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LA VILLE-ES-NONAIS DURANT LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

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La Bretagne ne demandait pas les réformes de 1789 réclamées par l'opinion française, puisqu'elle était régie par un système féodal différent et par une constitution particulière. Une seule revendication pour elle : l'observation des clauses du Traité d'Union. Aussi l'abolition de ce traité la nuit du 4 août, abolition restée illégale puisque jamais sanctionnée par les Etats de Bretagne, suscita l'indignation et le mécontentement. Puis on se rassura, pensant que les pertes seraient amplement compensées par les bienfaits du nouveau régime. L'illusion se changea vite en inquiétudes, causées par la politique antireligieuse des assemblées révolutionnaires et la levée en masse décrétée par la Convention. Les Bretons se levèrent bien en masse, mais pour défendre leur foi et leur nationalité menacées. Et la Révolution continua son oeuvre sacrilège et sanguinaire.

Pendant cette pénible période, tous les villages des Sablons subirent le même sort que Port-Suliac dont ils dépendaient, c'est-à-dire les horreurs communes de ces tristes jours. Il ne semble pas toutefois qu'il y ait eu ni exécutions ni cruautés ; mais un athéisme incompréhensible, comme partout.

En 1792, le prieur doit se cacher et le vicaire s'exiler, et un curé constitutionnel est installé à Port-Suliac en octobre. Le 20 de ce même mois a lieu l'inventaire des objets du culte dans les chapelles de la Ville-ès-Nonnains, Port-Stablon et Doslet.

En 1793, « le citoyen Jean Contin, exprêtre, demande et obtient d'être instituteur pour l'écolle d'icelle paroisse de Port-Suliac ». Il s'installe dans le presbytère.

Depuis 1789, les bandes révolutionnaires de Miniac poursuivaient leurs visites domiciliaires. Ils n'oubliaient point Vaubœuf, se doutant bien qu'un prêtre s'y cachait. Ils avaient la bonne idée de toujours commencer leurs fouilles par les Rochaux. Alors un enfant s'en éloignait et venait donner l'alerte à Vaubœuf. Le prêtre gagnait les Rochaux à travers champs, pendant que la troupe descendait à Vaubœuf par la grève ! Bernard Gruel dirigeait les révolutionnaires dans leurs recherches infructueuses ; pendant que son épouse, Anne Hubert, leur préparait un repas « transite de peur ». Attirés par le cellier, le charnier et la maie, mis trop largement à contribution, autant que par de fréquentes dénonciations, les révolutionnaires multipliaient leurs incursions à Vaubœuf. La terreur qu'ils inspiraient à Mme Gruel lui causa un ébranlement nerveux. Tout le reste de sa vie, dans les nuits de tempête, alors que le vent s'engouffre avec fracas dans la large cheminée, elle était obligée de quitter la maison. Affublée de ses devantières dont elle se recouvrait la tête, elle allait s'asseoir au pied d'un talus dans les champs voisins.

La cache devenant peu sûre, le prêtre quitte Vaubœuf pour se réfugier au Vaudoré.

Furieux de ne pas trouver le prêtre les révolutionnaires saccagent les chapelles de Vaubœuf et de Port-Stablon. Ils ne peuvent décapiter les statues, celle de Saint Jean étant cachée à Vaubœuf et celle de Sainte Anne dans un lit clos à double fond. Les croix avaient été cachées aussi.

La même année, le Conseil municipal prend la délibération suivante : « Pour prévenir les malheurs que pourrait occasionner les perturbateurs du bien public par la personne suspecte qui pourraient venir sur notre territoir par la passagère du Port-Stablon, il sera établi une garde de douze hommes au Port-Stablon, pour que la passagère ne passe ny avant soleil levant ny après soleil couchant, qu'elle fasse venir à bord de grève tous les batteaux qui passeront pendant la nuit et suspects ».

Une garde est constituée aussi pour le passage du Vieux-Grand-Chemin, à Doslet. Et l'on effectue pour ces gardes des réquisitions de bois et de flanelle.

On tremble au moindre bruit. Aussi, pour rassurer les habitants, qui éteignent leur chandelle de résine en entendant le bruit des pas, les gardes crient à l'approche des maisons : « Dormez en paix, braves gens, c'est la garde qui vous garde ! ».

Les chapelles et les biens appartenant aux religieuses de Saint-Sulpice : la Métairie-aux-Abbesses, la Moinerie,... sont déclarés biens nationaux.

En 1794, Bande de la Vieuville, marquis de Châteauneuf et seigneur de la Moinerie, est exécuté le 4 mai.

De nombreux prêtres se réfugient à Beaufort où le citoyen Leport de Port-Suliac les prend pour les conduire chez lui, les passer au Minihic et les emmener à Dinard, d'où ils embarquent pour Jersey. Il revient par Rothéneuf prendre la correspondance déposée dans un jardin, où il se fait prendre fin juillet avec ses complices. Tous condamnés à l'échafaud, ils passent la nuit en prières dans la prison de Port-Malo. A l'aube, ils tremblent au bruit de la porte qui s'ouvre : « Robespierre est mort, vous êtes libérés ». Ils sont sortis qu'ils croient encore rêver !

En 1795, l'église de Port-Suliac est fermée à l'exercice du culte catholique, le 20 septembre. Ensuite, fêtes de la Déesse Raison.

On publie plusieurs décrets condamnant à la déportation « tous les habitants receleurs d'ecclésiastiques rebelles, de brigands, de chouans, d'émigrés ».

En 1797, culte décadaire. Les chapelains et prêtres réfractaires encore cachés dans le pays doivent s'exiler. Il y avait des caches à prêtres ou cutes à prêtres au Vaudoré, à Vaubœuf, à Panlivard.

Le calme revient un peu sous le Consulat. Mais sous l'Empire, le fardeau devient écrasant par suite de la guerre maritime : 77 navires malouins sont pris entre 1803 et 1814 ; et bon nombre de Bretons sont morts de misère, prisonniers sur les pontons anglais, après avoir déjà souffert sur les vaisseaux français.

Quelques lettres, d'ailleurs admirables et d'une politesse de l'Ancien Régime que les moeurs actuelles ont fait disparaître des familles et de la société, lettres écrites par Ambroise Tardif à son épouse Marie Contin en 1804 et 1805, nous donnent des renseignements précis. Sur un seul navire, l'Impétueux, ils sont huit compatriotes : Ambroise Tardif, Langevin, Matthieu Bonjour, Gabriel Bonjour, Chenu, Joseph Galène, Campion. Sans nouvelles depuis près de deux ans, ils réclament chemises, chaussures, argent... La marine ne leur donne rien ! L'un d'eux au moins, Ambroise Tardif, meurt de consomption sur les pontons de Plymouth après une captivité de sept ans.

Jean Gouin, de la Ville-aux-Nonnains, goûte aussi la misère des pontons, et longtemps sans doute. En effet, en 1816 ou 1817, sa fille Françoise s'en va montée sur son âne à Saint-Malo, demander au Procureur de la République d'obtenir la libération de son père qu'elle ne connaît pas encore. Or elle avait treize ou quatorze ans !

Jean Gouin eut le bonheur de revenir. Mais combien de ses compatriotes sont morts sur les pontons ?

En 1821, un bateau quitte le Port-Saint-Jean pour conduire à Saint-Malo quelques terre-neuvas en partance, accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants. Arrivé en face la Tour Solidor, la barque fait naufrage. Sur les dix-huit passagers, deux seulement furent sauvés.

(Abbé Auffret).

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