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Les Etats de Bretagne à VANNES

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Les Etats de Bretagne furent, dès le début de l'histoire de cette province, le conseil privé du duc, composé tout d'abord des évêques et des principaux seigneurs bretons.

Plus tard, ce conseil s'élargit et se régularisa. Les évêques, les abbés et les délégués des Chapitres cathédraux formèrent l'Ordre de l'Eglise ; toute personne qui pouvait faire preuve de noblesse authentique, entrait dans l'Ordre de la Noblesse ; enfin, un certain nombre de villes, une quarantaine, ne tardèrent pas à envoyer aux Etats des députés qui formèrent l'Ordre du Tiers.

Vannes fut une des villes qui donna le plus souvent l'hospitalité aux Etats de Bretagne, comme on va le constater. 

LES ETATS DE BRETAGNE A VANNES

Etats de Bretagne.

Avant la réunion de la Bretagne à la France.


Sous les ducs de Bretagne, les Etats qu'on appelait d'abord Parlement, n'eurent pas d'assises très régulières. Ils se réunissaient lorsque les raisons et les intérêts politiques le demandaient.

C'est ainsi que, en 1203, à la nouvelle de l'assassinat d'Arthur de Bretagne par le roi d'Angleterre, Jean sans Terre, les évêques et les barons de Bretagne s'assemblèrent à Vannes, « pour délibérer, dit Dom Lobineau, sur l'estat présent des affaires et sur le gouvernement de la province ». Ce semble avoir été la première tenue importante des Etats à Vannes.

A ces Etats, figurèrent les évêques de Rennes, de Nantes, de Léon, de Saint-Brieuc et de Quimper, et une cinquantaine de seigneurs bretons. Guy de Thouars, tuteur d'Alix, héritière présomptive du Duché, présida. Les Etats lui confièrent le gouvernement de la Bretagne et députèrent Pierre de Dinan, évêque de Rennes, et Richard, maréchal de Normandie, vers le roi de France, Philippe, « pour lui porter, comme au seigneur lige du roi Jean, les plaintes de la Bretagne, au sujet de la mort d'Artur, et pour le supplier de la vanger avec toute la sévérité que méritoit un crime si énorme » (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 189. — Dom Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. 132).

Aux Etats qui se tinrent à Vannes le 27 novembre 1332, le duc Jean III confirma la permission qu'il avait donnée à Jean de Derval, de porter ses armes écartelées de Bretagne et de Derval, en reconnaissance des services signalés rendus à l'Etat. Puis pour dédommager cette maison des terres que lui avaient enlevées les ducs précédents, et ainsi « décharger les âmes de ses prédécesseurs », il lui restitua une partie de ces terres (D. Lobineau, ibid., p. 308. — D Morice, ibid., t. I, p. 242).

Le duc Jean de Montfort réunit les Etats à Vannes, le 20 octobre 1365, pour imposer quelques nouveaux subsides sur les marchandises afin de relever les revenus du Domaine, diminués par les guerres, et pour recevoir l'hommage des seigneurs bretons. La formule d'hommage fut exigée en ces termes : « Vous vous avouez homme-lige de Monseigneur le Duc de Bretagne ci présent, et promettez lui garder foi et fidélité, et le servir envers et contre tous ceux qui peuvent vivre et mourir, plus proche à lui qu'à nul autre, et ainsi le garderez par vostre serment bien et fidellement ». Le seigneur devait répondre : « Ainsi le jure » (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 380-381. — D. Morice, ibidem, p. 319. Ces deux auteurs ne voudraient pas affirmer que ce fut à ces Etats que fut rendu cet hommage).

C'est à la suite des Etats de Vannes de 1387, tenus au château de la Motte, que le duc Jean de Montfort fit enfermer dans le château de l'Hermine, dont il terminait les constructions, le connétable de Clisson et les sires de Laval et de Beaumanoir (D. Lobineau, ibid., p. 459. — D. Morice, ibid., p. 398, Preuves, I, col. 59. Le château de la Motte était sur l'emplacement de l'Hôtel de France actuel).

A l'occasion de la querelle de la maison de Penthièvre contre le duc Jean V, celui-ci réunit les Etats à Vannes au mois de décembre 1408. Tous les évêques de Bretagne y assistèrent ainsi qu'un grand nombre de seigneurs. On y étudia les moyens de détacher le duc de Bourgogne du parti des Penthièvre, et dans ce but on députa vers ce duc l'évêque de Rennes et les sires de Chateaubriant, de Montafilant, de Coëtquen, et maître Jean Hodeau. Le résultat de cette députation fut la Paix fourrée de Chartres, ainsi appelée parce que, une fois la paix jurée, un fou du duc de Bourgogne, après avoir mis une fourrure à une paix d'autel, dit que cette paix fourrée était la paix de Chartres (D. Lobineau, ibid., p. 514, Preuves, col. 828. — D. Morice, p. 443-444, Preuves, t. II, col. 815).

Lorsque le duc Jean V eut été traîtreusement enlevé par le comte de Penthièvre, la duchesse de Bretagne convoqua à Vannes les Etats. Ce fut le 23 février 1420. Les évêques de Nantes, de Quimper et de Tréguier et les délégués des six autres évêques y assistaient. La duchesse, entourée de ses jeunes enfants, François et Pierre de Montfort, raconta, au milieu des sanglots, la trahison du comte de Penthièvre. Les seigneurs bretons « jurèrent sur la vraie croix qu'ils emploieroient leurs corps et leurs biens, jusqu'à mourir, s'il estoit besoin, pour cette querelle ». Et ils n'y manquèrent pas (D. Lobineau, ibid., p. 543-514. — D. Morice, ibid., 475).

Quelques mois après, en effet, la prise de Châteauceaux forçait le comte de Penthièvre à rendre la liberté au duc Jean V. Celui-ci, prêt à pardonner, exigea simplement que les Penthièvre comparussent aux Etats de Vannes pour faire amende honorable au Duc, en présence des prélats, des seigneurs et des députés du Tiers.

Cette tenue des Etats eut lieu vers la mi-septembre 1420. Pendant trois jours, on attendit en vain les Penthièvre, qui cependant s'étaient engagés à comparaître. Vu leur défaut, sur les conclusions du Procureur général, les Etats les jugèrent contumaces, ordonnèrent la saisie de leurs personnes et la confiscation de leurs biens. Ces Etats durèrent jusqu'au mois de décembre, et le duc y partagea les biens confisqués des Penthièvre entre ses fidèles serviteurs (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 551-552. — D. Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. 482, et suivantes).

Les Penthièvre furent de nouveau convoqués aux Etats assemblés à Vannes le 16 février 1421. Mais, encore une fois, ils firent défaut. En conséquence, les Etats déclarèrent que les Penthièvre n'étaient plus recevables à produire aucunes défenses ; ils les déclarèrent atteints et convaincus de félonie, de trahison et de lèse-majesté ; ils les condamnèrent à avoir la tête tranchée, comme traîtres envers leur seigneur-lige ; ordonnèrent que leurs têtes seraient exposées aux portes de Rennes, de Nantes et de Vannes ; les privèrent de tout honneur à perpétuité, du nom et des armes de Bretagne ; confisquèrent tous leurs biens au profit du duc, et enjoignirent à tout Breton qui rencontrerait un de ces criminels, de l'arrêter et de le faire conduire dans les prisons du Duc (D. Lobineau, ibid., p. 556. — D. Morice, ibid., p. 485).

Aux Etats de Vannes de février 1425, Jean V confirma l'acte de confiscation contre les Penthièvre, avec nouvel ordre à tous ses sujets de les arrêter là où ils les rencontreraient. On y publia diverses constitutions sur la Police, la Justice et le Commerce intérieur du duché. Il fut fait défense d'exporter des denrées en dehors de Bretagne sans permission du conseil du duc, afin de prévenir la cherté excessive des vivres (D. Lobineau, ibid., p. 565 ; — D. Morice, ibid. p. 494).

En 1451, le duc Pierre II présida une importante session des Etats dans la ville de Vannes, la première de son règne, sur laquelle subsistent de nombreux et intéressants détails. L'ouverture devait s'en faire le 24 mai. Mais ce jour se trouvant être la fête des saints Donatien et Rogatien, qu'une tradition populaire prétendait appartenir à la maison de Bretagne, le duc, par respect, remit l'ouverture au lendemain, défendant à quiconque, sous peine d'une amende de 60 livres, de pénétrer ce jour dans la salle des Etats.

L'ouverture n'eut donc lieu que le 25 mai. Le duc, au grand mécontentement des trois ordres réunis, se fit attendre, retenu qu'il était par la solution à donner sur la préséance discutée entre la maison de Laval et celle de Rohan.

Pierre II, en habit royal, fit enfin son entrée. Le comte de Richemont, connétable de France, s'assit à sa droite. Le vicomte de Rohan, baron de Léon, occupa la gauche qu'il devait céder le lendemain au comte de Laval, baron présomptif de Vitré, le duc s'étant prononcé pour l'alternative entre les deux seigneurs, jusqu'à ce que celui de Laval devint propriétaire de la baronnie de Vitré. A côté du vicomte de Rohan, prit place François de Rieux, baron d'Ancenis, puis les barons de Derval, de Malestroit et de Quintin, tout récemment promus à cette dignité (Note :  Sur la légende des neuf barons de Bretagne, voir A. de la Borderie, Etude historique sur les neuf barons de Bretagne, Rennes, Plihon-Hervé, 1895). Aux pieds du Duc s'assit le Président de Bretagne, ayant à sa gauche le sire de Guémené-Guingamp, lequel tenait sur un carreau le cercle ou couronne ducale. A la gauche du comte de Richemont, prirent place les prélats et d'abord Raoul de la Moussaye, évêque de Dol, le duc, pour trancher la difficulté de préséance entre cet évêque et celui de Rennes, ayant réglé que, jusqu'à plus ample informé, ces deux prélats auraient alternativement la préséance. Venaient ensuite les évêques de Rennes, de Quimper, de Vannes, de Saint-Brieuc, de Léon et de Tréguier. Ceux de Nantes et de Saint-Malo étaient absents. Puis c'étaient les abbés, et à leur tête ceux de Redon et de Saint-Melaine. Plus bas, s'assirent les conseillers laïcs du Parlement, les Bannerets, Bacheliers et seigneurs, quelques Prieurs conventuels, les députés des chapitres des neuf cathédrales et ceux de 21 bonnes villes de Bretagne.

