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FABRIQUE et PAROISSE de VANNES

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FABRIQUE DE VANNES

La fabrique est un établissement chargé du bâtiment de l'église et de l'entretien du culte divin.

Dans les paroisses ordinaires, ses intérêts sont gérés par un conseil composé du recteur et de quelques laïcs choisis. Dans des églises cathédrales ils sont gérés par le chapitre seul.

Le conseil ou le chapitre, ne pouvant se réunir journellement pour les détails du service, délègue un de ses membres pour en avoir soin. Ce délégué, appelé tantôt procureur de la fabrique, ou simplement fabrique, tantôt trésorier, est chargé de recevoir les fonds et de payer les dépenses autorisées ; il doit rendre ses comptes tous les ans, soit au conseil, soit au chapitre, suivant les cas, et ces comptes doivent être approuvés par l'évêque ou par son vicaire général, parce qu'il s'agit de biens ecclésiastiques.

Les ressources des fabriques viennent d'abord des oblations volontaires, faites à l'église ou versées dans les troncs : c'est un usage qui remonte à l'origine du christianisme, et qui se continue de nos jours. Elles viennent ensuite des droits casuels perçus pour les mariages, les purifications, les enterrements, les tentures, les sonneries, le luminaire, les chaises, les serments sur les reliques, etc...

L'église cathédrale de Vannes avait en outre les Annates ; c'est-à-dire la moitié des gros fruits de l'année qui suivait la vacance de chaque paroisse du diocèse : l'autre moitié appartenait au nouveau recteur. En admettant une moyenne de cinq ou six vacances par an, on arrivait à une somme importante.

Ce droit d'annate, au profit de la fabrique, existait à Vannes dès le XIIIème siècle au moins. En 1409, le recteur de Saint-Jacut était poursuivi par le procureur de la fabrique de la cathédrale pour le paiement de ce droit. Il en était de même en 1441, pour le recteur de Saint-Jean-Brévelay. Dès 1419, une pension annuelle de 22 livres avait été imposée sur la paroisse de Moréac au profit de la même fabrique.

Voici quel était, en 1475, l'état de ses recettes.

Oblations du tronc et boîte de Saint-Vincent et autres : 88 livres 16 sols 10 deniers.

Recettes des enterrements, services, etc. : 121 livres 2 sols 11 deniers.

Sonneries aux enterrements et services… : 1 livre 10 sols.

Devoir de 8 deniers par chaque noxaille (mariage) : 12 sols.

Devoir de 4 deniers par purification des femmes : 13 sols.

Devoir de 5 sols par serment sur les reliques : 6 livres.

Luminaire des messes de la duchesse Jeanne : 9 livres 2 sols 6 deniers.

Pension annuelle sur la paroisse de Moréac : 22 livres.

Annates de plusieurs paroisses : 262 livres 11 sols 3 deniers.

Total : 513 livres 8 sols 6 deniers (G. Fabriq.).

Cette somme de 513 livres, d'après ce qui a été dit précédemment, valait en 1900 environ 17,955 francs.

Depuis quinze ans, la fabrique appliquait toutes ses ressources disponibles à la construction de la nef actuelle de la cathédrale, et en cette même année 1475, elle avait dépensé 308 livres 10 sols, c'est-à-dire environ 10,797 francs (valeur en 1900), rien que pour les tailleurs de pierres. Le chapitre de son côté contribuait largement à l'oeuvre, et l'évêque y appliquait les aumônes provenant des indulgences accordées par les souverains pontifes.

Quant au personnel, le même compte porte 3 livres 6 sols 8 deniers pour les gages de l'organiste, 20 sols au souffleur, 30 sols au porte-croix, 33 sols au prévôt ou bedeau, 100 sols à la lavandière, 4 livres au prédicateur du carême ; celui-ci était payé en outre par le chapitre et par l'évêque.

Parmi les autres dépenses, on remarque « 25 sols pour 25 quartes de vin, pour les communiants de Pâques ». Ce vin n'était pas consacré ; il était distribué après la communion pascale, et il rappelait l'antique usage de la communion sous les deux espèces.

Les comptes des années suivantes sont tous taillés sur le même modèle. Il suffit d'y relever quelques notes historiques.

