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VANNES — Les Invasions Normandes. - Les Ducs Bretons.

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Gurvand et Pasqwiten se partagèrent son royaume : Pasqwiten prit pour sa part le pays de Vannes et la côte Sud de la Bretagne. Les deux meurtriers de Salomon ne furent pas longtemps d'accord : ils se firent une dure guerre, au cours de laquelle Gurvand trouva la victoire et la mort ; son rival ne lui survécut guère, car il fut assassiné, en 877, laissant Vannes à son jeune frère, Alain ; la discorde continua entre celui-ci et Judicaël, fils de Gurvand, jusqu'au moment où un nouveau débarquement des Normands qui ravagèrent le Cotentin et envahirent la Bretagne, vint, en 888, les forcer à faire la paix pour faire face à l'ennemi commun. Judicaël vainqueur sur le Blavet, est tué pendant la poursuite ; Alain accourt, quoique malade, rallie ses troupes, attaque les Normands auprès de Limerzel et en fait un effroyable carnage : des 15000 envahisseurs, 400, dit-on, purent seuls s'échapper. Deux ans après, Bérenger, fils de Judicaël, massacre les Normands près du Couesnon. Alain, surnommé, dès lors, le Grand, prit le titre de roi, se fit sacrer à Allaire et régna glorieusement jusqu'en 907.

Le traité de Saint-Clair sur Epte, en fixant, en 912, le principal chef des pirates, Rollon, en Neustrie, n'arrêta pas les incursions des autres Vikings : ceux de la vallée de la Seine étaient pacifiés, ceux de la vallée de la Loire continuèrent leur vie de pillage. Profitant de ce que les héritiers d'Alain, Rudalt de Vannes, Matuédoi de Poher et Gurmaëlon de Cornouaille, étaient en querelles continuelles, ils firent d'abord de rapides coups de main, puis, en 914, un raid traversant la Bretagne de l'Est à l'Ouest, détruisant Landevenec et massacrant les 7777 légendaires habitants de Lanrivoaré et enfin, en 919, une invasion en masse sous la conduite de Ragnold. Personne ne fut en état de leur résister : les moines, emportant les reliques des Saints bretons, s'enfuirent jusque dans le Berry, l'Aquitaine, le Boulonnais ; Matuédoi passa en Angleterre avec son jeune fils Alain, les guerriers et leurs chefs ; le pays tout entier fut mis à feu et à sang ; l'évêque de Vannes, Bili, compte au nombre des victimes ; les villes, fortes ou non, sont détruites et ne resta bientôt plus sur le sol couvert de cendres qu'un petit groupe de serfs ou d'esclaves travaillant pour les vainqueurs.

N'ayant plus rien à prendre en Bretagne, les Normands recommencent à courir en France, combattus en vain, sur la Loire, par Hugues, duc de France, père d'Hugues Capet, et Herbert de Vermandois qui leur laissent le comté de Nantes à ronger. Le roi Raoul en fait, en 931, un grand massacre, près de Limoges ; à cette nouvelle, Juhel-Bérenger, comte de Rennes, rassemble ce qu'il peut trouver de gens, tombe, le jour de la Saint-Michel, 29 septembre, sur les Normands, en un lieu que Le Baud nommé Kan, tue leur chef Félécan et les taille en pièces. Ce succès ne devait pas avoir de lendemain : le féroce Incon accourt et noie la révolte dans le sang.

Cinq ans après, Jean, abbé de Landévenec, saisit une occasion favorable et fait appel à Alain, comte de Vannes, fils de Matuédoi, et, en attendant son débarquement, ses vassaux, Guethenoc et Amalgord, sonnent le ralliement à tout ce qui reste de Bretons réfugiés dans les forêts ou blottis dans les rochers inaccessibles. Alain, surnommé Barbetorte ou Ar Louarn, — le Renard, — passe en Bretagne avec les quelques navires que lui prête le Roi Athelstane, débarque près de Dol, bouscule les Normands à Dol, à Saint-Brieuc et à Plourivo et continue son succès en courant successivement sur tous les centres de résistance.

A cette nouvelle, les émigrés reviennent en foule : Even le Grand, comte de Léon, fortifie Lesneven et fait un grand massacre des pirates, à Runaven et à Kerlouan, près de Guisseni. En 937, Alain exploite son succès et, apprenant que les Normands se concentrent à Nantes, il marche droit à eux, les écrase sur les bords de l'Erdre et occupe les ruines de la ville, pendant que les rares survivants des vaincus s'embarquent précipitamment.

