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Léproseries de Saint-Lazare et de Sainte-Madeleine

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Léproseries de Saint-Lazare et de Sainte-Madeleine du comté et diocèse de Nantes.

Saint Lazare et sainte Madeleine étaient par excellence les patrons chers aux lépreux. Si leurs noms se retrouvent si fréquemment dans toute la France et dans l'Europe entière aux frontons de nos églises, sur les listes de nos rues et de nos villages, il ne faut pas en chercher la cause ailleurs que dans le culte dont ils étaient l'objet de la part des malheureux atteints de la lèpre. L'appellation de Lazare équivalait à celle de lépreux [Note : Voyez Lazarus, dans le Glossaire de Du Cange] ; elle a engendré le nom de ladre, si vulgaire au moyen-âge, et aujourd'hui encore nous la conservons dans notre langage sous le nom de lazaret, pour désigner les hôpitaux des ports de mer. On sait, de plus, que les chrétiens d'Occident, en prenant possession de la Terre-Sainte, instituèrent un ordre militaire et hospitalier dont les membres, voués au soulagement des lépreux, s'intitulaient chevaliers de Saint-Lazare. Le roi Louis VII, dit le Jeune, s'empressa de les accueillir en France quand ils furent chassés de la Palestine, et leur donna une maison à Paris.

Cet ordre, après un siècle de décadence, se releva sous Henri IV par une bulle de Paul V, qui le réunit à l'ordre du Mont-Carmel en 1607. Sous le règne de Louis XIV, il était divisé en cinq grands prieurés, dont l'un avait son chef-lieu à Auray pour la Bretagne. Les chevaliers portaient une croix à huit pointes sur la poitrine. Ils se recrutaient parmi les membres de la noblesse et marchaient de pair avec les chevaliers de Malte, les chevaliers de Saint-Louis, les chevaliers du Saint-Esprit. Leur dignité ne les astreignait pas, comme dans le principe, à des obligations bien rigoureuses, mais elle ne pouvait s'allier qu'à un nom sans tache et à une vie honorable. Saint Lazare est donc le patron qu'on trouve le plus souvent mêlé à l'histoire de nos institutions nationales pendant le cours de l'ancien régime.

Quel est donc le saint qui a joui d'une renommée aussi éclatante ? Deux personnages de l'Evangile ont porté le nom de Lazare. Le pape Benoît XIV et quelques autres écrivains ont pensé que les léproseries avaient choisi pour protecteur le mendiant Lazare dont il est question dans la parabole du mauvais riche rapportée par saint Luc ; mais leur avis ne peut emporter notre conviction, puisqu'il ne repose que sur de simples apparences.

Les auteurs qui ont examiné ce point d'histoire à fond sont convaincus du contraire. « On ne peut pas douter, dit Gautier de Sibert, que les maisons de l'ordre et l'ordre même n'aient pris pour sceau la figure de saint Lazare dont ils portaient le nom, et l'on voit par d'anciens titres qu'en 1301, 1326, 1398, 1400, les maisons de Saint-Lazare de Blois, d'Orléans, de Verdun, de Secdorf et de Gfenn, en Suisse, avaient dans leur sceau la représentation de ce saint » (Histoire des ordres de N.-D. du Mont-Carmel et de saint Lazare, p. 376, 377).

L'abbé Faillon, qui a composé sur l'apostolat de sainte Madeleine et de saint Lazare en Provence l'un des plus solides ouvrages d'érudition de notre époque, est arrivé à mettre ce fait hors de doute [Note : Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence et sur les autres apôtres de cette contrée, t. I, col. 1189-1192 (Ed. Migne)]. Les sceaux qu'il cite sont du XIIIème siècle et proviennent des léproseries de Paris, de Laon et de Corbeil. On y voit représenté d'une façon évidente le sujet de la résurrection de Lazare de Béthanie, le frère de Marthe et de Marie-Madeleine, la pécheresse, le même qui est honoré comme premier évêque de Marseille. Suivant une tradition constante, son martyre aurait été horrible. Après lui avoir déchiré les chairs avec des peignes de fer, ses bourreaux lui jetèrent sur le corps une cuirasse de fer embrasé, le placèrent sur un gril rouge et le percèrent de flèches. Ce n'est qu'après tous ces tourments qu'on lui coupa la tête.

Les lépreux, en comparant leur mal aux souffrances qu'avait endurées saint Lazare, ont-ils été conduits à penser que sa protection leur serait favorable ? Je ne sais ; mais cette conjecture est conforme à l'esprit régnant du moyen-âge. On remarquera, dans la suite de cette étude, que la plupart des patrons des maladreries ont été des martyrs. M. l'abbé Faillon explique la prédilection dont Lazare a été l'objet par le miracle de sa résurrection. « On le donnait sans doute aux lépreux, dit-il, comme exemple de patience dans sa maladie et comme motif d'espérance dans sa résurrection, car l'Evangile, avant de rapporter la résurrection de Lazare, le représente d'abord comme malade ». Le lecteur choisira entre ces deux explications. Ce qui doit rester indubitable, c'est la popularité dont il a joui dès les temps les plus reculés, au Midi, au Nord, à l'Est et à l'Ouest.

Son corps ayant été porté en Bourgogne pendant les ravages des Sarrasins, la ville d'Autun lui fit construire une église où il fut transféré le 20 octobre 1147. Les nombreux miracles qui s'opérèrent à cette occasion parmi les lépreux, redoublèrent sa célébrité et attirèrent de nombreux pèlerins autour de son tombeau. Dans les pièces justificatives de son culte, il est question de deux riches lépreux qui se rendirent, l'un de Paris, l'autre de Liége, jusqu'à Autun pour l'invoquer et qui s'en retournèrent guéris (Livre de l'abbé Faillon, t. I, col. 1194). Sous le magnifique mausolée qu'avait élevé Hugues de Bourgogne en 1171, était une voûte étroite et basse où les pèlerins se croyaient obligés de se traîner sur les genoux. Ce chemin, quelque incommode qu'il fût, était si fréquenté, que le pavé, pourtant en pierre dure, fut promptement creusé par les innombrables lépreux qui vinrent demander leur guérison au tombeau de saint Lazare.

