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L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE HÉDÉ.

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L'église de Hédé, placée sous l'invocation de Notre-Dame, est une des plus anciennes du département d'Ille-et-Vilaine. Sa construction remonte au commencement du XIIème siècle et peut-être à la fin du XIème. Elle appartient à la période romane secondaire, tout en présentant encore beaucoup des caractères de la période précédente.

Orientée de l'Est à l'Ouest, orientation la plus générale, elle se composait d'une nef accompagnée de deux collatéraux, suivie d'un transept qui étendait ses bras des deux côtés, et, avec l'abside en cul-de-four qui la terminait, reproduisait la forme de la croix latine.

L'aspect de sa façade était celui des églises romanes à bas-côtés et rappelait béaucoup, mais en faisant, toutefois, abstraction de la richesse de l'architecture de celle-ci, la jolie église de la petite commune de Jort, dans le Càlvados [Note : De Caumont. Rudiment d'Archéologie. Architecture religieuse, p 124].

Sa construction était des plus simple. Si sa façade et l'entourage des portes étaient faits de pierres taillées de moyenne dimension, le tour des fenêtres n'offrait que des moëllons simplement, équarris et tout le reste n'était qu'une maçonnerie commune, un grossier blocage.

Les contreforts qui l'appuyaient, au nombre d'une quinzaine, à l'Ouest, au Sud et à l'Est (ceux du collatéral Nord reconstruits plus récemment rappelant les formes du XVIIème siècle), plats, n'ayant que 0 m. 20 de saillie sur 0 m. 60 de largeur, montent tout droits jusqu'au toit sans aucun ornement. Les deux placés aux côtés de la grande porte, plus élevés et supportant une plus forte poussée puisqu'ils allaient jusqu'au haut de la façade, mesuraient 0 m. 80 de large sur 0 m. 40 d'épaisseur.

Cette porte d'une largeur de 1 m. 75 à l'extérieur et de 2 m. 15 en dedans, encadrée dans un fronton triangulaire tronqué à sa partie supérieure, en saillie sur le mur, surmontant une double archivolte en plein cintre faite de pierres étroites et peu épaisses, dont les retombées viennent se reposer de chaque côté sur deux colonnes de hauteur égale, mais celle intérieure plus mince, à chapiteau carré, brut, sans sculpture, était la porte principale s'ouvrant dans la nef.

Trois autres portes, de moins d'importance, donnaient encore accès à l'église.

La première, dans le Collatéral Nord, en cintre surbaissé [Note : Ce cintre surbaissé, les pierres dont il est fait et celles des pieds-droits qui le supportent, de taille beaucoup plus grandes que toutes celles qui ont été employées ailleurs, indiquent un remaniement à une époque indéterminée, peut-être lors d la ednstruction du porche], précédée d'un porche moderne en remplacement d'un plus ancien, du XVIIème siècle, bâti de 1600 à 1619, sous l'administration de Dom Jean Poullart, alors recteur de Hédé, sans doute à la place d'un plus ancien encore, formé de deux murs simples avec bancs surmontés d'une galerie en bois qui servait d'ossuaire, démoli en 1818 ; la seconde, supprimée à la suite d'un vol commis en 1754, au seuil un pèu plus élevé au-dessus du sol, ouvrait dans la Chapelle Saint-Nicolas, dans laquelle on descendait par quelques marches ; enfin la troisième, intérieure, dans la Chapelle du Rosaire, faisait communiquer l'église avec le Prieuré.

A l'intérieur, la Nef était séparée de chacun de ses bas-côtés par une rangée de sept arcades en plein-cintre de 3 m. 10 d'ouverture, non compris l'épaisseur des piliers qui les séparaient. Ces piliers, carrés, de 0 m. 92 de côté, en matériaux des plus communs, en grossier blocage, comme tout le reste de l'édifice, et revêtus seulement d'un enduit pour en cacher la simplicité, sur lesquels s'appuyaient les cintres, n'avaient, pour recevoir ceux-ci, en guise de chapiteau et pour tout ornement qu'un simple tailloir qui se reproduisait sur la base. Encore faut-il ajouter que ces tailloirs n'existaient que sur la face intérieure de l'arcade et que les autres faces tournées vers la nef et les bas côtés étaient entièrement lisses et plates [Note : « Le point de départ des voûtes reposant sur leurs pieds-droits, simplement marqués par une imposte chanfreinée qui ne fait pas retour d'équerre sur les parois latérales, est généralement un signe d'ancienneté ». Noël Thiollier. L'église de Curgy. Comité des Trav. histor. et scientif. (1898).].

« L'irrégularité des arcades des Nefs, nous dit M. de Caumont, est chose à considérer; il est rare qu'elles aient la même ouverture ou la même hauteur » [Note : Rudiment d'Archéologie religieuse. Ere romane secondaire, p. 142].

Ce caractère d'irrégularité est bien marqué dans l'église de Hédé, non pas, peut-être, au point de vue des dimensions, mais, d'une part, par le fait que plusieurs de ces arcades ne sont pas simples, et ont leurs arcs doubleaux, c'est-à-dire renforcés par un second cintre intérieur plus étroit reposant sur des pieds-droits accolés aux piliers, et que, d'autre part, les fenêtres qui les surmontent ne sont pas placées dans la partie où elles devraient se trouver normalement, exactement au-dessus du milieu du cintre, mais qu'elles en dévient, au contraire, en descendant vers le bas de l'église, finissant par produire au-dessus de la dernière arcade un écartement de près de 0 m. 50 [Note : C'est à la suite de la découverte de cette irrégularité que l'architecte chargé de la restauration de l'église vers la fin du XIXème siècle, ne l'ayant point prévue dans son plan d'embellissement, se vit dans la nécessité de démolir les fenêtres et, au lieu de les reconstruire telles qu'elles étaient, ce qui n'eut été ni difficile ni coûteux, puisqu'il n'y avait qu'à reporter de quelques centimètres les moëllons qu'on venait d'en tirer, a jugé plus convenable, sous prétexte d'économie, dans un édifice de style bien caractérisé, et jusqu'alors intacts, dans lequel aucune brique n'avait été employée, d'en refaire l'encadrement en briques et les voûtes intérieures en lattes et plâtre].

A la suite de la Nef et à l'intersection des deux bras du transept s'élevait une autre arcade, beaucoup plus haute, de 6 m. 50 d'ouverture, y compris les piliers sur lesquels s'appuyait son cintre, d'aspect plus monumental, arc de triomphe qui décorait l'entrée du Chœur. Le Chœur lui-même formait un carré compris entre trois autres arcades de même dimension que celle de l'Arc triomphal et réunies à celui-ci pour servir de base à un clocher central.

Ce clocher, de forme carrée, n'a qu'un étage percé sur chaque face de deux petites fenêtres cintrées gemellées. On sait que les clochers romans primitifs étaient peu élevés et que c'est seulement à partir du XIIème siècle qu’on leur donna des étages.

Celui de Hédé eut-il des étages ? ou fut-il rasé plus tard ? Nous l'ignorons.

