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La culture de la vigne dans l'évêché de Rennes avant le XVIème siècle.

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§ 1. — Au XIème siècle.

A Rennes, dans la première moitié du XIème siècle, on peut constater l'existence de vignes tout autour de cette ville. En 1032, Alain III duc de Bretagne, déclare que, dans le domaine qu'il donne à sa soeur Adèle pour y fonder l'abbaye de Saint-Georges, « il existe des vignes fécondes en raisins (vineæ fructibus fecundæ), des champs fertiles, des prés bien arrosés, un fleuve poissonneux, deux moulins, » etc. (D. Morice, Preuves I, 368).

Voilà donc des vignes à l'est de la ville, sur les rives de la Vilaine ; il y en avait de même à l'Ouest sur le bord de l'Ille. En 1037, un chevalier appelé Mainguené restaura un monastère tombant de vétusté, situé dans cette direction à un mille de Rennes ; il le mit sous le vocable de saint Cyr, et sous la dépendance de l'abbaye de Saint-Julien de Tours ; il lui attribua pour domaine un canton de terre d'une assez grande étendue, appelé l'Ile (omne territorium quod Insula dicitur) avec tous les prés et tous les pâturages qui s'y trouvaient, et le cens de toutes les vignes, sauf celle du donateur : cum vinearum, censu, excepta sua propria vinea (Ibid. col. 374).

A Marcillé-Robert, dans un acte de 1015 à 1032, Rivallon le Vicaire, premier seigneur de Vitré, donne, entre autres, aux moines de Marmoutier, deux arpents de vigne : « in vico qui Marciliacus vocatur vinearum arpennos duos » (D. Morice, Preuves I, 386).

A Pléchâtel, dans la vallée du Samnon, la vigne était aussi cultivée au XIème siècle. En 1086, un personnage appelé Even, fils d'Hamon, vend aux moines de Redon une terre contigüe tout à la fois à l'église de cette paroisse et à la vigne que les moines y possédaient déjà : « sitam juxta æcclesiam S. Martini ac juxta monachorum vineam in Ploicastel » (Cartulaire de Redon, p. 289).

A Gahard, en 1093, Adam, fils d'Amauri surnommé Boneau, donne aux moines de Marmoutier un demi-arpent de vigne [Note : D. Morice a donné de cet acte un extrait fort incomplet (Preuves I, 387) ; voici ce texte plus complet, d'après une copie des Blancs-Manteaux, vol. XXXVI, p. 99 : « Adam, filius Amalrici cognomento Bonelli, de Guahardo, quando factus est monachus, dedit S. Martino Majoris Monasterii censum quemdam quem hereditario jure possidebat in ecclesia S. Exuperii quæ est in prædicta villa (de Guahardo), XV solidos per singulos annos, et dimidium arpennum vinæ... Actum anno ab Incarnatione Domini M. XC. III. »].

 

§ 2. — Au XIIème siècle.

A Rennes, en 1141, Conan III duc de Bretagne se présente dans le chapitre de l'abbaye de Sainte-Melaine et là renonce aux prétentions qu'il avait sur la vigne de l'archidiacre Rivallon (vinea que fuit Rivalloni archidiaconi), à condition que le revenu de cette vigne sera affecté à l'infirmerie des moines : « ad usum infirmorum abbatiæ » (D. Morice, Preuves I, 584).

Près de Rennes, peut-être à Châteaugiron — de 1174 à 1206 — vigne dite Vinea Ortolani (la vigne du Jardinier) donnée à l'abbaye de Savigni (auj. Savigny) par Simon le Chapelain (Simon Capellanus) ; débat à ce sujet, après la mort de ce Simon, avec son frère. (Archives Nationales, fonds de Savigni, L 1146-14, n° 294).