Pour sainte Madeleine, il existe tant de preuves de la vénération universelle dont ses autels furent entourés, que je n'essaierai même pas de les résumer ; je préfère renvoyer le lecteur au livre si instructif de l'abbé Faillon, en me contentant de faire remarquer que les lépreux ont été les plus ardents à répandre son culte. Il n'est pas de ville en France qui n'ait eu une chapelle érigée en l'honneur de sainte Madeleine, et toujours on peut noter que ses sanctuaires sont placés en dehors de la vieille enceinte et ont donné naissance à des faubourgs [Note : M. Rosenzweig, archiviste du Morbihan, a trouvé une quarantaine de villages portant le nom de la Madeleine dans son département. Il n'y en a pas plus de douze dans la Loire-Inférieure. Les Madeleine chez nous sont des lieux déserts depuis longtemps]. Il y a des saints qu'on ne trouve jamais qu'à la porte des villes, et sainte Madeleine est de ce nombre. Si elle a été si uniformément reléguée loin des centres de population, n'est-ce pas parce que ses chapelles étaient destinées à recevoir ceux que la société rejetait de son sein ? Il n'y a pas d'exception à cette règle en Bretagne : Dinan, Rennes, Fougères, Ploërmel, Nantes, ont placé leur Madeleine dans les faubourgs, et je doute qu'aucune province de France puisse offrir un exemple contraire. Le fait est vrai pour Angers, Paris, Mayenne, Troyes et bien d'autres villes. Au reste, je n'en suis pas réduit à tirer des conjectures de simples apparences : quand les documents font défaut, la tradition conserve souvent le souvenir d'une léproserie là où la Madeleine a eu une chapelle.

En certains endroits, les deux noms n'en font qu'un, et l'emplacement où vécurent autrefois les lépreux se nomme tantôt la lande de la Maladrie, tantôt la lande de la Madeleine [Note : En parlant des corderies du Morbihan, qui toujours sont habitées par les descendants des lépreux ou caqueux, M. Rosenzweig dit : « Les évêques de Vannes conservèrent pendant le XVIIIème siècle la mouvance sur toutes les corderies, autrement dites Madelaineries, du diocèse » (Les cacous de Bretagne. - Vannes, 1872, br. In-8°)]. La remarque en a été faite longtemps avant moi ; je viens seulement confirmer par de nombreuses preuves une vérité toujours admise, mais trop ignorée. Dès le siècle dernier, les auteurs du Dictionnaire de Trevoux disaient dans leur encyclopédie qu'un très-grand nombre de léproseries étaient sous le patronage de la Madeleine. Ils enregistrent le fait sans chercher à l'expliquer. Voici les raisons qui me paraissent probables. Les lépreux étant condamnés à vivre dans l'isolement et à mener une existence austère, devaient avoir des préférences particulières pour une sainte qui avait choisi le désert pour retraite, et qui ne se lassait pas de mortifier son corps par la pénitence la plus dure. Sa qualité de soeur de Saint-Lazare lui a valu sans doute aussi plus d'un autel, car on ne se contentait jamais d'un saint quand on érigeait une chapelle [Note : Il est bien certain que le faubourg et la léproserie de la Madeleine de Rennes étaient sous l'invocation seule de saint Lazare au XIIIème siècle. « Apud s. Lazarum » (Bull. de la Soc. Archéol. X, p. 36)]. Dans les actes de fondation qui nous restent, pour Savenay, par exemple, et pour le Loroux-Bottereau, on ne désigne pas moins de trois patrons. Par une habitude invétérée, saint Lazare et ses deux soeurs étaient toujours associés comme saint Donatien et saint Rogatien. J'incline donc à penser que les populations ont confondu dans une même vénération sainte Madeleine et saint Lazare, et que là où le souvenir seul de la Madeleine a persisté comme plus populaire, saint Lazare a rempli aussi le rôle de patron.

Je ne veux pas laisser croire cependant que la Madeleine ait été honorée seulement par les déshérités de ce monde. En consultant l'ouvrage de l'abbé Faillon, on verra qu'à l'abbaye de la Madeleine de Vezelay, où l'on conservait de ses reliques, et ensuite à la Sainte-Baume, près de Saint-Maximin, en Provence, elle a reçu d'innombrables témoignages de vénération de la part des rois et des reines, des princes et des princesses, des évêques et des grands seigneurs. La reine Anne de Bretagne avait une si grande dévotion pour sainte Madeleine, qu'après lui avoir élevé une chapelle près des murs de Paris, dans le quartier de Saint-Lazare, elle fonda une confrérie à laquelle elle appartenait. En 1503, elle se rendit aux saints lieux de Provence. Par ses soins, le reliquaire contenant le chef de sainte Madeleine fut enrichi de quatre figures d'anges en argent doré placées comme supports, et le piédestal fut porté par douze lions fondus en même métal. Elle se fit représenter elle-même par une statue à genoux, dont le manteau était d'or émaillé. Depuis cette époque, on a toujours vu gravée autour du grand piédestal l'inscription suivante : « Anne, royne de France, de France, duchesse de Bretagne » (Monuments inédits de l'apostolat de sainte Madeleine, par l'abbé Faillon, t. I, col. 1031-1032).

Les notes que je vais énumérer montreront que, dans le comté nantais au moins, les Bretons honoraient la Madeleine autant que leur duchesse.

La chapelle Saint-Lazare de Nantes, avec la léproserie qui en dépendait, fut bâtie à une si grande distance de la primitive enceinte, qu'elle se trouva encore en dehors des murs quand la ville neuve du Marchix fut construite au XVIème siècle. Le duc de Bretagne qui l'avait fondée, on ignore son nom [Note : La léproserie de Nantes est indiquée comme étant de fondation ducale dans les Pouillés de la province de Tours et dans la préface du Cartulaire de Redon], avait pris son emplacement au sommet de la montagne que couronne la paroisse Saint-Similien, sur le versant qui regardait le Mont-Goguet, c'est-à-dire dans l'endroit le mieux aéré de toute la banlieue.

L'édifice primitif fut remplacé au XVIIème siècle par un autre qui, malgré sa transformation en atelier de menuiserie, est toujours désigné par les habitants du quartier comme la chapelle des lépreux. Il est situé sur le bord du grand chemin de Sautron, qui, depuis des siècles, se nomme les Hauts-Pavés, en souvenir du passage de l'ancienne voie romaine de Nantes à Vannes. La rue Noire, qui se nommait autrefois la rue Saint-Jacques [Note : « La rue Saint-Jacques, autrement appelée la rue Noire » (Terrier de la Sénéchaussée de Nantes de 1680, vol. V, p. 10. Archives départementales, B)], est bordée au Nord de quelques maisons du XVème siècle, qui ont dû être construites pour de riches lépreux, car on ne s'expliquerait pas que cet endroit, si voisin de la maladrerie, ait été habité par des gens sains à une époque où la lèpre inspirait tant d'effroi.