Tel qu'il existe, il était suffisant pour contenir toutes les cloches qui pouvaient être nécessaires ; sa position sur un point dominant le rendait visible de tous les côtés ; d'autre part, il ne figure pas parmi ceux qui, en 1701, Tinténiac, Bazouges, Feins, Noyal, furent jetés à bas par une tempête le jour de la Chandeleur. Il est peu probable, cependant, que nous le voyons tel que ses constructeurs l'ont laissé, mais qu'il a été modifié à la suite du procès-verbal de 1646, constatant son mauvais état et l'urgence de réparations et que c'est alors que, afin de préserver les murs et le Chœur, on eut l'idée de le recouvrir d'une charpente en bois à quatre pans peu élégante, terminée par cette petite pointe que des gens peu révérencieux osent qualifier de « poivrière ».

Derrière le Chœur se prolongeait l'abside qui était demi-circulaire, tandis que les bras du transept se terminaient par des chevets droits.

Les dimensions de l'église étaient celles-ci : largeur de la Nef, d'un collatéral à l'autre, avec les bas-côtés de 2 m. 70 chacun, 12 mètres ; longueur jusqu'au transept, 28 mètres, et la longueur totale, y compris le Chœur et l'Abside, environ 40 mètres. Quant au transept, de l'un à l'autre de ses chevets, il mesurait 18 mètres.

Il ne semble pas qu'à l'origine l'église eut une voûte, au moins en pierres. Rien le long des murailles lisses de la Nef, ni pierre d'attente, ni corbelets, ni même aucun tailloir comme il en existe à l'intrados des arcades latérales, n'indique un point d'appui sur lequel elle aurait pu reposer et n'en peut faire préjuger l'existence. La charpente devait être dissimulée par un modeste lambris de bois portant directement sur le haut du mur, comme celui qui fut refait plus tard et dont nous avons vu la démolition il y a quelques années seulement.

L'église était éclairée par de nombreuses fenêtres. La façade en offrait trois: une grande au-dessus du portail éclairant la Nef, d'environ 0 m. 80 de large sur 1 m. 80 de haut, la seule qui ait un ornement, léger tore qui en faisait le tour à l'intérieur, puis deux autres donnant dans les bas-côtés, beaucoup plus petites.

Dans la Nef, de chaque, côté, sept fenêtres de même dimension que celle de la façade, placées au-dessus des arcades, y apportaient leur lumière.

Dans les bas-côtés, y compris celles du transept, on en comptait jusqu'à quinze. Mais ces fenêtres, à plein cintre, étroites, ayant à peine 0 m. 20 ou 0 m. 25 de large sur 0 m. 60 à 0 m. 70 de hauteur, ressemblant plus à des meurtrières qu'à des fenêtres, quoique ébrasées en dedans, si nombreuses qu'elles fussent, ne laissaient passer à travers les petits losanges plus ou moins sales de leur vitrage qu'un jour forcément insuffisant. L'église était très sombre et le prêtre était souvent obligé d'avoir un petit cierge auprès de lui pour s'éclairer à l'autel pendant la célébration des offices.

D'autre part, des changements s'étaient produits dans l'église à différentes époques qui avaient rendu la situation encore plus difficile. L'abside avait été convertie en sacristie et séparée du Chœur par un mur plein ; c'étaient cinq fenêtres qui disparaissaient d'un seul coup. Seules les fenêtres du Transept pouvaient encore envoyer quelques rayons vers le Chœur, mais lors même qu'elles eussent eu les dimensions de celles du Clarestory, c'était bien peu de chose. En outre, le mur collatéral Nord menaçant ruine avait dû être remplacé par un mur plein et les cinq ouvertures qui y existaient auparavant n'y avaient pas été rétablies.

On prit alors une mesure radicale: on décida de murer et de supprimer toutes ces petites meurtrières pour les remplacer par un certain nombre de baies plus vastes et plus commodes.

On en perça sept, dont trois dans le Collatéral Sud, et une dans chacun des chevets du Transept, en remplacement des anciennes, simples, du reste, et sans style. En outre, deux dans la sacristie, celles-ci consistant en une simple ouverture de forme carrée, d'environ 0 m. 80 c. de côtés, garnie de fortes barres de fer pour en défendre l'entrée contre les tentatives des voleurs. L'éclairage ainsi obtenu était alors devenu tel qu'il permit de supprimer en même temps ces quatorze fenêtres du Clarestory, qui étaient d'un accès difficile et d'un nettoyage incommode et que l'on considérait désormais comme inutiles. C'est alors qu'on refit dans la Nef, comme aussi dans les chapelles du Transept [Note : Vente de la Maison Rouge à Denoual, qui aumônera deux écus pour aider à lambrisser la Chapelle Saint-Nicolas de l'église Notre-Dame de Hédé (1684)], ce grand lambris en bois, en forme de voûte, qui, tout en laissant à découvert les tirants de la charpente, supprimés seulement au XIXème siècle, recouvrit celles-ci sous son enveloppe et les cacha à tous les yeux, jusqu'au moment où, il y a environ cinquante ans, lors des grandes reparations que l'on fit à l'église, on les rétablit, àinsi que nous l'avons dit précédemment.

Au milieu du XVIIème siècle, en 1646, lors de la prise de possession par Missire Jérôme de Laubrière de son Prieuré, était presqu'en aussi mauvais état que celui-ci.

Dans le procès-verbal que nous avons précédemment cité à son sujet, les experts ajoutent que « le costé de la muraille (de l'église) vers le Prieuré est penschante en toute sa longueur et hauteur ; que quatre piliers y servant d'arcboutans pour le soutenir sont tous démolis et à demy ruisnés en sorte qu'il convient de refaire de neuf tant lad. muraille que lesd. piliers et la voulte de la grande porte est ruisnée... ; replacer des sablières dans l'esle du côté du Prieuré ; que des poinçons sont démortaisés ; qu'il conviendrait de faire toute la charpente du Chanceau… et de recouvrir toute ladite église, chapelles, helles (ailes) et clocher ».

A la suite de cette expertise, les réparations nécessaires furent entreprises, les changements dont nous avons parlé furent faits et, en 1678, Missiré Jan Ollivier, recteur de Bazouges et Hédé, dans le rapport qu'il adressait à son évêque, pouvait dire que « l'église est en assez bon état de réparations ».

Ce rapport, nous croyons devoir le reproduire ici comme très instructif, tant au point de vue de l'église elle-même et de son service ; qu'à cause de la peinture de l'état moral de la population de Hédé qu'il nous offre.

« Etat des fondations de Hédé et Bazouges. Réponse de Missire Jan Ollivier, Recteur de Bazouges et Hédé, à Monseigneur l'illustrissime et Reverendissime évêque de Rennes, selon les articles de son Mandement du 7 juillet (1678).

1° L'église est bâtie sous l'invocation de la Sainte Vierge.

2° Il n'y a aucun revenu que le casuel, attendu que le Recteur doit au Curé et pour cest effet est deub au Recteur par la Maison de ville (de Hédé) 10 escus, par arrêt du Conseil en date du mois 1670 (dont il n'a jamais peu avoir le paiement).

3° Hédé, succursalle de Bazouges. Il y a des fonts et un cimetière. Il y a environ cent ans, ne sachant par quelle permission, n'en trouvant aucune lettre au coffre de l'église. Elle est éloignée de l'église de Bazouges d'environ un grand quart de lieue.

4° L'église est assez en bonne réparation ; il y a des ornements de toutes les couleurs, mesmes des libres propres pour le service divin. Il y a trois calices d'argent avec les patènes dorées, un ciboire et un soleil, le tout d'argent, avec une petite bouette pour porter le Saint-Sacrement aux malades. Il y a une lampe devant le Saint-Sacrement, mesmes une lampe devant chaque autre autel. Il y a des reliques avec un relliquaire.

