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Arrêt du Parlement de Bretagne contre David de la Muce-Ponthus et André le Noir. |
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ARRÊT DU PARLEMENT DE BRETAGNE, contre David de la Muce-Ponthus et André le Noir, sieur de Beauchamp, condamnés à être tirés à quatre chevaux, pour être allés à l'assemblée de La Rochelle, contre les défenses portées par les déclarations du roi.
10 Mai 1622.
Vu par la cour, la grande chambre et tournelle
assemblées, le procès criminel extraordinairement fait, sur défaut et contumace,
à la requête du procureur général, demandeur et accusateur à l'encontre de David
de la Muce, sieur dudit lieu et de Ponthus, et André le Noir, sieur de
Beauchamp, défendeurs et accusés d'avoir, contre et au préjudice des lettres
patentes et défenses du roy [Note : Ces lettres patentes et déclaration du roi
avaient été données à Grenade, dans la Gascogne, le 23 octobre 1620, et
vérifiées en la cour du Parlement de Rennes, le 13 décembre suivant], été à
l'assemblée tenue à La Rochelle par ceux de la religion prétendue réformée, et
autres cas mentionnés au procès...
Tout considéré, la cour a déclaré et déclare lesdits David de la Muce-Ponthus et André le Noir, sieur de Beauchamp, suffisamment atteints et convaincus du crime de lèse-majesté, au premier chef, et, pour réparation et l'intérêt public, les a condamnés et condamne à être pris par l'exécuteur criminel de la conciergerie de ladite cour, en chemise, tête et pieds nus, tenant chacun en leurs mains une torche de cire ardente, du poids de quatre livres, traînés sur des claies, au devant de la principale porte et entrée de l'église cathédrale de Saint-Pierre de Nantes, et, là, à genoux, faire amende honorable, et requérir pardon à Dieu, au roy et à la justice, puis conduits à la place du grand bout de cohue de cette ville, et là, tirés et démembrés par quatre chevaux, et les quartiers de leurs corps portés aux quatre principales avenues de cette dite ville ; et les a en outre déclarés, eux et leur postérité, ignobles et roturiers ; ordonne que les maisons et le château dudit de la Muce seront démolis et ruinés, leurs bois de haute-futaie et décorations abattus et coupés à hauteur d'homme, pour perpétuelle mémoire de leur rebellion et félonie ; et les a solidairement condamnés en dix mille livres d'amende et réparations applicables aux menues nécessités du palais, et aumônes la somme de six mille livres, savoir : deux mille à la réfection de la tour et de l'église cathédrale de Saint-Pierre, mille livres au bâtiment des Minimes, cinq cents livres aux pauvres renfermés, et cinq cents livres aux religieux du couvent des Cordeliers de cette ville, et deux mille livres aux Mendiants, Minimes, Récollets et religieuses de Sainte-Claire de Nantes, à chacun quatre cents livres ; leurs biens, meubles et immeubles déclarés acquis et confisqués au roi, sur iceux lesdites sommes de dix mille et six mille livres préalablement payées. Et au cas que lesdits de la Muce et le Noir ne pourroient être pris et appréhendés pour la réelle et actuelle exécution du présent arrêt, ordonne qu'elle sera faite, par figures et effigies, en tableaux auxquels sera écrit la teneur du présent arrêt, et lesdits tableaux attachés de fer à la potence étant en la place dudit grand bout de cohue, et aux quatre principales portes et entrées de cette dite ville ; fait inhibition et défense à toutes personnes de rompre, ôter ni enlever lesdits tableaux, sous peine d'être déclarés rebelles au roy et à la justice ; enjoint audit procureur général de poursuivre l'entière exécution du présent arrêt. Fait en Parlement à Rennes, le 10ème jour de mai 1622. Signé, MONNERAYE. (Mercure de France, tome VIII, année 1622, pag. 607 à 611).
Note : Cet arrêt fut exécuté par effigie, le même jour, les y dénommés étant saufs-gardés dans La Rochelle. Le château de la Muce ou Musse-Ponthus, qui était très-beau et bien accompagné de servitudes et dépendances, fut depuis démoli et rasé, et les bois coupés à hauteur d'homme. C'était le manoir seigneurial de la paroisse de Petit-Mars. Il avait appartenu, dans le XVème siècle, au chancelier Chauvin, dont la postérité, devenue calviniste, continua à le posséder.
David Chauvin, seigneur de la Muce-Ponthus, était petit-fils par alliance du fameux La Noue, Bras-de-Fer, qui laissa deux fils, Odet et Théophile de La Noue. Odet eut trois enfants, un fils et deux filles, dont la seconde avait épousé ce gentilhomme protestant. Quant à André Le Noir, sr. de Beauchamp et ministre, il était sans doute oncle de Philippe Le Noir, sr. de Crevain, l'historien de la Réformation en Bretagne, dont l'ouvrage, resté manuscrit, a été publié avec beaucoup de soin par M. Vaurigaud [Note : Benjamin Vaurigaud est né le 29 septembre 1818, à Pons, en Charente-Maritime. Il est pasteur-suffragant à Nantes en 1844, et y accède au poste de pasteur en titre en 1846, après la démission pour raisons de santé de son prédécesseur Louis-César Rosselet (1806-1875). Benjamin Vaurigaud meurt le 23 décembre 1883] président du Consistoire et pasteur de l'Eglise réformée de notre ville de Nantes. Nantes, Guéraud, 1851, in-8°.
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