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Les aumôneries et hôpitaux du comté et diocèse de Nantes

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La lèpre n’a pas été la seule plaie sociale du moyen-âge : le mal caduc, le mal de Saint-Méen, le mal de Saint-Antoine, les écrouelles, les fièvres malignes, les guerres, la peste, la famine, ont affligé cette époque plus qu’aucune autre et multiplié la population souffrante au-delà de ce qu’il est possible d’imaginer. Bien que le pouvoir fût morcelé entre mille mains souvent ennemies les unes des autres, l’assistance publique s’organisa sur toute la surface du territoire, comme si l’entente eût été concertée de haut. La voix de la compassion, plus forte que le tumulte des passions brutales, inspira des institutions aussi variées que les besoins des classes pauvres. Divisées par leurs moeurs, leurs ‘intérêts, leurs préjugés, leurs habitudes ou leur caractère, nos provinces, considérées au point de vue de la bienfaisance, présentaient une communauté complète de pensées et de sentiments. Quelle que fût son origine, l’indigent ou le voyageur qui tendait la main était sûr d’être secouru dans l’une ou dans l’autre de ces innombrables aumôneries fondées par la prévoyance des grands seigneurs.

J’ignore quelle est la date du plus ancien hôpital connu en Bretagne ; les Bénédictins ne citent aucun acte de fondation antérieur au XIVème siècle. Pour la France, on a la preuve que Childebert et la reine Ultrogothe ouvrirent un hôpital à Lyon au VIème siècle. Dans le pays nantais, je n’ai pas rencontré d’acte ou de tradition remontant avant l’an 1100. La plupart des institutions dont j’aurai à raconter l’histoire sont contemporaines du développement de la chevalerie et semblent en être l’efflorescence. Elles naissent avec cette belle architecture gothique, cette splendide expression de l’âme poétique du moyen-âge, et s’éteignent peu à peu avec elle quand arrive l’esprit nouveau de la Renaissance, jusqu’au moment où Louis XIV, le grand centralisateur, s’empara des débris de ces aumôneries pour créer les hôpitaux généraux.

Il n’y a pas la moindre ressemblance entre nos hôpitaux modernes et ceux du moyen-âge : ces derniers étaient aussi petits que les nôtres sont vastes. Ils se composaient en général d’une chapelle, d’une grande salle commune et de quelques chambres pour séparer les sexes, d’un jardin et d’un cimetière.

Les moeurs en faisaient autant des hôtelleries gratuites que des infirmeries. Il était d’usage que le passant y séjournât un jour et une nuit quand il était valide, mais il n’y avait pas de terme fixé quand un mal quelconque l’empêchait de continuer sa route.

Nos pères aimaient la diversité et non pas l’uniformité qui nous plaît tant aujourd’hui. Chaque bienfaiteur des malheureux préférait plutôt fonder un asile particulier sur son fief ou augmenter le nombre des lieux hospitaliers que d’accroître un ancien établissement. Cette inclination tournait au profit des malades qui, par ce moyen, pouvaient être isolés de la contagion de certaines épidémies. La ville d'Angers possédait en 1559 de douze à quinze hôpitaux, suivant le témoignage d’un contemporain (Dictionnaire historique et archéologique de Maine-et-Loire, par C. Port. I, 96) ; j’en ai compté tout autant à Nantes dès le XVème siècle et dans des petits centres de population, tels que Machecoul, Piriac, Fégréac, parfois trois et quatre.

Tous ces petits établissements n’ont pas vécu sur notre sol, pendant trois et quatre siècles, sans y laisser des traces de leur existence dans les dénominations topographiques et dans la tradition. Quand on interroge la mémoire des plus anciens habitants de certaines contrées, on est stupéfait de la quantité d’hôpitaux qu’ils sont en état de rappeler. Ainsi, autour de Guérande, il y a deux villages, tels que Villeneuve et Brandu, désignés comme ayant été en possession d’une aumônerie. A côté du château de la Cour-Péan, en Erbrée, la tradition cite également un établissement du même genre. Recueillir tous ces souvenirs serait une tâche très-lourde que je n’entreprendrai pas. Je cite seulement ces exemples afin de montrer que l’histoire locale n’est pas écrite que dans les chartes.

