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Hôpitaux du Saint-Esprit et de Saint-Sauveur |
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Hôpitaux du Saint-Esprit et de Saint-Sauveur du comté et diocèse de Nantes.
Tous les catholiques savent que le Saint-Esprit n’est pas seulement le principe de toute lumière surnaturelle, il est aussi le foyer de l’amour et de la charité.
Par la bienveillance dont il remplit les coeurs de tous les croyants, il réchauffe et entretient les sentiments de fraternité qui inspirent les dévouements.
Dans l’hymne qui lui est consacrée le jour de la Pentecôte, ils chantent ses louanges en le nommant le père des pauvres : Veni pater pauperum. Les bienfaiteurs de l’humanité qui ont dédié leurs fondations et leurs oeuvres au Saint-Esprit ne pouvaient donc choisir une meilleure invocation.
L’ordre célèbre qui a porté le nom du Saint-Esprit pendant tout le Moyen-Age est né à Montpellier, autour d’un hôpital bâti en 1198 par un seigneur du nom de Guy, dont la charité allait au-devant de toutes les infortunes. Entraînées par les bons exemples du fondateur, beaucoup de personnes voulurent comme lui se vouer au soulagement des malheureux et formèrent sous sa conduite une association de secours qui, en peu de temps, prit une grande extension. Les uns apportaient au trésor commun le produit de leurs biens, les autres le montant de leurs quêtes. A aucune époque on ne montra plus d’émulation pour s’enrôler dans les milices chrétiennes. L’institution du frère Guy vit grossir ses rangs avec la même rapidité que les ordres du Temple, de Saint-Jean et de Saint-Antoine, et de tous côtés ses membres furent recherchés comme les serviteurs les plus désintéressés des pauvres. Il y avait à Rome un hôpital dédié au Saint-Esprit, où les hospitaliers de Montpellier furent invités à s’établir et dont ils firent l’asile le plus renommé de la Chrétienté. Le nom de cette maison leur fut appliqué, et depuis lors, ils ont toujours été désignés sous le nom de Frères du Saint-Esprit (Histoire des Ordres civils et religieux du P. Helyot, t. II, p. 199).
Dans les campagnes, non moins que dans les villes, des confréries se formèrent sous la même invocation afin de venir en aide aux indigents et aux pèlerins. Ces associations pieuses entendaient la pratique de la bienfaisance au-delà des termes que nous connaissons. Il ne leur suffisait pas d’ouvrir des aumôneries, de soigner les malades, d’héberger les pauvres, de les nourrir un jour ou deux, elles s’efforçaient aussi d’assurer aux voyageurs les moyens de franchir rapidement et sans frais les obstacles qui pouvaient les arrêter sur leur route. Elles employaient une partie de leurs ressources à construire des ponts sur les fleuves et les rivières en vue d’assister les malheureux (Les hôpitaux et les voies romaines dans le Lyonnais et le Forez, par Guigues. - Mémoire de la Société Archéologique de Lyon, 1876) et du même coup, elles favorisaient l’essor du commerce en perfectionnant les voies de communication. Qui sait si le zèle des frères Pontifes n’a pas contribué à la prospérité de ces célèbres foires de Champagne et de Beaucaire où se rencontraient des marchands venus de toutes les parties de l'Europe? Il est difficile de dire si le comté nantais a recueilli les mêmes bienfaits des trois établissements dédiés au Saint-Esprit qui s’élevaient au bourg de Batz, à Machecoul et aux Moûtiers, le laconisme des titres laisse le champ libre aux suppositions, cependant, en présence des données de l’histoire générale, il ne paraît pas douteux que les gouverneurs aient été des frères hospitaliers pour les malades. En considérant leur situation identique près des bords de la mer, peut-être sera-t-on tenté de penser que ces trois asiles étaient destinés spécialement aux marins. Rien ne s’oppose à l’admission de cette hypothèse très vraisemblable. Il est à noter qu'Auray, autre siège d’un hôpital du Saint-Esprit, n’est pas loin de l'Océan, et qu’aucun asile du même vocable n’est signalé dans l’intérieur des terres.
