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LES INVENTAIRES (EGLISE ET FABRIQUE) DE LA VILLE-ES-NONAIS

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Le 19 février 1906, le brigadier de Châteauneuf notifia à M. le Recteur que, en vertu de la loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat votée par les Chambres françaises le 9 décembre 1905, M. Aupoix, receveur de l'Enregistrement, se présenterait le 2 mars, à 2 heures de l'après-midi, pour procéder à l'inventaire des biens meubles et immeubles de l'Eglise et de la Fabrique. Le dimanche, M. le Recteur invita les paroissiens à venir protester.

Le 2 mars, 400 paroissiens entouraient leur recteur. A son arrivée, M. Aupoix exposa l'objet de sa visite. M. le Recteur lui lut une protestation, signée de lui, du maire et des fabriciens, dans laquelle il affirmait sa soumission au Souverain Pontife qui avait condamné la loi de Séparation. Puis il continuait : « Je proteste au nom de M. Bodin, fondateur de cette église. Si en ce moment douloureux il se levait de sa tombe, il vous dirait que le terrain que vous foulez est une propriété privée,... que cette église est l'oeuvre des paroissiens qui l'ont élevée par leur travail personnel et par leurs dons généreux. De sorte que s'ils retiraient ce qu'ils ont donné, vous n'auriez pas besoin de faire son inventaire car il ne resterait rien devant vous... Jamais je ne vous livrerai les clefs de cette église... ».

Les paroissiens, parmi lesquels beaucoup avaient travaillé à l'église, applaudirent et crièrent avec force que ce sanctuaire était leur propriété et qu'ils prétendaient en garder la jouissance.

M. Aupoix dit alors : « Au revoir ! » Et il repartit sous les cris de : « A bas les voleurs ! A bas les crocheteurs ! Vive le Christ ! Vive la religion ! ».

On entra dans l'église pour prier, et M. le Recteur donna rendez-vous pour le nouvel assaut.

Le 8 mars, à 8 heures du matin, une compagnie du 47ème vint à l'improviste cerner l'église. M. l'abbé Lohier, le bedeau Alainguillaume et Louis Vilala eurent seuls le temps d'entrer pour sonner le tocsin. Les paroissiens, retenus au loin par les soldats, chantaient Je suis chrétien, Nous voulons Dieu. Les soldats eux-mêmes s'unissaient à ces chants.

Vers 9 h. 30 M. Aupoix arriva, accompagné de dix gendarmes et du commissaire central de Saint-Malo. Ils furent hués par la foule. M. Aupoix intima l'ordre à M. le Recteur d'ouvrir les portes de l'église. Il reçut un refus formel. Alors le commissaire lui remit l'ordre de la Préfecture d'ouvrir les portes ou elles seraient brisées. Nouveau refus. Il fit les trois sommations, et aux trois fois il lui fut répondu par tous les paroissiens : « Jamais ! Vive Dieu ! Vive la religion ! ».

Alors les gendarmes s'élancèrent sur la porte devant l'autel de la Vierge, repoussèrent brutalement quelques femmes qui avaient réussi à s'approcher, et à l'aide de deux haches, d'une barre de fer et d'une masse, brisèrent la porte. Les cris, les larmes, les plus fortes paroles d'indignation retentirent.

M. Aupoix, plus mort que vif, fit quelques pas dans l'église et ressortit. Son inventaire ne fut qu'une comédie !

La troupe partie, les fidèles entrèrent dans l'église pour un Salut de Réparation. M. le Recteur félicita ses paroissiens d'être tous venus défendre leur Dieu, leur religion, leur église, leur droit.

(Abbé Auffret).

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