Pour apprécier les avantages de cette situation, il est essentiel d'effacer sur le plan les voies modernes et de se représenter la ville telle qu'elle était avec ses anciennes sorties. Avant l'ouverture de la route actuelle de Rennes, à la suite du pont Morand, en 1774, on se rendait au pont du Cens par deux chemins. On suivait, en sortant par la porte de Saint-André, la rue de la Poudrière, la chaussée de Barbin et la route qui monte le coteau, à travers les tenues du Pin, du Petit-Loquidy et de la Barberie [Note : « Le lieu de la Barbarie, déborné par un bout le chemin qui conduit des moulins de Barbin au pont d'Ocence », 1555. (Livre des francs-fiefs. Archives départementales, B, 3758)], ou bien, après avoir franchi la porte de Sauvetour, on montait la rue du Marchix, on passait la barrière Fouquet établie sur la place que nous nommons de Viarmes, en laissant à gauche la barrière de Couëron et la chapelle de Miséricorde, on prenait la rue Saint-Jacques et on rejoignait la route actuelle de Rennes dans le vallon du Gué-Moreau [Note : Une maison au Gué-Moreau, bornée « par le grant chemyn et pavé qui conduist du Marcheix de Nantes au pont du Cens » 1540. (Aveux de la paroisse Saint-Similien. Archives départementales, série G)], près de Grenouille, bas-fond que remplissait autrefois un étang dont les eaux faisaient tourner un moulin. Les logis des lépreux de Nantes se trouvaient donc à la proximité de deux chemins très-fréquentés, assez loin des habitations pour que la contagion ne fût pas à redouter, mais toujours sous les yeux des passants pour que leur misère excitât la compassion des coeurs généreux.

Le nom de Saint-Jacques donné à la rue Noire, comme au quartier de Pirmil au-delà des ponts, indique que les lépreux invoquaient l'assistance de ce saint. Saint Julien leur était cher aussi, puisque la fontaine la plus voisine de leur hôpital portait son nom [Note : « Droit de la fontaine Saint-Julien qui est dans ladite rue Saint-Jacques » (Terrier de la Sénéchaussée de Nantes de 1680, vol. V, p. 10)]. Je tiens à en faire la remarque dès le début de cette étude, car le souvenir du culte de ces deux patrons nous aidera plus d'une fois à déterminer l'emplacement des anciens hôpitaux de notre pays.

Le domaine de la maladrerie de Nantes devait comprendre à l'origine tous les terrains délimités par les Hauts-Pavés, la rue Noire le petit chemin de Grenouille et le Gué-Moreau, il n'y a aucune apparence du moins que cette tenue ait jamais été divisée. J'irai même jusqu'à croire que l'étang du vallon avait été formé pour les besoins des lépreux. Si l'on en croyait une tradition vivante parmi les habitants du quartier, l'enclos actuel des Capucins aurait également dépendu de la Maladrerie. Il y avait du côté du couvent, une antique maison, détruite il y a 3 ans, qu'on montrait comme l'ancienne habitation des aumôniers. Les déclarations mentionnent seulement deux jardins, un pré et une pièce de terre de deux quartiers avec les légumes et les fruits que produisait ce terrain [Note : Baux. Archives de l'Hôtel-Dieu. — Estimations et ventes. (Archives départementales, série Q) ; D'après un aveu de 1736, la tenue de Saint-Lazare est débornée par un petit chemin conduisant à la chapelle et cimetière dudit lieu (Aveu à l’évêque, vol. IV, n° 58. Archives départementales, série G)].

La maison de Saint-Lazare avait pour principale ressource les aumônes recueillies par les troncs ou par les quêtes, et les amendes infligées par les sénéchaux. Aucune paroisse n'envoyait de malade attaqué de lèpre à l'hôpital de Saint-Similien, sans faire une collecte pour subvenir à ses frais d'installation (Histoire de Nantes, t. II, p. 256). Dans les moments de détresse pressante, l'évêque permettait de faire des quêtes extraordinaires à l'occasion de telle ou telle fête solennelle, et accordait des indulgences aux fidèles charitables (Archives nationales, S, 4857). Les commissaires-quêteurs recueillaient tous les objets en nature et les aliments qu'on voulait bien leur donner (Dictionnaire de Bretagne, par Ogée, t. II, p. 185). Les lépreux tenaient également de la concession des ducs de Bretagne des droits d'octroi sur les bois de chauffage, sur certains poissons destinés à l'alimentation du carême et sur le débit de la viande vendue le dimanche. Dans la contestation que souleva au XVème siècle le titulaire d'une chapellenie desservie à Saint-Lazare à l'occasion de la jouissance de ces redevances, il ne fut pas possible de remonter à l'origine, ce qui démontre leur antiquité d'une façon évidente. Le prévôt de Nantes ne put, mettre les parties d'accord qu'en faisant un partage. Il fut convenu par acte du 14 décembre 1437 que les ladres prélèveraient une bûche sur toutes les charretées ou sommes de bois qui passeraient devant leur maison ou qui entreraient par le Gué-Moreau, les portes de Sauvetour et de Saint-Nicolas, par les ports de la Poissonnerie et de la Fosse. Il fut également accordé qu'ils auraient le droit de prélever dix pour cent des sèches et des morgadons qui seraient amenés à Nantes pendant le carême, soit par bateau, soit à cheval, et de prendre sur chaque étal de boucherie ouvert le dimanche un morceau de la longe de chaque boeuf vendu en détail à la cohue [Note : Ce morceau, qui répondait à ce que nous appelons le filet, était la part de l'évêque et du seigneur de Procé, les autres jours de la semaine. On le nommait nomblaige (Histoire de Nantes, par Travers, t. II, p. 232)]. Au chapelain, partie adverse était seulement réservé le droit de bûchage sur les charretées de bois qui entraient à Nantes, par la porte Saint-Pierre, et sur les bateaux amarrés au Port-Maillard et au Port-Communeau avec faculté de jouir de toute la perception quand la léproserie serait déserte, pourvu qu'il entretînt les bâtiments en bon état.

On trouvera les termes de cet accord à la fin.

La Maladrerie de Nantes possédait aussi diverses rentes foncières dont je n'ai pu me procurer le dénombrement. Dans un compte de 1398 le receveur des regaires y fait allusion en ajoutant à l'éventuel de ses recettes l'article suivant : « Item d'autres rentes dues ès malades de Saint-Ladre, quelles rentes sont et appartiennent à l'évêque de Nantes par défaut de malades » (Trésor des chartes des ducs de Bretagne, cassette 24. - Archives départementales).

Je puis cependant ajouter la mention de quelques donations faites au XVème siècle et au commencement du XVIème (Trésor des chartes des ducs de Bretagne, série H, liasse des hôpitaux).

Julien Bioret, prêtre lépreux, qui avait habité à Saint-Lazare, laissa de quoi acheter une rente de 10 sous en 1488, entre les mains de maître Jean Le Coge, aussi lépreux, qui était alors leur procureur général, en considération sans doute de ses connaissances en droit civil.

Un autre prêtre, du nom de Jean Charrier, légua une maison qui fut arrentée en 1502, pour 65 sous par an, au profit des ladres. Ce qui reste de documents ne permet pas d'en dire davantage sur leur patrimoine.

