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LA CULTURE DE LA VIGNE EN BRETAGNE avant le XVIème siècle.

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La culture de la vigne aurait été surtout répandue dans les évêchés de Haute-Bretagne, Nantes d'abord, puis Rennes, Aleth ou Saint-Malo, Dol ; assez répandue aussi dans Vannes, peu en Cornouaille et Tréguer (aujourd'hui Tréguier), nulle en Léon et en Saint-Brieuc.

Il importe de bien préciser la nature et la modeste portée de ce petit travail, sans quoi l'on pourrait me prêter une prétention, un but que je n'ai en aucune façon, et l'on me reprocherait ensuite de ne l'avoir pas atteint.

Mon but n'est nullement d'écrire ici l'histoire de la culture de la vigne en Bretagne, pas même de présenter, à ce point de vue, un dépouillement complet des titres et documents qui m'ont passé par les mains. Je n'ai fait dans cette direction aucune recherche spéciale. Mais au cours de recherches et d'études toutes différentes il m'est arrivé, de temps à autre, d'être frappé de certains textes, de certaines mentions relatives à cet objet, je les ai notées sur fiches à la hâte et j'ai jeté ces fiches sans y plus songer dans un tiroir, où s'entassent pèle6mêle des notanda, pris de même à la volée, sur toutes sortes de sujets.

Un jour, fouillant ce tiroir, j'ai vu les notes sur la vigne former un nombre assez respectable, et puisque jusqu'ici en Bretagne ce sujet, très intéressant pour l'histoire de notre agriculture, n'a encore été abordé sous aucune forme, j'ai cru utile de publier ces notes, qui formeront sur cet objet un premier dossier, et exciteront les autres travailleurs à produire leurs trouvailles dans le même genre, de facon à composer bientôt un recueil de documents qui permettrait d'écrire une étude d'ensemble sur l'histoire de la vigne en Bretagne.

Je ne saurais trop engager les érudits bretons à compléter le petit dossier viticole que je leur offre aujourd'hui. Mais je les prie instamment d'éviter le ridicule de certain pédant qui, à propos de ma Bibliographie Maillardine, m'a tancé d'un ton rogue pour deux ou trois éditions d'Olivier Maillard signalées depuis la publication de mon travail et qui n'y sont pas comprises, — alors que j'avais eu bien soin de décliner toute prétention à une bibliographie complète, me bornant à indiquer ce que je connaissais et invitant mes confrères bibliophiles à compléter ma liste.

Ici de même. Quand on trouvera, quand on publiera de nouveaux textes sur la vigne en Bretagne, on n'aura nul droit de dire : « Voilà qui a échappé à M. A. de la B. » — Rien ne m'a échappé, par l'excellente raison que je n'ai rien cherché ; j'ai pris seulement ce qui s'offrait à moi, je le donne ici simplement pour commencer un recueil, avec l'idée formelle d'exciter les érudits bretons à continuer et compléter cette série.

Cela dit, voici mon-petit contingent.

§ 1. — Avant le IXème siècle.
On trouve plus d'une fois mention de la vigne dans les Vies de nos vieux saints bretons du VIème siècle. Je citerai comme exemple ce joli trait :
« Un jour, saint Machu (ou Malo) était allé cultiver une vigne qu'il avait trouvée en ce pays ; il bêchait au pied des ceps, il coupait toutes les branches qui auraient pu nuire » [Note : « Quadam vice, dum S. Machu vitem unam exerceret, quam ibidem invenerat, illamque circumfodiens atque omnia quæ ibidem absurda erant abscideret, exutus cucullam suam, pependit eam in quercu qui erat sibi prope ». (Vit. S. Machuti seu Maclovii) auctore Bili, dans Bulletin de la Soc. Archéol. d'Ille-et-Vilaine, t. XVI (1884), p. 212)]. Pour travailler plus commodément, « il avait ôté sa cape (Cucullam) et l'avait pendue près de lui à un chêne. Vint un petit oiseau, un roitelet, dans la cape il fit un oeuf. Le soir tombant, le saint qui avait fini son travail vint à l'arbre pour reprendre sa cape et vit l'oeuf qu'avait déposé l'oiseau : « Dieu tout-puissant, s'écria-t-il, c'est vous qui avez inspiré à ce petit oiseau de venir pondre sur ma cape, si je la prends l'oeuf sera perdu ». En conséquence il n'y voulut point toucher, il en laissa la jouissance au roitelet, et tant que les petíts ne furent pas complètement élevés, la cape ne bougea pas de l'arbre » [Note : Vit. S. Machuti (seu Maclovii) auctore Bili, dans Bulletin de la Soc. Archéol. d'Ille-et-Vilaine, t. XVI (1884), p. 212-213) . — Ce fait doit se rapporter au milieu du VIème siècle.

