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LE VIEUX MORLAIX

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Morlaix est une vieille ville qui possède encore quelques vieilles rues, dont les vieilles maisons ont de vieilles façades ornées de vieilles sculptures. Tachons de les étudier pendant qu'il en est temps encore, car les reconstructions et les restaurations marchent bon train et auront bientôt tout envahi, rasant tout ce qui est pittoresque, tout ce qui est pour nous un souvenir du passé. Déjà depuis longtemps ont disparu les curieuses constructions qu'on appelait le Paré et les Lances; dans la Grande-rue, je vois s'élever des maisons nouvelles ; qui peut dire ce qui restera dans cinquante ans de ces façades du XVème et XVIème siècle, qui font maintenant la joie des touristes et sont une vraie attraction pour notre ville restée si bretonne ?
Le mieux est de commencer par la Grande-rue, qui est la plus riche et la plus intéressante ; mais, avant d'y entrer, remarquons le bonhomme Morlaix et le sonneur de biniou, faisant cariatides aux deux angles de la rue Notre-Dame, et semblant supporter tout le poids de l'édifice qui les surmonte.
Dans la Grande-rue, arrivés aux numéros 5 et 8, nous trouvons une série presque ininterrompue de vieilles façades, Les n° 8 et 10 nous offrent le type à peu près uniforme de tous les rez-de-chaussée : une baie large et basse s'ouvrant sur une boutique ou magasin, une porte plus étroite donnant accès dans une entrée ou couloir, ces deux ouvertures limitées et séparées par des piles moulurées en pierres de taille, la dernière assise formant encorbellement pour supporter une forte sablière ou poutre massive ornée de moulures, et qui soutient les abouts des solives du premier étage. Les bouts de solives font saillie sur la rue de 40 ou 50 centimètres, et il en est ainsi à chaque étage, de sorte que le troisième arrive à avoir une avancée de 1 m. 50, et que les deux pignons qui se regardent des deux côtés de la rue se sont sensiblement rapprochés l'un de l'autre. Le n° 10 a deux statues nichées contre les potelets d'angle des extrémités : SAINT ANTOINE, ermite, et SAINT JEAN-BAPTISTE. Saint Antoine est vêtu d'une robe avec camail, à
capuchon, il tient un livre et un bâton à crosse, sans T ou potence, et il a à ses pieds le cochon traditionnel. Saint Jean-Baptiste est couvert d'un ample manteau sous lequel on distingue une peau de bête dont la tête pend entre ses pieds, comme cela existe habituellement dans les représentations du Précurseur. Au-dessus de ces deux saints sont deux jolis dais gothiques flamboyants, et les culs-de-lampes qui sont sous leurs pieds sont portés par deux grêles colonnettes ornées de torsades, d'écailles et d'enroulements perlés. Au n° 14, maison, Pouliquen, le premier et le deuxième étages sont composés de pans de bois formés de montants, traverses, croix de Saint-André, colonnettes à bases moulurées, chapiteaux et bagnes ; les deux encorbellements des poteaux corniers offrant un renflement ou crossette terminée en riche bouton ou fleur épanouie. Cet ornement se rencontre encore sur d'autres façades. Dans cette maison Pouliquen se trouve un escalier monumental qu'il faut étudier en détail. Pénétrons par la porte en chêne qui a conservée encore sa colonnette sculptée, ses vieilles ferrures et ses panneaux à godrons ; nous sommes dans un couloir séparé du magasin par une cloison de bois à panneaux d'étoffes plissées ou godronnées, et plus loin dans un vestibule assez vaste, divisé maintenant en deux pièces, mais formant autrefois une seule pièce montant de fond depuis le sol jusqu'aux combles et éclairée par un lanternon. Une large cheminée, surmontée d'une hotte portée sur des colonnettes rondes à chapiteaux feuillagés, était destinée à chauffer ce vestibule et l'escalier qui monte dans un des angles, du côté de l'entrée.
