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Les premiers possesseurs des seigneuries de Châteauneuf-du-Faou, de Huelgoat et de Landeleau.

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Les premiers possesseurs des seigneuries de Châteauneuf-du-Faou, de Huelgoat et de Landeleau.

Le territoire qui devait former plus tard le ressort de la sénéchaussée de Châteauneuf-du-Faou et annexes faisait partie du pays de Poher. Au VIème siècle, le célèbre Conomor, prince du Poher, étendit sa domination jusqu’aux rivages de la Manche ; mais, après sa mort, ses domaines furent démembrés et une partie en fut partagée entre le Léon et la Cornouailles [Note : De la Borderie, Histoire de Bretagne, I, 428.— Géographie féodale de la Bretagne, 42]. Il serait téméraire de tenter une délimitation même approximative de cette ancienne principauté. Pendant les trois siècles suivants, il n'en est fait aucune mention. Mais soudain le Poher sortit de l'obscurité qui l’environnait, et au Xème siècle ses princes jouèrent un rôle important dans l’histoire de Bretagne. Mathuédoi, prince du Poher et gendre d'Alain le Grand, mort en 907, était le père d'Alain Barbetorte, qui contribua si puissannnent à secouer le joug des Normands et réussit à s'emparer du Poher en 937 [Note : De la Borderie, Histoire de Bretagne, II, 139, 347 ; III, 79, 347].

Vers cette époque, les seigneuries de Huelgoat, de Châteauneuf-du-Faou et de Landeleau dépendaient de cette vicomté [Note : Jusqu'au XVIIIème siècle, les domaniers de cette région déclaraient souvent tenir leurs convenants à l’usement du pays et terroir de Poher]. On est pourtant loin d'être d'accord sur ce point. D'après M. de la Borderie, le Poher aurait compris la châtellenie de Carhaix, avec les petits domaines de Landeleau, Huelgoat et Châteauneuf-du-Faou [Note : De la Borderie, Géographie féodale, 43, 140]. Mais A. de Courson prétendait que ces deux derniers n'en faisaient point partie [Note : A. de Courson, Cartulaire de Redon. Prolégomènes CLXXIIJ n. 2 et CLXXII n. 5]. D'autres ont peut-être confondu, avec la vicomté du Faou, unité féodale, le pagus du Faou, division ecclésiastique, dans laquelle étaient situées les paroisses de Châteauneuf-du-Faou et de Plonévez-du-Faou, qui lui ont emprunté leur nom. Ce sont deux choses bien différentes. Le pagus du Faou était beaucoup plus considérable. Irvillac est placé par le cartulaire de Landévennec dans ce pagus [Note : In pago En Fou en Ploe Ermeliac, H. d'Arbois de Jubainville, Cartulaire de Landévennec, p. 565] : or, la chalellenie d'Irvillac relevait du comté de Cornouailles à Quimper. De même à son autre extrémité le pagus du Faou empiétait sur le Poher féodal [Note : A. de Courson, op. cit., CLXXVJ]. Il était donc loin de coïncider avec la vicomté du même nom.

Une autre erreur a été commise par Ogée [Note : Ogée, Dict. histor. et géog. de Bretagne, v. Châteauneuf-du-Faou]. Les princes de Léon ne possédaient pas la partie occidentale du Poher, comme seigneurs du Faou : les seigneuries du Faou et de Châteauneuf étaient distinctes [Note : A. de Courson, Cart. de Redon, Prolégomènes CLXXVJ] ; de plus, la mouvance de Plouyé, perdue pour Huelgoat, fut portée non à la Motte-du-Faou, mais à Lesneven, chef-lieu de la principauté de Léon. Si les seigneurs du Faou exercèrent leur puissance jusqu'aux portes de Carhaix [Note : Bull. de la Soc. Arch. du Fin., XXIV, 310], c'était comme princes de Léon, héritiers de ceux du Poher.

