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LA CONFRERIE de SAINT-YVES à PARIS et sa CHAPELLE

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AVANT-PROPOS 

Aperçu des relations du clergé et du peuple breton avec la France au moyen-âge.

Si les historiens bretons ont soigneusement étudié la politique suivie par les ducs de Bretagne vis-à-vis de la couronne de France et mentionné les combats auxquels la noblesse bretonne prit part sous l'étendard royal (Note : Encore cette étude n'a-t-elle été que très sommaire. De La Borderie ne fait aucune mention, par exemple, des contingents bretons, qui, sous les ordres de Conan III, vinrent soutenir Louis VI dans sa lutte contre le comte d'Auvergne en 1122 et 1126), ils ont, par contre, négligé à peu près complètement l'étude, si importante par ses répercussions, des relations qu'entretenaient au moyen âge le clergé et le peuple breton avec les autres provinces françaises. 

De nos jours, certains publicistes ont écrit, à ce sujet, qu'isolés dans leur presqu'île, les Bretons, avant leur rattachement à la France, ne recevaient rien d'elle et ne lui fournissaient que des soldats. Malgré le but manifeste de ces auteurs, il leur était évidemment impossible de supprimer les connétables Du Guesclin, Clisson et de Richemont, les maréchaux et amiraux, les grands. maîtres, les grands écuyers donnés à la France par la Bretagne (Note : Voir la liste, assez incomplète d'ailleurs, dans l'Armorial de Pol de Courcy Rennes 1890, T III, p. 312 et suivantes). 

De telles assertions dénotent ou une ignorance absolue des faits, ou une partialité indigne de l'historien. 

Faut il rappeler, en effet, qu'après l'invasion normande, c'est aux grandes abbayes de Touraine, d'Anjou et de Normandie que les princes breton s'adressèrent au Xème siècle pour relever de leurs ruines les églises et les monastères, et organiser les bourgs auprès de leurs châteaux féodaux. Il s'en suivit d'incessants rapports entre ces établissements et leurs abbayes mères, et celles-ci ne dédaignèrent pas de choisir maintes fois leurs abbés parmi les Bretons, ainsi qu'on peut aisément s'en convaincre en parcourant les listes abbatiales des divers monastères, Marmoutiers par exemple (Note : Les listes abbatiales de Marmoutiers indiquent entre autres au XIIème siècle : 1114-1120 Guillelmus Brito de Combour ancien archidiacre de Rennes ; en 1155-1169 Robertus de Mogueri, brito ; Fuit vitae laudabilis, perfecit coquinam et claustrum infirmorum ; en 1187 Gaufridus ; Erat natione britonis Bibliothèque Nationale, f. fr. 22322, fol 379 et suiv.). Réciproquement, ces abbayes fournirent à la Bretagne de nombreux prélats qui facilitèrent beaucoup les rapports des prieurés avec le clergé séculier (Note : Entre autres Marbode, ancien scholastique d'Angers qui devint évêque de Rennes 1096-1123 ; Etienne, moine de Saint-Florent de Saumur qui occupa le même siège 1156-1166 ; Baudry, évêque de Dol, etc..). 

D'autre part, les évêques bretons entretinrent naturellement avec les autres suffragants de la province de Tours de fréquentes relations à l'occasion soit de consécrations de nouveaux élus (Note : Voir l'extrait du trésor de Saint-Gatien de Tours - Bibliothèque Nationale f. fr. 22322, fol 11 et suiv.), soit de dédicaces d'édifices (Note : En 1072, par exemple Quiriace, évêque de Nantes, est présent à la dédicace de Saint-Sauveur d'Angers), soit de translations de corps saints (Note : En 1159, Bernard, évêque de Nantes et Etienne, évêque de Rennes assistent à Saumur à la translation du corps de saint Florent) ; et il suffit, pour en avoir la preuve, d'ouvrir les vieux cartulaires tourangeaux, angevins et manceaux. Celui de la cathédrale du Mans, par exemple, nous montre au XIIème siècle Marbode, évêque de Rennes, présent le 25 avril 1120 à la dédicace de l'édifice et consacrant l'autel du transept méridional en l'honneur de saint Pierre et saint Paul ; puis, quelques années plus tard, après l'incendie de 1134, son successeur Hamelin assistant avec Donoald, évêque de Saint Malo, à la translation du corps de saint Julien retiré de la cathédrale pendant le sinistre ; enfin, en 1158, après la restauration de l'édifice par Hugues de Saint Calais et Guillaume de Passavant, presque tout l'épiscopat breton assistant à la consécration, et groupé autour de l'archevêque de Tours, Josce, breton, et ancien évêque de Saint-Brieuc.

Ces relations s'étendaient également en dehors de la province de Tours ; et, si elles furent plus suivies avec les provinces de Normandie, de Bordeaux Poitiers et de Sens, Chartre, Orléans et Paris , l'on peut dire qu'elles s'étendaient à la France entière à l'occasion soit des conciles, des voyages à Rome (Note : Voyages très fréquents, notamment à l'époque du schisme de l'église bretonne. Voir les plaidoyers de Dol et de Tours Bibliothèque Nationale, f. fr. 2322), des pèlerinages, enfin des missions pontificales ou ducales. C'est ainsi que nous voyons, par exemple, Mabbon, évêque de Saint Pol de Léon, et Nodoard, évêque de Rennes, signer à Chartres en 954 la restitution à l'abbaye de Saint-Père de ses anciennes possessions par l'évêque Regenfroy ; en 1032, Junkenée, archevêque de Dol, et Garin, évêque de Rennes, témoins de la restitution à Marmoutiers par le comte de Blois de l'église de Chouzy ; en 1050, Main, évêque. de Rennes, assister au synode romain ; en 1056, Martin, d'Aleth, assister au concile de Châlons ; en 1067, Warech, évêque de Nantes, et Mainguy, évêque de Vannes, présents à la restitution de leurs biens aux moines de Saint-Florent de Saumur.

Il nous paraît inutile de multiplier les exemples de ces relations dont la conséquence fut, entre autres, l'empreinte exercée sur l'architecture religieuse bretonne par les grands édifices poitevins, normands et angevins.

Faut-il rappeler d'autre part combien les écoles (Note : On sait que jusqu'à la fin du XIème siècle, la Bretagne n'eut pas d'écoles et que Robert d'Arbrissel, entre autres, dut s'expatrier en France. Voir Léan Maître : Les écoles épiscopale et monastiques en Occident avant les Universités), et plus tard les universités françaises contribuèrent à la formation de l'élite bretonne et combien les clercs de Bretagne, tant réguliers que séculiers, vinrent en nombre à Paris, à Orléans, à Angers, suivre les leçons des professeurs réputés et y enseigner à leur tour. Les rôles anciens de l'Université de Paris en particulier, comprennent un contingent breton fort important, tant d'étudiants que de docteurs et régents. 

Beaucoup d'entre eux accédèrent à de très hautes charges ou furent revêtus d'importantes dignités. Rappelons au hasard que Robert de Vitré, fils cadet d'autre Robert et d'Emma de Dinan devint chantre, puis grand-chantre de Notre-Dame de Paris, à la fin du XIIème siècle et fut même désigné pour l'épiscopat par une partie du chapitre ; que Thomas de Pouancé, futur évêque de Dol, fut conseiller de Philippe Le Hardi ; que Geffroy du Plessix Balisson fut secrétaire du roi Philippe Le Long ; que Jean de Guiscriff fut médecin de Charles V et Evrart de Tremaugon conseiller de ce roi et maître des requêtes de son hôtel ; qu'Yves Derrien fut conseiller de Charles VI (Note : Yves Derrien fonda en l'église Saint-Jean de Grève une chapelle en l'honneur de la Vierge, de Sainte Marguerite et de Saint Yves l'an 1385) ; Galeran de Penderf, chantre de Notre-Dame ; Philippe de Coetquis, directeur des petites écoles, etc., etc... 

Plusieurs d'entre eux, désirant faciliter leurs études à leurs compatriotes moins fortunés fondèrent à Paris à leur intention, dès le début du XIVème siècle, des bourses qui furent comme l'on sait l'origine des collèges de Cornouaille, du Plessix, de Tréguier et de Léon, fondations auxquelles se rattachent les noms de Galeran Nicolaï et de Jean de Guiscriff, de Geffroy du Plessix-Balisson, de Guillaume de Coatmohan et d'Olivier Doniou, enfin d'Eon de Kerambarz. 

Paris n'était d'ailleurs pas le seul centre d'attraction et, ainsi que nous venons de le dire, les clercs bretons fréquentaient également les écoles d'Orléans comme en témoigne, entre autres, le procèse de canonisation de saint Yves (Note : Voir également à ce sujet : L. Delisle : Le formulaire de Tréguier et les écoliers bretons des écoles d'Orléans au commencement du XIVème siècle dans : Mémoires de la Société Archéologique et Historique de l'Orléana s, T XXIII, p. 40-64) et celles d'Angers où la colonie bretonne fonda en 1364 une fête de Saint-Yves perpétuée à l'Université de cette ville après sa fondation en 1396 ; et, en 1379 la chapellenie de Saint-Yves de Frvaux, dans la cathédrale. 

Nombreux furent également les laïques bretons qui vinrent en France chercher fortune ; et les qualificatifs de Brito, le Breton, de Bretagne, et d'Armorique (Note : Par exemple Guillaume Le Breton, l'historien de Philippe Auguste dit dans les textes Guillelmus Brito, Armoricus), que l'on rencontre souvent dans les vieilles chartes, ne laissent aucun doute à cet égard [Note : Le cartulaire de Saint Nicolas d'Angers indique par exemple que Buhardus ; Brito, désespéré de la mort de son seigneur Geffroy Martel, donna son île (aujourd'hui Behuard) à l'abbaye de Saint-Nicolas, île cédée, en mars 1481, à Louis XI, qui y fonda un collège de chanoines].

Parfois ils émigrèrent en groupe, et les noms de Bretonnière ou Bretonnerie permettent de retrouver leurs lieux de rassemblement (Note : Au Mans, par exemple, l'évêque Guillaume de Passavant 1145 à 1187 achète, dans la rue de la Bretonnière, des vignes qu'il fit arracher et des maisons qu'il fit démolir, afin d'offrir un emplacement aux moines de Marmoutiers pour qu'ils puissent y avoir une demeure, origine du prieuré de Saint Martin abbés Busson et Leduc : Actus Pontificum Cenomannis in urbe degentium. Fol. 467 Le Mans 1902. Notons également que la rue de la Bretonnerie existe encore de nos jours à Orléans). M. Lucien Merlet a retracé la curieuse histoire de l'une de ces colonies fondée à Chartres par les Bretons qui accompagnèrent la duchesse Berthe dans sa retraite après la mort de son fils Conan (11 décembre 1066). Ils reçurent d'elle une maison fortifiée, construite à leur intention derrière l'Aumone ou Hôpital Notre Dame et "clouce des fosez Sainte-Foi" ; puis, la colonie se développant, ils occupèrent toute une rue descendant de la cathédrale à la rue des Ecuyers, rue qui prit leur nom suivant le livre des miracles de Notre-Dame : D'une rue ont la baillie - Qui a nom la Bretonnerie (L. Merlet : Une colonie de Bretons à Chartres : Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, Avril 1892, pp. 235-251). 

La topographie parisienne a conservé, de nos jours encore, les traces ou le souvenir de l'importance de la colonie bretonne au moyen âge. Sur la rive gauche, si le percement de la rue Soufflot a fait disparaître les deux vielles rues de la grande et de la petite Bretonnerie, l'on peut cependant en reconnaître un vestige dans le décrochement de quelques immeubles entre la place du Panthéon et la rue Saint-Jacques. Ces deux voies, dont la première se nommait jadis du Puits des Bretons, puis des Bretons, enclavaient un petit fief près de la porte Saint-Jacques qui prit le nom de fief de la Bretonnerie et fut, suivant Sauval, inféodé dès l'an 1229 par le roi Philippe II. Celui-ci en investit Thibaut de Chartres dont les héritiers le cédèrent à leur tour à l'abbaye de Longchamp (Note : Notons en passant que dans cette dernière abbaye plusieurs religieuses appartenaient à l'aristocratie bretonne. Philippe de Vitré, notamment, fille du seigneur de Laval, fut en 1260 l'une des premières).

Sur la rive droite, outre le monastère de Saint-Magloire dont le patronage rappelait l'accueil empressé et non désintéressé d'ailleurs, réservé par le roi de France aux moines bretons fuyant avec leurs reliques sacrées l'invasion normande, la cour actuelle du Carrousel était dite au moyen âge la Petite Bretagne du nom de l'hôtel qu'y possédaient les ducs et qui fut cédé en 1428 par Jean V aux chanoines de Saint-Thomas du Louvre.

Plus loin, dans le quartier de Saint-Merri, la rue actuelle Sainte-Croix de la Bretonnerie rappelle également le souvenir d'une rue qui dès le XIIIème siècle portait le nom de Bretonnerie et dans laquelle saint Louis fonda entre 1254 et 1258 un couvent pour les frères de la Sainte-Croix. Elle prit concurremment, à la fin du XIIIème siècle, le nom de rue du Champs-aux-Bretons dont Saint-Foix nous rapporte l'origine. Il n'y avait, écrit-il, dans ce quartier que quelques maisons éparses dans l'une desquelles vint séjourner Renaud de Bréhant, vicomte de Pondouvre et de l'Isle, chargé de mission secrète avec l'Angleterre. Un jour, il eut à soutenir avec son chapelain et son domestique l'attaque de cinq Anglais dont trois restèrent morts dans son verger qui garda depuis le nom de Champ-aux-Bretons (Note : Par contre, la rue de Bretagne n'indique aucun lieu de séjour des Bretons. Elle doit son nom à un projet du roi Henry IV qui voulut en 608, édifier, du côté de la culture du Temple, une vaste place semi-circulaire, la place de France d'où rayonneraient des rues portants le nom de provinces du royaume, projet commencé par l'entrepreneur Pigou, mais que la mort d'Henry IV arrêta). 

Outre la topographie, les cartulaires des couvents, paroisses et confréries viennent confirmer, par les nombreuses fondations mentionnées et l'indication des sépultures qui lui furent concédées, l'importance de la colonie bretonne qui avait même un confesseur de sa langue à l'Hôtel-Dieu.

Nous citerons au hasard Alain de Bretagne, maître d'hôtel en 1285 ; Galeran de Bretagne, échanson du roi et concierge, c'est-à-dire gouverneur du Palais Royal, qui fonda avec Pétronille, sa femme, en l'église des Jacobins. une chapelle sous le patronage de Saint-Louis de Marseille ; Raoul de Bretagne, proviseur de la Sorbonne ; Yves Simon, secrétaire du roi Jean Le Bon, qui, avec sa femme, dota la première chapellenie de l'église Saint-Yves ; Louis du Chastel, grand écuyer du roi de France, qui trépassa le 18 juin 1326 et fut inhumé au couvent des Grands Augustins, sans doute de cette grande famille qui donna plus tard à la France le fameux Tanneguy, prévôt de Paris ; Guillaume pannetier de Chattes VII, décédé en 1441 ; et autre Tanneguy, également grand écuyer du roi. 

De nombreux artisans sont également mentionnés, témoin Galleran de Bretagne, porteur, et Orenge sa femme habitants en 1260, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie ; Jean de Bretagne, l'un des maîtres carriers de Notre-Dame-des-Champs au XIVème siècle ; Yves de Bretagne, tisserand en Saint-Germain-l'Auxerrois, etc...

De toutes ces fondations de la colonie bretonne la plus impor­tante était sans conteste la chapelle élevée par la confrérie de Saint Yves en plein quartier des Ecoles, non loin des rues du Feurre et du Clos-Bruneau, où, moins d'un siècle auparavant, Yves Hélory, attiré comme tant d'autres par le prestige de l'Université de Paris, était venu y apprendre tout d'abord la logique et les arts, puis la scholastique, la théologie et le droit canon (Note : Rappelons que saint Yves suivit son maître Jean de Kergoz à Paris où il arriva en 1267 à l'âge de 14 ans. Il y séjourna dix ans et se rendit ensuite à Orléans pour écouter les leçons de Pierre de La Chapelle sur les Institutes et de Pierre de Blaye sur les décrétales). 

Certes, du point de vue archéologique, l'édifice ne présentait lors de sa destruction, à la fin du XVIIIème siècle, que peu d'intérêt, en dehors de trois statues anciennes qui décoraient son portail et de quelques tombes sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir ; mais que de souvenirs se rattachaient à cet humble sanctuaire qui vit s'assembler pendant plus de quatre siècles les Bretons de Paris et les Parisiens dévots de Saint-Yves 

Nous allons tenter d'évoquer très brièvement la vie de cette confrérie et d'indiquer, d'après les comptes qui nous sont parvenus, les divers travaux exécutés dans la chapelle jusqu'à sa disparition.

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Fondation de la Confrérie de Saint-Yves, ses statuts 

Peu après la canonisation de saint Yves, célébrée en grande solennité par Clément VI, le 19 mai 1347, des habitants de Paris, originaires pour la plupart de la province de Tours et principalement de Bretagne, résolurent de fonder une confrérie de dévotion en l'honneur du nouveau saint et de lui élever une chapelle, projet qui fut approuvé par l'évêque Foulques de Chanac par lettres du lundi après l'Assomption 1348 (Note : Approbation publiée par du Breul, p 586 et Ropartz p p. 3 3 et suivantes). 

En attendant de pouvoir entreprendre la construction du sanctuaire, les confrères tinrent leurs premières réunions en l'église Saint-Nicolas du Chardonnet où ils placèrent une statue de leur saint patron ; et l'évêque, par lettres du lundi avant la Toussaint, octroya quarante jours d'indulgence, le jour de la fête Saint-Yves et pendant l'octave, à ceux qui assisteraient à la messe dans cette église ou la visiteraient. Enfin les statuts de la confrérie furent approuvés par le même prélat le mardi après la Nativité de cette même année 1348. 

Ces statuts, qui fort heureusement nous ont été conservés (Note : La copie des statuts originaux rédigés en latin existe ainsi qu'une traduction ancienne aux archives nationales : A N. — LL 963 J. Voir ANNEXE I) réglaient avec minutie les offices et leur pompe, ainsi que l'administration de la confrérie. 