« Le 29ème jour d'apvril (1485) fut faicte une procession générale du commendement du Duc, pour recevoir les sermans sur Corpus Domini d'un chacun, tant gentil homme que d'autre, d'estre loyal au duc, à la duchesse et à mesdammes leurs filles ; quelle procession fut faicte entour de l'église par dehors, et au retour d'icelle une messe fut chantée à l'autier du vicaire.

Receu pour une procession faite tout autour de l'église (en 1486), et célébré la messe sur l'aultier Mgr Saint-Vincent, à l'intention du Duc, nostre souverain seigneur, 25 soulz.

En 1487, pour ce que la paroesse de Moréac a esté pillée par les Françoys et autres gens de guerre, reçeu seulement 5 livres 10 sols.

Le 5ème jour de juign (1488), qui fust le jour du Sacre, ès tabourins espaignols, les queulx accompagnèrent le Sacre, 10 soulz.

Item ès sonneurs, pour faire la sonnerie du service des seigneurs décédés au jour de la bataille à Saint-Aubin, 5 soulz.

Le 20ème jour de may (1490), ès sonneurs pour fère la sonnerie de la paix faicte entre Mgr le prince d'Orange et Mgr le mareschal de Rieux, 10 soulz.

Le tiers jour du moy de juign (1491), receu de l'offerte que fist Monsieur le vicaire (général) de Vennes, quand il print la possession de l'évesché, ung escu au soulaill, valant 36 soulz 3 den.

Le 16ème jour du mois d'octobre (1492), aux sonneux des grosses cloches à la procession faite pour la nativité du Daulphin, 2 soulz 6 d. 

Le 15ème jour de septembre (1494), fut benoisqué par Rev. Père Henry d'Aradon, évesque de Cèdre (?) le cymittère (du cloître).

Le 18ème jour de septembre (1496), poié aux sonneurs qui sonnèrent les grandes cloches à la nativité du Daulphin, 3 soulz 2 den. ».

Au XVème siècle, la fabrique avait lentement construit la nef et la façade de la cathédrale ; au XVIème siècle elle entreprit la reconstruction des transepts ou des bras de la croix. Le pignon du midi fut abattu en 1504, et le pignon actuel fut immédiatement commencé. La porte, dite des Ducs, fut surmontée de l'écusson de l'évêque Jacques de Beaune, et la fenêtre au-dessus décorée de son portrait. L'autel était dédié à saint Guénael, abbé, et tout auprès on voyait son tombeau, ou du moins son cénotaphe, ses reliques étant conservées à la sacristie.

A bout de ressources, on eut encore recours au Saint-Siège. Une indulgence plénière fut accordée pour le 1er mai 1515 et les deux jours suivants. Les offrandes du pardon dépassèrent 400 livres. En 1516, l'évêque commendataire Laurent Pucci fut taxé par le parlement à une contribution annuelle de 200 livres pour la cathédrale.

Dès 1516, on démolit le vieux clocher au-dessus du choeur, et on commença les quatre gros piliers actuels. Vers 1520 on entreprit le transept du nord, avec la porte dite des Chanoines.

Le style des transepts est ogival, comme celui de la nef ; mais la renaissance se fait déjà sentir dans quatre petites arcades en plein cintre et surtout dans deux sortes de contreforts, ajoutés aux deux gros piliers du choeur du côté de la nef. La renaissance règne seule dans la colonnade du cloître, commencée en 1530, et dans la chapelle circulaire du Saint-Sacrement, construite en 1537 aux frais de l'archidiacre Jean Danielo.

Il ne restait plus à faire que le sanctuaire. Dès 1536 on jeta les fondements de la chapelle absidale de Notre-Dame et Saint-Vincent, et des autres chapelles rayonnantes. Mais bientôt les ressources firent défaut, et les travaux furent suspendus. Ce n'est que deux siècles plus tard que l'oeuvre fut reprise sur un autre plan.

Après l'immeuble, voyons le mobilier. Un inventaire de 1555 fournit à ce sujet d'intéressants détails. On y voit figurer 31 chapes, 21 chasubles, 20 dalmatiques, 20 tuniques, 93 aubes, 9 ceintures et 50 nappes d'autel.