Outre les discussions des comtes de Rohan et de Laval, et des évêques de Dol et de Rennes, sur la préséance, d'autres protestations s'élevèrent sur le même point ; mais le duc y mit fin en promettant de faire droit à chacun en temps et lieu. Chacun mis en place, le chancelier dit : « Que le duc reconnaissant qu'il tenoit sa principauté de Dieu pour rendre justice à chacun selon son droit, avoit assigné ce Parlement pour faire juger les appels des juridictions subalternes, afin que Dieu et le monde fussent contens de lui ; et qu'il espéroit le faire tenir et continuer si assidûment au tems à venir, que le bon droit de ses sujets ne seroit point retardé par défaut de justice ».

A la demande de l'évêque, du chapitre et des habitants de Vannes, Pierre II accorda exemption de tout impôt, leur vie durant, aux teinturiers, bonnetiers, tisserands, brodeurs et autres ouvriers en drap, que la guerre avait chassés de leur pays natal et qui désiraient s'établir à Vannes. Il publia une loi interdisant de jurer « par aucune partie de l'humanité du Sauveur, comme par la teste, les yeux, les bras ni autres membres ; de le renier ou de se donner, au diable, et cela sous de très grosses peines ».

Le bon duc s'intéressa spécialement aux pauvres ; il ordonna aux procureurs de plaider gratuitement leurs causes. Il régla les fonctions des notaires et les salaires des avocats, ordonnant que ceux-ci fussent contraints de plaider les causes pour cinq sols. Il fixa que la mesure de la lieue serait celle établie par le Président de l'Hôpital, à savoir : une corde de 120 pieds prise 120 fois, c'est-à-dire 2.880 pas géométriques de cinq pieds chacun. Enfin, il déclara qu'il ne ferait aucun changement dans la monnaie noire et blanche ayant cours en Bretagne.

Ce fut pendant ces Etats que le pieux Prince défendit que le corps de saint Vincent Ferrier fût jamais enlevé de l'église cathédrale de Vannes, par respect pour la mémoire de la Duchesse, sa mère, qui, professant une dévotion particulière envers le saint apôtre, avait voulu être enterrée dans son église. En même temps, le 31 mai, il fondait dans la même église une messe pour le repos de l'âme de son malheureux frère, Gilles de Bretagne, laquelle devait être dite tous les mois, un samedi, jour où il avait été assassiné.

Le 21 décembre, après sept mois de séance, se terminèrent ces assises, pendant lesquelles le duc Pierre II fit preuve de grandes qualités d'esprit et de coeur. Cependant elles recommencèrent le second lundi de carême 1425, et prirent fin le 22 mars (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 649, et suivantes ; — D. Morice, Histoire de Bretagne, t. II, p. 42 et suivantes ; Preuves, t. II, col. 1568 et suivantes).

Les Etats de 1455 eurent un caractère particulièrement solennel. Pierre II les convoqua pour assister aux fiançailles de Marguerite de Bretagne, fille du défunt duc François Ier, avec le comte d'Estampes, François de Bretagne.

Le duc en fit l'ouverture, le 13 novembre, dans la grande salle des Halles de Vannes. Il y entra, vêtu d'une grande robe traînante, de drap d'or, accompagné du comte d'Estampes, également en habit royal, qui prit place près du duc sur un siège plus bas que le sien, mais plus élevé que celui des barons. Le président de Bretagne, l'Oaisel, avait revêtu une longue robe et une toque de velours. Le sire de Blossac portait l'épée et le chapeau d'armes du duc. Avec les barons, assistaient les neuf évêques, ainsi que les députés des Chapitres et des bonnes villes de Bretagne. Pour le placement, l'ordre fut à peu près le même qu'en 1451, malgré les nombreuses protestations des uns et des autres. Le duc déclara ne vouloir porter préjudice à personne, et on exigea le silence, sous peine d'amende. Alors le chancelier de la Rivière et l'évêque de Nantes donnèrent les raisons de cette réunion des Etats : gérer les intérêts du duché et surtout exécuter les volontés testamentaires du duc François en ce qui concernait le mariage de sa fille Marguerite avec le comte d'Estampes. Les seigneurs, parents de Marguerite, consultés, déclarèrent qu'il convenait d'observer les dernières volontés du feu duc, et les Etats, par la bouche du sénéchal de Rennes et du président de Bretagne, se rangèrent à ce sentiment. Le comte d'Estampes acquiesçant à cette alliance et le duc y donnant son consentement, la duchesse Françoise, femme du duc régnant, et la duchesse Ysabeau, mère de la fiancée, entrèrent dans le parquet avec Marguerite de Bretagne, sa soeur Marie et une nombreuse suite de dames et damoiselles. Le comte d'Estampes descendit alors dans le parquet où l'évêque de Nantes le fiança à Marguerite, aux applaudissements chaleureux des Etats. Le duc décréta le mariage de bouche, et le président par arrêt, avec confirmation par les Etats. L'arrêt spécifiait que, selon l'usage du pays, Marguerite de Bretagne ne pourrait succéder au duché, tant qu'il y aurait des mâles issus de la maison des ducs.

Le 15 novembre, les Etats, assemblés aux Cordeliers, approuvèrent le mariage de la seconde fille du défunt duc, Marie de Bretagne, avec Jean de Rohan. Le lendemain, furent célébrées, dans la chapelle des Lices, les épousailles du comte d'Estampes et de Marguerite, par l'évêque de Nantes, Guillaume de Malestroit, en présence du duc, des duchesses, des évêques et des principaux seigneurs et dames de Bretagne. « Marguerite de Bretagne, dit Dom Lobineau, parut avec éclat dans cette cérémonie. Elle étoit couronnée d'un cercle d'or enrichi de pierreries, sur une coiffe de fils d'or semée de grosses perles ; son collier étoit enrichi des plus belles pierreries ; son habit estoit un corset de velours cramoisi fourré d'hermines, avec une grande robe traînante, soutenue par Mme de Penhoet en corset d'écarlate, et après elle marchoient Mme de Kaer et l'admirale. Quand il fallut aller à l'offrande, le duc y mena la jeune princesse. L'admiral de Bueil tint le cierge du comte d'Estampes, et le sire du Gavre celui de la Princesse. La livrée du duc était de satin et damas violet fourré d'agneaux noirs ; celle du comte d'Estampes de même estoffe, fourrée de gris. Il y eut un certain nombre de gentilshommes qui la portèrent d'écarlatte fourrée d'agneaux noirs ; et le lendemain tout le monde fut habillé de damas gris. La duchesse et huit autres dames estoient parées de floquarts, et portoient de grosses chaînes d'or au cou ; la duchesse avoit une robe à fleurons d'or sur un fonds cramoisi, fourrée de martes, et les autres des robes de velours ou de satin cramoisi ». Après la cérémonie religieuse, le Duc donna un grand dîner au château de l'Hermine, suivi d'un bal qui commença à 4 heures et dura jusqu'à la nuit. Le lendemain, commença le tournoi qui se continua les trois jours suivants. C'est par cette cérémonie et ces fêtes que se terminèrent les Etats de 1445 (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 658 et suivantes ; — D. Morice, Histoire de Bretagne, t. II, p. 51 et suivantes ; Preuves, t. II, col. 1670).

En 1458, François, comte d'Estampes, époux de Marguerite de Bretagne, devint duc de Bretagne par la mort d'Artur III, (comte de Richemont). Il prit le nom de François II. En juillet 1459 et l'année suivante, il convoqua les Etats à Vannes (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 672 et 675 ; D. Morice, Histoire de Bretagne, t. II. p. 72). A ces deux sessions il ne se passa rien de remarquable. 

Il n'en fut pas de même des Etats qui s'ouvrirent le 14 juin 1462, dans la salle des Halles de Vannes. L'entrée du duc François II se fit de la façon la plus solennelle. Il sortit du château de l'Hermine, revêtu du grand manteau royal, fourré d'hermines, dont les deux côtés étaient relevés par le comte de Laval et le sire de la Roche-Bernard, et la queue portée par le sire de Derval. Il était précédé de ses archers, aux costumes enrichis de broderie d'or et d'argent, des trompettes et autres menestriers ; d'une foule de héraults et autres officiers d'armes, à la cotte chargée des armes de leurs maîtres en broderie ou en émail ; puis des gentilshommes de la maison du duc, des évêques, des abbés, des sergents d'armes et huissiers armés de la masse ou de la baguette. Et, immédiatement avant le duc, le sire de Québriac, premier écuyer, portant le chapeau de parement de l'écurie et l'épée du duc, enrichie d'or et de pierreries ; le sire du Pont-l'Abbé, représentant le trop jeune sire de Guemené-Guingamp, portant le cercle royal du duc sur un carreau garni de pierreries ; Guyon de Quelennec, tenant sur riche bâton le bonnet ducal fourré d'hermines. Derrière le duc, marchaient le chancelier en habit royal, le maréchal de Bretagne (seigneur de Malestroit), l'amiral (vicomte du Fou), le grand maître d'hôtel (Tanneguy du Chastel), et un grand nombre de conseillers, barons et autres membres des Etats.