Pour les aumôneries et les hôpitaux, il y a, comme pour les maladreries, une foule de renseignements à tirer du cadastre et de la liste des lieux habités. Ainsi, en Fresnay, le nom de l'Aumônerie est resté intact à un village ; il se voit aussi près de l'Aumondière, en Saint-Père-en-Retz, sur les cartes de Cassini ; ailleurs, il s’est transformé en la Moinerie, la Monnerie et la Mosnerie. Cette altération s’explique encore mieux que celle de l'Hopitau et de l'Hopital, dont on a fait, comme je l’ai prouvé, la Pitauderie et la Pitallerie, en Chantenay.

Suffit-il de connaître le nom d’un établissement pour être en mesure de le classer dans telle ou telle catégorie ? Non, assurément. Il n’y a rien d’absolu dans la démonstration que je soumets à mes indulgents lecteurs. De même que les maladries ont pu, en certains lieux, devenir des hôpitaux ordinaires, il est arrivé sans doute aussi que des lieux dits l'aumônerie ont renfermé des lépreux. Ainsi, j’ai la certitude que la tenue de l'Aumônerie, près de Saint-Donatien de Nantes, a été au XVIème siècle un hôpital de pestiférés.

La charité étant une vertu importée par le christianisme dans la société barbare, il s’en est suivi naturellement que la pratique de la bienfaisance a été considérée comme une fonction ecclésiastique, dont le clergé seul pouvait s’acquitter dignement. On ne concevait pas d’autre intermédiaire que le prêtre entre les classes pauvres et les riches, et d’autre tuteur souverain que l’évêque du diocèse. Chaque maison hospitalière vivait en liberté sous le gouvernement de son chapelain avec la règle qu’avait tracée le fondateur, sans autre surveillance que celle des archidiacres délégués par l’évêché. Ce régime était le plus universellement répandu ; cependant il n’était pas rare que, dans les villes, l’aumônier fût responsable de sa gestion devant une confrérie, devant quelques bourgeois ou quelques marguilliers délégués, avec le titre de père des pauvres, par le général de la paroisse [Note : On nommait ainsi l’assemblée générale de la paroisse composée des anciens marguilliers].

L'Eglise elle-même appelait les laïques à son aide. Le concile de Vienne de 1311, décida que l'Administration des hospices serait confiée à des « laïques sages, intelligents, sensibles aux misères des pauvres et capables de se comporter en vrais tuteurs de leurs biens, à la charge par eux de rendre compte de leur administration aux évêques ». Nous verrons que cette règle fut adoptée dès le XIVème siècle en Bretagne. Le clergé n’est donc pas seul responsable des infidélités qui anéantirent tant de fondations charitables ; les marguilliers par leur peu de zèle à protéger les intérêts des pauvres ont aussi mérité de porter une partie de l’accusation sur laquelle se fonde le fameux édit de François Ier. Ce qu’on appelle improprement la sécularisation des hôpitaux est tout simplement une réforme qui a eu pour effet, non pas de déposséder le clergé de ses prérogatives, mais de rappeler les laïques à la pratique de leurs devoirs. On a pas assez remarqué que les nouveaux administrateurs, à peine installés, furent tenus en suspicion comme les anciens et contraints à déférer leurs actes à des juges lointains.

Il y a pour la Bretagne un arrêt du Parlement du 15 octobre 1548 qui investit la ville de Nantes de la surintendance des hôpitaux d'Ancenis, de Bouin, de Bourgneuf, de la Chapelle-Glain, du Loroux-Bottereau, de Plessé, de Pontchâteau, de Machecoul, de Saint-Père-en-Retz, de Saint-Julien-de-Vouvantes et de Savenay. Ce luxe de contrôle démontre bien que les abus venaient de divers côtés (Histoire de Nantes, Travers, II, 324. - Archives départementales, série H). En 1557, la ville de Nantes exerçait encore la même juridiction sur les établissements du comté, mais il est douteux que cette magistrature lui ait été longtemps maintenue, en raison de la difficulté des communications. Pendant les troubles du protestantisme, les abus reprirent leur cours, et le patrimoine des pauvres, abandonné à l’incurie des autorités locales, devint en beaucoup d’endroits, insaisissable le jour où le pouvoir royal voulut tenter une réorganisation. Quant aux hôpitaux érigés en bénéfices ecclésiastiques leur chute est la conséquence du règne des abbés commendataires (L. Maître).

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