Quant à l'argenterie, il y a 21 calices, dont un en or massif, orné de pierreries, et appelé le calice de saint Patent, dix en vermeil, et dix en argent. On trouve ensuite une croix de procession en argent, deux petites croix dorées, trois encensoirs et un bénitier d'argent, deux burettes en vermeil et deux en argent, un bâton cantoral en argent, le livre des Evangiles couvert en argent, un petit plat pour recevoir les offrandes au maître-autel, « un sacraire d'argent doré, on l'on porte Corpus Domini le jour du Sacre, ayant deux ymaiges d'anges, le rondeau (pour l'hostie) entre deux, et au dessoubz les imaiges de Jésus-Christ, Notre-Dame et saint Jehan en bosse ; plus autre sacraire d'argent doré, où est ordinairement le corps du Seigneur, au dessus du grand aultier ; un petit porte sacre doré, garni de rubis et perles entrelasés, à deux moutons en bosse dessus et ung voyrre de cristal » ; deux chandeliers d'argent, une paix d'argent doré, avec l'image du Père éternel en émail, etc...

Parmi les objets pontificaux, on rencontre une crosse épiscopale en argent, ayant une volute dorée avec une image de Notre-Dame et d'un évêque à genoux ; une autre crosse presque semblable ; une mitre garnie de perles et de pierres précieuses ; une autre mitre en drap d'or, ornée de pierres de diverses couleurs ; une autre mitre en damas blanc, ornée des images de quatre apôtres ; un anneau pastoral avec un cristal, la pierre dite de saint Patern avec sa chaînette ; quatre pierres enchâssées ; deux paires de gants, deux paires de bas ; deux paires de sandales ; quatre coussins , etc...

Quant aux reliquaires, il faut noter, en dehors des grandes reliques de saint Vincent Ferrier, de saint Guénael et de saint Patern, « la vraye croix dans une croix d'argent doré ; deux reliquaires d'argent de forme plate ; un petit reliquaire d'argent en forme de tombeau ; etc... ».

On peut mentionner aussi un tapis, donné par Laurent Cibo, cardinal, archevêque de Bénévent et évêque de Vannes, mort en 1502 ; on n'en possède pas de description.

Mgr Jacques Martin de Belleassise, évêque de Vannes de 1600 à 1622, après avoir donné au chapitre des livres liturgiques de choeur, et un aigle en bronze, qui existe encore, fit broder ers 1615 deux grandes tapisseries, longues de 14 mètres chacune, et reproduisant en 14 tableaux la vie et les miracles de saint Vincent-Ferrier. Il donna de plus une autre grande tapisserie, dont le sujet ne nous est pas connu ; celle-ci se tendait ordinairement dans le choeur.

Une note des Comptes de 1627 porte ce qui suit : « Paié à Jan Blouet, tapissier, pour avoir raccommodé et rehaussé de couleurs la grande et haute tapisserie du choeur, donnée à l'église par feu de bonne mémoire M. de Martin, évesque de Vennes ; et mesme pour avoir raccommodé la tapisserie des hautes chaires, donnée par le mesme, où est représentée l'histoire de saint Vincent Ferrier ; et aussy réparé et presque reffait de neuf l'ancienne tapisserie des dictes chaires, où sont les armes du feu cardinal de Bénévent, vivant évesque de Vennes, suivant les quittances de 1627, savoir 138 livres ».

Le procureur de la fabrique était alors M. Yves Audic, chanoine et recteur d'Elven. C'est lui qui fit faire, en 1626 et 1627, le lambris de toute l'église de Saint-Pierre, qui n'avait jamais été lambrissée, et qui y dépensa 1,794 livres. C'est lui qui fit réparer le pavé de la nef et des chapelles, pour 846 livres 4 sols ; placer trois tambours aux trois principales portes de l'église, pour 664 livres ; et renouveler la couverture de plomb de la chapelle du Saint-Sacrement, pour 330 livres 16 sols.

Encouragé par ces succès, M. Audic voulut reprendre les travaux d'achèvement du choeur. Il lui fallait d'abord recueillir de l'argent. Ayant appris qu'une pension annuelle de 22 livres était due à la fabrique sur la paroisse de Moréac, il présenta une requête au présidial pour faire citer le recteur. Ayant aussi trouvé dans les archives que les évêques de Vannes avaient été taxés, en 1516, à 200 livres par an, pour les travaux de la cathédrale, il pria Mgr Sébastien de Rosmadec de vouloir bien payer la même somme à la fabrique depuis son arrivée en 1622. Sur le refus du prélat, l'affaire fut portée au présidial, et le comptable eut gain de cause, le 9 août 1629. L'évêque en appela au parlement de Rennes, et avant la sentence il fit un arrangement avec le chapitre.

