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VOYAGE DE L'EMPEREUR NAPOLÉON III ET L'IMPÉRATRICE EUGÉNIE

 A SAINTE-ANNE-D'AURAY ET À VANNES (MORBIHAN) LE 15 AOÛT 1858

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I.

« ON NE PEUT QUE DÉTESTER LA CONDUITE QUE TINT CÉSAR CONTRE LE SÉNAT DE VANNES. »
Précis des guerres de Jules César, par Napoléon Ier.

Le César des temps modernes avait su apprécier la résistance des Venètes contre la domination romaine, il comprit avec non moins de générosité la lutte de leurs descendants contre l'esprit révolutionnaire, contre ceux qui avaient renversé le trône et l'autel, même lorsque cette lutte se prolongea contre lui après qu'il eût relevé l'un et l'autre et dompté le désordre et l'anarchie.

L'empereur Napoléon III est venu visiter les ports de Cherbourg, de Brest et de Lorient ; toute la flotte française convoquée à Brest a salué le Souverain qui réunit sous son empire toutes les contrées maritimes dont les forces coalisées et rassemblées dans le golfe du Morbihan tentèrent, sous la direction des Venètes alors à leur tête, un suprême effort contre la puissance romaine. Si le Morbihan comme la cité des Venètes n'ont pu présenter à l'Empereur que d'antiques souvenirs, ils devaient du moins lui rappeler qu'ils furent le berceau de cette puissance maritime des Gaules et de la France qui sut toujours renaître de ses cendres.

II.

L'impératrice Eugénie est venue à Sainte-Anne s'agenouiller devant la patronne vénérée de la Bretagne, devant l'insigne relique donnée par Louis XIII et Anne d'Autriche à l'occasion de la naissance de Louis XIV.

Elle est enchâssée dans un cristal de roche garni en argent, et fut extraite de la chapelle royale qui en possédait une très-considérable apportée d'Orient, et authentiquée par un Simon, patriarche de Constantinople, sous la date de 1232.

Voici la lettre par laquelle Louis XIII en annonce l'envoi à Mgr l'évêque de Vannes, Sébastien de Rosmadec.

« Monsieur l'évêque de Vannes, j'ai toujours eu une dévotion particulière à cette grande Sainte, à l'intercession de laquelle j'attribue beaucoup de grâces et assistances que j'ai reçues de Dieu. En reconnaissance de quoi j'ai dédié une notable relique de cette même Sainte à ladite église de Sainte-Anne, près Auray, afin que ce soit un gage perpétuel et une marque de mon affection.

Je me promets de votre piété, qu'en secondant mes bonnes intentions vous ferez recevoir cette relique avec la décence requise à laquelle il me semble convenir que vous fassiez célébrer les prières des quarante heures. Sur ce je prie Dieu, etc.

Écrit à Saint-Germain-en-Laye ce 12ème jour d'avril 1639. Louis. ».

La translation solennelle a eu lieu le 1er juillet 1639.

Le 26 juillet 1638, Anne d'Autriche envoyait en pèlerinage, à Ste-Anne, l'enseigne de Boislouët pour obtenir, par l'intercession de sainte Anne, de donner à la France un Dauphin.

Louis XIV naquit le 5 septembre 1638.

La pieuse épouse du grand Dauphin, Marie-Christine de Bavière, fit un vœu semblable en 1682 pour obtenir un héritier de la couronne et fit offrir, par le procureur général au parlement de Bretagne, une riche lampe d'argent.

Peu de temps après vint au monde l'élève de Fénélon, le duc de Bourgogne, père de Louis XV.

Le 28 juin 1729, Marie Leczinska envoya, en son nom, à Sainte-Anne, le père Archange, prieur des Billettes , pour demander la naissance d'un Dauphin, et le père de Louis XVI fut accordé à ses vœux ; ce prince dont la reine sa mère disait : Le ciel ne m'a accordé qu'un fils, mais il me l'a donné tel que j'aurais pu le souhaiter.

La fille de Henri IV, Henriette-Marie, reine d'Angleterre et sa fillie Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans, ces deux princesses qui inspirèrent de si éloquentes paroles au grand Bossuet, sont venues aussi en personne s'inscrire sur les registres de la confrérie de Sainte-Anne, comme l'infortunée fille de Louis XVI, en 1823, et la duchesse de Berry, en 1828.

