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PETITE HISTOIRE D'UNE PETITE RUE DE VANNES

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A l'origine, la rue Saint-François (que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de rue Noé), comme elle s'appelait jusqu'à la Révolution, donnait accès à la porte Mariole ouvrant sur le port qui s'étendait alors jusqu'à la place du Poids-Public. C'est aussi l'emplacement de la première ceinture de remparts de la ville, aujourd'hui disparue.

La rue Noé à Vannes (Bretagne).

En quittant le carroir de Saint-Pierre de Vannes, pour suivre, dans toute sa longueur, la rue des Orfèvres, on arrivait, il y a moins de 300 ans, à un autre carroir où l'on avait à sa droite la rue Latine, que conduisait à la rue Saint-Salomon ; à sa gauche la rue Saint-Jacques qui s'ouvrait sur les Lices, et en face la rue Saint-François, fermée, à son extréinité ouest, par la porte de ville, dite porte Mariole, au-delà de laquelle était l'entrée du couvent des pères Cordeliers.

C'est l'histoire des quelques maisons de cette toute petite rue que j'entreprends de vous conter sur titres ; puissiez-vous trouver quelque intérêt aux simples récits d'un passé bien simple aussi....

La rue Sant-François, qui s'étend en 1867 jusqu'à la place du Poids-Public, en formant un demi-cercle, et qui relève de la paroisse de Saint-Patern, était, au temps où je remonte, composée de huit maisons et de deux ruines de maisons. Elle relevait aux XVIème et XVIIème siècles, de la paroisse Sainte-Croix, et au XVIIIème siècle de la paroisse Saint-Pierre (même paroisse).

Au-delà de la porte Mariole et des Cordeliers, mais en dehors de la ville close, s'ouvrait la rue du Poids-Public, dans laquelle était la maison dite de l'Enfer, aujourd'hui maison Bouillon, puis la ruelle de la Poissonnerie où se trouvait l'hôtel du Nédo, de nos jours maison Muiron.

A la fin du XVIIème siècle, la maison dite aujourd'hui de Vannes et sa femme, qui appartenait aux sieur et dame Gerbier et autres héritiers du feu sieur abbé du Rohello, formait l'angle gauche de la rue Saint-François, mais ne comptait pas dans cette rue, sa principale entrée donnant dans la rue Saint-Jacques.

Au commencement du XVIIIème siècle, cette maison appartenait au sieur Nicolas Viel, conseiller du roi, miseur de la ville et commune de Vannes, receveur général du tabac, ainsi qu'à demoiselle Suzanne Lucas, son épouse. Nicolas Viel, qui résidait alors près du port, paroisse Saint-Patern, avait acquis cette maison des héritiers du sieur abbé du Rohello, parce qu'elle touchait à la première maison à senestre, que lui appartenait dans la rue Saint-François.

Cette première maison, qui est vers 1867 à M. Droual, après avoir été à la famille Jollivet, appartenait au commencement du XVIIème siècle à Julien de Sérent, écuyer, sieur de Brambec, qui y demeurait. A la fin de ce même siècle, elle était au sieur Nicolas Viel qui, le 9 février 1749, la vendait au prix de 6.000 livres, au rapport de maître Pihan, notaire, à messire Hyacinthe-Joseph-Alexis de la Touche, chevalier, seigneur de Beaulieux, et à dame Thomase-Pélagie de la Pierre-du-Manéguen son épouse, demeurant ordinairement à leur château de Beaulieux, paroisse de Bignan ; mais, de présent, comme il est dit dans l'acte, près du marché, paroisse Saint-Salomon de Vannes.

Le 22 décembre 1783, demoiselle Rose-Céleste de Kerdualy, héritière des sieur et dame de Beaulieux, entrait en jouissance de la maison dont il est ici question, sous la caution de demoiselle Marie-Charlotte-Céleste-Anne-Joseph Bougeard de la Boixellerie qui demeurait à la Ville-Moisan, paroisse de la Croix-Helléan, près de Josselin.

La maison suivante, qu'habitait récemment (vers 1867) le cordonnier Ropert, avait été acquise, le 24 décembre 1648, au présidial de Vannes, de la vente des immeubles de la succession de feu noble homme Guillaume Le Métayer, sieur de Saint-Laurans, par Yves Guymard, sieur de Sainte Doué. A la fin de ce siècle elle était aux mains de M. Charles-Balthazard Guymard, sieur de La Salle et consors, héritiers bénéficiaires de défunt maître Yves Guymard, sieur de Saint-Doué.

La rue Noé à Vannes (Bretagne).

