes stations qui sont d’usage dans la ville de Guémené, lesquelles seront terminées par la station qui se fera sur l’autel du choeur de l’église collégiale de Notre-Dame de la Fosse, d’où, après une antienne, verset et oraison, le Saint-Sacrement sera rapporté et accompagné par le chapitre jusqu'à la même chapelle de Saint-Joseph, d’où la procession se rendra à l’église de Locmalo, et le chapitre ira commencer la grande messe dans son église, avec l’exposition du Saint-Sacrement, suivant l’usage. Et attendu que le sieur doyen du chapitre est en même temps recteur de la paroisse de Locmalo, il lui sera libre de porter le Saint-Sacrement pendant le total de la procession, même jusqu’à son retour à Locmalo, auquel cas le plus ancien des chanoines célébrera la grande messe dans l’église collégiale, en rentrant après la procession ; si le sieur doyen préfère se réserver la célébration de la d. messe canoniale, il lui sera libre de remettre, dans la chapelle de Saint-Joseph, le très Saint-Sacrement à son curé ou vicaire, qui terminera la procession à Locmalo, pendant que le sieur doyen, à la tête du chapitre, reviendra célébrer la messe canoniale : le tout ainsi réglé, pour que l’heure de la messe ne soit pas retardée jusqu’après la procession. Et au cas d’absence du sieur doyen, son vicaire ou curé commencera la procession, qu’il fera à la même heure, jusqu’à la chapelle de Saint-Joseph, où, après l’oraison par lui dite, le plus ancien des chanoines prendra le Saint-Sacrement et continuera la procession, comme il est marqué cy-dessus, jusqu’à ce qu’il ait rapporté le Saint-Sacrement à la d. chapelle de Saint-Joseph, où, après que le d. chanoine aura dit l’oraison, le sieur curé ou vicaire le prendra pour terminer la procession à Locmalo » (G. Délib. p. 101).

PERSONNEL. 

Le personnel de la collégiale de Guémené comprenait, comme on l’a vu, un doyen, 6 chanoines, 4 archiprêtres, 4 enfants de choeur, un maître de psallette et un sacristain. Il ne peut être question ici des simples employés, mais seulement des chanoines et des archiprêtres, et comme ces derniers devenaient presque toujours chanoines, il suffit de dresser la liste des chanoines pour éviter des répétitions inutiles. 

Voici donc la liste chronologique des chanoines connus : il y a très peu de lacunes : 

Jehan Havart, doyen de Guémené et recteur d e Locmalo, 1530. 

Léonard Lesné, recteur de Hauteville, 1530. 

François Le Roux, recteur et chanoine, 1530. 

Pierre Tardivel, recteur et chanoine, 1530. 

Guillaume Talfaut, chapelain de Saint-Jacques 1530. 

Marc Le Berre, chanoine mentionné en 1530. 

N... 

Jehan Daniélo, archidiacre, doyen et recteur, mort en 1540.

Louis de la Jaille, doyen et recteur, mentionné en 1541. 

Etienne Le Bloay, doyen et recteur, mort en 1552. 

Jehan Allioux, chanoine, recteur de Hauteville, mort en 1556.

Gilles Léauter, chanoine.

N. de Brohant, doyen et recteur, 1552-1569. 

Jehan Nicolic, chanoine, 1565, recteur de Meslan. 

Henri Léauter, chanoine, 1565. 

Jehan Cloérec, chanoine, recteur de Laniscat, Ploerdut.

N. Thomas, chanoine, 1565. 

N. Loys, chanoine, 1565. 

Louis Jacob,. chanoine, 1565. 

Pierre Jacob, doyen et recteur en 1569, mort en 1578. 

Guillaume Bargaign, chanoine, 1580-1614. 

Jehan Pippec, chanoine, 1580.

Guillaume Maistre, chanoine, 1580. 

François Guégan, doyen et recteur en 1578, mort en 1596.

François Le Gal, chanoine, 1580. 

Pierre Du fou, chanoine, 1580, recteur de Lignol, 1593-1606. 

Yves Le Moign, chanoine, 1585, 1587. 

Jean Guillou, chanoine, 1587, 1607. 

Guillaume Mo rien, chanoine, 1592, 1607.

Louis Le Coguic, doyen et recteur en 1596, démissionnaire en 1597.

Bertrand de Beaucours, doyen et recteur, 1597-1610. 