D'autres auteurs ont, au contraire, exagéré l'importance du Poher en l'assimilant à l’archidiaconé du même nom. M de la Borderie a relevé cette inexactitude, en faisant remarquer que le comté de Cornouailles eut été alors moins étendu que le Poher, ce qui n'était pas [Note : De la Borderie, Hist. de Bretagne, II, 139, 348]. Mais en corrigeant cette erreur il en commettait lui-même une autre. Daprès lui, le Poher féodal aurait compris la pointe nord-ouest de l’évêché de Cornouailles [Note : De la Borderie, Hist. de Bretagne, II, 347, 348]. Or, selon lui encore cette région dépendait non de la châtellenie de Carhaix, mais de la seigneurie de Quintin, démembrement de Goëllo [Note : De la Borderie, Mélanges historiques, I, 253] et du Porhoët, dont se forma plus tard la vicomté de Rohan. Devant cette contradiction, il est préférable de s'en tenir à la première manière de M. de la Borderie, et de borner à Carhaix et Duault, Huelgoat, Landeleau et Chateauneuf-du-Faou le Poher féodal.

Après la mort d’Alain Barbetorte, en 952, le Poher passa des mains de ses descendants en celles des comtes de Rennes. L'un d'eux. Conan II, mort sans enfant, le légua à sa sœur Havoise, femme de Hoel, comte de Cornouailles, et plus tard duc de Bretagne. Plusieurs donations pieuses nous font connaître les possesseurs successifs de la partie du Poher qui nous occupe. Entre 1022 et 1058, Aleim Canhiart, comte de Cornouailles, donna à sa fille Hodierne, abbesse de Locmaria, les villages de Kergavellat, Coatbihan, Kerlosquet, Le Quilliou et Kerguirisit, en Plonévez-du-Faou [Note : Chercaualloc, Coithbihan, Cherloscheit, En Chilio, Chercheresec…, de la Borderie, Chartes inédites de Locmaria, Bull. soc. Arch. du Fin., XXIV, 96]. Le même Alain donna à l'abbaye de Landévennec Tref-Tudec [Note : D'Arbois de Jubainville, Cartul. de Landévennec, au tome IV des Mélanges historiques, p. 574... Treftudec in Plueu Neugued in Pou.., auj. Locunolé en Plonévez-du-Faou] et à la cathédrale de Quimper la villa de Langouili [Note : Lan Connili, in Ploenewes in Fou., Cartul, de Quimper publié par le chanoine Peyron dans le Bull. de la Commission diocésaine d’architecture et d'archéologie, I, 133], le tout dans la même paroisse. Hoël, son fils, fit donation à cette église de Treu-Hebont, et sa veuve, morte en 1064, d'une assez grande quantité de terres également en Plovénez-du-Faou [Note : Cartul. de Quimper, dans le Bullet. de la Comm. dioc., I, 134]. Puis les donateurs changent : le Poher dut être inféodé [Note : De La Borderie, Histoire de Bretagne, III, 78. — Géographie féodale, 42] ; des vicomtes de Poher apparaissent comme les maîtres du pays de Châteauneuf et de Landeleau. L'un d’eux, Tanguy, donna à l'abbaye de Redon, avant 1108, la dîme de Cleden et celle de Collorec [Note : Decimam parrochie Cleven..., et decimam Choloroc, Cartul. de Redon, 332 ; — de la Borderie, Histoire de Bretagne, III, 79].

Au XIIIème siècle, ces territoires ont passé, peut-être par dot [Note : De la Borderie, Histoire de Bretagne, III, 80], aux vicomtes de Léon. Châteauneuf leur appartenait certainement : les princes de Léon sont qualifiés seigneurs de Châteauneuf dans deux actes, l'un de 1239, et l'autre de 1275 [Note : Chan. Peyron, L’Abbaye de Daoulas, 19 ; — Arch. L.-Inf., E, 151], Huelgoat devait être dans le même cas : la conservation à Lesneven de la mouvance de Plouyé, dont partie relevait cependant de Huelgoat, est une preuve de l'ancienne union de ces deux fiefs : Huelgoat et Lesneven. Quant à Landeleau, le fait est plus douteux : la première mention que nous en ayons trouvée date de 1405 [Note : Arch. L.-Inf., compte non coté]. Mais son existence doit être antérieure [Note : M. de la Borderie cite Landeleau au nombre des domaines ducaux au XIème siècle].