5° Il y a plusieurs sortes de reliques dans un relliquaire fermé à clef.

6° Le Tabernacle, les fonts, l'armoire des Saintes-Huilles sont propres et ferment à clef. On renouvelle les Osties de quinze jours en quinze jours, et l'huille des infirmes est en son vaisseau séparé.

7° Il y a quattre autels et sont consacrés, à la réserve du grand-autel où il y a une pierre sacrée. Ils sont assez bien parés et, à chaque, il y a trois nappes. Il n'y a point de peintures indécentes. Il y a une piscinne au bout du grand-autel.

8° L'heure du service est assez bien réglé ; on dit la Messe du matin en hyver à 7 heures et la grande à dix ; en esté, à six et la grande Messe à neuf. Les prêtres sont assez assidus au service divin. On chante la grande Messe, festes et dimanches ; on fait le Catéchisme à 2 heures. On est assez charitable pour les malades et les pauvres.

9° Il n'y a point de bancs ni confessionnaux incommodes ni en lieu obseur.

10° Le Cimettière est bien clos et fermé. Il y a trois grandes croix de pierre élevées dedans. On n'y vend auchunes choses.

11° Il y a trois prestres : Missire Julien. Labbé ; Missire Vincent Harant, Missire Guillaume Doucet ; scavoir led. Labbé âgé de 47 ans, natif de l'évêché de Dol, paroisse de Saint-Méloir-des-Bois, contiguë à celle de Bazouges. Il a son Exeat non limité et receu de défunt Monseigneur de Rennes ; il a étudié en philosophie. Il list le Concile de Trente, Collet, Abellye, Bertin, Bertault, Moulinet et autres.

Missire Vincent Harant, natif de Hédé, âgé de 33 ans, qui est adonné au toubac et boit du cildre à l'extraordinaire, et, au par sur fond, bon prêtre ; il assiste à l'église et fait bien son devoir.

Guillaume, Doucet, natif de Coutance, âgé de 57 ans, ses livres sont le Concile de Trente, Bertin, Bertault et autres. il y a six à sept mois qu'il est estably en cette ville avec un Exeat de son évesque et approbation de Monseigneur de Rennes. Ils ne sont point bénéficiaires ; ils sont habillés décemment.

12° Les prêtres ne vont point au cabaret ni autres assemblées publiques. Ils ne vont point à la chasse, ni ne portent d'armes. Le sieur Labbé vit avecq sa sœur, Monsieur Harant, seul., et le sieur Doucet avec sa sœur et beau-frère. Ils ne vivent point avec scandale.

13° Il n'y a que Missire Julien Labbé qui confesse et administre en plaine visite. Il y a douze ans ou environ et confirmé par touttes les antres (?) par Mon feu seigneur. On ne reçoit point les prêtres vagabonds.

14° On n'absout point de cas réservés à ma connaissance ni les confessions des Religieuses.

15° Il n'y a aucun enfant bénéficier en la paroisse ni prétendant aux Ordres.

16° Il y a un Couvent de Religieuses de l'Ordre des Ursulines. Ils sont au nombre de neuf et trois novices. Leur clôture est bien observée et servent fort à la jeunesse.

17° Il y a un Maistre d'escolle de bonne vie et mœurs. Les filles vont aux religieuses et les garçons au maistre d'eschole.

La Sage-femme est morte. Il y en a une autre, non jurée, servant à sa place.

18° Les pères et mères sont assez soigneux de faire baptiser leurs enfans et les cérémonies ne se font jamais séparées du baptême. Les registres sont bien en ordres conformément à l'Ordonnance.

19° Il y a environ quatre cents cinquante communiants à Hédé ; ils ont tous satisfait à leurs devoirs de Chretien à Pasques. Ils sont tous bien instruits et assez soigneux de faire instruire leurs enfans.

20° il n'y a point de pécheurs publiques qu'un nommé Gilles Forbel qui vit scandaleusement avec une créature qui demeure assez proche de lui. Il n'y a pas d'usurier, yvrogne ou blasphemateur à ma cognoissance... Il n'y a pas d'injustice et superstition qui y règne.

21° Il n'y a point de personnes mariées vivant séparément, ni de mariages invalidés, ni personnes fiancées qui n'aient épousé.

22° Il ne se commet point d'insolence ni en la célébration du mariage ou du baptême, ni aulcune chose qui prophanne le Sacrement.

23° Il n'y a, grâce à Dieu, aucun héréthique cette ville.

24° La Fabrice n'a aucun revenu que la Charité des Bourgeois et autres circonvoisins, fors 4. l. sur une fondation de Bonne Roumy, autres fondations de 4 l. par Missire François André, prêtre, de 4 autres livres par Mme du Matz (dlle Renée Collichet, épouse de Maître Michel Judier, Notaire royal) sur sa maison de Monplaisir, à présent possédée par les dames religieuses, outre un dixmereau s'estendant en la paroisse de Montreuil-le-Gast, se montant à la somme de 4 l.

25° Le revenu est touché par les trésoriers pour être employé aux nécessités de l'église, tous lesquels ont rendu conte à ma présence hormy ceux de l'année dernière et sans frais.

Il est deub par les anciens trésoriers une somme considérable, environ cinq à six cents livres, dont il y a procès pendant au siège royal pour parvenir au paiement.

26° Je n'ai aucune connaissance qu'aucun recteur ni seigneur ait supériorité dans l'église.

27° Il y a dans l'église deux confrairies : celle du Saint Sacrement et celle du Saint Rosaire ; la première concédée par le Saint-Père Clément 9, il y a onze ans [Note : 1667]. Il n'y a aucun revenu que ce qu'on recueille à la tasse : Le revenu de la tasse est employé... en services pour le repos des défunts Confraires.

La Confrairie du Saint Rosaire est instituée on ne sait pas de quand » [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. G. 490].

Reprenons ce rapport de Missire Jan Ollivier et suivons-le ; il pourra nous être utile.

Le cimetière appuyé à la côtalle Sud de l'église était très incommode parce que, établi sur le roc qu'il affleurait partout, ii était très difficile d'y creuser des tombes d'une profondeur suffisante ; à ce point que, en 1628, une terrible épidémie étant venue s'abattre sur Hédé, il ne suffit plus et il devint nécessaire d'en établir un autre à titre provisoire tout auprès à la Motte-Jouan.

Clos de murs peu élevés, on y accédait par un portail ouvert à l'angle Sud-Ouest, dans la direction de la rue du Four et par deux échaliers au Nord-Est et à l'Ouest qui permettaient de le traverser [Note : Pour éviter l'inconvenance de ce passage à travers les tombes, la Municipalité décida, en 1825, de transporter le portail plus au Sud, directement en face du porche, auquel il fut relié par une allée de tilleuls].

Il était orné de trois croix de pierre auxquelles il en fut ajouté, en 1764, à l'occasion d'une mission, une quatrième, donnée par Missire de la Mare, recteur de Hédé, et élevée, le 2 novembre, non pas dans le cimetière même, mais tout auprès, sur le petit placis audevant du portail et en face de sa propre maison.

A cette époque, nous dit le recteur de Bazouges et Hédé, il y avait quatre autels dont trois étaient consacrés et le quatrième, le Maître-Autel, avait une Pierre sacrée. Quels étaient ces autels ? Nous en connaissons trois : le Maître-Autel et les deux autres dans les chapelles du Transept.