Jean Symon, chanoine. 1597, 1614. 

Augustin Croézer, chanoine, 1607, 1628. 

François Le Bras, chanoine, 1614, 1628, 1636. 

Guillaume Le Prestre, doyen et recteur, 1610, évêque Corn. 1614. 

Alain Hamon, chanoine, 1614, 1647, 1653. 

Guillaume Thomas, doyen et recteur, 1615-1628. 

Yves Le Pontho, chanoine, 1628, 1647, 1652. 

Paul Bescond, chanoine, 1628, 1653. 

Pierre Guesdon, chanoine, 1628, 1658. 

Jean de Lescoet, doyen et recteur, 1628-1630. 

Julien Huchet, doyen, et recteur, 1630-1635. 

Grégoire Huchet, doyen et recteur, 1635-16.. . 

Jean Quenderff, chanoine, 1636, 1653, 1661. 

François Hervé, chanoine, 1645, doyen et recteur, 1660-1668. 

François Nicolic, chanoine, 1652. 

Jean Le Mouel, chanoine, 1658. 

Alain Le Corre, chanoine 1661. 

François Janno, chanoine, 1663. 

Olivier Boettar, chanoine, 1665.

François Guillou, chanoine, 1667.

Jean Le Gingant, chanoine, 1668, mort en 1693. 

Pierre Raguideau, doyen et recteur, 1668-1695.

Julien Guillou, chanoine, 1670. 

Henri Thomas, chanoine, 1672. 

Alain Hénauff, chanoine, 1674.

Henri-Isidore de la Châsse, chanoine, 1680, doyen de 1695 à 1719, décédé en 1726.

Yves-René de Launay, chanoine 1683, démissionnaire en 1703. 

François de la Châsse, chanoine 16..., mort en 1714. 

Louis Raguideau, chanoine, 1685.

Jean Hervé, chanoine 1692, mort en 1699. 

Jean Le Tohic, chanoine 1693, mort en 1709. 

Mathurin de la Serpaudaye, chanoine, 1693-1695, démissionnaire.

Joseph Bobony, chanoine, 1696-1700, démissionnaire.

Grégoire Corbet, chanoine en 16..., mort en 1722. 

Joseph Gelloux, chanoine, 1699, mort en 1718. 

Michel Lair, chanoine en 1700, mort en 1738. 

Alain Glévic, chanoine en 1703, mort en 1734. 

Charles-Jh. Le Corre, chanoine en 1709, doyen en 1719-1738, mort en 1740. 

Henri Le Coustumer, chanoine en 1714, mort en 1729. 

Louis Le Bray, chanoine en 1718, mort en 1721. 

Joseph Cadoret, chanoine en 1721, mort en 1759. 

Pierre Josseaume, chanoine en 1722, mort en 1740. 

Yves Amice, chanoine en 1726, mort en 1748. 

Vincent Herpe, chanoine en 1729, mort en 1751. 

Thomas Le Cunff, chanoine en 1735, à Plouray en 1738. 

Pierre Le Gelloux, chanoine en 1738, mort en 1747. 

Joseph Henrio, chanoine en 1738, mort en 1757. 

Antoine Morin de Trégu, doyen et recteur, 1738, démissionnaire en 1745. 

Pierre de Launay, chanoine en 1741, à Persquen en 1745. 

Joseph Le Gruyer de Kervanduc, doyen et recteur, 1745-1793.  

Michel Le Diséh, chanoine en 1745, mort. en 1762.

René Mallard, chanoine en 1748, mort en 1751.

Ignace Hervé, chanoine. en 1751, démissionnare en 1752. 

Marc Raoult, chanoine en 1751, à Persquen en 1764. 

Jean-Baptiste Quémar, chanoine en 1751, mort en 1771. 

Sylvestre Quémar, chanoine en 1753, démissionnaire en 1758. 

Jean-Jacques Hervé, chanoine en 1758, démissionnaire en 1758. 

Thomas Le Cunff (2ème), chanoine en 1759, mort en 1770. 

Jean Le Bouguennec, chanoine en 1761, mort en 1774.

Joseph-René Le Tallec, chanoine en 1762, mort en 1783. 

René Ropert, chanoine en 1765, mort en 1785. 

Valentin-Aug. Le Briz, chanoine en 1771. 

Louis Le Divelec, chanoine en 1772, démissionnaire en 177. . 

Ambroise Hervé, chanoine en 1774, parti en 1783. 