III.

L'Empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie ont assisté à la messe à Sainte-Anne, le 15 août 1858.

Le 6 août 1638, Anne d'Autriche écrivait aux PP. Carmes de. Sainte-Anne pour leur promettre de s'employer près du Saint-Père (Urbain VIII) afin qu'il lui plût d'accorder des indulgences aux personnes qui à certains jours visiteraient leur église, et pour y continuer les prières pour la santé et la prospérité du roi son très-honoré seigneur et époux (Louis XIII).

Neuf jours après, le 15 août. 1638, Louis XIII plaçait son royaume sous la protection de la sainte Vierge, et instituait ces processions qui se font encore par toute la France.

Un décret du 16-22 février 1852, signé Louis NAPOLÉON président de la république française.

« Considérant que la célébration des anniversaires politiques rappelle le souvenir des discordes civiles et que, parmi les fêtes, c'est un devoir de choisir celle dont la consécration tend le mieux à réunir tous les esprits dans le sentiment commun de la gloire nationale, décrète :
Art. 1er A l'avenir, sera seul reconnu et célébré comme fête nationale l'anniversaire du 15 août. Bulletin des lois 490, N° 3663 »
.

C'est aux pieds des autels de la mère de Marie, l'immaculée patronne de la France, qui a voulu reconnaître par la victoire du 8 septembre 1855 et la prise de Sébastopol, au jour anniversaire de sa Nativité, le rétablissement de son patronage sur l'Empire français et de l'anniversaire de sa glorieuse Assomption, que LL. MM. Impériales ont célébré aussi leur fête, le 15 août 1858, devant les reliques de sainte Anne enlevées au XIIIème siècle à Constantinople.

IV.

L'Empereur Napoléon III est le premier prince régnant qui, depuis François Ier, soit venu en personne visiter la Basse-Bretagne et le diocèse de Vannes [Note : Henri IV, à la suite des guerres de la ligue en 1598, n'alla qu'à Nantes et à Rennes].

François Ier vint à Vannes, les 4 et 5 août 1532, recevoir la requête des États de Bretagne réunis dans cette ville et demandant l'union de la Bretagne à la France.

Leurs Majestés impériales ont été reçues à la préfecture, l'ancien manoir épiscopal [Note : Le principal corps de logis a été reconstruit depuis, vers 1683, par Mgr de Vautorte], au lieu même où François Ier accepta et déclara avoir pour agréable cette requête par laquelle :

Les gens des trois Etats des pays et duché de Bretaigne le suppliaient d'unir et joindre perpétuellement lesdits pays et duché avec le royaume de France, à ce que jamais ne se trouve guerre, dissention ou inimitié entre lesdits pays, et signa les lettres patentes, données à Vannes au mois d'août de l'an de grâce 1532 et de son règne le 18ème, par lesquelles il promettait de garder et entretenir les droits, libertés et privilèges dudit pays, tout ainsi qu'il avait plu à ses prédécesseurs rois et ducs, tant par les chartes anciennes qu'autrement, les y maintenir et garder.

C'est à ce vœu national et à cette union librement consentie que Henri IV dut la possession de la Bretagne. Fief féminin de temps immémorial, à la mort de Henri III le duché de Bretagne était réclamé par droit de succession par Philippe II pour l'infante d'Espagne, Isabelle-Claire-Eugénie, descendant directement d'Anne et de Claude de Bretagne.

Mais après que la conversion de Henri IV eut donné à la catholique Bretagne la garantie qu'elle désirait, en 1598 comme en 1532 elle ratifia de nouveau son union avec la France, et quoique Henri IV ne fût pas descendu de ses anciens ducs, le vœu national plutôt que les droits héréditaires lui donna les Bretons.

C'est aussi à cette union à la France et au vœu national si hautement manifesté par elle que nous devons de voir, en 1858, Napoléon III venir étudier en personne sur les lieux les moyens de procurer à cette belle province de l'empire français tous les avantages que la Bretagne doit attendre de cette union.

V.

Un arc de triomphe devait se dresser à Vannes pour l'impératrice Eugénie sur les bastions construits en 1592 par les soldats espagnols de Philippe II, réclamant le duché de Bretagne pour l'infante Isabelle-Claire-Eugénie, appelés par le duc de Mercœur cet autre prétendant de la maison de Penthièvre.