A Rannée près la Guerche, où les évêques de Rennes avaient un domaine considérable, Etienne de Fougères, évêque de Rennes de 1168 à 1178, nous apprend lui-même qu'il planta une vigne : « Apud Redaniam... in vinea illa quam plantavimus, » dit-il dans une curieuse relation sur les actes de son épiscopat, inscrite aux deux derniers feuillets du manuscrit n° 13 de la Bibliothèque de Rennes, Catalogue Maillet. (Voir aussi dom Morice, Preuves, I, 673, qui a imprimé à tort Redonia au lieu de Redania, qui est Rannée).

A Vitré. — André II, baron de Vitré de 1184 à 1211, donne au prieuré de Sainte-Croix de Vitré vingt sols angeois de revenu annuel sur les cens de sa vigne de Gâtesel : « XX solidos andegavensium de censibus meis ortorum vinee de Guastesel » (Bibl. Nat. Ms. Bl-Mx vol. XXXIX, p. 293). Ce nom de Gâtesel était celui d'une poterne percée dans la face sud de l'enceinte murale de Vitré, poterne remplacée à la fin du XVIème siècle par une véritable porte de ville, disparue vers le milieu du XIXème siècle.

 

§ 3. — XIIIème siècle.

A Rennes et tout autour de cette ville, les vignes, au XIIIème siècle, abondaient dès les premières années de ce siècle, nous y trouvons la vigne de la Raboinière (Raboniera), appartenant aux moines de l'abbaye de Savigni (sise dans le Maine, mais sur la frontière de la Bretagne), qui l'accensèrent pour une rente annuelle de 42 sols et une poule. (Arch. Nat. fonds de Savigni, L 1146-14, n° 331).

Du côté de Saint-Helier, beaucoup de vignes, entre autres : en 1219, la vigne au Chapon, qui appartenait aussi à l'abbaye de Savigni : vinea Caponis apud S. Elerium juxta Redones. (Ibid. L. 1146-4) ; — en 1241, la vigne Renaud Leroille, à la même abbaye : vinea Raginaldi Leroille, civis Redonensis sita in parochia S. Eleuterii. (Ibid. L 1146-7) ; — en 1247, une vigne, appartenant aux moines de Saint-Melaine de Rennes, sous le fief d'un chevalier appelé Robert Le Voyer, qui voulait les contraindre à vendre cette vigne : « intendebat compellere ut venderent quamdam vineam quam habent apud S. Elerium, in feodo ipsius militis » (Cartulaire S. Melanii Redon. f. 36 v°, n° LII).

Ce n'était pas les seules vignes possédées à Rennes par les moines de Saint-Melaine. En 1218, un particulier du nom d'Etienne Harel leur avait donné toutes celles qu'il tenait sous le fief de leur abbaye, au Breil de Saint-Melaine (vineas suas de Brolio S. Melanii, in feodo monachorum sitas), donation importante, puisque les moines s'engagèrent en retour à faire dire pour le donateur une messe tous les jours dans leur église, à l'autel du Crucifix. (Ibid. f. 64 v°, n° IIIIxxXI).

Au Nord-Ouest de Rennes, dans un faubourg, il y avait une église paroissiale, sous le vocable de saint Martin, près de la rivière d'Ille, dont les bords, nous l'avons déjà vu, étaient plantés de vignes, au point que cette église, qui subsista jusqu'à la Révolution, s'appelait Saint-Martin des Vignes. Cet état existait au moins dès le XIIIème siècle, car en 1232 les moines de Saint-Melaine plaidaient et s'accordaient avec un prêtre, dit Rualon des Valières, sur la possession. d'une vigne sise près de l'église Saint-Martin : « super quadam vinea et orto sitis juxta ecclesiam S. Martini Redonensis » (Ibid. f. 33, n° XLIII).