Dans la Vie de S. Magloire, vers 570, il est aussi question de vignes, mais de vignes situées, cultivées dans les îles de la Manche, dites aujourd'hui l'archipel anglo-normand, qui étaient alors possédées par les Bretons [Note : Le chef des Bretons dans ces îles était alors le comte Loïescon, qui en possédait trois et qui donna à Magloire celle de Serk, où il établit son monastère. Voici ce que la Vie du saint dit de ce chef : « Erat idem comes (Loïescon) copiosarum rerum, videlicet auri, argenti, servorum et ancillarbin, jumentorumque ac diversorum pecorum, vinearumque insuper et optimarum terrarum possessionibus locupletatus. Cujus vero terrarum magnitudo, in quibusdam locis sita, triplici continebatur divisione » (Vit. S. Maglorii, n° 13, dans Mabillon, Acta SS. Ord. S. Benedicti, Sæc. I, p. 226)]. Quand le corps de ce même saint fut transféré (en 850) de l'île de Serk au monastère de Lehon, dans la vallée de la Rance, l'hagiographe nous montre cette vallée couverte de vignes fertiles : « Erat enim prefatus locus (Lehonense monasterium) quasi paradisus, situs in latere montis, super ripam fluminis, inter vineas fertiles, inter herbas bene olentes, inter piniferas et pomiferas arbores honorifice constitutus » (Mémoires de la Soc. Archéol. des Côtes-du-Nord, 2ème série, t. IV (1891), p. 244).

Mais la plus ancienne vigne de notre Bretagne serait celle que le roi Gradlon aurait donnée à saint Gwennolé, selon le cartulaire de Landevenec, où on lit : « Je Gradlon, roi par la volonté de Dieu, donne à saint Gwennolé et à ses disciples qui servent Dieu avec lui, en perpétuel héritage, une vigne dans le plou d'Hamuc (de plebe Hamuc, aujourd'hui Hanvec), vigne qui s'étend jusqu'à la pierre dite Padrun de S. Gwennolé, sur laquelle est gravée l'image de la croix » [Note : « De plebe Hamuc. — Ego Gradlonus, nutu Dei rex,... do sancto Wingualoeo suisque condiscipulis secum Deo servientibus... vineam, in dicumbitione perpetua, usque ad petram quæ dicitur Padrun sancti Wingualoei, in qua sculptum est signum sanctæ crucis » (Cartul. de Landevenec, édit. de la Soc. Archéol. du Finistère, p. 158)]. — Le roi Gradlon régnait en Cornouaille à la fin du Vème siècle et dans les premières années du VIème. Mais les chartes mises sous son nom dans le Cartulaire de Landevenec sont une fabrication du VIème siècle. Le texte ci-dessus prouve donc seulement qu'en ce dernier siècle il y avait en la paroisse d'Hanvec une vigne appartenant aux moines de Landevenec, et dont on tenait l'existence pour très ancienne puisqu'on la rapportait à l'époque de Gradlon.

§ 2. — La vigne en Bretagne au IXème siècle, d'après le Cartulaire de Redon.

Le Cartulaire de Redon — comme cela est naturel — nous donne surtout des notions relatives aux parties de la Bretagne les plus voisines de l'abbaye dont il renferme les titres, notamment aux diocèses de Nantes et de Vannes, sur la commune limite desquels Redon était posé.

Au diocèse de Nantes, les chartes redonaises nous montrent, au IXème siècle, la vigne cultivée dans les paroisses de Rougé, Lusangé, Grandchamp, Coiron, Savenai (auj. Savenay), Piriac ;

Au diocèse de Vannes, dans les paroisses et territoires de Langon, Redon, Bain (auj. Bains), Tréal, Caër (auj. Locmariaker).

Voir aussi   Culture de la vigne en Bretagne La culture de la vigne dans l'évêché de Nantes avant le XVIème siècle.

Voir aussi   Culture de la vigne en Bretagne La culture de la vigne dans l'évêché de Rennes avant le XVIème siècle.

Voir aussi   Culture de la vigne en Bretagne La culture de la vigne dans l'évêché de Vannes avant le XVIème siècle.

Voir aussi   Culture de la vigne en Bretagne La culture de la vigne dans l'évêché de Saint-Malo avant le XVIème siècle.

Voir aussi   Culture de la vigne en Bretagne La culture de la vigne dans l'évêché de Dol avant le XVIème siècle.

 

Dans l'évêché de Tréguier (Tréguer) et au commencement du XIVème siècle — Formule de lettre écrite par un agriculteur (messor) à un jardinier pour lui demander de venir tailler sa vigne. Texte tiré du Dictamen Trecorense, formulaire de lettres écrit au pays de Tréguer, — donc preuve, et preuve fort curieuse, qu'on cultivait au XIVème siècle la vigne en ce pays. Nous donnons ci-dessous (Pièce justificative n° IV) le texte latin de cette pièce, en voici la traduction : « A Guillaume, très habile jardinier, excellent tailleur de vignes, Pierre, moissonneur (messor) demeurant à Menez-Uhel, salut et longue vie en bonne santé. — L'année poursuivant son cours, voici que la douceur du printemps gonfle et couvre de pousses les plantes et les arbres et fait surgir sur les vignes de tendres grappes. Or j'ai une vigne excellente, rendue plus fertile encore par la bonté du sol ; depuis longtemps déjà elle aurait dû être taillée ; depuis longtemps déjà les crossettes, les sarments, toutes les pousses gourmandes auraient dû être retranchées pour laisser la place aux pampres et pour empêcher la vigne de tourner en sauvageon. Venez done chez moi, je vous prie, excellent tailleur de vignes ; venez délivrer la mienne de tout son superflu. Vous pouvez compter sur un salaire autant ou plus élevé que vous en sauriez trouver ailleurs ».

