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Aumôneries de Saint-Armel

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Aumôneries de Saint-Armel du comté et diocèse de Nantes.

Saint Armel ou saint Arzel est un de ces nombreux anachorètes qui vinrent d'Outre-Mer peupler les solitudes de la Bretagne. Childebert ayant témoigné le désir de le voir, il se rendit à la cour du roi de France, mais il n’y resta pas longtemps. A son retour, voyant une foule de malades qu’on portait sur son passage dans l’espoir d’obtenir leur guérison, il eut le bonheur de rendre la santé à plusieurs. Arrivé à trois lieues de Rennes, au lieu que lui avait donné le roi Judwal, il y édifia un oratoire qui est devenu Saint-Armel des Boschaux et y vécut entouré de quelques disciples (Albert de Morlaix, p. 523 et 524). Plou-Arzel et Ploërmel gardent encore l’empreinte de son nom. Sa réputation, très-répandue en Bretagne, n’a pas franchi la Loire.

De tous les hôpitaux placés sous l’invocation de saint Armel, il n’en est que deux qui aient conservé le titre de leur fondation et ce ne sont pas, selon toute vraisemblance, les plus anciens. 

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Le premier, dont je puisse certifier l’origine au lecteur, est de 1314. Ses débuts nous sont révélés par une ordonnance de l’évêque de Nantes rédigée de concert avec le chapitre de la Cathédrale pour assurer l’accomplissement des dernières volontés du duc Arthur dont ils étaient les exécuteurs testamentaires. Ce prince avait stipulé dans son testament qu’il voulait fonder une aumônerie au village de Rozet (ou Roset), en Plessé, au moyen d’une rente de 200 livres.

Les dispositions qui furent prises par l’autorité épiscopale sur les conditions de cet établissement comme sur le mode d’administration peuvent se résumer dans les articles suivants :

ART. I. — L’aumônerie sera construite aux frais de la succession du duc et son successeur régnant permettra de prendre dans la forêt du Gâvre tout le bois nécessaire aux édifices.

ART. II. — L’assiette du revenu de 200 livres sera déterminée par les exécuteurs du testament à moins que le duc ne l’ait fait avant la fête de Noël prochaine.

ART. III. — L’aumônerie sera pourvue de lits, de linge, d’ustensiles et de tous les objets nécessaires sur les mêmes fonds. Elle sera gouvernée par un chapelain spécial, lequel sera assisté pour le service de la maison d’un laïc honnête, d’une matrone et même d’autres auxiliaires qui seront complètement dans sa dépendance.

ART. IV. — Cette maison sera ouverte et offrira à coucher à tous les pauvres passants sains ou malades, pourvu que leur mal ne soit pas contagieux.

ART. V. — Ils seront nourris au moins de légumes selon les ressources de la maison, les malades seront reconfortés et les femmes ne seront pas dans la même salle que les hommes.

ART. VI. — Le chapelain administrera les sacrements aux pauvres étrangers, il les enterrera au besoin. Il célébrera la messe tous les jours de la semaine pour le duc de Bretagne et en cas d’empêchement il ne pourra pas dire moins de trois messes par semaine. Le dimanche il ne pourra célébrer la messe avant la grand’messe sans la permission du curé de la paroisse avant d’avoir renvoyé les gens du pays. Il ne devra recevoir aucune offrande des paroissiens sans offrir une compensation au curé. Quant aux dons venant des étrangers il pourra les garder. Le curé ne percevra aucun droit sur les funérailles de ceux qui décéderont à l’hôpital du Rozet. Cependant en compensation des pertes que l’église paroissiale en souffrira l’aumônier paiera au recteur une rente annuelle de 60 sous le jour de Pâques de chaque année.

ART. VII. — Le chapelain pourvu de cette charge sera tenu de résider sans pouvoir être dispensé. S’il use d’une dispense quelconque qu’il soit destitué par l’évêque, le chapitre ou le duc. Il lui est interdit d’accepter aucun autre bénéfice ecclésiastique sous peine de déchéance. Sur le revenu de 200 livres ci-dessus il lui est assigné une pension de 50 livres. Il aura aussi un logement convenable qui lui sera construit aux frais de la succession, en réservant toujours le reste de la dotation pour l’usage des pauvres ainsi que les acquisitions ultérieures.

ART. VIII. — Quant au choix de l’aumônier il appartiendra d’abord aux exécuteurs testamentaires. Ils présenteront leur sujet à l’évêque qui l’acceptera sans contradiction, à moins d’empêchement légitime et après leur mort l’évêque de Nantes ou le chapitre de Saint-Pierre, présentera au duc deux ecclésiastiques prêtres parmi lesquels il en désignera un que l’évêque investira des fonctions de gouverneur de l’hôpital sans opposition. Dans cette nomination et cette présentation le présentateur et le collateur agiront suivant leur conscience, car il y va du salut de leur âme.

ART. IX. — Le chapelain ou gouverneur sera tenu, pour la portion des revenus destinés aux pauvres, de rendre ses comptes de gestion à l’évêque de Nantes ou à son représentant lorsqu’il fera sa tournée pastorale en présence de l’un des officiers du duc, si c’est possible, ou de l’un des principaux paroissiens. L’évêque ou son archidiacre aura soin de corriger ce qu’il y aura de défectueux et de contraire aux intérêts des pauvres.

ART. X. — Nous approuvons tout ce qui est ordonné ci-dessus et nous voulons que ces dispositions soient pour toujours respectées. Guillaume de Fontenay, docteur en droit civil et recteur de Plessé, présent au chapitre, y a donné son adhésion.

ART. XI. — Le gouverneur qui sera placé à la tête de l’hôpital de Rozet devra jurer d’observer cette ordonnance sans enfreindre aucun des articles et sans usurper aucun des droits du recteur.

ART. XII. — S’il arrivait quelque nomination ou présentation illégitime contraire au présent règlement, l’usurpation ne donnerait aucun droit pour l’avenir à l’usurpateur. Le casuel qui sera offert pour les pauvres ne devra pas être confondu avec les dons et legs pieux que recevra l’aumônier.