Les vignes abondaient de même dans la banlieue de Rennes située au Nord de cette ville, relevant de la petite paroisse de Saint-Laurent, qui en avait pris également le surnom de Saint-Laurent des Vignes. C'était surtout en un certain canton de cette paroisse, dit Cordet ou le Cordet, que ces vignes pullulaient au XIIIème siècle. En 1241, Etienne Harel, nommé ci-dessus, prêtre de la paroisse de Cesson, reconnaissait avoir vendu au sacriste de Saint-Melaine (P. Garin) la vigne qu'il possédait en Cordet : « vineam quam habebat in Cordeto » (Ibid. f. 35, n° XLIX). — En septembre 1257, un prêtre appelé Jean Saulnier, qui était obligé de fournir chaque année à l'abbaye de Saint-Melaine une livrée de pain et de vin, c'est-à-dire une pitance de pain et de vin valant une livre monnaie, se racheta de cette obligation en donnant à Saint-Melaine une vigne qu'il possédait en Cordet, entre celle de Philippe Bérenger et celle de Pierre du Coudrai. (Ibid. f. 64 v°, n° IIIIxxXII). — En 1266, on donne à la même abbaye de Saint-Melaine : « quoddam jornale vinee situm apud Cordetum, prope pressorium Radulphi Le Coc, quod (jornale) vocatur vinea que condam fuit Radulfi Le Vendors » (Charte originale, Coll. A. de la Borderie). — En 1278, le prieuré de Bécherel possédait aussi « tria jornalia vinearum in clauso dou Barriz, in Cordeto, juxta pressorium monachorum B. Melanii Redonensis. » (Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, fonds du prieuré de Bécherel).

Notons encore, dans la banlieue de Rennes, les vignes du territoire de Maurepas, sur la route de Fougères, mentionnées dans une charte de 1279 (vinea sita apud Malum Repastum), et dans une autre charte de 1281, la vigne du Poirier (vinea dou Poërier), au même territoire (Chartes originales, Coll. A. de la Borderie) : cette dernière indiquée dès 1257 dans un acte du Cartulaire de Saint-Melaine de Rennes, où l'on voit « Mathieu de Chavegnes, citoyen de Rennes (civis Redonensis), et son fils Jean donner à cette abbaye leur vigne située auprès du pressoir de l'aumônier de Saint-Melaine, entre la vigne du Prévôt et celle de Jean Brient, dite la vigne du Poirier (inter vineam Prepositi et vineam Johannis Briencii que vocatur vinea de Piru) : laquelle vigne (de Mathieu de Chavegnes) appartiendra désormais à l'aumônerie de Saint-Melaine » (Cartulaire S. Melan. f. 35, n° XLVIII). — Ce pressoir des moines de Saint-Melaine au Cordet, mentionné dans les deux dernières chartes, prouve que cette abbaye avait là une grande étendue de vignes.

A Villejean, dans l'Ouest de la ville de Rennes, non loin du coteau de Saint-Cyr, où il y avait (nous l'avons vu) des vignes dès le XIème siècle, nous voyons à la fin du XIIIème (en 1282) Jean de Moysé donner à Saint-Melaine deux pièces de terre plantées de vigne, en échange d'une autre vigne sise au clos Pilet : « duas pecias vinee citas apud Villam Johannis... pro quadam pecia vinee sita in clauso Pilet » (Charte orig. Coll. A. de la Borderie).

En dehors de Rennes, mais dans le proche voisinage de cette ville, voici d'autres mentions de vignes du XIIIème siècle.

En 1218, les moines de Saint-Melaine afferment à Raoul, recteur de Montgermont, leur métairie de Montgermont sous diverses conditions, parmi lesquelles figure l'obligation de planter sur ladite métairie un demi-journal de vigne : « Dimidium jornale vinee in eam (medietariam de Montgermont) plantabit ». (Cartulaire S. Melan. f. 20, n° XXIII).

En 1229, Ruellan, recteur de Torigné (presbiter de Torigné), achète de Fromont Le Cordoënnier une rente annuelle de sept sols, à prendre sur le revenu de la vigne des Jarilliaux, en Torigné. (Ibid. f. 173, n° XIIxxIIII, charte intitulée : De septem solidis redditus super vinea des Jarrilliaus, in parochia de Torigné).