Le 18 juin 1735, Mademoiselle Anne-Louise-Constantine D’Auzon-Guymard, âgée alors de 23 ans, et pensionnaire au monastère de la Visitation, paroisse Saint-Salomon de Vannes, sous l'autorité de maître Guillaume Mallet, sieur de Valambrun, avocat à la cour, son curateur, la maison dont je parle, au sieur Jean-Baptiste Le Blanc, et demoiselle Jeanne Lucas, son épouse, demeurant ensemblement au village de la Ville-Ollivier, paroisse de Molac, pour la somme de 800 livres, et à la charge d'une rente de 18 livres aux révérends pères Cordeliers.

A cette époque, cette maison était occupée, à titre de locataire, par le sieur Pierre-Louis de Malzan, écuyer.

Jean-Baptiste Le Blanc étant mort, et demoiselle Lucas sa femme venant de mourir, leurs héritiers, demoiselle Perrine Lucas, veuve du sieur Golpin, pour moitié ; Vincent-Pierre-Marie Viel, pour autre moitié, vendaient, le 3 mars 1766, la maison dont il s'agit, pour la somme de 1.500 livres à Guillaume Pocard, maître menuisier, et à demoiselle Marie-Françoise Pério, son épouse.

En 1807, cette maison était encore dans la famille Pocard, à l'état d'indivision, entre dame Pocard, veuve Le Fol, rue de l'ouest à Vannes, et le sieur Pocard, son frère, demeurant à Loudéac.

Au lieu et place de la maison neuve où reside (en 1867) M. Fily, huissier, existait une petite et vieille maison qui, en 1784, appartenait demoiselle Refévelle, lingère.

Au-dessous de cette troisième maison de la rue, se trouvait une ruine, qui, le 11 janvier 1784, fût acquise au prix de 600 livres, de Marie-Félix de Foucher, épouse de messire Jean-Baptiste de Gouyon, seigneur de Coispel et de la Ville-Janvier, par messire Jean-François-Stanislas Dondel, seigneur du Faouédic.

Encore au-dessous de cette ruine s'élevait une vaste maison avec étable, galerie, cour, jardin et issue sur la place des Lices. Cette maison, longtemps connue sous le nom d'Arche-de-Noé, parce qu'elle servait de logement à un grand nombre de ménages, joignait la porte Mariole.

Le 23 juin 1614, Julien de Sérent, écuyer, sieur de Brambec, que nous avons vu posséder, à cette époque, la première maison à gauche de la rue Saint-François, achetait l'Arche.-de-Noé, de Claude de Trévégat, sieur de Locmaria, et se faisait mettre en possession par Guillaume Guymarho, sieur de Keriargou, conseiller du roi, et lieutenant général civil et criminel au présidial de Vannes.

Cette maison consistait en deux corps-de-logis dont le premier donnant sur la rue Saint-François, avait une cave, deux étages et un grenier, et dont le second, qui était en arrière, avait un embas et une chambre avec galetas au-dessus. Entre les deux corps-de-logis et les liant ensemble, existait un appentis d’un étage, fait en forme de galerie.

L'arche-de-Noé resta 148 ans dans la famille de Sérent ; mais le 24 avril 1762, Joseph-François, chef de nom, et d'armes, comte de Sérent, chevalier, seigneur de Beaulieux, Beau-Soleil, Keralier et autres lieux, gouverneur de Rhuis, demeurant ordinairement à son château de Keralier, paroisse de Sarzeau, vendait cette maison, alors occupée par sept ménages, à vénérable et discret messire Julien Le Boulch, prêtre-prieur de Saint-Nicolas, ancien recteur de l'Isle-d'Arz, demeurant à Vannes, rue des Orfèvres, paroisse de Saint-Pierre, pour la somme de 1.500 livres.

La famille Le Boulch ne conserva l'Arche-de-Noé que, 23 ans ; car le 20 juillet 1807, M. Coué, receveur des contributions directes ; et dame Marie-Jeanne Le Boulch, son épouse, demeurant alors à Pen-Eclus, paroisse d'Ambon, vendirent cette maison au prix de 2.370 fr. 37c, à MM. le Bobinnec et Joubeau.

Yves Joubeau, maître maçon, et Elisabeth Pierre, sa femme demeurant rue de l'Hôpital, eurent, en part la partie que M. Pavot a récemment acquise de Madame veuve Marquer ; et M. Armand-Pierre-Jean Le Bobinnec eut la partie principale, donnant sur la rue Saint-François. Peu après son acquisition, M. Le Bobinnec fit démolir l'Arche-de-Noé, dans la partie qu'il possédait, et en fit un jardin qu'il accrut de la ruine acquise par lui, le 20 novembre 1805, de M. Dondel du Faouëdic.