Cet escalier dessert des chambres de deux côtés différents: d'une part au moyen de paliers correspondant à la partie tournante, de l'autre par des rampes accédant à des galeries droites longeant le mur et bordées par une balustrade en clôture pleine, formée de panneaux à boiseries plissées. Quelques-uns des montants qui séparent ces panneaux sont accostés de colonnettes et pinacles d'une extrême finesse et d'une richesse étrange de sculpture : petites rosaces, chevrons perlés, losanges, torsades, écailles, feuilles imbriquées. La même richesse et la même variété se retrouvent dans la boiserie du rez-de-chaussée dont les panneaux sont ajourés d'admirables découpures et fenestrations flamboyantes.
Une colonne ornée, prise dans un magnifique tronc de chêne, monte depuis le bas jusqu'en haut, formant, non pas noyau, mais plutôt poteau de jonction entre les volées tournantes et les volées rampantes.
Sur les quatre hauteurs qui forment fût octogonal dans les portées dégagées, la décoration courante consiste en écailles ; au bas de chaque portée, une base feuillagée ; aux trois quarts de la hauteur, un dais flamboyant très riche, à quatre faces ; au sommet, un chapiteau servant de support à trois statues qui correspondent aux trois jonctions des rampes.
Ces statues sont celles de SAINTE BARBE portant sa palme et sa tour ; SAINTE CATHERINE, couronne en tête, tenant son épée et sa roue fracturée ; la SAINTE-VIERGE, portant l'Enfant-Jésus. Tout à fait au haut de la colonne, dans une niche à dossier et à dais, SAINT PIERRE-DE-VERONE, probablement le patron du propriétaire du logis.
Aux trois étages, sur le haut de la rampe, à la jonction de la partie oblique et de la partie horizontale, sont trois nichettes abritant les statuettes de SAINT PIERR
E, SAINT PAUL et la SAINTE-VIERGE. Au fond du petit réduit fermé au rez-de-chaussée par la boiserie ajourée est une jolie niche à accolade pratiquée dans le mur, avec bassin creusé dans la pierre et formant cuvette ou lavabo garni d'une tête à gargouille pour déverser les eaux.
L'autre côté de la rue, au n° 9, est une façade encore plus riche : mêmes pans de bois, mêmes colonnettes et en outre, six statuettes dans des niches : au premier étage, l'ANN
ONCIATION, la SAINTE-VIERGE agenouillée sur un prie-Dieu, l'ANGE GABRIEL, lui annonçant le mystère divin ; au second, SAINT JACQUES avec son bourdon et ses coquilles, SAINT LAURENT et son gril, SAINT NICOLAS et ses trois enfants dans le saloir, SAINTE BARBE portant sa tour.
Au numéro 15. — SAINT JEAN montrant l'agnea
u qu'il tient entouré d'un de ses bras ; et au deuxième étage un personnage en cotte, formant cariatide ; sous les encorbellements, boutons à fleurs épanouies.
Numéro 17. — Même ornementation de boutons fleuris.
Numéro 19.—Premier étage, SAINT CHRISTOPHE
portant l'Enfant-Jésus sur ses épaules ; personnage assis, cariatide. — Deuxième étage, SAINTE CATHERINE et SAINT GEORGES. — Au troisième, un SAINT EVEQUE bénissant et SAINT FRANÇOIS D'ASSISE.
Numéro 26. — SAINTE-VIERGE donnant le sein à l'Enfant-Jésus ; SAINT
EVEQUE bénissant.
Numéro 32. — SAINT JEAN-BAPTISTE, NOTRE-SEIGNEUR ressuscité portant la croix de résurrection, ou bien l'apôtre SAINT PHILIPPE tenant un livre et une croix triomphale. — Au deuxième étage est une représentation qui peut paraître étrange à quelques-uns, c'est l'IMMACULEE CONCEPTION
: la petite sainte Vierge entourée d'une gloire dans le sein de sa mère sainte Anne. Même figuration se trouve dans un vitrail à Brennilis, avec cette inscription : Saincte Conception. A l'autre angle, SAINTE MARGUERITEE foulant le dragon.
Aux numéros 30, 25 et 27, ornementation de boutons épanouis.
A l'angle du numéro 27 et de la. place des Halles, BONHOMME tirant la langue et formant cariatide.
Plus loin, au numéro 3 de la place des Halles, est un BONHOMME assis, sonnant du corn-boud; boutons feuillages, beaux encorbellements, pans de bois et pignon aigus.