Pour remplacer la cotisation des 200 livres, l'évêque et le chapitre obtinrent du roi Louis XIII, le 20 avril 1630, des lettres établissant une levée de 5 sols par tonneau de vin débarqué dans les ports du diocèse de Vannes, durant une période de neuf ans. Cette concession souleva de grandes difficultés au parlement ; enfin treize ans plus tard, les Etats de la province finirent par verser au chapitre une somme de 3,000 livres, pour être complètement quittes.

M. Audic n'était plus là pour entreprendre les travaux : il avait quitté la cathédrale en 1635 et était mort à Elven en 1642.

Dès 1632, M. Claude Gouault, archidiacre, chanoine et procureur de la fabrique, fit placer une horloge dans la petite tour de l'église, commanda une châsse en argent pour saint Vincent, et acheta au prix de 1,367 livres trois petites maisons, bâties jadis par Thomas de la Garde au chevet de l'église.

M. Roland Fruneau, son successeur à la fabrique, fit faire, d'accord avec le chapitre, tout l'intérieur de la chapelle de Saint-Vincent, de 1634 à 1637, et y dépensa 14,668 livres. La fabrique n'étant pas en état de fournir cette somme, le chapitre lui avança 11,000 livres. Autres avances en 1658 et 1668.

Le procureur de la fabrique était toujours un chanoine, nommé par ses confrères. Sa charge était au moins d'un an, habituellement de deux, et parfois davantage.

Un ouragan, qui arriva la nuit du mardi au mercredi 29 décembre 1705, fut si violent qu'il enleva la plus grande partie de la couverture et de la charpente de l'église : ce qui força le chapitre, conjointement avec le procureur de la fabrique, de faire des emprunts prés de divers particuliers jusqu'à la somme de 6,502 livres.

Les recettes de la fabrique, en 1706, se montaient à 4,254 livres 10 sols, à savoir : les troncs et oblations à 140 livres 10 sols ; les draps mortuaires à 10 livres ; les loyers de maisons à 24 livres ; et les annates à 4,080 livres.

Les dépenses ordinaires pour le personnel et le matériel montant à 3,669 livres 2 sols, il ne lui restait donc que 585 livres 8 sols pour les dépenses extraordinaires.

En 1767, Mgr de Bertin proposa au chapitre de faire voûter en pierre la nef et les transepts de la cathédrale, à condition qu'on lui donnerait l'assurance que c'était un acte de générosité et non d'obligation pour les évêques de réparer l'église. Ayant obtenu cette reconnaissance, il fit commencer les travaux en 1768 ; les dépenses montèrent à plus de 100,000 livres, dont 50,000 livres furent donnés par le roi Louis XV, sur la demande de M. de Bertin, ministre d'Etat, le reste par l'évêque et le chapitre.

Le travail était à peine terminé, que le vieux sanctuaire roman menaçait de s'écrouler : il fallut le démolir en 1770. La fabrique, qui avait près de 80,000 livres de dettes, ne pouvant rien faire pour le relever, le chapitre prit à sa charge tout son passif et tout son actif, et sollicita du roi un nouveau secours de 50,000 livres, en promettant de donner 20,000 livres de son côté. La demande fut agréée.

Le chapitre avait songé d'abord à utiliser les fondements du choeur commencé au XVIème siècle, mais dépourvu des ressources suffisantes, il dut se borner à la construction d'un choeur de style renaissance, dans les dimensions trop restreintes de l'ancien édifice. Les travaux commencèrent en 1771 et durèrent jusqu'en 1776 et coûtèrent environ 156,000 livres.

Grâce à un secours de 80,000 livres, accordé par Louis XVI en 1775, le chapitre put refaire tout le pavé de l'église, poser un autel majeur en marbre et placer des stalles neuves dans le choeur. Malheureusement, il bouleversa l'ordre ancien, en plaçant les stalles au fond de l'église et l'autel au milieu des transepts, en sorte que le clergé ne voit plus le célébrant, et que pour protéger l'autel contre les courants d'air, on a du fermer deux portes monumentales, celle des Ducs au sud et celle des Chanoines au nord.

Les connaisseurs admirent le maître-autel, sculpté par Dominique Fossati, de Marseille, les statues de saint Pierre et de saint Paul, et le tombeau de Mgr de Bertin, dus à Christophe Fossati.

