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Abbaye Sainte-Anne de KERGONAN et Abbaye Saint-Michel de KERGONAN - Plouharnel

Il y a deux abbayes à Kergonan :

Abbaye Sainte-Anne de Kergonan, de nos jours

- l'Abbaye Sainte-Anne-de-Kergonan fondée le 3 mai 1897 par les moines de l'abbaye de Solesmes, et agrandie en 1968. Cette abbaye appartient aux moines bénédictins. La première messe à Kergonan est célébrée par les moines fondateurs venus de Solesmes le 24 avril 1897, la bénédiction des lieux a lieu le 20 avril, et la naissance canonique du nouveau prieuré le 3 mai.

A sa fondation, un groupe de huit pères et de deux frères sont désignés par Dom Paul Delatte, Père abbé de Solesmes, pour peupler Kergonan : les moines Dom Paulin Joumier (désigné comme supérieur provisoire), Dom Augustin Bouré (bibliothècaire), Dom Joseph Marsille (sous-prieur), Dom Léonce Chevalier (cellérier), Dom Blayo (qui parlait breton), Dom Cottineau, les Pères Blanchon-Lasserve et Le Maoût, et les frères Hilaires et François (frères par le sang et bretons). Les armes du monastère sont "Ecartelé de trois roses de gueules posées 2 et 1 sur fond d'or, qui est de Solesmes, et d'hermine, qui est de Bretagne".

Le monastère devient prieuré conventuel autonome le 6 juillet 1898 et le premier prieur conventuel, nommé par l'abbé Dom Delatte, est Dom Cabrol (alors à la tête du prieuré de Farnborough en Angleterre). Dom Joumier s'efface alors devant Dom Cabrol qui ne gouvernera pas longtemps le prieuré breton car ce dernier démissionne de sa charge à Sainte-Anne le 3 mars 1899 pour être remplacé le 28 avril 1899 par Dom Athanase Logerot qui y est investi le 16 mai 1899 par l'abbé de Saint-Maur, Dom Edouard du Coëtlosquet (délégué par le Père abbé Delatte). Suite au décès de Dom Logerot, le 15 avril 1908, c'est Dom Joseph Marsille (58 ans) qui est nommé prieur de Kergonan le 2 mai 1908. Dom Marsille s'éteint le 20 novembre 1933, il est remplacé le 15 janvier 1934 par Dom Henri Demazure (1882-1974). Dom Demazure démissionne le 28 avril 1962 (il avait gouverné Sainte Anne durant près de 30 ans) et meurt le 23 avril 1974. Il est remplacé par Dom Marcel Blazy le 27 mai 1963. Dom Blazy donne sa démission au second trimestre 1983 et meurt le 18 décembre 1994. Il est remplacé, le 16 juillet 1983, par Dom Robert Le Gall (âgé de 37 ans) qui est nommé évêque de Mende en 2001. Dom Philippe Piron (né en 1953), lui succède comme abbé (bénédiction abbatiale le 2 février 2002).

Les lois anticléricales Combes sur les Congrégations vont obligés les moines à quitter leurs abbayes et à prendre le chemin de l'exil. Les moines du monastère Sainte-Anne de Kergonan se retirent en Belgique, occupant d'abord le domaine de Wallay (chez la famille Monge), à Ohey où ils vont rester près de quatre années, puis le domaine de Linciaux, à Ciney. En 1910, le domaine de Sainte-Anne à Kergonan, est mis en vente, par le liquidateur judiciaire (M. Ménage de Paris), au bénéfice de l'Etat, en tant que " biens dépendant de la Congrégation légalement dissoute des Bénédictins de France ". Ces biens sont achetés par un membre de la famille Glotin (Anna Marsille). Pour la vente, l'ensemble du domaine est partagé en deux lots : la ferme est estimé à 25.000 francs et l'enclos avec le monastère sont estimés à 150.000 francs. Une première vente a lieu le 11 août 1909 et seule la ferme trouve alors preneur pour 38 000 francs (frais non compris) en la personne de la famille Glotin. L'enclos et le monastère qui n'avaient pas trouvé preneur en août 1909, sont à nouveau mises en vente en mars 1910 (mise à prix 25.000 francs) et sont adjugé à la famille Glotin pour une somme de 38.700 francs (frais non compris). Le mobilier resté à Kergonan avait été vendu dès 1908 à des amis qui s'étaient portés acquéreurs comme semble l'indiqué Dom Marsille, le 10 août 1908, dans un courrier "... Il me faudra aller en Bretagne, ayant à prendre des dispositions urgentes et à mettre en lieu sûr tout un ensemble d'objets rachetés pour nous ...".