Le duc s'assit sur le trône élevé dans la salle des Etats. A sa droite prirent place le chancelier Chauvin et les évêques de Saint-Malo et de Vannes — les autres prélats étant absents pour cause d'affaires ou de maladie ; à sa gauche, s'assirent le comte de Laval et les autres barons. Comme toujours, l'assignation des places à chacun donna lieu à de nombreuses protestations qu'on enregistra. En cette tenue, François II publia une Constitution qui renouvelait les ordonnances de Pierre II, spécialement en ce qui concernait les blasphémateurs, les avocats et les notaires. Il ordonna que les auteurs de faux seraient, pour la première fois, bastonnés au pilori par le bourreau, auraient la main droite coupée et perdraient tous leurs biens meubles ; la seconde fois ils seraient pendus et étranglés au gibet. Les faux témoins devaient être fouettés par trois jours de marché, battus au pilori, amputés d'une oreille et privés de leurs biens meubles ; s'il y avait récidive, ils devaient être pendus (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 679 ; — D. Morice, Histoire de Bretagne, t. II, p. 79 ; — Preuves, t. III, col. 1-19).

Notons au passage les Etats de Vannes de 1478, pendant lesquels se continua le différend du vicomte de Rohan et du comte de Laval sur la préséance, et ceux de septembre 1480, où ne se passa rien de notable.

Le 25 janvier 1477, était née Anne de Bretagne, fille du duc François II, lequel mourut en 1488. Les premiers Etats de Vannes dont il soit question, sous le règne de la duchesse Anne, se tinrent en 1490. On n'y note rien d'important.

Charles VIII, roi de France, après avoir conclu un traité de paix avec la duchesse, à Laval, en octobre 1491, convoqua lui-même les Etats à Vannes pour le 8 novembre, et y envoya des commissaires avec ordre de demander pour cette année un fouage de six livres six sous par feu (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 814 ; — D. Morice, Histoire de Bretagne, t. II, p. 210).

Un mois après, Charles VIII épousait la duchesse Anne. C'était le premier pas vers la réunion de la Bretagne à la France. Charles VIII étant mort le 7 avril 1498, la duchesse Anne épousa Louis XII, le 8 janvier 1499.

C'est aux Etats convoqués par Louis XII à Vannes, le 25 septembre 1501, que les Commissaires du Roi firent connaître le traité de mariage conclu entre la jeune princesse Claude, née le 14 octobre précédent, avec le duc de Luxembourg, mariage qui d'ailleurs n'eut pas lieu. Le roi s'excusa, ainsi que la reine, d'être empêché par la guerre de venir visiter ses bons sujets de Bretagne. Il fit demander par ses commissaires une imposition de quatre livres par feu, consentant, pour le soulagement du peuple, qu'on exemptât de cet impôt deux mille feux, en faveur des plus pauvres de la province (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 828 ; — D. Morice, Histoire de Bretagne, t. II, p. 232 ; Preuves, t. III, col. 847).

Anne de Bretagne mourut le 9 janvier 1514 ; son époux, Louis XII, confia l'administration de la Bretagne à François, comte d'Angoulême, mari de Claude, fille aînée d'Anne et héritière de cette province. Louis XII étant mort peu après (1515), le comte d'Angoulême lui succéda sur le trône de France, sous le nom de François Ier.

Après la mort de la reine Claude, arrivée le 20 juillet 1524, François Ier pensa à réunir la Bretagne à la France.

C'est aux Etats tenus à Vannes, au mois d'août 1532, que se conclut cette union. M. de Montjean les présida, comme commissaire du roi. Il y eut sur le projet de réunion de vives discussions. Les opposants virent dans ce projet la ruine de la province dont les privilèges seraient bientôt méprisés, les populations vexées, la noblesse attirée hors de la province et les bénéfices conférés à des étrangers. Les partisans de l'union, de leur côté, montrèrent les avantages : une paix solide et durable pour la Bretagne, cette province n'étant plus exposée à devenir la proie alternative de la France et de l'Angleterre. Les Etats se rendirent à ces raisons. Mais le commissaire du roi obtint plus difficilement que, selon le désir de François Ier, les Etats demandassent eux-mêmes cette union. Enfin, ils s'y soumirent dans une requête, en date du 4 août, intitulée : Au roi nostre souverain seigneur, usufructuaire de ce pais et duché de Bretagne, père et légitime administrateur de Monseigneur le Daufin duc et propriétaire dudit duché.

Les Etats demandaient, entre autres choses, que le Dauphin leur duc, fit son entrée solennelle à Rennes, comme duc et prince propriétaire du duché ; qu'il plût au roi d'unir perpétuellement le duché de Bretagne au royaume de France, afin qu'il n'y eût plus de guerre entre ces deux pays, à condition cependant que le roi maintiendrait les droits, libertés et privilèges du duché, comme ses prédécesseurs rois de France et ducs de Bretagne les avaient maintenus, et que le Dauphin le jurerait de même à son entrée.

François Ier accorda tout, et la Bretagne fut dès lors unie pour toujours à la couronne de France, dont elle forma le plus beau fleuron (D. Lobineau, Histoire de Bretagne, p. 842 et suivantes. — Morice, Histoire de Bretagne, t. II, p. 252 et suivantes).

(Voir Bretagne : Vannes Les États de 1532 à Vannes et l’Union de la Bretagne à la France).


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Après la réunion de la Bretagne à la France.

Les premiers Etats qui, à notre connaissance, se réunirent à Vannes, sous le nouveau régime, furent ceux de 1567. Ils tinrent leurs séances dans la salle des Cordeliers. Les évêques de Rennes et de Vannes assistaient ; les évêques de Dol, de Nantes, de Saint-Malo et de Quimper s'étaient fait représenter.  En tout : 10 membres de l'ordre de l'Eglise ; 32 de la noblesse et 18 du Tiers-etat. Le vicomte de Martigues, gouverneur de. Bretagne, représentait le roi Charles IX ; il pria l'évêque de Rennes de présider les Etats, ce à quoi consentit l'évêque de Vannes par déférence pour le gouverneur. L'assemblée se plaignit que, contre tout droit, on eût emporté à Paris les archives des Etats (Note : On lit en effet, en tête du premier registre déposé à la Bibliothèque nationale, (ms. fr. 22.314) : « Registre des Estats de Bretaigne faict et tenu par Guillaume Meneust, greffier d'iceux, commencé à Vennes lesdits Etats tenans en septembre 1567, par ce que le premier et précédent fut porté à Paris par le Commissaires à ce députez par le roi en l'an 1566 ». On ignore ce qu'est devenu ce premier registre et ce qu'il contenait). Les Etats de 1567 prirent fin le 28 septembre (Archives d'Ille-et-Vilaine ; Reg. C. 2.640).  

Charles IX, roi de France, convoqua des Etats extraordinaires à Vannes le 6 mars 1572. Ils ne durèrent que trois jours, du 6 au 9 mars. Etaient présents : 

De l'Eglise : Messire Philippe du Bec, évêque de Nantes, qui présida ces Etats ; François Thomé, abbé de la Vieuxville ; Jean de Quilfistre, « abbé de Saint-Guédas », (Saint-Gildas-de-Rhuys) ; l'official de Saint-Malo, représentant l'évêque et le chapitre de ce diocèse, et le prieur de Saint-Lou, grand vicaire de l'évêque de Saint-Brieuc. De la Noblesse : les seigneurs de Kermouan, de Kergroays, de Monterfil, de Méjusseaume, de la Provostière et neuf autres. Du Tiers, les représentants de quinze villes.

Les Commissaires du Roi : Mgr. de Bouillé, gouverneur de Bretagne, en l'absence de Mgr. le duc de Montpensier ; Mr. René de Bourgneuf, sieur de Cucé, premier président au Parlement, le trésorier et général des finances (Nicolas de Troyes), et le seigneur de Cambout, grand maître, grand veneur et général réformateur des eaux, bois et forêts de Bretagne. Ces commissaires logeaient au manoir de la Mothe.

Le but de cette convocation extraordinaire des Etats était d'aviser « aux plus doux et gracieux moyens » de lever la somme de 300.000 livres pour payer les frais des guerres de religions, dûs aux « étrangers, reistres et suisses », et pour parvenir « à retirer et rachapter, disait Charles IX, notre domaine dudit pays que nous avons été contraints de vendre et alliéner durant lesdits troubles ».

A la séance du 7 mars, du matin, tenue dans l'auditoire royal de Vannes, le Tiers s'oppose à la levée des deniers demandés. L'après-midi une délégation des trois ordres se rend au manoir de la Motte près des commissaires du roi. Les procureurs des villes persistèrent dans leur opposition, demandant un délai jusqu'aux prochains Etats, afin de prendre les instructions de leurs communautés. En conséquence, les Etats renvoyèrent la solution de l'affaire à la tenue ordinaire qui se tint à Nantes au mois de septembre.

En 1577, les Etats se réunirent à Vannes, par convocation du roi Henri III. Ils s'ouvrirent le 25 septembre et tinrent leurs séances dans l'auditoire royal. Etaient présents : De l'Eglise : Messire F. Thomé, évêque de Saint-Malo, président ; les abbés de « Saint-Guedas de Ruys » et de Saint-Jean des Prés ; les procureurs des évêques et des chapitres de Dol, de Vannes et de Saint-Brieuc. De la Noblesse : 31 membres, parmi lesquels les sieurs de Coëtquen, de la Cosnelaye, de Monterfil, d'Apigné, de Maupertuys et de Mejusseaume. Du Tiers : les députés de dix-sept villes.