En face de l'Arche-de-Noé, et à dextre de la porte Mariole, était, au XVIème siècle, un vaste corps-de-logis connu sous le nom de maison de la Porte-Mariole, et possédée alors par François Le Goff, et Perrine Salomon, vivants sieur et dame de Moustérien. A la fin du XVIème siècle, Pierre et Yvonne Salomon possédaient cette maison, qu'ils laissèrent en mourant à de nombreux héritiers qui se la partagèrent en cinq loties.

En 1606 et 1607, Jacques Cillard, sieur de Coët-Lagat, acquit succéssivement quatre de ces loties, et, en 1667, sa veuve, Nicole Cillard, dame douarière de Coëttec, de Coëtdigo et autres lieux, acquit la cinquième lotie de la maison qui lui resta toute entière, et arriva, par suite, aux mains de son fils Jean-Baptiste Douard, seigneur de Ville-Port et autres lieux.

Le 10 juin 1719, M. de Cornulier, président en la chambre des comtes de Nantes, marié à une petite-fille de dame Nicole Cillard, vendait la maison de la Porte-Mariole, au sieur Ollivier Delourme, marchand, et à son épouse Jeanne Caillo, demeurant près le marché au blé, paroisse Saint-Salomon.

A cette époque, au-dessus de la maison de la Porte-Mariole, et près du portail de cette maison, gisait à terre une masure ruinée, que revendiquait maître Yves Guymard, sieur d'Auzon doyen des conselliers du présidial de Vannes, et, au-dessus de cette ruine, s'élevait une petite et vieille maison qui, en 1615, avait été acquise de Julien de Sérent, par Bertrand Corillet, premier époux de Marie Guillot. A la mort de ce premier mari, la veuve acquit la communauté de la maison. D'héritage en héritage, cette maison arriva, en 1678, aux enfants mineurs de René Bégaud et Charlotte Bégaud, vivants sieur et dame de Kervoyer et du petit Renlaye.

En 1721, Hugues Guilloré, sieur de Kerlan, et Anne Bégaud, son épouse, demeurant en la ville du Croisic, paroisse de Bas, et de présent, logés en la maison prieurale de Saint-Guen, faubourg de Vannes, paroisse de Saint-Patern, vendirent la maison Bégaud au sieur Ollivier Delourme.

A l'époque où le sieur Ollivier Delourme devint propriétaire de la maison de la Porte-Mariole et de la maison Bégaud, ces deux logis menaçaient ruine, surtout le premier qui était pontillonné et appuyé partout, tant en dedans que dehors, par des estançons de bois, ce que obligea le sieur Delfin de la Gandonnière, fermier de ladite maison, de présenter sa requête au siége présidial, contre le sieur Delourme pour être condamné de se ressaisir des clefs de sa dite maison, et en même temps être déchargé de la somme de 160 livres de rente, qu'il payait pour ladite maison, attendu que personne n'y voulait demeurer, pour n'être pas en sûreté de leur vie.

Le sieur Delourme se décida alors à jeter bas ses deux maisons de la rue Saint-François, et à construire, en leur lieu et place, une maison à façade du côté de la rue, qui fût agréable et une beauté pour la ville.

Mais, entre ses deux maisons, existait, comme nous l'avons dit, une masure en ruine, sur laquelle M. d'Auzon-Guymard et les demoiselles Drouet de La Salle, prétendaient possession, sans pouvoir fournir des titres. Un procès s'ouvrit, puis une convention intervint. Les demoiselles Drouet, renonçant à un droit qu'elles ne pouvaient établir, le sieur Delourme pria Madame d'Auzon d'accepter en présent, une bourse de jetons d'argent des derniers États, valant 160 livres, le tout sous, le bon plaisir de M. d'Auzôn, son mari, ce que l'un et l'autre ont gréé et accepté, et ladite dame d'Auzon l'a pris et emporté du consentement dudit sieur d'Auzon, son mari, et en conséquence demeurent les parties hors de cour et de procès, sans dépends.

Cette contestation ayant duré deux ans, c'est en 1727 seulement que la construction de la maison Delourme fut entreprise.