Quoiqu'il en soit, Hervé IV de Léon, surnommé avec raison le prodigue [Note : Trévédy, Sécheries et pêcheries de Cornouailles, 4, 5], vendit, en 1276, à Jean Ier Le Roux, ses possessions en Cornouailles [Note : De la Borderie, Recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (XIème-XIIIème siècles), 261]. A la fin du XIIIème siècle, Châteauneuf et Huelgoat entrèrent donc dans le domaine ducal ; Landeleau en faisait partie dès le début du XVème s.

Ces domaines ne restèrent pas définitivement aux mains du duc : ils furent engagés en remboursement de créances, ou donnés en apanage ou en douaire. Il en est question au cours des démêlés qui eurent lieu entre les ducs Jean IV et Jean V d'une part, et les descendants de Charles de Blois, soutenus tout d'abord par le connétable de Clisson [Note : Voir D. Lobineau, I, 458-565 passim. ]. Ce dernier voulait faire payer par le duc la rançon des enfants de Charles de Blois, détenus à Londres : ce fut l'origine de la querelle. Clisson prit les armes contre le duc : un accord, passé près de Tours, en 1392, intervint entre le duc et Jean de Penthièvre, seul fils sunivant de Charles de Blois et gendre du connétable : le duc lui régla les créances qui lui étaient dues depuis le traité de Guérande, contre son serment de renoncer aux annes pleines de Bretagne et de faire l'hommage lige : Châteauneuf-du-Faou lui fut assigné pour 600 livres de rente, Huelgoat pour 1.800, Gourin pour 500 etc. Les sujets de ces terres devaient la foi et l'hommage au Comte, le duc se réservant la fidélité et la souveraineté [Note : Dom Lobineau, I, 477 ; II, 757 ; — Dom Morice, Pr., II, 581]. Les hostilités n'en continuèrent pas moins entre les deux maisons rivales : un nouveau traité fut signé à Ancfer, près de Redon, le 19 octobre 1395, maintenant Châteauneuf au comte de Penthièvre. Le duc se réservait la faculté de racheter les domaines engagés [Note : Dom Lobineau, I, 493 ; II, 790 ; — Dom Morice, Pr., II, 655], et quelques jours après signait pour ces terres des lettres de remise au procureur du comte [Note : Arch. L.-Inf., E, 167]. Mais rien ne pouvait calmer la haine qui séparait ces deux familles : après la mort de son mari et de son père, Marguerite de Clisson, veuve de Jean de Penthièvre, recommença ses entreprises contre Jean V : un accord qu'elle signa avec lui en 1411 ne fut pas plus observé que les autres. Le duc tomba au pouvoir de ses ennemis, mais dès qu'il eût recouvré la liberté, il confisqua les biens de Penthièvre. Les Etats tenus à Vannes, en 1425, confirmèrent cet acte.

La commise avait été exécutée dès 1420. En 1439, Jean V donna en partage à son fils puîné Pierre des terres parmi lesquelles on remarque Huelgoat, Châteauneuf-du-Faou et Landeleau, pour 400 livres de rente ; les droits du prince, comme « la garde des églises, la connaissance des monnaies et des grands chemins » étaient réservés au duc [Note : Dom Lobineau, I, 609 ; II, 1062]. Il fut stipulé que le retrait de ces terres serait tossible pendant dix ans [Note : Arch. L.-Inf., E, 2]. Cette clause fut inutile. A l'accession de Pierre II au trône ducal, après la mort de son frère François Ier, son apanage fit retour au domaine. Mais quand il mourut lui-même, en 1457, une partie du douaire de sa veuve, Françoise d'Amboise [Note : Elle mourut le 4 novembre 1485], fut assise sur ces mêmes terres [Note : Dom Lobineau, I, 664]. Ces châtellenies sont encore mentionnées dans un accord passé en 1479 entre Louis XI et Jean de Brosse, époux de Nicole de Bretagne, petite-fille du comte de Penthièvre, et qui faisait renaître ses prétentions sur le duché : le roi s'engageait, lorsqu'il se serait emparé de la Bretagne, à le mettre en possession de certaines terres au nombre desquelles se trouvaient Châteauneuf, Huelgoat et Landeleau [Note : Dom Lobineau, I, 734]. On ne les considérait donc pas comme nécessaires pour maintenir le pays en parfaite obéissance.

(Raymond Delaporte).

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