Quant à la fabrique, ses ressources propres étaient les mêmes que par le passé. En 1790, les troncs donnaient environ 160 livres, et les annates une moyenne de 5,580 livres. Le tout passait au chapitre, pour éteindre les dettes. Il en était de même de la propriété et des revenus des maisons situées au chevet de la chapelle de Saint-Vincent. En retour, le chapitre se chargeait de toutes les dépenses qui incombaient auparavant à la fabrique. 

 

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PAROISSE DE VANNES

Pendant les dis premiers siècles de l'Eglise, les villes épiscopales ne formaient qu'une paroisse, sous la direction immédiate des évêques. C'est le régime suivi dans les missions naissantes.

L'évêché de Vannes, avant été érigé au Vème siècle, dut se conformer à l'usage général. La ville, avec ses faubourgs et les campagnes voisines, ne formait qu'une paroisse, dont l'évêque était le pasteur direct mais comme le prélat ne pouvait arriver partout, il était aidé et suppléé par les chanoines de la cathédrale, qui étaient pour lui de véritables vicaires. Ceux-ci baptisaient, confessaient, faisaient les mariages et les enterrements, comme dans les paroisses ordinaires, et présidaient à tour de rôle les offices, chacun pendant une semaine.

Au XIème siècle s'opéra le démembrement : tout l'intérieur de la ville, jusqu'aux murs, forma la paroisse de Saint-Pierre ; tout l'extérieur, avec la campagne, forma la paroisse de Saint-Patern. Celle-ci fut presque aussitôt diminuée des deux petits faubourgs de Saint-Salomon et de Notre-Dame du Mené, qui furent aussi érigés en paroisses.

La paroisse de Saint-Pierre, ainsi limitée par les murs de la ville, fut encore administrée pendant quelque temps par les chanoines, mais bientôt ils s'en déchargèrent, avec l'agrément de l'évêque, et ils la confièrent à un vicaire, choisi par eux et institué par le prélat. Le chapitre se réserva seulement le titre de recteur primitif, le droit de célébrer la messe paroissiale aux quatre grandes fêtes de l'année, de recueillir une partie des oblations pour la fabrique, d'autoriser les inhumations à la cathédrale et d'y assister.

De son côté, le vicaire eut l'usage des fonts de l'église, pour y faire les baptêmes, jusqu'en 1310, où Jean Le Bozec, chanoine et archidiacre, fit construire auprès du choeur la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, pour servir de baptistère.

Il eut à sa disposition l'autel de Sainte-Croix, dit aujourd'hui de Saint-Pierre, au haut de la nef, du côté de l'évangile. C'est là qu'il disait la messe dominicale à 9 heures du matin, avec prône et distribution de pain bénit ; il n'y avait point de vêpres, le chapitre étant chargé de tout l'office chanté ; on y conservait la sainte Eucharistie jusqu'en 1649, où elle fut transférée dans la chapelle circulaire du Pardon ou du Saint-Sacrement.

Pour les enterrements, le vicaire eut la chapelle de Saint-Michel et le cimetière qui l'entourait, situés à l'emplacement du champ de foire actuel. Là, le vicaire pouvait chanter les messes d'enterrement et de service, à l'heure qui lui convenait, pendant que le chapitre chantait à la cathédrale son office et les anniversaires fondés : il n'y avait pas ainsi de conflit possible.

La chapelle de Saint-Michel avait la forme d'un long rectangle comme celle de Saint-Jean-Baptiste, et renfermait plusieurs autels latéraux. En 1543, on fonda dans cette chapelle, alors couramment appelée « église paroissiale » la confrérie des trépassés, qui prit bientôt un grand développement. Les nombreuses fondations de messes et de services nécessitèrent l'établissement de quatre, puis de huit chapelains ; ceux-ci, présentés par l'abbé de la confrérie et agréés par le vicaire, formèrent la communauté des prêtres de la paroisse, et contribuèrent à l'administration des sacrements.

Le vicaire, présenté par le chapitre et institué par l'évêque, pouvait être révoqué par l'accord de ceux qui l'avaient établi.

Ce droit de présentation et de révocation a été formellement reconnu par les papes Sixte IV en 1480, et Innocent VIII en 1485. Le chapitre a joui constamment de son droit de présentation, et il n'a usé de son droit de révocation qu'une fois, en 1664 : sa décision fut approuvée par l'évêque, et confirmée par le parlement.