Ils prévoyaient, pour veiller à leur observation, l'élection d'un abbé ou maître spirituel et de quatre administrateurs laïques ou proviseurs, élus tous les trois ans et renouvelables par moitié, les deux plus anciens en même temps que l'abbé. 

Le maître spirituel, ainsi que son titre l'indiquait, devait surveiller la célébration, par le vicaire attaché à la confrérie, des offices auxquels tous les confrères étaient d'ailleurs tenus d'assister sous peine d'amende : messe le dimanche, les jours de fêtes doubles, services pour les membres défunts, vêpres solennelles, la vigile et la fête de Saint-Yves (Note : La fête de saint Yves était célébrée en grande solennité comme l'indiquent les règlements de la chapelle édictés dans la suite : la veille, à deux heures et demie, vêpres et complies ; puis, à quatre heures, matines et vêpres solennelles, les le jour de la fête, à sept heures et demie, prime et messe basse au grand autel avec exposition du Saint Sacrement ; à dix heures, tierce grand'messe solennelle et sixte ; à deux heures et demie, prédication, nones, vêpres et complies ; à six heures, salut solennel avec oraison, Magnificat, De Profundis, puis sonnerie du Pardon. Le lendemain matin, à neuf heures, laudes, recommandations, grand'messe et prières pour les confrères et leurs bienfaiteurs. Le jour de la Saint Yves, l'on prononçait le panégyrique du saint ; et les comptes de 1760, par exemple, indiquent que le père Elizée, carme déchaussé, reçut, pour ce, 24 livres).

Plus tard, il dut s'assurer également de la stricte exécution, par les chapelains, des fondations diverses desservies en la chapelle. En outre, l'abbé présidait les réunions des confrères et devait assister le plus souvent possible au service divin, notamment aux quatre grandes fêtes, aux cinq fêtes de la Vierge, et obligatoirement aux offices de la fête de Saint-Yves et de sa translation. 

Il ne semble pas qu'au cours des siècles les abbés aient d'ailleurs rencontré la moindre difficulté dans l'accomplissement de leurs fonctions. 

Il n'en fut pas de même des proviseurs et plus spécialement de l'administrateur en charge à qui incombait le soin de gérer les biens de la confrérie, de pourvoir à sa bonne marche et aux convocations des confrères. 

Certes, au début, il n'était pas très absorbé par ses fonctions ; car, en dehors de la rédaction du procès-verbal des réunions, d'ailleurs peu fréquentes, et de la tenue des comptes, sa principale préoccupation consistait à organiser le repas des confrères le dimanche suivant la Saint-Yves. 

Les administrateurs y apportaient tous leurs soins, comme l'on peut en juger par les menus qui nous sont parvenus : coquillages, poisson de mer, poisson d'eau douce, volaille rôtie, pâté et dessert, le tout arrosé de vin généreux. Dans les premières années du XVème siècle, le banquet avait lieu à l'hôtel des Ducs de Bretagne, orné pour la circonstance des tapisseries de l'hôtel Saint Pol que le roi prêtait le jour de la Saint-Yves pour décorer la chapelle, et des ménestrels y donnaient l'aubade. 

Les comptes étaient eux-mêmes fort simples, les recettes consistant uniquement dans le produit des quêtes, l'argent recueilli dans les troncs et les dons des confrères ; les dépenses dans les honoraires du vicaire et du bedeau, l'achat des cierges et l'entretien des ornements. 

Mais, peu à peu, les legs faits à la confrérie vinrent singulièrement compliquer les fonctions de l'administrateur en charge avec la soutenance de tous les procès qu'ils entraînèrent, soit pour entrer en leur possession, soit pour la perception des revenus, soit enfin avec les locataires des immeubles ou les propriétaires mitoyens. 

Au début du XVIème siècle, la confrérie possédait en effet, ainsi que nous le verrons, trois immeubles : une maison, Grande-Rue Saint-Jacques, touchant d'une part à la chapelle et d'autre part à la maison des abbés et religieux du couvent de Saint-Jean-des-Vignes-de-Soissons (Note : Maison achetée de Pierre Le Roy, le 2 septembre 1407 moyennant 250 écus d'or à la couronne "du coing du Roy" valant XVII sous pièce. Elle fut démolie au début du XVIIème siècle et reconstruite plus tard à deux corps de bâtiments) ; une autre, rue Galande, « à l'enseigne du Petit Cerf », ayant issue rue du Plâtre et attenante au collège de Cornouailles (Note : Maison chargée d'une rente de 5 sols 5 deniers envers le seigneur de Saint Aignan. Elle provenait du legs Aspery à la fin du XVème siècle) ; enfin une troisième, proche la chapelle, rue des Noyers, « à l'image de saint Etienne » et plus tard « à l'enseigne du Dauphin » avec représentation de saint Yves sur la porte(Note : Maison provenant du legs d'Hervé Kerasquer en 1477). 

C'étaient encore les seules lors d'une déclaration des administrateurs, le18 mars 1583, et elles appartenaient toujours à la confrérie en 1793 (Note : Compte de M. Caillau de Courcelles, administrateur, pour 1791-1792 - A. N. H. 4699).

Rien n'est pittoresque comme de suivre à travers les comptes la vie de ces trois masures en pans de bois qui, neuves ou presque à l'époque où elles furent léguées à la confrérie, perdaient leurs chevilles et fléchissaient de toutes parts lorsque la Révolution survint. C'est que, faute d'argent, elles avaient été, malgré les soins des administrateurs, entretenues plutôt sommairement ; et souvent, en attendant les jours meilleurs, se contentait-on d'étayer leurs escaliers lorsqu'ils étaient trop vermoulus ou leur façade lorsque le lieutenant de police la jugeait trop dangereuse pour les passants. 

Les locataires ne sont pas moins intéressants. De petits commerçants y avaient pignon sur rue : maître verrier, pâtissiers, parfumeurs ; quant aux logements sur l'arrière, ils étaient habités par des individus sans professions définies, apitoyant souvent les confrères sur leurs situations précaires pour ne payer qu'un modique loyer, ou même essayant de déménager à la cloche de bois, ce qui obligeait à une grande vigilance les administrateurs en charge soucieux de leurs responsabilités (Note : Par exemple en janvier 1768). Parfois des étudiants y logeaient qui n'étaient guère meilleurs payeurs, témoin deux apprentis chirurgiens qui déguerpirent le 18 juin 1787 ne laissant dans leur chambre qu'un cadavre en putréfaction que les confrères durent faire inhumer à leurs frais à Clamart. 

Quoiqu'il en soit, ces statuts de 1348 furent observés assez régulièrement jusqu'à la Révolution sauf la durée du mandat de l'abbé et de l'administrateur en charge. 

Peu à peu, en effet, les privilèges de la confrérie eurent besoin d'être défendus contre la rapacité des agents du roi, et la gestion de ces modestes biens devint, ainsi que nous venons de l'exposer brièvement, assez laborieuse ; aussi les confrères, en gens pratiques, jugèrent qu'il n'était pas inutile d'avoir de puissants protecteurs à la cour, d'où le choix des abbés, et d'habiles procéduriers, d'où le choix des premiers administrateurs, recrutés généralement parmi les membres influents du Parlement (Note : Nous voyons cependant certaines dérogations à cette règle, par exemple Pierre Besnard, chirurgien de longue robe). Les circonstances ayant obligé plusieurs fois les confrères à solliciter de ceux-ci la continuation de leur mandat, petit à petit, ils restèrent en fonctions tant qu'ils le désirèrent.

C'est ainsi que « vénérable et scientifique personne » messire Hérosme Bachelier, docteur en théologie de la Faculté de Paris et de la maison de Sorbonne, ayant été élu le 16 février 1648 maître spirituel en remplacement de messire Jacques Hennequin, docteur et professeur en Sorbonne, resta en fonctions jusqu'à sa mort survenue le 13 septembre 1656 (Note : L'un de ses successeurs, messire François Le Tellier, curé de Saint Séverin et élu maître spirituel le 20 novembre 1672 resta en fonctions jusqu'à son départ pour l'évêché de Digne le 14 décembre 1678. Il eut lui même pour successeur, M. de Sartes, chantre de la collégiale Saint-Honoré, qui, décédé en décembre 1680, fut remplacé par le curé de Saint Benoît, messire Tulon des Marets). Quant à l'abbé Samuel de Verthamont de Chavagnac, nommé administrateur à la place de son frère le 10 juin 1731, il conserva ses fonctions jusqu'à sa mort, en 1758, bien que nommé dans l'intervalle à l'évêché de Luçon et ne pouvant par conséquent s'occuper en fait de la confrérie. Les confrères furent d'ailleurs si flattés d'avoir à leur tête un évêque qu'ils élurent à sa mort l'évêque de Soissons, Mgr Fitz James, puis au décès de celui-ci l'évêque de Vence, à qui ils donnèrent enfin pour successeur le 8 juillet 1784 l'évêque de Troyes.

Il en fut de même pour l'administrateur en charge ; et, bien que le 19 mai 1737 il eut été décidé que le renouvellement ne pourrait dépasser trois ans, un avocat au Parlement, M. Mantel, administrateur depuis le 15 juin 1750 et premier administrateur depuis 1760, conserva cette fonction jusqu'à son décès, le 13 décembre 1788.

Notons également qu'à partir de 1737 les dames furent admises dans la confrérie, avec accès au choeur dans les basses stalles et voix consultatives dans les assemblées ; et, qu'en conséquence, l'ont reçut peu après la marquise de Bournonville et Mme Thierry de Villereille, femme du premier administrateur.

Les statuts montrent enfin que, comme toutes celles du moyen âge, la confrérie de Saint-Yves était une association de secours mutuels. L'un des articles stipulait expressément qu'au cas où l'un des membres, reçu depuis dix ans au moins, viendrait à tomber dans l'indigence sans qu'il y eut de sa faute, il serait pourvu décemment à son état sur les biens de la confrérie. 

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Fondation de la Chapelle Saint-Yves. — Les premiers fondateurs.

Nous avons laissé les confrères s'assemblant à la fin l'année 1348 en l'église Saint Nicolas-du-Chardonnet. Désirant élever le plus rapidement possible leur chapelle, ils acquirent dans ce but, en la paroisse de Saint-Benoit-le-Bien-Tourné, « une place et masure, séant à Paris oultre petit pont en la grand'rue Saint Jacques, faisant le coing de la rue des Noyers » et engagèrent des pourparlers pour obtenir l'immeuble contigu appartenant à Michel de Saint-Benoît et Peronnelle sa femme (Note : Cet emplacement, en bordure de la rue Saint Jacques était sensiblement dans l'axe actuel du boulevard Saint Germain, au carrefour de ce dernier avec les rues Saint Jacques et Dante. La moitié des substructions subsiste encore en dehors de la voûte du Métropolitain, côté Seine).

Sans attendre la cession définitive de ce dernier, qui n'eut lieu que le 15 juillet 1349, le roi Philippe II, par lettres d'avril avant Pâques, datées de l'abbaye de Barbette, amortit le cens qui lui revenait sur ces terrains. Il y eut également abandon de ses droits, moyennant 40 livres parisis, par l'abbé de Sainte-Geneviève en 1350 ; et la première pierre de la chapelle put être enfin solen­nellement posée par le roi Jean Le Bon, le 30 mai 1352. 

Cette pierre de 0 m. 55 de longueur sur 0 m. 50 de large et 0 m. 12 de hauteur a été retrouvée, au début de 1928, dans la galerie d'avancement de la ligne n° 10 du Métropolitain. Elle reposait directement sur le sol sous la fondation du portail près de sa tourelle sud. Au-dessus était posée une pierre de même dimension protégeant l'inscription commémorative, puis commençait la maçonnerie. Sur la face ainsi abritée était peint un écu décoré de trois fleurs de lys de France et accompagné du texte suivant : (en lettres gothiques). Jehan par la grace de Dieu roy de France a fondé ceste chapelle et assis la prumierre pierre en loneur de Dieu et de mons. S. Yves en lan M. CCC L II et secont de son resgne et donné grant masse dor à la chapelle. (figure 1). 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Figure 1

Le roi donna en effet à cette occasion cinquante francs d'or ; puis, par lettres du 21 septembre 1353, il consentit à l'amortissement perpétuel de 40 livres de rentes en faveur de l'oeuvre de cette chapelle « de novo fundata », à charge à la confrérie de faire célébrer mensuellement une messe basse de requiem pour l'âme des rois de France (Note : Aussi la chapelle prit-elle dans la suite le titre d'église royale de Saint-Yves comme le portait d'ailleurs son sceau particulier. Celui ci représentait, sur un fond semé de fleurs de lys, saint Yves en robe de procureur fourrée d'hermines tenant un sac de procès suspendu au bras gauche, un livre dans la main droite et un rouleau de parchemin dans la gauche, la tête coiffée d'un bonnet carré et entourée d'une auréole. Autour l'inscription suivante "Sigillum ecclesiœ regiae Sancti Yvonis Parisius". La messe fondée par Jean Le Bon était dite le premier lundi de chaque mois).

Peu après, son secrétaire Yves Simon, apparemment Breton, suivant du Breul, fonda la première chapellenie dotée de trente livres parisis. Il s'en réservait la collation sa vie durant et en cédait après sa mort le patronage aux maîtres et confrères de Saint Yves, demandant à être inhumé dans la chapelle (Note : Du Breul. Livre II, p. p 44 et suivantes. Cette première chapellenie, dite de Notre Dame de la Goutte d'Or, était desservie sur le maître autel de la chapelle. Les revenus étaient assis sur des biens en Palaiseau ; et dès 1374, il y eut de fréquents procès à leur sujet entre les chapelains de Saint Yves et les seigneurs de Palaiseau ou Paloisel, comme l'on disait alors Voir A. N. dossier QI, 148). Cette fondation fut approuvée par lettres de l'évêque Jean de Meulan, datées du 4 novembre 1355 et données en sa chapelle de Saint-Marcel près de Paris. Ce prélat, quelques mois plus tard, par lettres du 26 septembre 1357 datées de sa maison de Gentilly, permit à Jean, évêque de Tréguier (Note : Cet acte nous fait connaître le prénom véritable de l'évêque de Tréguier qui venait d'être pourvu le 21 août 1357 et qui est dit tantôt Alain, tantôt Alain Thomé ou François Alain dans les divers catalogues. Ne faudrait-il donc pas voir Jean Alain) de procéder à la consécration de la chapelle (« de novo constructa ») et à sa bénédiction en tant que cimetière, les inhumations y étant autorisées à l'avenir. 

Cette cérémonie fut célébrée trois jours plus tard, le 29 septembre 1357, jour anniversaire de la translation de saint Yves, en présence d'un grand concours de peuple et de vénérables et discrets messires Guillaume Keroulay (Note : Guillaume Morice, dit de Keroulay, du diocèse de Léon, figure au rôle de l'Université de Paris de l'année 1349 - Voir Denifle et Chatelain. Cartulaire de l'Université. Un autre Guillaume de Keroulay, chanoine de Paris au XIIIème siècle est mentionné au nécrologe de l'abbaye Saint-Victor), Hervé Bourouguel, Robert dit Celles, maître en l'un et l'autre droit ; de Guyomar de Quilbignon, licencié en decrets, d'Hervé Le Borgne, licencié en droit canon ; de Jean de Kaerlozret, maître ès-arts (Note : Jean de Kerleoret, du diocèse de Léon, est inscrit sur le rôle de 1362 de l'Université. Il est qualifié, en 1371, de maître ès arts et en théologie et de chanoine du Mans ; puis en 1379 de professeur en théologie à l'Université de Paris et de chanoine de Bayeux. Mentionné encore en 1386, il ne figure plus, sans doute décédé, sur le rôle de 1394 des docteurs de la faculté de théologie) ; de Jean de Keroulay, promoteur de la curie parisienne (Note : Jean Morice, dit de Keroulay, prêtre du diocèse de Léon et sans doute parent de Guillaume, naquit en 1327 suivant une enquête de la faculté relative au chancelier Jean Blanchard et datée de 1385. Il figure sur le rôle de la faculté de 1349 (?), puis fut gratifié par l'évêque de Nantes de la prévôté de Saint Aubin de Guérand prébende dont il ne put toucher les fruits à cause des guerres. Il séjourna ensuite plusieurs années à Narbonne où il apprit la théologie de l'archevêque Pierre Juge ; puis résida longtemps à Rome et à Avignon, à titre de curial, au temps des pape. Urbain V et Grégoire IX. Sur ces entrefaites, il avait été fait chanoine d'Angers antérieurement à 1362 puis archidiacre de Nantes en 1365 et chanoine de Paris en 1373. Maître en théologie en 1362, il est qualifié de régent de l'Université de Paris sur les rôles de 1378 et 1379 avec un autre Breton, Alain de Lamballe. Mentionné docteur en théologie sur le rôle de 1380, puis professeur d'écritures sacrées, il est, en 1394, au nombre des vingt-quatre docteurs de la faculté de la Théologie en compagnie d'un autre Breton, Hervé Sulven. Il mourut peu après 1395) ; de Guy de Treusvern ; de Geffroy dit Regorat . d'Alain de Villepierre [Note : La sépulture d'Alain de Villepierre (Kermen ?) qui se trouvait dans la chapelle Saint-Yves au pied des marches du sanctuaire sous la lampe, nous a été conservée par Gaignères - Bibliothèque Nationale, estampes Pe Ij fol. 82 . Elle portait l'épitaphe suivante : « Ici gist Alain de Villepierre, notaire de la court Monseigneur l'Evèque de Paris et fondateur de cette chapelle qui trépassa l'an MCCCLVIII le XXIIIIème de janvier. Priez pour l'âme de li ci gist »] ; et de Guillaume Mignot.

Il est aisé de se rendre compte de ce qu'était alors l'édifice grâce aux substructions retrouvées ainsi qu'aux descriptions et gravures anciennes qui nous sont parvenues.

Les fondations homogènes du chevet et des longères, et le fait que la pierre commémorative ait été posée près du pilier sud du porche, dans l'alignement de la rue Saint-Jacques, indiquent en effet que la chapelle ne changea pas de dimensions. Elle était d'ailleurs fort petite et mesurait 38 mètres de long sur 12 mètres de large environ.

