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EVECHE DE VANNES - Manoir épiscopal et dépendances

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MANOIR EPISCOPAL

Où se trouvait la demeure des premiers évêques de Vannes ? 

1° Si l'on tient compte de la pratique générale des premiers siècles du moyen âge de placer les manoirs épiscopaux auprès des églises cathédrales, on est porté à croire que la demeure des premiers évêques de Vannes devait être voisine de l'église de Saint-Pierre. 

Or la cathédrale est limitée par des rues antiques à l'ouest et au sud-est ; il n'y a de terrain libre que du côté du nord, et c'est entre le clocher et la rue des Chanoines qu'il faut chercher l'emplacement probable de ce manoir primitif. 

Cette maison devait être assez vaste, car elle servait à loger non seulement l'évêque, mais encore tous les prêtres de l'église cathédrale, et les jeunes clercs qui étudiaient les sciences sacrées : c'était à la fois un évêché, un presbytère et un Séminaire ; la vie commune était alors de rigueur, et le cloître actuel offrait un lieu de sortie et de récréation. En 813, le concile de Tours rappelle encore que les chanoines et les clercs de la ville épiscopale doivent demeurer avec l'évêque, et avoir le même réfectoire, le même dortoir et le même cloître. Les clercs qui venaient de la campagne pour recevoir les ordres, devaient passer un certain temps dans cette maison, afin d'y être examinés et convenablement stylés. 

Le manoir épiscopal de Vannes est formellement mentionné dans un acte de 855 ; l'évêque Courantgen était alors prisonnier des Normands, et le roi Erispoé, se trouvant de passage à Vannes, logea dans la maison épiscopale et y ratifia une donation faite à l'abbaye de Redon, factum in solario episcopi (Cart. p. 369).

En 919, à l'époque où les Normands ruinèrent le pays, de la Vilaine au Blavet, et forcèrent presque tous les habitants à prendre la fuite, la ville de Vannes fut pillée, l'église brûlée et la demeure épiscopale ruinée. La désolation du pays dura 18 ans. 

 

2° Après l'expulsion des pirates en 937, il fallut relever les ruines. Le pays était dévasté, les ressources étaient restreintes aussi, comme le remarque M. de Caumont, dans son Abécédaire civil, p. 34, « les contructions ne durent être ni belles ni considérables, d'où il résulte que le Xème siècle est un des plus pauvres en productions architectoniques ».

C'est à l'évêque Cunadan, ou à son successeur Blenlivet, que fut dévolu le soin de relever le manoir épiscopal ; il est possible aussi que l'évêque Orscand, ou même Judicaël, y ait fait exécuter des travaux. L'emplacement ne fut point changé. On peut donc se représenter un bâtiment s'étendant d'une manière approximative de la tour actuelle de la cathédrale à la rue des Chanoines, et ayant sa façade principale du côté de la place Henri IV. Le style était roman, le seul alors connu ; les ouvertures étaient en plein-cintre, et les fenêtres généralement très étroites. 

La maison fut-elle assez vaste pour servir de logement, comme par le passé, à l'évêque, aux chanoines et aux jeunes clercs ? — C'est fort douteux, car déjà la vie commune avait subi des atteintes ; les revenus de l'église se partageaient entre les membres de la communauté, et chacun devenait maître de sa part. 

C'est dans ce manoir que les moines de Redon vinrent, en 1021, réclamer à l'évêque Judicaël et au chapitre le rétablissement de leur juridiction spirituelle sur leurs sujets (Cart. R. 307). C'est dans ce manoir que résidèrent les évêques de Vannes pendant plus de trois siècles, en y faisant tour à tour les réparations et les modifications nécessaires. 

La Chronique de Saint-Brieuc nous dit qu'en 1286 la terre trembla dans toute la Bretagne, pendant quarante jours, et plusieurs fois par jour, surtout à Vannes, où le tremblement fut continuel, causa de grands dommages et renversa de nombreux édifices ; après la mort du duc Jean I (8 octobre 1286), le tremblement se fit sentir encore près d'un an, particulièrement à Vannes, mais avec des intervalles (Pr. I. 14).