Les Commissaires du roi : MM. de Bouillé et de la Hunaudaye, gouverneurs et lieutenants-généraux de Bretagne, en l'absence de Mgr. le duc de Montpensier ; le premier président de Bourgneuf de Cucé ; les présidents Bruslon de Baumont et Guillaume de Lesrat ; le sénéchal Bertrand d'Argentré, sieur de la Guichardière, etc.

Le 27 septembre, les Etats, constatant qu'ils n'ont aucun sceau pour sceller leurs actes, arrêtent « qu'il sera fait faire un sceau dans lequel sera gravé les playnes armes de Bretagne, d'une hermine, et autour d'icelles écrit ces mots : Sceau des Etats des pays et duché de Bretaigne, et un autre petit cachet pour cacheter des lettres missives, dans lequel seront aussi les armes playnes de cedit pays, d'une hermine, desquels sceau et cachet seront scellés toutes les lettres, actes et ordonnances acquits et résolutions desdits Etats, par le greffier d'iceux, entre les mains duquel ils demeureront ; et seront iceux sceau et cachet d'argent ; pour le payement duquel argent, façon et fabrication d'iceux sceaux », les Etats ordonnent à leur trésorier, Jean Avril, de payer jusqu'à la somme de 50 livres tournois.

A la même séance, les Etats firent présent au sieur de Comblehir, secrétaire d'Etat et des finances du roi, en reconnaissance de ses services, de deux haquenées, pour l'achat et la conduite à la cour desquels, on ordonna la somme de 600 livres.

De plus, une somme de 600 livres était remise au vicomte de Méjusseaume, gouverneur de Rennes, qui, en 1573 fut chargé par le feu roi Charles IX, de parcourir la Haute-Bretagne pour entendre et recevoir les plaintes et doléances du peuple, en même temps que le sieur de Thioverlan remplissait la même mission en Basse-Bretagne. Cette somme était destinée à indemniser le vicomte de Méjusseaume comme l'avait été le sieur de Thioverlan, des frais de voyage qu'il avait fait à Saint-Germain-en-Laye pour rendre compte de sa mission au roi.

Le 28 septembre, il fut décidé qu'on procéderait à la réformation de la coutume de Bretagne. Le même jour, les Etats arrêtèrent de poursuivre, par tous les moyens, le recouvrement des papiers du pays de Bretagne qui avaient été transportés à la cour des Comptes de Paris pour le procès du trésorier des Etats. Le procureur général de cette cour y ayant mis opposition, les Etats renouvelèrent leur demande que ces papiers fussent « ramassés en ce pays et renfermés dans notre coffre, étant dans la sacristie de Saint­Pierre de Rennes » (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C. 2641).

Les Etats de 1581 se tinrent toujours dans l'auditoire royal de Vannes, du 30 septembre au 4 octobre. De l'Eglise étaient présents : l'évêque de Saint-Malo et les procureurs des évêques et des chapitres de Rennes, Nantes, Vannes, Quimper et Tréguier. On comptait en plus : 41 membres de la Noblesse et 16 députés de villes. Le principal commissaire du roi était M. de Fontaines, gouverneur de Bretagne en l'absence du duc de Montpensier et de son petit-fils, le prince de Dombes.

Les Etats firent présent à M. de Fontaines d'une somme de 2.400 écus soleil, comme indemnité de ses dépenses et reconnaissance de ses services. Il y eut protestation contre l'édit créant dix conseillers à robe longue en la Chambre des Comptes et contre les levées de fouages faits en dehors des Etats. La récolte de blé avait été si abondante en cette année et la précédente, qu'on demanda au roi d'en permettre le libre transport à l'étranger, à cause de la pénurie d'argent chez le peuple (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C., 2642).

Aux Etats de 1582, qui s'ouvrirent le 31 mars et se fermèrent le 4 avril, l'évêque de Saint-Malo présidait encore ; les évêques et chapitres de Dol, Nantes, Vannes et Quimper avaient envoyé des procureurs. Trente-cinq membres de la Noblesse et douze députés des villes. Il ne s'y passa rien de particulier (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C., 2642).

Pendant la Ligue, le duc de Mercœur qui exerçait les fonctions souveraines en Bretagne, en « attendant un Roy très crestien et catholicque », convoqua trois années de suite à Vannes, en 1592, 1593 et 1594, les membres ligueurs des Etats, tandis que les anti-ligueurs tenaient leurs assises à Rennes.

Aux Etats de 1592, seuls des évêques, Charles de Liscoêt, évêque de Quimper, et Charles de Bourgneuf, évêque de Saint-Malo, y assistaient ; l'évêque de Saint-Brieuc, Nicolas Langelier, réfugié à Dinan à cause des troubles, se fit représenter par Jean Juhel, recteur de Guégan, et chanoine de Vannes. Les chapitres de Dol et de Saint-Malo avaient leurs députés.

Parmi les membres de la Noblesse, citons : Gabriel de Goulaine, Jean d'Avaugour, Jean de Rosmadec, François de Carné, René de Thalouet et Jérôme d'Aradon.

Les villes qui envoyèrent des députés furent : Nantes, Vannes, Dinan, Quimper, Morlaix et Fougères. Les Etats firent inviter les habitants de Saint-Malo, Saint-Pol-de-Léon, Lesneven et Landerneau à se faire représenter.

L'évêque de Quimper présida, malgré les protestations de l'évêque de Saint-Malo. Les Etats ordonnèrent que les membres des ordres qui n'avaient pas prêté le serment des Ligueurs et juré les articles de l'Union, rédigés l'année précédente aux Etats de Nantes, le feraient « en la présence du précieux corps de Notre Seigneur, entre les mains de M. l'évesque de Cornouaille ». Le serment était ainsi conçu : « Nous jurons et promettons à Dieu, la glorieuse Vierge Marye, Saincts et Sainctes de Paradis, de vivre et mourir en la religion catholique, apostolique et romaine soubs l'obéissance d'un Roy catholique, lorsqu'il plaira à Dieu le nous donner ».

A la demande de l'évêque de Quimper, les Etats ordonnèrent de faire lire et publier dans la province les saints canons du Concile de Trente. La clôture des assises eut lieu le 9 avril (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 3.193. — 3.194 — 3.195).

Aux Etats de la Ligue de 1593, ouverts le 13 avril et fermés le 5 mai, le duc de Mercœur assistait. Tous les évêques firent défaut. Celui de Saint-Brieuc, toujours réfugié à Dinan, envoya un procureur. Quatre ou cinq membres de la noblesse seulement étaient présents, ainsi que les députés des chapitres ou du clergé de Quimper, Nantes, Tréguier, Saint-Brieuc et Vannes.

Les Etats exemptèrent les maisons et métairies nobles de toutes contributions et accordèrent une rente de 4.000 livres à l'Université de Nantes pour l'entretien d'un certain nombre de docteurs dans chaque Faculté. Le duc d'Elbeuf, baron d'Ancenis, présenta cette singulière requête : « Chacun ne peut ignorer la longue et misérable prison que nous avons soufferte puis quatre ans, de laquelle nous ne sommes seullement à demy libéré, parce que pour gaige de nostre rançon avons esté contrainct laisser en nostre lieu la chose de ce monde qu'avons plus chère, qui est nostre fille unicque, qui auroit meu M. le duc du Mayne nous permettre faire quelque levée en forme de pancarte sur aucunes marchandises passant au distroict de nos ville et chasteau d'Ancenis ». Les Etats préférèrent lui accorder 100.000 livres que de faire cette levée (Archives d'Ille-et-Vilaine, C., 3.196 et 3.197).

La troisième tenue des Etats de la Ligue à Vannes eut lieu du 2 au 12 mai 1594. L'évêque de Saint-Malo, Charles de Bourgneuf, présida avec Jean d'Avaugour. Les évêques de Saint-Brieuc et de Léon se firent représenter. On donna défaut aux villes de Rennes, Ploërmel, Saint-Malo, Vitré, Guingamp et Moncontour qui n'avaient pas envoyé de députés.

Les Etats approuvèrent la Monnaie établie dans la ville de Dinan. Dans leurs remontrances au duc de Mercœur, on lit ceci : « Supplient mondict seigneur le gouverneur de ne souffrir qu'il se face aucun exercice de la religion en cette province que la religion catholique, apostolique et romaine, ny que les libertés et franchises du pays soient aulcunement diminuées ny altérées, promettant à cette fin demeurer unis avecq mondict seigneur et y employer vye et moiens ; d'avoir agréable les députés qu'ils ont choisis et nommés pour l'assister et lui donner advis lorsque sa prudence le jugera estre nécessaire ».

Ces députés, conseillers du duc de Mercœur, furent : de l'Eglise, les évêques de Saint-Malo, de Saint-Brieuc et de Vannes ; de la Noblesse, les sieurs de Saint-Lorans, du Garo, d'Ollivet et de Montigny ; du Tiers, les sieurs de la Couronnerie, de la Rouinerie, de Cresquer et de la Marriette, avec Mr. Guillaume de la Ragotière, procureur général syndic.

Les Etats avaient député aux Etats généraux assemblés à Paris, en 1593, « pour l'élection d'un Roy très chrestien et catholicque », de l'Eglise, Georges d'Aradon, évêque de Vannes, Jean Juhel, abbé de la Meilleraie et Jean Cristi, chanoine de Nantes ; de la Noblesse, Louis de Montigny et Joachim du Guesclin ; du Tiers, Jean Bertic, de Dinan, et Pierre Le Bigot, sieur du Breil. Dans cette tenue on solda les frais de voyage de ces députés (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 3.198. — 3.199. — 3.200).