Le Maître-Autel était placé au fond du chœur. Accolé au mur de la sacristie, il était constitué par un massif en maçonnerie supportant la table et recouvert de panneaux de bois peints. Au-dessus se dressait un retable du XVIIème siècle composé de colonnes, avec chapiteaux et base et surmonté d'une niche à double cintre appuyé sur quatre colonnettes jumelées. Le milieu n'était occupé que par un tableau ancien représentant le Christ en croix. Il avait été érigé à cette place pour remplacer l'ancien autel qui se trouvait au fond de l'abside lorsque celle-ci était devenue sacristie.

Devenu inutile par suite de la construction, après la Révolution, du Maître-Autel actuel en forme de tombeau placé sous l'Arc triomphal, il a été détruit récemment pour faire place au Buffet des Orgues.

Deux statues, sainte Marguerite et sainte Catherine, étaient placées de chaque côté.

Les autels des transepts présentent un intérêt tout particulier en ce qu'ils sont plus anciens et contemporains de la construction de l'église elle-même.

Dans le transept Nord, la table reposait sur deux (ou trois ?) colonnes très simples, en granit, à chapiteaux frustes, caractéristiques de l’époque romane secondaire. Dans le transept Sud, au contraire, soit que les colonnette n'aient pas été assez fortes pour le poids, soit qu'on ait voulu varier, elle reposait sur un massif cubique de maçonnerie pleine, disposition aussi très fréquente au XIIème siècle.

Les retables étaient du même genre que celui du Maître-Autel, mais à quatre colonnes, deux par deux, supportant un fronton et devaient être contemporains. Celui du Sud, dédié à saint Nicolas [Note : Saint Nicolas était le patron ou, du moins, figurait dans les armoiries des Procureurs de Hédé. (D'azur à un saint Nicolas d'or)], encadre un tableau moderne représentant sainte Anne et la Vierge ; celui du Nord, sous le patronage de saint Sébastien et, dit aussi, du Rosaire, une niche pour une Vierge ou pour un saint.

Quant au quatrième autel, nous connaissons son existence. Nous savons qu'il était dédié à la Sainte Vierge, la patronne de l'église, mais nous ignorons complètement quelle place il occupait [Note : En 1593, Gilles Trévinal est inhumé devant l'image de Notre-Dame et Me Pierre Rouaulx, en 1658, devant l'autel de la Vierge : nous verrons plus tard qu'en 1754, le tronc placé devant « l'autel de la Vierge » fut l'objet d'un vol]. C'était là, vraisemblablement, qu'était exposée cette « belle imaige de marbre cristallin » de la Vierge, œuvre de mérite du XVIIème siècle, offerte en 1657 par un riche Bourgeois, Maître Jan Collichet, que nous allons rencontrer encore, d'environ 0 m 60 de hauteur, qui trônait il y a quelques années sur l'autel actuel de la Vierge (ancien autel Saint-Sébastien) dont elle vient d'être dépossédée pour y être remplacée par une statue en plâtre et reléguée au presbytère.

Sur ces autels nous n'avons indiqué que les patrons, saint Nicolas et saint Sébastien, mais les saints n'étaient jamais seuls et il y en avait bien d'autres en l'église Notre-Dame, sans que, toutefois, nous puissions indiquer leurs places. Citons saint Michel [Note : Dame Amaurye du Boys, dame de Vauroumain, inhumée en 1651 dans la chapelle Saint-Michel ; Jeanne Duchesne, inhumée en 1677, dans la Carrée de Saint-Michel. (Reg. des Décès)], saint Yves [Note : Il y avait une confrairie de Saint-Yves. Cette confrairie devait avoir nécessairement une statue de son patron] sainte Anne [Note : Mathurine Dupont, en 1664, est enterrée près l'image de Sainte-Anne, probablement placée à l'autel Saint-Nicolas, aujourd'hui encore dédiée à sainte Anne], puis les riches offrandes faites à Notre-Dame par ce généreux notaire royal, Maître Jean Collichet, Sr du Portail [Note : Le donateur fut inhumé dans l'église. Sa pierre tombale en relief, aujourd'hui descendue au bas de la nef, comportait, avec la légende : noble homme Me Jean Collichet, sieur du Portail, une croix. appuyée sur un écusson, qui semble assez fantaisiste, portant : une bande chargée de trois petites croix de Saint-André, accompagnée d'un calice en chef et d'un croissant en pointe ; le tout surmonté, en guise de cimier, d'une tête de bœuf avec ses cornes et de longues oreilles], qui, avec le concours de Artuze Couriolles, son épouse, ne se lassait pas d'enrichir son église. Le Crucifix, payé 200 l., placé en avant du Maître-Autel bien en vue des fidèles, dans le fronton au-dessus de la grande arcade qui donnait entrée au chœur [Note : Aveux des seigneuries de la Couespelaie et de la Chatière, 1680] et devant lequel sa fille, Dlle Renée Collichet, faisait, en 1666, déposer son corps ; puis le 25 avril 1652, et avant la statue de marbre cristallin, qui ne vint que cinq ans plus tard, les deux autres statues de la Vierge et de saint Jean, pour placer aux côtés du Crucifix.

Ces statues ne constituaient pas les seuls ornements de l'église ; elle avait encore deux tableaux : celui que nous avons vu sur le Maître-Autel, puis un second représentant la Sainte-Famille avec le Saint-Esprit planant au-dessus de l'Enfant Jésus et de Joseph et Marie. En outre des Fonts baptismaux en granit reposant sur une base romane et un bénitier, aussi en pierre, de forme hexagonale se trouvaient au bas de l'église ; le premier dans le bas-côté Nord et, le second, à l'entrée de la Nef.

De tout cela, que reste-t-il actuellement ? Les Fonts et le Bénitier ont été mis au rebut, dehors, de chaque côté de la grande porte ; les deux tableaux existent encore. Quant aux statues, sculptées en plein chêne, et non sans valeur, si nous en jugeons par saint Nicolas, qui garnissaient les autels, sauf la Vierge de marbre déposée au presbytère et dont le socle, aujourd'hui recollé, avait été scié au ras des pieds à une certaine époque, peut-être pour la mieux cacher, sainte Marguerite et... un saint Nicolas que nous avons découvert la Mitre partagée en deux, le nez coupé, un pied brisé, un bras arraché, il n'existe plus rien. Le Crucifix de Maître Jan Collichet, sa Vierge et son saint Jean, saint Sébastien, saint Michel, sainte Anne, tout a disparu, détruit vraisemblablement par les soldats du Général Cefer, lorsqu'en 1793 ils cantonnèrent dans l'église, alors Temple de la Raison, où, pour s'amuser, ils brisaient tout ce qui représentait l'ancien culte, et dans la Chapelle des Ursulines qu'ils incendièrent en partant, et est remplacé maintenant par des plâtres modernes.

« La Fabrice n'a aucun revenu que la charité des Bourgeois »...

« L'église n'avait aucun revenu que son casuel ». Mais de quoi se composait ce casuel ? Il ne consistait pas seulement dans la juste rémunération accordée à un prêtre par un particulier pour les prières et les messes qui lui avaient été demandées, mais il avait d'autres éléments, en particulier des fondations.