Le retour des moines à Kergonan a lieu en Juin 1920. Mais ce retour est de courte durée, car la guerre mondiale 1940-1944 les oblige à quitter à nouveaux Kergonan. En effet, un ordre de réquisition du monastère Sainte-Anne leur parvient le 1er Juin 1942. La communauté réduite des moines est d'abord accueilli par les Filles de la Sagesse dans l'ancienne Chartreuse d'Auray qu'elles occupent. Puis, le 1er Juin 1943, les moines reçoivent un nouvel ordre d'évacuation et trouvent refuge au manoir des Nétumières, en Erbrée (à l'Est de Vitré), propriété de la comtesse de Legge de Kerléan.

L'abbaye Sainte-Anne de Kergonan est occupée par l'armée allemande entre 1943 et 1945. Après la capitulation allemande du 8 mai 1945, les moines regagnent Kergonan le 1er Septembre 1946. Des obus avaient atteint les bâtiments et des réparations importantes sont alors nécessaires. Il semble que les FFI avaient été plus destructeurs que les Allemands. En effet " ... un détachement communiste a trouvé fort commode de transformer en combustible les portes et fenêtres et même certaines poutres du grenier " (extrait d'une lettre du Père abbé, datée du 6 février 1945).

La nécessité d'une église contemporaine et plus spacieuse se fait sentir très fortement. Il est donc décidé de construire une nouvelle église. Le chantier de cette église démarre en 1968 (l'architecte est M. Guy Caubert de Cléry, de Vannes). Le gros oeuvre est terminé dès 1970. L'aménagement du sanctuaire et des autels est confié à Dom Henri de Laborde, d'autres décorations au sculpteur Claude Gruer de Solesmes et à Dom Paul Le Corre. L'office divin y est célébré dès 1972 alors que la dédicace par Mgr. Pierre Auguste Boussard (évêque de Vannes) n'a lieu que le 4 octobre 1975.

Note 1 : Dom Paul Delatte démissionne le 5 décembre 1920. Il est remplacé à Solesmes le 22 avril 1921 par Dom Germain Cozien (breton de Pleyben, diocèse de Quimper). La bénédiction solennelle a lieu le 14 Juillet 1921. C'est sous l'abbatiat (1921-1959) du Père Dom Cozien que la communauté de Saint-Pierre est ramenée, en 1922, dans son berceau à Solesmes. Ont succédé ensuite l'abbatiat de dom Prou (1959-1992) et l'abbatiat de dom Dupont (depuis 1992). L'abbatiat (1890-1921) de Dom Delatte, qui a duré trente-deux ans, a été pour l'abbaye de Solesmes et de Kergonan, une période de vie intense et féconde. 