Le manoir épiscopal paraît avoir été ruiné dans ce bouleversement général. Le nouveau duc Jean II, satisfait de son château de Sucinio et ne se souciant pas de réparer ou de rebâtir son château de la Motte à Vannes, céda l'emplacement et les ruines de celui-ci à l'évêque. 

 

3° Le prélat était alors Henri Tors, originaire de Grand-Champ. Placé entre deux manoirs ruinés, il donna la préférence à celui de la Motte, qui offrait un emplacement plus vaste, et y fit commencer en 1288 la construction d'une nouvelle maison épiscopale : Anno Domini M. CC. LXXX. VIII. Henricus dictus Tors Episcopus Venetensis oedificare coepit et construxit Motam de Veneto (Obit.).

Ce troisième manoir, construit à la fin du XIIIème siècle, appartenait nécessairement au style ogival. En considérant les édifices analogues, conservés dans d'autres parties de la France et remontant à la même époque, on peut se le figurer comme une grande maison, dont les angles et les murs sont garnis de contreforts, et dont les ouvertures sont ogivales. M. Du Buisson-Aubenay, qui l'a vu en 1636, en fait la description suivante : « C'est un grand et ault corps de logis de pierre sur le rempart, tenant à la muraille intérieure, au plus ault bout de la ville, et commandant sur le reste : a cause de quoy on l'a appelé le chasteau de la Motte. Il est en très belle veue, et paroist au-dessus de la ville comme un donjon ; il y a un beau jardin (à l'est), vis-à-vis duquel par dehors paroissent dans le mur quelques restes d'ouvrage romain »

Divers actes furent passés « au manoir épiscopal de la Motte », en 1372, 1379, 1398. (Voir Prières, Pr. II. 232, Chapitre). Ils prouvent que les évêques y demeuraient déjà, et qu'on a tort de descendre jusque vers 1420 pour les y introduire. C'est dans la grande salle du manoir de la Motte que se réunirent les Etats de Bretagne en 1532, et qu'ils votèrent l'union de la province à la France. C'est dans le même palais que se tenaient tous les ans, à la Pentecôte et à la Saint-Luc, les assemblées ou synodes du clergé diocésain. 

On entrait à l'évêché par un portail donnant sur la rue du Baty ou de Notre-Dame, et l'on traversait une cour spacieuse pour arriver au manoir. On voyait à droite, vers l'est, un jardin de moyenne grandeur, et à gauche, vers l'ouest, un bâtiment servant de secrétariat, puis une tour convertie en prison, et enfin une longue construction renfermant l'auditoire des régaires et les écuries. En 1623, Mgr Sébastien de Rosmadec afféagea une bande de terrain de sa cour, le long, de la rue de Notre-Dame, depuis ses écuries jusqu'au portail, moyennant une rente perpétuelle, avec permission d'y construire des maisons. 

L'évêché avait aussi, depuis 1447, dans la rue des Chanoines, une maison et un jardinet ; cet immeuble appelé longtemps le Chapeau-Rouge, aliéné en 1577 et racheté en 1655, devint le siège de l'Officialité diocésaine, et prit pour cette raison le nom de Petit-Evêché. 

 

4° Cependant le manoir bâti par Henri Tors, en 1288 s'en allait de vétusté, quand Mgr Charles de Rosmadec en entreprit la reconstruction en 1654. Le clergé diocésain, au synode de la Pentecôte de cette année, lui vota à cette fin fin une somme de 6,000 livres. Pendant les travaux, l'évêque se retira dans la maison de l'archidiacre ; le synode de la Pentecôte ne put se réunir en 1655, parce que le travail n'était pas terminé, et il fut renvoyé à la Saint-Luc (Reg. Synod.). 