Française par le cœur, l'impératrice Eugénie, d'origine espagnole, ne pouvait qu'être sympathiquement accueillie par la ville de Vannes qui a pris pour patron une des illustrations de l'Espagne, saint Vincent Ferrier, dont cette ville est fière de posséder les précieuses reliques.

Ce glorieux dépôt, conservé par la sollicitude du chapitre de Vannes qui sut déjouer les projets d'enlèvement formés par Philippe II et favorisés par la complaissance intéressée du duc de Mercœur, a pu être exposé sans crainte à la vénération de l'impératrice des Français, présentée en ces termes dans la communication relative à son mariage par l'élu de la France au Sénat, au Corps législatif et au Conseil d'État le 22 janvier 1853 :

« Catholique et pieuse, elle adressera au ciel les mêmes prières que moi pour le bonheur de la France..... ».

Les reliques de saint Vincent Ferrier sont pour toujours assurées à la France ; et l'Empereur Napoléon III ratifierait au besoin les lettres-patentes du duc Pierre iII du 30 novembre 1454, et les bulles de Nicolas V du 7ème jour des ides d'octobre 1451 qui ordonnent :

Que le corps de S. Vincent demeurera à tout jamais dans l'église cathédrale de Vannes, particulièrement, dit Pierre II, parce que la duchesse sa mère s'est fait ensevelir et ensépulturer dans cette église près de la tombe dudit Me Vincent, et qu'il a fait jurer à ses bien amés et féaulx conseillers l'évêque et chanoines de Vannes que jamais ils ne consentiront que ledit corps soit translatté de cette église mais l'empêcheront de tout leur pouvoir.

Celte mère de Pierre II, la pieuse princesse qui reçut le dernier soupir de saint Vincent Ferrier et voulut reposer près de sa tombe, c'est Jeanne de France, la sœur de Charles VII le restaurateur de son royaume démembré par les guerres civiles, l'épouse de Jean V, la courageuse régente de Bretagne qui, le 23 février 1420, lors de la perfide arrestation de son mari par Marguerite de Clisson et le comte de Penthièvre à Châteauceau, rassemblait à Vannes les Etats de Bretagne et leur présentait ses enfants, François comte de Monfort et Pierre de Bretagne [Note : Depuis ducs sous les noms de Francois Ier et de Pierre II] et y recevait le serment des barons et seigneurs de courir aux armes et à la délivrance de Jean V.

L'impératrice qui, au moment du danger, a montré le même sang-froid, qui, au besoin, montrerait la même énergie, l'épouse bien-aimée que, dans sa confiance, Napoléon III a nommée Régente, par ses lettres-patentes des 1er-9 février 1858, agenouillée au lieu où fut la tombe de Jeanne de France, dont elle a les vertus, partagera sa dévotion pour notre patron saint Vincent Ferrier qui les inspira [Note : La crypte où était la tombe de Jeanne de France, an-dessous du maître-autel, dans la cathédrale de Vannes, a été comblée lors de la reconstruction du chœur, en 1764. Un tableau de Gosse représente Jeanne de France recevant le dernier soupir de saint Vincent Ferrier].

VI.

François Ier quittant la ville de Vannes signa à Nantes, le 18 août 1532, les lettres patentes par lesquelles il affranchissait Vannes du paiement des tailles, parce que, dit-il,
« Il est fort requis et nécessaire qu'elle soit grandement peuplée...... Dûment informé de la scituacion de ladite ville et cité de Vannes que nous avons na guères visitée... Désirant pour ce ladite ville être tenue en la meilleure et plus grande repparacion, repopulacion, fortification et emparement que possible tant pour le prouffit et commodité de nous que conséquemment d'icelle ville et de toute la chose publique de notre obéissance » [Note : Inédites aux archives de la ville de Vannes].

Le vœu de François Ier se réalisa en partie du moins, car plus d'un siècle plus tard, en 1688, la prospérité de la ville de Vannes était telle que, la trêve de Ratisbonne ayant été rompue, et l'Angleterre, la Hollande, l'Empire, l'Espagne et le duc de Savoie s'étant ligués contre la France, la communauté de cette ville prenait, le 9 avril 1689, la délibération suivante :

« La communauté délibérant sur les grandes dépenses que le roi est obligé de faire pour s'opposer à ses ennemis et à la sûreté de l'État , désirant donner des marques de sa fidélité et de son zèle ordinaire pour son service et de contribuer à ses dépenses, a unanimement arrêté que S. M. sera très-humblement suppliée d'accepter la somme de 100,000 livres...... ».