Le service religieux avait été assuré dans la chapelle de Saint-Lazare, grâce à la fondation de trois chapellenies, dont la dotation nous est révélée par la déclaration que firent les titulaires au XVIème siècle [Note : Déclaration des bénéfices non sujets aux décimes en 1554. 1 vol. in-f°, f°s 124, 147, 166. (Archives départementales, série B)]. L'évêché était avisé de tout ce qui se passait dans la maison par l'official de la cathédrale, et inscrivait sur les registres du secrétariat les noms des lépreux admis. C'est ainsi que nous savons que Pierre Chevalier et Guillaume Hutin furent envoyés à Saint-Lazare en 1446 (Archives nationales, S, 4857). L'abbé Travers, qui a compulsé bien des volumes, ne cite qu'un cas de lèpre en la paroisse Saint-Nicolas en 1523 (Histoire de Nantes, t. II, p. 256) ; il n'en est pas moins certain qu'en 1532, la léproserie comptait plusieurs pensionnaires, puisque l'évêque fut prié d'accorder la permission de quêter en leur faveur (Archives nationales, S, 4857).

En 1569, le doyen du chapitre ayant informé la mairie que la Maladrerie n'était plus habitée, les meubles furent remis aux administrateurs de l'Hôtel-Dieu pour l'usage des galeux ou des pestiférés sans doute, et comme rien indique qu'ils soient jamais retournés à leur première destination on peut prendre cette date comme celle de la disparition de la lèpre à Nantes (Délibération de 1569. - Archives de la mairie). La tenue de Saint-Lazare, qui avait été réunie au patrimoine des hôpitaux de la ville quelques années après, fut enlevée à l'Hôtel-Dieu après l'édit du mois de décembre 1672 pour augmenter la dotation de l'ordre de Saint-Lazare et du Mont-Carmel. Un arrêt de la Chambre Royale de la réformation des hôpitaux du 4 juillet 1676 intima aux administrateurs Jean Sorin et Mathurin Girault de la Bigeottière de s'en dessaisir au profit de ces chevaliers (Archives nationales, S, 4857, Z, 7607, f° 125). L'arrêt nous apprend que la léproserie se composait alors d'un corps de logis de quatre chambres avec greniers, habité par des locataires, que l'image de Saint-Lazare était encore sur son autel, et que la chapelle n'avait ni porte ni clôture. Le tout rapportait 120 livres de fermage en 1678. L'Hôtel-Dieu de Nantes rentra en possession de la Maladrerie des Hauts-Pavés par suite d'un arrêt du Conseil du 2 décembre 1695 [Note : Archives nationales, V6, 1166. - Les chevaliers conservèrent un pré d'après un aveu de 1736. (Archives départementales, série G. Aveux de la paroisse Saint-Similien, Vol. IV, n° 58].

Quand on sort de Machecoul pour se rendre à Saint-Mesme, on aperçoit à gauche une éminence considérable qui domine la plaine et les marais de tous les côtés : cette hauteur se nomme le coteau de Saint-Lazare. C'est là, en effet, que les sires de Retz avaient établi une des nombreuses léproseries que j'aurai à signaler sur leurs terres. Le propriétaire du domaine a vu détruire la chapelle il y a 30 ans, et m'a montré les témoins de l'emplacement qu'occupait le champ de foire : ce sont de petites bandes de terre enclavées dont la propriété appartient à divers particuliers de Machecoul, qui ont voulu les conserver en souvenir de leurs anciens droits. La foire de Saint-Marc attirait le 26 avril un tel concours de marchands et d'acheteurs pendant les trois jours de sa durée, qu'il était impossible de s'y procurer une place quand on n'avait pas arrenté d'avance un morceau de terrain. L'ancienne route de Machecoul à Nantes a été un peu détournée. Au temps des lépreux elle passait dans le vieux chemin bordé par la maison des fermiers et formait un carrefour devant la chapelle avec la grande route allant de Fresnay à Saint-Mesme [Note : « Journaulx de terre situés en la parroesse de Fresnay, entre le grant chemyn qui conduict de ladite Roaemelière à Saint-Ladre » (Aveu du prieur du val de Morière de 1520. Archives départementales, B, liasse des biens de main-morte)].

Il était d'usage que la veille de la Saint-Marc, le gouverneur de la léproserie, nommé prieur (Archives départementales, E, 486), allât prévenir le sire de Machecoul et ses gens de la solennité du lendemain et les invitât à l'ouverture de la foire. Quand il recevait leur visite il leur servait au premier repas deux pots remplis du meilleur vin de la contrée avec deux pains de deux sous pièce, plus une serviette, et le soir le dîner devait être assez copieux pour suffire au suzerain et à six personnes de sa suite. L'acte qui porte ces détails ajoute qu'il donnait une poule au faucon et de la paille fraîche aux chiens. Ces redevances féodales suffiraient à prouver que les sires de Retz étaient les fondateurs de l'hôpital ; mais voici un autre témoignage du XIIème siècle qui atteste leur générosité.

Bernard de Machecoul concéda en 1185 à Pierre Painot, prieur de Saint-Lazare et aux chanoines de Saint-Vincent-de-Nieul, sur l'Autize, ses supérieurs, le lieu de Saint-Hilaire-du-Bois-de-Cené, avec ses appartenances en toute propriété, et permit au prieur de prendre du bois mort dans la forêt de Machecoul, autant qu'il lui en faudrait pour son chauffage, avec la faculté d'envoyer paître dans les deffais 4 boeufs et 8 vaches dans les limites marquées. par le Chatellier, la voie qui conduit à l'Enfermière, près de la barre de Saint-Mesme. Le domaine de Saint-Lazare, avec ses dépendances en Fresnay et en Saint-Mesme, produisait un revenu porté à 33O livres dans un procès-verbal d'estimation de 1791 (Archives départementales, E, 78. Voir aussi série Q, Estimations).

Aux Moûtiers la léproserie de Saint-Lazare était dans une situation non moins salubre que la précédente : elle occupait au sommet du coteau qui domine le bourg et regarde la mer un champ de la métairie de la Rairie connue dans tout le pays sous le nom de pièce des Maladries [Note : « Un pré joignant la croix des Malladryes ». Aveu à la prieure des Moûtiers de 1589, f° 88. (Archives départementales, série H) « Le quartron des Grandes-Maladries » (Ibid. 418)]. La chapelle une seule fois mentionnée dans un texte de 1581 s'élevait à la place du petit bois de sapins qui est près des bâtiments de la ferme [Note : « Le fief Nyau, entre l'herbergement de la Mère et la chapelle de Saint-Ladre » (Archives départementales, E, 491)]. Elle a disparu depuis si longtemps qu'il n'en reste pas la moindre pierre. Voici ce qu'on en dit dans une acte de 1669 :

« Un grand fief et tenement de terre qui s'étend jusques au lieu de la Rairie, appartenant. à Gabrielle Leray, où anciennement y avoit une chapelle appellée les Maladries, sous la seigneurie de la dame des Moûtiers » [Note : Aveux rendus à la prieure des Moûtiers, en 1669, f° 417. (Archives départementales, série H)]. Il est donc à présumer que l'édifice était déjà en ruines à la fin du XVIème siècle, pour qu'on en parle dans ces termes.