Alain prend alors le titre de duc et fixe sa résidence à Nantes : son apanage se compose du Poher, du Bro-Wérech et du comté de Nantes ; autour de lui, Budic comte de Cornouaille, Juhel comte de Rennes, du Poutrocoët et d'Aleth, Nominoé comte du Goello et Hoël Laguin comte de Penthièvre, sont plus ou moins indépendants.

Les Normands évadés de Nantes s'étaient réfugiés dans le Cotentin et sur les deux rives du Couesnon : Juhel de Rennes, aidé par les ducs Alain de Bretagne et Hugues de France, les anéantit, le 1er août 939 à Trans. C'est, d'après Richer, à ce moment qu'Alain aurait, à Rouen, prêté hommage à Louis d'Outremer, au secours duquel il était venu. En 944, une guerre éclate entre Alain et Juhel, pour des causes qu'on ignore : Harold, chef normand du Cotentin, en profite pour reprendre Dol, mais les belligérants se réconcilient sur son dos et il n'a que le temps de déguerpir sans espoir de retour.

Pour ressusciter la Bretagne entièrement ravagée et dépeuplée, Alain ordonna, en 916, que tous les serfs de ses domaines fussent affranchis et que tous ceux qui viendront y chercher un refuge, sous quelque prétexte que ce soit, jouissent du même privilège ; cette invasion du Bro-Wérech par des outlaws des pays de Marches eut pour résultat immédiat que la limite des pays de langue bretonne jadis marquée par la Vilaine, fut reculée jusqu'à une ligne allant de Muzillac à Pontivy. Alors commença pour le pays de Vannes une période, malheureusement trop courte, de travail et de prospérité.

Alain mourut, en 952, laissant un fils nommé Drogon, sous la tutelle de son oncle, Thibaut le Tricheur, comte de Chartres, de Blois et de Châteaudun. A cette nouvelle, les Normands sentant bien que, comme le disait la veuve du duc, le grand pieu qui fermait aux Normands l'entrée de la Loire était enlevé, pénètrent dans Nantes et se retirent emmenant l'évêque qu'ils mirent à rançon.

Drogon abandonné par son Thibaut aux bons offices de Foulques d'Anjou, ne tarda pas à mourir des soins de sa nourrice conseillée par le nouveau tuteur ; la postérité d'Alain le Grand n'est plus représentée que par des bâtards qui finissent par céder, en 990, la place au fils de Juhel de Rennes, Conan dit le Tors ; celui-ci se fit proclamer duc et, en signe d'indépendance, effaça des monnaies bretonnes le monogramme des Carolingiens pour y substituer le sien.

L'histoire de Vannes, possession successive des ducs des maisons de Rennes, de Cornouaille et de Penthièvre, se mêle désormais intimement à celle de la Bretagne entière. La ville se relève de ses ruines et devient assez prospère pour que le géographe arabe El Edrisi qui écrivait vers 1140, puisse en dire : Faïnes, une des principales cités de la Bretagne, ville située sur un cap, à l'extrémité du golfe, extrêmement agréable et peuplée, où sont un port et des constructions navales.

L'évêque Judicaël, fils du duc Conan, s'attache, de 991 à 1037, à effacer les traces du passage des Normands. Aussitôt après les terreurs de l'an 1000, on se mit, nous dit Raoul Glaber, à rebâtir les basiliques et les églises ; chaque province tenait à honneur d'avoir les plus belles. On eut dit que le monde secouant sa vétusté, voulait se revêtir d'une robe blanche d'églises neuves.

Judicaël fit demander, en 1008, par son frère Geoffroi Ier à l'abbé Gozlin, de Fleury-sur-Loire, un moine nommé Félix qui commença par reconstruire les Abbayes de Saint-Gildas et de Locminé ; cette oeuvre achevée, il retourna, par humilité, à son monastère, mais l'abbé Gozlin lui imposa la crosse abbatiale et le renvoya gouverner à Rhuis. C'est alors que saint Félix construisit l'église abbatiale dont une partie subsiste encore et qui fut consacrée, le 30 septembre 1032.

C'est à Judicaël qu'on attribue la fondation de la cathédrale Saint Pierre de Vannes, sur l'emplacement d'un sanctuaire détruit par les Normands, remaniée, depuis, à plusieurs reprises, mais dont le choeur roman a subsisté jusqu'en 1770, époque où il fut détruit sous prétexte d'embellissements. Le plan de cet édifice, identique, aux proportions près, à celui de Saint Gildas, prouve, bien que les détails d'exécution différent, la contemporanéité sinon l'unité de conception des deux églises.