En élévation, chacun des deux murs gouttereaux était monté sur six arcades aveugles en plein cintre et percé de fenêtres dans l'axe de chacune de celles-ci [Note : Le procès-verbal de démolition de la chapelle mentionne certaines partie des murs gouttereaux, au-dessus des grandes arcades, construites en pans de bois. - Archives départementales de la Seine, dossier 1592. Un plan du chevet existe aux archives nationales, Seine, N. III 572]. L'édifice était ainsi divisé en six travées dont les trois dernières occupées par le choeur. Le pignon occidental était droit, le chevet à cinq pans réguliers,. et l'ensemble couvert en charpente.

A partir de la consécration, les fondations se succédèrent ; et, bien que modestes, celles du XIVème et du début du XVème siècle sont particulièrement intéressantes à suivre, car, en dehors des donations royales, elles émanent pour la plupart de Bretons, qui, avant l'ouverture de l'université de Nantes, fréquentaient en nombre celle de Paris.

L'une des premières fut faite par Salomon de Mescoual dont la tombe, tout au bas de l'église, près de l'entrée, était effigiée d'un chanoine et portait l'inscription suivante (figure 2) : Hic jacet magister Salomon de campo equali, alias de Mescoual presbyter quondam ecclesiœ sancte Opportune, parisiensis canonicus, curatusque parriochialis ecclesiœ de poulaouen corisopitensis diocesis in britania, publicus apostolicus et imperiali auctoritate notarius, cujus anima requiescat et quidem decessit quarta die mensis novembris anno domini M. CCC LX, Orate pro eo 40

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Salomon de Mescoual

Figure 2

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe d'Yvon de Kerambarz 

Figure 3

Par testament du 17 mai 1369, Guille Jacob, notaire en cour d'église à Paris, léguait à Saint Yves 50 sous parisis de rentes qu'il avait sur deux maisons sises rue de la Harpe, l'une au coin de la rue Parcheminerie et l'autre au coin de la rue Poirée, à charge de faire dire chaque année cinq messes de requiem pour son âme.

Deux ans plus tard, en 1371, Pierre Albert, conseiller du roi, fondait en l'honneur de la Sainte-Croix, pour le repos de son âme et pour la conservation et prospérité du roi, une chapellenie de deux messes par semaine à l'intention l'une du Saint Esprit et l'autre de la Sainte Vierge. Cette fondation dotée de 25 livres de rentes, fut approuvée par lettres de Charles V et de l'évêque de Paris du 26 janvier 1371 (Note : Pierre Albert, conseiller du roi et chanoine de Beauvais avait fait don à chacune des abbayes Sainte-Geneviève et Saint Victor de 40 francs d'or du coing du Roi - Voir nécrologes de ces abbayes). Peu après, vers 1373, Yvon de Kerambarz (figure 3) fondait en la chapelle Saint-Yves où il désirait être inhumé, une chapellenie en l'honneur de Notre Dame, dotée de 30 livres parisis (Note : Yvon de Kerambarz, natif de l'évêché de Léon, portait pour armes trois grelots au chef d'hermines chargé d'un lion issant. Il figure dans le rôle de la faculté des arts adressé au pape Urbain VI en 1371, rôle où il est qualifié maître ès arts et bachelier ès lois. Il avait acquis les rentes stipulées dans sa donation par contrats des 6 décembre 1366, 26 août 1370 et 28 juillet 1372. Il décéda le 31 décembre 1383 et fut inhumé dans la nef proche de la porte du choeur. Sur sa tombe étaient gravées son effigie en robe longue et deux écussons de ses armes avec l'épitaphe suivante : Cy gist Yvon de Kerambarz escuier né de l'evesché de léon en bretaigne, jadis huissier d'armes du roy notre sire, qui trespassa le dernier jour de décembre l'an de grâce mil trois cent quatre vins et trois, priez Dieu pour l'âme de luy - Collection Gaignières). Les biens de cette fondation furent amortis par le roi Charles VII en 1425 ; elle était alors desservie sur l'autel de la Bienheureuse-Marie et de Saint Jacques.

Le 19 mai 1378, Charles V offrait 20 francs à la chapelle (Voir Léopold Delisle : Mandements et actes de Charles V, Paris, 1874 - Acte n° 1720, p. 847) et l'année suivante Yves Pennec établissait une chapellenie en l'honneur de Notre-Dame et Saint-Denis. 

En 1384, l'on inhuma à gauche du maître-autel messire Geffroy Lavenant dont la tombe représentant un professeur enseignant portait l'épitaphe suivante (figure 4) : Hic jacet venerabilis vir gaufridus Lavenant coriopitensis diocesis, licentiatus in artibus et utriusque juris, professor regensque in facultate decretorum parisius, qui obiit seconda dic mensis martii anno domini M. CCCmo octuagesimo quarto, Orate pro eo 44

La même année, par acte du 19 novembre, une chapelle y fut établie en exécution des dernières volontés de Jean de Guiscriff. 

Par testament du 27 janvier 1386, Hervé Dol, bachelier en décret, fondait une chapellenie de trois messes par semaine (Note : Hervé Dol, du diocèse de Léon, figure au rôle de 1379 de l'Université) ; et la même année, le 9 juin, le roi Charles VI ordonnait de verser 50 francs d'or à l'église Saint-Yves. Le souverain faisait également don de la grande verrière derrière le maître-autel, verrière dont l'abbé de l'OEuvre nous a conservé la description : « Jésus-Christ, glorieux, est en haut d'un côté de cette vitre et la Vierge de l'autre. Saint Yves est en bas, debout, habillé de blanc. Charles VI et son fils Charles VII sont à genoux aux pieds du saint qui a la main gauche sur la tête du père et la droite sur celle du fils qu'il présente à Jésus-Christ. De l'autre côté, la reine Isabeau de Bavière avec ses trois filles à genoux et sainte Clotilde les présentant à la Vierge » (Note : Abbé Jacques de l'Œuvre : Vie de saint Yves. Pins 1695, in 12, pp. 265 et suivantes. — Suivant les comptes de la confrérie de 1411, la verrière fut réparée en cette dernière année, « les jambes de la pourtraicture du Roy avant été rompues à un pied de terre »). 

En 1393, Hervé Costiou fondait une chapellenie en l'honneur de Saint-Tugdual. Il mourut peu après et fut inhumé dans le choeur près de la tombe de Jean de Keroulay (Note : Hervé Costiou, prêtre du diocèse de Cornouaille et chanoine de Paris, est mentionné comme docteur en décrets et régent en l'université dès 1371. Mentionné également en 1385, 1388 et 1391, il ne figure plus sur le rôle des docteurs de 1394). 

La même année, Alain Le Forestier, du diocèse de Léon, fit fondation et fut inhumé dans le chœur au pied des marches du sanctuaire. La tombe le représentait en habits sacerdotaux (figure 5). Aux quatre angles étaient les armes de Bretagne et de chaque côté ses armes : (d'argent à) une feuille de houx (d'azur) en pal accostée de deux coquilles (de même). Autour était l'inscription suivante : Hic jacet venerabilis et discretus vir magister Alanus Forestarii magister in artibus et licentiatus in decretis, leonensis in britannia, quondam curatus de Ploermel Maclovensis diocesis obiit anno domini M. CCC nonagesimo tertio, die xx iii mensis decembris. Anima ipsius requiescat in pace, amen (Note : Tombe dans Gaignières, loc. cit., fol. 83. Alain le Forestier est mentionné sur le rôle de 1387 de la faculté des arts comme maître es arts et licencié en décrets). 

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Geffroy Lavenant

Figure 4

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe d'Alain Le Forestier

Figure 5

Par testament du 5 décembre 1395, passé devant maître Jean de Folleville, en présence de Galeran de Pendref (Note : Galeran de Pendref, originaire du diocèse de Cornouaille et chanoine de Quimper, figure sur le rôle des maîtres es arts de l'Université de 1362. Il est encore mentionné sur celui de 1403 comme maîtte es arts médecine et théologie, régent et doyen de la faculté de théologie, et chantre de Paris. Il mourut l'année suivante comme le rappelle l'obituaire de Notre-Dame de Paris. « 13 juillet : Obiit magister Galleranus de Pendref, cantor (1404), pro quo ha buimus, de vendicione domorum suarum claustralium, trecentos octoginta tredecim francos duodecim solidos, item in libris valorem ducentarum librarum parisiensum et amplius »), d'Hervé Sulven maître en théologie (Note : Hervé Sulven, originaire de Cornouaille, était né en 1334 suivant l'enquête déjà mentionnée de 1385. Il est indiqué en 1368 comme résidant au collège de Navarre, maître ès arts et procureur de la nation de France, puis recteur de l'Université en 1369 et en 1377, bachelier en théologie et chanoine de Quimper en 1379, licencié en théologie le 7 janvier 1382, enfin maître ès arts et en théologie et régent en théologie en 1387 et 1394. Mentionné encore en 1403, il n'était plus alors régent), de Jehan Ansquer, conseiller du roi, de messires Yves de Kerengar (Note : Yves de Kerengars, du diocèse de Léon, figure en 1385 comme docteur en décrets avec ses compatriotes Hervé Costiou et Salomon de Lesquelen, puis en 1394 au nombre des dix-huit docteurs régents de la faculté de décrets ainsi que Maurice de Kaergorhant, doyen, et Main Guillot. Il est encore mentionné en 1416) et Olivier Doniou (Note : Olivier Doniou était également docteur et régent en 1403) docteurs en droit, d'Alain Ploemedern, de maître Nicole de Villeneuve (Note : Nicolas de Cluzrehou, alias de la Villeneuve, originaire du diocèse de Léon, figure au rôle de 1387 puis à celui de 1394 comme maître ès arts et bachelier en cours d'études de décrets), d'Hervé de Villeneuve (Note : Hervé de Cluzrehou, alias de la Villeneuve, sans doute parent du précédent, est qualifié de maître ès arts et en sixième année de théologie en 1394, bachelier en théologie en 1403, licencié en 1408 et maître en théologie en 1413. Mentionné encore en 1416), de maître Yves de Kernou (Note : Yves de Kerneau, du diocèse de Cornouaille, figure sur le rôle de la faculté des arts de 1387 comme maître ès arts et étudiant en droit canon), de maître Bertrand de Rosmadec (Note : Bertrand de Rosmadec, aux gages du duc en 1407, fut nommé évêque de Quimper en 1417) et de maître Alexandre Huon (Note : Alexandre Huon, alias Hugon, également du diocèse de Cornouaille, était en 1403 bachelier en quatrième année de décrets), Messire Jehan Morice, alias de Keroulay, fondait une grand'messe le dimanche et aux quatre fêtes de Noël, de l'Ascension, du Saint-Sacrement et de la Saint-Jean-Baptiste, fondation confirmée par codicille du 24 juin 1396 et pour laquelle il léguait à la confrérie tous ses biens meubles et immeubles. Ce généreux chanoine léguait également au chapitre de Notre-Dame, par acte du 14 novembre 1397, 200 livres une fois payées pour participer aux prières et oraisons et pour un service double le jour de la Saint-Yves. 

Il mourut peu après et fut inhumé dans une labbe décorée de ses armes (figure 6), au droit du maître autel du côté de l'évangile. Sa tombe dont Millin a donné la description détaillée et qu'il a confondue d'ailleurs avec celle d'Hervé de Kerasquer, le représentait en docteur enseignant [Note : Sur Jean de Keroulay, voir précédemment. La labbe décorée de ses armes : De vair au chef de gueules chargé d'un lion issant d'or, armé, lampassé et couronné d'azur est représentée dans Gaignières (loc. cit., fol. 87). Milin a donné le curieux dessin de sa pierre tombale. Quant à la plaque de fondation elle est également reproduite dans Gaignières (loc. cit., fol. 81)] (figure 7). 

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Labbe de Jehan de Keroulay

Figure 6

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Jehan de Keroulay

Figure 7

A gauche de la tombe, sur le mur du choeur et sous la fenêtre voisine, une épitaphe en cuivre rappelait ainsi qu'il suit la donation de Jean de Keroulay. « Vénérable homme maistre Jean de Kaerolay, de la diocèse de Léon en Bretaigne, maistre en théologie, doyen de Saint Malou et chanoine de Paris et de Nantes, a fondé au grand autel de ceste chapelle de Saint-Yves une messe perpétuelle, diacre et soubsdiacres, et trois coriaux, à. heure des grand'messes, chacun dimanche, et aussi les fêtes de la Nativité, de l'Ascension, du Saint-Sacrement notre Seigneur, et à la feste de Saint-Jehan-Baptiste ; et à ce faire sont obligez tous les biens de ceste chappelle, et a, le dit maistre Jehan, fait faire la fenestre et voirière cy dessus, et a donné céans une paire de vestements pour prestres, diacres et sous-diacres et deux coriaux, et fait plusieurs autres biens à cette chapelle, où gist son corps. Item, le dit maistre Jehan fonda à l'église Notre-Dame de Paris le service double à. la feste Saint-Yves, perpétuellement à l'avenir à l'honneur de Monsieur Saint-Yves ; item, les exécuteurs ont fondé céans deux messes chacune sepmaine au lundi et vendredi et un annuaire solennel au xx iiij et xxv de may perpétuellement, desquels célébrer sont tenus les religieux des Mathurins de Paris » (Note :  Par contrat du 31 mars 1399, les gouverneurs de Saint-Yves avaient donné sur le legs de Jean de Keroulay, 400 florins aux Mathurins pour leur permettre d'achever leur couvent, à charge d'assumer la fondation du donateur). 

En 1399, par testament du 3O août, Maurice de Tresiguidy, chambellan et conseiller du roi, fondait la chapellenie de Saint-Maurice et laissait 40 livres parisis à la confrérie pour être inhumé dans la chapelle (Note : Ce curieux testament a été publié par le Vicomte du Breil de Pontbriand : Maurice de Trésiguidy, tirage à part de la Revue historique de l'Ouest, Vannes, 1899, pp. 29 et suivantes). 

Peu après, en 1400, Jacques Dyche, couvreur de maisons et bourgeois de Paris, fut inhumé dans le choeur, contre les chaires à droite, sous une dalle où vint le rejoindre le 18 octobre 1419 sa femme Jeanne, marchande à Paris (Note : Tombe dans Gaignières : loc. cit., fol. 70). 

Le 20 avril 1400 mourut Gilles Raoul, prêtre du diocèse de Léon et chanoine de Saint-Cloud, qui fut inhumé dans le choeur (Note : La tombe de Gilles Raoul dans le choeur, à gauche de l'aigle (lutrin), le représentait en habit sacerdotaux et portait l'inscription suivante : Hic jacet venerabilis et discretus vir Evelius (Egidius) radulphi quondam presbyter leonensis diocesis canonicus ecclesiœ collegiale sanct........ obiit ann M CCCC die martis xx mens s aprilis cujus anima requescat in pace (Gaignières loc. cit. fol. 69).

A son tour, par testament du 27 mai 1402, Yvon Gral, natif du diocèse de Léon, « familier et suiteur de Monsieur le Chancelier », léguait quatre livres parisis de rentes à charge de faire chanter deux services solennels, l'un le 29 mars et l'autre le lundi après la Toussaint. 

Enfin, à la même époque, Jean de la Villemaden, allas Jean Le Jeune, notaire apostolique et chapelain de la chapellenie de Kerembarz, donnait 12 livres pour avoir sa sépulture en la chapelle. 

Outre ces fondations, beaucoup d'objets mobiliers avaient été donnés à la confrérie, comme nous le montre l'intéressant inventaire dressé le lundi après la Saint Michel 1402 par Main Guillot, Alexandre Hugon et Simon de Sarcy.

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

La chapelle Saint-Yves avant 1675

Figure 8

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Achèvement de la Chapelle. Les statues du portail occidental.

Lors de sa consécration en 1357, il ne semble pas que la chapelle ait été achevée ; et les travaux durent être arrêtés pendant les troubles qui éclatèrent alors, si l'on en juge par une mention du rôle de la faculté des arts adressé au pape en 1379 (Denifles et Chatellain : loc. cit. T. III, p. 257).

Entre autres, faute d'argent sans doute, un pignon provisoire la clôturait sur la rue Saint Jacques, ainsi qu'il ressort des indications très précises des travaux postérieurs. 

A quelle occasion les confrères purent ils entreprendre la construction de la façade occidentale et du clocher ? Il est impossible de le savoir avec certitude, les premiers comptes qui nous sont parvenus datant de 1406 et montrant les travaux déjà en cours. Il est toutefois permis de supposer avec vraisemblance que ce fut grâce à la générosité du duc de Bretagne, qui fit, probablement à l'occasion de son mariage en 1404 avec Jeanne de France, plusieurs dons importants aux confrères de Saint-Yves, entre autres celui de 400 francs d'or pour la construction de la grande verrière de la façade. 

Mais, si nous ignorons le motif exact de ces travaux, du moins est-il permis de les suivre en détails. Nous apprenons ainsi que le projet de cette façade fut dressé par maîtres Benoist de Savoye, maçon juré du roi, et Henryet Bricet, et que son exécution fut confiée à Jean Manicet, maître maçon, Simon Le Noir, Jehan James et Geffroy Sevestre, tailleurs de pierre. 

Ainsi qu'on peut le voir sur un dessin ancien figure 8, le pignon, flanqué de deux tourelles contenant les escaliers, était percé d'un porche à large archivolte surmonté d'un gable important en avant de la verrière, laquelle occupait presque toute sa surface. 

Ces deux tourelles, ainsi que l'archivolte du portail, furent élevées en 1406, en faisant venir les pierres nécessaires des carrières de Notre-Dame-des-Champs (Note : Ce portail était profond et formait "vestibule". En  arrière de l'archivolte, on avait levé une voûte sur la maçonnerie ancienne. Au-dessus de celle-ci était une tribune). L'année suivante, tout en travaillant au portail, l'on construisit dans la longère nord, aux deux extrémités de la quatrième travée, deux piliers formant contreforts, en pierre de Gentilly, destinés à étayer le futur clocher. Les comptes de 1408 nous apprennent ensuite que, devant les exigences des carriers de Notre Dame-des-Champs, l'on acheta, pour le pignon, de la pierre au pont de Charenton. Ils mentionnent également une somme de 22 sols payés à Symonet de Sarcy, charpentier, pour « les moles de la forme de la verrière donnée par Monseigneur le Duc de Bretagne » et la commande de celle-ci à Claude Loup, maître verrier. Les travaux du pignon continuèrent en 1409, année où l'on refit également le pavage du choeur démoli sur quelques toises pour les fondations de l'un des contreforts ; puis en 1410 où l'on reblanchit la statue de Mgr Saint-Yves destinée à la porte de la chapelle ; en 1411 où l'on termina les moules supérieurs de la verrière et où l'on fit les fausses portes en bois du portail ; enfin en 1412 et 1413 où l'on commença le faîtage et termina les sculptures. On acheta notamment dans ce but une pierre de Tonnerre pour faire le « tabernacle » ou trumeau du portail au dessus de Mgr Saint Yves, et de la pierre de Saint Leu de France pour faire les clairevoies de la verrière et tailler les « images » dont malheureusement les comptes ne nous donnent pas le détail. 