Fait et passé au chapitre de l’église de Nantes, le lundi avant l’assomption de la Sainte-Vierge l’an 1314 [Note : Trésor des chartes de Bretagne, E, 78. (Archives de la Loire-Inférieure). Copie de 1411, donnée sous le sceau de l’officialité. Cet acte ne dit rien du saint protecteur de l’aumônerie, mais il est bien avéré par les titres postérieurs que saint Armel fut choisi pour patron].

Le village désigné par le duc Arthur, pour la création de son aumônerie, avait l’avantage d’être à la portée des voyageurs. Suivant l’avis de M. Bizeul, si compétent en ces matières, il s’est formé des deux côtés d’une voie romaine, de cette grande route qui conduit encore d'Anjou en Bretagne, par Nort, Blain et Redon. Cette voie, ouverte dès les premiers siècles de notre ère, a été dans tous les temps un passage très-fréquenté. Dans une charte de 1332, on l’appelle la chaussée Rozet, et, dans un aveu de 1541, le trépas de la chaussée Rouzet [Note : Registre de notes ms. de Verger (Bibliothèque de Nantes) et Voies romaines, de M. Bizeul. 1 vol. in-8. — Près de l’aumônerie, se voit un tumulus de 5 mètres entouré des eaux de la petite rivière. Nous aurons la même particularité à signaler bien des fois]. Les bâtiments de l’hôpital de Saint-Armel de Rozet étaient situés sur la rive droite d’une petite rivière, près du pont construit pour la route et à deux pas d’une forêt.

On trouvait donc à Rozet de l’eau et du bois, deux choses indispensables à une hôtellerie. L’assiette des 200 livres de rente assignées par le duc se fit sur les terres du village et des environs. D’après un aveu rendu au suzerain, M. de Rohan (Archives nationales, S, 4857), en 1601, le tenement de l’aumônerie de Rozet contenait 27 journaux tant en jardins, prés et vergers qu’en emplacements de maisons, un bois taillis, un bois de haute futaie, un vivier, deux moulins à eau et un à vent ; de plus, au village de Beaumont, un canton de 27 journaux moitié en lande, moitié en pré. Suivant le même acte, les étrangers qui réclamaient le plus souvent l’hospitalité étaient des pèlerins qui faisaient le voyage de Saint-Méen, en Bretagne [Note : L’aumônerie de Toussaint de Nantes, fondée en 1363 par Charles de Blois, était aussi réservée aux pèlerins malades du mal de saint Méen]. Son champ de foire, célèbre au loin, était un rendez-vous très-fréquenté le 22 septembre de chaque année, jour de la fête de saint Mathieu. Cette assemblée n’est pas tombée en désuétude.

A Rozet, comme ailleurs, le XVIème siècle marque la période de décadence. Lorsque l’archidiacre visiteur passa à Plessé, en 1573, les prêtres de la paroisse déposèrent que l’aumônerie était abandonnée, que les messes ne se célébraient plus depuis un an, et que la porte était fermée aux pauvres (Cahier de visites diocésaines. – Archives départementales, série G). Le procès-verbal rappelle que l’aumônier Laurent Salmon est obligé de dire trois messes dans la chapelle de Saint-Armel et d’héberger les pauvres même pendant la nuit. Si l’établissement s’est relevé à la suite de ces plaintes, ce qui est douteux, ses gouverneurs ne surent pas mettre leur conduite à l’abri du blâme, puisque le roi jugea bon de confisquer l’hôpital de Rozet. Le grand aumônier de France, qui en disposait en 1668 (Archives nationales, S, 4857), avait assigné une pension d’invalide sur les revenus. Il est constaté qu’à cette date on ne voyait à Rozet que de vieilles masures et une chapelle fort pauvre. Le fermier qui y habitait en 1663 payait seulement 50 livres de loyer.

En 1672, quand l’ordre de Saint-Lazare et du Mont-Carmel fut autorisé à s’emparer des domaines de l’aumônerie de Saint-Armel de Rozet, ils étaient entre les mains d’un sieur Pierre Boullemer, je ne sais à quel titre. En le condamnant à se désister de cette possession, par arrêt du 19 mars 1675, la Chambre de réformation des hôpitaux lui permit d’en conserver la jouissance sa vie durant, à la seule condition d’entretenir les bâtiments et les terres en bon état (Archives nationales, Z, 7607).

Les pauvres ne rentrèrent en possession de leur patrimoine qu’en 1696, lorsque Louis XIV réunit l’aumônerie de Rozet à quelques autres du diocèse de Nantes, pour former la dotation de l’hôpital général de Paimbœuf. Il est formellement stipulé dans les lettres patentes de réunion, que les paroisses où se trouvaient les aumôneries annexées auront en retour le droit d’envoyer leurs malades à l’hôpital de Paimbœuf. En raison de la distance qui séparait Plessé de cette ville et des obstacles que présentait le passage de la Loire, il est à croire que les habitants n’ont guère bénéficié de la réserve faite à leur profit, si ce n’est pour des infirmes incurables. Le bureau de charité de Plessé aurait bien autrement soulagé les infortunes de son ressort, s’il avait eu à sa disposition les 400 livres que l’hôpital de Paimbœuf retirait du bail à ferme des domaines de Rozet (Brevet de 1783. – Archives départementales, série G). On peut faire la même observation pour l’hôpital Saint-Armel de Fougeray qui, après avoir été d’abord absorbé en 1678 par les chevaliers de Saint-Lazare, quoiqu’il renfermât encore des pauvres, fut ensuite réuni à l’hôpital de Paimbœuf par les lettres-patentes de 1696. Celui-ci, comme le précédent, était destiné aux indigents de passage [Note : Archives nationales, S, 4857. Une pièce de 1675 atteste que la chapelle de Saint-Armel était en ruines, mais qu’il y avait encore des pauvres à cette époque dans l’aumônerie]. La ville de Fougeray, qui appartenait autrefois au diocèse de Nantes, avait encore d’autres hôpitaux que j’indiquerai en leur lieu.