De là, montons dans la rue du Mur, anciennement rue des Nobles, et nous trouverons, au numéro 33, la maison dite de la Reine-Anne, se détachant en saillie sur les autres alignements et dominant le marché couvert. La façade faisant pignon sur rue a été restaurée vers 1890 par les soins de la Commission des Monuments historiques. Elle se compose, au rez-de-chaussée, de trois larges baies formant une porte centrale et deux fenêtres ; sous ces dernières, des ouvertures grillées ou soupiraux éclairent les caves. Les piliers qui encadrent la porte et les fenêtres sont couverts de colonnettes et de moulures prismatiques qui forment des pénétrations et des intersections curieuses. Au-dessus de ce soubassement en granit s'élèvent trois étages à pans de bois faisant encorbellement les uns sur les autres. Dans chacun d'eux on trouve les poteaux corniers, montants, traverses et croix de saint André, avec remplissage en torchis et fenestrage répandant un jour abondant dans l'intérieur. Au premier étage les niches d'angles abritent les statues de SAINT JACQUES et de SAINT YVES, celui-ci représenté assis dans un fauteuil, vêtu de la robe, surcot ou surplis, camail à capuchon, bonnet carré. Les mains sont vermoulues, mais on peut deviner qu'elles tenaient un parchemin déployé. A la hauteur de l'imposte des fenêtres, sous les abouts des poutres de l'encorbellement, se trouvent à moitié accroupis sur des chapiteaux feuillages : 1° un sauvage, nu et barbu, s'appuyant sur une grosse branche ; 2° un fou coiffé d'un bonnet d'âne et tenant sa marotte ; 3° un autre personnage à robe serrée par une ceinture. Au deuxième étage. — SAINTE BARBE et SAINTE CATHERINE, avec trois autres cariatides correspondant à celles de l'étage inférieur. A l'intérieur il y a à étudier le vestibule ou hall et l'escalier, comme dans la maison Pouliquen. Le vestibule ou cour couverte s'appelait autrefois salle des gardes et prenait toute la profondeur de la maison. Cette pièce, montant jusqu'aux combles, et éclairée par des jours percés dans la toiture, possède également une grande cheminée à hotte ornée de deux bandeaux richement feuillagés.
Dans un des angles monte l'escalier desservant les deux côtés de la maison par des rampes tournantes en sens contraire et par des galeries horizontales ou ponts-d'allée. La colonne qui porte les angles d'intersection est, comme dans la maison Pouliquen, composée d'un seul tronc d'arbre, et a la même disposition générale : bases moulurées et feuillagées, fûts ornés de losanges en creux à côtés arrondis, inscrivant une rosace carrée ; dais flamboyants, très découpés et évidés ; chapiteaux surmontés d'anges et d'un homme velu tenant un blason ; niches abritant les statues de SAINT NICOLAS ; SAINT CHRISTOPHE et tout en haut, en couronnement, se trouve
SAINT MICHEL terrassant le dragon. Une colonne secondaire soutient la portée des ponts-d'allée ; son fût est orné de losanges arrondis et rosaces, de torsades perlées, feuilles imbriquées, personnages velus et petits amours tenant des blasons. L'autre extrémité, au deuxième étage, est soutenue par un bonhomme qui fait une gymnastique prodigieuse : il a la tète en bas, les mains appuyées sur un tonnelet dont il vient de sucer la bonde ; il a les pieds en l'air et les jambes croisées avec escarpins, hauts-de-chausse à crevés et bouffantes. Plus haut est un autre personnage coiffé d'un bonnet pointu, et buvant à la bonde d'un tonnelet. — A même hauteur, contre la paroi, un sauvage nu, barbu et chevelu ouvrant de force la gueule d'un lion. — Au haut des deux angles, du côté de la cheminée, sont deux autres petits personnages faisant cariatides.