Parmi les vicaires de Saint-Pierre, on trouve Jehan Collet qui administra les derniers sacrements à saint Vincent Ferrier en 1419 et qui mourut en 1435 ; Pierre Le Fauchour, son successeur, qui réédifia la chapelle de Saint-Jean-Baptiste en 1438, avec le secours des oblations qui lui furent provisoirement délaissées ; Jean Balluart, qui provoqua la fondation de la confrérie des trépassés à Saint-Michel en 1543, et qui mourut en 1552.

En 1603, M. François Préau, choriste et vicaire, représenta au chapitre qu'il ne percevait guère que cinq ou six écus pour ses deniers pascaux, qu'il était obligé d'avoir un curé pour l'aider, et que son gain du choeur était diminué par ses absences obligatoires ; en conséquence il sollicita une pension suffisante pour lui et son curé, et le gain du choeur en cas d'absence forcée. Nous ignorons la réponse qui lui fut faite ; nous savons seulement qu'il adressa la même supplique au présidial, qui n'y pouvait rien. Il est probable toutefois que sa position fut améliorée, puisqu'il resta à son poste jusqu'à sa mort en 1612.

Jean d'Origny, chanoine théologal, ayant été pourvu du vicariat en 1623, voulut se qualifier recteur : mais, le 19 avril 1624, le chapitre lui défendit de prendre ce titre, qui lui appartenait à lui-même. C'est alors qu'il laissa de côté le nom de Saint-Pierre, donné jusque-là à sa paroisse, et qu'il adopta le nom de Sainte-Croix, du vocable de l'autel qui lui était réservé. Cette nouvelle appellation se maintint durant un siècle environ.

Guillaume Le Galloys, également chanoine théologal, fut pourvu du vicariat de Sainte-Croix en 1645, il était en même temps vicaire général de l'évêque. C'est lui qui, en 1648, avec l'appui de son conseil de fabrique, demanda au chapitre la permission de restaurer l'autel de la chapelle du Pardon, pour y poser le tabernacle de la paroisse, et de construire une sacristie dans le cloître contre la chapelle de Saint-Yves, avec une porte de communication dans la chapelle du Saint-Sacrement. L'assemblée capitulaire y consentit, pour obliger la paroisse, mais elle se fit donner par le vicaire et la fabrique de la paroisse un acte notarié constatant que cette permission ne porterait aucun préjudice aux droits du chapitre dans l'église cathédrale. - L'acte est signé par G. Le Galloys, J. de la Couldraye, P. de la Landelle, R. Lechet, G. Bigaré. A. Crose, J. Gatechair, A. Guillo, J. Le Louet, P. Le Sérazin, Picault, Binet, J. Chedane , P. Le Faucheux, Y. Anno, Cl. Gossement, Billy, V. Gillot, Jacq. Rio, G. du Bois de la Salle, V. Guimar, Th. Authueil, J. Mau, G. Kerviche, S. Nicolas, J. Coué, J. Gouyon, J. du Plesseix, J. Quéneau, R. Fruneau, Le Yondre, not. royal, Le Thieis, not. royal.

François Le Gallois (sic), neveu de Guillaume, devint chanoine théologal en 1676 et vicaire de Sainte-Croix en 1678. C'est de son temps que fut commencé un fameux procès entre la paroisse et le chapitre. Les bourgeois composant le conseil de la paroisse se mirent en tête d'enterrer leurs principaux défunts dans la nef de la cathédrale, sans l'autorisation du chapitre et sans son assistance aux obsèques : double économie qui n'était pas à dédaigner. Ils firent si bien que le présidial de Nantes, par une sentence du 6 septembre 1681, leur donna raison, et n'admit la participation des chanoines aux obsèques que sur l'invitation des familles ; leur intervention, nécessaire auparavant, n'était plus que facultative.

Etonnés de leur victoire, les paroissiens n'osèrent pas s'en servir et continuèrent à payer au chapitre les droits d'inhumation dans l'église et les droits d'assistance aux chanoines. Toutefois, pour maintenir ou rétablir ses droits, le chapitre fit appel de la sentence du présidial de Nantes à la cour du parlement, par acte du 10 juillet 1703. Les paroissiens, en ayant eu connaissance, s'assemblèrent en corps politique, c'est-à-dire en conseil, le 5 août suivant, et déclarèrent renoncer à la sentence de 1681, et ne point suivre l'appel.