En 1781, le petit-fils d'0llivier Delourme, noble homme Jean-François Delourme, négociant et ancien prieur-consul audit Vannes, et dame Jeanne-Louise Bonnard du Hanlay, son épouse, demeurant rue Saint-Vincent, paroisse de Saint-Pierre, vendirent leur maison de la rue Saint-François à messire Pierre-Vincent Gabriel, chevalier du Nédo, seigneur de Kerloguen, ci-devant chef de bataillon au régiment du roi, avec rang de colonel, demeurant à l'hôtel du Nédo, rue Saint-François, même paroisse de Saint-Pierre dudit Vannes. Mais messire Jean-François Stanistas Dondel, seigneur du Faouëdic, capitaine de cavalerie, demeurant à son château du Parc-Anger, ville et paroisse de Redon, cousin-germain du vendeur, l'un étant issu du frère et l'autre de la sœur, mit opposition à la vente, étant habile à retirer par retrait-lignage, cet hôtel qui était du ramage de la famille des Delourme, provenant de tige et tronc commun, de l’ayeul du retrayant et du vendeur.

Le 13 juin 1783, moyennant 12.000 livres et remboursement au seigneur du Nédo, de ses loyaux couts, frais et mises, le siége des généraux plaids de la sénéchaussée de Vannes, déclara messire Dondel du Faouëdic, bien et duement banni et approprié dudit hôtel, appartenances, servitudes et dépendances, aux termes de la coutume, fors vers le domaine du roi. Messire Dondel du Faouëdic fut représenté en cette occasion par messire Jean-François-Ignace Dondel de Keranguen, major de cavalerie, demeurant en l'hôtel Dondel, rue Saint-Vincent, paroisse Saint-Pierre, (Maison Jollivet, près la porte Saint-Vincent).

Le 20 novembre 1805, M. Louis-Jules Coqueret, grand-vicaire de l'Evêque de Vannes, et curé de la paroisse épiscopale, et son neveu Armand-Pierre-Jean Le Bobinnec, jurisconsulte, acquirent, au Prix de 9.000 livres ou 8.888 fr. 88c, de M. Jean-François-Stanislas Dondel du Faouëdic et de dame Maric-Françoise de Gouvello, son épouse, l'hôtel dont je suis aujourd'hui (vers 1867) propriétaire.

Au-dessus de la maison des Bégaud, et toujours à droite de la rue Saint-François, existait, au XVIIème siècle, un logis accolé au Château-Gaillard, et connu alors sous le nom d'hôtel Saint-Denac.

Le 25 avril 1757, messire Marie-Jerome-Daniel Botterel de Quintin, chevalier, seigneur de Saint-Denac, Pontsal et autres lieux, fit restaurer et agrandir, principalement dans sa façade et dans sa partie postérieure, son hôtel où la plupart d'entre nous a connu M. le comte de Francheville, qui y est mort, et où nous avons tous vu, récemment (vers 1867), le général Hardy de la Largère.

Enfin, Messieurs, pour terminer l'histoire de la rue Saint-François, que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de rue Noé, il ne me reste plus à vous parler que du Château-Gaillard, où, au XVIème siècle, les présidents du parlement de Bretagne ont eu leur hébergemmt.

Au XVIIème siècle, le Château-Gaillard était en la possession de messire Daniel de Francheville, conseiller du roi et premier avocat général au parlement de Bretagne.

Au milieu du XVIIIème siècle, mademoiselle de Francheville, qui demeurait à Rennes, en son hôtel, paroisse Saint-Georges, possédait le Château-Gaillard, qui, en 1764, appartenait à Pierre-Marie Le Sénéchal, chevalier, seigneur de Kerguisé, lieutenant de nos seigneurs les maréchaux de France, et passait, à cette époque, aux mains de messire Louis-Jean-Charles Fournier, chevalier, seigneur de Trélo, Saint-Maur et autres lieux, et à dame Marie-Catherine Besson de la Vieuville, son épouse.

En 1779, le Château-Gaillard passait aux mains de madame Françoise Le Roux, veuve du sieur Sébastin-Marie Le Hénauff de Kerpar, pour entrer par suite en la possession de la famille Jéhanno, où nous le trouvons encore en 1867.

CONCLUSION :

La petite histoire que je viens, de vous conter, et qui m'a occasionné pas mal de recherches, arrive naturellement aux conclusions suivantes :

La première, c'est que la rue Saint-François appartenait autrefois à la ville close, et s'ouvrait, à l'extérieur, par une porte de ville, dite Porte-Mariole, dont aucun de nous ne paraît avoir eu connaissance, et qui a disparu, on ne sait à quelle époque.

La seconde, c'est que les vilains et vilaines d'autrefois prenaient volontiers, comme ceux de nos jours, des noms de terres, tout en restant les uns sieurs et, les autres demoiselles.

La troisième, c'est que la rue Saint-François, qui ne compte de nos jours que des roturiers, était autrefois peuplée de nobles et de chevaliers ; sic transit gloria mundi.

(M. Alfred Fouquet, 1867).

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