En sortant de la maison de la Reine-Anne, il faut aller jusqu'au numéro 41 pour admirer deux belles lucarnes du XVIIème siècle, surmontées de volutes et de petites niches à frontons arrondis. Plus loin, jusque dans les environs de l'église Saint-Mathieu, nous trouverons bien de nombreuses maisons ayant pignon sur une rue et encorbellements aux étages, mais en somme rien de bien caractéristique. Tous les détails riches et intéressants semblent s'être concentrés dans la Grande-rue et dans la rue Saint-Helaine, où nous allons continuer notre excursion.


Rue Saint-Melaine.
Dès l'entrée de cette rue, aux numéros 5, 6, 7, 9, 10, 11, nous trouvons des maisons pittoresques, analogues à celles que nous avons déjà étudiées. A l'angle du n° 10, faisant retour sur la venelle au Son, on voit deux statues : une VIERGE-MERE et un ANGE tenant une banderolle. En remontant on remarque une dizaine de vieilles façades, et plus haut encore, tout près de l'église, au coin de la rampe et du côté opposé, tout un joli groupe de maisons
à encorbellements, dont une, le n° 41, a quatre statuettes d'angles : SAINT JEAN-BAPTISTE, SAINTE BARBE, un SAINT EVEQUE bénissant, et SAINT FRANÇOIS D'ASSISE montrant ses stigmates.
Descendons maintenant vers l'escalier de Saint-Melaine, et après avoir salué en passant la vénérable église et son porche daté de 1489, nous trouvons une maison à pavillons et tourelle ronde d'escalier, porte monumentale à colonnes cannelées et fronton triangulaire, lucarnes de grand style dont le peintre Jules Noël a tiré grand parti dans son tableau du vieux Morlaix, maintenant au musée de Quimper. Si l'on veut avoir une idée de ce qu'étaient autrefois. les Lances, longs portiques couverts surmontés de maisons, il faut aller jusqu'au numéro 7 du quai de Tréguier, tout contre le petit hôtel de la Caisse d'épargne. On y trouvera l'unique et dernier type vivant de ces anciennes constructions : une maison faisant avancée de 5 mètres sur la rue, portée sur deux colonnes de pierre et un fort poteau de bois, et laissant un large trottoir libre pour la circulation. Autrefois, lorsque cette sorte de cloître se prolongeait sur une longueur de 150 ou 200 mètres, on trouvait là un passage abrité, excellent pour le va-et-vient des affaires et pour les transactions commerciales.
Plus loin encore, au no 28, un vénérable hôtel du XVIIème siècle, à la mine austère, nous montre ses portes et ses soupiraux de magasin, au rez-de-chaussée, sa porte centrale à pilastres et fronton, son pavillon servant de cage d'escalier, et ses deux lucarnes cossues surmontées d'un fronton à niche accosté de deux larges volutes.
Et c'est tout. Au-delà, plus rien du vieux Morlaix, rien que des façades ennuyeusement alignées et désespérément banales. Retournions donc nos regards du côté que nous venons de parcourir et adressons un dernier salut à ces vieux témoins de la vie sociale et familiale de nos pères.

Bretagne : le vieux Morlaix

Les Eglises

 