L'affaire suivit néanmoins son cours, et le 3 mai 1704, le parlement « faisant droit en l'appellation des chanoines et gens du chapitre de Vennes, a mis et met ce dont a esté appelé au néant, corrigeant et refformant (la sentence), déboutte les (paroissiens) intimés de leurs demandes, fins et conclusions parce que néantmoins il en sera uzé à l'advenir entre parties, en la dite paroisse de Sainte-Croix, comme au passé ; condamne les intimés aux dépens des causes principale et d'appel » (G. Vicariat. — parch.).

Au moment de la signification de cet arrêt, la paroisse de Sainte-Croix avait, depuis un an, pour vicaire, M. Louis de Keralbaud de Cardelan, chanoine de la cathédrale. Il habitait, comme ses prédécesseurs, le presbytère de la paroisse, situé à l'angle de la rue des Chanoines et de la rue du Nord (N° 1666).

L'ouragan du 29 décembre 1705, qui avait ruiné la toiture de la cathédrale, avait aussi endommagé la chapelle de Saint-Michel. Aussitôt certains laïcs de la paroisse en profitèrent pour établir leur service à Saint-Pierre, sans demander l'autorisation de personne. Voici comment le procureur général du roi rapporta les faits devant le parlement, dans la séance du 29 décembre 1706.

« Il y a, dit-il, une confrérie des Trépassés, qui se dessert ordinairement dans l'église de Saint-Michel de la ville de Vennes ; l'ouragan ayant en partie ruiné la dite église, les fabriques de l'église et l'abbé de la dite confrérie transférèrent de leur seule autorité le service de la dite confrérie dans l'église cathédrale de Saint-Pierre de Vennes, au mois de janvier 1706 ; les chanoines portèrent leur plainte à la Cour de cette entreprise, laquelle par arrest du 12 janvier les renvoya se pourvoir devant le R. Evesque de Vennes ; — lequel par son ordonnance du 23 du d. mois de janvier, a transféré le service et les offices de la d. confrérie des trépassés dans la chapelle royale des Lices, pour quatre mois seulement, pendant lequel temps il ordonna que les abbés de la confrérie seraient tenus de mettre en état de bonnes réparations la d'église de Saint-Michel, passé lequel temps de quatre mois le dit service seroit fait à l'accoustumé dans la d. église de Saint-Michel. 

Non obstant que cette ordonnance ait été signifiée aux d. abbés le 25 janvier 1706, et que par l'ordre dud. R. Evesque de Vennes il ait été fait un procès-verbal des indigences des réparations de la d. église de Saint-Michel, les abbés de la d. confrérie n'ont fait aucune diligence pour faire faire les d. réparations.

Sur ce délibéré, la Cour, faisant droit sur les remontrances et conclusions du procureur général du roy, fait commandement aux abbés de la confrérie des Trépassés de faire incessamment assembler en la manière ordinaire ceux des abbés qui les ont précédés, et autres qui ont voix délibérative, pour trouver les moyens, à la pluralité des voix, de faire faire les réparations de la d. église de Saint-Michel, faute de quoy il y sera pourvu à leurs frais. Rennes, le 29 décembre 1706 ».

Cette fois, il fallut bien s'exécuter, mais on le lit de si mauvaise grâce que la chapelle ne tarda pas à retomber en ruines.

Le conseil de la paroisse renfermait un certain nombre de légistes, qui tenaient absolument à conquérir la cathédrale. Ils poussèrent le général de la paroisse, le 16 avril 1707, à demander le rétablissement de la sentence de 1681 concernant les sépultures, l'autorisation de chanter la messe et les vêpres de la paroisse à la cathédrale, le droit d'avoir un vicaire pris hors du chapitre, et la faculté de laisser le nom de Sainte-Croix pour reprendre celui de Saint-Pierre, comme étant le vrai nom de la paroisse.

Après une longue instruction, où M. Primagnier représentait le chapitre et M. Quérard la paroisse, le parlement prononça son arrêt, le 5 juin, en ces termes : « La Cour, sans s'arrester aux lettres de restitution des parties de Quérard, faisant droit dans l'appel des parties de Primagnier, ordonne que les sépultures se feront à la manière accoustumée... sauf aux parties de Quérard à se pourvoir vers le R. Evesque de Vennes, pour estre par luy statué ainsy qu'il appartiendra au sujet de la grande messe et des vespres par eux prétendues : … ordonne qu'à l'advenir les parties de Primagnier ne pourront nommer ny chanoine ny supost du bas-choeur pour vicaire de la paroisse ; et sur la requeste des parties de Quérard, ordonne qu'ils seront employés dans les qualités de l'arrest sous le nom des paroissiens de Saint-Pierre de Vannes.. ».

