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LA CAMPAGNE DE LA VILLE-ES-NONAIS

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Les monastères avec leurs grandes bâtisses et leurs clochetons, les manoirs avec leurs tourelles et leurs murs de défense, les unis et les autres avec leurs toitures d'ardoise, dominaient majestueusement les petites chaumières éparpillées dans leurs alentours. Ces contrastes formaient des villages très pittoresques, égayés le jour par les tintements de cloches des couvents et le son des trompes et cornes de chasse ; le soir, par quelques jeux rustiques en plein air ou, au coin de l'âtre, à la chaleur d'un bon feu d'ajonc ou à la lueur de la résine fumante accrochée au gresset, par le récit des exploits des seigneurs et chevaliers, peut-être aussi d'un membre de la famille, partis « bouter hors de Bretaigne » l'ennemi français ou anglais.

Cependant la beauté de la campagne n'avait rien à envier à celle des hameaux. Les bois de hautes futaies, les prés émaillés de fleurs, les étroits chemins creux dits chemin du Bourg, chemin de la Chèze, chemin de Doslet,... bordés d'arbres et d'ajoncs dorés, les falaises giboyeuses, les vallons rocailleux, les « champagnes » fertiles, les « pastures » à moutons, les coteaux couverts de vignes,... faisaient des bords de la Rance, déjà si pittoresques, un paysage enchanteur.

Les coteaux couverts de vignes !... Pendant dix siècles, en effet, la vigne fut, après celle du blé, la principale culture du pays dont le vignoble fournissait un cru renommé.

Les premières vignes furent plantées sur le Mont-Garrot par Saint Suliac. Au moyen âge « les costeaux de la Rance étaient couverts de vignes depuis son embouchure jusqu'à Dinan ». Parmi les bailliages relevant du Vaudoré, on signale « Vigneu ou les Vignes, prosche du Village de la Ville-es-Nonnains ». Dans un acte daté de 1244, il est question d'une « vigne située près de l'Hospital de Port-Stablon et relevant de la juridiction des Chevaliers de Malte ». Les comptes du baron de Quintin nous apprennent ce que ce seigneur « a paié en 1478 pour l'achapt de XX pipes de vin breton du creü de Saint-Sulia et aussi pour l'achapt d'ungn cabatz de résin... et aultres choses ». Un contrat de vente de Vaubœuf en 1587 comprend « une pièce de terre plantée en vignes, et une autre pièce en vignes derrière le logis ». Dans l'affranchissement et anoblissement des maisons et terres appartenant à noble homme Jean de Taillefer, sieur des Préaux, en 1638, il est fait mention de « deux pièces de terre sous la vigne ». Dans un partage des Langevin, en 1690, on cite « un champ bordant le chemin de Doslet appelé la Grande-Vigne, et dans la champagne de Garot une pièce de terre plantée en vignes blanches ».

Ce nombreux vignoble produisait un fruit abondant. On lit en effet dans la Chronique de Jean Froissart, datée de 1360 : « L'intention d'Edouard roi d'Angleterre était telle qu'il viendrait tout cet été jusque après août rafraîchir en Bretaigne les troupes de son hoste, car les vendanges y étaient moult belles apparents, et viendrait de rechef en France mettre le siège devant Paris ».

Si le roi d'Angleterre désirait passer les frontières de Bretagne, ce n'était pas seulement parce que les vendanges y étaient « moult apparents », mais surtout parce que les crus de son terroir étaient moult estimés. Notre bonne duchesse Anne connaissait aussi les crus de sa chère Bretagne, et elle savait leur faire honneur en les plaçant sur la table des rois de France.

Les vins bretons étaient appréciés des étrangers. C'est donc qu'ils étaient fameux. Les vins des bords de la Rance devaient être excellents entre tous, puisque les gourmets préféraient leur saveur et leur fumet. Si d'importants personnages, de hauts seigneurs comme Tristan du Périer, baron de Quintin, buvaient du Côteau-de-Garrot, du Moulin-de-la-Chèze, du Bec-du-Mousse, ou du Tertre-de-Vigneux, c'est une preuve certaine que ces crus étaient en grand renom et par conséquent fort bons.

En 1687, le gouvernement de Louis XIV interdit la plantation de la vigne en Bretagne. On cultiva alors les vieux vignobles le mieux et le plus longtemps possible. Et les crus du bord de la Rance ne disparurent que vers la fin du XVIIIème siècle. Les vieux ceps, têtus comme leurs vignerons, tinrent bon en dépit du décret royal et vécurent longtemps après la disparition du Roi-Soleil qui les avait injustement condamnés à mort. Ils n'ont d'ailleurs pas complètement abandonné le Mont-Garrot. Quelques-uns de ces vieux ceps, arrière-rejetons de ceux que plantèrent les moines de Suliac, poussent encore leurs sarments au-dessus des broussailles ou dans les branches des chênes. Et chaque automne vous pouvez goûter, si les oiseaux ne les ont pas cueillis avant vous, ces grappillons aigrelets que les enfants trouvent excellents.

On pratiquait aussi l'élevage du mouton. Il en est souvent question dans les bailliages. La prieure de Sainte-Marie-des-Sablons avait « droit de moutonnage, c'est-à-dire de faire paistre ses brebis dans les pastures de la Ville-aux-Nonnains ». Les troupeaux étaient assez nombreux, à en juger d'après les importantes impositions de moutons faites pendant la Révolution, et d'après un jugement rendu par le juge de paix de Châteauneuf, portant sur le vol d'un mouton commis au préjudice du fermier de Châblé par... le garde champêtre.

Cependant le blé restait la principale culture. Le chanvre et le lin semblent n'avoir pas été beaucoup cultivés dans les Sablons.

(Abbé Auffret).

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