Nous savons seulement qu'une statue de saint Yves était, ainsi que nous venons de le dire, adossée au trumeau du portail et qu'une de Notre-Dame couronnait le gable. 

Il y avait en outre sous le porche deux niches, dont les statues, si elles existèrent jamais, avaient déjà disparu au XVIIème siècle ; et, sur l'avant-corps, deux statues dont Gaignières et Millin ont donné les dessins et qui subsistèrent jusqu'à la Révolution. 

Trois hypothèses ont été émises au sujet des personnages qu'elles représentaient dans lesquels on a voulu voir tantôt Yves Simon et sa femme (Abbé Leboeuf), tantôt, suivant la tradition de la confrérie à la fin du XVIIIème siècle, Jean Le Bon et Jeanne de Boulogne sa seconde femme (Millin, identification généralement adoptée depuis), tantôt enfin le duc de Bretagne et Jeanne de France (Gaignières et Montfaucon et depuis par M. de la Roncière). Millin, qui a particulièrement étudié ces deux statues, indiqua que les personnages représentés paraissaient de vingt à trente ans ; et, comme il ignorait, ainsi d'ailleurs que les autres auteurs, la date de construction de la façade qu'il croyait de 1352-1357, il élimina la dernière hypothèse et indiqua qu'il s'agissait vraisemblablement du roi Jean Le Bon et de sa femme, tout en remarquant d'ailleurs l'absence de couronnes royales. Mais les arguments donnés par Millin se retournent contre lui, maintenant que nous connaissons la date exacte de ces sculptures ; et nous croyons, quant à nous, qu'il ne peut s'agir là, comme l'a du reste mentionné Gaiznières, que des portraits du duc Jean V, et de le duchesse Jeanne de Fiance. Nous venons de voir en effet que ces statues furent taillées en 1413 et leur étude montre que les personnages portent bien en effet le costume de cette époque, ce qui suffit à écarter les deux premières identifications proposées. Le vêtement de la femme, en particulier, ressemble en tous points à l'accoutrement porté par Isabeau de Bavière sur la statue bien connue de la salle du Palais de Poitiers ; et, si l'image de la chapelle Saint-Yves eût porté, comme cette dernière, une couronne royale, nul doute qu'il n'eût fallu reconnaître dans les deux statues de la façade le roi Charles VI et sa femme, comme il eût été naturel d'ailleurs. Mais, l'absence de cet ornement, et le fait aussi qu'aucune tradition ne leur attribue ces portraits, montrent qu'il faut également écarter cette hypothèse et qu'il ne peut donc s'agir que du duc de Bretagne et de la duchesse, ce que tout semble confirmer. Tout d'abord, en effet le don de la verrière et de la somme importante de 400 francs d'or par le duc est un indice sérieux, puis l'age des personnages figurés, donné par Millin, qui concorde avec ceux de Jean V et Jeanne de France nés comme l'on sait en 1389 et 1390 ; enfin le fait que le compte de 1413 mentionne, entre autres, avec le « blanchiment des ymaiges » les « échaffaux nécessaires à graver et peindre les armes du roy, du duc et de la duchesse de Bretagne et du vidame d'Amiens le Dauphin au portail de l'église »

Or, précisément, les dessins de Gaignières montrant l'emplacement des écus de Bretagne (figure 10) et mi-parti Bretagne et France (figure 11) près des deux statues, sont parvenus fort heureusement jusqu'à nous et viennent pleinement confirmer l'identification donnée par cet auteur. 

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Figure 10

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Figure 11

Millin, lui, n'avait pas eu, semble-t-il, connaissance des dessins originaux de Gaignières, mais seulement de l'extrait qu'en fit Montfaucon sans reproduire les écussons ; et d'autre part, à son époque, l'écu des armes de Jeanne de France, le plus important pour la solution du problème que nous venons d'examiner, était fruste. Par contre, ce savant auteur a pu comparer sur place les portraits de Montfaucon avec les statues originales de la chapelle Saint-Yves ; et, ne les trouvant pas ressemblants, il a pris soin de les faire dessiner et graver soigneusement d'après les originaux, gravures d'une importance capitale puisqu'elles nous donnent ainsi la reproduction, certifiée exacte par un auteur consciencieux, des portraits contemporains de Jean V et de Jeanne de France. 

L'apposition des armes indiquait la fin des travaux de la façade ; et, le 2 mai 1414, Henry Le Barbu, évêque de Nantes, vint consacrer, arec la permission de l'évêque de Paris, tous les nouveaux autels de la chapelle, notamment l'autel Sainte-Catherine, pour la construction duquel on n'avait acheté une table de liais en 1407, l'autel Saint-Jean, édifié l'année suivante, l'autel Saint-Tugdual, sur lequel était placé les statues de saint Yves et de saint Denis et probablement aussi les autels de Notre-Dame, de Saint-Mathieu et de Saint-Pierre dont les comptes font également mention. 

L'église n'était cependant pas encore achevée ; car, ces travaux ayant épuisé leurs ressources, les confrères n'avaient plus de quoi terminer la charpente. Ils s'adressèrent au roi qui, le 16 août 1415, « considérant que ses très chers seigneurs ayeul et père furent les premiers chefs de la dite confrérie », et voulant participer avec eux aux bienfaits de la dite association, autorisa les procureurs de Saint-Yves à faire couper quatre arpents de bois en sa forêt de Poncourt, à la Queue-Charbonnière, « au lieu le moins dommageable pour lui et le plus profitable pour eux ». Cette coupe n'ayant pu toutefois être faite sans inconvénients, le roi donna à la place 400 francs qui permirent l'achèvement de l'édifice. 

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Les comptes du début du XVème siècle. — Suite des fondateurs bretons. 

Outre ces renseignements sur la construction de la façade et du clocher, ces comptes du début du XVème siècle nous en donnent plusieurs autres intéressants. Ils nous apprennent, par exemple, qu'en 1406, Mate Rœder [Note : Mathieu Rœder (ou Rocdere) est mentionné dans de nombreuses chartes de l'Université de Paris, de 1378 à 1414. En 1394 il est parmi les dix docteurs régents de la faculté des arts avec son compatriote Auffray de Saisy. En 1403, il est qualifié de maître es arts et licencié en théologie, puis, à la fin de 1413, de maître es arts et en théologie. Pourvu de l'évêché de Tréguier le 15 décembre 1417, il mourut au début de 1422. Il avait succédé sur ce siège à frère Chrestien de Haute Rive que l'enquête de 1385 indique de la nation de Picardie et qualifie de doyen et maître du couvent des Augustins de Paris bien qu'âgé seulement de 35 ans. En 1394, celui çi figure également parmi les docteurs de l'Université], alors maître spirituel, fit écrire pour la confrérie une Vie de saint Yves. Il en coûta 18 sols pour la demi-boite de parchemin nécessaire, 78 sols pour le scribe, 3 sols pour la reliure et 12 deniers pour le parchemin de la couverture. L'année suivante, il fit acheter deux livres en papier de la Vie de Mgr Saint Yves et de sa canonisation (Note : C'est sans doute d'après cette copie que l'abbé Jacques de l'Œuvre rédigea en 1695 sa Vie de Saint Yves). Les comptes de 1408 mentionnent l'acquisition de six peaux de parchemin pour écrire également la Vie de saint Yves, les messes, matines et légendes du saint, que les confrères désiraient offrir, en reconnaissance, au vidame d'Amiens, livre relié avec deux fermoirs d'argent doré pesant une once qui coutérent 20 sols 4 deniers plus 20 sols pour les émailler de ses armes. La même année les confrères firent rédiger, pour leur usage, l'histoire de Notre-Dame, de son enfant et de Mgr Saint Yves, ce qui coûta 12 sols, plus une somme égale pour une vignette enluminée autour. 

Les ornements étaient également l'objet de tous leurs soins. En 1407, ils firent « rappareiller » et mettre au point le reliquaire du doigt de saint Yves et le firent redorer moyennant 16 sols ; mais sans doute lui arriva-t-il accident peu après, car, l'année suivante, il est indiqué qu'un orfèvre de la rue de la Harpe dut mettre au point les ailes rompues « de deux anges qui soutenaient le joyau où est le doigt de Mgr Saint Yves » (Note : Un semblable reliquaire existe au Musée de Cluny). 

En cette dernière année, l'on acheta également, moyennant quatre livres, un "aulnet d'orfroiz" des armes de Bretagne, qui fut mis sur une chasuble de velours violet formant houppelande donnée par le duc. Enfin, en 1411, l'on répara la belle croix d'argent dont l'une des images était chue. 

Ces comptes nous font enfin connaître les noms des confrères par les signatures apposées au bas de leur approbation, par les fondations et donations faites par eux à la chapelle, enfin par leurs services mortuaires. Presque tous étaient encore bretons, ainsi que l'on peut en juger, par exemple, par l'approbation des comptes de 1406 au bas de laquelle sont les signatures de Morice de Kaergourant (Note : Morice de Kaergourant, du diocèse de Cornouaille, figure sur les rôles de 1379 et 1387 de la faculté des arts. En 1394, il est docteur régent et doyen de la faculté de droit et est qualifié des mêmes titres sur le rôle de 1403 où mention est faite de sa cure de Beuzec Capval. La pierre tombale, semblable à celle de Jean de Keroulay le représentait en docteur enseignant avec l'épitaphe suivante : « Hic jacet venerabilis ac circumspectus vir dominus Mauricius de Kaergourant presbyter diocesis Corisoptensis, Magister in artibus ac doctor regens parisius in facultate decreti dum vivebat ac advocatus curii parisius ; quondam curatus ecclesiœ parrochialis de Beuzec corisopitens's diocesis ac canonicus de loco dictœ miraculorum divorum, qui obiit bona œtate anno domini M CCCC XVII ». Il est à remarquer combien toutes ces tombes sont semblables, probablement faîtes en série. On achetait une tombe de professeur, de chevalier, de bourgeois, etc.), Olivier Donyou, Olivier Gambelin, Yves Melar (Note : Yves Meillar, du diocèse de Cornouaille, figure sur le rôle de 1403 comme bachelier lisant en quatrième année de décrets), Rolland Le Noir, Mate Rœder (ou Roeder), H. de la Villeneuve, Yves Kerengar, Y. Tanguy, Y. Guen et J. Rigaud (Note : J. Rigaud, du diocèse du Mans, est indiqué en 1403 en quatrième année de décrets).

Parmi les fondations et donations, nous trouvons mention : 

En 1404, de Morice de Kerguiziau ; 

En 1404, le messire Pierre Le Corre ; de feu Symone, jadis femme de Guyomar du Boys ; de maître Geffroy Le Gal (Note : Geffroy Le Gal, prêtre du diocèse de Tréguier, figure sur le rôle de 1403 comme bachelier en décrets) ; d'Ameline Le Bornic ; de Jehan Le Roy ; de Robert Tuberel et Perrette sa femme ; de feu Guille Piédur, de feu Jehan Goudelin ; de feu maître Jehan de la Haye ; de feu maître Jehan Le Gac (Note : Jehan Le Gac, prêtre du diocèse de Cornouaille, est mentionné bachelier en décrets en 1396) ; de feu messire Alain Megenec ; de messire Thomas Guezenech, chapelain de Saint-Yves ; enfin de Tanguy Buzic, bourgeois de Paris et époux de Marie de Kerambarz, qui, le 10 janvier, légua à l'oeuvre de Saint-Yves 48 sols parisis de rentes à prendre sur une maison de la rue de la Bûcherie, proche de la rue des Ratz, à charge aux confrères de faire célébrer annuellement douze messes de requiem le premier lundi de chaque mois ;

En 1407, de feu maître Henry de Penquelenec (Note : Henry de Penquelennec figure au rôle de 1403 comme bachelier lisant en troisième année de décrets) ; de feu messire Yves Le Roux ; et de feu maître Alain Guillot docteur en décrets (Note : Alain Guillot, du diocèse de Tréguier, figure en 1394 comme docteur régent de la faculté de droit ; puis en 1403 avec les mêmes titres et l'indication de Curé de Plouigneau au diocèse de Tréguier et chanoine de Paris) ;

En 1408, de feu Yves Kerbrun autrement dit de Pengam ; de feu Yves de Kernou ; de maître Alain Raison, qui versa 18 sols pour la fondation de son neveu enterré dans l'église ; de feu maître Guille de Kerpaul qui légua 32 sols de rentes pour sa sépulture ; 

En 1409, d'Yves de Kerengar ; 

En 1410, de feu maître Gautier Pennec ; 

En 1411, de Guy Salomon (Note : Guy Salomon, du diocèse de Tréguier, figure en 1403 comme licencié en décrets) ; de Pierre Jourdain ; de Pierre Le Bourguigon ; de Jehan Kaernezen (Note : Jehan de Kernezne, grand écuyer du duc de Bourgogne mourut le 20 août 1416. Sa tombe, timbrée de ses armes : d'or à trois coquilles de gueules, est représentée dans Gaignières Pe ii fol. 81, figure 12) ; de feu Agnès de Machecoul, béguine au béguinage de Saint-Pol ; d'Olivier de Kerneguez [Note : La tombe d'Olivier de Kerneguez, dans la nef devant la porte du choeur le représentait en chanoine avec aumusse. Autour était l'épitaphe suivante (figure 13) : « Cy gist noble homme Olivier de Kaernegues du diocèse de Cornouaille en Bretaigne, jadis chanoine de Saint Père de Gerberoy au diocèse de Beauvais qui trespassa à Paris le mardi xxi jour d'avril l'an de grâce mil cccc et xi : Dieu ait l'âme de luy amen » -  Gaignières Pe ij fol. 68] ; de feu messire Guille Ruffault, de feu Yvette, jadis femme d'Yvon Morice ; de feu Jehan Le Gal ; 

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Jehan de Kernezne

Figure 12

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe d'Olivier de Kerneguez

Figure 13 

En 1412, de feu Olivier Thomas ; 

En 1413, de feu Yvonnet Le Moign ; de feu Jehan Clisson ; de feu messire Yves Le Guennec ; de feu messire Olivier Donyou, docteur en décrets, qui, par codicille du 10 mai à son testament, laissa entre autres aux confrères de Saint Yves 20 sols parisis de rentes annuelles sur une maisons sise rue Geoffroy-L'Asnier à condition d'être inhumé en la chapelle ; 

En 1414, de feue Jehanne Kerlazret ; de feu Martin Cadiou (Note : En cette même année 1414, les procureurs de Saint Yves autorisèrent les écoliers du collège du Plessix à célébrer tous les ans le 23 avril, vigile et lendemain une messe à notes pour feu Yves de Kerambarz en son vivant docteur régent en décrets à Paris, moyennant une rente de 10 livres 16 sols. Quelques années plus tard, les écoliers refusèrent d'acquitter cette redevance mais y furent condamnés par sentence du 3 décembre 1416 ?) ; 

En 1415, de feu Jehan Le Barbier ; de feu Morvan du Louet ;  

En 1416, de maître Morice de Kaergourant, qui laissa 37 livres pour être inhumé en la chapelle ; de feu Marie de Keranrais ;

En 1417, de feu Guille Olivier ; de feu Jehan Riou. 

En cette dernière année, Jean de la Villeneuve (Note : Jean de la Villeneuve figure comme licencié en décrets et étudiant en théologie sur le rôle de 1403), fut inhumé au bas de la nef près du bénitier, sous une tombe portant l'épitaphe suivante (figure 14) : Hic jacet magne circumpectionis et prœclare scientie vir magister Joannes de Villannova, de Villa Guergampensi oriundus ; Trecorensis diocesis, decretorum doctor, archidiaconus penthevrie in ecclesia Briocensi et ecclesiarum Laudunensi Laon et Santi Meloni Pontisera canonicus (chanoine de Saint-Melon de Pontoise) qui obiit Parisius anno domini quadringentesimo decimo septimo die vicesima septima mensis septembris in festo beatorum Cosmi et Damiani ora pro eo (Gaignières Pe ij fol. 41).

Enfin, en 1421, de feu Rolland Le Hegarat et de feu Morice de Trégain. 

Dans les années qui suivirent, les fondations se raréfièrent et c'est à peine si dans les registres postérieurs il s'en trouve une douzaine jusqu'à la fin du XVème siècle. Elles émanent encore en majorité de Bretons. 

Le 18 février 1424, Jeanne de Trézéguidv donnait à la chapelle 12 livres de rente ; et, le 28 mars de la même année, Yves Maillart, chapelain, faisait également une fondation. 

Le 2 octobre 1427, maître Enguerrand de Marcoing, chevalier et maître d'hôtel du roi, léguait dix livres sur sa maison des Trois Baquets, rue Saint-Jacques et deux livres dix sols sur une maison rue du Vieil-Marché pour la fondation de deux messes par semaine, les lundi et mercredi. 

Le 27 septembre 1433, maître Hervé Pochard, docteur régent en l'Université de Paris (85), fondait une chapellenie de deux messes par semaine, les lundi et samedi, en l'honneur de Notre-Dame et Saint-Denis. Il fut inhumé quelques jours plus tard dans la nef, proche l'oeuvre, sous une pierre tombale le représentant en docteur enseignant et portant l'épitaphe suivante (figure 15) : « Hic jacet magne circumspectionis vir magister Herveus Pochardi, Leonensis diocesis, in britannia quondam presbyter, decretorum professor eximius atque regens Parisius in dicta facultate et curatus ecclesiae parrochialis beate marie de monte letherica parisiensis diocesis ac hujus capelle beate marie capellanus qui obiit anno Domini M. CCCC XXX III die VI Octobris, cujus anima requiescat in pace amen »

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Jehan de Villeneuve

Figure 14

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Hervé Pochard

Figure 15

Cette tombe était timbrée de deux écus de ses armes portant un chevron accompagné de trois quintefeuilles, deux en tête, une en pointe (Voir Gaignières loc. cit. fol. 60). 