Le faubourg Saint-Armel de Guérande conserve le nom d’un ancien hôpital que les paroissiens de Guérande avaient fondé sur un terrain pris à rente des seigneurs de Lesnerac. Sur la droite de la route qui descend vers Saillé, au Midi, une aire remplace la chapelle à l’angle d’un petit chemin, et les belles pierres de granit qui sont à côté représentent les derniers débris de cette maison hospitalière. On ignore à quelle époque elle a cessé de distribuer des secours aux indigents de passage. Elle est mentionnée dans un compte des régaires de 1500 à 1505, ce qui indique que l’évêque de Nantes en contestait la mouvance à la seigneurie de Lesnerac [Note : Comptes de l’évêché. (Archives départementales, G). — « 11 sols 8 deniers de rente sur et par cause de la maison et jardin de l’ospital Mons. Saint-Armel, situé près l’église et chapelle Mons. Saint-Armel » (Rôle rentier de Lesnerac de 1603. - Archives de M. le baron de Wismes)].

La voie romaine de Blain en Bretagne, en touchant le territoire de Fégréac, au bas de la côte du moulin du Pèlerin, prenait deux directions : l’une allait au passage de Saint-Nicolas-de-Redon, et l’autre au passage de Saint-Jacques, près de Rieux, en traversant le bourg de Fégréac. L’aumônerie de Saint-Armel se trouvait sur ce dernier chemin, au lieu dit le Brossay, près d’un petit ruisseau qui conserve son nom, comme la Touche Saint-Armel.

Il serait à souhaiter que la chapelle, plusieurs fois sauvée des ruines, fut conservée par son propriétaire, afin que la mémoire de cet ancien établissement ne s’effaçât pas du pays [Note : Cette chapelle, en 1573, était sur le point de tomber d’abandon. L'Evêque ordonna de la réparer. (Procès-verbal de visite. Archives départementales, G)].

L’île de Bouin avait aussi sa chapelle dédiée à saint Armel, mais les historiens qui la mentionnent n’indiquent pas son emplacement. Elle était à la présentation de M. de l'Ecluse, et possédait deux journaux de terre avec 113 aires de marais (Documents sur l’île de Bouin, par Luneau et Gallet, p. 211).

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La ville de Savenay est assise au sommet d’une colline élevée qui domine au loin la vallée de la Loire. Il suffit de voir une fois le magnifique panorama qui l’entoure, de l'Est à l'Ouest, pour penser que cette résidence a dû être occupée même aux époques les plus reculées de notre histoire. Les Romains, qui aimaient les vastes horizons, ont laissé à Savenay des débris de leurs constructions, et, dans les environs, des traces de leurs voies de communication [Note : Voyez les Voies romaines, de M. Bizeul, et les recherches de M. Ledoux dans son Histoire de Savenay. — L’acte de fondation de fondation de l’aumônerie Saint-Armel contient aussi des indications sur les grands chemins qui partaient de Savenay]. Savenay, au Vème siècle de notre ère, était aussi abordable qu’aujourd’hui. Au Nord, une voie la reliait avec Blain par le village de la Moire ; à l'Est, elle offrait deux routes pour aller à Nantes : une, qui, descendant le coteau, passait au château du Goût et se dirigeait sur Cordemais et Saint-Etienne ; l’autre, qui, empruntant le chemin de la Gouërie, allait vers le Temple ; au Midi, la voie de Blain se prolongeait jusqu’au port de Rohars ; à l'Ouest, une autre voie, le chemin Breton, taillée dans le flanc du coteau, s’en allait par Sem à Donges et à Saint-Nazaire ; enfin, au Nord-Ouest, le, chemin Nantais, passant au-dessus du Matz, conduisait à Pontchâteau. Cette ville, étant ainsi placée à la rencontre de tant de routes, devenait l’étape obligée de beaucoup de voyageurs parfois aisés, le plus souvent fatigués et indigents, auxquels il fallait offrir un lit et un morceau de pain. Nous verrons que les seigneurs de Savenay avaient pourvu aux nécessités de l’hospitalité, en fondant, non à l’intérieur, mais dans la banlieue, suivant l’usage, une aumônerie qui remontait au moins au XIIème siècle.

Si mes recherches sont exactes, Savenay n’avait pas d’autre maison hospitalière avant le XVème siècle. Jean de Château-Giron, chanoine de Nantes et recteur de Savenay, l’un de ces innombrables prêtres dont le coeur était toujours ouvert aux sentiments généreux et la main toujours tendue vers les plus misérables de leurs paroissiens, résolut, vers 1450, d’employer une partie de son patrimoine à fonder une seconde aumônerie à l'Est de Savenay, à côté de la chapelle qui existait auparavant sous l’invocation de saint Armel, de saint Fiacre et de saint Antoine, patrons ordinaires de beaucoup de maisons hospitalières, dans l’emplacement même de l’hôpital actuel, sur le bord du chemin breton conduisant à Cordemais. Quand les bâtiments furent préparés dans ce lieu, admirablement situé pour la santé des malades comme pour leur agrément, le fondateur fit rédiger un acte public qui est plutôt un règlement d’administration qu’un testament. Ses volontés y sont minutieusement exprimées par articles distincts, avec ce luxe de précautions et cette phraséologie verbeuse si chère aux notaires d’autrefois. L’acte étant rédigé en latin, je reporterai le texte ailleurs et me contenterai de donner ici le sommaire de ses dispositions, qui sont d’ailleurs instructives :

ART. I. — L’aumônerie ou l’hôpital Saint-Armel sera un emploi révocable à la volonté des patrons que j’indiquerai, et ne sera jamais érigé en bénéfice ecclésiastique.

ART. II. — L’aumônier administrateur sera un homme recommandable et capable de gouverner la maison, originaire de Savenay et sinon prêtre, engagé du moins dans les ordres. Il résidera, quelles que soient ses dispenses, sous peine de destitution.

ART. III. — Il rendra ses comptes chaque année devant les patrons de l’hôpital, sans omettre aucune partie du mobilier, des revenus ou des aumônes.