Les habitants de Hédé étaient pieux et croyants et, voulant avoir, tant pour eux que pour leurs parents défunts, les prières de l'Eglise, lui constituaient par acte notarié ou par testament, et suivant leurs moyens, soit à temps, comme Vincent Buan, soit à perpétuité, comme Bonne Roumy, des rentes pour le paiement des Officiants.

Missire Jan Ollivier en cite trois : une de Bonne Roumy pour 12 l. ; celle faite le 17 janvier 1643, par Missire François André, prêtre, de 20 l., dont « 16 l. pour le célébrant et 4 au profit de la fabrique pour une messe matinale, dans l'église Notre Dame de Hédé, chaque dimanche aux huit heures du matin en hiver et à, 6 heures en été, avec prières nominales pour lui et ses amis defuns, le De Profundis et oraisons » ; enfin celle de demoiselle Renée Collichet, fille du Sieur du Portail et femme de Maître Michel Judier, Sr du Matz, Notaire royal, qu'il nous dit être de 4 l. sur sa maison de Monplaisir [Note : Il ne faut pas se fier d'une façon complète aux chiffres que nous donne Missire Jan Ollivier ; il les varie et semblerait vouloir les faire paraître moindres que la réalité quand, par exemple, il déclare la fondation de Bonne Roumy à 4 livres seulement, pour la porter un peu plus loin à 12 livres].

Il en oublie une qu'il devait cependant bien connaître puisqu'elle date de 1656, celle lle de 30 l., perpétuelle, irrévocable et non rachetable fondée par n. h. Jan des Fougerais et hypothéquée sur sa maison de Brénazé... pour deux messes à basse voix célébrée chaque semaine pour le repos de son âme, de ses feus père et mère, femmes et compaignes et amis trépassés [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 1. H. 30].

Deux autres furent encore fondées à Hédé, mais plus récentes, puisqu'elles sont seulement de 1718, la première le 18 juin, par n. h. Jan-Hyacinthe Belletier et dlle Anne Hervoches, sa femme, qui trouvant insuffisante une rente de 42 l. existant pour le service des Messes du Matin des Dimanches et festes, y ajoutent le produit d'une maison affermée 45 l. dont les trésoriers prendront 18 l. pour la rétribution des messes et emploieront le reste pour les besoins de la Fabrique [Note : Minutes de Boursin, Notaire Royal].

La seconde fut fournie par n. h. Sébastien Bodin, ancien Echevin de Rennes et y demeurant, rue Saint-Michel, et dlle Laurence Tiret, Sr et dame de la Morandais. La fondation... perpétuelle était de 100 l., gagées sur la Maison et Métairie nobles de la Bretêche, en Saint-Grégoire, près de Rennes, payable aux deux termes de Noël et de la Saint-Jean. Le contrat fut passé le 18 juin en la Sacristie devant MM. les Recteurs, prêtres, Sénéchal et les habitants convoqués. Toutes les conditions nombreuses et bien déterminées furent acceptées par les assistants et soigneusement spécifiées et transcrites dans l'acte [Note : « Seront faits les Saluts qui suivent après l'issue des Vêpres... Scavoir les dimanches de Pâques, les lundy, et ensuite un autre salut le dimanche de la Quasimodo, après Vêpres la procession du Saint-Sacrement et la bénédiction ensuite ; de plus autre Salut les dimanches de la Pentecoste, le lundy après Vespres et le mardy en suivant, autre salut le dimanche de la Trinité ensuite avec la procession et la Bénédiction du Saint-Sacrement et les prières pour les Fondateurs sans les nommer qu'après leur décès. Pour la contribution desquels Saluts il sera payé à Messieurs les Recteurs et Prêtres présents et aux deux Curiaux la somme de 40 sols par chaque Salut ; Scavoir, à M. le Recteur 10 sols et à Messieurs les Prêtres, à chasque 6 sols, et aux deux Curiaux 2 sols, a chacun, et, en cas qu'il se trouverait plus grand nombre de prêtres qui excéderait ladite somme, ils la partageraient ensemble, en sorte qu'il ne sera payé par chasque Salut que ladite somme de 40 sols, et, s'il ne se trouve pas des prêtres pour absorber la même somme, le restant demeurera à la Fabrique ; il sera de plus payé au Segretain 3 sols par chasque salut et procession ; i! sera mis à l'hostel (autel) six cierges blanq, d'un cartron chasque pour le moins qui seront allumés pendant lesdits Saluts et, seront Messieurs les Recteurs et Prêtres en Chape et Dalmatique, auxquels il sera fourny par la fabrique des cierges aux processions, comme aussy sera fourny par ladite fabrique quatre flambeaux neufs à chasque procession qui se feront à la Feste de Dieu et à l'occasion des Quarante Heures qui se fait à Carnaval, de deux livres chasque flambeau ; de plus il sera porté quatre flambeaux à chasque fois qu'il sera fait des processions les jours ordinaires de la Confrairye du Saint-Sacrement érigée en ladite église, et aussy sera porté deux flambeaux à chasque fois que le Saint-Sacrement sera porté aux malades dans la Ville et faubourgs dudit Hédé et on allumera aussy deux flambeaux à chasque grand messe qui seront célébrées en ladite Eglise. Scavoir : les troisièmes dimanches de chasque mois, les jeudy et Vendredi saints, le dimanche et le lundy de Pasques, le dimanche de la Quazimodo, le jour Saint-Yves, l'Ascension, le dimanche et lundy de la Pentecôte, le dimanche de la Trinité, Feste-Dieu et octave, le dimanche après le jour Sainte Anne, le jour de l'Assomption de la Sainte Vierge, le jour de la Nativité de Notre-Dame, la Toussaint, Noël et Carnaval, depuis le Sanctus jusqu'au Pater Noster, et qui seront tenus par deux Curiaux, ou, à défaut, par les deux Trésoriers ou Provost, tous lesquels flambeaux seront pour le moins de deux livres chasque et dont on se pourra servir aux usages ci-dessus en honneur et jusqu'à ce qu'on les puisse tenir avec la main sans en être incommodé, après la rétribution desquels Saluts, payements des flambeaux et cierges, le surplus de lad. somme de 100 livres restera au profit de la fabrique... Sur quoi les habitants délibérants, après avoir le tout murement considéré, et que cette fondation est avantageuse à la fabrique, ils ont unanimement déclaré accepter ladite fondation par la présente aux conditions cy-dessus… pour avoir son exécution sous le bon plaisir de Monseigneur l'illustrissime et Révérendissime Evêque de Rennes... et ont, les habitants... ainsi signé : Morandais Bodin, Laurence Tirel, J. Rufflé, recteur de B. et H., F. Boursin, curé, Charles Mac Carty, J.-B. Ruaulx, prêtre, Amyot, prêtre, H. Hervagault, Monsieur le Sénéchal, de la Marre, Procureur du Roy, Hervoches, Sindic, Beaucé, Boursin, Huet, Robiou, Ch. Mouchoux, J.. Thouault, Faisant, Dugué, P. Godineau, de Launay, Guynot, Nobilet, J. Hardy, Chevalier, Jean Robert... 18 juin 1718 ». Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. 1 H 30. Approbation de Christophe Crissé de Sanzay, évêque de Rennes, le 3 octobre 1718. La Fabrique eut même, mais beaucoup plus tard et longtemps après les fondations Hervoches et Bodin, une autre ressource, à savoir une créance de 110 livres de rente sur les Etats de Bretagne, annuelle et perpétuelle, exempte de la retenue du 20ème et de toutes autres impositions, au capital de 2.100 livres, créée par acte du 8 novembre 1788 au rapport de me Berthoneuf, notaire royal à Rennes, dont la ville réclamait en 1792 la liquidation].