Louis Fouillen, chanoine en 1774, mort en 1786. 

Aucune nomination n’ayant été faite depuis 1774, des vides se produisirent bientôt dans le chapitre. 

Quelle était la cause de ce. dépérissement de la collégiale ? Le manque de ressources suffisantes. La famille de Guémené avait sans douté assigné au chapitre une rente de 600 livres par an et l’avait fidèlement payée jusqu’en 1783 ; des fondations et d’autres rentes étaient venues s’ajouter à ce capital. Mais ces divers revenus étaient presque tous payés en argent, et l’argent perdant continuellement sa valeur relative par le renchérissement des denrées et des objets de première nécessité, les chanoines et les archiprêtres de Guémené en arrivèrent, vers 1750, à ne plus pouvoir vivre selon leur état.  Après y avoir longuement réfléchi, ils pensèrent que le meilleur moyen à prendre était de faire une réduction du personnel, c’est-à-dire de supprimer un ou deux canonicats et les quatre archiprêtrises et de les remplacer par des chantres gagistes. Ils s’en ouvrirent à l’évêque, et celui-ci finit par signer l’ordonnance suivante, le 18 octobre 1757. 

« Charles-Jean de Bertin, par la permission de Dieu et la grâce du Saint-Siège apostolique, évêque de Vannes, conseiller du roy en ses conseils, à tous ceux qui les présentes lettres verront, salut. Vu la requête, à nous présentée par les sieurs doyen et chanoines de l’église collégiale de Notre-Dame de la Fosse de Guémené en notre diocèse, tendante à ce qu’il nous plaise, pour les raisons y contenues, procéder à la suppression des quatre archiprêtrises et des deux premiers canonicats vacants, et à l’union des prieurés de Saint-Gouziern de l'isle de Groix et de la chapellenie de Saint-Symphorien en Locmalo au chapitre de Guémené ; ce faisant, incorporer les fruits, revenus et dépendances des d. bénéfices à la collégiale, la dite requête expédiée le 30 juin 1756.... 

L’acte par lequel le sieur Chardel , procureur fiscal de Guémené, chargé de la procuration du conseil de curatelle de M. le Prince de Guémené, en date du 26 avril 1757, consent en vertu des pouvoirs lui donnés par la d. procuration, à la suppression des quatre archiprêtrises et du canonicat vacant par la mort du feu sieur Henrio, et que les revenus y attachés tournent au profit du d. chapitre... Le tout vû et murement considéré. 

Nous, après avoir invoqué le saint Nom de Dieu, avons éteint et éteignons, supprimé et supprimons les titres des quatre archiprêtrises et du canonicat vacant par la mort du sieur Henrio, et en conséquence avons uni et unissons à l’église collégiale et chapitre du Guémené les fruits et revenus du d. canonicat et des quatre archiprêtrises, et tout ce qui en dépend et peut y appartenir ; sans cependant prétendre déroger pour toujours au nombre prescrit par la fondation, ni vouloir que les sieurs doyen et chanoines se dispensent de dire et célébrer chaque jour au choeur Matines, Prime, Tierce, Sexte None, Vêpres et Complies, comme ils y sont tenus par la fondation ; 

Voulons au contraire, ayant égard à la volonté des fondateurs et à la plus grande décence du service divin, que le septième canonicat et les quatre archiprêtrises puissent être rétablis au cas que le d. chapitre puisse dans la suite, de quelque manière que ce soit, fournir la subsistance nécessaire, scavoir à chacun des sept chanoines 500 livres et à chacun des quatre archiprêtres 300 livres par chacun an (total 4.700), quittes pour les uns et les autres de toutes charges, si ce n’est des messes qu’ils seront obligés de dire pour l’office canonial et autres fondations ; 

Ordonnons au dit chapitre que, pour l’intérêt des habitans de la ville de Guémené, il fasse dire à perpétuité, tous les dimanches et fêtes, outre la grande, deux messes basses, l’une à 7 heures et l’autre à 11 heures, dont les célébrants auront les intentions libres ; et faute au chapitre de les dire ou de les faire dire, nous voulons qu’il soit pris sur le revenu du canonicat et des archiprêtrises supprimés, et, au cas de leur rétablissement, sur les revenus les plus clairs du chapitre ; dix sols pour chaque messe de sept heures, et quinze sols pour chaque messe de onze heures, n’entendons point assujettir les desservants à l’intention des d. messes ; et enjoignons aux d.  sieurs doyen et chanoines d’employer, pendant que durera la d. suppression, en distributions quotidiennes, le restant des revenus du canonicat et des archiprêtrises. 