Et recevait les remerciements de Louis XIV.

A nos chers et bien amés les eschevins, bourgeois habitants de notre ville de Vannes.

« Chers et bien amés, les preuves que vous nous venez de donner de l'ardeur de votre zèle pour le bien de notre service par la délibération que vous avez prise le 9 de ce mois de nous accorder une somme de 100,000 livres pour nous aider à soutenir les efforts de nos ennemis nous sont d'autant plus agréables que nous sommes persuadé que tous les habitants de la ville y ont concouru avec joye et fait paraistre leur empressement à prévenir tout ce que nous pourrions désirer de leur fidélité ; c'est aussi ce qui augmente encor l'estime que nous faisons de leur bonne volonté, vous devez aussi être assurés de la continuation de notre bienveillance.

Escrit à Versailles , le 20 avril 1689. Signé Louis. Et plus bas : Colbert.
Et scellé des armes du roi en cire rouge. Enregistrées sur le registre des délibérations aux archives de la ville »
.

Et cependant trois ans auparavant , le 9 avril 1686 , un arroi du Conseil avait autorisé la ville de Vannes à prélever, sur ses deniers d'octroi et biens patrimoniaux, somme suffisante pour amener de 4500 toises les eaux nécessaires pour cinq fontaines dans la ville de Vannes, en laquelle il n'y avait ni rivière, ni fontaine, ni bonne eau à boire, ce qui causait une très-grande incommodité et beaucoup de fâcheuses maladies.

L'aquéduc qui conduisait ces eaux s'est écroulé en 1702, et depuis 1785 elles n'arrivent plus jusqu'à Vannes.

La source de la prospérité financière et commerciale de cette ville est aussi tarie.

C'est en vain que le gouvernement lui accorda, en 1827, une subvention de 25000 fr. pour le rétablissement de ses fontaines, elle ne put en profiter.

Toutefois, grâce à la bonne gestion de ses finances, elle a été mise à même, sous l'administration actuelle, d'entreprendre ce grand travail d'utilité communale. Une loi du 18 juillet 1856 l'a autorisée à contracter un emprunt de 174,000 fr. pour l'exécution d'une conduite d'eau de Meucon au Champ-de-foire à Vannes ; 90,000 fr. seront encore nécessaires pour en faire la distribution intérieure ; et elle a l'espoir qu'elle verra se relever un jour, sur la place Napoléon, la fontaine sur laquelle elle plaçait l'écusson de Louis XIV, en 1688, et y inscrira : Napoléon III, 15 août 1858.

VII.

La ville de Vannes a offert à Leurs Majestés une fête vénitienne.

On sait que, suivant Strabon et Polybe, les Venètes armoricains seraient les premiers fondateurs de la Vénétie cisalpine [Note : Strabon, liv. IV de sa géographie. Polybe, à la fin du IIIème chap. du liv. II de son histoire].

La tente impériale fut dressée au lieu où, en 1419, débarqua saint Vincent Ferrier renonçant à retourner à Valence, sa patrie, où ses disciples voulaient qu'il allât mourir, pour laisser à Vannes et à la France sa dépouille mortelle.

Au lieu où vingt ans plus tôt, en 1399 , Henri de Lancastre, celui qui devait être proclamé roi d'Angleterre sous le nom de Henri IV, à la déchéance de Richard II, s'embarquait à Vannes sur trois navires chargés de gens de guerre que lui fournissait Jean IV, et quittait la duchesse de Bretagne, Jeanne de Navarre, qu'après son veuvage il devait faire asseoir à côté de lui sur le trône d'Angleterre où il avait planté la tige de la rose rouge.

Leurs Majestés ont passé devant la tour du Connétable où fut enfermé Olivier de Clisson, en 1387. Si ce témoin de la déloyauté de Jean IV subsiste encore, le souvenir de la noble conduite de la duchesse Jeanne de France, lors des représailles de la maison de Clisson contre Jean V à Châteauceau, ravivé par la présence à Vannes de l'Impératrice Eugénie, s'associera désormais à ce monument historique et à cette grande leçon de haute moralité politique.

(A. Lallemand).

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