Les premiers Etats qui se réunirent à Vannes, après la Ligue, furent ceux de 1599. Ils furent peu suivis ; les grands dignitaires y firent complètement défaut. Pas un évêque, pas un baron ou banneret. La présidence de la tenue fut dévolue à l'abbé du Tronchet, François Le Prevost, trésorier et chanoine de Rennes, qui représentait le clergé avec les délégués de tous les chapitres, moins celui de Tréguier. La Noblesse y figurait au nombre de 32 membres ; en l'absence de barons et bannerets, M. de Trevecar fut élu président de cet ordre. Dix-neuf villes avaient envoyé des procureurs.

Les commissaires royaux étaient : le comte de Brissac, maréchal de France, lieutenant-général de la province ; de Sourdeac, lieutenant des évêchés de Tréguier, Léon et Quimper ; de Montbarot, lieutenant de Rennes ; Harpin de Marigné et Christophe Fouquet, présidents au Parlement ; Gilles de Maupeou, directeur des finances.

On fit évacuer l'auditoire aux personnes qui ne faisaient pas partie des Etats. Mr. Bonnabes de Coudray, procureur syndic des Etats, rappela que les évêques, prélats, abbés, prieurs et autres ecclésiastiques, ainsi que les barons et bannerets de la province étaient tenus d'assister aux Etats généraux annuels et ordinaires. Les convocations, paraît-il, avaient été mal expédiées ; de plus la saison, le milieu de l'hiver, offrait des difficultés. A la réquisition de leur procureur syndic, les Etats demandèrent donc au roi que, à l'avenir, l'ouverture des Etats se fit le 25 septembre, et que les membres de l'Eglise fussent forcés d'y assister sous peine de saisie des fruits de leur temporel, et les membres de la noblesse de leurs héritages. La tenue avait commencé le 2 décembre, elle se termina le 13 du même mois.

Dix ans après, en 1619, les Etats se réunirent de nouveau dans l'auditoire royal de Vannes. Ils s'ouvrirent le 28 septembre. De l'Eglise étaient présents : Guillaume Le Gouverneur, évêque de Saint-Malo, président ; Guillaume Le Prestre, évêque de Quimper ; André Le Porc de La Porte, évêque de Saint-Brieuc ; six abbés et les députés de tous les chapitres, moins celui de Tréguier. De la Noblesse : cinquante-huit membres, et, à leur tête, le duc de la Trémoille, comte de Laval et baron de Vitré ; et le duc et baron de Retz. Du Tiers, les députés de trente-quatre villes.

Dès le début s'éleva une discussion sur la présidence du Tiers ; Rennes y prétendait, mais on procéda à l'élection et le président présidial de Vannes fut élu. Par suite de cette discussion, les Commissaires du Roi ne firent leur entrée aux Etats que le 1er octobre. Mgr le duc de Vendosme, pair de France et gouverneur de Bretagne, prit place sur une chaire couverte d'un tapis de velours violet et blanc, semé de fleurs de lys et d'hermines, élevé sur une grande plate-forme, sous un dais. A sa droite, un peu plus bas, s'assit le maréchal de Brissac, lieutenant-général, et à sa gauche, M. Ribier, conseiller du Roi ; puis plus bas, le premier président de Cucé, le second président de Brye, le premier président de la Cour des Comptes, M. de la Galissonnière, etc.

Le fait le plus important de cette tenue, pour les historiens, fut la délibération prise sur la requeste de Frère Augustin du Pas, religieux de l'Ordre des Frères Prêcheurs du Couvent de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle-lez-Rennes. Ce savant religieux remontrait que « par longues années, il a avec grand travail, labeur et dépenses, fait recherche des antiquités de cette province, dont il a fait mettre sur la presse un gros volume et se dispose d'en donner deux autres au public, en l'un desquels il traitera l'histoire des Roys, ducs et princes royaux de Bretagne et autres maisons illustres de ce pays ; qu'en l'autre il traitera de l'histoire ecclésiastique de Bretagne qui contiendra l'origine, antiquité et fondation des églises cathédralles, abbatialles et collégialles dudit pays, la succession des évêques et prélats et leurs gestes plus remarquables, la vie et actions des saints dudit pays, et que iceux volumes sont fort avancés, qu'il ne pourrait mettre en leur dernière perfection, s'il n'est assisté de moyens à ce nécessaires ». En conséquence, les Etats, pour lui venir en aide et l'encourager, décidèrent de lui faire don de 300 livres tournois par an, durant trois ans ; ils prièrent en outre ses supérieurs de lui laisser la libre disposition de cette somme et de lui donner le loisir de continuer son entreprise. Après les trois années, les Etats promettaient au P. du Pas une autre récompense, selon qu'il aurait avancé son ouvrage.

Les Etats firent don au duc de Vendosme de 7.000 livres ; au maréchal de Brissac de 5.000, ainsi qu'au comte de Rochefort, fils du duc de Montbazon, capitaine et gouverneur des villes et château de Nantes ; et de 3.000 livres à M. de Sceaux, secrétaire d'Etat. La clôture eut lieu le 14 octobre (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C. 2649).

Encore dix années passées et les Etats revenaient à Vannes le 4 avril 1629. Etaient présents, de l'Eglise : Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes, président ; et les évêques de Quimper, Saint-Brieuc et Léon qui arrivèrent quelques jours plus tard, quatre abbés et les délégués de tous les chapitres, moins celui de Tréguier. Une cinquantaine de membres de la Noblesse, parmi lesquels Mgr. Henri de Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang et premier pair de France, comte de Léon. Enfin les députés de trente-quatre villes.

La présence du prince de Condé fut un événement. Il apportait aux Etats une lettre du roi, Louis XIII, dans laquelle Sa Majesté faisait savoir qu'il avait jugé à propos pour le bien de son service d'envoyer son cousin pour présider les Etats, et y tenir la place qui lui appartenait à cause du duché de Rohan dont S. M. lui avait fait don, et il ordonnait aux Etats de le recevoir en cette qualité et de lui rendre les honneurs et respects qui étaient dus non seulement à la qualité de duc de Rohan, mais aussi à celle qui lui appartenait à cause de sa naissance.

Après cette lecture, le prince de Condé fit très humblement remarquer qu'il y avait erreur dans cette lettre, et qu'il ne prendrait rang dans l'Assemblée qu'en qualité de comte de Léon, ce dont les Etats lui donnèrent acte. Toute la conduite du prince de Condé fut, pendant cette tenue, pleine de la plus parfaite courtoisie.

Comme président de la Noblesse, étant allé en députation avec les présidents des deux autres ordres, vers les commissaires du roi, ceux-ci lui offrirent de prendre la place d'honneur, le bout de la table ; le prince refusa déclarant ne vouloir prendre rang que comme comte de Léon et baron de Bretagne, et en conséquence vouloir observer l'ordre et prendre place auprès du président de l'Eglise. Prévenus de cet incident, les Etats remercièrent le prince de Condé de l'honneur qu'il leur avait fait en cette circonstance, en se contentant de la place de président de la Noblesse et demandèrent qu'il lui plût, en cette qualité, de prendre intérêt aux affaires de la province.

Vers la fin de la tenue, ils envoyèrent au prince une députation pour le remercier d'avoir pris part à l'Assemblée et « de s'être abaissé jusqu'à ce point que d'avoir eu agréable de présider l'ordre de la Noblesse ». Les Etats avaient l'intention de lui faire un présent, mais le prince prévenu fit dire par le duc de Retz, qu'il n'en accepterait aucun, « ayant servi le Roy et assisté lesdits Etats gratuitement et sans espoir d'autre reconnaissance que de leurs bonnes volontés ». Cependant les Etats tinrent à faire don à sa maison d'un don de 12.000 livres, qui furent partagées entre le commandant des gardes du prince, ses gardes, son médecin, son secrétaire...

A cette tenue, les Etats marchandèrent au roi le don gratuit à cause de la mauvaise récolte. Ils le fixèrent d'abord à 500.000 livres pour le roi et 150.000 pour la reine-mère ; puis 600.000 pour le roi et 200.000 pour la reine ; enfin, sur de nouvelles instances, à 700.000 livres pour le roi. Les Etats se séparèrent le 4 mai (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C, 2.652).

Les Etats ne revinrent pas à Vannes avant l'année 1643 (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C, 2.653). Ils s'ouvrirent le 22 janvier, dans l'auditoire. Nous y voyons figurer cinq évêques : Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes ; Gabriel de Beauveau, évêque de Nantes ; Robert Cupif, évêque de Saint-Pol-de-Léon ; Denys de la Garde, évêque de Saint-Brieuc, et Achille de Harlay, évêque de Saint-Malo, qui arriva quelques jours après l'ouverture. Quatre abbés et les députés des neuf chapitres cathédraux y prirent également part. La noblesse était représentée par une soixantaine de membres, ayant à leur tête le duc de la Trémoille, baron de Vitré, et le marquis de la Moussaye, baron de Quintin. Enfin, les députés de trente-six villes.

Le premier commissaire du roi était Mgr. le maréchal de la Melleraye, gouverneur et lieutenant-général de la Province. Le cardinal-duc de Richelieu, gouverneur de la Bretagne, venait de mourir. Aussi, le premier acte des Etats fut-il d'arrêter qu'un service solennel serait célébré pour le repos de son âme, dans l'église cathédrale de Vannes, et qu'une distribution de cent écus serait faite à cette occasion, aux pauvres de l'hôpital et des fauxbourgs (Séance du 24 janvier, matin). Cette cérémonie fut fixée au 15 février, et eut lieu, non dans la cathédrale, mais dans l'église des Cordeliers (Séance du 11 février).

L'évêque de Rennes avait obtenu du roi des lettres lui accordant, pour 10 ans, le devoir de cinq sols par pipe de vin qui passait sur les ponts de Nantes, pour être employés à la réfection de la cathédrale de Rennes. Cet impôt étant antérieurement accordé au chapitre de Nantes pour l'achèvement de la cathédrale de cette ville, ce chapitre présenta contre les lettres accordées à l'évêque de Rennes, une requête qui fut appuyée par les Etats (Séance du 28 janvier).