ART. IV. — Le droit d’élection et de présentation appartiendra au recteur et aux marguilliers de la paroisse, qui l’exerceront tous ensemble indivisément après ma mort, car je me réserve cette prérogative ma vie durant.

ART. V. — L’administrateur aura soin d’entretenir dans les chambres de l’hôpital à l’usage des indigents, six lits bien garnis de leurs couettes, draps et couvertures, qui serviront aux pauvres passants, pourvu que leur séjour ne dépasse pas une nuit à l’aller et au retour. Quant à ceux qui ne pourront continuer leur route pour cause de maladie, l’aumônier leur donnera l’hospitalité jusqu’à ce qu’ils soient en état de s’en retourner et de mendier de porte en porte. Pendant leur séjour, des quêteurs iront pour eux implorer la charité des habitants de Savenay, afin de leur venir en aide.

ART. VI. — L’aumônier aura seul les clefs de l’établissement et de la chapelle ; c’est lui seul qui réglera les heures de l’ouverture et de la fermeture, à l’exclusion du curé de la paroisse et des marguilliers.

ART. VII. — La veille de la Saint-Armel et le jour de la fête, le grand-autel de la chapelle sera orné de douze cierges. L’aumônier seul supportera tous les frais de la cérémonie.

ART. VIII. — Les bâtiments de l’aumônerie seront entretenus avec les revenus ordinaires, sans que les paroissiens soient obligés d’y contribuer.

ART. IX. — Et afin que les intentions ci-dessus énoncées s’accomplissent dans la forme que je souhaite et pour le plus grand bien des pauvres, je consens, comme recteur de Savenay, au nom de mes successeurs dans la paroisse, à abandonner à l’aumônier de Saint-Armel le tiers des offrandes en argent ou en cire qui seront déposées par les fidèles dans la chapelle de Saint-Armel ; les deux autres tiers seront pour le recteur qui aura, lui aussi, une clef pour ouvrir les troncs.

ART. X. — Les offrandes en nature qu’on déposera dans la chapelle seront tout entières pour l’aumônerie. Les recteurs de Savenay n’en pourront rien revendiquer, et n’auront pas davantage aucune part dans les dons et legs faits à la chapelle ou à l’hôpital. Je veux qu’il en soit ainsi même, de mon vivant.

Mur. XI. — L’aumônier célébrera une messe chaque samedi pour moi et aux intentions de ma famille. Cette messe sera chantée et célébrée avec le concours du maître d’école et des écoliers de Savenay, qui, en allant à la chapelle et en revenant, marcheront deux par deux comme aux processions, et chanteront des cantiques.

ART. XII. — Aussitôt après l’office, l’aumônier paiera au maître d’école 6 deniers et distribuera 2 deniers aux trois enfants qui seront les plus dignes de récompense. Quand les classes ne seront pas ouvertes, il invitera le magister à rassembler ses enfants pour la célébration de l’office. Si le maître est absent, malade ou récalcitrant, l’aumônier convoquera lui-même les enfants et leur distribuera les 12 deniers.

ART. XIII. — Après l'Offertoire de la messe, l’aumônier priera pour le repos de mon âme, pour les miens, pour le duc Arthur de Richmond et sa famille. A la fin, il récitera le verset Subvenite et l’oraison Fidelium, comme de coutume.

ART. XIV. — Si, par négligence, l’aumônier ne célébrait pas cette messe, il serait forcé de payer 5 sous à la fabrique de l’église de Savenay, et en cas de refus 10 sous.

ART. XV. — Je veux que l’aumônier verse tous les ans 10 sous aux recteurs de Savenay, savoir : 5 sous à la Saint-Jean et 5 sous à Noël, afin que dans leurs messes du dimanche, ils pensent à prier pour moi, pour ma famille, sans oublier le duc Arthur et la duchesse, qui ont fait présent à l’église de Savenay et à l’aumônerie de Saint-Armel de reliquaires enrichis d’or et d’argent. En cas de négligence, les 10 sous seront pour la fabrique.

ART. XVI. — Chaque année, le jour anniversaire de la veille de ma mort, une grand’messe solennelle sera célébrée dans la chapelle Saint-Armel, avec l’assistance d’un diacre et d’un sous-diacre, qui recevront chacun 15 deniers. Le maître d’école, ses enfants et les chapelains présents, auront tous ensemble 10 sous à partager. L’aumônier appellera au service douze pauvres et il donnera 15 deniers à chacun d’eux.

ART. XVII. — Pour premier administrateur et directeur de cet hôpital, je présente à M. l’évêque de Nantes Guillaume Morin, mon chapelain, qui me rendra ses comptes tant que je vivrai et les soumettra ensuite aux patrons indiqués plus haut. Pour certaines raisons particulières et malgré les volontés exprimées dans un autre article, je ne désire pas que ce titulaire puisse être contraint à rendre ses comptes ni à résider. Cette exception est pour lui seul.

Voici le dénombrement des biens que j’ai résolu de laisser à l’aumônerie de Saint-Armel pour l’entretien de son chapelain et la subsistance des pauvres :

1° Je lègue d’abord une maison avec son jardin, sise au bourg de Savenay, entre les deux chemins qui mènent à Saint-Armel.

2° Une levée de pré voisine de la chapelle et du chemin du Brossay.

3° Le pré de Boitouse, sis près du vivier de l’aumônier.

4° Une autre pièce de terre de douze sillons.

5° Les dîmes en blé et en vin à prélever sur le fief de la Hunaudaie, entre le chemin du Temple et celui du Goust.

6° Trois pièces de pré sur le bord de la Loire, dans les paroisses de Savenay et de la Chapelle-Launay.

7° Un autre pré de trois hommées dans la Vallée-Mabile, entre le chemin de la Gouërie, la tenue de la Basillère et le moulin de l’aumônerie appartenant au sire de Rieux.

8° Quatre andains de pré dans la pièce des Quartrons, devant le prieuré du Tertre de Laval ; plus, deux andains au pré Gallais et le tiers d’une prairie nommée le Préaux-Allet, en Donges, près de l’étang d'Assac.

9° Une rente de 10 sous sur la maison Drugeau, devant les boucheries de Savenay.

