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LE MANOIR du VAUBŒUF

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Le joli manoir aux murs épais que nous admirons actuellement à Vaubœuf (Vauboeuf), maison d'habitation à un étage, flanquée d'une tourelle couverte d'un toit polygonal en dôme à deux ressauts, semblable à un vieux clocher d'église romane, est ce qui reste d'une construction datant de 1621 et restaurée en 1671. Les armoiries gravées au-dessus de la porte d'entrée de la maison, côté sud : De sable à l'épée d'argent, la pointe en bas, sont celles des Monterfil. Elles datent de vers 1500.

Malgré son charme d'à présent, ce manoir n'a plus son faste d'antan. Reportons-nous aux siècles passés pour le visiter au temps de sa splendeur.

Ce vieux castel, avec la joliesse de sa Maison Noble et de son enclos ravissant, renfermant six hectares, son site enchanteur en flanc de coteau sur les bords de la Rance, ses droits féodaux, ses constructions élégantes et pittoresques..., c'était bien la perle du pays. Il en imposait avec ses fortifications, ses murs de défense, flanqués d'une grosse tour ancienne du côté de la mer, surveillant la grève, ses nombreuses tourelles ; « avec ses parapets, vües, meurtrières et ouvertüres ». Surplombant les murs, trois allées plantées de charmes, de bouleaux, de chênes verts séculaires, s'étageaient en gradins. L'une conduisait à la grosse tour ; les deux autres, dans les diverses parties de l'enclos. Au-dessus des allées, des jardins montaient jusqu'à son « moulin à vent tournant et moulant faisant farine ». Au flanc de la colline s'accrochaient ses vergers et fruitiers, « ses vallons, rochers, perrières, mottes à lapins et garennes », que couronnaient « ses bois de hautes futaies et de décorations ». Du côté du levant, s'élevait « son coulombier garni de pigeons vifs volant et parvolant », venant se désaltérer dans leur abreuvoir au pied de « la Vieille-Métairie ». Plusieurs pavillons entouraient la cour d'honneur et la fontaine au fronton monumental, portant fièrement les armoiries du seigneur du lieu et, au-dessous de l'écu, le cadran solaire. Plus bas, les sources coulaient vers le vivier, près d'une petite chapelle bâtie vers 1767.

Vaubœuf jouissait de droits féodaux. Il possédait en propre « le port et havre maritimes, des salines avec droit et usages immémoriables de pesches et pescheries, de tendre et tirer au canard et aultres oiseaux, de faire panager les bestiaux du dit lieu sur tous les marais jusqu'aux moulins de la Tourniolle et sur les verdières au delà du ruisseau fluant ».

De Vaubœuf dépendaient aussi la métairie des Rochaux et de nombreuses terres : « les Hurettes, la Marelle avec réservouër et receptacles d'eaux, le Radier, et autres quantités de terres en la Champagne d'Etabléhon et autres lieux ».

Entre les expéditions militaires et les parties de chasse, vivre dans ce château n'était nullement monotone : la beauté du site variait selon les saisons et les marées ; on avait ses occupations, ses soucis, et parfois même des anicroches avec ses voisines.

Un long et curieux procès, dit « Procès du Colombier », s'engage en 1669 entre « Haute et Puissante Dame Pélagie de Rieux, Comtesse de Châteauneuf ; contre Noble-Homme Jean de Taillefer, Seigneur de Vauxbœufs et Connétable de Dinan et Léhon ».

La prétentieuse dame « expose devant Mes Seigneurs du Parlement de Bretagne que soub la banlieu et proche de son château de Châteauneuf l'appelé Jean de Taillefer a inové un coulombier au proche de sa maison de Vauxbœufs dans un lieu où il n'y en a jamais eut ni connu et qu'il y a deux choses qui lui manque pour pouvoir édifier une fuye, scavoir la qualité personnelle et le nombre de journaux de terre soit en domaine soit en fieff ».

Le sieur Jean de Taillefer défend énergiquement ses droits, et surtout sa « qualité personnelle ». Il peut reconstruire un colombier, prétend-il, parce qu'il en existait un il y a moins de vingt-cinq ans. Il fait constater ses affirmations par des notaires de Dinan qui verbalisent ainsi leur visite domiciliaire : « Nous nous sommes transportés au Lieu Noble de Vauxbœufs... où étant avons trouvé le Sieur Jean de Taillefer, lequel nous a fait vouer et considérer une vieille et ancienne masse et emplacement de colombier... Dans laquelle masse et emplacement ayant entrés par une petite porte et huysserie de pierre de taille toultée avons remarqués le nombre de quatorze rangs de trous pertuits et refuge à pigeons... ».

Enfin en 1671, après bien des jugements « cassés et miettés » et bien des requêtes de la partie plaignante, dame Pélagie doit s'avouer vaincue, puis écrire et signer de sa main : « Nous... déclarons nous désister de l'opposition formée à la construction du colombier par le Sieur de Taillefer, Connétable de Dinan, à sa Maison Noble de Vauxboeufs ».

Et Jean de Taillefer d'admirer enfin, en homme qualifié, ses beaux pigeons volant et parvolant !

Les divers possesseurs de Vauboeuf furent : Ecuyer Jean de Monterfil et demoiselle Richarde de Lesquen, seigneur et dame de la Ville-Roy et Vauxbœufs, vers 1492. — Noble Homme Eustache de Monterfil, en 1530. — Ecuyer Raoul de Monterfil, en 1563. — Noble Homme Mathurin Rouxel, sieur de Launay et Vaux-Boeufs, en 1570. — Honorable Homme Gouyon Gilles, capitaine de Compagnie des Indes, en 1584. — Honorable Homme Rolland Rolland, sieur des Sables, en 1587. — La veuve de Rolland Rolland en hérita avec ses enfants, en 1595. — Honorable garçon Pierre Rolland le reçut en partage de sa mère, en 1609. — Ecuyer Jean de Taillefer, sénéchal, et sa femme Renée Miniac, seigneur et dame des Préaulx et Bellisle, l'achetèrent en 1615. — Honorable Homme Allain Chouesmet, sieur des Alleux, fils issu d'un premier mariage de Renée Miniac, le reçut en partage en 1640. — Ecuyer Jean de Taillefer, colonel major commandant la Milice Bourgeoise, en 1668. — Les enfants du précédent, en 1710. — Honorable Homme François Gruel, sieur de la Marine, en 1749. — Son fils Bernard en hérita en 1774, puis son petit-fils Joseph. — Suliac Gruel, fils de Joseph, en hérita avec sa femme Olivette Brijard. Vieux, veuf, sans enfant et aveugle, Suliac Gruel légua Vaubœuf pour les bons soins reçus à Mme Louis Plurien, en 1901. — Vendu à M. Chaussavoine, en 1956.

(Abbé Auffret).

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