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FRAIS D'EDUCATION D'UN JEUNE SEIGNEUR D'APRES LES COMPTES DE TUTELLE

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FRAIS D'EDUCATION D'UN JEUNE SEIGNEUR (Barthélemy Gabriel) D'APRES LES COMPTES DE TUTELLE.

Ce jeune seigneur, Barthélemy Gabriel (d'Espinay) est le fils de Gabriel Servan, marquis d'Espinay, et de Anne Ferret (V - 1 de la Généalogie des Espinay). Cette dernière meurt le 20 septembre 1684.

Barthélemy Ferret, père de la défunte, craint un remariage de son gendre. Le 8 février 1687 il rédige son testament :

« A l'égard de défunte dame Anne Ferret sa fille vivante marquise d'Espinay il lui donna 140.000 Livres par contrat de mariage au moyen de quoi elle a été suffisamment partagée... mais comme après le décès de la dame Anne Ferret, son épouse, il pourra revenir du bien aux enfants de la dite marquise d'Espinay, il déclare ne vouloir en aucune manière que ce qui pourra revenir de la succession de la dite dame Ferret ou des collatéraux ne soit touché par ledit marquis d'Espinay tant à cause qu'il peut penser à des secondes noces...

C'est pourquoi il ordonne que ce qui pourrait revenir soit gardé jusqu'à ce que ses petits-enfants aient atteint leur majorité... ».

Lorsque son père épouse Anne Legouz, le jeune Barthélemy a 11 ans. Il se produit sans doute des heurts avec sa marâtre, aussi en 1689 l'enfant ayant 13 ans, on décide de l'envoyer étudier à Paris.

— Il est élève au Collège Louis le Grand pendant 4 ans.

— Pendant 3 ans il est page aux Grandes Ecuries du Roi.

— Il entre aux Mousquetaires et participe aux campagnes de 1696-1697.

— En 1698 on lui achète le régiment de Charolais et un brevet de colonel.

— En 1699, il épouse à Paris, Anne de Hautefort.

— En 1700, il a 25 ans et son père doit lui rendre les comptes de sa tutelle.

C'est un travail ardu. Le seul témoignage que l'on possède sur le caractère de Gabriel Servan est celui de l'Abbé de Beaulieu qui le qualifie « d'homme irrascible prêt à couper bras et jambes à ses voisins ».

Il est certain que des discussions s'élèvent entre le père et le fils et d'un commun accord ils choisissent comme arbitre l'un de leur parent : M. de Montboucher, sieur de la Magnanne, Conseiller à la Cour.

***

Les comptes sont divisés en articles. Le père énumère les sommes qu'il a dépensées, le fils les conteste, donne les raisons de la différence, l'arbitre tranche et alloue la somme qui lui paraît raisonnable. Le père est dénommé « comptable » ou « tuteur », le fils « l'oyan ».

De nombreux chiffres vont être énoncés. Donnant la valeur de différents objets, le montant des gages, ils sont intéressants Pour permettre des comparaisons la Livre de 1700 vaut environ 5,00 F.

***

L'article 1 se rapporte aux frais concernant l'éducation, la nourriture et l'entretien du jeune Barthélemy depuis l'âge de 8 ans, son âge lors du décès de sa mère jusqu'en 1689, date de son départ pour Paris.

Le tuteur évalue ces frais à 2.000 Livres par an, auxquels il faut ajouter 10.000 Livres pour le précepteur, les laquais et les gens de service.

L'oyant conteste ces chiffres en particulier ceux se rapportant au précepteur et au valet de chambre : c'est le chapelain de la maison qui lui a enseigné la lecture et les rudiments du latin. Il estime qu'il n'a pas coûté, tout compris, plus de 800 Livres par an.

L'arbitre considérant que le jeune homme avait au moins une personne à son service admet qu'il faut compter environ 1.200 Livres par an, savoir :

— 300 L. pour la pension de cette personne.
— 300 L. pour celle du précepteur.
— 100 L. pour les gages du précepteur.

