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JEANNE DE BELLEVILLE

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Olivier de Clisson, père du futur connétable de France, avait d'abord été partisan de Charles de Blois ; mais il s'était laissé gagner par le roi d'Angleterre. Aussi, Philippe VI de Valois jura-t-il de se venger. Après la trêve conclue à Malestroit, en janvier 1343, entre la France et l'Angleterre,. Olivier de Clisson crut pouvoir se rendre à Paris prendre part à un tournoi ; on dit même qu'il y avait été invité. Quoi qu'il en soit, il avait lieu de se croire couvert par les clauses de la trêve. Aussitôt arrivé, à la fin de juillet, il fut saisi en trahison, condamné sans jugement et décapité sous les halles de Paris le 2 août 1343, comme ayant tenté de livrer Nantes aux Anglais ; sa tête fut portée à Nantes, et exposée au-dessus d'une des portes de la ville. Le 29 novembre, six chevaliers bretons, arrêtés dans les mêmes circonstances, subissaient le même sort.

Jeanne de Belleville (fille de Maurice de Montaigu et de Létice de Parthenay, mariée en premières noces à l'âge de 14 ans à Geoffroy VIII de Châteaubriant qui meurt en 1326), veuve d'Olivier IV de Clisson qu'elle avait épousé en 1330 (après l'annulation par le pape Jean XXII de son mariage avec Guy de Penthièvre) , était à Clisson lorsque lui parvint la nouvelle de cet indigne attentat, violation flagrante de la foi jurée. Loin de s'abandonner à des larmes inutiles, elle fit preuve de la plus virile force d'âme. Vendant ses joyaux et engageant ses terres, elle amassa de quoi mettre sur pied une troupe d'hommes d'armes résolus, et, seule, entreprit une guerre acharnée contre le roi de France et ses alliés.

Elle tomba tout d'abord sur un château du parti de Blois, voisin de Clisson et que l'on pense avoir été celui de Touffou, y entra par surprise et en fit massacrer toute la garnison sauf le capitaine qui avait pu s'échapper. Alors elle équipa plusieurs barques, montées par 400 hommes, et commença à écumer les côtes de Bretagne, faisant la chasse à tous les navires français, dont les équipages aussitôt pris, étaient pendus ou noyés sans merci. Accompagnée de ses trois jeunes fils, parmi lesquels le futur connétable qui recevait de sa mère d'étranges leçons de cruauté, cette femme implacable poursuivit longtemps son oeuvre de vengeance ; enfin rassasiée de sang et de meurtres, et ayant échappé à toutes les recherches, elle trouva un asile en Angleterre où elle se remaria à un chevalier anglais nommé Walter Bentley, lieutenant du roi Edouard III. Elle y meurt en 1359 à l'âge de soixante ans. L'un de ses fils était mort de faim entre ses bras, sur une chaloupe où elle avait été obligée un jour de se réfugier (De Berthou, Clisson et ses monuments, p. 326).

 

Le serment de Jeanne de Belleville et de ses fils.

« Oui, tu m'as bien comprise, Olivier : oui, sans doute,

Clisson sera vengé ; mais que son fils m'écoute,

Afin de bien savoir à qui doivent nos coups

Faire payer le sang d'un père et d'un époux ».

Alors Jeanne à ses fils retrace en traits de flamme

Les horribles tableaux qui lui déchirent l'âme ;

Sa voix leur peint Clisson, au milieu du tournoi,

Arrêté sous les yeux et par l'ordre du Roi ;

Flétri du nom de traître et, sans preuve plus ample,

Traîné, chargé de fers, dans les cachots du Temple ;

Appliqué, lui baron, à l'affreux chevalet,

Jugé sur l'échafaud devant le Châtelet :

Puis, pour mettre le comble à tant d'ignominie,

Car tout cadavre a droit à la terre bénie,

Servant, sur deux gibets, de pâture au vautour,

Le corps à Montfaucon, la tête à Sauvetour.

…………………

Guillaume sanglotait, en regardant la lance ;

Olivier frisonnait écoutant en silence ;

Mais quand Jeanne se tut, il dit : « Est-ce enfin tout ?

Mère, mets ta main là et sens mon coeur qui bout.

Oh ! je crains que d'horreur en mon sein il n'éclate

Car mon père peut croire, hélas ! notre âme ingrate :

Voilà déjà huit jours qu'ils ont pu l'outrager

Et nous n'avons encor rien fait pour le venger ! »

...................

« Si Dieu ne trompe point demain mon espérance,

Demain se lèvera le jour de la vengeance.

Pardonne mon retard, pauvre époux adoré ;

Tu le sais, mon seul crime est d'avoir ignoré.

Mais le retard n'a fait qu'accumuler ma haine

Tremblez, lâches, tremblez, car la mesure est pleine :

Le châtiment sur vous est enfin suspendu.

Et vous ne perdrez rien pour l'avoir attendu.

Clisson vous a maudits sur l'échafaud infâme :

Eh bien je vous maudis à son tour, moi sa femme.

…………………

« Si longtemps que mon sang coulera dans ma veine,

Ma main suffira aux conseils de ma haine ;

Et, si la mort, un jour, car il faut tout prévoir,

M'empêchait d'accomplir jusqu'au bout. mon devoir,

Comme il faut jusqu'au bout que mon oeuvre s'achève,

A des bras dévoués je léguerai mon glaive ;

Mais je veux qu'un serment les liant envers moi,

De vos trépas leur fasse une implacable loi...

Votre crime a voté ses traits à la Justice :

La Justice indignée attend votre supplice ».

Et Jeanne, s'élançant vers la sinistre tour,

Franchit, avec ses fils le pont de Sauvetour ;

Et là, levant la main vers les pâles reliques,

Que la lune éclairait de ses rayons obliques :

…………………

« Par ces témoins trop sûrs d'un crime détesté ;

Par son iront autrefois si plein de majesté,

Ses yeux, clos à jamais, hélas ! et bientôt vides,

Son long visage blême et ses lèvres livides ;

Par ce qu'outrage ici la pluie ou l'aquilon,

Et par ce qui là-bas pourrit à Montfaucon,

Son coeur loyal, foyer d'ineffables tendresses,

Ses mains, dont votre front sent encor les caresses,

Par tous les souvenirs qui tressaillent en nous,

Aujourd'hui si cruels et naguère si doux !

Jurez haine éternelle et guerre inexorable A quiconque prit part à ce meurtre exécrable ».

« Nous le jurons ! » — « Jurez que prières ni pleurs, Avant d'être vengées ne fléchiront vos coeurs ».

« Nous le jurons ! » — « Jurez que malgré paix ou trêves,

Si son titre royal le dérobe à vos glaives,

Vous combattrez toujours Philippe de Valois ».

« Nous le jurons ! » — « Jurez qu'à ce Charles de Blois

Qui tient notre Bretagne à la France asservie,

Vos bras disputeront sa couronne et sa vie ».

« Nous le jurons ! » — « C'est bien. L'ombre de votre père

Ecoute ces serments... que reçoit votre mère.

Si jamais l'un de vous osait les transgresser,

Puisse son déshonneur contre lui se dresser ! 

Moi même, pour lui faire encore un destin pire,

Du fond de mon tombeau, je viendrais le maudire ».

(Emile Péhant, Jeanne de Belleville, Tome II, pages 37 à 47).

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