Vannes n'avait, à ce moment, aucune prétention au titre de capitale de la Bretagne : cette capitale, du reste, n'existait pas : les ducs résidaient avec leurs familiers, tantôt ici, tantôt là, selon leur fantaisie ou les besoins du moment : à Auray, vers l'an 1000, dans l'île de Quiberon, — l'isthme de Penthièvre n'existant pas ou plus — en 1027, à Quimperlé en 1069, à Auray derechef en 1082 ; c'est dans cette dernière ville que le duc Geoffroy fut, en pleine assemblée des barons, insulté par Bérenger, seigneur de Quemenet-Heboé, — Hennebont, — et qu'un Vannetais, nommé Riwallon, abattit l'insolent et reçut, en récompense, la baronne de Vitré et le vicomté de Rennes.

Sous le règne d'Alain Fergent (1084-1112), un grand nombre de Bretons prirent, avec leur duc, part à la première croisade et contribuèrent à la prise de Jérusalem, le 15 juillet 1099. Les célèbres bustes de Vannes et sa femme, datant du XVIème siècle, sont un souvenir local des croisades. Un sire du Garo, près Vannes, ayant été pris par les Sarrazins, fut enfermé par eux dans un coffre avec son écuyer, en attendant leur exécution ; dans cette fâcheuse situation, ils firent un voeu et furent tout étonnés, le lendemain matin, de se retrouver chez eux, à Beléan, Le Sarrazin de garde assis sur le coffre avait été transporté avec eux ; converti par ce miracle, il fut baptisé, reçut le nom de Vannes et fit souche dans notre ville. Sous le successeur d'Alain Fergent, Conan III dit le Gros, le célèbre Pierre Abailard vint, vers 1126, se réfugier à Saint-Gildas de Rhuis ; peu compris et goûté par ses moines ignorants et mal civilisés, il tenta par des sermons au-dessus de leur portée, de les policer, les prit en grippe et fut obligé de s'enfuir pour éviter de graves incidents, en 1138 ; il mourut quatre ans après.

Vannes, située dans l'intérieur du pays, fut longtemps plus heureuse que les villes frontières qui étaient continuellement en guerre contre les Angevins, les pillards de toute sorte, les ducs de Normandie et les rois Plantagenets ; nous la voyons cependant prise d'assaut par Henri II ainsi qu'Auray, en 1168, et reprise par Eudon de Porhoët, en 1187. Quelques années auparavant, en 1162, une épouvantable famine y avait fait mourir un tiers de la population. Vers cette époque, l'Ordre des Templiers s'établit à Vannes, au Château-Gaillard, sur l'emplacement d'un ouvrage de flanquement du mur gallo-romain.

Pendant la minorité d'Arthur Ier, né à Nantes, 29 mars 1187, Richard Coeur de Lion, essaie en 1197 d'enlever le jeune duc : le féroce routier Mercadier est lancé par lui, à travers toute la Bretagne, sur Brest où se trouve Arthur ; les Bas-Bretons se lancent à sa poursuite et écrasent sa bande près de Carhaix ; l'évêque de Vannes, Guéthenoc, qui avait été l'âme de la résistance, conduit alors le jeune souverain à Paris, sous la protection de Philippe-Auguste.

A la mort de Richard, Arthur se fait reconnaître comme duc par les nombreux apanages dont il avait hérité, mais, en 1202, trahi à Mirebeau en Poitou, par Guillaume des Roches qu'il avait comblé de ses bienfaits, il fut livré à Jean sans Terre qui l'assassina, le 3 avril 1203.

A cette nouvelle, les seigneurs et les prélats de Bretagne s'assemblèrent à Vannes, confièrent le gouvernement à Guy de Thouars, le troisième mari de la duchesse Constance, mère d'Arthur, en attendant la majorité d'Alix sa fille et envoyèrent des députés au roi de France pour le prier de venger la mort de leur duc. Le roi cita Jean devant les Pairs et sur son défaut, confisqua ses possessions du continent ; il s'empressa d'exécuter lui-même cette sentence en saisissant l'Anjou, le Maine, la Normandie, le Poitou et la Touraine qui agrandirent singulièrement le domaine royal ; puis, plein d'intérêt pour sa pupille, il la maria, en 1213, à un prince français de la docilité duquel il se croyait sûr, Pierre de Dreux, arrière-petit-fils du roi de France Louis Le Gros.

(E. Fonssagrives).

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