Il reste 500 L. pour l'entretien du mineur et les gages d'un petit laquais qui, à la campagne, est payé 40 à 50 L. par an ce qui donne pour 5 ans un total de : 1.200 X 5 = 6.000 L.

L'article 2 concerne le voyage à Paris et le séjour de 5 mois fait par l'oyant accompagné de son père et de sa belle-mère avant d'entrer au Collège Louis-le-Grand.

Le tuteur considère que ce voyage était nécessaire pour qu'il apprenne à son fils à connaître Paris et il demande pour la nourriture et les gages fournis pendant 5 mois à son fils, à un précepteur, à un valet de chambre à un laquais la somme de 3.000 Livres.

L'oyant offre 682 L. Il soutient que pendant tout ce temps seul un valet de chambre était à sa disposition et que c'est un prêtre du voisinage, payé 12 L. par mois, qui venait lui apprendre le latin... et qu'en outre ce voyage n'était pas nécessaire.

L'arbitre conclut qu'il est juste d'allouer quelque chose pour le voyage, mais il fait remarquer que ce séjour à Paris a été trop long : 8 à 15 jours auraient été suffisants et la présence de la belle-mère n'était pas nécessaire. Il alloue seulement 1.200 L. au tuteur.

L'article 3 concerne les dépenses nécessitées par les 4 ans que l'oyant a passé au collège Louis-le-Grand.

Le tuteur demande 3.000 L. par an soit : 12.000 L., pour payer la pension y compris celle du valet de chambre, les leçons particulières données par un maître de « dance », par un maître de mathématiques et par un maître de dessin.

L'oyant offre 1.600 L. par an, mais après discussion il est convenu d'allouer 2.250 L. se répartissant ainsi :

— Pension à Louis-le-Grand : 300 L.
— Pension du valet : 330 L.
— Gages du valet : 100 L.
— Location de la chambre et des meubles : 120 L.
— Gages du maître de danse et du maître de mathématiques 24 L./chacun, gages du maître de dessin 12 L./mois, soit 60 L./mois et pour l'année : 720 L.
— Pour l'habitat, le chauffage, le blanchissage, la chandelle et les divertissements : 650 L.
Total : 2.250 L.

Ce qui fait, pour 4 ans, 9.000 L. au lieu des 12.000 Livres demandées.

La pension est payable d'avance par trimestre, les reçus existants permettant de penser que le jeune d'Espinay a passé ses 4 ans à Paris sans revenir à Yvignac.

En plus de la pension payée en numéraire, le marquis d'Espinay devait fournir du bois au collège. Sur un reçu de 1692 établi pour le 3ème trimestre, il est indiqué en nota : « Il reste encore deux envois de bois de l'année passée ».

En 1690-1691 le jeune homme logeait chez un nommé Antoine Fossier. Les reçus sont signés de lui ou de Charlotte Fossier. La chambre avec les meubles coûte 8 L. par mois. Un reçu spécifie que les « 8 L. comprennent les meubles et les draps ».

Le valet s'appelle « La Touche », le maître de dessin signe ses reçus « Noblesse » et il « apprend Mr. le comte d'Espinay à dessigner ».

En général le jeune Barthélemy reçoit son argent de poche de la Banque Henri Petit le jeune, rue du Four, mais aussi, quelquefois, de l’Abbé son oncle, recteur d'Yvignac, ou du sieur de la Vallée, sénéchal de Quérinan et d'Yvignac. Il semble que ce dernier fait de fréquents voyages à Paris.