Ce quatrième manoir épiscopal, bâti sur l'emplacement du précédent, offrait une façade à trois étages, ayant chacun neuf ouvertures rectangulaires. Un corridor le divisait dans toute sa longueur. Voici quelle était sa distribution intérieure. Au rez-de-chaussée, on trouvait, en allant de l'ouest à l'est, la cuisine, la salle commune, l'office et la salle à manger, remplacée plus tard par le secrétariat ; au premier étage une chambre verte, une salle à manger et les appartements de l'évêque, avec divers cabinets ; au second, la chapelle, la salle synodale, et plusieurs . chambres libres ; au troisième, diverses pièces pour les secrétaires et les domestiques. Un perron monumental, à double escalier, conduisait de la cour au premier étage ; un autre escalier, adossé au mur de la ville, conduisait à tous les étages de la maison. 

Le successeur de Mgr de Rosmadec, Louis Caset de Vautorte, fit construire un cabinet sur la terrasse et refaire le portail de la cour, et rendit aveu pour le tout en 1683. Voici la description qu'il fit alors de l'évêché : « .. Le palais épiscopal (A), dans l'enclos de la ville de Vannes, paroisse du Mené, près de la Porte-Neuve ou de Nostre-Dame, consistant en un grand corps de logis double, construit de neuf, au bout duquel logement neuff, vers l'occident, est partye d'une vieille maison sur les murailles de la ville, et au devant du tout est la court du dit palais, ayant son entrée par un grand portal, fait bastir de neufs par le seigneur évesque au bas de la rue de Notre-Dame ; dans laquelle court sont bastis des apentifs, écuries et remises de carrosses, et au bas d'icelle est une autre petite court servant de décharge au costé et les joignant est le jardin du mesme palais (D) ; contenant icelluy palais et ses dépendances sous fonds 70 cordes. Un autre vieux corps de logis (B), dépendant dudit palais, donnant par le devant sur la dite rue de Nostre-Dame ; autrefois partie d'icelluy servant de prison des Régaires, et à présent en boutique et logement, affermés à des particuliers, et le surplus servant d'Auditoire, où se tiennent les audiences de la dite juridiction des régaires, contenant de longueur et face sur la dite rue 117 pieds et demy, et sous fonds 5 cordes et demy, donnant d'un bout à la maison de Le Cointe et de l'autre sur la grande court du dit palais. Une autre maison (C), dépendante du dit évêché, avec une court au derrière d'icelle et une écurie, ouvrant la dite maison sur la rue des Chanoines (servant à l'Officialité), contenant de face sur la rue 26 pieds, et sous fonds avec la dite court et écurie 4 cordes trois quarts, donnant d'un côté à la maison de l'archidiacre et de l'autre à la maison des héritiers Dusers. Le tout des dits palais, vieux logis, auditoire et autres logements, courts, écuryes et jardin, contenant ensemble sous fonds un journal et deux cordes.. » (Evêché 6. 9).

Ce domaine immédiat de l'évêché fut considérablement agrandi par Mgr François d'Argouges. Ce prélat acquit, en 1688, les douves du Mené, et en fit trois beaux jardins (F. E. E.*) ; il acquit plus tard la moitié du bastion de Notre-Dame (G), et y fit faire un pavillon et un jardin, après avoir démoli les masures qui en empêchaient l'accès.. En 1716, il légua le tout à ses successeurs. Dans l'inventaire du mobilier, dressé après sa mort, on remarque dans la chambre verte huit pièces de tapisserie à grands personnages, dans la chambre voisine sept pièces de tapisserie d'Auvergne à personnages, dans la chambre de l'évêque six pièces de tapisserie et huit tableaux à l'huile, un bureau d'ébène, etc.., dans la grande salle synodale sept pièces de tapisserie à grands personnages, dans la chambre rouge vers le jardin cinq pièces de tapisserie à personnages et sept à verdure, etc, etc.. (Présid. B. 626.) 

Presque tout le mobilier fut acheté par Mgr de Caumartin, et passa à ses successeurs. 

En 1791, l'évêché fut abandonné par Mgr Amelot, puis occupé provisoirement par l'évêque constitutionnel, et ensuite réservé à l'administration départementale. En 1793, quatre jardins furent vendus à divers particuliers pour 12,785 livres ; la maison de l'officialité ou du petit évêché fut adjugée à M. Callet pour 4,100 livres. Le palais épiscopal, avec le reste de ses dépendances immédiates, devint en 1800 le siège de la préfecture du Morbihan, et il a gardé cette destination jusqu'en 1866. 

