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DOCUMENTS MILITAIRES CONCERNANT CONCARNEAU |
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L'histoire est une science exacte. Celui qui s'y adonne ne doit rien avancer sans s'appuyer sur des documents authentiques, il doit donc avant de se mettre au travail se livrer à une investigation de textes longue et minutieuse. J'ai cru que j'intéresserai les personnes qui s'occupent du passé de la petite ville de Concarneau, en mettant à leur disposition des pièces que je conserve dans mes archives.
Les deux premières font connaître l'état de la garnison de cette place forte au surlendemain des Guerres de la Ligue.
La troisième décrit les défenses de cette partie de la côte bretonne, en 1770. Ce n'est qu'un extrait d'un long mémoire militaire, remis à la Cour à cette époque par M. de la Rozière, mémoire dans lequel on exposait tout le détail des fortifications, redoutes, batteries, établies sur la côte bretonne, et les travaux utiles à exécuter. Il résulte de ce travail que la province était défendue du côté de la mer par 1.054 canons et 27 mortiers. La capitainerie garde-côte de Quimper était attachée au service des batteries de « 1° l'Isle Tudy, 2 canons de 8 pouces ; 2° Combrit, 2 canons de 8 pouces ; 3° Benodet, 3 canons de 8 pouces ; 4° Becineilles, 2 canons de 22 pouces ; 5° Buzec-Conq, 2 canons de 22 pouces ; 6° Lacroix, 2 canons de 16 pouces ; 7° Concarneau, 4 canons de 8 pouces ; 8° Cap Belou, 4 canons de 22 pouces ; 9° Trévignon, 3 canons de 8 pouces ; 10° les Isles des Glénans, 8 canons de différents calibres ».
La description de cette partie de la côte et des îles, comportant un nombre de feuillets trop considérable, j'ai extrait seulement ce qui a trait au voisinage immédiat de Concarneau.
Garnison de Concarneau en 1601 et 1603.
1601. - Aujourdhuy vingt septiesme jour de novembre l'an mil six cens ung, en la presence de moy Jehan le Fuzelier conseiller du Roy secretaire et controlleur général des guerres en la province et gouvernement de Bretagne, sont comparuz suyvant la pnt.. (aon) qui nous en a esté faicte par Helye de Jan dit la Cappe sergent commendant en l'absence du Sr. de Lezonnet en la ville de Concquarneau les vingt hommes de guerre à pied Françoys, desnommez cy après, estans en garnison pour le service du Roy en lad. ville, commandez par led. sergent sa personne comprise aud. nombre ; présent et assistant à ce noble homme Christophle de Kerbleizec sr. de Ker... sennechal dud. Concquarneau ; desquelz gens de guerre les noms et surnoms ensuyvent. Premièrement Helye de Jan dict la Cappe, sergent. Soldatz : Michel Le Loup, Jan de la Garde, Jehan Merle, Guillaume Le Gac, Jan Guillou, Jan Le Guimou lesné, Yvon Le Menec, Henry Toullerastel, Martin Saliou, Jan Guimou le jeune, Jean Bourgoing, Gilles Le Roy, Pierre Guernevel, Gilles Le Cocq, Guenolay Michel, Pierre Landré, Gaspart Bellengin, Francisque Fernande, Jullien Bricq. (Nombre vingt).
Tous lesquelz dessus nommez, nous controlleur général des guerres susd. et soubzsigné après les avoir veuz et visitez et iceulx trouvez en equippage requis pour rendre service au Roy en lad. ville de Concquarneau pour la garde et conservation d'icelle, d'eux prins le serment en ce cas requis, avons ordonné payement leur estre faict de leurs gaiges soldes estatz et app… (mens) de six moys non speciffiez de la présente année suivant l'estat de sa Ma..(té) du vingt troiziesme aoust dernier montans à la somme de cinq cens six escuz sol, et ce aux app.. (mens) qui ensuyvent qui sont : scavoir pour led.. sergent VIII escuz 1/3 et pour chacun des dix-neuf soldatz IIII escuz 1/3 revenans lesdites sommes à IIIIxx IIIIescuz 1/3 par moys et peur lesd. six moys à la susd. première somme de cinq cens six escuz sol laquelle leur a esté payée baillée et délivrée comptant par M. Jan Charon Conseiller du Roy tresorier général de l’ex .. (ce) des guerres et M. Jan Fabry tresorier-provincial d'icelles aud. pays par les mains de leur commis en lad. province dont ils se sont tenuz en ma presance pour contans et bien payez et en ont quicté et quictent lesd. tresoriers et tous autres qu'il appartiendra. En tesmoing de quoy nous avons signé le présent acte et certificat et faict signer aud. de Kerbleizec sennechal susd. pour leur servir d'acquict de lad. somme de Vc VI escuz à la reddition de leurs comptes et partout ailleurs ou besoing sera. Faict les jour et an que dessus. LE FUZELIER ; DE KERBLEIZEC, sennechal ; ELIE DE JAN.