Le valet « La Touche » rend quelques services, il écrit le 3 mars 1694 au marquis d'Espinay :

« Reçu à Paris les 50 F que vous m'avez fait la grâce de m'envoyer pour le 1/2 quartier qui sera escheu le 11 de ce présent mois de mars. J'ai été chez votre perruquier, je lui ai commandé la perruque que vous demandiez. Je lui ai recommandé de la faire de la manière que vous la souhaitez, c'est-à-dire qu'elle se soutienne bien du devant. Il m'a bien promis que vous en seriez content.

Veuillez croire Monsieur que personne ne peut être plus affectionné auprès de Mr. le comte que je le suis ny soit avec un plus profond respect que moy votre humble et très obéissant serviteur ». La TOUCHE.

En 1693 Barthélemy a 18 ans.

L'article 4 se rapporte au voyage fait par le marquis d'Espinay pour placer son fils en qualité de page aux Grandes Ecuries du Roi. Il demande 5.000 Livres. L'oyant offre 1.600 Livres.

L'arbitre reconnaît que ce voyage n'était pas nécessaire car le comte d'Espinay a de nombreux parents à la Cour et en particulier M. d'Armaignac, Grand Ecuyer de France, qui a coutume de présenter les pages au Roi, aussi il alloue seulement 2.300 L.

Soit 1.000 L. somme due pour l'entrée chez le Roi.

800 L. pour les habits.

500 L. pour les divertissements et divers.

L'article 5 comprend les dépenses du jeune page pendant les 3 ans passés aux Grandes Ecuries.

Le tuteur demande 2.000 L. par an, soit : 6.000 L.
L'oyant offre 700 L. par an, soit : 2.100 L.
L'arbitre est d'avis d'allouer 1.500 L. par an qui se répartissent ainsi :
— 20 s. par jour la nourriture du valet, soit : 366 L.
— Pour ses gages : 100 L.
— Pour la chambre particulière : 150 L.
— Pour les fournitures nécessaires : chapeaux, bas de
soie, plumes, vestes, rubans, épée, linge, souliers : 884 L.
Soit pour 3 ans : 4.500 L.

Une facture de 1696 se rapporte à la fourniture de deux chapeaux au prix de 11 L. chaque, soit 22 L.

En 1696 Barthélemy a 21 ans, son père fait le voyage de Paris pour le retirer des pages et le faire entrer chez les mousquetaires.

L'article 6 concerne l'achat des habits, des chevaux et de l'équipage nécessaire. Le père demande 6.000 L. L'oyant offre 1.500 L.

L'arbitre reconnaît qu'il n'en coûte que 1.500 L. pour « mettre un mousquetaire ordinaire dans la compagnie » mais « il fallait que le jeune d'Espinay à cause de sa naissance entre avec plus de distinction ». Il est juste d'allouer au marquis davantage, mais, le voyage du père n'était pas tout à fait nécessaire. Il convient de lui allouer 2.500 L.

L'article 7 comprend les dépenses.

— Pendant la campagne de 1696 que le jeune mousquetaire fait en qualité d'aide de camp du Maréchal de Villeroy.

— Pendant son séjour à Yvignac, au cours des quartiers d'hiver, avec ses 4 chevaux, 1 valet et 2 palefreniers.

Le tuteur demande 4.000 L.

L'oyant offre 2.300 L.

L'arbitre transige à 3.000 L.

Les articles 8 et 9 concernent les dépenses occasionnées par un voyage à Paris pour acheter le régiment de Charolais.

Le comptable demande 3.000 L.

L'oyant offre 500. L.

L'arbitre transige à 1.000 L.

Quant au régiment il a été acheté 4.000 L., somme avancée par le tuteur dont il a été remboursé.

L'article 10 concerne les dépenses de la campagne de 1697 que l'oyant fait en qualité de Colonel et les dépenses occasionnées par un séjour de 10 mois à Yvignac avec chevaux, palefreniers et valets.

Le tuteur demande 5.000 L.

L'oyant, offre 479 L.

en affirmant que son père lui a donné 2.000 L. au moment de son départ en campagne, mais que cet argent était un présent de Mme Ferret, sa grand-mère, dont son père était dépositaire.