 

5° En arrivant à Vannes, en 1802, Mgr de Pancemont n'avait pas de palais épiscopal. Dès le 20 août de cette année, il écrivit au directeur des domaines pour demander qu'on mit à sa disposition l'ancien couvent des Carmes déchaussés, situé près du port, afin d'y établir son logement et son secrétariat. Sa demande fut transmise au gouvernement, qui prit, le 17 novembre 1802, l'arrêté suivant : « Saint-Cloud, le 26 brumaire, l'an IX de la République une et indivisible. Les Consuls de la République arrêtent : Article 1er. Les maisons et jardins des ci-devant Carmes à Vannes seront donnés pour logement à l'évêque de Vannes. Article 2. Le Ministre des Finances est chargé de l'exécution du présent arrêté. Le premier consul (signé :) BONAPARTE. Pour le 1er consul, le secrétaire d'Etat : H. B. MARET » (Archives de l'Evêché).

Le gouvernement gardait la propriété de l'immeuble, et il ne cédait que la jouissance à l'évêque. Ce local avait l'avantage d'offrir une vaste chapelle, un logement suffisant, et un magnifique enclos, renfermant jardin, prairie et pièce d'eau ; mais il avait l'inconvénient d'être trop loin de la cathédrale. 

Aussi dès le retour des Bourbons, en 1814 Mgr de Bausset, évêque de Vannes, fit une tentative pour rentrer en possession de l'ancien évêché, en faisant remarquer que c'était une propriété ecclésiastique non aliénée. 

Le Conseil général, saisi de l'affaire, refusa la restitution, parce que la préfecture était trop bien placée au centre de la ville pour être dérangée. et que son transfert au couvent des Carmes nécessiterait une dépense immédiate de 50,000 francs pour l'établissement des bureaux.

Bientôt les événements politiques de 1815 et la nomination de Mgr de Bausset à l'archevêché d'Aix arrêtèrent les négociations. Depuis ce temps les évêques sont restés dans le couvent des Carmes, et ils se consolent de leur éloignement de la cathédrale parla jouissance d'un vaste parc, qu'il aurait été impossible de se procurer dans l'intérieur de la ville. Ils ont même amélioré leur situation : Mgr Gazailhan a fait commencer la restauration de la chapelle et Mgr Bécel l'a terminée. Celui-ci a de plus fait reconstruire une remise et une écurie dans la basse-cour. 

D'un autre côté, l'hôtel de la préfecture s'en allait de vétusté ; bientôt même il fallut songer à l'abandonner pour bâtir ailleurs. En 1860, le Conseil général ne tint pas, comme en 1814 ; à conserver la préfecture au centre de la ville, et il acquit dans le faubourg de Saint-Patern l'ancien enclos et couvent dés Dominicains, pour y bâtir une préfecture nouvelle. 

L'ancien palais de la Motte, abandonné par le préfet, fut vendu en 1866 à M. le comte de la Ferriere, pour la somme de 110,000 francs. La maison fut démolie en majeure partie dès l'année suivante pour y faire passer la rue Billault ; ce qui en reste dans l'Hôtel de France, — deux fenêtres de façade à chaque étage, — permet de le reconstituer par la pensée et par le dessin.  

 

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DEPENDANCES

Les immeubles dépendant de l'évêché étaient disséminés à Vannes, à Plescop, à Theix, à Surzur et à Sarzeau. 

1° A Vannes, il y avait :

« Le four à ban du Mené (H), servant aux habitants de cette paroisse, situé proche l'églize de N.-D. du Mené, avec son logement couvert d'ardoize, et un petit apentif au joignant, accensé à Jean Morio, pour en payer chaque an 120 livres de rente censive » (Aveu 1683). La Révolution supprima la rente censive, et l'occupant resta seul propriétaire ; l'édifice a été démoli depuis. 