Note 2 : Dom Joseph Marsille (Premier abbé), entré en charge en mai 1908 et décédé le 20 novembre 1933, demeure à la tête du monastère Sainte-Anne de Kergonan un quart de siècle (six années comme prieur conventuel et dix-neuf années comme abbé). Par suite de l'érection du prieuré en abbaye, il est procédé le 25 juillet 1914 à un nouveau scrutin qui maintient Dom Marsille dans sa charge de Père du monastère. La bénédiction abbatiale est prévue pour le 8 Septembre 1914 à Quarr Abbey (au nord de l'île de Wight). A noter que l'abbaye de Quarr, dont il reste encore quelques ruines, avait été fondé en 1132 et appartenait à la Congrégation de Savigny qui, en 1147, fut incorporée à l'ordre de Cîteaux. C'est dans cet édifice que la communauté de Solesmes s'installa en attendant que la nouvelle abbaye fut prête. L'église de Quarr-Abbey, placée sous le vocable de la Nativité de Notre-Dame, fut solennellement consacrée par Mgr. Cotter, évêque de Porstmouth, le 12 octobre 1912. On était alors plus près qu'on ne le croyait de la fin de l'exil.

Note 3 : Dom Henri Demazure (Deuxième abbé) est issu d'une vieille famille Lorraine (son père était conseiller génèral des Vosges). Il reçoit la bénédiction abbatiale le 15 janvier 1934. Dom Demazure démissionne le 28 Avril 1962 et meurt à Kergonan le 23 avril 1974.

Note 4 : Dom Marcel Blazy (Troisième abbé) est nommé abbé de Kergonan le 27 mai 1963. La bénédiction abbatiale a lieu dans la basilique de Sainte-Anne d'Auray le 22 août 1963. Dem Blazy démissionne au printemps de 1983 et meurt le 18 décembre 1994.

Nota 5 : Dom Robert Le Gall (Quatrième abbé), né en 1946,  est nommé abbé de Kergonan le 16 Juillet 1983 (date de la bénédiction abbatiale).

Voir L'abbaye Sainte-Anne de Kergonan

- l'Abbaye Saint-Michel-de-Kergonan fondée en 1898 et édifiée par les moniales de Sainte-Cécile de Solesmes dont la première abbesse est Mère Cécile Bruyère (1845-1909), fille spirituelle de dom Guéranger (1805-1875, premier abbé et premier supérieur de la "Congrégation de Solesmes"), elle fonde en 1866 à Solesmes le premier monastère féminin de la Congrégation bénédictine de France (qui deviendra la « Congrégation de Solesmes »). Elle est nommée abbesse à 24 ans par le pape Pie IX le 20 juin 1870, alors que son monastère lui même n'était qu'un prieuré. Elle meurt en 1909 en exil en Angleterre.

Mère Cécile choisit Mère Lucie Schmitt, comme prieure fondatrice de l'abbaye Saint-Michel de Kergonan. La première pierre est bénite par Monseigneur Bécel, évêque de Vannes, le 3 mai 1897. Le 17 août 1898, 23 moniales, issues principalement de Sainte-Cécile de Solesmes, prennent possession de l'abbaye.

Les lois anticléricales Combes sur les Congrégations vont obligés les moniales à quitter leur abbayes et à prendre le chemin de l'exil. Les moniales de Saint-Michel se réfugient en Angleterre et trouvent asile dès 1902 dans la grande banlieue de Londres (près de Newport, à Clarence House, à East Cowes) où elles sont venues rejoindre les deux monastères de Solesmes Saint-Pierre et Sainte-Cécile établies dans l'île de Wight. Cela posait un sérieux problème, celui du service des moniales par les moines de Sainte-Anne. Les moniales ne reviendront à Kergonan qu'en Juin 1919.

L'abbaye Saint-Michel de Kergonan est occupée par l'armée allemande entre 1943 et 1945. Les moniales se replient alors à Coët-Candec, près de Vannes.

En 1967, les moniales de Saint-Michel décident de reprendre les travaux de l'église abbatiale abandonnés en 1901. Les travaux sont terminés en 1970 et l'église est alors consacrée en l'honneur de Notre-Dame des Anges, le 17 octobre 1970 par Dom Jean Prou, abbé de Solesmes.

Voir L'abbaye de Solesmes et son histoire