L’arbitre est bien embarrassé. Il propose que les parties affirment leurs dires par serment :

— le comptable qu'il a bien fourni de ses propres deniers tout ce qu'il a déboursé et qu'il n'a été dépositaire d'aucun présent ;

— l'oyant, qu'il n'a bien reçu pendant 10 mois que 2.000 L. et seulement cette somme.

Suivant l'un ou l'autre cas le tuteur recevra : 3.600 L., soit 2.000 L + 1.600 L. pour frais à Yvignac ou seulement : 1.600 L.

L'arbitre fait cependant remarquer au Colonel qu'il n'est pas possible de croire qu'il ait fait 4 ou 5 mois de campagne à la tête d'un régiment et un séjour à Yvignac de 5 ou 6 mois et qu'il n'ait dépensé que 2.479 L.

Les résultats du serment ne sont pas indiqués. Cet article ne semble pas avoir été réglé car dans le total des sommes reconnues à la décharge du tuteur l'article 10 n'est pas comptabilisé.

L'article 11 comprend les sommes déboursées au cours d'un voyage et d'un séjour à Paris fait par Barthélemy en mars 1698.

Le comptable demande 1.200 L.

L'oyant offre 600 L.

Le comptable ne pouvant fournir de reçu l'arbitre lui alloue 600 L.

L'article 12 se rapporte aux frais engagés par le comptable et l'oyant pour :

— un voyage et un séjour nécessaire de 5 mois à Rennes pour régler la succession de Mme Ferret.

— un séjour de 6 ou 7 mois à Yvignac.

Le comptable demande 5.000 L.

L'oyant offre 800 L.

L'arbitre prend le parti du père. Il fait remarquer à l'oyant que son offre n'est pas raisonnable « n'ayant pu vivre pendant 11 mois avec si peu de chose, quand il serait vrai comme il le dit qu'il n'eut qu'un valet de chambre, un palefrenier et deux chevaux et quatre seulement les 2 derniers mois. Cependant, pendant le séjour à Rennes l'oyant et les autres héritiers furent nourris une partie du temps aux frais communs de la succession » et l'arbitre alloue 2.200 L.

Soit :

400 L. pour la pension de l'oyant.
200 L. pour celle du valet de chambre.
250 L. pour celle du palefrenier et du laquais.
250 L. pour celle des 2 chevaux.
100 L. pour les gages du valet de chambre.
120 L. pour ceux du laquais et du palefrenier.
300 L. pour l'entretien et les divertissements dont il ne put se passer pendant 11 mois.

Total : 1.620 L. « et de peur d'oublier quelque chose il est d'avis d'attribuer 2.200 L. ».

L'article 13 concerne les dépenses que le tuteur fait à Paris le 1er mai 1699 et les frais occasionnés par un séjour de 2 mois pour régler le mariage de son fils, les frais de retour en province avec les nouveaux mariés, leur pension et celle de leurs domestiques et chevaux et les autres frais « tant à Paris ou à Yvignac où ils arrivèrent le 1er août et où ils séjournèrent jusqu'au 24 novembre 1699, temps pendant lequel il y eut des visites, des réceptions et recrues de soldats ».

Pour tout cela le comptable demande 10.000 L.

L'oyant offre 3.555 L.

Soit : 2.000 L. pour les dépenses à Paris.
800 L. que les époux ont reçu en argent.
500 L. pour leur nourriture pendant les 42 jours qu'ils furent à Yvignac.
192 L. pour la recrue de 7 soldats.
63 L. pour les dépenses des 7 soldats.