« Le moulin à eau, vulgairement appellé de l'Evesque ou de Bourg-Maria, à deux roues, couvert d'ardoize, avec une chambre au derrière aussy couverte d'ardoize et un petit jardin, la chaussée et l'étang dudit moulin, et une petite prée au proche » (Aveu 1683). Ce moulin avait été cédé en 1619 aux Carmélites à la charge de le rebâtir, et racheté en 1664. La Révolution le vendit, le 26 octobre 1797, à M. Danet aîné, pour 35,254 livres en assignats dépréciés. 

« Trois métairies nobles, appellées de Kerbiguet, s'entrejoignantes, sittuées au dit village, paroisse de Saint-Patern, consistantes en maisons, jardins, rues, issues, terres de labeur, prairies, pastures, gouaffres, taillis, landes, frostages et communs ; la première desquelles est possédée, à titre de ferme, par Jan Rodo, la seconde par Pierre Ruaut, et la troisième par Pierre Morice ; les trois contenant ensemble par fonds 183 journaux 2 cordes » (Ibid). — Le 11 janvier 1791, elles furent adjugées au sieur Lavaysse et consorts pour la somme de 39,900 livres. 

« Une prée sittuée au haut de la rue de Groutel, paroisse de Saint-Patern, appellée la prée de l'Evesque, avec son fossé et talut vers le grand chemin qui mène à Nantes, donnant du midy à prée et lande de la maison de Lanoë et à prée de la maison du Verger, et du septentrion à un jardin ; icelle prée contenant en fonds 6 journaux, 3 quarts, 12 cordes » (lbid). — Cette grande prairie, confisquée à la Révolution, fut vendue à M. Jomard, le 16 juin 1792, pour 4,865 livres. 

« Une maison couverte d'ardoize, sittuée dans la rue haute de Calmont, ouvrant sur ladite rue, avec court au derrière, et une petite maison en icelle, dans le pignon de laquelle est un four, communément apellé le four à ban de Calmont, et au derrière est un jardin ; le tout possédé par François Martin, pour en payer chascun an aud. Sgr Evesque 60 livres de rente censive ; icelle maison contenant de face sur la rue 12 pieds, et sous fonds d'icelle et dépendances 3 cordes et un quart » (Ibid). — La Révolution supprima la rente censive et maintint la propriété de l'occupant. 

Une ancienne maison de campagne à Conleau, près de Vannes. L'existence de cette demeure nous est certifiée par un acte de l'évêque Cadioc, donnant son consentement à la fondation de l'abbaye de Prières, et finissant par ces mots « Donné à Conleau, le jour de l'Epiphanie, l'an de grâce M. CC. L. — N. S. le 6 janvier 1251 » (Pr. I. 947.). En 1888, on a exhumé, dans l'île actuelle de Conleau, un appartement richement pavé de briques disposées en losanges ; au milieu de la pièce et dans les embrasures, les briques étaient ornées de dessins linéaires, qui semblent accuser le XIIIème siècle. Quand et comment ce manoir est-il tombé en ruines ? — Il est à présumer que c'est pendant la période des évêques commendataires, dans la première moitié du XVIème siècle : les évêques, ne résidant pas à Vannes, ne pouvaient pas surveiller leurs propriétés, ni les réparer en temps opportun. En 1570, un bois taillis de Conleau , appartenant à l'évêché, fut vendu pour la somme de 403 livres : c'était probablement l'un des derniers restes de cette maison de campagne. 

 

2° A Plescop, il y avait le domaine de Kerango. Le nom de ce lieu est breton ; Ker-an-go signifie le village du maréchal ou du forgeron ; on l'a traduit en latin par Villa Fabri, qui a la même signification. On ignore la date d'acquisition de ce domaine par les évêques de Vannes ; on en trouve mention dés le XIVème siècle, mais son origine ecclésiastique parait antérieure. Il ne nous reste aucune description ancienne de cette propriété ; voici celle qu'en donne Mgr de Vautorte dans son Aveu du 4 avril 1683. « La maison noble de Kerango, scituée dans la paroisse de Plescob, consistant en deux grands corps de logis, couverts d'ardoize, séparés l'un de l'autre par une grande court (N° 506 du plan), contenait ensemble sous fonds 50 cordes ; le logement du costé vers l'orient ayant de longueur 169 pieds et demy (allongé depuis) ; le jardin au derrière d'icelluy, appellé le jardin neuf (N° 513), dans lequel est une fuye et colombier, contenant sous fonds un journal 4 cordes ; l'autre corps de logis, basty de neuff, flanqué de deux gros pavillons en chasque bout, expozé à l'occident, contenant de longueur 200 pieds ; une basse-court au derrière d'icelluy (N° 507), qui contient par forcis 32 cordes. 

