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Dinan durant la Révolution |
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Il n'y eut aucune action militaire au pied des murs de Dinan pendant la Révolution, mais on faillit bien cependant connaître une attaque de l'armée vendéenne.
Cette armée, qui avait échoué dans sa tentative de prendre Granville, se repliait en livrant, dans sa retraite, des combats désespérés aux forces républicaines. Le 7 Novembre 1793, les Vendéens s'emparaient de Dol et poursuivaient leur avance sur Dinan.
Le Commissaire des Guerres Jullien avait rallié les débris de l'armée battue à Pontorson et les avait dirigés sur Dinan afin d'organiser la défense de cette place jugée position-clé. Les 2 ou 300 hommes de la garnison étaient partis soutenir Châteauneuf et Saint-Malo, laissant la ville à la merci d'un coup de main.
Le tocsin sonné dans les alentours, une foule de paysans se dirigea sur Dinan.
Ces gens étaient armés de piques, de faux renversées et poussaient devant eux des troupeaux destinés au ravitaillement de la ville, susceptible d'être investie.
La pensée que le flot de l'armée vendéenne, avec ses masses indisciplinées pouvait venir inonder les campagnes, avait grandement stimulé le zèle des volontaires.
Beaucoup de ces hommes jugés inutilisables furent renvoyés chez euz, mais on en garda 3 à 4.000 qui furent employés surtout à des travaux de fortification.
Suivons la crise en citant quelques passages de des responsables de la défense :
Le 20 brumaire 1793, Jullien écrivait au Conventionnel Prieur de la Marne, membre du Comité de Défense Générale : « ... si nous pouvons sauver Dinan, St-Malo sera couvert, mais Dinan est sans défenses et l'ennemi est à ses portes. Il nous faut des canons, des armes, des subsistances. Je vais courir toute cette nuit, comme la précédente, je dormirai quand je serai à mon poste. L'ennemi s'avance de Dol à Miniac, à moitié chemin de Dinan, on craint fort pour cette dernière ville ». Autre lettre adressée à Carrier le 21 brumaire « ... Je n'ai encore que des notions très vagues sur la marche et les desseins des ennemis, sur leur position et celle de nos troupes, mais il me semble qu'il serait d'abord bien important de couvrir Dinan qui est en quelque sorte la porte d'entrée du département des Côtes-du-Nord. Espérons que les rebelles seront tellement cernés par nous qu'ils trouveront ici leur tombeau ».
Autre lettre à Prieur de la Marne, du 22 Brumaire : « ... Le général Tribout entre aujourd'hui à Dinan avec bon nombre de républicains... ». Le 30 Brumaire. Jullien adressait cette proclamation aux habitants de Dinan dont le moral avait probablement besoin d'être soutenu : « Les citoyens de Dinan sont prévenus que le bruit répandu de l'approche des brigands est absolument faux, qu'ils sont à peine à Dol et que du reste toutes les mesures sont prises pour les bien recevoir. Il y a dans la place cinq mille républicains. On a pris tous les moyens de défense et la garnison répond de la commune. Ceux qui répandent la terreur sont des malintentionnés, que tous les bons citoyens sont invités à arrêter. Espoir et courage, la crainte est pour nos ennemis seuls. Les patriotes et les républicains ne savent point craindre mais prévenir les dangers et les dangers sont prévenus ».
Le même 30 Brumaire, Jullien annonce qu'il passe une revue générale des troupes rassemblées à Dinan.
Le 2 Frimaire, le Commissaire, accompagné du général Tribout, inspecte les remparts, les portes, les endroits propres à recevoir des batteries, ainsi que les redoutes nouvellement bâties [Note : Une redoute était au carrefour du bourg de Lanvallay, d’autres dans le Grand-Chemin (rue du Gl-de- Gaulle)] et les chemins par où l'ennemi pourrait se glisser.
Le 3 Frimaire, Jullien répond aux administrateurs du Morbihan qui lui demandaient du secours, qu’il ne peut distraire un seul homme de la garnison de Dinan, ville qu’il est très important de conserve.
Le 4 Frimaire, Jullien dit : « Nous conserverons Dinan ou nous serons ensevelis sous les ruines. Défendus par notre position du côté de Dol, nous pourrions encore appeler l'art au service de la nature et nous ne devons rien négliger de ce que réclame la sûreté d'une ville qui est la porte d'entrée de toute la ci-devant Bretagne ».
Le 5 Frimaire, le danger étant toujours très grand, il est question de couper la route de Jugon selon un ordre venu de Rennes, mais Jullien s'y oppose et fait valoir que cette route peut être nécessaire pour la retraite de la garnison de Dinan et qu'il sera toujours temps après de faire sauter la digue de l'étang pour arrêter les Vendéens.
Enfin, la situation devint moins grave, et le 8 Frimaire, Jullien envoie une grande partie des troupes — 3.000 hommes — à l'aide du Morbihan. Dinan gardait encore cependant des forces importantes : 1.800 hommes et 32 canons. Il termine sa lettre à Prieur de la Marne en disant : « Ça ira ! ».
L'alerte avait été chaude, mais sans rien de plus et aucuns dégâts. S'il y eut d'autres alertes pendant la Révolution, la ville ne fut cependant jamais attaquée.
(M. E. Monier).
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