Mais le colonel reconnaît que les habits de « noces et les présents faits à la nouvelle Madame la comtesse ne sont pas compris dans le chiffre qu'il a énoncé ». Il faut donc les ajouter ainsi que quelques autres sommes qui ont encore été déboursées, à savoir :

— 252 L. données à l'oyant en arrivant à Paris.
— 590 L. pour 2 boucles d'oreilles données à Madame la comtesse.
— 400 L. pour un habit brodé.
— 45 L. pour fournitures d'agrément à la toilette de Mr. le comte.
— 26 L. pour une corbeille à mettre les bouquets.
— 10 L. pour le nœud du ruban du bouquet.
— 14 L. pour une cravate « mignonnette ».
— 7 L. pour la publication des bans à St-Eustache.
— 100 L. pour les épousailles et frais à St-Sulpice.
— 250 L. aux sieurs Bellanger et Mousle notaires pour le contrat de mariage.
— 170 L. aux sieurs Leroux et Louxerois marchands.
— 20 L. pour 2 plumes au sieur Lesenier marchand.
— 700 L. pour linge et dentelles au sieur Durand.
— 11 L. à la demoiselle Doré pour façon et entoillure de cravate et fourniture de mousseline.
— 650 L. au marchand de galon d'or.
— 1835 L. aux sieurs Pilet et Galpin pour fourniture des habits de noces.
— 56 L. baillées à Mr. le comte le jour du départ de Paris.

Soit au total : 5.137 L.

auxquels il faut ajouter les 3.555 L. reconnues par l'oyant et des dépenses diverses ce qui fait un total de 9.000 L.

Ce mariage fut un « grand » mariage auquel assistèrent les membres de la plus haute noblesse du royaume. Le Roi Louis XIV, tous les enfants et Princes du sang signèrent au contrat [Note : M. MONIER, Quinze promenades autour de Dinan, d'après les archives de Bois Hue, Château du Bois de la Motte. (disparues)].

L'article 14 concerne l'achat d'un carrosse, l'attelage et les harnais pour lesquels le comptable demande : d'abord 2.000 L.
qu'il réduit à 1.800 L. L'oyant offre 1.400 L.

Il explique que ce carrosse, coupé à 2 personnes, a été estimé à 300 L. par un sellier et qu'au moment de l'achat ce véhicule « n'était pas en mesure de rouler et qu'il lui en a coûter cher pour l'y mettre ». Tant qu'aux chevaux ils ont été acheté 1.100 L. au comte de Francheville.

Si le prix de 1.400 L. ne convient pas à son père, il lui propose de lui rendre carrosse et chevaux en perdant le prix des réparations effectuées.

L'arbitre transige à 1.500 L.

L'article 15 concerne les divertissements, les ports de lettres, les frais de hardes, les maladies, les procès pendant les 15 ans de tutelle et le comptable les estime à 2.000 L.

L'oyant répond : « qu'il n'a pas eu grands divertissements dans cette tutelle et qu'il n'a eu aucun procès ni créancier ». L'arbitre porte la somme à 1.000 L.

L'article 16 et dernier concerne les frais de séjour du comptable à Rennes pour la rédaction du présent compte qui dure depuis deux mois. On lui alloue 10 L. par jour, soit : 10 L. x 60 = 600 L.

***

Le total des articles s'élève à : 44.400 L.
auquel il faut ajouter le prix du Reg. de Charolais : 4.000 L.
et l'article 10 non réglé, soit : 2.000 L.
Ce qui donne : 50.400 L.

La livre de 1700 valant environ 5,00 NF, les frais d'éducation et d'établissement du jeune Barthélemy d'Espinay s'élèvent donc à 252.000 NF, ou encore 25 millions 200.000 F.

***

Le jeune ménage d'Espinay-Hautefort séjourne à Yvignac du mois d'août au mois de novembre 1699 puis s'installe au château de Lozier en Plumaugat.

Les relations de Anne de Hautefort avec son beau-père et avec la belle-mère de son mari semblent plutôt... fraîches... Même lorsque son mari est aux armées, elle ne paraît pas à Yvignac. On ne la cite jamais comme marraine ou témoin.