Au costé du jardin neuff, où est la fuye, est une place vague, ou première court (511), qui sert de passage et arrivée à ladite maison, au costé vers midi de laquelle il y a une chapelle, contenant ensemble 31 cordes. 

Du costé vers midy du second logis et pavillon, est un autre jardin appellé le courtil (509, 510), dans lequel il y a deux maisons, couvertes de paille, servant autrefois de logement aux fermiers, contenant ensemble 45 cordes ; un autre jardin (508), aussy cerné de murailles, nommé le vieux jardin , contenant un journal 7 cordes. 

Un quanton de terre (N° 502), sous bois, semis, verger, labeur et landes, cerné de murailles, apellé le bois Meuriec, donnant du midy aux susdits logis de Kerango, et du septentrion à un grand chemin qui conduit à Pluvigner, contenant sous tonds 21 journaux et 2 cordes. 

Un autre quanton de terre (N° 517, 531) sous un grand bois de fustaye, avec un mail au milieu, apellé le bois Deurec, cerné de fossés, donnant vers l'occident à la basse court (505) et bois Meuriec, contenant 9 journaux et 70 cordes. 

Un bois taillif, cerné de ses fossés, donnant de l'occident au chemin qui le sépare du bois de fustaye,... contenant sous fonds 5 journaux 36 cordes et demy.

Trois prés, cernés de leurs fossés, contenant le premier 3 journaux 3 quarts, le second 20 journaux 30 cordes, et le troisième 5 journaux. 

La métayerie noble de la Porte dudit lieu de Querango, consistant en une maison couverte de paille, bastie au midi de la chapelle, contenant sous le fonds de plusieurs pièces de terre en labeur, jardins, prés, pastures, bois, landes et frostages 22 journaux et derny. 

Une autre métayerie noble, scittuée audit lieu et aux environs, contenant sous le fonds de plusieurs maisons, jardins, rues et issues, prés, terres en labeur, bois et landes et frosts, qui la composent, 42 journaux et demy.

Un moulin à eau, couvert d'ardoize, scittué dans le vallon de Couessial, dite paroisse dé Plescob, apellé le moulin de Querango, avec une petite loge, un petit jardin, l'estang et la chaussée, une petite pré, et un moulin à vent, dont est fermier Jan Telain ».

Comme on le voit par cette énumération, le domaine de Kerango était considérable, et cependant il avait été écorné, en 1563, par la vente d'une tenue et d'une lande à Kerlagat, d'une lande à Kerango, de deux tenues à Brambec, et en 1577, d'une tenue à Kerubé. Ces aliénations avaient été autorisées par le Saint-Siège, pour payer les taxes énormes mises sur le clergé, à l'occasion des guerres des Calvinistes. Plus tard presque tous ces biens furent rachetés, en remboursant aux acheteurs le prix d'acquisition : c'était une clause des autorisations.

Mgr Fagon aimait le séjour de Kerango ; il meubla magnifiquement le manoir, et en 1740 il légua le mobilier à ses successeurs ; c'est là qu'il mourut le 16 septembre 1742. Mgr de Bertin y faisait aussi de longs séjours, et il y rendit son âme à Dieu le 23 septembre 1774. Mgr Amelot n'en jouit pas longtemps; il en fut dépouillé par la Révolution. 

Le manoir de Kerango, avec ses dépendances et métairies, fut adjugé, le 27 avril 1791, à M. Brulon, pour 50,700 livres. 

La tenue du même lieu fut vendue, le 2 mars 1791, à Julien Rio, pour 2,313 livres. 