Trois ans plus tard, en 1436, Yves de la Forest (Note : Yvon de la Foret, prêtre du diocèse de Cornouaille, est qualifié de bachelier en décrets en 1396 et figure avec le même titre sur le rôle de 1403. La pierre commémorative de sa fondation est représentée dans Gaignière loc. cit. fol. 46) fit une fondation rappelée par l'inscription suivante gravée sur une plaque de cuivre apposée contre le mur droit de la nef : « Les maistres et gouverneurs de ceste église sont tenus et obligés de faire dire chacun an le samedi après le jour de pasque un anniversaire solennel avec vigiles à IX pseaulmes et IX leçons procédant pour le remède de l'âme de feu maître Yves de la Forest, prêtre, bachelier en décret, duquel le corps cy devant au pied de l'autel repose, lesquels maîtres en ont eu des exécuteurs du dit deffunt VI livres parisis de rente par avant son trépas à luy engagées par les dits maistres des rentes de ceste église pour le prix de C livres tournois pour faire la charpenterie de ceste église, lequel trépassa de ce siècle l'an M CCC XXXVI le xiiij jour d'Avril. Dieu ait l'âme de lui, Amen. — Pater Noster, Ave Maria »

Vers la même époque, Jehan Hervé (Note : Jean Hervé, clerc du diocèse de Cornouaille figure comme bachelier es arts sur le rôle de 1403. Il était bachelier en théologie en 1416 et maître en théologie en 1424. La pierre commémorative de sa fondation est representée dans Gaignières loc cit. fol. 75), prêtre du diocèse de Cornouaille, fit une fondation rappelée ainsi qu'il suit par une plaque scellée dans le mur gauche du choeur : « Les maistres procureurs et gouverneurs de la chapelle et confrairie de céans sont tenus et obligez à tous jour et perpétuellement de faire chanter et célébrer ung anniversaire solennel à diacre et soubz diacre et vigilles à trois leçons le VIII de septembre pour feu maistre Jehan Hervé duquel le corps gist cy devant »

En 1452 messire Jean Corre acquérait une sépulture dans la nef vis-à-vis de l'oeuvre. Sa pierre tumulaire représentait un prêtre revêtu de ses ornements sacerdotaux et portait l'inscription suivante : « Cy gist Maistre Jean Corre prestre du pays de Bretaigne, du queur de Saint-Pol-de-Léon, chapellain de Saint Yves lequel trepassa l'an M. CCCC cinquante et neuf, le xxi° jour de may. Dieu ait l'âme de luy » (Voir Gaignières, loc. cit. fol. 62).

Le 19 mai 1466, Jehan Angot, curé de Groslay, donnait à l'église Saint Yves 4O sols parisis de rentes. 

Par testament dit 22 novembre 1477, dont les témoins furent Guillaume Goardet, chapelain du collège de Cornouaille et Charles le Haudoyer, prêtre de Cornouaille et étudiant au collège de Beauvais, Hervé Kerasquer, licencié en décrets et l'un des maîtres de la confrérie, léguait à celle-ci le reliquat de ses biens, ses diverses fondations exécutées. Les gouverneurs s'engageaient à célébrer un obit annuel le jour anniversaire du trépas du fondateur, et à faire faire une épitaphe faisant mention de sa fondation le plus près possible de sa sépulture, devant la chapelle Saint-Tugdual dont il était chapelain. Il mourut le lendemain ; et, le 15 avril 1479, Henri Kerguizeau, licencié en droit civil, et les autres exécuteurs testamentaires délivraient ses biens à la confrérie. Il restait 34 livres 5 sols, des meubles valant 4 livres 5 sols parisis, et la maison de la rue des Noyers dont nous avons déjà fait mention. 

Sa tombe, tout au bas de la nef, le représentait revêtu de ses ornements sacerdotaux (figure 16) et portait l'inscription suivante : « Cy gist vénérable et discrette personne maitre Hervé de Kerasquer, licencié en décrets, curé de Noisy le Grand au diocèse de Paris, chapellain de la chapellenie fondée à l'aultier monseigneur sainct tugdual en ceste présente eglise et l'un des maistres gouverneurs d'icelle, natif du diocèse de Léon en Bretaigne, qui trespassa le dimanche jour monseigneur sainct Clemens xxiii de novembre l'an M. CCCC LXXVII » (Voir Gaignières : loc. cit. fol. 58).

En 1479 également, maître Robert Jehan fit une fondation et fut inhumé au bas de la nef à gauche, près du porche, sous une dalle le représentant vêtu d'une grande robe fendue pour laisser passer le bras, chaperon roulé et aumônière avec l'épitaphe suivante (figure 17) : « Cy git honorable homme et saige maitre Robert Jehan, natif de Bretaigne, de l'évêché de Sainct-Brieuc, en son vivant advocat en la court de parlement, conseiller et maistre des requestres de lostel du duc de Bretaigne et son bailly de la comté de Montfort, qui trépassa le mercredi septiesme jour de Juillet l'an de grâce M. CCCC soixante dix neuf, Dieu ait l'âme de luy, amen » (Voir Gaignières : loc. cit. fol. 57).

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Hervé de Kerasquer

Figure 16

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Robert Jehan

Figure 17

En cette dernière année les messagers de la Nation de France, voulant marquer leur dévotion envers Saint Charlemagne, obtinrent la permission d'établir en la chapelle Saint-Yves une confrérie sous le nom de cet empereur. Les offices étaient célébrés sur l'autel Saint-Tugdual qui prit alors le nom d'autel Saint-Charlemagne et reçut une statue en pierre de ce saint patron. Millin qui la vit encore, la qualifie, sans doute avec les préjugés de son époque, de figure lourde et gothique. 

En 1481, Jehan de Guilery, chanoine de Notre-Dame (Note : Jean de Guilery était inhumé à N.-D. de Paris sous une pierre tombale représentant un docteur assis et enseignant et timbrée de ses armes : un sautoir engreslé accompagné de quatre croix épiscopales. Voir Molinier, obituaire de N.-D. de Paris), fit une fondation à Saint-Yves rappelée par une plaque posée dans le choeur, contre le mur de gauche au-dessous de la plaque commémorative de Jean Hervé. L'inscription était la suivante : « En le mure de ce pillier sont mis C francs des biens de feu maistre Jehan de Guilery breton, jadis chanoine de Paris, c'est assavoir L francs du legs de son testament et L francs que les exécuteurs ont pour ce baillez du résidu de ses biens pour l'accueillir et accompaigner es messes et autres bienfaiz de céans, priez pour l'âme de li »

Le 28 août 1485, Alain Dupré, marchand à Vitry, laissait 64 sols parisis de rentes à charge de faire célébrer son anniversaire annuel. 

 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Henry de Kerguiziau

Figure 18 

Quatre ans plus tard mourut Henry de Kerguiziau qui fut inhumé au bas du choeur, à gauche, le long des chaires. Sa pierre tombale (figure 18), timbrée de ses armes : d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois têtes d'aigles arrachées de même, le représentait vêtu d'une robe avec un chaperon sur l'épaule et portait l'épitaphe suivante « Cy gist noble et honorable personne maistre Henry de Kerguiziau, natif du diocèse de Leon en bretaigne, en son vivant maitre es ars et licencié en loix, l'ung des quatre maistres de l'église de céans et procureur général de monseigneur le comte de Taillebourg, qui trespassa le xiij jour de février l'an mil CCCC iiii xx et ix, priez dieu pour luy » ( Gaignières, loc. cit. fol. 77). 

Son neveu, héritier et exécuteur testamentaire, messire Alain Le Roux, donnait le 30 mai 1500, trente livres tournois pour la fondation d'un obit solennel pour l'âme de son oncle, vigile à 9 leçons et messe haute de Requiem.

Entre temps, en 1491, Guillaume du Mont fut enterré au bas de la nef, vers le bénitier après avoir fait une fondation rappelée par l'épitaphe suivante scellée sur le mur de droite près de sa tombe : « Cy gist honnorable homme maistre Guillaume du Mont, en son vivant promoteur et patricien en court d'eglise, natif de la ville de Scelles en berry qui trespassa le lundi xx juing l'an M. iiijc e iiijxx unze, lequel a fondé en ce lieu ung anniversaire, c'est assavoir vigiles et neuf pseaulmes et neuf leçons et recommandations, une grand messe à diacre et sous diacre, deux sierges ardents pendant le dit service sur l'austel que les maistres de ceste église seront tenus faire faire dire et célébrer chacun an au dit lundi xx jour de juing qui est le jour du trespas du dit defunt ou le lendemain ensuivant. Et pour ce faire iceluy deffunt a laissé à la dicte église xxxvi livres tournois de rente à prendre chacun an sur une maison acquise à Cachant appartenant à Vincent Costelle » (Voir Gaignières : loc. cit. fol. 41).

En 1493, Jeanne de Budes, épouse de Jean, sr de Launay (figure 19), faisait une fondation à Saint-Yves. Elle mourut le 4 juillet de cette dernière année et fut inhumée dans la chapelle, à gauche du cœur, « le long des chaires » (Note : Voir Gaignières, Oa 15 fol. 84 et Pe ii fol. 82. Sa tombe portait l'épitaphe suivante : Cy gist noble demoiselle Jehanne de Budes, native du pays de Bretaigne, en son vivant espouse de maistre Jehan de Launay escuyer S de Launay laquelle trespassa le iiij jour de juillet l'an mil iiii c iiii xx XIII, priez Dieu pour son âme), sous une tombe armoriée de quatre écussons : parti de trois chevrons et d'un chevron chargé de trois coquilles. 

Enfin, le 27 août 1495, messire Jean Aspery, docteur en théologie, et Yves Aspery, son frère, firent une importante fondation rappelée ainsi qu'il suit, par une plaque commémorative fixée sur le mur de la nef devant le Crucifix (Voir Gaignières, Pe ij fol. 50) : « Les maistres et gouverneurs de ceste eglise Saint-Yves sont tenus et obligez à perpétuité de faire dire et célébrer pour le salut des âmes de vénérables et discrètes personnes feux maistre Jehan Aspery, docteur en théologie, et maistre du collège de Cornouaille, duquel le corps gist au dit diocèse de Cornouaille en bretaigne, et de Yves Aspery son frère, prêtre maître es ars duquel le corps repose cy devant, et pour les ames de leurs parens et bienfaicteurs, trois basses messes de requiem par chacune semaine de l'an, assavoir les lundi, mercredi, et vendredi avesques deux anniversaires solleneulx à vigille à IX leçons, recommandaces et messes de requiem à diacre et soulz diacre, le premier jour de febvrier et l'autre pour le dit maistre Jehan le premier jour d'avril ; et pour ce faire les exécuteurs des testamens des dits défunts ont donné et légué à la dite église à perpétuité xxxv livres parisis de rente annuelle et perpétuelle à prendre sur les ij maisons abouissans l'une à l'autre assises à Paris l'une en la rue de la Galande où pend pour enseigne le cerf et l'autre en la rue du plâtre joignant au dit colleige de Cornouaille ; et tant que la dite rente soit rachettée, laquelle ne peut être rachetté à moins de IIIc escus seront tenus les gouverneurs, que pour lors seront, employez les dits IIIc escus en autre rente pour entretenir les charges dessus dites comme tout ce appert par lettres autentiques doubles et pareilles dont l'une est es coffres de la dite esglise et l'autre par devers les heritiers aux dits trespassez au dit diocèse de Cornouaille » (Note : Faute de paiement de la dite rente, les maisons revinrent à la confrérie).

Après les vaines tentatives de Jean V en 1414 et du duc François Ier en 1448, l'on sait que le duc François II réussit en 1460 à fonder à Nantes une université, qui dut bientôt d'ailleurs fermer ses portes en raison des guerres, mais fut rétablie par le roi Charles VIII en 1494. Aussi, à partir de cette date, les écoliers de Bretagne délaissèrent-ils les universités de Paris et d'Angers au profit de cette dernière ; et la confrérie de Saint-Yves vit en conséquence son contingent breton réduit à quelques-uns des boursiers des collèges de la province et à quelques personnages ayant des charges à la Cour. 

C'est ainsi qu'en 1518 nous trouvons encore mention parmi les confrères de Pierre Petry, principal du collège de Cornouaille ; en 1551 de Jean Bastard, du diocèse de Tréguier, chapelain de Saint-Yves ; en 1699 du marquis de la Rivière, gouverneur de Saint Brieuc et parent de saint Yves, qui, le 19 mars de cette dernière année, donna dix écus neufs pour le pain bénit et offrandes à Saint-Yves ; en 1703 du comte de Locmaria, agréé le 20 mai au nombre des confrères. Enfin, le 21 mars 1713, M. Gilles Desprez de Villevay, « gentilhomme d'ancienne extraction de la province de Bretagne, qui a l'honneur d'avoir dans les veines le même sang que Saint-Yves », fut admis dans la confrérie. 

Nous trouvons cependant encore au début du XVIème siècle les quelques fondations bretonnes suivantes (Note : Il est à remarquer que les fondations faites à la chapelle Saint Yves émanaient en très grande majorité des bas bretons des diocèses de Tréguier, Léon et Cornouaille) :

Le 4 septembre 1502, Tanneguy Pape, parent de Tanneguy du Chastel, léguait 118 livres parisis de rentes pour un obit le 28 mai et une sépulture dans le choeur de la chapelle, près de la tombe d'Hervé Costiou [Note : J. Tanneguy Pape mourut seulement le 5 mai 1551. Sa tombe le représentait revêtu de ses ornements sacerdotaux et portait l'épitaphe suivante : « Hic jacet venerabilis et discretus vir magister tanguidus Pape presbiter leonensis diocesis, in artibus magister et sacris paginis licentiatus, principalis colegi Beliacensis (?) parisius, nec non ecclesie parrochialis nostre domine de Chungiaco diocesis carnotensis cujus anima, qui preclaris moribus et scientia, migravit anno domini M. Vc LI die vigentesimo mensis may. Ora e deum pro eo alterisque fidelibus deffunctis » (Gaignières, Pe ij fol. 84)] (figure 20). 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Jeanne de Budes

Figure 19

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Tanguy Pape

Figure 20 

Le 13 avril 1512 fut inhumé, presqu'au milieu de la nef, messire Henry Jalet sous une tombe effigiée d'un prêtre revêtu de ses ornements sacerdotaux et timbrée de deux écussons l'un à gauche chargé d'un agneau pascal, l'autre à droite mi parti Bretagne et France (Voir Gaignières, Pe ij fol. 59). Autour était l'épitaphe suivante (figure 21) : « Hic jacet venerabilis vir Henricus Jalet, presbyter, in artibus magister et in decretia baccalarius, qui migravit ab hoc seculo anno a nativitate domini M. quingentesimo XII° die XIII aprilis post pasca »

En 1514, fut inhumée, dans la nef, Jeanne, femme d'Yvon Dure, sous une pierre tombale sur laquelle étaient gravés un homme et une femme avec entre eux un écu chargé d'un pont accompagné en chef au milieu d'une hermine, à gauche d'une feuille de chêne et à droite d'une flamme, l'homme revêtu d'une robe de docteur avec chaperon d'hermines, avec l'inscription suivante (figure 22) : « Cy dessoubz gisent Jeanne, en son vivant femme de feu Yvon Dure et mère de Me Robert Dure, alias Fortunat, maître et principal du collège du Plessix fondé à Paris, natif de Tinténiac au diocèse de Saint Malo en Bretaigne, laquelle trépassa le ij jour de février l'an M. D. XIII. Et le dit maistre Robert Dure, alias Fortunat, lequel trépassa le 27° jour de mays 1525. Priez Dieu pour eulx » (Voir Gaignières, Pe ij fol. 59). 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Henry Jalet

Figure 21

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Robert Dure et de sa mère

Figure 22

En 1517, on inhuma dans la chapelle le coeur de Jean de Lespinay sous une dalle timbrée de ses armes : d'argent à trois buissons d'épines de sinople, surmontées d'un coeur et portant l'inscription suivante : « Cy gist le cueur de noble homme Jehan de Lespinay, sr. du clitault et de la marelie, fils du sr. de Lespinay trésorier général de Bretaigne, lequel deceda le XX jour d'apvril l'an mil V XVII, priez dieu pour lui » (Voir Gaignières, fol. 85).

En 1521, maure Guillaume Jourden fit également fondation et fut inhumé dans la nef, devant la porte du chœur, sous une pierre dont l'épitaphe suivante, rappelant ses titres, entourait son effigie en costume sacerdotal accompagnée de trois écus de ses armes écartelées au I et IV d'un croissant et au II et III d'une macle traversée par un sautoir (figure 23) : « Cy gist noble homme et saige maistre Guillaume Jourden, en son vivant docteur es ars et théologie, aumonier de la Royne, principal du collège de Tréguier à Paris, chanoine de Saint­Saulveur de Blois, natif du diocèse dudit Tréguier, qui trépassa le XV jour de septembre M. D XXI. Priez Dieu pour luy » (Voir Gaignières, fol. 66). 