Gabriel, marquis d'Espinay, étant mort le 15 novembre 1718. Anne Legouz reste encore 3 ans à Yvignac attendant la liquidation de son douaire. Après son départ nous retrouvons Anne de Hautefort et son fils Barthélemy Gabriel très souvent cités en même temps que les enfants d'Anne Legouz et de Gabriel.

Dans une requête, datée du 3 mai 1732, de ces enfants contre leur mère, ils l'accusent d'avoir dissipé son bien et d'avoir fait des dettes. Elle se défend en prétextant qu'il lui a fallu élever quatre enfants. Ceux-ci lui répondent qu'elle a été remboursée intégralement de son douaire, qu'elle a continué à toucher, après la mort du marquis les fermages d'Yvignac, que ses enfants à qui il a été adjugé des partages provisionnels n'ont jamais été à sa charge et que « tout le monde sait avec quelle indifférence elle les a traité ».

Ils demandent qu'à l'avenir il lui soit défendu d'aliéner et d'engager des fonds « son âge et sa faiblesse d'esprit la rendant incapable de traiter toute affaire ».

J'aurais aimé terminer cette relation sur la jeunesse du comte-colonel d'Espinay par quelques lignes sur sa vie militaire. Malheureusement, le Service Historique de l'Armée, les Archives Nationales, la Bibliothèque Nationale ne possèdent aucun document sur les officiers de l'Ancien Régime pour la période antérieure à 1750-1760.

J'ai trouvé seulement quelques renseignements fragmentaires sur cet officier et son régiment.

— Le « Charolais » est un régiment d'Infanterie.

— Il est créé le 11 octobre 1692 et son premier colonel est le chevalier de Hautefort, un parent sans doute de Anne de Hautefort.

— Le Colonel comte d'Espinay en prend le commandement par commission du 24 mai 1697 [Note : Chronologie Historique militaire par M. PINARD, tome VIII. p. 199. La première partie de cet extrait concernant la période 1690-1697 est erronée. L'auteur fait entrer le comte d'Espinay aux Mousquetaires en 1690 or il n'y est entré qu'en 1696].

— En 1697 il appartient à l'Armée de la Meuse.

— En 1702 il prend part au combat de Nimègue.

— En 1703 à celui d'Eckeren.

— En 1704 il est dans le midi de la France et prend part à la lutte contre les Camisards.

— En 1704, 1705, il est dans le comté de Nice et participe à la défense de Villefranche. A cette occasion, dans une lettre du 24 juin 1705 adressée au duc de la Feuillade par le marquis d'Usson ce dernier félicite le Colonel d'Espinay pour son dévouement au Roi [Note : Inventaire sommaire des Archives anciennes de la Guerre, volume A1 1874 sous n° 266].

— Fin 1705, 1706 et 1707, il est en Espagne. Il prend part à la bataille d'Almanza et au siège de Lérida en 1707.

— Le comte d'Espinay est nommé Brigadier par brevet du 17 juin 1708.

— En 1709 le régiment est incorporé à l'armée du Dauphiné.

— En 1710 à l'armée des Flandres et on le trouve en pays messin.

Il prend part :

— En 1711 à l'attaque d'Arleux.

— En 1712 à l'affaire de Denain, aux sièges de Douai et du Quesnois.

— Le régiment de Charolais est « réformé » par ordre du 13 décembre 1714 et le comte d'Espinay est affecté « Colonel à la suite » au régiment du Lyonnais.

— Le comte d'Espinay meurt le 1er septembre 1716 et est inhumé le 2 à Plumaugat.

(R. Plessix).

BIBLIOGRAPHIE.
Registres paroissiaux : Yvignac, Plumaugat, Loguivy-lès-Lannion.

Archives 22 : Manuscrits de Mr. de la Messelière, Vol. 14, page 45.

Archives 35 : Notes sur la famille d'Espinay, 2 Ee 4.

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