Les particuliers n'étaient pas seuls à s'intéresser à l'église ; les Bourgeois ne l'oubliaient point et, chaque année, la Communauté de Ville inscrivait à son budget : Pour le Recteur 30 l., pour le Prédicateur du Carême 65 l. et pour les joueurs d'instruments à la Fête-Dieu 20 l.

Ajoutons à cela le produit des quêtes et « de la tasse » qui servait à payer des services pour les défunts de la paroisse et des Confrairies et les 200 l. de traitement que le Recteur recevait du Prieur pour les prières et messes dues aux Ducs et aux Rois comme Fondateurs, et on verra que, si l'église et sa fabrique n'avaient que le casuel pour vivre, ce casuel était largement suffisant pour l'entretien de trois prêtres.

Nous venons de parler de Confrairies ; c'est qu'en effet il y en avait trois dans l'église Notre-Dame : la Confrairie du Saint-Sacrement concédée, nous dit Missire Jan Ollivier, vers 1667, par le Pape Clément IX, la Confrairie du Rosaire, plus ancienne, puisque nous en connaissons un Prévôt en 1642, enfin, celle de Saint-Yves, qui nous apparaît vers 1662 [Note : Adjudication, en 1662, de grandes réparations au Four à ban, à raison desquelles il est aumosné 64 sols à la Confrairye de Monsieur Saint-Yves. (Reg. du Greffe de la Sénéch. de Hédé, 1662. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine)]. Elles n'avaient pour ressources que les offrandes de leurs associés et les « aumosnes » que, dans leurs actes de vente, les notaires imposaient fréquemment à leurs clients, en leur faveur, et même les amendes auxquelles les juges condamnaient certains délinquants, comme les ivrognes, par exemple, à leur profit [Note : Amendes de 30 sols imposée à chacun des buveurs surpris dans les cabarets à faire du tapage pendant la grand'messe et les processions, au profit de la Confrairie du Saint-Rosaire. (Greffe de la Sénéch. de Hédé)]. Elles étaient administrées par leurs Prévôts ou Trésoriers nommés à l'élection par les habitants réunis en la sacristie pour deux ans, et chargés de recueillir les ressources. Nous en connaissons seulement quelques-uns :

Saint-Sacrement :
1676 : Maître Alain Thébault, marchand, mort en 1677, inhumé dans la chapelle du Rosaire.
1791 : Jean Arribard.

Rosaire :
1642 : Maître Gilles Bastard, sergent royal.
1647 : Maître François Aougstin, maître chirurgien, mort en 1650.
1677 : Maître Amaury Dupont, sieur de la Haye, Mathurin Rageul.

C'est, du reste, tout ce que nous en savons.

Comment le Recteur de Bazouges pouvait-il dire « qu'il n'avait connaissance qu'aucun Recteur ou Seigneur eût Supériorité dans l'église » ?

Il n'en manquait pas cependant ayant droits de prééminences et honorifiques.

Sans compter les premiers seigneurs de Hédé et leurs successeurs, ducs et rois qui avaient droit comme seigneurs fondateurs aux prières et oraison pour leur conservation et le repos de l'âme de leurs prédécesseurs, le Prieur, lui-même, n'avait-il pas en son église pieurale toutes les prééminences, bancs et enfeu [Note : Mention d'un aveu rendu le 22 janvier 1574 par noble homme Jean de Brénoguen, Prieur-Commandataire, « confessant tenir de son souverain seigneur dans le chanceau et la chapelle Saint-Sébastien qu'il a toutes les prééminences, bancs, enfeu qu'il a en ladite église ». (Rapport de Missire Jérôme Lefebvre de Laubrière, Prieur, 13 novembre 1646)] dans le Chanceau et la chapelle Saint-Sébastien, droits dont il réclamait la maintenue et le rétablissement et que des prédécesseurs, par leur négligence, avaient laissés tomber en désuétude.

En outre, parmi les très nombreux personnages qui se faisaient enterrer dans l'église, il y en avait un certain nombre pour lesquels ce n'était ni une tolérance, ni une faveur, mais un droit attaché à quelque terre noble, prééminences ou privilèges d'enfeu, banc, etc., prohibitifs à leur propriétaire.

La Maison noble de Brénazé ou du Bas-Manoir jouissait en la Chapelle Saint-Sébastien de prééminences, consistant en deux pierres tombales armoyées, l'une de deux croissants et l'autre de trois bêches en pal [Note : Aveu en 1653 par noble homme Jan des Fougerais, acquéreur en 1653, d'avec écuyer Pierre Beschard. (Reg. du Greffe de la Sénéch. de Hédé, n° 62)], où furent inhumés en 1620 dame Phéline Maussifrotte, femme d'écuyer Jan Besehard, Sr du Coudray, et son mari en 1625.

La maison noble de la Ville Allée (Aleix) acquise aussi en 1653 par n. h. Jan des Fougerais de Jean de Beauvais, avec « droit de banq à queue avec accoudouer, quatre pierres tombales et aultres prééminences au Chanceau de l'église parochiale de Hédé au costé de l'épistre » [Note : Aveu mentionnant des lettres patentes de 1524 accordant à écuyer Bonabes de Lespinay les prééminences et droits honorifiques avec trois pierres tombales au chanceau de l'église Notre-Dame, au côté de l'épitre. (Reg. du Greffe de la Sénéch. de Hédé, n° 62)].

La Maison noble de Brignerault où reposent en 1620 dlle Jeanne de Sallencac, épouse de n. h. Jan de Vandel Sr et dame de Brignerault, et, en 1625, dlle Marguerite Julienne, épouse d'écuyer Bonabes de Sexe, et plusieurs représentants de ces deux familles.

La maison noble de la Chatière avait « droit de bancq et enfeu prohibitif armoié de trois bêches [Note : La pierre tombale qui recouvrait l'enfeu des Beschard, seigneurs de la Chatière, a été déplacée et transportée à l'entrée de l'église dans le tambour qui enferme la grande porte] dans l'église Nostre Dame advis le Grand autel, au costé de l'épitre, sous la voulte où est à présent l'imaige du Crucifix » [Note : Aveu par écuyer Julien Beschart, sieur de la Chatière, 8 avril 1680. (Archives de Couesbouc)].

Ce fut dans cet enfeu et sous le banc de la seigneurie que furent inhumés en 1621 dlle Rolande Le Roux, dame de la Chatière, et le 18 février 1649, dlle Laurence Tremaudan, épouse d'écuyer Jan Beschart, Sr de la Gonzée, Procureur du Roi, Gilles Beschart et autres membres de la famille.

Les seigneurs de la Couespelaye avaient « le droit prohibitif de bancq dans l'église Nostre Dame de Hédé, sous la voulte où est le Crucifix au costé de l'Évangile du Grand-Autel... avec accoudouer à iceluy et pierres tombales armoyées des armes de la Maison de la Couespelaye » [Note : Aveu rendu en 1680 par écuyer Nicolas de Bregel pour la Couespelaye].

Là furent enterrés les seigneurs de la Couespelaye qui se succèdent, la famille de Hirel depuis Louis en 1559 et leurs alliances, les Bregel... etc., 1672.