1603. - (Aujourdhuy) troisiesme jour de Novembre l'an mil six cens troys, en la presence de Nous.... commissaire ordinaire des guerres et Jehan Le Fuzelier conseiller du Roy conterolleur ordinaire dicelles..... au pays duché et gouvernement de Bretagne soubzsignez, sont comparut les gens de guerre cy après nommez, au nombre de vingt, tenans garnison en la ville de Concquarneau, commandez par ung sergent soubz le sr. de Lezonnet gouverneur dud. Lieu, suyvant la presentation qui nous a esté faicte par Helye de Jan, sr. de la Cappe lieutenant dudit sr. de Lezonnet en lad. ville, desquelz soldatz et gens de guerre les noms et surnoms ensuyvent. Premièrement Denis Chenne dit la Trompe, sergent. Soldatz : Jehan Guillou, Jehan Le Merle, Pierre Landré, Marceau Riche, Martin Saliou, Yvon Le Mener, Gilles Le Coz, Jan Moreau, Gaspart Valancrye, Guenolay Michel, Francisque Ferrare, Guillaume Faubre, Guillaume Le Gac, Jan Bourgongne, Pierre Kernevé, Jan Le Dilaser, Laurens Le Durant, Françoys Cayer, Thomas Marquet. (Nombre vingt).
Tous lesquelz dessus nommez nous commissaire et conterolleur ordinaires des guerres susd. après avoir veuz et visitez entre les deulx portes de lad. ville ou ilz nous ont esté p..(ntez) par led. Helye de Jan, sr. de la Cappe lieuten., en presence dud. sr. de Lezonnet gouverneur, estans en equippage requis pour randre service au Roy à la garde et conservation de lad. ville, et d'eux prins le serment en cas requis et acoustumé, avons ordonné payement leur estre faict de la somme de quinze cens dix huict livres tournoys pour leurs gaiges soldes et app..(mentz) de six moys non speciffiez. de la présente année suyvant l'estat de Sa M.. (té) du vingt uniesme decembre dernier et ce aux app… (mentz) que ensuyvent : scavoir aud. sergent XXV l (livres) et, pour chacun des dix neuf soldatz XII l. ; II c. XXVIII l. revenans lesd. sommes ensemble par moys à II c. LIII livres tournois, et pour lesd. six moys à lad. première somme de XV c. XVIII livres tournois, laquelle leur a esté payée baillée et delivrée par M. Jan Charon conseiller du Roy et tresorier général de l’ex.. (ce) des guerres par les mains des commis de M. Jan Fabry tresorier provincial d'icelles audit pays, dont ilz se sont tenuz pour contans et bien payez et en ont quicté et quictent lesd. Charon, Fabry et tous aultres. En tesmoing de quoy Nous avons signé le présent acte et certificat et faict signer aud. Helye de Jan sr. de la Cappe pour leur servir d'acquit du payement de lad. Somme de XV c. XVIII livres tournois à la reddition de leurs comptes et partout ailleurs ainsy qu'il appartiendra. Faict audit Concquarneauu les jour et an que dessus. DEPLAYS, LE FUZELIER, ELlE DE JAN.
Défense de la Côte de Concarneau, en 1770.
Pointe de Trevignon. — La pointe de Trevignon est à deux lieues un quart au sud-est de celle de Becineilles. Il n'y a en-dedans de cette distance que la baie de la Forêt et le port de Concarneau qui soient de quelques considérations.
Baie de La Forêt. — La pointe de Belou qui est à trois quarts de lieue à l'ouest de celle de Becineilles forme avec cette dernière l'ouverture de la baie de La Forêt, dont la profondeur est d'une petite lieue ; et où l'on assure que le mouillage est bon. Cette baie où se fait la pêche de Concarneau a, au nord, quatre havres qui remontent à un quart de lieue dans les terres et dont l'un aboutit au village de La Forêt qui lui donne son nom. Elle est défendue à l'ouest par la batterie de Becineilles, armée de 2 canons ; à l'est par celle de Belou qui a 4 canons, et intérieurement par celle de Buzec, armée de 2 canons.
Port de Concarneau. — Le port de Concarneau est à une lieue au nord de la pointe de Belou. L'entrée en est difficile à cause des rochers qu'il faut éviter et de son peu de largeur qui occasionne, ainsi que ces derniers, un courant très fort : mais les navires y sont assez bien. La partie de l'ouest assèche ; celle de l'est est un canal où il reste de basse mer quatre à cinq brasses d'eau, et où deux ou trois frégates au plus pourraient mouiller. Il y a en avant une petite rade couverte par les rochers. On a vu à Concarneau pendant la dernière guerre, plus de 200 navires tant du Roi que marchands en relâche.