Un arrêt du conseil avait ordonné que, aux frais de la communauté de Vitré, il serait bâti un nouveau temple, dans un des fauxbourgs de la ville, pour les habitants appartenant à « la religion prétendue réformée », et que le vieux temple serait transformé en chapelle catholique. Les catholiques de Vitré protestèrent dans une requête contre cette situation, ce nouveau temple devant coûter dix mille livres, et les fonds manquant pour mettre la chapelle en état de servir au culte catholique. Ils demandèrent aux Etats une somme nécessaire pour la fondation de la chapelle et l'achat d'ornements, « pour le service de Dieu en icelle ». Les Etats accordèrent 1.500 écus (Séance du 31 janvier). On fit don à Jean Melot, hérault de l'Assemblée, de la vieille tapisserie et du dais qui décoraient la salle des Etats (Séance du 10 février). L'Assemblée bretonne résista tant qu'elle put à la demande de trois millions de dons gratuits au Roi, faite par le gouverneur. Elle prétexta la pauvreté extrême de la province, la stérilité extraordinaire des dernières années et les grandes inondations qui avaient causé de grandes pertes au pays. Enfin, désirant manifester au roi son affection, et « désireux de le secourir dans la nécessité présente de ses affaires », ils accordèrent deux millions neuf cent mille francs (Séances du 11 février et passim).

Dans la nuit du 15 au 16 février, moururent le sieur de la Haye de Pan, procureur syndic de Rennes, et le sieur Clauret, procureur syndic de Vannes. Les Etats leur firent des funérailles à leurs frais (Séance du 16 février). Les Etats se séparèrent le 21 février.

En 1649 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, Reg. C. 2.651. ), ce fut encore à Vannes, toujours dans l'auditoire royal, que se réunirent les Etats. L'évêque de Vannes, Charles de Rosmadec, présida, comme l'avaient fait ses prédécesseurs aux Etats tenus à Vannes. Etaient également présents : les évêques de Nantes, de Saint-Malo, de Tréguier et de Léon ; quatre abbés et les députés des neuf chapitres. L'Ordre de la Noblesse était représenté par cinquante membres, présidés par le duc de la Trémoille. Trente-cinq villes avaient envoyé des députés. Le premier commissaire était toujours le maréchal de la Melleraye.

Au début des assises, le 15 juin, les Etats décidèrent, à la demande de l'évêque de Vannes, que, dorénavant, à l'ouverture de chaque assemblée des Etats, l'évêque du diocèse ou un autre prélat célébrerait très solennellement une messe du Saint-Esprit à laquelle l'Assemblée assisterait en corps, « afin d'implorer la grâce de Dieu, et le supplier d'y présider, luy inspirer de bons conseils, de saintes résolutions pour sa gloire, le service du Roi, le bien et le repos de la province ».

De plus, chaque jour, durant la tenue, deux messes devaient être dites, l'une avant, l'autre après la séance, afin que chaque membre pût y assister selon sa commodité. 

Les Carmes de Ploërmel ayant obtenu un arrêt du Parlement du 15 janvier 1647, avaient transporté du côté de l'évangile du maître-autel, les tombeaux des ducs de Bretagne, Jean II et Jean III, fondateurs de leur église et de leur couvent, qui se trouvaient primitivement au milieu du choeur. Les Etats s'indignèrent de cette profanation. Ils ordonnèrent que les tombeaux fussent rapportés à leur première place, et défendirent que quiconque se permît de disposer des choeurs de leurs églises « ni de concéder, accorder, ni faire aucune inovation au préjudice des droits des patrons et fondateurs d'icelles ». Le procureur général syndic des Etats fut chargé de se pourvoir contre l'arrêt du Parlement, et les députés en cour de réclamer le rétablissement des tombeaux et « d'obtenir du Roi de nouvelles lettres patentes, touchant lesdits droits honorifiques, conformément à celles du Roy François Ier et les modifications qui y ont été apportées » (Séance du 3 juillet).

Dix-huit ans plus tard, en 1667, les Etats revenaient siéger dans l'auditoire royal de Vannes (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, Reg. C. 2.657). Charles de Rosmadec, évêque de Vannes, présida l'Ordre de l'Eglise qui était représenté par Denis de la Barde, évêque de Saint-Brieuc, François de Villemontée, évêque de Saint-Malo, Mathieu Thoreau, évêque de Dol ; puis par huit abbés et les députés des neuf chapitres cathédraux. La Noblesse, au nombre de plus de 200 membres, était présidée par le duc de Rohan. Le président présidial de Vannes, René de Sérent, seigneur de la Rivière, était à la tête des députés d'environ quarante villes bretonnes. Armand-Charles, duc de Mazariny, de la Meilleraye et de Mayenne, gouverneur de Bretagne, représentait le roi Louis XIV, avec le marquis de Molac, gouverneur de Nantes.

La tenue commença le 3 octobre 1667. Le roi fit demander aux Etats un don gratuit de trois millions pour aider à couvrir les frais de l'expédition des Flandres qu'il avait conquises à la tête de l'armée (Séance du 3 octobre 1667).

Le lundi 24 octobre, fut célébré dans la cathédrale de Saint-Pierre, un service funèbre, très solennel, pour la reine-mère, Anne d'Autriche, gouvernante de Bretagne. L'évêque de Saint-Malo pontifia, et l'évêque de Saint-Brieuc prononça l'oraison funèbre (Séances des 4 et 24 octobre 1667).

Mesdames de Rohan et de Soubise se trouvant à Vannes, les Etats leur envoyèrent une députation pour les féliciter (Séance du 4 octobre 1667).

Le substitut du procureur général syndic donna connaissance d'un Edit du roi pour la réformation des nobles de la province, d'après lequel ceux qui avaient usurpé cette qualité devaient être condamnés à des amendes, fixées par les commissaires du roi. L'Assemblée demanda à ceux-ci la révocation complète de cet édit, rappelant que, aux Etats précédents tenus à Vitré. les commissaires avaient déjà répondu aux réclamants, « qu'ils avaient peur de leur ombre, que cette appréhension étoit frivole, et que le Roy n'avait aucun dessein de faire exécuter cet édit dans cette province » (Séances des 5 et 6 octobre 1667).

Les Etats furent troublés par de vives discussions entre MM. de Trévigny et du Gage, que le procès-verbal officiel essaie d'atténuer en disant que ces deux membres de la noblesse eurent « quelques paroles » ; mais ces quelques paroles furent assez graves pour que le duc de Mazariny fit arrêter le sieur du Gage. L'émotion fut grande aux Etats. On se disposait à envoyer une députation au gouverneur, lorsque le duc, prévenu du tumulte, arriva. L'évêque de Vannes, comme président, sollicita la mise en liberté du détenu. Le duc de Mazariny répondit qu'il aurait pu faire emprisonner M. du Gage comme agresseur ; mais que, en considération de son caractère de membre des Etats, il s'était contenté de le détenir dans une maison particulière, sous la surveillance de ses gardes, et qu'il le mettrait en liberté à la fin des Etats. Sur l'instance de l'évêque de Vannes, le commandant accorda la demande des Etats, mais à condition que les délibérations continueraient comme si rien n'était arrivé, et que les Etats s'engageraient, si quelque autre tombait dans la même faute, à ne plus employer leur médiation. Après quoi, le duc de Mazariny se retira. Les Etats déléguèrent quelques-uns d'entre eux pour aller le remercier et constater que M. du Gage avait été mis en liberté (Séance du 21 octobre 1667). Mais dix jours après, le commandant dut intervenir de nouveau et défendre à Messieurs de la Noblesse, sous peine de prison, de tirer l'épée dans la salle des Etats (Séance du 31 octobre 1667).

??????????La guerre avec l'Espagne donnait lieu à des pirateries sur les côtes bretonnes. Quarante barques bretonnes venaient d'être prises par les Biscayens. Le duc de Mazariny demanda pour empêcher « pareilles voleries », l'établissement de garde-côtes, comme le roi venait d'en établir sur les côtes du Poitou, de la Saintonge, de la Guyenne, etc... Le roi désirait donc que les Etats, pour la sûreté de la Bretagne, fissent des armements considérables et prissent à leur charge la subsistance d'une milice de garde-côtes.

Des députés furent chargés de discuter cette proposition avec les commissaires du roi ; mais finalement ils refusèrent de rien entendre sur ce sujet, et préférèrent ajouter 150.000 livres au don gratuit, accordé au roi, à condition qu'il pourvût lui-même à la sûreté des côtes de Bretagne, comme il l'avait fait pour les autres provinces. Ils insérèrent cette proposition dans leurs remontrances (Séance des 31 octobre, 2, 5 et 7 octobre 1667).

Les Etats accordent 300 livres à Georges Hubert, chevalier, qui expose que, « étant issu de la génération de Saint-Hubert d'Ardaine (sic), il a pouvoir de Dieu de toucher et guérir tous ceux qui sont mordus de loups, chiens et autres bestes et animaux malades de rage, lorsqu'ils sont dans la furie du mal, même touche par précaution ; qu'il est venu en cette province où il a touché quantité de personnes, sans en avoir pris ni reçu aucune chose, c'est pourquoi il requéroit l'assemblée de lui donner quelque somme par gratification » (Séance du 4 novembre 1667).