La terre et Maison noble de l'Etang possédait « un enfeu sous un des bancs dépendant de lad. terre du costé de l'épistre et de la Chapelle S. Nicolas avec prières nominales » après le Roi [Note : Vente par M. Du Bois Baudry à M. Jacques Regnaud de la Bourdonnaye, 1705].

Il y en avait une particulièrement que le Recteur de Bazouges n'eut pas dû oublier, Mme Françoise Le Mintier, qui était dame et seigneur de Bazouges et, comme telle, avait tous les droits de Fondation et toutes les prééminences dans sa propre église.

Messire Jan de Rollée, Seigneur du Bois-Louet, de la Crozille, de Bon-Espoir, de Bazouges... etc., personnage très bien en cour, avait obtenu du roi Louis XIII, à titre gracieux, en récompense de ses services, pour ses terres de la Crozille et Bon-Espoir, entre autres faveurs, par lettres patentes dont, en 1636, il requérait l'enregistrement [Note : Archives départementales de la Loire-Inférieure. B], tous les droits de « fondation, prééminences, cimetière, lisière, litres, pierres tombales, bancs, droit d'occuper le banc royal [Note : Ce privilège du banc royal pour la magistrature ne s'éteignit pas avec la Révolution et lors de la restauration du culte, alors qu'il n'y avait que des chaises dans l'église, un banc avec deux fauteuils en paille fut réservé pour le remplaçant du Sénéchal, le juge de pair et son greffier, dans l'emplacement de l'ancien, au haut de la nef, en avant du maître-autel et prés de celui de Saint-Nicolas, tandis que, du côté opposé et lui faisant pendant, d'autres fauteuils semblables étaient attribués aux représentants de la Communauté de Ville, le maire et son adjoint], et tous autres droits honorifiques dans l'église Notre-Dame de Hédé » [Note : Vente de la terre de Bazouges à Messire Regnaud de la Bourdonnaye].

Messire Jean de Rollée et, après lui, sa femme, dame Françoise Le Mintier, s'empressèrent d'user de ces privilèges que le roi leur avait accordés et même celle-ci, peut-être, en abusa-t-elle un peu, si l'on en croit Missire Jérôme Lefebvre de Laubrière, Prieur Commandataire qui, le 3 décembre 1646, proteste et fait constater « l'innovation entreprise par la dame du Bois-Louet qui auroit fait meptre un grand banc armoyé des armes du Roy et des siennes, lequel est placé contre le pilier du chœur du costé de l'Evangile et occupe tellement led. Chœur qu'il reste fort peu de passage entre led. banc et balustre du maistre haultel qui incommode le passage à aller de la Chapelle du Rozaire comme aussy une ceinture et lizière, tant en dedans qu'en dehors de lad. Eglise armoyée de ses armes qui porte d'azur à une licorne d'argent avecq un écusson des mêmes armes à chacune des viltres de lad. église ».

L'écusson royal sculpté sur le banc était là, soit comme marque de gratitude, soit pour indiquer qu'elle tenait la Fondation du roi qu'elle représentait ; la Licorne rampante était les armes de Jan de Rollée, son mari, qu'elle joignait aux siennes propres : « de gueules à la Croix engreslée d'argent ».

Françoise Le Mintier mourut en 1673 et fut inhumée dans un de ses enfeus sous son banc et recouverte d'une pierre à ses armes aujourd'hui cachée par le plancher.

L'église de Hédé avait, paraît-il, des vitraux dans ses fenêtres ; du moins, en 1851, M. le Docteur Aussant, Président de la Société Archéologique d'Ille-et- Vilaine, lui apportait-il des fragments qu'il disait en provenir. C'était, vraisemblablement, des débris des armoiries que Françoise Le Mintier y avait fait placer.

Dans un clocher, il fallait nécessairement des cloches. La plus ancienne dont nous connaissons l'existence ne date que de 1599. C'est la grosse Cloche qui « le samedy dix houitiesme jour de septembre 1599 fut baptizée et luy fut imposé le nom de Janne par damoyselle Janne Hates, dame de la Crozille présante et furent les parains Jacques de Brehant, sieur de la Bretesche et Julien André, l'esné, sieur de la Palefrère, et, le landemain dimanche fut levée au clocher et le service du baptesme fait par Missire Jullien Letournoux, pour lors subcuré, assisté de Dom Julien André et Guillaume Géant et dom Michel Cornée : Jul. Le Tourneulx ».

Jeanne pesait 339 livres.

Quarante ans environ plus tard, Jeanne fut remplacée, mais pas toute seule. Toutes les petites qui l'accompagnaient s'en furent avec elle. « Le dernier jour de mars 1642, furent faites (par Michel du Parc) trois cloches pour servir à l'église de Hédé » et « le huictiesme d'avril les trois cloches... ont esté conjurées par discret et vénérable prestre missire Jacques Blandin... recteur de Bazouges, nommées, scavoir : la grosse par escuyer Louis Le Lièvre, sieur du Meslay, séneschal de Hédé, et dame Françoise Le Myntier de Carmené, dame du Bois Louet ; la seconde par escuyer Jean Beschard, Sr de la Gonzée, Procureur du Boy aud. Hédé, et damoiselle Renée Collichet, et la troisiesme par n. h. Jan des Fougerays et damoyselle Heleyne Trémaudan, dame du Portal.

Françoise Le Mintier, Louis Lelièvre, Beschart, Louise Le Mintier, Des Fougerais, Blandin, Helleine Tremaudan, Hardy, marguillier, Judier pour lad. Collichet, Bastard, prévost du Rosaire, Guépin, prestre.

Elles ne sonnèrent pas longtemps. En 1659, elles étaient cassées et les Bourgeois durent faire marché avec deux fondeurs pour, de deux, en faire une seule ; mais avant de les leur livrer, ils voulurent faire dresser procès-verbal des « armes et escriptions qui sont sur icelles » et voici ce que virent M. le Séneschal et Mtre René Rouget, son greffier, chargés de le rédiger : deux moyennés cloches sur lesquelles sont deux crouex et deux escussons de trois fleurs de lys qui sont les armes du Roy, mesmes deux autres escussons d'une licorne (en sautouer) avec le collier de S. Michel [Note : D'azur à la licorne rampante d'argent, armes de Messire Jan de Rollée, sr du Bois-Louet, époux de dame Françoise Le Mintier] et le casque sur celle qui est la plus grosse ; aultre écusson d'une tête de lièvre et de deux estoilles [Note : D'azur à une tête de lièvre d'argent en fasce, accompagnée de deux étoiles de même (et non de têtes de chien), qui est Le Lièvre, sr de la Baucheraie] en relief avec le casque en hault, autour de laquelle sont escriptz ces mots « Françoise » par.... Et sur la plus petite... un autre escusson : d'une feuille avec coquille séparée d'une barre [Note : Qui devait être celui des Fougerais] avec le casque et ces mots « Marge » par....

Des trois cloches de 1642, il ne restait plus que la filleule de Jan Beschart. Soit qu'elle ait eu elle-même un accident, soit qu'on ne la trouvât pas suffisante avec la nouvelle, une autre est nommée le 19 février 1707 par Maître Henry Calliope Hervagault, Conseiller du roy et son Sénéchal à Hédé, sur la prière de Monsieur de Blossac, et avec dame Françoise Guibert, sa femme, comme marraine.