10° Je lègue quatre andains de pré près du Tertre et six andains dans le quartier de la Braraie.

11° Dix sous de rente à prendre sur une pièce de terre nommée la Sebile, sise entre le chemin de la Herse et le chemin Breton.

12° Une maison avec jardin dans la rue de la Chapelle-Saint-Armel ; plus, deux hommées de vigne au clos de la Jaunaie, en Savenay, et six planches dans la vigne de Gloglay.

13° Une pièce de terre sise derrière la chapelle et le vivier situé près de la fontaine, devant la chapelle, pour y mettre du poisson.

Je demande à l’évêque de Nantes d’approuver cette fondation et d’y ajouter le sceau de son autorité.

Passé à Nantes, le 12 mars 1450.

L’approbation épiscopale est du 14 mars 1450 (Voyez le texte latin de cet acte aux pièces justificatives).

L’aumônerie de Jean de Château-Giron existait déjà depuis plusieurs années lorsque cet acte fut rédigé. On la trouve mentionnée avec la chapelle dès 1443, dans une donation d’immeubles offerte à la confrérie que le vénérable recteur de Savenay avait établie en l’honneur de Saint-Arme!, pour exciter sans doute la charité de ses paroissiens en faveur du nouvel établissement (Archives de l'hôpital de Savenay - Archives de la Loire-Inférieure, série H).

Les archives de cette maison ont été si mal conservées qu’il m’est impossible de dire ce que les confrères de Saint-Armel ont fait pour sa prospérité ; il nous reste seulement de la première époque quelques cahiers d’inventaire où l’on voit que les pauvres avaient des couettes de plume dans leurs lits et tous les ustensiles nécessaires pour faire leur cuisine. C’était une sorte d’hôtellerie où les passants seuls étaient admis, comme dans la plupart des aumôneries du moyen-âge ; cependant il arrivait parfois qu’on y soignait les maux accidentels. J’ai vu dans un compte les frais de pansement d’un charretier qui s’était cassé la jambe.

Pendant un siècle, l’hôpital de Savenay fut régi suivant les prescriptions indiquées par le fondateur, c’est-à-dire sous la tutelle du recteur de la paroisse et des marguilliers, par le ministère d’un ecclésiastique qui cumulait les fonctions d’économe avec celles de chapelain. L’administration de Guillaume Morin et de ses successeurs ne fut pas désastreuse pour l’aumônerie de Saint-Armel, puisque le compte de 1540 accuse 203 livres 7 sous 6 deniers de recettes (Archives départementales, série H).

Néanmoins, l’autorité royale ne fit pas d’exception pour Savenay, lorsque l’édit du 9 octobre 1532 qui prononçait la sécularisation des hôpitaux, fut appliqué dans le diocèse de Nantes. En vertu d’un arrêt des Grands jours de Bretagne, du 15 octobre 1548, qui investissait l'Hôtel-Dieu de Nantes de la surintendance de toutes les maisons hospitalières du diocèse, la communauté de ville de Nantes intima aux habitants de Savenay l’ordre d’élire des commissaires laïques et de leur remettre le gouvernement de Saint-Armel. Sept ans plus tard, dit Chevas (Notes sur les communes de la Loire-Inférieure. - Bibliothèque de Nantes), un arrêt du Conseil confirma son union à l'Hôtel-Dieu de Nantes, priva le général de la paroisse de son droit d’élection et décida que l’hôpital serait désormais gouverné par le recteur, le sénéchal et le procureur fiscal de Savenay. L’obligation qui leur fut imposée de rendre leurs comptes aux directeurs de l'Hôtel-Dieu de Nantes fut observée pendant quelques années et tomba peu à peu en désuétude. L’évêque redevint bientôt leur supérieur naturel.

Martin Lambert, qui gouvernait l’hôpital en 1580, était prêtre, il eut pour successeurs Nicolas Jagu, Antoine Poulain et Pierre Meignen, qui étaient également prêtres (Cabinet de M. Anthime Ménard, avocat à Nantes).

Au XVIIème siècle, l’ordre du Mont-Carmel et de Saint-Lazare, qui recherchait partout les fondations charitables sans emploi pour les adjoindre à sa dotation, essaya de s’emparer de l’aumônerie de Savenay comme d’un établissement déchu. Les pièces qui composent le dossier de l’enquête instruite à cette époque sont des titres intéressants à citer (Archives nationales, S, 4857). Il y a d’abord un aveu rendu au seigneur de la Haie de Lavau, Olivier Martel, par l’aumônier qui comprend le dénombrement d’une partie du domaine de pauvres. En voici le résumé :

1° Des taillis et garennes à la Goupillère ;

2° 6 journaux de terre ;

3° La Bosse-Jubin ;

4° Les fresches de la Guichardière ;

5° Un côteau de deux journaux ;

6° Un canton de 160 sillons à la gagnerie du Cartron ;

7° Quatre journaux 228 sillons en divers lots aux environs du Cartron et de la Goupillère.