Claude Budes, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, présente une requête dans laquelle on lit que « le sieur du Lattay de Saint-Pern, chevalier dudit ordre, son confrère, originaire de cette province, s'étant, l'année dernière, mis en mer avec les sieurs chevaliers d'Estampes et Prévost, pour le service de la chrétienté, sous l'étendart de Malthe, auroient fait quelques prises sur les Turcs, lesquelles conduisant audit Malthe, en passant par la mer d'Alexandrie, auroient rencontré cinq gros vaisseaux turcs armés en guerre qui les auroient attaqués, en sorte qu'après un combat depuis huit heures du matin jusques au soir, et plus de deux mille coups de canon tirés, lesdits Turcs auroient tué lesdits sieurs Chevaliers d'Estampes et Prévost, mis l'équipage en déroute, et pris ledit sieur Chevalier de Saint-Pern prisonnier et icelui mené en la ville de Tunis, en Barbarie, où il est retenu esclave et traité fort cruellement ». En conséquence, le Chevalier Claude Budes demandait que les Etats donnassent « quelque somme d'argent pour être employée au payement du raquit dudit sieur Chevalier de Saint-Pern ». Les Etats accordèrent douze mille livres (Séance du 4 novembre 1667). Les Etats « désemparèrent » le 11 octobre 1667.

Les Etats furent vingt-quatre ans, avant de siéger de nouveau dans la vieille ville des ducs de Bretagne. Du 10 septembre au 1er octobre 1691 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, Reg. C. 2.660), la salle d'audience du présidial retentit des discussions d'une très nombreuse assemblée de Nosseigneurs des Etats. Les neuf évêques bretons étaient présents : Mathieu Thoreau, évêque de Dol ; François de Coëtlogon, évêque de Quimper ; Sébastien de Guémadeuc, évêque de Saint-Malo ; Pierre Le Neboux de la Brosse, évêque de Saint-Pol-de-Léon ; Jean-Baptiste de Beaumanoir, évêque de Rennes ; Gilles de Beauvau du Rivau, évêque de Nantes ; Louis de Coëtlogon, évêque de Saint-Brieuc ; Eustache Le Sénéchal, nommé à l'Evêché de Tréguier ; François d'Argouges, nommé à l'Evêché de Vannes. De plus douze abbés et les députés des neuf chapitres. « Le duc de Rohan, comte, baron et prince de Léon », s'y trouvait à, la tête de 310 membres de l'Ordre de la Noblesse. Quarante villes avaient envoyé des députés, que présidait Pierre Dondel, seigneur de Keranguen, sénéchal de Vannes. Le Maréchal d'Estrées, commandant en Bretagne, vint aux Etats comme premier commissaire du roi.

Une discussion s'éleva dès le début, sur la question de la présidence dans l'Ordre de l'église. Mathieu Thoreau, évêque de Dol, tenait cette place en tant que doyen des évêques bretons, l'évêque diocésain, François d'Argouges, n'ayant pas encore obtenu ses bulles de Rome, et conséquemment n'étant pas sacré. Cependant l'évêque nommé de Vannes tint à faire observer que sa non-présidence tenait uniquement à cette circonstance, et que l'évêque de Dol devait sa présidence à sa seule qualité de doyen. Mais Mathieu Thoreau, en digne successeur des métropolitains de Bretagne, protesta avec énergie. Il ne devait la présidence qu'à son titre d'évêque de Dol, et secondairement à celui de doyen des évêques de la province. Ce furent de la part des autres évêques de véhémentes protestations, dont, sur leur demande, on leur donna acte [Note : Voir Ch. ROBERT, Les Evêques de Dol, présidents des Etats de Bretagne (Association bretonne : Congrès de Saint-Servan, 1892). L'abbé Tresvaux fait mourir Mathieu Thoreau en janvier 1691 On voit qu'a cette époque, cet évêque de Dol était bien vivant. Il mourut un an après, à l'âge de 80 ans].

Les Etats firent fonds d'une somme de 45.000 livres par estime pour les frais du piédestal de la statue équestre de Louis XIV et pour le transport de cette statue au lieu où Sa Majesté le désirerait (Séance du 24 septembre 1691). On sait que cette magnifique statue équestre, un moment destinée à la ville de Brest, fut définitivement installée sur la place du Palais, à Rennes. La Révolution la fit disparaître.

C'est à cette tenue de Vannes, qu'il fut pour la première fois question de l'Histoire de Bretagne de Dom Lobineau. Les Pères Bénédictins de Redon firent, en effet, connaître le dessein qu'ils avaient de composer une nouvelle histoire de la Province. Ils avaient déjà dépouillé les archives des évêchés, des chapitres, des abbayes et des maisons particulières ; ils implorèrent des Etats l'autorisation de dépouiller également leurs archives. Aussitôt cette demande exprimée, les Etats ordonnèrent que leurs archives, déposées dans les tours de l'Eglise Saint-Pierre de Rennes, ainsi que les autres titres encore aux mains du greffier ou des autres officiers des Etats, seraient communiqués aux Pères Bénédictins. L'évêque, le gouverneur et le sénéchal de Rennes, qui possédaient les clefs des archives, furent priés de les déposer au greffe des Etats, pour permettre au greffier « d'aller ouvrir lesdites archives aux temps, jours et heures que lesdits religieux y voudront aller, estre présent lors de leurs visites, leur mettre sur table les actes qu'ils souhaiteront, pour par eux en estre pris copies ou extraits ainsy qu'ils adviseront, et remettre lesdits actes en leurs liaces et dans l'ordre des cottes où ils se trouveront marqués, sans souffrir qu'aucun original soit osté desdites archives, ains les y renfermer à la fin de chaque visite » (Séance du 30 septembre 1691). Nous retrouverons les savants Bénédictins aux Etats de 1703. Les assises de 1691 furent terminées le 1er octobre.

Les Etats revinrent à Vannes dès la tenue suivante, en 1693 (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C. 2.660). François d'Argouges, évêque de Vannes, présida dans l'Ordre de l'Eglise. Les collèges de Quimper, Saint-Malo, Léon, Nantes et Tréguier, huit abbés et les députés des neuf chapitres, représentèrent cet Ordre. La noblesse, au nombre de 360 membres, était présidée par Mgr.le duc de Coëslin, baron de la Rochebernard. La présidence du Tiers était échue au sénéchal de Vannes, Pierre Dondel, escuyer seigneur de Queranguen, et trente-et-une villes avaient envoyé des délégués. Charles d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, accompagné du marquis de Lavardin, Henry-Charles de Beaumanoir, fit l'ouverture des Etats le 1er octobre, dans la salle d'audience du Présidial. 

Le fils de la célèbre Madame de Sévigné, le marquis Charles de Sévigné, « lieutenant du Roy au comté nantois », assista pour la première fois aux Etats. Etant tombé indisposé, les Etats lui envoyèrent une députation pour lui exprimer leurs regrets, et finalement lui firent une gratification de 6.000 livres, en considération de sa première séance aux Etats. Cette tenue n'offre rien de particulièrement intéressant que nous puissions révéler. Elle ne dura d'ailleurs que 23 jours.

Est-ce l'affabilité des habitants de Vannes, la tranquillité de la ville, le charme de cette contrée, ou le souvenir des ducs de Bretagne, qui attirait les Etats à Vannes ? Tout cela probablement. Toujours est-il qu'ils y revinrent encore tenir leur séance suivante, celle de 1695 (Archives d'Ille-et-Vilaine, Reg. C. 2.660). François d'Argouges, évêque de Vannes, s'y trouva encore à la tête des neuf évêques de la Bretagne. Le duc de Rohan présida la noblesse, représentée par 230 membres, et Dondel de Queranguen le Tiers, qui comprenait les députés de trente-huit villes.

Henry-Charles de Beaumanoir, marquis de Lavardin, lieutenant-général aux huit évêchés, présida l'ouverture des Etats, le 15 octobre.

Quelques jours après, le 22 octobre, le sénéchal de Vannes, président du Tiers, ne crut pas devoir assister à la séance, retenu chez lui par la mort de son épouse. Les Etats lui envoyèrent, sur la demande de l'évêque de Vannes, une députation, pour lui marquer la part qu'ils prenaient à son affliction, et aussi « le prier de surmonter sa douleur et vouloir bien venir prendre sa place de président en son ordre ». M. Dondel de Queranguen dut, malgré son deuil, revenir avec la députation pour reprendre sa présidence (Séance du 22 octobre 1695).

Les Etats reçurent ordre exprès du roi de décharger les ecclésiastiques de la taxe des maisons, de rembourser ceux qui déjà l'auraient payée, et de répartir la somme de 56.652 liv. représentant cette taxe, sur les autres maisons des habitants des villes et bourgs qui avaient déjà contribué à la taxe.

Les Etats se soumirent à cet ordre royal « pour marquer seulement, dirent-ils, leur obéissance à Sa Majesté ». Mais cette soumission n'empêcha pas la Noblesse et le Tiers de faire entendre d'énergiques protestations. « Messieurs de l'Eglise, affirmaient-ils, ont les plus belles maisons des villes, dont ils tirent de considérables revenus ; il est bien juste qu'ils contribuent avec les autres Ordres à une décharge commune, à laquelle avec justice ils se sont soubmis ». En effet, « messieurs de l'Eglise » se déclaraient prêts à obéir aux ordres du roi s'il leur imposait la taxe (Séance du 30 octobre 1695).

S. A. S. Mgr. le comte de Toulouse (Louis-Alexandre de Bourbon ; il mourut en 1737), fils de Louis XIV, ayant été pourvu du gouvernement de la province, les Etats en montrèrent une grande joie. Les commissaires du roi vinrent le 3 novembre, dans la salle des séances, présenter les lettres royales concernant cette nomination. Le marquis de Lavardin fit, dans un long discours, l'éloge du comte de Toulouse et demanda la régistrature des lettres. Après lecture de celles-ci, ce fut le tour de M. de Méjusseaume, procureur général syndic des Etats, de prononcer une harangue sur les mérites du nouveau gouverneur. Puis les commissaires royaux se retirèrent.