Vingt ans plus tard, une troisième vint prendre place à leurs costés dans le clocher.

Celle-ci, fondue par le sieur Pitel, grosse, et du poids considérable de huit cent cinquante livres, eut pour parrain et marraine, le 16 décembre 1728, haut et puissant seigneur Messire Paul Esprit-Marie de la Bourdonnaye, Chevalier, Sr Comte de Blossac, marquis du Tymeur, seigneur de Hédé, et damoiselle Rose-Claude Du Han, représentés par procuration, le premier par n. h. Pierre Jamet, sieur de Pennabat, son Procureur fiscal, et, la seconde, par dame Laurence-Françoise Hervoches, épouse de n. h. Jacques de la Mare, Procureur du Roi et Sénéchal de la juridiction de la Crozille et Bon Espoir, qui lui donnèrent le nom de Rose-Claude. Ces cloches sont les dernières, semble-t-il, qui aient été bénites pour Notre-Dame de Hédé et continuèrent à y appeler les fidèles jusqu'au moment où la Révolution vint les supprimer.

En 1754, l'église reçut la visite de certains voleurs qui tentèrent de la dévaliser. Heureusement, les cambrioleurs d'autrefois n'avaient point encore les ressources et les instruments perfectionnés de ceux de nos jours. Ils ne réussirent qu'à moitié et le butin fut maigre. Toutefois le vol avait ému la population. Découvrit-on les voleurs ? Nous l'ignorons. Du moins, on les rechercha activement et, pour les trouver, les Magistrats recoururent à tous les moyens usités et, entre autres, à ces Monitoires autorisés par les Autorités ecclésiastiques et publiés dans toutes les églises du haut de la Chaire, au prône de la grand'messe, pour faire appel à la conscience de ceux qui, par suite de circonstances, seraient à même d'aider la justice à retrouver les coupables. Tel celui-ci que Missire François-Henri Hervagauit, Recteur de Saint-Symphorien, lisait à ses ouailles, le 8 février 1755 :

« Officialis Rhedonensis delecto nobis in Christo Rectori Ecclesiæ parochialis, vulgo St Symphorién, seu ejus Curato aut Vicario, Salutem in domino.

Nous avons receu et par ces présentes, recevons la plainte et querimonie que fait à Dieu et à notre mère la Sainte Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, Monsieur le Procureur du Roy à Rennes, demandeur et complaignant aux fins de commission lui décernée le 8 janvier 1755 contre tous ceux et celles qui ont connaissance des faits cy-après et refusent de les révéler en justice à moins qu'ils ne soient par l'église admonestez.

Savoir :

Que la nuit du quatorze au quinze du mois de novembre dernier des particuliers malfaitteurs enfoncèrent la porte qui ouvre dans la Chapelle de Saint-Nicolas de l'Eglise de Hédé, au côté vers midy et y firent une effraction d'environ vingt poulces de hauteur sur onze pouces de largeur ; qu'on a trouvé le morceau de la dite porte tombé à costé, près le mur de la dite Eglise ; qu'ils forcèrent la vertevelle [Note : Deux pièces de fer en forme d'anneaux qu'on fiche dans une porte pour faire couler et retenir le verrouil des serrures à bosse. (Serrure à bosse, celle qui s'attache par dehors avec des clous et qui se ferme avec un moraillon) Dictionnaire de Trévoux] de fer qui traversait la porte dans toute sa longueur et la rejetèrent en dedans à l'endroit de la fracture ; que ces particuliers malfaiteurs enfoncèrent avec leurs barres de fer ou ciseau deux troncs, l'un situé près l'image de la Sainte Vierge, ledit tronc construit d'une pierre de hauteur d'environ deux pieds sur deux pieds de largeur fermé d'une petite porte de fer ; qu'ils enfoncèrent et cassèrent le crampon et moraillons de fer [Note : Moraillon, morceau de fer attaché au couvercle d'un coffre avec un anneau qui passe dans la serrure et dans lequel entre le pêne] qui l'attachaient, et l'autre tronc situé avis l'autel de Sainte Croix, lequel tronc est construit de bois de chêne de hauteur d'environ deux pieds sur six à sept poulces en carré, qu'ils enfoncèrent également et y prirent ce qui s'y trouva d'argent.

Que les dits particuliers malfaitteurs ouvrirent de force une armoire située au haut de ladite Eglise du costé vers midy servant à ramasser les vieux ornements et en firent sauter la serrure sans y avoir rien pris.

Que les mêmes malfaitteurs firent leurs efforts pour ouvrir la porte de la sacristie et, n'ayant pu y parvenir, ils enfoncèrent le mur qui la sépare d'avec l’église près le Grand Autel du côté de l'Epitre et y firent un trou d'environ deux pieds sur un pied six poulces par lequel ils entrèrent dans ladite sacristie où étant entrés ils forcèrent et ouvrirent avec des barres de fer ou ciseau une armoire située dans ladite sacristie à droite en entrant, un grand coffre, neuf autres petites armoires et fermetures qu'ils enfoncèrent et ouvrirent les serrures qui sont au nombre de quatorze, qu'ils les cassèrent et détachèrent avec des barres de fer ou cizeau, comme il paraît par les empreintes qui sont marquées dans le bois desdits coffres et armoires.

Que lesdits malfaitteurs prirent ce qui se trouva d'argent dans les quatre tasses de questes pour l'église, les défunts, les Confrairies du S. Sacrement et du Rosaire, sans scavoir quelle somme il pouvait y avoir.

Que lesdits malfaitteurs laissèrent près la porte de la sacristie deux forts leviers de deux pieds six pouces de long, l'un d'ormeau et l'autre de Chesne.

Que les susdits malfaitteurs cassèrent et arrachèrent une grille de fer à deux montants et deux traverses dans le mur de la sacristie de l'Hôpital de Hédé et cassèrent les planches et vitrages et entrèrent dans ladite sacristie, sans qu'on se soit aperçu qu'ils ayent rien pris. Partant, tous ceux ou celles qui ont connaissance des faits cy-dessus et autres en résultant, et circonstances et dépendances sont tenus d'en venir à révélation, huitaine après la publication des présentes sous peine d'encourir les censures de l'Eglise.

Datum Rhedonensis sub signa nostro et sigillo curiæ nostrœ die 8e februari anno Domini 1755. DE GUERSANS ».

C'est à la suite de cet événement que fut murée la petite porte qui donnait passage du cimetière dans la Chapelle Saint-Nicolas par laquelle s'étaient introduits les voleurs.

Après la Révolution, la maison du Prieuré de Hédé a repris la destination pour laquelle elle avait été bâtie et est devenue le Presbytère où logent aujourd'hui le Recteur et les Vicaires de la paroisse comme autrefois elle abritait les anciens recteurs, moines de Saint-Melaine, avant la venue des Prieurs Commandataires, et le dernier vestige de sa juridiction et de son fief disparut avec le pigeonnier en ruines situé au milieu du jardin, démoli en 1817 par Monsieur Garnier de l'Hermitage, alors recteur, avec l'assentiment de la Municipalité.

voir Ville de Hédé (Bretagne) Les Recteurs et Prêtres de l'église Notre-Dame de Hédé.

voir Ville de Hédé (Bretagne) Les Marguilliers et Trésoriers de l'église Notre-Dame de Hédé.

(Anne du Portal).

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