Dans la pièce du Cimetière, que le fermier m'a désignée sans hésiter, on a trouvé, suivant les notes de Chevas, des tuiles à crochet, comme en plusieurs endroits de Prigny (Notes historiques sur l'arrondissement de Paimbœuf, p. 399). Je n'en suis pas surpris : cet emplacement est assez agréable pour avoir été habité dès l'époque mérovingienne ou avant ; il était, au surplus, sur le bord d'une voie romaine désignée dans le pays sous le nom de la Charrau, et dont le parcours a servi, comme presque partout, à déterminer les limites des paroisses voisines. Le domaine de cette léproserie, qui touchait tout à la fois aux territoires d'Arthon , du Clion, de Prigny et des Moûtiers, se trouvait aussi au point de jonction du grand chemin de Prigny au Clion, et de la voie qui allait des Moûtiers à la station romaine d'Arthon [Note : « Le chemin par lequel l'on va de la ville de Prigny à la Maladrie », 1581. (Archives départementales, E, 491). « Le grand chemin par lequel l'on va du bourg des Moûtiers à Saint-Hilaire-de-Châléons », 1581. (Ibidem.)]. Il n'appartenait pas tout entier à la prieure de Notre-Dame-des-Moûtiers ; il est certain au contraire qu'il était très-divisé. Le prieur de la même paroisse avait trois boisselées de terre dans la pièce des Maladries (Actes de vente de l'an III. District de Paimbœuf. - Archives départementales, série Q). Cette circonstance, jointe au nom de la terre qu'on trouve écrit le plus souvent au pluriel, me porte à croire qu'il y avait là plusieurs hôpitaux.

Dans tous les cas, il est bien avéré que les dames du Ronceray d'Angers possédaient une autre léproserie sur le territoire des Moûtiers, nommée les Petites Maladries [Note : « Deux ouches nommées les Plantes-Closes, bornées par un chemin qui rend de l'osche Frelet aux Petites-Maladries. » (Rôle rentier du Prieuré des Moûtiers de 1623, f° 51 ; Archives départementales, H)]. Quand on descend le coteau de la Rairie par le vieux chemin d'Arthon, on rencontre, avant d'entrer dans le bourg des Moûtiers, le carrefour des Pierres-Plates. Le terrain sis entre le cimetière et la route que les anciens appellent l'Aumônerie serait l'emplacement de la petite Maladrie de la Madeleine, dont Chevas signale l'existence d'après un terrier de 1623 (Notes sur l'arrondissement de Paimbœuf, p. 346). Un vieillard assure que, dans son enfance, il a vu, à l'angle formé par les deux rues en face, une croix élevée sous l'invocation de la Madeleine.

Voici ce qu'on en dit en 1654 : « Les prés Chauvays situés près la pièce des Petites-Maladries chemin entre deux qui conduist du lieu ou estoit la chappelle des Maladries audit bourg » (Rôle rentier du prieuré des Moutiers de 1654, art. 81 (Ibid)).

Au point de vue religieux, il y a une ressemblance frappante entre le territoire du Loroux-Bottereau et celui de la commune des Moûtiers : ces deux paroisses se sont formées vers le Xème siècle, par suite de l'agglomération de plusieurs monastères. Leurs noms, dérivés de monasteria et d'oratoria, ne laissent aucun doute sur cette origine. Pour ce qui regarde Le Loroux, il est plus facile d'indiquer l'endroit précis où étaient les sanctuaires anciens, que pour le bourg des Moûtiers. On sait parfaitement où étaient les églises de Saint-Laurent, de Sainte-Catherine, de Saint-Jean, de Saint-Symphorien, de Notre-Dame-de-Recouvrance. Les saints les plus célébrés au Loroux étaient ceux qu'on nomme secourables ou hospitaliers. Ainsi, les plus anciennes foires du pays sont celles de Saint-Blaise, de Sainte-Catherine, de Saint-Laurent et de Saint-Barthélemy, noms que nous retrouverons sans cesse au frontispice des hôpitaux. La chapelle de Saint-Lazare, qui se trouvait près du château, et dont l'emplacement est connu de tous les habitants, n'était pas celle des lépreux. Elle avait été fondée au XVème siècle, par Catherine de Machecoul, comme annexe d'une aumônerie qu'elle destinait aux passants et aux femmes en couche. En plaçant cette maison hospitalière sous le patronage de saint Lazare, de sainte Madeleine et de sainte Marthe, la dame du Loroux s'était écartée des usages admis partout au moyen âge. Je n'ai rencontré nulle part d'aumônerie vouée à saint Lazare et à ses soeurs ; je ne puis m'expliquer cette dérogation qu'en supposant une chapelle antérieure bâtie dans la banlieue, qui serait tombée en ruines à cette époque. Il est possible que la fondatrice ait voulu renouveler un culte qui allait disparaître avec les lépreux. Dans tous les cas, il est bien certain que Le Loroux a possédé une léproserie dont le domaine, devenu désert, était arrenté, en 1473, à divers particuliers, dont le dénombrement se trouve dans un aveu rendu au duc de Bretagne par Arthur de Villequier [Note : « Guillaume Minguet, sur l'ouche de la Maladrie, XII sous. Jean Piloteau, sur son courtil de la Maladrie, 18 deniers. Les héritiers Jean Guérin, sur leur courtil de la Maladrie, 2 deniers » (Aveu de 1473, Chambre des Comptes, Archives départementales)]. Où était situé cet hôpital ? Il est difficile de le dire, après les transformations qu'a subies le sol autour du Loroux. Cependant, deux emplacements seuls paraissent convenir à nos conjectures ; ils sont tous deux sur le bord d'une voie fréquentée et à proximité d'un cours d'eau ; ils sont marqués sur les plans : l'un, par la Croix-Pinot, sur le passage du grand chemin Nantais, qui se rendait en Anjou par le Pont-de-Louan et Le Loroux ; l'autre, par l'ancien cimetière des huguenots, à l'extrémité du faubourg de Bourgogne, sur le passage de l'ancien chemin de Vallet.

J'ai autant de bonnes raisons à faire valoir pour l'un que pour l'autre. La Croix-Pinot peut être celle qui se nommait la Croix de la Maladrie, dans un aveu de 1726 [Note : Aveu au Roi du marquisat de Goulaine de 1726, art. 839 et 920. 1 vol. in-f°. (Archives départementales, B). La Croix-Priou ou du Prieur, qui est sur le même chemin, moins loin du Loroux, est aussi un lieu à étudier. En face, autour du moulin de la Motte, on trouve beaucoup d'anciens tombeaux. Il y a un autre cimetière dit des Huguenots, sur la route de Vallet, à 3 kil. du Loroux, près du Perron] ; elle n'est qu'à 700 mètres au Sud6Ouest de la ville, et on assure dans le pays que le vallon voisin servait de lit à un étang et de réservoir à un moulin. Or, les Maladreries sans étang et cours d'eau sont rares. Quant au lieu de la Tannerie, il a mes préférences à cause du cimetière qu'on y indique. J'aurai plus d'une fois l'occasion de faire remarquer que les protestants ont trouvé bons à prendre les anciens hôpitaux des lépreux, et qu'ils s'y sont établis au XVIème siècle. Il y a une autre raison qui m'attache à ce lieu plus qu'à l'autre. Je trouve trois bénéfices : celui des Ogers, celui des Fortuneaux et celui de Saint-Nicolas en possession de terres en ce même faubourg de Bourgogne, autour de la Tannerie. Comme il est arrivé souvent que le démembrement des Maladreries s'est fait au profit des bénéficiers, cette accumulation de biens d'église me semble indiquer un endroit digne d'être fouillé attentivement par les localistes.