SAINT-MELAINE.
Du côté Est de la grande place, entre l'Hôtel de Ville et le viaduc, au haut d'une rampe de trente-neuf marches se dresse le portail occidental de l'église SAINT-MELAINE. C'était autrefois un prieuré de Saint-Melaine de Rennes, fondé vers 1150 par Guyomarc'h de Léon. L'église actuelle date de 1489. Dans le pignon ouest s'ouvre une large porte à colonnettes et moulures, encadrée de pinacles et d'une coutrecourbe feuillagée. Plus haut, une fenêtre flamboyante à trois baies. Sur la droite, au bas du collatéral midi, s'élève le clocher ayant à l'un de ses angles la tourelle ronde de l'escalier, divisée dans sa hauteur par huit bandeaux larmiers et couronnée en pyramide octogonale. Au haut de la tour, un robuste encorbellemet de trois assises feuillagées porte une balustrade flamboyante au-dessus de laquelle règne une flèche en charpente revêtue de zinc peint en granit, et qui a la prétention de simuler une flèche en pierre.
Sur le côté sud de l'église s'avance un porche ouvrant par une large arcade au-dessus de laquelle deux anges tiennent un cartouche portant cette inscription en lettres gothiques : "L'an. mil. quatre. eentz. quatre. vingt:. neuf', cornancée ceste. église. de. par. Dieu.". Au fond de ce porche, deux jolies portes terminées en accolade donnent accès dans l'église. Dans le trumeau qui les sépare est incrusté un bénitier surmonté d'arcatures ajourées, au-dessus desquelles une niche abrite une statue d'une VIERGE-MÈRE aux draperies gothiques : Notre-Dame de Bon Secoues. Au haut des deux portes en bois on a conservé les impostes portant cette inscription en lettres gothiques compliquées et agrémentées d'arabesques très fines ; a — fait — ces — deux — huis — ys sci — ho — nes — gens — pri — es — Dieu — pour — lui. Il est bien dommage que le premier mot ait disparu ; il devait donner le nom du vieux hucher ou menuisier qui avait confectionné et sculpté ces portes.
Le lambris en berceau, recoupé de nervures, est porté sur une sablière ou corniche ornée de culots feuillagés, de monstres et de personnages grotesques ; les clefs pendantes de la faîtière sont sculptées de feuillages et de sujets bizarres. Avant de pénétrer à l'intérieur, il est bon de donner un coup d'oeil à une dalle encastrée dans le mur de soutènement de l'escalier, en face du porche, et qui se trouvait autrefois à l'entrée du cimetière, entourant l'église ; elle porte cette inscription : Bones gents qui par icy passez - Priez Dieu pour les trépassez.
INTÉRIEUR.
La nef est séparée des collatéraux par des piliers cylindriques sans chapiteaux, portant des arcades qui forment sept travées de chaque côté. Les collatéraux sont irréguliers et dessinent cinq chapelles du côté nord et trois du côté midi. La charpente de la nef est fortifiée par des tirants en bois dont les extrémités sont saisies par des gueulards ou gueules monstrueuses. Les sablières soit un peu sculptées, celles des bas-côtés le sont plus richement. Au bas de la nef est une belle tribune des orgues, composée de riches panneaux
flambloyants et de cordons feuillagés, dans le genre de la tribune et des stalles de Saint-Pol-de-Léon. Le buffet du positif, faisant console, et celui du grand orgue, sont du XVIIème siècle, dans le style de ceux de Guimiliau et de Lampaul. A l'intérieur de la tribune, au-dessus d'une arcade, est une inscription qu'il serait intéressant de déchiffrer, mais à laquelle il est difficile d'accéder. Dans la première chapelle, au bas du collatéral nord, au-dessus de la cuve des fonts baptismaux, est un joli baldaquin octogonal en chêne sculpté, porté sur quatre colonne- corinthiennes couvertes d'enroulements de feuillages et par quatre culots intermédiaires. Les chapiteaux sont reliés par des arcades dans lesquelles des griffons ou des sirènes ailées portent un cartouche occupé par une tête de chérubin. Plus haut court une frise avec têtes, feuillages et cartouches aux angles. Au-dessus de cet entablement s'élèvent huit colonnettes à chapiteaux ioniques, formant huit arcades abritant des statues. Par-dessus est un dôme couronné d'un lanternon. Ce joli ouvrage de sculptures qu'on serait tenté de dater de la fin du XVIème siècle, est en réalité de 1660, d'après Pol de Courcy. Tout a côté est un tableau représentant SAINT ANTOINE DE PADOUE et un autre saint franciscain donnant l'habit du tiers-ordre à une dame du monde. Dans une sorte de grotte ou niche, un groupe figurant la
DESCENTE DE CROIX : la Sainte-Vierge, portant sur ses genoux le corps inanimé de son fils, est accompagnée de la Madeleine et Joseph d'Arimathie. A côté, une autre statue de la Madeleine.
Autel et tableau du ROSAIRE. - Statue de SAINT YVES vêtu de la robe, surplis ou surcot, camail à capuchon, barrette large, il tient un parchemin déroulé et son bréviaire suspendu.
Autel à retable et tableau de SAINT VINCENT-DE-PAUL.
Au haut, statue du même saint. En face un tableau donnant une scène de martyr décapité. Un des assistants tient cette légende : Merito armatur contra me omis creatura : c'est à bon droit que toute créature s'arme contre moi.
Autel de SAINTE ANNE, surmonté de la statue de cette sainte avec SAINTE MARGUERITE et de SAINT AVERTIN. Celui-ci est invoqué pour les maux de tête et d'oreilles, et l'on voit qu'il est lui-même en proie à de terribles douleurs, car il tient sa tête à deux mains. Tableau de Valentin, représentant l'ENFANT-Jésus posant les pieds sur le globe du monde et écrasant la mort ou le démon. Il est entouré de têtes de chérubins et d'anges dont plusieurs portent des instruments de la Passion. Au-dessus est un paysage, et des deux côtés, saint Charles Borromée et un roi de France âgé et barbu, saint Louis ou Charlemagne ?
Autre tableau : SAINTE-TRINITÉ adorée par les différentes catégories des saints de la terre.
Au maître-autel, SAINT MELAINE et SAINT PIERRE.
A l'entrée du choeur, NOTRE-DAME-DES-,ANGES et SAINT JOSEPH. A l'autel des Trépassés, beau tableau du PURGATOIRE par Valentin. Statues de SAINT JEAN-DE-LA-CROIX, SAINTE ROSE-DE-LIMA, SAINT MATHIEU et SAINT JEAN L'EVANGELISTE. Tableau de la SAINTE-FAMILLE. Autel de L'ENFANT-JESUS. Tableau de l'Enfant-Jésus, seul sur le globe du monde. Tableau de l'ADORATION DES BERGERS. Autel et statue de NOTRE-DAME-DES-NEIGES. Dans la maîtresse-vitre, qui a été retouchée, on trouve plusieurs fragments anciens. Elle se compose des scènes suivantes :
1. — Promesse d'un rédempteur à nos premiers parents.
2. — Sacrifice d'Abraham.
3. — Passage de la Mer rouge.
4. — La Cène.
5. — Crucifiement..
6. — Résurrection.
7. — Sainte-Trinité.

