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SÉPARATION CIVILE ENTRE SAINT-FIACRE ET LA VILLE-ES-NONAIS |
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« Depuis un temps immémorial, il y avait scission dans la commune. Les gens du Bourg regardaient avec mépris les gens des Villages ». Cette arrogance des gens du Bourg, jointe à la susceptibilité des gens des Villages, créait un antagonisme croissant.
La rivalité s'accrut à partir de 1831. Le maire, La Renaudais, homme du Bourg, « inconsidéré et sans religion » comme son Conseil, fut contraint de démissionner. M. Etienne Brulé, homme des Villages, « respectable et plein de religion », lui succéda. Ses débuts furent durs. Mais après trois élections, il arriva à posséder un Conseil composé de gens bien intentionnés et tous des Villages, sauf deux. Puis M. Hélot succéda à M. Brulé.
Pendant ces deux mandats, les Villages, dont les intérêts étaient différents de ceux du Bourg, furent naturellement favorisés, au grand mécontentement des Bourgeois ou Bourguignons, déjà vexés d'être gouvernés par les Villageois.
Grâce à cette majorité des gens des Villages dans le Conseil, la paroisse fut érigée sous le mandat de M. Hélot. Mais de ce fait la fureur des Bourgeois devint telle que les Villageois n'osaient plus envoyer leurs enfants à l'école, crainte de malheur pour eux !
M. Hélot tombé paralysé, M. Dudomaine fut élu maire provisoire. Sur réclamations des gens du Bourg, le préfet nomma alors M. Raoul.
« Le maire ne fut pas plutôt en place qu'il chercha à vexer ceux des Villages ». Mais par suite de la République survenue en février 1848, des élections eurent lieu le 26 juillet. Les Bourgeois essayèrent de truquer les bulletins et le dépouillement. Seulement les Villageois découvrirent la ruse. Résultat : quatre conseillers du Bourg, douze des Villages, Etienne Brulé maire !
« Vaincus sur tous les points, les habitans de Saint-Suliac demandèrent à voter par sections ou à renvoyer les élections à la saison d'hyver (pour bénéficier des voix de leurs marins). Ni l'un ni l'autre ne fut accepté. Ils portèrent donc leur vue vers la séparation de commune ».
Ils adressèrent une demande à la Préfecture. Le préfet répondit que c'était à ceux des Villages de faire la demande. Ils ne se le firent pas dire deux fois. La demande fut sitôt envoyée et l'enquête prestement menée. Le Ministère donna un avis dubitatif, mais le Conseil d'Etat un avis favorable. Le 26 juin 1850, le Président de la République, Louis-Napoléon, signa les pièces ; le 20 juillet, l'Assemblée approuva le projet de la loi de séparation : la paroisse était reconnue commune.
Le préfet reçut l'ordre de procéder à l'élection des maires. Suliac Raoul fut élu pour Saint-Suliac et Etienne Brulé pour la Ville-ès-Nonais. C'était le 3 novembre 1850.
Pour tromper leur déception et manifester leur rancœur, les Suliaçais allumèrent le soir sur le Mont-Garrot « un feu de joie qu'ils auraient mieux fait d'appeler feu de tristesse ».
Plus calmes, les Toxons fêtèrent en famille et entre voisins leur délivrance des tentacules des Margatiers.
Et il a fallu bien des années pour détruire cette animosité regrettable, dont les vieux chicots n'engendrent plus que quelques plaisanteries amicales.
La nouvelle commune prit les limites de la paroisse. Sa superficie comprenait 449 hectares et sa population comptait environ 950 habitants.
(Abbé Auffret).
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