Cugand, ancienne paroisse du diocèse de Nantes, avait aussi un hôpital de Saint-Lazare. La chapelle, qu'on pouvait encore voir, il y a quelques années, avec ses autels et ses statues, sur le bord du vieux chemin de Clisson à Montaigu, avait été fondée par les sires de Clisson [Note : « Lande près la chapelle Saint-Lazare, bornée d'un bout grand chemin de Saint-Lazare à Montaigu », 1767. (Archives départementales, G. Paroisses)]. Son temporel, dit le Livre des Visites de 1683, consistait en une pièce de terre près de la chapelle, en un pré en Saint-Hilaire-du-Bois, et en quelques rentes foncières sur le Goulet de Treize-Septiers , le tout valant 100 livres de rente [Note : Déclarations de biens d'église de 1554, f° 34, v°. (Archives départementales, B) et Livre de visites du climat de Clisson, f° 376, série G. (Ibid.)].

Quand on sort du département par la vieille route qui va du village du Pâtis, en Vieillevigne, à Montaigu (Cette route est une voie romaine. - Voir le livre de M. Bizeul, p. 71), on rencontre sur les marches de la Vendée une autre chapelle de Saint-Lazare, qui est indiquée sur beaucoup de cartes, et que M. Bizeul a remarquée en cherchant le tracé de la voie romaine de Nantes à Montaigu. Près de Saint-Germain de Montfaucon, dont les trois paroisses relevaient du diocèse de Nantes, existait une chapelle de Saint-Lazare qui tombait en ruines en 1683 (Archives Nationales, V. 1166. — Livre de visites du climat de Clisson, f° 296 - Archives départementales). Les chevaliers de l'ordre de Saint-Lazare tentèrent, sans succès, de s'en emparer au XVIIèmee siècle.

Enfin, à l'extrémité du bourg de Chantoceaux, où la Madeleine était honorée et avait sa foire, M. Port signale vers l'Est une chapelle de Saint-Lazare, petit édifice de la fin du XVIème siècle, destiné à rappeler une autre fondation plus ancienne. D'après une charte du XIIème siècle, il y avait une léproserie sous le même vocable dans la forêt du Parc [Note : Dictionnaire historique de Maine-et-Loire, t. 1, p. 608. — Je ne sais à laquelle des deux se rapporte la permission donnée par l'abbé de Marmoutiers à un particulier, de construire une chapelle près de la maison des lépreux du château : « Ut ad donum leprosorum ejusdem castri capellanz construat » V. 1190 (Histoire de Bretagne, de D. Morice, Pr. 1, col. 715)].

Il est surprenant que, de tous les établissements voués à saint Lazare, un seul, celui de Nantes, soit situé sur la rive droite de la Loire. Il n'en est pas de même des hôpitaux et des chapelles de Sainte6Madeleine ; ils sont aussi nombreux sur la rive droite que sur la rive gauche. Autour de Nantes, je ne vois pas moins de trois Madeleine. La plus voisine des murs de ville était un prieuré de l'abbaye de Toussaints d'Angers, dont la chapelle s'élevait au bout de la chaussée de la Madeleine, dans le quartier des ponts jetés sur la Loire, à l'angle du quai Magellan. Le comte Conan, qui paraît en être le fondateur, avait cédé, en 1118, aux chanoines de Toussaints, tous les droits de pêche, de péage, de navigation, de pontonnage, de mouture sur les moulins, de débarquement sur les ports, même les droits de haute et basse justice et de prévôté qu'il exerçait depuis le mur du Bouffay jusqu'à Pirmil, à la condition qu'ils construiraient les ponts, charge qu'il allégeait en leur permettant de prendre les bois de construction nécessaires dans ses forêts (Titres du prieuré de la Madeleine. - Archives départementales, H). Cet acte de concession est le seul qui nous reste sur les origines du prieuré de la Madeleine des Ponts de Nantes. Je suis obligé d'en supposer un autre, puisque nous savons, par des documents postérieurs, que la dotation fut réduite à quelques droits de navigation et de trépas, et qu'au XIIIème siècle les chanoines d'Angers n'avaient plus la surintendance des ponts [Note : Il y a une charte de 1280 qui démontre que les ponts s'entretenaient, au XIIIème siècle, au moyen de taxes spéciales]. Il est à présumer que la belle prairie de la Madeleine, dont ils ont joui, leur a été concédée en échange de tous les revenus énumérés ci-dessus, lorsqu'ils renoncèrent à leur rôle de frères pontifes [Note : Voir les Déclarations du Clergé, série Q, et les Aveux de la série B. (Archives départementales)]. J'ignore dans quels termes le devoir de la bienfaisance leur fut imposé, mais on a la certitude qu'au XIVème siècle, le prieuré de la Madeleine avait une aumônerie. Le procès-verbal de la canonisation de Charles de Blois rapporte que ce prince, passant un jour sur les ponts de Nantes, vit venir à sa rencontre des pauvres qui sortaient d'un hôpital [Note : « D. Carolus equitans super pontes Nannetenses, pauperes cujusdam hospitalis supra dictos pontes existentes ab ipso eleemosynam petierunt » (Histoire de Nantes, de Travers, t. I, p. 436)]. L'aumônerie de Toussaints ayant été fondée en Biesse en 1364, on ne peut pas douter que ce texte ne s'applique au prieuré desservi par les chanoines de Toussaints d’Angers.