Vers la même époque, Pierre Petry [Voir Gaignières, fol. 45, Pierre Petry figure en 1518 au nombre des maîtres et gouverneurs de Saint Yves qui firent à François Boucher, commissaire du Roi la déclaration des titres et chartes de la confrérie. (A. N. LL 963). L'inscription de sa tombe est représentée dans Gaignières Pe ii fol. 138] fit une fondation rappelée par l'inscription commémorative suivante à droite dans la nef : « Les maistres et gouverneurs de ceste esglise et chapelle sainct Yves sont tenus faire dire et célébrer à perpétuité en icelle ung obit par chacun an pour la rédemption et salut de l'âme de feu Me pierre Petri, en son vivant prêtre docteur en théologie, principal du collège de Cornouaille fondé à Paris, et chapelain de l'une des chapelles fondées en la dicte église en laquelle le dict défunct est inhumé ; Et aussi pour le salut des ames de ses frères parents et amis trépassez, lequel obit doit être dit et célébré le ij jour d'Août, avec laudes et vigilles, neuf pseaulmes et neuf leçons, et deux chappiers. Et le lendemain laudes, recommandations et trois hautles messes de diacre et soubz diacres et deux chappiers, moïennant quatre livres tournois de rente que les exécuteurs du testament dudit deffunct ont transportées à la dite église comme plus à plain est contenu es lettres sur ce faites étans au trésor de la dite église sur deux maisons au dit à Chevreuse rue des forges et autres heritaiges appartenants à Jehan Caboche sergens demeurant au dit Chevreuse »

En 1521, Guillaume de Tyvarlen fit également une fondation pour avoir sa sépulture dans la chapelle. Sa tombe, non loin de celle de Robert Dure, était effigiée d'un chanoine et portait aux quatre angles ses armes écartelées aux I et IV d'une tour, aux II et III d'un lion avec l'inscription (figure 24) : « Cy gist noble et discrette personne feu monseigneur Guillaume Tyvarlen, nai natif de l'evesché de Cornouaille en Bretaigne, en son vivant conseiller du roi en son parlement de Bretaigne et chanoine en l'église cathédrale de Cornouaille, recteur de Ploesvan, et trépassa le XV mai M D XXII » (Voir Gaignières, Pe ij fol. 55. Tombe à gauche, au deuxième rang des tombes dans la nef).

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Guillaume Jourden

Figure 23

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe de Guillaume de Tyvarlen

Figure 24 

   

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Tombe d'Yves de Quoetredrez (ou Coatredrez)

Figure 25

Près de cet enfeu, une pierre tombale de la même époque portait gravée l'effigie d'un homme, armé de toutes pièces avec un lion sur sa cotte d'armes, et placé entre deux colonnes soutenant un fronton au-dessus de sa tête. Cette dalle était encadrée par une bande de marbre noir portant aux quatre coins des armes écartelées aux I et IV d'un lion, aux II et III d'une fasce avec l'épitaphe (figure 25) : « Cy gist noble et puissant Messire Yves de Quoetredrez (NDLR : aujourd'hui Coatredrez), en son vivant seigneur de Quoetredrez et de Penault, natif de Tréguier, en Bretaigne, qui trépassa.... (effacé).... la compagnie de Monseigneur de Lorge, lieutenant général pour le roy, le V° jour janvier 1545, priez Dieu pour son âme » (Voir Gaignières, Pe iib fol. 114).  

Mentionnons enfin qu'en 1575 les élèves du collège de Tréguier obtinrent des proviseurs de Saint-Yves la permission de venir célébrer dan la chapelle, le 11 août ou pendant l'octave de Saint Laurent, un grand obit pour Laurent de Kergroadez, ainsi que deux messes hebdomadaires. 

Afin de ne pas importuner davantage le lecteur par l'énumération un peu monotone de ces fondations, nous indiquons en annexe (voir Annexe III) celles faites à partir du XVIème siècle par les étrangers à la Bretagne. Elles nous montrent que la confrérie était alors composée principalement de gens de robe, membres du clergé ou de la Cour, et de quelques marchands dont le nombre fut limité à six, bien peu démocratiquement, par décision de l'assemblée des confrères du 10 juin 1731. 

Bien qu'en effet la confrérie des avocats fut à Paris sous le vocable de Saint-Nicolas et tint ses assises en la Sainte Chapelle, beaucoup de ses membres et de ceux du parlement étaient affiliés à celle de Saint-Yves, considérant ce grand justicier un peu comme leur patron, « sans toujours imiter son désintéressement » ajoute d'ailleurs malicieusement Mezeray. 

Aussi, à dater du XVIème siècle, leur voyons-nous généralement confier la charge de premier administrateur, qui échut même souvent au premier président. L'un d'eux, Pierre Lizet (Note : Le premier président Pierre Lizet mourut âgé de 72 ans, le 7 des ides de juin 1555 et fut inhumé à l'abbaye Saint-Victor de Paris - Gaignières nous a conservé la très curieuse plaque commémorative de son tombeau, Pe ii fol. 80), obtint, en 1540, malgré l'opposition du clergé de Saint-Benoît, que le Saint Sacrement fut conservé en la chapelle. 

Les plaideurs, eux aussi, fréquentaient assidûment l'oratoire du thaumaturge breton ; et Millin nous apprend que, jusqu'à la fin du XVIIIème siècle ils avaient coutume de suspendre, leurs procès terminés, les sacs de procédure à la voûte, ex-voto poudreux et nauséabonds, dont l'aspect désagréable les fit supprimer peu avant la Révolution.

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La Confrérie et la Chapelle Saint-Yves aux XVIIème et XVIIIème siècles.

De 1615 à 1624 et de 1640 à 1793, les registres des délibérations de la confrérie nous sont parvenus très complets. Ils nous montrent des réunions très irrégulières (Note : C'est ainsi qu'au lieu des quatre réunions annuelles prévues, nous n'en trouvons qu'une en 1641, 1645, 1646, 1649, 1651, 1653, 1654, 1655, 1660, 1661, 1662 etc, etc... ; deux en 1643, 1644, 1659, 1664, etc ... et trois en 1640, 1650, 1652, 1658, etc ....) et même inexistantes de 1686 à 1695, M. Bignon, premier président et administrateur en charge, ayant jugé superflu de convoquer ses confrères. 

C'est qu'en dehors de la reddition des comptes et de la réélection du bureau, il n'y avait que peu de sujets de délibérations, l'administrateur en charge gérant seul, en pratique, les bien de la confrérie et n'adressant de convocations que dans les cas exceptionnels, notamment pour les travaux à faire exécuter à la chapelle. Aussi, grâce à ses registres, pouvons-nous suivre facilement les quelques modifications apportées à l'édifice primitif et connaître les rares faits jugés dignes d'être insérés aux procès-verbaux. 

Le 17 juin 1640, la maison du vicaire, rue Saint-Jacques, ayant dû être démolie, les confrères décidèrent de réédifier son logement et celui des prêtres desservant l'église, à l'intérieur de celle-ci « au recoing du côté de la rue des Noyers, depuis le mur de la présente rue jusqu'au tableau de la grande porte, et tirant vers la dite rue jusque et joignant la chapelle Saint-Roch ». On éleva donc ainsi dans l'angle sud-ouest de l'église, entre la tourelle droite du pignon et la voûte du portail, un vaste tambour à cinq étages montant jusqu'à la toiture, sans se soucier, semble-t-il, des graves dangers d'incendie qu'il pré­sentait. Les travaux s'élevèrent à la somme de 4.400 livres ; et, comme la caisse était vide, ce fut un des prêtres de la confrérie, Messire Edme de la Grange, qui, par contrat du 18 mars 1643, versa cette somme à condition de recevoir chaque année, sa vie durant, une rente de 220 livres, qui, après on décès, serait utilisée à la célébration d'une messe quotidienne à son intention, fondation dont les confrères s'engageaient à graver une copie sur sa tombe (Note : Cette messe était célébrée tous les jours à dix heures). 

Quelques années plus tard, le registre de 1650 mentionne que le dernier jour de février il fallut procéder à une nouvelle bénédiction de la chapelle, souillée par pollution du sang de Jacques Doyet, bedeau, par Maître Clément de Beu, dit de la baulmerie, prêtre exerçant à Paris la médecine et la chirurgie. Ce fut le maître spirituel, messire Hiérosme Bachelier [Note : Jérôme Bachelier, docteur en théologie de la maison de la Sorbonne, conseiller et prédicateur ordinaire du roi, chanoine et archidiacre de Soisson, avait été élu maître spirituel le 16 février 1648 en remplacement de Jacques Hennequin, également docteur en théologie et professeur en Sorbonne qui avait manifesté le désir de se retirer. Par testament du 2 février 1654, il légua 600 livres à la confrérie à charge de faire célébrer une haute messe avec diacre sous diacre et sonnerie le Jour de la Saint Jerôme et sa vigile. Il décéda le 13 septembre 1656 et fut remplacé le 14 avril 1658 par messire Nicolas Huchon, directeur en la faculté et sous-pénitencier de l'église de Paris, demeurant au collège du cardinal Lemoine. Celui-ci fit à son tour fondation, le 25 septembre 1672, d'un salut le premier dimanche de chaque mois, pour lequel il laissa 400 livres à la confrérie. La fondation de Jérôme Bachelier était rappelée par l'inscription suivante contre le mur de droite au bas du choeur : « Magister Hieronimus Bachelier hujus ecclesiœ primus director sorbonne doctor. Regis concionator, insignis ecclesiœ sucssionensis canonicus et archidiaconus, solemne beati Hieronimi festum instituit ac pro animœ remedio anniversarium fundavit. In pace dormiat et requiescat. Obiit 13 septembr s 1656 ». (Voir Gaignières, Pe ij fol. 73)] qui « réconcilia » la chapelle. 

Sur ces entrefaites, les confrères donnèrent asile à la confrérie de la Passion, qui n'usa pas longtemps de cette hospitalité et se retira en septembre 1672 ; puis aux confrères de Saint-Fiacre qui eurent dans la suite plusieurs démêlés avec leurs hôtes. Egalement, le 17 novembre 1652, madame de Chevigny supplia la compagnie de permettre à des dames de condition, qui prenaient soin des nouveaux convertis, de faire faire un sermon à ces derniers dans la chapelle Saint-Yves tous les samedis de l'Avent et du Carême, parce que, « le roi étant de retour, l'on ne pourrait plus prêcher ces pauvres gens dans la chapelle de Bourbon, comme on l'avait accoutumé, bien qu'ils aient besoin de pâture spirituelle »

Pendant les années qui suivirent, rien ne vint troubler la quiétude des confrères ; mais, le 25 juillet 1675, ils furent alertés, l'état du pignon occidental se révélant des plus inquiétante. Ils décidèrent aussitôt de faire exécuter les travaux de consolidation nécessaires par le maçon ordinaire de la chapelle, travaux sans doute peu considérables et en tout cas pas très efficaces puisque, le 8 juillet 1697, le portail menaçait à nouveau ruine, et que, cette fois, le lieutenant de police, Monsieur d'Argenson, dut intervenir (Note : Nous pensons cependant qu'il faille plutôt attribuer cette dislocation de la partie haute du pignon au rétrécissement du contrefort droit de la façade que l'on avait mis les confrères en demeure de réaliser en juillet 1681 pour l'élargissement de la rue des Noyers). Il s'agissait sans doute uniquement de la partie haute, si l'on en juge par le nouveau projet de la façade, dressé aussitôt par les sieurs Dubuisson et Duval, et dont les gravures parvenues jusqu'à nous montrent la réalisation (figure 26). 

confrérie et chapelle Saint-Yves à Paris

Figure 26 - La chapelle Saint-Yves au XVIIIème siècle 

La caisse, une fois de plus, était vide ; et ce fut encore l'administrateur en charge, Monsieur de Verthamon, premier président et gendre du précédent administrateur Monsieur Bignon, qui dut prêter mille livres « aux meilleures conditions », pour solder, le 23 janvier 1701, le mémoire de Duval du 6 septembre 1698 s'élevant à 1277 livres 17 sols. Il y eut également quelques peintures et décorations à refaire, pour lesquelles Maître Robert Souef, avocat au parlement, donna 400 livres le 6 octobre 1701 et l'abbé Bracquet 216 livres le 8 juin 1703 (Note : L'abbé Bracquet, docteur en Sorbonne, succéda comme gouverneur spirituel de la confrérie à M. Berbis curé de Saint-Cosme, qui lui même avait remplacé en 1702 M. Tulon des Marets. Il eut pour successeur, à son décès le 6 mars 1720, l'abbé de Verthamon, aumônier de S. A. R. la duchesse d'Orléans ). 

L'année suivante, le premier juin 1704, les imprimeurs en taille douce demandèrent à célébrer le service divin de leur confrérie en la chapelle Saint-Yves, mais ils ne paraissent pas avoir usé longtemps de l'autorisation qui leur fut accordée et l'on ne trouve pas mention de leur passage dans les registres postérieurs. 

Les travaux de la fin du XVIIIème siècle avaient lourdement obéré les finances déjà peu florissantes des confrères, aussi ceux-ci ne purent-ils réaliser leur désir de moderniser leur vieil oratoire, comme tant d'autres le faisaient alors, et même de remplacer seulement par une grille la clôture du choeur. Une quête entreprise à cet effet en 1725 ne fut pas assez fructueuse ; et les confrères durent se borner, en fait de dépenses, à faire transcrire en 1731 « en lettres d'aujourd'hui » et à des conditions acceptables, les titres de Saint Yves en lettres gothiques « par un écrivain déchiffreur ! »

Toujours accueillants, ils accordèrent le 6 août à la communauté des maîtres maçons de Paris. la permission de célébrer leurs offices en la chapelle Saint-Yves, en attendant la reconstruction de la chapelle Saint Blaise, étant entendu cependant que cette permission ne pourrait excéder six ans. Cela n'empêchait pas les bénéficiaires de célébrer leurs offices dans l'église onze ans plus tard, année en laquelle, le 17 octobre 1751, un conflit éclata avec leurs hôtes à l'occasion d'une messe solennelle, suivie d'un Te Deum, célébrée par les maîtres maçons pour l'heureux accouchement de la Dauphine et la naissance du duc de Bourgogne. Sans prévenir les confrères, ils avaient lancé leurs invitations avec l'indication d'église du prieuré royal de Saint-Yves au lieu de la mention d'église royale de Saint-Yves à laquelle ceux-ci tenaient tant ; et, les nombreux assistants, attirés par une symphonie nouvelle du sieur Daquin ayant envahi le banc d'oeuvre des administrateurs et du clergé de Saint-Yves, celui-ci dut renoncer non seulement à célébrer son propre office, mais encore à assister à la cérémonie. 

Vers 1740, la situation financière de la confrérie paraît s'être sérieusement améliorée, et les confrères auraient pu certainement réaliser enfin leur rêve ; mais ils préférèrent alors différer encore quelque peu les embellissements projetés et faire exécuter quelques travaux urgents pour parer au manque de confort de la chapelle. En particulier, le 6 août de cette dernière année, jugeant que le vent qui s'engouffrait par les claire-voies du porche créait un courant d'air dangereux avec la couverture non lambrissée du chevet, ils envisagèrent d'ouvrir une petite porte sur la rue des Noyers et de boucher le porche de la façade, renouvelant à cette occasion au bedeau l'interdiction de louer cet emplacement à des blanchisseuses, ce qu'ils trouvaient peu décent (Note : Ces travaux ne furent pas réalisés en totalité. En particulier le porche ne fut pas muré).

Puis, le 2 septembre 1741, jugeant trop exiguë leur salle de délibération située au premier étage de la construction de 1640, ils décidèrent de l'agrandir en en reportant les cloisons jusqu'à la balustrade de la tribune, ou même mieux en englobant la tribune entière jusqu'à l'armoire des archives adossée à la tourelle gauche, le tout ne faisant ainsi qu'une vaste pièce au-dessus du portail entre les deux tourelle, où l'on ménagerait des coulisses pour avoir vue sur l'église, et tirerait un jour dans le plafond en forme de lanterne ou de dôme vitré, ce qui fut immédiatement entrepris. 

D'autre part, comme les maçons se plaignaient depuis longtemps du peu de solidité des vitraux de l'église, principalement de ceux du chœur, les confrères résolurent le 9 septembre 1747 de restaurer la grande verrière du chevet et de décorer des armes de France les trois soufflets la surmontant ; de supprimer les peintures des six autres verrières du choeur et de les refaire en verre commun de France avec frises de verre mises en guilloché ; de nettoyer les six verrières de la nef et de les remettre en plomb neuf ainsi que le grand vitrail au-dessus du portail dont on abaisserait par ailleurs le Crucifix. L'adjudication fut passée au sr. le Viel, maître verrier, pour 600 livres. 

Ces travaux furent activement poussés, et le 16 mars 1748 il ne restait plus que trois verrières du choeur à terminer, dont les deux encadrant le maître-autel que l'on hésitait à restaurer à cause d'un singulier procès alors pendant. 

Le propriétaire de l'immeuble voisin de la rue des Noyers, Monsieur Maignen, substitut du procureur général de la cour des aydes, ayant en effet établi une terrasse contre le chevet d'où il plongeait dans l'église, les confrères, agacés, bouchèrent les ouvertures par deux tableaux de toile qui privaient le choeur de beaucoup de lumière et « gâtaient le reste des vitraux », d'où protestation contre les innovations de leur indiscret voisin. 

Enfin, le 4 septembre, l'on acheta un mobilier neuf et confortable pour la nouvelle salle de la confrérie. 

Les confrères songèrent alors à réaliser les grands travaux du choeur projetés cinquante ans plus tôt ; mais hélas, il fallut, sur ces entrefaites, reconstruire l'un des murs de leur immeuble de la rue du Plâtre, mitoyen à l'Université et, une fois de plus, la caisse étant vide, de strictes économies s'imposèrent. Aussi, le 20 février 1750, l'ornement blanc de la chapelle étant tellement usé que l'on ne put décemment surseoir à son remplacement, les confrères se décidèrent pour un damas sur coton plus durable et moins cher ; et, comme les ornements vert et violet étaient eux-mêmes fort élimés, ils trouvèrent pour le nouvel ornement un damas à fond blanc, ramagé en vert et violet et pouvant ainsi remplacer les trois. 

Ils s'étaient donc résignés à remettre à des jours meilleurs l'achat d'un nouveau mobilier de choeur, tout en trouvant le leur décidément bien « gothique », aussi que de reconnaissance ne témoignèrent-ils pas à l'abbé Chabanne de la Fosse, premier administrateur, lorsque celui-ci leur offrit, le 3 mai 1752, de doter le choeur d'un nouvel autel avec tabernacle et la sacristie de portes neuves. Ils décidèrent alors, trouvant la nef un peu courte, de profiter de ces embellissements pour l'allonger de quelques pieds pris sur le choeur, de remplacer l'estrade encombrante du célébrant et des chantres par une banquette plus confortable, dans le coffre de laquelle on pourrait serrer les livres de choeur, enfin de remplacer le pied du lutrin, formant armoire et devenant ainsi sans utilité, par un pied en fer forgé plus esthétique. Hélas, il fallut encore, faute d'argent, renoncer à ces beaux projets et se contenter du nouveau mobilier offert par le généreux abbé de la Fosse (Note : L'abbé Chabanne de la Fosse donna également à la confrérie une lampe argentée, un bénitier, six chandeliers et une croix également argentée. Son service fut célébré le 28 mars 1765).