Tous ces biens sont situés aux environs de l’aumônerie. Sous la seigneurie de Donges en Savenay et en Bouée, le domaine des pauvres comprenait encore 4 journaux et 61 cordes de prairies (Voir l'aveu de 1580). Si on compare cette énumération avec celle du testament de Jean de Château-Giron, on verra que les donations particulières avaient accru notablement le patrimoine constitué en 1450. Le fermier qui le tenait à bail en 1669 payait 300 livres, acquittait les décimes et fournissait la paille nécessaire aux pauvres. L’émoi fut grand à Savenay quand on apprit que les pauvres étaient menacés de perdre les revenus de leur aumônerie. Les habitants s’empressèrent de recueillir des protestations en faveur de la conservation de la maison de Saint-Armel et de montrer par des témoignages nombreux que l’hôpital n’avait pas cessé d’assister les indigents. Les paroisses circonvoisines vinrent déclarer que l’hospitalité n’avait pas cessé d’être gardée à Saint-Armel. On produisit un bref de Clément IX de 1669 qui, pour ranimer l’esprit de bienfaisance, accordait une indulgence plénière aux visiteurs de l’aumônerie. Le bénéfice de Saint-Armel, en y comprenant les fondations pieuses, ne valait pas plus de 200 livres, dit un mémoire, et la moitié de cette somme était absorbée par l’entretien des logements, mais grâce aux aumônes des habitants de Savenay, on avait encore les moyens d’assister les malades. Sans tenir compte de ces remontrances, la Chambre de réformation des hôpitaux prononça, le 19 juin 1674, un arrêt qui condamnait Pierre Bezard, possesseur et aumônier de l’hôpital de Savenay, à se désister de ses droits, à rétablir les bâtiments en bon état et à rapporter la jouissance des 29 dernières années, avec les titres à l’ordre de Saint-Lazare qui afferma les domaines au prix de 200 livres (Archives nationales, Z, 7607). Il y a un autre arrêt de la même Chambre du 26 janvier 1677, qui confirme la réunion de Saint-Armel de Savenay à l’ordre de Saint-Lazare (Archives nationales, S, 4857). Si l’on en croit les considérants de ce dernier acte, l’hôpital était tout ruiné en 1674, sans portes, sans couverture et la chapelle dénuée d’ornements. Il n’en fallait pas davantage, pour justifier la confiscation prononcée. Les pauvres n’eurent pas à souffrir de ce changement de direction, car le fermier des chevaliers de Saint-Lazare fit placer en 1677 deux couchettes de bois munies de paillasses dans la chambre commune de l’hôpital.

Les réclamations nombreuses qui s’élevèrent de tous côtés, dans les villes et les campagnes, contre la saisie des fondations charitables, déterminèrent Louis XIV à revenir sur sa première décision. Il fut décidé que les pauvres rentreraient en possession de leur patrimoine. Par lettres-patentes du mois de décembre 1696 conformes à un arrêt du Conseil du 2 décembre 1695, le roi restitua l’hôpital Saint-Armel à la ville de Savenay (Archives de l’hôpital de Savenay, série A). L’acte de réintégration est rédigé dans des termes si ambigus qu’il est facile de prendre le change et de croire à une réunion de deux établissements dans un seul, surtout quand on ne connaît pas d’autres titres. Plusieurs auteurs s’y sont trompés faute de savoir que la ville avait été privée d’abord de son aumônerie et ont imaginé que l’ordre de Saint-Lazare était dépouillé de l’une de ses commanderies, au profit de Saint-Armel. L’hôpital des sires de Rieux, le seul qui pût être le prétexte d’une confusion, n’existait plus depuis longtemps. La collection des arrêts rendus à la requête des chevaliers de Saint-Lazare n’en fait pas mention, tandis qu’elle est très-explicite à l’égard de l’aumônerie de Saint-Armel.

Pendant que ces événements s’accomplissaient le baron de la Roche, principal seigneur de la paroisse, songeait aux moyens d’utiliser la fondation de Jean de Château-Giron d’une manière plus conforme aux moeurs de l’époque. Son aumônerie, sans être fermée aux passants qui devenaient de plus en plus rares, pouvait être transformée en une maison de secours pour les habitants de Savenay qui avaient besoin de remèdes, et la gouvernante de Saint-Armel, en la choisissant parmi les personnes instruites, avait assez de loisirs pour tenir une école. René de Lopriac, marquis de Coëtmadeuc, vicomte de Donges et baron de la Roche en Savenay, successeur de ces sires de Rieux qui avaient fondé l’aumônerie de Saint-Jean, pour réaliser ces améliorations, augmenta la dotation de l’hôpital d’une rente de 250 livres assise sur sa terre du Matz. Dans l’acte de donation qui est du 2 avril 1699, homologué le 17 mai suivant par l’évêque de Nantes, il veut que sur ces nouveaux fonds 150 livres soient consacrées à l’entretien d’une dame hospitalière logée à Saint-Armel et toujours prête à donner ses soins aux malades, 70 livres à l’achat des médicaments nécessaires et 30 livres à la rétribution d’une messe de Requiem demandée par le testament de son épouse, Marguerite de Langourla. Et, comme la chapelle et les édifices de l’aumônerie tombaient en ruine, le même seigneur ajoute, une somme de 1.000 livres destinée aux frais de réparation. Cette fondation étant le point de départ d’une nouvelle ère pour Saint-Armel.

Je n’ai aucun renseignement sur Mlle de Linne qui fut instituée première gouvernante par le baron de la Roche ; mais il y a lieu de croire qu’elle appartenait à une famille noble ou bourgeoise. René de Lopriac ayant entendu louer ses services, lui accorda en 1705, le droit de prendre une barrique de vin chaque année sur ses vignes [Note : Titres du cabinet de M. Ménard. Le fils du donateur lui ayant refusé cette rente, elle fut obligée de le traduire en justice et le procès alla jusqu’au Parlement qui donna gain de cause à Mlle de Linne].

Malgré cette addition, la pension de 150 livres ne pouvait convenir qu’à une personne désintéressée, pourvue d’une certaine dot et désireuse seulement de faire le bien, comme il s’en rencontrait souvent à cette époque si féconde en dévouement. Les intendantes qui lui succédèrent ne comprirent pas toutes que leur mission devait s’exercer avec humilité et abnégation. En 1758, il est fait mention d’une hospitalière qui distribuait les remèdes sans vouloir rendre de compte aux administrateurs. Mlle Génaudau, c’était son nom, s’installait dans l’hôpital, comme dans son domicile propre ; elle avait converti en écurie l’une des plus belles salles ; elle élevait des porcs dans un petit édicule situé au milieu du cimetière de la maison, qui n’était autre que l’ossuaire ou reliquaire ; et, pour sa commodité, elle avait accaparé la plus grande partie des chambres. Malgré les menaces d’assignation qui lui étaient adressées, elle s’obstinait encore à garder le silence sur sa gestion en 1760 (Délibérations de 1760. - Archives de l’hôpital). A cette date, l’édifice se composait : en bas, d’une salle et d’une chambre basse ; au premier étage, de deux grandes chambres surmontées d’un grenier. J’ignore quelles mesures furent prises contre elle. Le livre des délibérations ne fait mention que de la réprimande. Il nous apprend qu’en 1778, trois filles se présentèrent pour remplir les fonctions d’hospitalières, sans réclamer d’autre salaire que la pension de 150 livres de René de Lopriac, promettant de travailler pour vivre si le logement leur était fourni (Livre des délibérations. - Ibidem). Leurs propositions furent acceptées. L’une d’elles instruisait la jeunesse une fois par jour. Un brevet, rédigé en 1779, leur rend ce témoignage qu’elles ne prenaient de la maison que les peines, les travaux et les fatigues et savaient gagner de quoi suffire à leur subsistance (Archives de la Loire-Inférieure, série G).

