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LA MOINERIE EN LA VILLE-ES-NONAIS |
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Après le départ des Frères Condonats, leur couvent, resté le domaine de l'abbesse de Saint-Sulpice, fut « baillé » par elle ou par la prieure de Sainte-Marie-des-Sablons à quelques « Nobles Hommes ».
D'après une déclaration de l'un d'eux, on sait que la Moinerie comprenait « des maisons, terres et héritages... consistant en un grand corps de logis, chambres et grenier avec pavillon au derrière, une grange, deux étables, court, jardin, terres labourables, arrables et non arrables dont la pièce de la Marelle, etc... ».
Dès avant 1550, la Moinerie était déjà la demeure de Barthélemy Miniac et son épouse Robine Ambrouchart. Leurs descendants l'habitèrent jusqu'en 1765. A cette époque, elle passa au marquis Baude de La Vieuville, audiencier en la Chancellerie de Bretagne. En 1791, « le citoyen Baude, arrêté comme aristocrate », fut condamné à mort. Point d'égard pour ses cheveux blancs : le 4 mai 1794, il fut guillotiné, malgré ses quatre-vingt-deux ans !... La Moinerie fut déclarée bien national en 1793. La veuve Baude de La Vieuville en récupéra un tiers en 1798. La Moinerie passa aux de La Morvonnais l'année suivante ; aux Poinçon de La Blanchardière en 1869 ; à Etienne Brulé en 1885.
Le nom de Moinerie, donné dédaigneusement à cette humble demeure des Frères Condonats, devait devenir illustre et connu bien au-delà des frontières bretonnes, sur les mers, en France, en Angleterre, au Mexique...
Le 4 février 1676, Anna Géraldin, épouse de Pierre Miniac de La Moinerie, donne le jour à un garçon qui reçoit les prénoms de « Thoumas - Auguste ». Tout jeune encore, Thomas-Auguste embarque pour la course. Puis il devient « négocian-armateur, vaillant capitaine, habile dans la paix et allant dans la guerre au feu comme à un triomphe ».
Entre autres faits, en 1707, Miniac de La Moinerie commande le navire le Maure, jaugeant six cent cinquante tonneaux, portant cinquante canons et trois cent soixante-dix-sept matelots, armé à Saint-Malo. Il sort de Brest le 9 octobre, avec les vaisseaux de Duguay-Trouin. Le 21, attaque de la flotte anglaise, composée de deux cents voiles remplies de troupes et de munitions à destination de Lisbonne et escortée de cinq gros vaisseaux de guerre. Duguay-Trouin charge le Maure d'attaquer le navire anglais le Ruby, de cinquante-six canons. Il fallait capturer l'ennemi en causant le moins de dommages possible à sa coque et à sa cargaison, et en risquant le minimum d'avaries pour son propre bâtiment. Thomas-Auguste Miniac de La Moinerie ne possédait pourtant qu'une simple commission provisoire de lieutenant de vaisseau, donc d'un grade inférieur à l'importance du navire qu'il commandait. Mais Duguay-Trouin tenait moins compte du grade que du courage. Il avait raison. Après un combat acharné, tous les navires de guerre anglais sont capturés ; les bateaux de transport capturés, coulés ou dispersés. Avant de rentrer à Brest, le Maure doit réparer sa voilure hachée par les boulets. Longtemps après, Duguay-Trouin disait en parlant de ce combat : « Le souvenir de ce spectacle me fait encore frémir d'horreur ! ». Et pourtant il en avait vu d'autres !
En 1711, le sieur de La Moinerie arme le vaisseau le Fidèle, fort de soixante canons, pour accompagner Duguay-Trouin dans sa fameuse expédition à Rio de Janeiro. Victoire totale. Mais au retour, fin janvier 1712, une terrible tempête assaille l'escadre du corsaire aux environs des Açores. Le Fidèle, chargé de six cents hommes, d'une grande quantité de marchandises précieuses, d'or et d'argent, disparaît corps et biens !
Dans ses mémoires sur la prise de Rio de Janeiro, Duguay-Trouin écrit en parlant « du Sieur de la Moynerie Miniac » : « Je ne peux eslever assès sa valeur et sa conduitte ».
Par son testament, nous savons que Miniac de La Moinerie possédait une fortune colossale et des biens considérables aux Antilles.
Ce courageux et richissime corsaire de la Moinerie portait pour armes : De gueules à l'aigle éployée d'argent, accompagné de sept billettes de même 3 en chef et 2 en pointe, au franc canton d'azur, chargé d'une croix pleine d'or cantonné de croissant de même.
(Abbé Auffret).
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