Les Etats ordonnèrent alors d'enregistrer les lettres de provision du gouvernement de la province au comte de Toulouse. Pour témoigner leur joie, ils firent don à celui-ci d'un présent de 100.000 liv., obtinrent des commissaires l'autorisation d'ordonner des feux de joie à Vannes et dans la Province, et assistèrent le lendemain, dans la cathédrale de Vannes, à une messe solennelle d'action de grâce, célébrée par l'évêque de Saint-Brieuc, et l'après-dinée du même jour, au chant de l'Exaudiat pour le roi (Séance du 3 novembre 1695). Quelques jours après, arrivait à Vannes le comte de Vauban ; les Etats tinrent à honorer d'une députation l'illustre ingénieur militaire (Séance du 7 novembre 1695). L'Assemblée se sépara le 12 novembre.

Après avoir tenu ses séances de 1697 à Vitré, les Etats firent un retour à Vannes en 1699 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, Reg. C, 2.660). Ce sont toujours les mêmes présidents pour l'Eglise et le Tiers. Une discussion s'élève entre le « prince, comte et baron de Léon », et « le marquis de Lannion, baron de Malestroit », pour la présidence de l'Ordre de la Noblesse qui était représentée par 410 membres. 

Les Etats furent ouverts le 25 octobre, par le marquis de Lavardin, premier commissaire du roi. L'événement le plus intéressant de cette tenue fut le témoignage rendu par la Bretagne à la mémoire du duc de Chaulnes, ancien gouverneur de la Province. Les Etats prièrent le gouverneur en charge, le comte de Toulouse, d'obtenir de Louis XIV qu'ils fussent autorisés à employer une somme de 12.000 livres, pour ériger, à la mémoire du duc de Chaulnes, « un monument digne de luy et proportionné aussy à leur reconnaissance et à leur affection à son égard » (Séance du 22 novembre 1699). Le lendemain, M. de Verneuil, abbé de la Meilleraye, qui avait été chargé de rapporter en Bretagne le coeur de l'ancien gouverneur, présente à l'Assemblée les remerciements du duc de Chevreuse, « des marques d'affection qu'elle a fait paroistre pour rendre ses devoirs aux cendres du mondit seigneur le duc de Chaulnes » (Séance du 23 novembre 1699). Après ces hommages, la session fut terminée.

Les derniers Etats qui se tinrent à Vannes, furent ceux de 1703 (Archives d'Ille-et-Vilaine : Reg. des Etats, C. 2.661). Ils s'ouvrirent le 23 octobre et se fermèrent le 25 décembre. L'ordre de l'Eglise était représenté, par les neuf évêques de Bretagne, les députés des neuf chapitres, huit abbés, et présidé par l'évêque de Vannes « Révérend Père en Dieu, messire François d'Argouges ». 382 membres de la noblesse y prirent part, sous la présidence de « Mgr. le prince et baron de Léon ». Le Tiers, présidé par « Pierre Dondel de Querangon, sénéchal et président du présidial de Vannes », comprenait les députés de 35 villes. Les Commissaires du Roi étaient : Le maréchal d'Estrées, gouverneur des ville et château de Nantes, et commandant pour le roi en Bretagne, en l'absence du gouverneur le comte de Toulouse ; M. de Brilhac, premier président du Parlement de Bretagne, et M. de Nointel, conseiller d'Etat.

Le maréchal d'Estrées à la séance d'ouverture s'excusa de ce que « la maladie dans laquelle il estoit tombé en chemin ne lui permettoit pas de faire un discours convenable à la dignité de l'Assemblée ». Il déclara d'ailleurs ne pas ignorer que les Etats n'avaient pas besoin d'exhortation pour travailler au service du Roi. Par contre, M. de Brilhac et le procureur général syndic des Etats, M. de Coëtlogon, s'oublièrent dans de longues harangues pleines d'éloges et de flatteries.

Le Roi avait demandé, par l'intermédiaire de ses commissaires, deux millions de livres de la capitation pour chacune des années 1704 et 1705. Les Etats avaient tardé à accorder cette demande du Roi, aussi celui-ci attribuant cette opposition à la coterie de « quelques particuliers » [Lettre du Roi au prince de Léon, nov. 1703 (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 2793)], fit-il signifier à MM. de Piré et de Coisbi, le 2 novembre au matin, l'interdit d'assister aux séances. A la séance de l'après-midi de ce même jour, l'évêque de Vannes exprima le profond chagrin qu'occasionnait cette mesure. Il ne voyait qu'un moyen de faire revenir Sa Majesté sur sa décision et lui prouver la parfaite soumission des Etats à ses ordres ; c'était de lui accorder immédiatement les 4 millions de capitation pour les deux années suivantes.

Les Etats s'exécutèrent aussitôt et envoyèrent aux commissaires du Roi une députation ayant à sa tête les 3 présidents d'ordre pour leur faire connaître cette décision et implorer le rappel de leurs collègues. Les commissaires promirent d'agir de toute leur influence auprès du Roi pour arriver à ce résultat (Séance du 2 novembre, après-midi).

La séance de la matinée du 9 novembre est particulièrement intéressante pour les amis de l'histoire de la Bretagne et de son principal historien, l'illustre dom Lobineau. Les Pères Bénédictins qui avaient travaillé de concert avec Dom Lobineau à la composition de l'histoire de Bretagne, profitèrent de cette tenue des Etats pour rappeler à ceux-ci leurs promesses de secours, faits à Vannes en 1693, et leur annoncer que le travail était prêt à mettre sous presse. Ce fut le procureur général syndic qui présenta le rapport de Dom Guy-Alexis Lobineau, daté de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, le 20 septembre 1703. Il remontre à Messieurs des Etats que les savants Bénédictins ont travaillé « pendant quatorze à quinze ans consécutifs avec des recherches incroyables, et une exactitude laborieuse, et sont enfin venus à bout de ce long et pénible travail, qu'ils ont mis en état de paroistre, pourvu que les Estats en favorisent le succès par le remboursement de la depence qui a esté faite, et en fournissant aux frais de l'impression, gravures et reliure ». Les frais de recherches et de préparation montaient à 4.537 livres 10 sols ; les Etats n'avaient donné jusqu'à ce jour que 1.000 livres.

Pour les frais d'impression de cette histoire, « en deux volumes in-folio de 225 feuilles chacun, l'un en caractères de saint-Augustin (vol. d'histoire), et l'autre en caractères de petit cicéro (vol. des preuves), et pour la gravure outre celle du portrait de son Altesse sérénissime Monseigneur le comte de Toulouze, qui a permis que le livre lui soit dédié, ceux d'Allain Fergent, d'Ermengarde, de Jean 4, de Jean 5, de Pierre 2, de Françoise d'Amboise et d'Artur 3, les tombeaux de Pierre Mauclair, de Jean 1er, d'Artur 2, de Jean 4, des conestables du Guesclin, Clisson et de Richmond, de François 2 et d'Yolande de Dreux, le buste de la reyne Anne, quatre cens sceaux dont il y en a 67 de quatre pouces de diamètre, 116 de trois pouces, 149 de deux pouces, le reste plus petit, et une vignette pour l'Epître dédicatoire, le tout en papier carré d'Auvergne ».

Pour composer ainsi l'ouvrage, les Bénédictins ne « trouvent point, dit le procureur général syndic, de libraires qui se veuillent charger de cette entreprise à moins de 14.000 livres, pour les trois cinquiesmes de la depence totale, les deux autres cinquiesmes, restant pour le compte de l'imprimeur ». Celui-ci, en retour des 14.000 livres qu'il demande, « fournira gratis à Messieurs des Estats 500 exemplaires de l'histoire et autres 500 exemplaires des preuves deument reliés », attendu qu'aussi les Etats « assigneront une pension au Père Bénédictin qui en est l'autheur (D. Lobineau), dans la ville de Paris, jusqu'à perfection de l'impression ».

Le procureur général syndic fit de plus connaître à l'Assemblée, de la part des commissaires du roi, que Sa Majesté permettait l'examen des dépenses convenables pour cet ouvrage et le remboursement des frais subis par les Pères Bénédictins.

Les Etats s'empressèrent d'accorder 20.000 livres, tant pour le paiement des dépenses faites jusqu'à ce jour, que pour l'impression de l'ouvrage et la pension de Dom Lobineau qui devait rester à Paris, à l'abbaye de St-Germain-des-Prez, jusqu'à la fin de l'impression.

Mais cette somme était accordée à condition que les imprimeurs rendissent cet ouvrage parfait « et relié en veau avec l'écusson aux armes my party de France et de Bretagne, dans trois ans pour tout délay, et d'en fournir pour le mesme temps aux Etats 500 exemplaires de l'histoire et autres 500 exemplaires des preuves dûement reliés et bien conditionnés pour estre distribués aux trois ordres, sçavoir 200 à l'ordre de l'Eglise, 200 à l'ordre de la Noblesse et 100 à l'ordre du Tiers ».

C'est aux membres des Etats présents à cette assise de 1703, que devait être faite cette distribution. Aussi le président du Tiers fixa-t-il aussitôt les noms de ceux de son Ordre qui auraient part à cette distribution. 

M. de Caumartin, abbé de Buzé, fut chargé par les Etats de veiller à l'impression de l'ouvrage et au paiement des 20.000 livres. Les commissaires du roi approuvèrent aussitôt cette délibération.

Depuis 1703, les Etats de Bretagne ne se réunirent plus à Vannes. Mais cette ville peut se glorifier d'avoir été le théâtre des plus importantes manifestations de la gloire bretonne ; elle en est restée tout imprégnée, et, dans son écusson inviolé, l'hermine restera toujours blanche.

Charles ROBERT

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