Les moulins à eau et à vent furent cédés, le 9 août 1796, à J. Chardevel, pour 4,428 livres. 

Le 10 février 1798, une tenue à Brambec fut adjugée à M. Goujeon pour 15,730 livres, une autre au même lieu à F. Malherbe pour 1,665 livres, et une autre à Kerubé à la veuve Febvrier pour 3,116 livres. 

Aujourd'hui le manoir de Kerango est en ruines, et les bois ont presque complètement disparu. 

 

3° A Theix, les biens-fonds de l'évêché ont subi plusieurs changements. Dès 1220, on voit Guéthenoc, évêque de Vannes, donner au chapitre de son église, pour son anniversaire, une rente de 20 sous sur ses moulins et ses terres de Theix. — Quels étaient ces moulins ? Quelles étaient ces terres ? 

En ce qui concerne les moulins, le receveur de l'évêché en 1491 mentionne ceux de Theix, du Rohello et de Noyalo, comme occupés par des fermiers de l'évêque. En 1553 on trouve encore la mention des moulins de Theix en général, sans désignation particulière. Ils paraissent avoir été ruinés ou aliénés vers la fin du XVIème siècle. 

Quant aux terres appartenant à l'évêché dans la même paroisse, en fonds et édifices, il y avait la métairie de Kerret, qui fut vendue, le 26 janvier 1565, à Roland Vivian, sieur du Clérigo, pour la somme de 1,640 livres tournois. 

Il y avait aussi des tenues, dont le fonds seul appartenait à l'évêque, et les édifices aux tenanciers. Ces biens, dont quelques-uns étaient de mince valeur, ne sont connus que par des actes d'aliénation ; l'aveu de Mgr de Vautorte n'en fait aucune mention. C'est ainsi que la tenue de Belleguic au bourg fut vendue, le 26 janvier 1565, à Jean Le Floch, sieur de Rosvellec, pour 355 livres ; le même jour, la tenue de Jean Jamot au bourg fut adjugée à Jean de Vennes pour 65 livres ; une petite tenue à Kerbic et le fonds d'un pré à Pont-Golvin furent également aliénés. 

Cette dernière propriété fut rachetée, car elle figure de nouveau dans les ventes nationales de la Révolution. En effet, le 10 décembre 1791, l'administration vendit, comme biens de l'évêché, le pré de Pont-Golvin au sieur Célard pour 203 livres, le fonds d'une maison et d'un jardin au bourg au sieur Surzu pour 188 livres. Le 12 février 1798, furent adjugées, la tenue Tarbé au bourg au sieur Millon pour 2,415 livres ; une tenue à Brestevan à L. Gillet pour 3,116 livres ; la tenue Guénégo à Rebestang à J. Digabel pour 10,023 livres ; la tenue Boulicaut à l'Avredon au même Digabel pour 9,112 livres ; et enfin la tenue Graveran à l'Avredon à Y. Conan pour 914 livres. 

 

4° Si Theix fournit peu de renseignements sur les immeubles de l'évêché, Surzur en fournit encore moins. On sait seulement que les évêques y possédaient en 1491 le moulin de l'Espinaye, pour le service de leurs vassaux ; cet immeuble fut aliéné, probablement à la lin du XVIème siècle, et au siècle suivant il appartenait aux Rosmadec du Plessis. 

 

5° A Sarzeau, l'évêque avait la terre de Brillac et le couvent de Saint-Jacques. Voici la déclaration faite par Mgr de Vautorte, le 20 juillet 1682 : « Le lieu, manoir et métairie noble de Brillac, situés en la frairie de Coet-er-Scoufle, paroisse de Sarzeau, isle de Rhuis, contenant le tout en un tenant, tant sous maisons, rues, jardins, vignes, prés, que terres labourables et terres frostes, ensemble 70 journaux de terre, joignant l'estang de Linden, le bord de la mer, et le parc de Bernon... ; les quelles terres et héritages ledit seigneur évesque tient par fondation des anciens rois, ducs et princes, en fief amorty, à debvoir de foy, prières et oraisons, comme le fief le requiert »

Cette belle terre de Brillac fut mise en vente, pour payer les lourdes taxes de l'évêché, et adjugée le 4 novembre 1563, à René de Kerméno, puis à Michel de Rimaison, pour la somme de 8,004 livres. 