Note : Pièce justificative n° IV : Lettre d'un moissonneur à un jardinier, tailleur de vignes. (1300 à 1314). « G., ortolano peritissimo et vitium optimo putatori, P. messor, incola Montis Alti, cum salute dierum longitudinem cum corporea sospitate. Cum vernalis temperies, evoluto anni curriculo, ad hoc evenerit quod plante et arbores pullulant et turgescunt et teneri surgunt in vitibus botriones, egoque quamdam vineam habeam preelectam, que, rure bono fertilis, deberet diu est procul dubio amputari, ut, malleolis entibusque et sarmentis artificialiter amputatis, ejus palmites valeant propagari, ne turgeat in lambruscam, vitis putatorem vos rogo ut ad me venire dignemini, vitis hujus superflua amputaturus, pro mercede consimili et majori quam alibi estis habiturus ».

A juger d'après les notes ci-dessus, la culture de la vigne aurait été surtout répandue dans les évêchés de Haute-Bretagne, Nantes d'abord, puis Rennes, Aleth ou Saint-Malo, Dol ; assez répandue aussi dans Vannes, peu en Cornouaille et Tréguer, nulle en Léon et en Saint-Brieuc. Mais, d'une part, les titres relatifs à la Basse-Bretagne sont beaucoup plus rares que ceux qui regardent la Haute ; d'autre part, la récolte des textes ci-dessus ayant été, nous l'avons dit, toute fortuite et nullement méthodique, il y a lieu d'ajourner toute conclusion un peu générale jusqu'à plus ample informé, sauf toutefois ces deux-ci qui semblent dès maintenant bien fondées : savoir, 1° qu'au moyen-âge la vigne paraît avoir été cultivée dans toutes les parties de l'évêché de Nantes ; 2° que cette culture était passablement répandue dans les évêchés de Vannes, d'Aleth ou Saint-Malo, de Rennes, et même, au XIIIème siècle, très intense autour de cette dernière ville.

Nous nous bornons à indiquer par la suite les pays et les paroisses où l'on trouve, d'après les Notes et les Pièces ci-dessus, la culture de la vigne ; inutile de descendre jusqu'aux villages.

EVÊCHÉ D'ALETH OU DE SAINT-MALO :
Claies, XIIIème siècle.
Châteauneuf de la Noë, XVème siècle.
Dinan, XIème siècle.
Goven, XVème siècle.
Guer, XIIème siècle.
Josselin, XIIIème siècle.
Lande-Huan (en Dingé et Lanrigan), XIIème siècle.
Lansieu, XIIIème siècle.
Lehon, av. IXème siècle.
Lohéac, XIIème siècle.
Montfort, XVème siècle.
Poualeth, av. IXème siècle.
Saint-Méloir des Ondes, XIIIème siècle.
Saint-Père Marq en Poulet, XVème siècle.
Saint-Suliac, XVème siècle.

EVÊCHÉ DE CORNOUAILLE :
Hanvec, près de Le Faou, av. IXème siècle.

EVÊCHÉ DE DOL :
Dol, XIIème siècle.
Lanvalai, XIIIème siècle.
Mezvoit, près de Dol, XIème siècle.
Saint-Broladre, XIIIème siècle.

EVÊCHÉ DE NANTES :
Buzai, XIIème et XIIIème siècles.
Cellier (le), XIème siècle.
Chauvai, XIème siècle.
Clos St-Père, XIVème siècle.
Coiron, IXème siècle.
Escoublac, XIVème siècle.
Frossai, XIème siècle.
Grandchamp, IXème siècle.
Guenrouët, XIème siècle.
Loquidi, XIème siècle.
Lusangé, IX siècle.
Machecoul, XIème siècle.
Marsac, XIème siècle.
Nantes, XIème et XIIème siècles.
Pallet, XIIème siècle.
Piriac, IXème et XIème siècles.
Pornit, XIIème siècle.
Prigni, XIIème siècle.
Roche-Bernard (la), XIème siècle.
Rougé, IXème siècle.
Saint-Léger, XIIème siècle.
Saint-Nazaire, XVème siècle.
Savenai, IXème et XIème siècles.

EVÊCHÉ DE RENNES :
Châteaugiron (?) XIIème siècle.
Gahard, XIème siècle.
Marcillé-Robert, XIème et XVème siècles.
Montgermont, XIIIème siècle.
Pléchâtel, XIème siècle.
Rannée, près de la Guerche, XIIème siècle.
Rennes, XIème, XIIème, XIIIème siècles.
Torigné, XIIIème siècle.
Vitré, XIIème siècle.

EVÊCHÉ DE TRÉGUIER :
Pays de Tréguer (Tréguier), XIVème siècle.

(Arthur DE LA BORDERIE).

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