L’hôpital du Saint-Esprit du bourg de Batz et sa chapelle sont mentionnés pour la première fois dans un procès-verbal de visite épiscopale de 1563, à propos d’une chapellenie qui s’y desservait [Note : In capella S. Spiritus hospitalis una capellania. (Cahier de visites de 1563. Archives départementales, série G)]. D’après un aveu du desservant de Notre-Dame-du-Mûrier, produit en 1610, les bâtiments étaient voisins de cette chapelle dans le groupe de maisons qui occupe le côté opposé de la rue (Archives départementales, série B. Aveux des biens de mainmorte). Le papier terrier de la réformation des domaines dit que la chapelle du Saint-Esprit était petite et qu’elle était surmontée, à la moitié de sa longueur, d’un logement (Sénéchaussée de Guérande, vol. XIV, f° 2411. - Archives départementales, série B). M. Verger, qui en a vu en 1842 les ruines, écrit dans ses notes que la construction pouvait remonter au XIIIème ou au XIVème siècle (Notes sur l’arrondissement de Savenay. - Bibliothèque de Nantes). Les registres paroissiaux que j’ai consultés n’apprennent rien de plus, sinon que l’hôpital tombait en décadence au XVIIème siècle. En 1638, quelques pauvres malades venus de Picardie y demeurèrent pendant un mois et reçurent une aumône de 100 sous en passant au Croisic (Comptes de l’hôpital du Croisic de 1621-1655, f° 75). Jean Lemeignan, sieur de Parrousseau, qui était administrateur des biens, fut condamné le 7 mars 1676 par la Chambre de réformation des hôpitaux à se désister de ses fonctions et à remettre les titres de propriété entre les mains des chevaliers de Saint-Lazare (Archives nationales, Z 7607). Les suites de cet arrêt n’ayant pas laissé de traces dans les archives, il est impossible de savoir en quoi consistaient les domaines ou les rentes dont il avait la gestion. S’il y a eu prise de possession, l’ordre de Saint-Lazare n’a pas tout gardé. La fabrique de la paroisse, qui jouissait, en 1680, de la chapelle, avait aussi la libre disposition de la maison de l’hôpital. Dans une réunion tenue le 19 juillet 1705, l’un des marguilliers fit observer qu’il y avait dans le bourg des matériaux sans emploi qui se perdaient et demanda que la paroisse utilisât les restes « d’une maison proche la chapelle du Saint-Esprit, qui autrefois était un hôpital pour les pauvres du bourg de Batz, entièrement ruiné depuis quelques années » (Registres des Délibérations de 1705. - Archives de la paroisse).
La confrérie du Saint-Esprit de Machecoul, dont l’institution remonte, selon plusieurs témoignages, aux premières années du XIIème siècle, possédait rue du Calvaire une maison qui fut sans doute le siège de l’hôpital qu’elle patronnait [Note : Baux divers de l’an VIII, ventes de 1808 et 1811 (Archives départementales, série Q). Livre de visites du climat de Retz, f° 76. Déclaration du recteur de 1756. (Ibid., G)]. Son temporel se composait, en outre, d’une autre maison avec jardin, de six journaux de terre dans les chaumes et de trois petits pâturages à la Poterie. Il est avéré qu’au XVIIème siècle les confrères tenaient leurs assemblées comme dans les siècles antérieurs.
A l’hôpital du Saint-Esprit du bourg des Moûtiers (aujourd'hui Moutiers-en-Retz) a survécu une chapellenie qui en a perpétué le souvenir jusqu’à la Révolution, et dont les ruines sont encore visibles derrière la maison de la Mairie [Note : Rôle rentier de 1623, f° 40 (Archives départementales, série H). Estimations. (Ibid., Q)].
En observant la situation des sanctuaires dédiés à Saint-Sauveur, j’ai été frappé des liens de ressemblance qui les rapprochent des hôpitaux. Il y a plus : M. Verger, en passant à Aigrefeuille vers 1843, a recueilli une tradition que je m’empresse d’enregistrer comme une indication précieuse (Notes de M. Verger. Ms. de la Bibliothèque de Nantes). La petite chapelle Saint-Sauveur qu’on voit près de ce bourg est un nouvel édifice reconstruit depuis 1793. L’emplacement qu’elle occupe passe pour avoir été autrefois le siège d’une aumônerie. Le titulaire en affermait le temporel pour 40 livres en 1790.
A la Chapelle-Basse-Mer, on estimait les biens du bénéfice de Saint-Sauveur pour un revenu de 127 livres. Le titulaire jouissait d’une vigne et d’une maison avec jardin rue du Grand-Puits (Procès-verbaux d’estimations. – Archives départementales, série Q).
La paroisse de la Chapelle-Saint-Sauveur, près des limites de notre département, n’était qu’une fillette ou une trève de Montrelais avant 1790. Sen nom seul nous révèle que sa première agglomération est née autour d’une fondation religieuse, et la carte nous démontre qu’elle était sur le chemin de Varades au Loroux-Béconnais.
La métairie de Saint-Sauveur de Derval est également sur le passage de la route de Jans. On peut faire des remarques analogues sur Saint-Sauveur de Landemont, ancienne paroisse du diocèse de Nantes réunie à celui d'Angers (L. Maître).
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