La ville est une ancienne forteresse d'une figure irrégulière, placée au milieu de l'anse qui forme le port, dont on feroit au besoin un assés bon poste. Il y a à l'ouest un fauxbourg bordé de quais de maçonnerie d'où l'on communique à la ville par une chaussée et un pont-levis. Le commerce de Concarneau est principalement la sardine, on y compte pour cette pêche plus de 250 barques ou batteaux. Le port et la rade sont deffendus par la batterie de Buzec, celle de la pointe de la Croix, celle du Fer-à-cheval établie sur une des tours de l'enceinte de la ville, ensemble de 8 canons, et par une partie de celle de Belou. Concarneau est à quatre lieues et demie de Quimper, et à onze de Lorient.
Nature de la côte entre les pointes de Becineilles et de Trevignon. — Observations. La côte comprise entre la pointe de Becineilles et celle de Trevignon est presque partout de basses falaises bordées de rochers mêlés de sable, mais qui ne la rendent pas inabordable. Cette partie mérite attention à cause de la grande pêche qui se fait à Concarneau, des mouillages qui s'y trouvent et de la proximité de Quimper.
Les corps de gardes sont sur les pointes de Logament et de Bechazgazec et les signaux se font à celle de Belou, de Bechazgazec et de Trevignon. Il y a sur cette dernière une batterie de trois canons établie pour la protection de la pêche et du cabotage.
Remarques sur le pays qui s'étend depuis la rivière de Châteaulin jusqu'à celle d'Hennebon (Hennebont). — Les productions du pays qui s'étend depuis la rivière de Châteaulin jusqu'à celle d'Hennebon sont le bled, les fruits, les légumes, le foin, les pâturages, etc. On y fait surtout dans la partie gauche qui n'est pas la mieux cultivée, ni la mieux peuplée, beaucoup de toiles à voiles. Quimper et Quimperlé sont des cantons à chevaux et à bestiaux. La pêche, le cabotage et le commerce des Indes sont trois objets de la plus grande ressource pour tout ce pays (Alain Raison du Cleuziou).
Histoire militaire.
L'auteur des Essais sur Concarneau place, nous l'avons vu, à l'année 692, la fondation de Conc par Concar. Il est tout naturel qu'il commence à cette date l'histoire militaire de la ville. Il enregistre cinq sièges avant celui de 1373.
Dès 693, c'est Grallon II, cousin et adversaire malheureux de Concar qui vient, mais inutilement, assiéger Conc. — Onze ans plus tard (704), c'est Daniel, fils et successeur de Grallon, qui assiège Conc ; mais sans plus de succès que son père. — En 747, viennent les Normands qui sont repoussés. — En 799, Conc est pris pour la première fois par « les Français ». Ils en restent maîtres pendant dix ans, mais enfin « les princes bretons » les chassent, 809.
Conc est, à ce qu'il paraît, en paix pendant quatre siècles et demi. « En 1240, Hervé, comte de Léon, en guerre avec le duc de Bretagne, l'assiège, mais en vain ».
Il est bien vrai qu'en 1240, Hervé III, vicomte et non comte de Léon, était en guerre avec le duc Jean Ier, dit Le Roux. Cette année même, « les Léonnais, dit un chroniqueur, brûlèrent le château de Quimperlé ». Ces Léonnais ne partaient assurément pas du Léon. Ils avaient seulement passé la rivière d'Ellé qui séparait la ville du fief de Kemenet-Héboi, appartenant au vicomte [Note : Un fief de 23 paroisses entre l'Ellé et le Scorff, divisé au XIIIème siècle en trois seigneuries : La Roche-Moisan, bordant la rive gauche de l'Ellé ; Pont-callec au Nord-Est ; les fiefs de Léon, chef-lieu Treisfaven (aujourd'hui Tréfaven), qui a servi de poudrière à Lorient. Géog. Féodale, p. 108-111]. Mais le chroniqueur ne dit rien de Conc.
Du reste, Hervé III mourut presque aussitôt. Son fils n'était pas disposé à continuer la guerre ; le duc Jean le Roux, le plus grand manieur d'argent de son temps, au lieu de conquérir la paix, aima mieux la faire acheter, et très cher : le prix, débattu pendant 19 ans, fut enfin, en septembre 1260, fixé à 10.000 livres, plus de un million de notre monnaie en 1908 [Note : Sur ce point, La Borderie, Hist., III, p. 343-344. — Morice, Pr., I, 979. — 1.130.000 francs selon l'évaluation de Leber (1845), un peu faible aujourd'hui].
Ainsi, ce siège de Concarneau n'est pas historique. L'histoire militaire de la place ne commence que 110 ans plus tard, au milieu des guerres de la Succession de Bretagne.
Voir aussi "Histoire militaire de Concarneau au XIVème siècle."
Voir aussi "Histoire militaire de Concarneau au XVème siècle."
Voir aussi "Histoire militaire de Concarneau au XVIème siècle."
Voir aussi "Histoire militaire de Concarneau au XVIIème siècle."
Voir aussi "Histoire militaire de Concarneau aux XVIIIème et XIXème siècles."
Voir aussi "Les derniers gouverneurs de Concarneau."
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