Au Nord de la ville de Nantes, sur la limite des paroisses d'Orvault, de Saint-Similien et de Saint-Donatien, il existe depuis des siècles un pont jeté sur la petite rivière du Cens (ou d'Aucence), auquel aboutissaient quatre ou cinq grands chemins très-fréquentés. Outre la voie de Nantes à Rennes, il y avait celle de Nantes à Orvault et au-delà, par l'Hopitau, qui gravissait le coteau ; celle de Trellières à Carquefou, qui passait l'Erdre à la Jonnelière, et celle du pont à Grandchamp [Note : « La lande du Mortier-au-Moine, en Saint-Donatien, entre le chemin par lequel l'on va du pont de Auczence à Grantchamp et le chemin par lequel on va dudit pont à Notre-Dame-des-Dons » XVIème siècle. (Aveu de l'abbé de Blanche-Couronne, cahier f° 21, série H). On a trouvé les restes d'une chaussée où est le viaduc de la Jonnelière]. A la rencontre de toutes ces routes, se trouvait une aumônerie [Note : « Une tenue près le pont du boys d'Ausance appellée l'Aulmônerie », 1554. (Déclarations du Clergé. Archives départementales, série B). « La métairie de l'Aumônerie de Nantes, sise au Pont du Cence » (Terrier de la Sénéchaussée de Nantes de 1680, vol. V, p. 13. Ibid.)], du côté de Saint-Similien, côté occidental de la route de Rennes et du côté opposé, en Saint-Donatien, sur le coteau, se trouvait une maison qu'on nommait l'abbaye de la Madeleine [Note : « Depuis les Petites-Landes jusques à l'abbaye du Cense joignant le Petit-Port » (Aveu de 1638. Archives départementales, série B)]. La maison qu'habite le fermier actuel de la Madeleine, dont la construction remonte au moins au XIVème siècle, la chesnaie, les grands terrains vagues, les jardins qui l'environnent, tout atteste que ce domaine était important. Il comprenait toutes les terres sises entre la métairie du Petit-Port, le chemin de la Jonnelière et la rivière, les marais du Cens et jusqu'à la carrière voisine du pont [Note : Voir les Aveux au Roi, conservés dans le fonds de la Chambre des Comptes]. Est-il vraisemblable que l'abbaye de Toussaints d'Angers, à laquelle il appartenait comme annexe du prieuré de la Madeleine des Ponts, l'ait reçu des ducs ou des évêques, à titre gratuit, dans le principe ? Un tel emplacement ne pouvait convenir qu'à un établissement hospitalier.

A l'Est de Nantes, sur le territoire de Carquefou, il existe un autre domaine de la Madeleine, avec chapelle, sur lequel les renseignements abondent. Grâce aux archives des religieux de l'abbaye de Marmoutiers, près de Tours, qui en furent gratifiés par le comte Alain Fergent, vers l'an 1112, nous savons que la Madeleine-en-Bois fut fondée au milieu de la forêt de Puits-Arleze (Carton des prieurés de Marmoutiers - Archives départementales, série H), nom qui semble emprunté à la Vieille-Ville, sise un peu plus loin. En effet, dans un texte du XVIème siècle (Aveux du clergé, liasse de Marmoutiers - Archives départementales, série B), le même puits est ainsi désigné : « le chemin nantais qui conduit du Chesne de la Comtesse au puix du village de la Vieille-Ville ». Sur ce sol où ils étaient seigneurs et maîtres, les moines avaient droit de justice patibulaire à deux poteaux, droit de foire et de coutume sur les marchandises vendues dans leur fief. Par leurs défrichements, ils transformèrent ce désert en une florissante exploitation qu'on décrit ainsi dans un aveu de 1546 : « Le lieu, domaine et manoir de la Madeleine, avecques une chapelle estant au-dedans dudit manoir fondée de Marie-Madelaine, contenant le tout tant en jardins, terres labourables, prés, pâtures, pâtetaux, landes, bois, communs, en ce compris les terres des étagers... quatre à cinq mille boisselées de terre » (Aveux du clergé, liasse de Marmoutiers - Acte de vente du 16 juin 1791, série Q).

Les abords en étaient plus faciles qu'aujourd'hui. La route de Nantes à Paris, qui passe au Sud de la propriété, la partageait, avant le XVIIème siècle, presque par la moitié. Ce qui reste de son ancien tracé sous le nom de Chemin-Vert, au Nord de Saint-Georges, au moulin de la Haie-Lévesque, à la ferme du Besle où s'embranchait le chemin de Carquefou, nous permet de la reconnaître dans la belle avenue de la Cadrannière, entre la chapelle et le château moderne, jusqu'à la Haute-Forêt. Le manoir, le champ de foire et la chapelle se trouvaient donc au carrefour formé par la rencontre de la route de Paris et les deux chemins venant de Sainte-Luce, sur les limites même des paroisses de Carquefou, de Sainte-Luce, de Doulon et de Thouaré.

La maladrerie était placée non pas près de la chapelle, mais à l'extrémité du fief, sur la terre de la. Chohonnière, à l'endroit marqué par une croix qui porte encore le nom de croix de la Ladrie, sur un plan de 1849 (Voir la collection des plans du Tribunal de Nantes), près de l'aqueduc fait sous la route de Paris pour le ruisseau de Sainte-Luce. Je la trouve mentionnée dans plusieurs titres, comme point de repère, quant il s'agit de délimiter les fiefs de la Madeleine et des repaires de l'Evêché, circonstance à laquelle nous devons sa conservation [Note : « La croix de la Ladrie estant en la paroisse de Sainte-Luce, 1543 » (Aveu de Marmoutiers, Archives départementales, série B). « Depuis la croix de la Laddrerie joignant le village de la Chohonnière » (Aveu de 1679, Terrier de la réformation. Ibid.)]. Le chemin qui reliait la Madeleine de Carquefou au bourg de Sainte-Luce par la Rentière et la Chohonnière est nommé tantôt le chemin de la Lardrie, tantôt le chemin de la Croix des Lardries [Note : Déclarations de défrichements devant la sénéchaussée de Nantes en 1775, f° 56. (Archives départementales, série B)], ce qui indique bien précisément l'existence d'une ou de plusieurs léproseries aux environs de la Chohonnière et de la Rentière. La borderie que le recteur de Sainte-Luce possédait à la Chohonnière provenait sans doute de la maladrie (Bail du temporel de la cure de 1785 - Archives départementales, G, liasses des paroisses).

La commune d'Abbaretz possède un village de la Madeleine fondé, il y a une quarantaine d'années, par un sieur Chrétien, qui passe dans le pays pour avoir inventé ce nom. En examinant le cadastre dressé en 1811 à Abbaretz, j'ai vu qu'il n'en fallait rien croire et qu'il s'agit d'une résurrection. Quatre parcelles de la section des Perrés portent le nom de Madeleine (Cadastre, section J, n°s 19-22) ; elles sont situées sur le bord d'un grand chemin, dans une contrée déserte, autrefois boisée, dont la destination ne peut être douteuse.

La léproserie signalée à Ancenis par le pouillé de la province de Tours était à une lieue au Nord de la ville, près de la ferme de l'Aubinière, à l'endroit où le ruisseau de la Rairie passe sous le pont de Bougre, sur le passage par conséquent du grand chemin d'Ancenis à Châteaubriant [Note : Cadastre d'Ancenis, section E, n°s 192 et 154. Le pont de Bougre est indiqué comme le passage d'un grand chemin dans l'aveu de la bar. d'Ancenis (Terrier de la sénéchaussée de Nantes, vol. XVI) ]. J'avais d'abord pensé au carrefour de la Croix-de-Pierre, près de la gare, à cause de la corderie voisine ; mais les noms des pièces de terre touchant le pont de Bougre enlèvent toute hésitation. Il y a le pré de la Madeleine, près du ruisseau, puis le champ de la Croix, près de la ferme, et la pièce des Deux-Chemins au carrefour qui a la forme exacte d'un terrain consacré à une chapelle. Les fermiers voisins que j'ai interrogés ne connaissent ce lieu que sous le nom de la Maladrie.