De son côté, l'évêque de Vannes, Mur François d'Argouges, chargé de régler la question des offices, signa le 6 novembre 1711 l'ordonnance suivante : « Veu par nous l'arrest rendu au parlement de Bretagne le 5 juin 1710 ; ... les conclusions du vénérable promoteur de notre officialité du 4 de ce mois :

Le tout bien et mûrement examiné et considéré, et le saint nom de Dieu préablement invoqué :

Nous avons ordonné et ordonnons qu'à l'avenir ; comme par le passé, on ne chantera pas de grandes messes ny de vêpres particulières pour la paroisse de Saint-Pierre de Vannes, desservie à un des autels de notre église cathédrale, et qu'on se contentera d'y dire une messe basse, pendant laquelle on fera le prône et on distribuera le pain bény à la manière accoutumé… ».  

Comme conclusion, le général de la paroisse dut se cotiser en 1712 pour payer la somme de 639 livres 10 sols, pour les frais du procès.

Le vicaire de Saint-Pierre, M. de Keralbaud de Cardelan, mourut le 5 janvier 1718, et fut inhumé le lendemain dans la chapelle de Saint-Vincent. Son successeur fut M. Joseph Touzée du Guernic, présenté et institué le 7 janvier. Il n'était ni chanoine ni choriste, conformément à la décision du parlement ; il tenta, mais inutilement, d'obtenir un canonicat en 1721 ; il réussit toutefois à se faire nommer trésorier, c'est-à-dire second dignitaire de l'église en 1735, et reçut un bref pontifical pour conserver en même temps sa paroisse.

Ses paroissiens travaillaient alors à se défaire de la chapelle et du cimetière de Saint-Michel. Le 21 juin 1740, ils obtinrent l'arrêt suivant du parlement de Bretagne : « Veu la requeste de la paroisse de Saint-Pierre de Vannes, suite et diligence de Maître J. B. Launay, notaire royal et procureur au siège présidial de Vannes, et de n. h. Nicolas Daviers, négociant et ancien consul au dit Vannes, marguilliers en charge …

La Cour, sans préjudicier aux droits du général de la paroisse, luy a permis de faire incessamment travailler à la démolition de la chapelle de Saint-Michel, de vendre les matériaux, mesme d'aliéner le fonds à la première occasion favorable, et d'employer tant le produit de la vente des dits matériaux que celuy du fonds aux réparations et entretien de la chapelle des Lices, dans laquelle l'office des morts se fait, et où se desservent les confrairies du Saint-Sacrement et des Trépassés » (G. Vicariat).

La chapelle de Notre-Dame des Lices avait été fondée en 1428 par le duc Jean V ; elle était desservie par un chapelain, à la présentation des ducs, puis des rois de France. La confrérie du Saint-Sacrement y avait été fondée en 1610. La confrérie des Trépassés venait d'y être transférée par décret épiscopal du 2 avril 1740, et la chapelle avait été cédée par le roi à la fabrique de la paroisse.

Quant au transfert du cimetière sur les Lices, au centre de la ville, il rencontra une vive opposition. Ce n'est qu'en 1748 que la fabrique put acquérir un jardin, voisin de la chapelle, pour y faire les inhumations, et qu'on ferma le cimetière de Saint-Michel.

M. Joseph Touzée du Guernic continuait à gouverner sa paroisse de Saint-Pierre ; il finit par prendre le titre de recteur, en vertu d'une ordonnance royale de 1686. Après avoir exercé ses fonctions pendant plus de 60 ans, il mourut à l'âge de 91 ans, le 15 septembre 1778, et fut inhumé le lendemain dans le caveau du choeur.

M. Joseph Guéheneuc, originaire des Fougerêts et prêtre de la paroisse de Saint-Pierre, fut présenté par le chapitre et pourvu par l'évêque le 28 septembre 1778. Il fut le dernier recteur de la paroisse sous l'ancien régime. Il disparut pendant la Révolution, sans laisser aucune trace (abbé Le Mené).

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