Elle fut ensuite rachetée par les évêques, comme le prouve l'aveu de Mgr de Vautorte, relaté ci-dessus. Quand vint la confiscation révolutionnaire, elle fut vendue de nouveau, et cette fois ce fut sans retour. 

« De plus, dit l'aveu de 1682, il appartient audit seigneur évesque la chapelle de Saint-Jacques, audit Rhuis, frairie de Saint-Jacques, avec tiltre, droit et possession de tout temps immémorial de percevoir les oblations et revenus de ladite chapelle, à la charge de l'entretenir de réparations »

Cette chapelle de Saint-Jacques, avec le couvent adjacent, a une histoire curieuse. C'était à l'origine, d'après la tradition, un établissement de Templiers. Pour nourrir les religieux, il y avait une dîme établie sur la paroisse de Sarzeau. L'importance du couvent porte à croire qu'il provenait de la générosité de quelque grand seigneur, peut-être même du duc de Bretagne. L'église, très belle, était dédiée à saint Jacques, et non à saint Jean-Baptiste, comme dans les maisons des Hospitaliers. 

Lorsque les Templiers furent supprimés en 1312, leur établissement de Saint-Jacques ne fut point donné aux Hospitaliers, comme ailleurs, mais à l'évêque de Vannes. Depuis ce temps jusqu'à la Révolution, les évêques ont joui de l'immeuble et des dîmes de la paroisse. 

Les bâtiments de Saint-Jacques abandonnés tombèrent peu à peu en ruines. La mer de son côté rongea le sol, et graduellement envahit les terres du couvent et les édifices eux-mêmes. Des rochers, qui s'aperçoivent aujourd'hui en mer, à une grande distance, faisaient partie en 1750 de la terre ferme. La tour de l'église, ruine imposante d'une belle architecture, sapée par des paysans pour en retirer des pierres de taille, s'écroula dans la mer le 27 avril 1807. Il ne reste plus guère qu'un pan de muraille, dont la chaux est mêlée de coquillage ; ils finira lui-même par disparaître.

 

 6° A Merlevenez, il y avait jadis un établissement semblable à celui de Saint-Jacques. Merlevenez s'appelait anciennement Brélevenez, et n'était qu'un village de la vieille paroisse de Trévalsur. C'est dans ce village de Merlevenez que les Templiers fondèrent un établissement considérable, dès la fin du XIIème siècle, grâce aux libéralités du seigneur de Kermadio en Kervignac et au concours du duc de Bretagne. L'église, dédiée à Notre-Dame de la Joie, conserve encore des parties romanes dans sa structure. 

A la suppression des Templiers en 1312, leurs biens de Merlevenez furent, par exception, donnés à l'évêque de Vannes. Celui-ci ne les garda pas longtemps : il céda l'église à la paroisse de Trévalsur, et y transféra le service divin, et par suite la paroisse prit le nom de Merlevenez ; puis, pour doter le service et assurer les réparations de l'église, il abandonna les biens provenant des Templiers. De cette façon l'évêché n'eut plus de biens immeubles à régir en Merlevenez.

 

7° Pendant le XIXème siècle l'évêché n'a racheté aucune de ses anciennes propriétés. En retour il a fait, en 1810, l'acquisition de l'ancien couvent des Carmes de Sainte-Anne, et y a établi un petit séminaire en 1845. Plus tard il a reçu une maison et un jardin, situés à Vannes, rue du Drézen, et y loge actuellement des Soeurs gardes-malades. En 1881, il a fait l'acquisition de l'ancien couvent des Carmes de Ploërmel, et y possède également un petit séminaire. L'évêque ne tire aucun profit pécuniaire de ses collèges ecclésiastiques, mais il a l'immense avantage de faire élever sous ses yeux les futurs ministres de l'Eglise (abbé Le Mené). 

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