On en commença le montage à la fin de l'année 1755, et, lorsque messire Morin Desmarais, chanoine de Notre-Dame, vint procéder, le lundi de la semaine sainte, à la bénédiction du nouveau maître-autel terminé l'avant-veille, ce fut un murmure unanime d'approbation. Les confrère, émerveillés, ne songèrent dès lors plus qu'à mettre en valeur ce monument en le surmontant d'une gloire, en élevant des boiseries nouvelles tout autour du choeur jusqu'à l'appui des fenêtres, en démolissant la fameuse clôture et la remplaçant par une grille, enfin en reportant les deux autels qui y étaient adossés sous les voûtes voisines. Un plan général de décoration fut aussitôt demandé à Monsieur Blavet, architecte de la chapelle ; mais la gloire fut estimée 750 livres et l'ensemble 10.000 livres, l'on n'y pouvait songer. L'on comptait, d'autre part, sur la vente de l'ancien mobilier, il ne trouva preneur ; et l'on apprend, à ce sujet, que la statue en pierre de la Vierge, qui faisait pendant à celle de Saint Yves sur l'ancien maître autel, fut fort endommagée pendant le transport. 

A cette époque, le maître spirituel, aidé de Monsieur Boullenois, ancien administrateur, se préoccupe de la rédaction pour les confrères d'un nouveau propre de Saint Yves et notamment de la composition d'hymnes nouveaux à y insérer ; mais les premiers présentés n'ayant pas recueilli l'unanimité des suffrages, l'on s'adressa à un professeur de l'Université, et le nouveau propre, composé par M. Le Queux, pût-être distribué le 1er juin 1761. 

Peu après, en 1765, les bancs et boiseries du chœur tombant de vétusté, les confrères firent faire un nouveau devis qui atteignit 4.000 livres, somme toujours énorme pour leurs maigres finances ; aussi décidèrent-ils de remplacer les bancs indispensables et d'envisager des lambris sans cintres ni sculpture ni pilastres, ce qui réduisit les travaux à 2.200 livres environ. D'autre part les dalles du choeur ne joignant plus et certaines figures des tombes étant « criblées » il apparaissait bien désirable de carreler le chœur en marbre noir et blanc, et tout au moins indispensable, en attendant, de placer des bandes de liais pour l'aplomb des nouveaux bancs. 

L'on ne toucha fort heureusement pas aux tombes anciennes du pavage, et les boiseries du choeur, commencées aussitôt, durent être bientôt interrompues faute d'argent. 

Elles furent reprises dix ans plus tard, avec pilastres ; et, le 16 janvier 1776, les confrères décidèrent de boiser également le rampant, décoré par ailleurs d'une belle tapisserie, don de M. Moreau administrateur, de transporter sous les voûtes collatérales adjacentes les autels placés devant le choeur et de remplacer la clôture par des grilles permettant à chaque assistant d'apercevoir le maître autel, ce qui fut définitivement arrêté le 17 juin de la dite année. 

L'on réfléchit cependant, le 19 septembre, que la grille couperait la gloire que l'on se proposait d'ériger et qu'il serait préférable d'élever une clôture à hauteur d'appui. Les confrères commandèrent également, « pour remédier à l'impétuosité du vent qui s'engouffrait par la claire-voye de la principale porte » un tambour avec deux portes latérales. 

Tous ces travaux furent exécutés avec célérité et l'on parvint ainsi à réaliser enfin le programme élaboré trois quarts de siècle plus tôt. 

On résolut également la même année de nettoyer et réparer tous les vitraux, de dorer et vernir la gloire, « de donner une façon » au tabernacle et au pélican qui le surmontait, enfin de mettre quelques nappes de plomb au clocher, dont la charpente de châtaignier était de grande beauté, pour éviter que l'eau ne vint tomber dans la nef et détériorer les lambris. 

L'année suivante, le 9 juin 1777, la restauration du grand crucifix placé sous la voûte vis-à-vis du calvaire fut décidée ainsi que son transfert face à la chaire à prêcher. D'autre part l'on paya 72 livres à un sieur Beauvais, peintre, un tableau de la Vierge en remplacement de la statue ancienne qui avait été brisée ainsi que nous Venons de l'exposer. 

Millin nous indique que l'autel de la Vierge était dans la voûte à gauche du chœur et que le tableau de Beauvais qui le surmontait était très faible comme d'ailleurs le tableau représentant Saint Fiacre, qui lui faisait pendant, au dessus de l'autel de la confrérie des jardiniers sous la voûte à droite de l'entrée du choeur. Il nous donne également la description du calvaire placé dans la première arcade de gauche en entrant dans l'église : « Dans l'arcade, le fond est peint et représente la croix et les instruments de la passion. Au-devant est un autel sur lequel il y a en relief une mère de douleur tenant Jesus-Christ sur ses genoux. Autour d'elle Saint Joseph d'Arimathie, Saint Jean, La Madeleine et un jeune enfant, figures gothiques et barbouillées »

En face, au temps de cet auteur, l'ancien autel Saint Roch avait disparu, et le grand crucifix avait repris sa place, avec au pied un Ecce Homo

Le 5 août 1781, la confrérie des jardiniers, qui était fort en désordre et n'avait pu payer ni le menuisier qui s'occupait de leur autel, ni les redevances dues à la confrérie de Saint-Yves, remit aux administrateurs de cette dernière la clef du coffre contenant ses ornements avec leur jouissance puis les leur abandonna pour vente le 16 mars 1787.

En l'année 1783, l'on décida la restauration des sept verrières du chœur ainsi que de trois des verrières de la nef (Note : Cinq des verrières du choeur comportaient dix neuf panneaux, l'une treize, et la maîtresse vitre quarante huit ; les verrières de la nef vingt panneaux chacune), etc... L'adjudication fut confiée à Jean-Eloi Breton maître verrier. En 1784, l'on constata que le portail menaçait ruine, que les portes en étaient démantibulées et pourries de vétusté, et que les planchers haut et bas du porche étaient en mauvais état, fait d'autant plus grave que l'inférieur supportait une chandelle de bois soutenant elle-même la poutre, également vermoulue, de la chambre des séances.

Le sieur Daujan, architecte, établit un projet d'entrée nouvelle supprimant le trumeau et formant le vestibule d'une manière plus convenable, projet s'élevant à 2.700 livres sans la sculpture, mais qui n'eut pas l'approbation des confrères comme trop mesquin. Il leur soumit alors en 1786 un nouveau dessin « plus riche » dont la réalisation n'était pas encore commencée lorsque la Révolution éclata.

Jusqu'en 1791, les confrères ne furent pas inquiétés, mais, 11 avril, l'on dut fermer les portes de la chapelle et cesser tout office public. Le 19 août, des agents se présentèrent, munis d'une ordonnance de l'agence des biens nationaux, pour faire le recensement des cloches, auquel s'opposa l'administrateur en charge. Il leur déclara en effet que la chapelle Saint-Yves n'était pas un titre de bénéfice, mais un oratoire particulier dont le vicaire était amovible à la volonté des administrateurs qui étaient propriétaires, patrons et collateurs laïques ; et que cet édifice, dont ils étaient fondateurs, ne répondait pas au cas de suppression édicté par les décrets. Inquiets cependant, les administrateurs adressèrent un long mémoire au comité ecclésiastique, multiplièrent les démarches, et finalement, à la suite de l'arrêté du 19 octobre, rouvrirent les portes le mardi 8 novembre. Mais un mois après, des agents se présentèrent pour faire l'estimation de la chapelle, et, dès lors les visites des commissaires se succédèrent. Le 7 février 1792, entre autres, deux d'entre eux vinrent visiter l'intérieur pour s'assurer s'il n'y avait pas quelques morceaux d'architecture, tableaux, boiseries ou statues de prix, et relever les épitaphes de la nef. 

En septembre, le service divin fut à nouveau interrompu, et les scellés apposés sur les armoires et bureaux de la confrérie par les commissaires de la section du Panthéon français, scellés qui furent levés le 25 février 1793 par les commissaires du département, lesquels procédèrent à l'inventaire des documents. 

Le 4 mars suivant. dans une dernière séance, les confrères apprirent que leur chapelle était au nombre des édifices supprimés. 

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Démolition de la Chapelle

Mise en vente deux mois plus tard comme bien national, l'église Saint-Yves fut acquise le 6 mai 1793, moyennant 68.200 livres, par le citoyen François Rousselle qui dut, entre autres, s'engager à faire procéder à l'exhumation des corps qui y étaient enterrés et à leur transport dans tel cimetière indiqué par la municipalité. Cédée par lui à un acquéreur connu de biens nationaux, Samson-Nicolas Lenoir, celui-ci la fit démolir en 1796, peut-être parce que l'état de l'édifice, déjà inquiétant en 1784, avait empiré, plus probablement pour en vendre les matériaux. 

Son emplacement, estimé alors 1.700 francs, est mentionné libre de constructions dans le jugement du 10 messidor an XIII ordonnant la vente des biens de Lenoir pour paiement de ses dettes. Une petite maison y fut construite en 1817 et démolie à son tour en 1855 lors du percement du boulevard Saint-Germain. 

La pierre commémorative de la fondation de la chapelle, découverte ainsi que nous l'avons indiqué en 1928, après avoir été déposée quelques temps au musée Carnavalet avec quelques autres vestiges de l'édifice, a été depuis solennellement confiée, en dépôt, au bâtonnier de l'ordre des avocats qui en avait fait la demande.

 

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ANNEXE I - Statuts de la Confrérie de Saint-Yves

(Traduction ancienne - A.N. LL 963 J)

Nous Foulques, par la grâce de Dieu évêque de Paris, salut eu Jésus-Christ, fils de la glorieuse Vierge Marie. à tous les fidèles chrétiens qui ces présentes lettres verront et entendront, et pensons que le Seigneur exaucera les très humbles prières de ceux qui s'encouragent à faire de bonnes oeuvres surtout pour l'augmentation du culte divin, pour l'honneur et la gloire de tous les Saints. 

C'est pourquoi, quelques-uns de nos bien aimés fidèles de Jésus-Christ demeurant à Paris, ayant de notre consentement et autorité, par une de nos lettres à eux accordée, institue, établi et réglé à Paris une société ou confrérie moyennant une donation de Bretagne et de Tours (Note : Les statuts originaux ne font pas mention de donation et portent : quelques fidèles habitant Paris, principalement de nationalité Bretonne et de la province de Tours, etc... : Qua propter, cum dilecti nobis in christo nonnulli christi fideles parisius degentes et maxime de natione britannica et provincia turonensis, delicatia et auctoritate, etc. ), pour la gloire et la louange du souverain Dieu, de la glorieuse Vierge Marie sa mère, et spécialement en l'honneur de Saint Yves, confesseur ; ayant en même temps pensé que dans ladite société ou confrérie il serait à propos de faire pieusement quelques statuts et règlements pour le salut de leurs âmes et celui des autres fidèles en Jésus-Christ.

Voulons que lesdits statuts et règlements portent premièrement que tous les dimanche et fête double ou quand les préposés de ladite confrérie verront à le faire à la gloire et l'honneur de Dieu, de la bien­heureuse Vierge Marie et du glorieux Saint Yves, confesseur, on chantera et célébrera immédiatement après le sermon des frères prêcheurs dits Jacobins, une messe solennelle avec diacre et sous-diacre et deux ecclésiastiques pour soutenir le choeur. 

Item, on allumera quatre cierges pesant chacun trois livres pendant que l'on célébrera le saint sacrifice de la messe ; on aura soin aussi de porter à l'Elévation du corps de N. S. J.-C. deux torches pesant chacune six livres et qui resteront allumées pendant les intervalles ordinaires.

Item, on sonnera pour ladite messe au moins trois fois avec les intervalles ordinaires, on tintera un peu de temps à la fin du dernier coup afin que Messieurs les confrères entendent mieux et puissent s'assembler plus facilement. 

Item, tous les confrères se trouveront et s'assembleront pour ladite messe ; en arrivant ils mettront dans le tronc chacun une obole pour instituer, fonder, doter quelque chapelle ou église en l'honneur de saint Yves et pour soutenir ladite confrérie ; personne d'eux ne pourra s'absenter sous peine de payer un denier pour chaque absence que l'on employera au profit de ladite chapelle. 

Item, la veille et le jour de la fête du dit Saint, on chantera avec solennité les vêpres auxquelles tous les confrères auront soin de se trouver sous peine de payer pour les vêpres et les autres heures chacun huit deniers que l'on mettra dans le tronc pour le profit de la confrérie, de la chapelle ou l'église comme on a dit ci-dessus. 

Item, ladite confrérie aura quatre administrateurs ou proviseurs. Messieurs les confrères, tous ensemble, auront soin d'élire un maître spirituel pour être à leur tête. 

Item, on élira de trois ans en trois ans un maître spirituel et deux nouveaux administrateurs que l'on mettra à la place des deux plus anciens. 

Item, le lundi suivant la fête des morts, on chantera avec solennité pour le repos de l'âme de chaque confrère, des vigiles, une messe de requiem, auxquelles tous les confrères assisteront sous peine de payer quatre deniers au profit de la confrérie et chapelle ci-dessus spécifiée. 

Item, ladite confrérie aura un vicaire pour célébrer les vêpres, les vigiles, et les messes, qui aura pour son honoraire, par an, cent sols tournois avec douze à la mort de chaque confrère. 

Item, lesdits confrères s'assembleront le dimanche qui suivra ladite fête, ils feront célébrer une messe solennelle de la bienheureuse Vierge Marie ; après laquelle messe, il se donnera un repas entre eux avec toutes les actions de grâce, et le lendemain ils feront célébrer une messe de requiem. 

Item, chaque confrère payera douze deniers pour son entrée, six pour la quête avec deux sols pour sa place 

Item, le samedi suivant que ledit repas aura été donné, Messieurs les administrateurs en charge auront soin de rendre compte au maître spirituel, aux deux nouveaux proviseurs et aux quatre nouveaux confrères qu'ils recevront et choisiront, de ce qu'ils auront reçu et de ce qu'ils auront dépensé.

Item, lesdits préposés et proviseurs jureront dans leur nouvelle élection de conserver le bien, de gouverner avec fidélité les affaires de la confrérie et de rendre son compte juste et fidèle. 

Item, si quelqu'un des confrères, après avoir resté l'espace de dix ans, se trouvait réduit à l'indigence, sans que ce fut sa propre faute il sera suivant son état récompensé raisonnablement sur les biens de ladite confrérie selon le règlement du maître spirituel et celui des administrateurs en charge ; il recevra toutes les semaines de quoi pouvoir subsister, pourvu cependant que pendant les dix années il remplit et observe tout ce qui sera prescrit dans lesdits statuts et règlement autant que possible aura pu se faire. 

Item, ladite confrérie aura un bedeau qui aura deux sols à la mort de chaque confrère et seize deniers avec ses despens quand il ira dans la ville avec lesdits procureurs pour publier ladite confrérie et les indulgences qui lui seront accordées, pour ramasser la quête et le payement des places. 

Item, chaque confrère qui voudra se trouver au dit repas aura soin de payer le tribut de la quête avec les droits de place avant le dimanche qui précédera ladite fête afin que messieurs les administrateurs en charge sachent mieux ceux qui devront se trouver au repas. 

Item, ladite confrérie aura un tronc auquel il y aura trois clefs et qui restera chez l'administrateur en charge, et les trois autres chacun une clef. 

Item, ladite confrérie aura avec les cierges et torches précédentes huit autre cierges qui pèseront chacun quatre livres avec quatre torches qui pèseront pareillement huit livres, desquels cierges il y en aura quatre avec deux torches qui serviront aux funérailles de chaque confrère qui décédera. 

Item, ladite confrérie aura une croix et poële de soye ou doré ou autrement décent qui serviront aux funérailles dont on a parlé ci-dessus, et aura pareillement quatre petits livres ou seront contenus l'office de Saint-Yves, celui des morts avec les statuts et les règlements et expliquées les indulgences qui sont et doivent être accordées a ladite confrérie. 

Item, le lundi suivant que le dit repas aura été donné, on distribuera l'aumône aux pauvres avec ce qui pourra rester après que le repas sera fini. 

Item, le jour que le repas se donnera, un de Messieurs les confrères lira à voix haute et intelligible la vie de Saint Yves ou quelque chapitre de la sainte bible selon que Messieurs les proviseurs et maître spirituel jugeront être le mieux à propos. 

Item, ledit vicaire rendra à fin du repas les actions de grâce ; ensuite il nommera tous les confrères qui sont décédés pendant l'année et dira ce qu'ils auront laissé par leur testament à ladite confrérie. 

Item, ladite confrérie aura un coffre ou sera renfermé tout ce que nous avons dit ci-dessus. 

Item, à l'égard de la charge d'administrateur deux d'entre eux seront tenus d'assister à tous les offices qui se feront, savoir aux messes, vêpres et les funérailles, de publier eux-mêmes et de faire publier par d'autres personnes capables les indulgences accordées à ladite confrérie, de faire la quête toutes les fois qu'on célébrera les messes, vêpres marquées ci-dessus, pour soutenir la confrérie et fonder la chapelle du dit saint, d'écrire les noms de tous ceux qui assisteront aux dits offices, savoir aux messes et aux vêpres. 

Enfin, pour le parti desdits confrères, on nous a fait humblement supplier de trouver bon, de ratifier, d'approuver, de confirmer tout ce qui a été accordé de notre consentement et autorité. 

C'est pourquoi, persuadé du prétexte des mérites du glorieux Saint Yves, de tous les miracles qui ont paru en divers endroits de la terre, et en même temps convaincu de la vue desdits confrères, voulons que la présente confrérie, dont nous nous nommons et créons membre, soit valable et persiste à perpétuité ; nous louons, approuvons, ratifions et confirmons tous les statuts ci-dessus spécifiés, en même temps comme justes et louables et ordonnons et déclarons par ces présentes que tout sera observé à perpétuité. 

Donné à Paris sous notre sceau le mardi suivant la fête de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie l'an de grâce 1348.