EGLISE DES JACOBINS.
Le couvent des Dominicains ou Jacobins, transformé maintenant en caserne, fut établi en 1233-1237. L'église doit remonter en grande partie au XIIIème siècle. Elle est actuellement divisée en deux étages par un plancher établi à la hauteur des chapiteaux. Le rez-de-chaussée est devenu un magasin ou dépôt du matériel de la ville ; le haut a reçu une destination plus noble et sert de musée et de bibliothèque.
Dans la nef, accompagnée d'un unique collatéral nord, il est bien difficile, à travers l'entassement des objets hétérogènes qui y sont amoncelés, d'étudier l'enfilade des colonnes, les sculptures des chapiteaux, et surtout les enfeus avec leurs tombes historiques, leurs inscriptions et leurs armoiries.
A l'extérieur, en remontant la rue des Vignes, on peut voir l'architecture du collatéral dont la plupart des fenêtres du XIIIème siècle ont été dénaturées par l'enlèvement de leurs meneaux. Une petite avancée, formant comme un transept, a été ajoutée au XVème siècle. Le pignon est percé de deux fenêtres jumelles, surmontées de l'écusson de Bretagne entouré de la cordelière. L'abside droite, avec sa belle et grande rose, est aussi une adjonction faite au XVème siècle. En entrant au musée on peut mieux se rendre compte du développement de cette rose, comme aussi du dessin et des moulures des arcades qui surmontent les colonnes. On y verra également quelques bas-reliefs en albatre, et trois ou quatre statues religieuses de la période ogivale et d'excellent style.

NOTRE-DAME-DES-FONTAINES.
Au haut de la rue des Fontaines, tout contre l'entrée du couvent des Carmélites, se trouvent deux fontaines monumentales surmontées d'un mur orné de la fenestration la plus .originale et la plus élégante qui se puisse imaginer : d'abord une large arcade surbaissée, remplie par neuf baies de hauteurs inégales, ayant un cordon de quatrefeuilles à leur base et terminées à leur sommet par des trèfles subtrilobés. Plus haut est une jolie rose dont les compartiments sont habilement agencés entre les branches et les pointes d'une étoile à six rais. Tout cela éclairait autrefois la chapelle de
NOTRE-DAME DE LA FONTAINE, fondée en 1424 et consacrée en 1435, qui devint plus tard un bras de transept de la chapelle des Carmélites, lorsqu'elles vinrent y fonder leur monastère, en 1624. La statue de Notre-Dame se trouve maintenant placée dans la baie du milieu de la grande fenêtre. Une petite porte latérale est surmontée d'un écusson aux armes de Guicaznou.