Les salles de l’hôpital, longtemps désertes ou employées sans profit pour les pauvres, avaient été meublées à leur arrivée de quelques lits qui furent occupés de suite. Non contentes de traiter les infirmes, elles recueillaient aussi des orphelines, à la grande satisfaction de toute la paroisse. En 1789, il ne restait qu’une hospitalière à laquelle on accorda une compagne.

Pendant le cours du XVIIIème siècle, les revenus de l’ancienne dotation de Saint-Armel passèrent presque entièrement entre les mains des membres du bureau de charité. L’assemblée paroissiale, en 1749, adjoignit aux trois directeurs-nés trois autres pères des pauvres élus pour trois ans, et décida que deux d’entre eux seraient chargés de délivrer des bons de grains et de vêtements d’après le rôle qui leur serait remis. La même délibération les « invitait à tenir des notes particulières et discrètes de ce qu’ils feront donner aux pauvres honteux pour les représenter aux directeurs-nés » (Délibérations de 1749. – Archives de l’hôpital).

Voici, d’après les comptes annuels du trésorier, les variations que subissaient les recettes et les dépenses à Savenay :

RECETTES :

En 1749 : 196 livres.

En 1752 : 316 livres.

En 1756 : 531 livres.

En 1759 : 322 livres.

En 1764 : 375 livres.

En 1767 : 589 livres.

DÉPENSES :

En 1749 : 161 livres.

En 1752 : 215 livres.

En 1756 : 581 livres.

En 1759 : 206 livres.

En 1764 : 251 livres.

En 1767 : 494 livres. 

Dans la déclaration faite au subdélégué de l’intendant en 1770, les revenus de l’aumônerie sont évalués à 350 livres, moins les dîmes qui étaient de 47 quarts de blé. La donation de René de Lopriac n’est pas comprise dans ce total. En 1781, le produit de tous les biens affermés s’élève à 554 livres qui se décomposent ainsi :

Métairie de l’hôpital : 72 livres.

Prairies de Bouée : 292 livres.

Prairies de Lavau : 40 livres.

Métairie près de Goupillère : 150 livres.

Total : 554 livres.

Dîmes. . . . 49 quarts de blé.

Quand les années de coupes de bois revenaient, les taillis de la Bosse-Jubin et du Plessis rapportaient plus de 200 livres.

Les décrets de confiscation ont respecté presque tous ces domaines. Comme l’établissement n’était pas susceptible de transformation, les commissaires des armées républicaines n’essayèrent même pas de l’occuper. Ils préférèrent installer l’hôpital militaire dans les vastes bâtiments que leur offraient les couvents des Cordeliers et des Cordelières de Savenay.

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

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 (1) Archives départementales de la Loire-Inférieure, série H. L'approbation de l'évêque jointe à l'acte est du 14 mars 1450. 

DOTATION DE L'HOPITAL DE SAVENAY.

Par R. de Lopriac.

L’an-mil-six-cent-quatrevingt-dix-neuf, le second jour d’avril, devant les notaires royaux à Rennes, apostoliques du diocèze soussignés, a comparu en personne messire René de Lopriac, chevallier seigneur de Coëtmadeuc, marquis du marquisat d’Assérac, etc., seigneur propriétaire de la vicomté de Donges, baronnye de la Roche en Savenay, autres terres, conseiller au Parlement de Bretagne, demeurant en son hôtel près le puis du Mesny, paroisse de saint Germain, de cette ville, lequel étant informé qu’il a plu à sa Majesté, rendre et remettre à la ditte paroisse de Savenay, l’entier fond, rentes et revenuz attachés et apartenants à l’hôpital dudit lieu appellé vulguairement enciennement l’aumônerie Saint-Armel, voyant mon dit seigneur de Coëtmadeuc que les dits entiens fonds, ne sont pas suffisents pour fournir les nécéssitez, alimants aux malades de la dite paroisse et feillette de Boué en dépendente et que les pauvres, n’y étoient pas soignés par ce qu’il n’y avoit au dit lieu personne qui en eût pris les soins nécessaires, a, le dit seigneur de Coëtmadeuc, pour le soulagement des dits pauvres, l’entretien d’une personne de piété qui demeurera au dit hopital ou aumônerie, aura, outre le soin d’instruire les jeunes filles de la ditte paroisse, une fois le jour, assigné et légué, ce qu’il fait par le présent, la rente et levée de deux cent cinquante livres par chacun an, outre les dits anciens fonds, revenus ; les dits deux cent cinquante livres appliquables savoir : trente livres pour la retribution d’une messe, de profondis à la fin, fondée par chaque semaine au dit hopital par feue dame Margueritte de Langourla, vivante épouse de mon dit sieur de Coëtmadeuc, suivant son testament du vingt trois avril, mil-six-cent quatrevingt quinze, au raport de Gohier, l’un des notaires soussignés ; soixante dix livres pour drogues, remèdes et aliments aux dits pauvres et les cent cinquante livres restantes sont assignées pour la pension d’une personne de piété et de dévotion qui demeurera au dit hopital, aura soin des pauvres, instruira les jeunes filles, laquelle sera nommée par mon dit seigneur de Coëtmadeuc et ses successeurs propriétaires de la baronnie de Savenay et terre du Matz en la ditte paroisse, et aura l’agrément de monseigneur l’illustrissime et révérendissime évêque de Nantes, auquel elle sera soumise, rendra les comptes de la gestion d’an en an au sieur recteur de Savenay, sénéchal et procureur d’office de la dite baronnie, représentants mon dit seigneur de Coëtmadeuc.