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ANNEXE II - Inventaire de 1402

Inventaire fait l'an du Seigneur 1402, le lundi après la Saint-Michel Monte Gargone par vénérables et discrets maîtres Alain Guillot docteur et Alexandre Hugon bachelier en droit et Simon de Sarcy, procureurs et proviseurs de la chapelle du bienheureux Yves fondée en la rue Saint-Jacques à Paris des biens et choses mobilières appartenant è la dite chapelle, tant inventaire fait par vénérables et discrets maîtres Alain Forestier et Rolland Faber, alors procureur et proviseur de la dite chapelle, en l'an 1399, le samedi après la fête de Saint Pierre et Paul apôtres, et ensuite l'inventaire des biens arrivés de la dite chapelle après les inventaires précédents. A. N. LL 963 H 

Extraits :

Et Premier trois calices d'argent, dorés intérieurement et extérieurement, du poids de six marcs, dont le plus grand porte gravé sur la patène le mystère de la Cène et sur le pied du même calice l'image du Crucifix de couleur blanche et l'image de la b. V. Marie de couleur azur ainsi que des ornements à champ d'azur. Les deux autres calices portent gravés sur la partie supérieure de la patène le mystère de la Sainte Trinité au champ d'azur et sur le pied l'image du Crucifix, de la bienheureuse Vierge Marie et de Saint Jean-Baptiste en champ d'azur.

Item un grand calice, doré intérieurement et extérieurement, donné par les exécuteurs de maître Jehan de Keroulay en exécution de ses dernières volontés. Sur la patène l'image de la Trinité en champ d'azur et sur le pied l'image du Crucifix.

Item 3 paires de corporeaux mec custode.

Item 7 autres corporeaux avec custode.

Item un joyau au pied émaillé d'émail de Galice et deux anges dorés tenant un tube de cristal dans lequel est une partie du doigt de saint Yves, du poids de quatre marcs et demi six onces et cinq sériles d'argent.

Item un autre joyau d'argent doré avec sur le pied les armes de Bretagne et sur le haut du support la représentation du Crucifix et au dessous les deux images de la Vierge et de saint Jean.

Item un autre joyau de cuivre où sont des reliques de saint Thomas Catéchumène. Autre joyau donné par le duc de Bretagne, deux anges tenant une table dans laquelle est une cote de saint Ives.

Autre joyau en argent émaillé avec d'un côté un crucifix et de l'autre côté l'ensevelissement du Christ, dans lequel est une relique de la vraie croix.

Item, une cassette d'argent du poids de 4 marcs 7 seri. et obole.

Item, une longue croix de cuivre se posant sur l'autel et aux obsèques des deffunts .......

Suivent les ornements et le linge.

Item un ornement et un parement d'autel de panne dorée où sont les armes de France et de Bretagne qui sert pour les grandes solennités.

Item six candélabres de cuivre pour mettre les cierges sur le grand autel.

Item quatre autres candelabres de cuivre pour faire le service de, deffunts, item, trois autres petits candélabres de cuivre.

Item trois missels dont deux avec notes et l'autre sans notes.

Item un autre missel avec notes et deux fermoirs d'argent doré portant les armes de maître Jehan de Keroulay.

Item un bréviaire en deux volumes à notes, reliés de cuir blanc et fermoirs de cuivre.

Item un graduel recouvert de cuir blanc contenant la prose pour anniversaire.

Item deux quaternes avec vigiles des morts et autres offices, avec la légende de saint Ives et les offices du saint.

Item autre bréviaire en un volume couvert de cuir blanc avec fermoir de cuivre qui fut à deffunt Hervé Robert avec notes.

Item autre bréviaire à notes, psaultier couvert de cuir blanc.

Item un autre bréviaire recouvert de cuir rouge donné par messire Galerand de Pendreff.

Item autre graduel contenant la prose, couvert de cuir blanc.

Item bréviaire avec psaultier complet couvert de cuir blanc et fermoirs de cuivre.

Item moitié d'un bréviaire complet en deux volumes, couvert de cuir rouge.

 

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ANNEXE III - Fondations diverses à Saint-Yves

(liste non exhaustive à partir du XVIème siècle)

Le 26 juillet 1501, Guillemette de Mineray, veuve de Jean l'Escalopier, et exécutrice de son testament légua 40 sols parisis de rentes à prendre sur la maison de l'Ecu-de-France, rue Saint-Jacques. 

En mai 1504, Laurent Chrestien, prêtre du diocèse d'Evreux, fit fondation et fut inhumé sous une pierre tombale portant son effigie et celle de son oncle autre Laurent Chrestien qui vint l'y rejoindre exactement quatre ans plus tard. Autour était l'épitaphe suivante : « Cy gisent vénérables et discrettes personnes maistre Laurens les Chrestiens, l'aisné et le jeune, natifs d'Evreux, le dit jeune neveu du dit aisné, en leurs vivants licenciés en décret et le dit aisné official du palais, curé du Bourget et doyen de Compiègne, avocat en court d'église ; qu'ils trépassèrent c'est assavoir le VIII jour de. may mil cinq cents et quatre et le dit aisné le VIII jour de may M. Vc IX. »

Tout près du tombeau une plaque commémorative ainsi libellée 'appelait la fondation faite par l'aîné : « Cy devant gist vénérable et discrete personne maistre Laurent Chrestien, prêtre natif d'Evreux, en son vivant licencié en decret, doyen de l'église Saint-Clément de Compiegne, official du diocèse d'Evreux, qui a fondé en la chapelle de ceans une messe basse de requiem perpétuelle, qui se dit au vendredy, à sept heures, tinctée par douze cous à une seulle cloche, comme devant, moyennant le prix de six vingt livres tournois laissées aux maistres et gouverneurs de ceans. En outre a fondé un grand obit perpétuellement, que ceux de la grande confrérie des bourgeois sont tenus venir dire tous les ans à leur dépens en icelle chapelle, la vigille Saint Laurent auquel obit le vicaire de céans doit avoir seize deniers parisis à payer par iceux de la grande confrérie, comme les autres assistants, moyennant le prix de soixante et dix écus soleil baillés par les exécuteurs du dit défunt à iceux de la ditte grande confrérie, qui trespassa le huitième jour de may M Vc et neuf. Priez Dieu pour l'âme de lui » (Voir Gaignières, Pe ij fol. 71).

En 1510, Florent Hamelin fit une fondation et fut inhumé en la chapelle comme le rappelait son épitaphe sur une plaque de marbre scellée au mur et représentant un cadavre entre deux écus armoriés : parti d'un chevron accompagné de 3 hures de sanglier au chef chargé de 3 quintefeuille à la bande engreslée, parti écartelé au I et IV d'un chevron chargé de trois trèfles accompagné de 3 roses, aux II et III une croix cantonnée de 4 fers de lance. 

Dans la tombe reposaient : 1° Florent Hamelin, greffier de l'officialité de Paris, décédé en 1510 ; 2° Sa femme Gilette Pinot, décédée en 1522 ; 3° Christophe Hamelin, avocat au Châtelet ; 4° Marie de Thumery sa femme, décédée en 1554. 

Le 6 décembre 1513, messire Guillaume de Melun, chapelain de Saint Yves, légua par testament quatre livres parisis de rente annuelle pour la fondation d'une messe basse chaque semaine, pour son âme et celle de feue Marie de Rueil sa mère. 

Le 13 août 1515, messire Jean Huart, prêtre et chanoine de Saint Marcel, fondait deux grands obits à neuf psaumes et neuf leçons et trois hautes messes, deux en l'honneur du Saint-Esprit, de Notre-Dame et l'autre de requiem, aux mercredi des quatre temps de la Pentecôte et de septembre, moyennant 120 livres. 

Le 11 février 1534, fondation, moyennant 600 livres, par les exécuteurs testamentaires de messire Jean Courault, curé de Macy, de vêpres quotidiennes et complies de la Vierge avec salut et De Profundis, l'été à cinq heures du soir et l'hiver à quatre heures et demie. Ce généreux donateur était inhumé dans le choeur à droite du lutrin devant le crucifix du choeur. 

Le 4 août 1543, fondation par maître Simon Le Roux, scribe de l'Université, d'une messe basse de requiem le lundi de chaque semaine et d'un obit moyennant 12 livres dix sols de rentes. Une plaque de marbre rappelant cette fondation était scellée dans l'église et timbrée de ses armes : trois trèfles au chef chargé d'une rose. 

En 1550, fondation de Claude Arnoult qui fut inhumé en la nef près de la chapelle Notre-Dame et Saint-Denis. La tombe armoriée de ses armes : un chevron accompagné de 3 coeurs, portait l'effigie d'un homme vêtu d'une robe de notaire avec le chaperon sur l'épaule, et autour l'inscription suivante : « Cy gist honorable homme Claude Arnoult, en son visant notaire et greffier de la conservation des privilèges apostoliques de l'Université de Paris, lequel trépassa le vendredi XIX jour de septembre M D L. Priez Dieu pour lui. Pater noster. Ave Maria » (Voir Gaignières, Pe ii, fol. 83).

En 1558 fut inhumé dans la chapelle maître Antoine Boytonnet, natif de Saint-Galmier, avocat au Parlement. Sa tombe, effigiée d'un avocat portait ses armes : écartelées au I et IV trois merlettes au II et III à l'aiglette, éployée, avec l'inscription suivante : « Cy gist maistre Anthoine Boytonnet, en son virant avocat en la court de Parlement à Paris, lequel décedda le jeudy XVII jour de febvrier M D L VIII. Priez Dieu pour son âme » (Tombe dans Gaignières, Pe ij, fol. 6).

Le 12 mars 1565, Pierre Monnart, chanoine de Soissons, fonda un salut le jour de chacune des cinq fêtes de la Vierge avec De Profundis sur la tombe d'Arnoult son frère, vivant official de Paris, moyennant 125 livres de principal. Cette dernière qui était dans la nef devant la chapelle Saint Fiacre portait l'effigie d'un prêtre avec l'épitaphe suivante : « Cy gist vénérable et scientifique personne Arnout Monnart, prêtre, en son vivant avocat ès cour d'église à Paris et official de Messieurs du Chapitre du dit lieu, lequel trépassa le second jour du mois de novembre l'an mil cinq cens soixante. Priez Dieu pour son âme et pour les aultres trépassez » (Voir Gaignières, Pe ij, fol. 67).

Le 1er mai 1570, fondation par Rene Piron sr. de Vauxpereux, avocat du Parlement. Il fut inhumé au côté gauche du maître-autel près du lieu où sont déposées les reliques (Voir Gaignières, Pe ii).

Le 8 septembre 1750, Jean de Corbie, notaire apostolique, procureur ès cours ecclésiastiques de Paris, et parent du chancelier, ordonna par testament d'inhumer son corps en la chapelle Saint Yves, dans le choeur à droite. Il donna trois livres à chanter qu'il fit enchaîner dans le choeur, et 12 livres 10 sols de rentes sur la maison de la Croix Blanche, rue Galande, à charge de faire célébrer à perpétuité aux quatre grandes fêtes annuelles un salut à sept ou huit heures du soir par les six prêtres habitués aux oraisons « Domine non secundum », l'antienne du Saint Sacrement, etc..., fondation confirmée le 14 octobre 1572.

Il fut inhumé au côté droit du lutrin ainsi que sa femme Marie Héranger. Celle-ci avait fait avec son mari, maître Adrien Thinot, procureur et notaire en cour d'église, une autre fondation le 8 juin 1586 dotée de quatre soleil et dix sols de rente, et consistant en un obit perpétuel, le 19 juillet. 

En 1571 Jean de l'Isle, procureur au Châtelet et Marguerite Veilart, sa femme, firent une fondation rappelée par l'inscription suivante contre le mur gauche de la nef  « Cy gisent honorables personnes M Jehan de Lisle, en son vivant procureur au chatelet de Paris et Marguerite Veilart sa femme, qui décédèrent, assavoir le dit de Lisle le XXV juillet M Vc L XXI et la dite Veilart le VIII décembre M D L XXII. Priez Dieu pour eux » (Voir Gaignières, Pe ij, fol. 44 et Pe ii, fol. 141).

Le 5 février 1576, Pierre Ogier, prêtre habitué de Saint-Séverin, légua à la confrérie 70 livres de rentes à charge de deux messes par semaine les lundi et jeudi, de quatre obits et d'une plaque de fondation. Il fut inhumé en la nef devant la chapelle Saint-Mathieu sous une tombe effigiée d'un docteur avec l'épitaphe suivante : « Cy gist vénérable et discrette personne maistre Pierre Ogier, en son vivant natif de Lassay au diocèse du Mans et procureur ès cours ecclésiastiques de Paris qui décéda le XIIIe jour de février MDLXXVI. Priez Dieu pour son âme » (Voir Gaignières, Pe ij fol. 64). La même épitaphe était reproduite contre le mur avec le détail de la fondation. 

Par actes des 30 juillet 1577 et 9 décembre 1587, Louis Marchand, bourgeois de Paris fonda une messe en l'honneur du Saint Sacrement tous les jeudi et également les jours de la fête du Saint Sacrement et octave. 

Le 6 septembre 1578, les exécuteurs de Barthélemy Morel firent une fondation rappelée par l'inscription suivante dans la nef près de la chapelle Saint Mathieu : « Cy devant gist vénérable personne M Barthélemy Morel, en son vivant official de Messieurs les Archidiacres de l'église de Paris, qui aurait par son testament donné à l'église de céans vingt-cinq livres tournois de rente et qui auraientété délivré (sic) par ses exécuteurs pour la fondation d'un service solennel qui doit estre dict le jour de son trépas qui fut k 5 août 1578 comme appert par lettres passées par devant Chappelain et Du Bois, notaires, le 6 septembre ce dit an » (Voir Gaignières, Pe ij). 

Le 14 février 1587, Jean Huot, exécuteur testamentaire de Jeanne Coignet sa femme, légua à Saint-Yves 12 livres 10 sols de rentes pour un obit le 14 avril.

Le 20 décembre 1595, Jean Mignotais, compagnon, donna une maison à Bagneux à cause de Marie Megret sa femme, fille de feu Jean Megret, pour une messe haute de requiem et un salut. 

Le 15 janvier 1600, Jean Mymoret, gagne denier, donna 12 livres 10 sols pour un service à perpétuité au lieu de sa sépulture. Il fut inhumé devant l'autel Sainte-Catherine proche les cloches. 

Le 14 avril 1618, Florence Vaillant légua 600 lires pour qu'une lampe brûle nuit et jour en l'église et pour une messe par an grand obit le 30 octobre. Elle fut inhumée dans le choeur, du côte droit, devant le pupitre. 

Le 8 octobre 1620, Jacques Ligier, sr. de Graville et secrétaire du du roi, laissa 500 livres à charge d'un anniversaire le jour de son trépas le 21 octobre). Il fut inhumé dans le choeur du côté gauche. 

Le 29 juillet 1630, messire Germain Bivars, prêtre, chapelain de Notre-Dame et Saint-Denis, fonda six messes basses par an en la dite chapelle sur l'autel Notre-Dame et Saint-Denis les jours de la Conception, de Saint-Denis, de Saint-Yves, de la translation de Saint-Yves, de Saint-Fiacre et de Saint-Louis. 

Le 9 octobre 1632, Charles Brice, secrétaire de la chambre du roi, légua 12 livres 10 sols de rentes et un tableau représentant saint François pour un service solennel à perpétuité le jour de son trépas. Une plaque contre le mur gauche, au bas du choeur, rappelait ainsi qu'il suit cette fondation : « M. Charles Brice secrétaire du Roy a fondé en cette église par chacun an à perpétuité un service solennel l'unzième septembre jour de son decedz pour le repos de son âme et de ses parens et amis trespassez comme il est déclaré au contract passé par devant de Saint­Vast et Montroussel, notaires le XXVIII novembre MDCXXXIII. Requiescat in pace. Amen » (Voir Gaignières, Pe ij, fol. 76).

Le 7 juillet 1644, Denis Le Blanc, chanoine et official de Paris fonda un obit solennel le 11 juillet, lendemain de la translation de saint Benoît, moyennant 50 livres de rentes. 

Le 26 juillet 1669, maître Pierre Besnard (d'origine bretonne, semble-t-il) donna 600 livres pour la fondation d'une grand'messe à chaque 1er août et d'un obit le 1er avril. Il fut inhumé au bas du chœur, à la gauche du lutrin, sous une dalle portant l'inscription suivante : « Cy gist maître Pierre Besnard, ancien chirurgien de longue robe, juré de l'Université de Paris des deux compagnies unies et l'un des anciens gouverneurs et administrateurs de cette chapelle de Saint-Yves qui a fondé à perpétuité le service solennel de la feste de Saint-Pierre-aux-liens, premier jour d'août, savoir les premier et seconde vespres avec chaspes, la grande messe avec diacre et sous diacre et, à la fin des complies des secondes vespres, un De Profundis avec les collectes inclina et fidelium. ; et le lendemain les vigiles à neuf leçons avec chaspes, deux messes basses l'une du Saint-Esprit et l'autre de la Vierge avec l'oraison pro infirmis, la messe haute de requiem a diacre et sous-diacre et ensuite le Libera et De Profundis avec les susdites collectes le jour de son décès, pour lesquelles fondations a donné à la dicte chapelle de Saint-Yves la somme de six cens livres comme il appert par contract passé avec Messieurs les Maistres gouverneurs et administrateurs, devant le Bouchert et Huart, notaires au Châtelet de Paris le 26 juillet 1669. Il est décédé le VI jour d'avril MDCLXII »

Le 19 avril 1671, Marguerite Ythier fonda douze messes basses le premier samedi de chaque mois en l'honneur de la Sainte Vierge avec saluts, le premier jeudi de chaque mois, moyennant 300 livres une fois payées. 

Le 2 juillet 1671, Florentin Lambert et Elisabeth Pelletier, sa femme, marchands bourgeois de Paris, firent fondation de douze saluts, le premier jeudi de chaque mois moyennant 300 livres une fois payées. 

Le 19 août 1674, Marie Boullard légua 130 livres. 

Le 21 octobre 1703, Louis Aubert fonda une messe tous les mercredis. 

Le 5 mars 1715, M. Estienne Bracquet, avocat, et le Sr. abbé Bracquet son frère, fondèrent un salut tous les vendredis à cinq heures en hiver et à six heures en été moyennant 4.000 livres. 

Enfin, le 6 juin 1717, messire Guillaume Pepin de la Loupe, docteur en théologie, chanoine et théologal de l'église collégiale de Notre-Dame de Nesle, vicaire de Saint-Yves, légua 100 livres à la confrérie.

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