SAINT-MATHIEU.
Nous ne pourrons ici étudier avec intérêt que la base du clocher, commencée en 1548, d'après la belle inscription qui court sur une large banderolle à deux ou trois mètres de hauteur de terre :
LAN MIL CINQ CENTZ QVARANTE HOVICT LE DIXIESME JOVR DE JVILLET FVT COMMENCÉ CESTE TOVR EN LHONEVR DE DIEV DE NOSTRE DAME ET DE MONSEGNEVR SAINCT MAHÉ.
Le premier architecte de ce clocher fut Yves Croazec, mentionné dans les comptes de la fabrique de Saint-Mathieu, archives du Finistère. Les parties basses qu il con
struisit ont du caractère et de l'ampleur. Malheureusement il mourut avant d'avoir conduit son oeuvre bien haut et ses continuateurs furent loin d'avoir son talent. Presque à la suite de la première inscription déjà citée, s'en trouve une deuxième ainsi conçue : Mors tua, mors Christi, fraus mundi, gloria celi, Dolor inferni sine memoranda tibi.
Votre mort, la mort du Christ, la tromperie du monde, la gloire du ciel, les peines de l'enfer, voilà ce que vous devez méditer. Une troisième inscription se trouve dans le soubassement du côté nord de la tour, tout prés de la porte principale de l'église :
Propria qui servit juste petit aequa labori, Et simul e propriis mutuat et repetit.
Celui qui manoeuvre son propre fonds en exige avec justice un rendement proportionné à son travail, et à la fois il prête et reçoit ce qui lui appartient en propre. L'église paroissiale de Saint-Mathieu était au XlIème siècle un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Mathieu-de-Fin-de-Terre, près du Conquet. Rebâtie par les fidèles vers 1480 et consacrée en 1491 par Jean Calloet, évêque de Tréguier, elle fut, sous raison ou prétexte de menace de ruine, démolie en 1824, et remplacée par l'église actuelle, qui n'offre pas d'intérêt artistique.
Nous y trouverons cependant quelques vieilles statues qui sont en vénération : d'abord un beau et grand Christ en croix entre la Sainte-Vierge et saint Jean, puis les statues de saint Mathieu, saint Tugdual, Notre-Dame de Délivrance, sainte Anne, saint Joachim, sainte Marguerite, saint Crépin. Près de la porte du bas-côté Sud est un bas-relief en albâtre, représentant la Sainte-Trinité. Dans le sanctuaire, devant l'autel, sont deux grands chandeliers en bois doré, du XVIIème siècle, sculptés très richement.

NOTRE-DAME-DU-MUR.
On donne maintenant ce nom à une chapelle bien simple, bâtie derrière le chevet de l'église de Saint-Mathieu, et dans laquelle on vénère une statue ancienne qui est comme le palladium de la ville de Morlaix, et qui était autrefois conservée dans la vieille église de Notre-Dame-du-Mur, fondée le jour de l'Assomption, 1295, par le duc Jean II, et ainsi appelée parce qu'elle était construite contre le mur de la ville.
C'était un édifice d'une magnifique architecture, et son clocher surtout, très élevé et très élégant, dominant toute la ville, était le plus bel ornement de la cité. Pendant la Révolution, l'église, après avoir servi de temple de la raison, fut vendue et démolie. La tour seule fut conservée : mais privée de l'appui des murailles qui l'entouraient et minée dans ses fondements, elle s'écroula le 28 mars 1806. De la vieille collégiale il ne reste plus que quelques pans de maçonnerie, quelques enfeus et appuis de fenêtres englobés dans une maison particulière, au fond de la rue du MUR. Mais nous pouvons nous réjouir de posséder encore la vieille image de Notre-Dame.
C'est une statue en bois représentant la Vierge assise et portant l'Enfant-Jésus sur son bras gauche. Les figures de la Mère et de l'Enfant sont gracieuses, les plis des vêtements sont harmonieusement agencés. Chose curieuse et dont on ne trouve que quelques rares exemples ailleurs et un seul dans ce diocèse, la statue est ouvrante. Les draperies du corps peuvent s'ouvrir comme deux battants d'armoire, et alors on découvre à l'intérieur une sculpture représentant la Sainte-Trinité, tandis que sur les deux panneaux latéraux des peintures d'une extrême finesse et d'un très bon style retracent les six scènes suivantes : l'Annonciation — la Nativité — la Présentation au Temple — la Flagellation — la Descente aux Limbes — la Résurrection.


Nous devons terminer là notre étude, car l'église de Saint-Martin, construite en 1773-1788, avec son clocher assez imposant, bâti en 1850, ne peut pas prétendre à figurer dans le vieux
Morlaix.

(J.-M. ABGRALL, chanoine honoraire)

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