Lesquels sieurs recteur et officiers représenteront les dits comptes à mon dit seigneur évêque de Nantes ou à messieurs leur grands vicaires, lors de leurs visites au dit Savenay, parce que, et non autrement, la personne qui sera nommée et agréée, comme devant est dit, ne fera et ne pourra être dans la suite d’aucune communauté, ne voulant et n’entendant pas le dit seigneur de Coëtmadeuc que la ditte somme, de deux cent cinquante livres de rente, qu’il donne par le présent, puisse être transportée ni assignée à autre usage, que pour le soulagement particulier des pauvres de Savenay, l’entretien d’une personne à cet effet et payement de la rétribution d’une messe par semaine.

Et dès à présent a nommé pour directrice du dit hopital et aumônerye, demoiselle Françoise de Linne qu’il prie mon dit seigneur évêque de Nantes d’agréer.

Et attendu que la chapelle de la ditte aumonerye est entièrement et depuis longtemps ruinée [Note : Il est douteux que la chapelle ait été relevée à cette époque. Le brevet de 1779 exprime le voeu qu’on trouve des ressources pour la rebâtir, attendu qu’elle est tombée. (Archives départementales, série G], les messes de l’ancienne fondation et celles fondées par la ditte dame de Coëtmadeuc, seront dittes et desservies en l’église paroissiale du dit Savenay, à l’autel où sera mise la figure de saint Armel, patron de l’ancienne aumonerye jusques au rétablissement de la ditte chapelle.

Et comme il n’y a de logement pour la personne qui aura soin des dits pauvres et d’instruire les dits jeunes filles, le dit seigneur de Coëtmadeuc, donne et lègue, outre la ditte rente de deux cent cinquante livres, la somme de mil livres une fois payée, pour le rétablissement d’une portion des dits logements pour la ditte demoiselle de Linne et celles qui lui succèderont, lequel logement sera fait et réparé par l’avis des dits sieurs recteurs et sénéchal de Savenay, laquelle somme de mil livres sera payée par le receveur du dit seigneur à proportion que le bâtiment s’avancera.

Et a mon dit seigneur de Coëtmadeuc assigné la ditte rente de deux cent cinquante livres sur le total du revenu de la ditte terre de la vicomté de Savenay et terre du Matz, en la ditte paroisse, pour être payée par le receveur fermier ou propriétaire à la ditte demoiselle de Linne, et ses successeurs audit employ au jour saint Michel et Pasques par moitié. Et sera payé au jour saint Michel, vingt neuf septembre de l’an présent, à la ditte demoiselle, la ditte somme de deux cent cinquante livres, tant pour le temps précédent que pour la demie-année courante jusqu’au dit jour, et sera payé au jour de fête de Pasque de l’an prochain mil sept cent, cent vingt cinq livres ; à la saint Michel de la même année pareille somme de cent vingt cinq livres. Et seront lesdits payements continués de termes en termes par le receveur fermier, ou propriétaire, sur lesquelles sommes sera prise la rétribution de la messe fondée par la ditte dame jusqu’à ce que le dit seigneur ou ses successeurs n’ayent trouvé un fond suffisant proche et de valeur aux dits deux cent cinquante livres de rentes net et quitte de toutes charges, et devoirs.

Et si par quelque cas imprévus ou autrement le fond entien de la ditte aumonerye était porté ailleurs et à d’autres usages, mondit seigneur de Coëtmadeuc, déclare qu’il veut et souhaite que les deux cent cinquante livres qu’il donne pour le présent, et le bâtiment pour la directrice soient et demeurent à toujours affecté pour le soulagement des pauvres dudit Savenay, savoir : trente livres pour la rétribution de la messe par semaine pour laditte feue dame de Coëtmadeuc et le restant après la pension de la directrice, distribué aux dits pauvres par l’avis desdits sieurs recteurs, sénéchal et procureur d’office de Savenay, sans que l’on puisse faire de confusion ni joindre l’entien revenu avec les dittes deux cent cinquante livres, au cas que ledit entien revenu seroit porté ailleurs, sans laquelle condition n’auroit fait la présente fondation.

Veut et souhaite que sur les deniers qui sont entre les mains du receveur de l’entien fond de la ditte aumonerye, depuis qu’il a plu au roy la rétablir, il soit pris la somme de deux cent cinquante livres pour employer en meubles et ustensiles de la ditte demoiselle de Linne et ses successeures en la ditte qualité.

Et pour faire homologuer et agréer le présent à mondit seigneur évêque de Nantes, le dit seigneur de Coëtmadeuc, donne pouvoir et procuration à vénérable et discret missire Pierre Meignen, prêtre sieur recteur de la paroisse de Savenay, présent devant nousdits notaires, de lui en faire toutes les réquisitions et supliques nécessaires, veut qu’il soit délivré, trois copies du présent, une à mondit seigneur évêque de Nantes, pour mettre en ses archives, l’autre au dit sieur recteur pour mettre aux archives de la paroisse et la troisième pour les archives de la baronie de Savenay.

Et pour le payement et exécution du présent, ledit seigneur de Coëtmadeuc a affecté, obligé, et hipotéqué tous les fruits, rentes et revenus de la ditte terre et baronnie de Savenay et terre du Mats, y située, pour être sur iceux procédé par toutes voyes et rigueurs de justice, soumission et prorogation expresse au présidial de Rennes.

Fait en l’hôtel de mondit seigneur de Coëtmadeu, sous son seing, celui dudit recteur de Savenay et les nôtres, mis en la minutte, veu de ledit Gohier. Signé René de Lopriac, P. Meignen, recteur de Savenay, Morinaye et Gohier notaires royaux. La minutte, controlée par Bourgeois, signée à l’expédition sur veslin Morinaye notaire royal et Gohier, notaire royal apostolique. En marge est écrit : scellé à Rennes le 3 avril 1699, reçu treize sols, signé Bourgeois (Copie conservée aux Archives départementales, série H) (L. Maître).

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