 

§ 4. — XIVème et XVème siècles.

1425. — Détails sur la culture de la vigne à Marcillé-Robert, six pièces.

[Note : Les vignes de Marcillé-Robert en 1425.
«  1. — 21 mars.
Par nostre court de Marcillé fut present en droit devant nous Perrin Le Tort, lequel cognut & confessa avoir eu & repceu de Olivier Havart, chastelain de nostred. Court, la somme de dez libvres mon que li devoit led. Chastelain, par convenant fait entr'elx, pour tailler, pour merrementer, pleier les vignes doud. lieu et cuillir les ousiers des ouserays apartenant à nostred court : à laquelle somme il les avoit prins à convenant doud chastelain… Tesmoign le seau des contrat d'icelle (court), le XXIème jour de mari l'an mil IIIIc XXIIII [Note : En style actuel, mars 1425]. (Signé) JEHAN PASQUERIE passe.
2. — 5 avril [Note : Cette quittance est très mutilée].
Par nostre court de Marcillé, André Le Laczous... de dez soulz mon. pour achat de sept gerbes de ouzier.... somme led. Laczous se tint à bien poié dud. Chastelain de.... court le quinzesme jour d'apvrill apres Pasques l'an mill IIIIc....
3. — 1er mai.
Par nostre court de Marcillé furent presenz Geffroy Regnaut, Jamet Roussel et chascun, lesquels et chascun, cognurent & confesserent avoir eu & repceu de Olivier Havart, chastelain dud. lieu, savoir est, led. Regnaut la somme de quarente soulz mon. pour son salaere d'avoir fait ès bois de Rihaign, apartenant à Madame dud. lieu, tout le merrain necessaire pour la reparacion des vignes de nostred. court, et aud. Roussel la somme de quarante soulz pour son salaere d'avoir cherreyé & mené o ses boeufs & cherrete led. merrain pour lesd. vignes... Donné tesmoign le seau des contraz de nostred. court, le premier jour de may l'an mil IIIIc vignt & cinq. — (Signé) P. LE MARCHANT, passe.
4. — 6 mai.
Par nostre court de Marcillé ont esté devant nous presenz Estienne Guyheneu, Perrot Hericé, Jamet Allen & chascun lesquelx chascun cognurent & confessèrent avoir eu & repceu de Olivier Havart, chastelain de nostred. court, la somme de diz et sept solz six deniers, pour leur sallaere de sept jours que ont esté à faire proigns (sic) et sauterelles ès vignes de nostred. court, savoir est, led. Guyheneu trois jours, led. Hericé trois jours, et led. Allen un jour, qu'est par chascun jour, pour despens et journée, dous soulz six deniers ..... Donné de ce tesmoign le seau des contraz de nostred. court, le VIème jour de may l'an mil IIIIc vignt & cinq. — (Signé) JEHAN BOUSCHIER, passe.
5. — 6 mai.
Par nostre court de Marcillé... Guillaume Maudeaie, Perrin Luete, Jehan Maudeaie... cognurent avoir repceu de Olivier Havart, chastelain de nostred court, la somme de seixante quinze soulz, pour leur sallaere d'avoir beché à convenant les vignes de nostred court [au] moys d'apvrill darrain, par convenant en fait à elx.... Tesmoign le seau des conctraz de nostred. Court, le seixiesme jour de may, l'an mil IIIIc vignt & cinq. — (Signé) P. LE MARCHANT, passe.
6. — 8 mai.
Gie Perrin Le Tort cognès et confesse avoir eu et recepu de Olivier Havart, chastelain de Marcillé, la somme de cinq soulz, pour vente et baillée de fambroy pour fambréer les proins et sauterelles des vignes de Madame dud. lieu. De laquelle somme l'en ay quité et quite. Donné tesmoign mon signe manuel, le ouytme jour du moys de may l'an mil IIIIc vignt et cinq. — (Signé) PERRIN LE TORT ita est »
].

(Arthur DE LA BORDERIE).

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