Avons sursis au surplus de prononcer sur les autres demandes portées dans la requête des sieurs doyen et chanoines, jusqu’à ce que les formalités prescrites aient été remplies pour le prieuré de Saint-Gouziern et la chapellenie de Saint-Symphorien.

Donné en cours de visite à Guémené, dans le lieu capitulaire, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contreseing du greffier des visites, le 18e jour du mois d’octobre 1757.  t  Charles-Jean, Evêque de Vannes. Par Monseigneur : Racouet, greffier des visites » (G. Délib. p. 134).

Cette réduction du personnel, imposée par la nécessité, était regrettable pour le culte : au lieu de onze prêtres pour chanter l’office au choeur, il n’en restait plus que six, et quand le célébrant était assisté d’un diacre et d’un sous-diacre à la messe solennelle, que restait-il au choeur ? — Trois seulement ; et encore en ne supposant aucun malade, ni aucun absent. 

Le chapitre ainsi réduit était en même temps témoin de quelques abus qui se commettaient dans son église. En cette même année 1757, il se plaignait au procureur général du parlement de voir mis à la porte du lieu saint le banc qu’il avait fait placer dans la nef pour assister aux prédications. De plus, dit-il, << la plupart des habitants, par un ancien abus, affectent, particulièrement les dimanches et fêtes, de remplir pendant le service divin les places du choeur destinées au chapitre, malgré la disposition de l’article 47 de l’édit de 1695. — Enfin la plupart de ces petits-maîtres se font suivre de leurs chiens jusque dans le choeur et maltraitent le bedeau, lorsque celui-ci, par le devoir de son état, chasse ces animaux hors de l’église ».

Le procureur général répondit que les habitants de la paroisse n’avaient aucun droit d’occuper les stalles du choeur destinées aux ecclésiastiques, et que la décence et le respect dû au temple du Seigneur exigeaient qu’on n’y souffrit ni chien ni aucun animal. (Délib.).

La réduction du personnel de la collégiale avait été sans doute regrettable, mais le service de la fondation avait été continué aussi bien que le permettaient les circonstances. Les choses restèrent en cet état pendant un quart de siècle environ. Une catastrophe financière vint alors tout arrêter. Le prince de Guémené, Henri-Louis-Marie de Rohan, fils de Jules-Hercule-Mériadec de Rohan-Guémené et de Marie-Louise de la Tour-de-Bouillon, né le 31 août 1745, avait épousé en 1761 sa cousine, Victoire-Armande de Rohan-Soubise, et avait reçu dès lors une partie des biens de son père en Bretagne. 

Vivant en grand seigneur, sans calculer ses dépenses, il aboutit en 1783 à un déficit de 34 millions : l’affaire s’ébruita et eut un immense retentissement. Son père vint à son secours ; la princesse de Guémené vendit pour 16 millions de ses biens personnels ; le prince vendit à l'Etat ses droits réguliers sur le port de Lorient, avec les seigneuries de Recouvrance, du Châtel et de Carman, pour 42 millions. 

Cette brèche faite dans la fortune des princes de Guémené eut pour résultat particulier d’arrêter la rente de 600 livres que la famille payait annuellement à la collégiale. Il n’y eut plus de nominations de chanoines. Sur les six membres qui composaient alors le chapitre, un mourut en 1783, un autre partit la même année, un troisième mourut en 1785, et un quatrième en 1786. Il n’en resta que deux pour affronter la Révolution. La loi de 1790, qui supprimait les chapitres des cathédrales et des collégiales, n’avait plus d’application à Guémené, mais les biens furent saisis et vendus nationalement. Ainsi une maison prébendale avec son jardin, et une masure avec son jardin furent adjugées, le 18 juin 1791, à M. Le Roch, pour la somme dérisoire de 538 livres ; trois pièces de terre furent cédées, le 21 août 1791, au sieur Ropert, pour 2,450 livres ; une maison, avec cour et écurie, fut vendue le 28 novembre 1791, à M. Le Gal, pour 435 livres ; enfin une maison prébendale avec jardin fut adjugée, le 22 juillet 1793, à M. Bellanger, pour 955 livres. 

(abbé Le Mené)

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