La partie méridionale d'Aigrefeuille, qui a été séparée du territoire de cette commune pour former celle de la Planche, contient un lieu dit les Maillarderies, qui a toutes les apparences d'un emplacement de maladrerie, sous l'invocation de la Madeleine. Ce village est à la limite de Remouillé, dans un lieu très-boisé, entre les Sepées et le Breuil, non loin de la métairie de l'abbaye dépendant de la Madeleine de Geneston. Outre la pièce du Paradis-Cabot, placée à quatre chemins, on trouve autour beaucoup de noms significatifs, tels que : les pièces de la Croix, les pièces au Curé, le grand et le petit Tabernacle (Cadastre, états de section B, n°s 446, 447, 657, 700, 704). Ne sont-ce pas là des raisons suffisantes pour lire les Maladries, au lieu des Maillarderies ?

Dans le territoire du Grand-Auverné, il existe deux prés de la Madeleine, l'un au Sud, près du ruisseau qui sépare la Coudrelière de l'Aunay où un ancien a vu détruire une vieille case nommée la Maladrie, sur le chemin de Trans ; l'autre, à l'Est, au carrefour voisin du village de la Coutancière. Le propriétaire a découvert dans ce dernier quelques restes de murailles (Cadastre C, lieu dit 13, n° 29).

Sur le chemin vicinal n° 1 qui relie Saint-Nicolas-de-Redon au passage du Port-Dor, on rencontre un hameau nommé l'Aumônerie qui me paraît être un démembrement de la léproserie placée à 350 mètres de là, près la lande de Penhouet, au moulin de la Madeleine. Ce bénéfice de la Madeleine, autrefois situé en la paroisse d'Avessac et dont la chapelle était déjà en ruines en 1790, comprenait une maison, une cour, un jardin, des prés, une pièce de terre en labour, un friche et un emplacement d'édifice qu'on estimait en revenu 150 livres (Tableau du district de Blain. (Ibid., série Q)). Il était à la présentation du seigneur du Port-Dor. La butte voisine est signalée comme étant un tumulus.

A l'extrémité opposée du département, à côté du tumulus parfaitement reconnu de Barbechat [Note : Voyez la relation des fouilles faites en 1871. (Société archéologique de Nantes, tome X, p. 76)], se trouvent également des ruines d'une chapelle de la Madeleine, avec cimetière, qui passait pour une église paroissiale déchue [Note : Voir le Livre de visites du climat de Clisson du XVIIème siècle (Archives départementales, G). Elle était paroissiale pour les lépreux]. L'abbé de Marmoutiers en avait la présentation. Dans le procès-verbal de translation du service religieux au Bois-Guillet en 1769, on voit que la vieille chapelle de la Madeleine contenait un autel de sainte Catherine, des statues de saint Mathurin et de saint Agapit (Bulletin de la Société archéologiques de Nantes, 1871, p. 107). Cet ermitage n'avait pas au moyen-âge l'aspect désert qu'il présente aujourd'hui : il était abrité par une fortification ou barbacane [Note : Voilà un nom qui montre bien l'origine du nom de Barbechat, si étrange au premier abord ; on le trouve encore à Varades dans la même situation. On comptait six vicomtes dans le comté nantais : ceux de Loyaux, de Donges, de Fercé, de Barbechat, de Rezé et de Vallet. Pour Barbechat, voir E, 220. (Archives départementales)] confiée à la garde d'un officier, nommé le vicomte de Barbechat, ce qui indique que le Pertuis Cherin était un passage fréquenté. Le chemin du Loroux à Saint-Sauveur-de-Landemont passait certainement par là. Les eaux de la Divate, retenues par plusieurs barrages, faisaient tourner plusieurs moulins qui ont disparu. Il n'y a pas d'endroit plus pittoresque dans le département de la Loire-Inférieure que le Perthuis Cherin. Outre les amoncellement de roches, on voit sur la pente de gauche une table de pierre qui rappelle les dolmens, et à droite, dans le flanc d'un coteau abrupt, une grotte naturelle qui fait penser à celle de sainte Madeleine. Elevez-vous cent pieds plus haut, du même côté, pour dominer la vallée, et vous arrivez à un beau tumulus qui se dresse sur la crête de la colline, avec un cercle creusé autour de sa base. La fortification, avec son enceinte murée sur cette hauteur, formait un poste d'observation inaccessible dont les premiers conquérants du pays ont dû jeter les fondements. On assure qu'une monnaie romaine du Bas-Empire a été trouvée dans une vigne voisine de la Madeleine de Barbechat [Note : Notes de M. Verger sur l'arrondissement de Nantes, ms. de la Bibliothèque de Nantes. M. Renoul, notaire au Loroux, possède des monnaies trouvées dans le pays. — Dans l'estimation des biens de M. Bertrand de Coeuvres figurent le pré de la Madeleine et la pièce des Barbechat, comme dépendances de la métairie de la Chevalerie. (Archives départementales, série Q)]. Quant aux lépreux relégués dans cet endroit, ils n'ont pas laissé de traces dans les lieux dits.

La Madeleine de Blain était au Nord, à 200 mètres de la ville, près d'un terrain qu'on nommait le Bottier, et qui, dans le principe, dut servir de cimetière aux lépreux. La famille de Rohan en fit don aux protestants au XVIIème siècle, pour y établir un consistoire et, par une coïncidence qui n'est pas rare dans l'histoire des institutions charitables, l'hôpital de Blain en devint possesseur après la révocation de l'édit de Nantes, par une concession royale [Note : Le Bottier consistait en une maison avec jardin, pré et petit cimetière. (Mandements royaux, vol. 40, f° 139. Ibid.). Le bénéfice dit de Harcouet, sis au Bottier, est sans doute le même. (Bizeul, Histoire de Blain, vol. II)]. La chapelle elle-même de la Madeleine, qu'on nommait la Madeleine de la Fontaine, à cause du voisinage de la fontaine Saint-Laurent, fut réunie, avec sa dotation, au patrimoine des pauvres, à la fin du XVIIIème siècle. Le temporel de ce bénéfice, situé près de la route de Blain à Guémené, se composait d'une maison, avec cour, jardin et pré en un seul tenant, dont les murs confinaient aux jardins du Bottier, et d'une rente sur la maison de la Croix-Brossaud. Le tout était affermé 135 livres en 1789 [Note : Archives départementales, série Q, bénéfices. Il est à noter que le pré au Duc était un domaine royal. Il fut afféagé, en 1718, avec une partie des droits de coutume sur la foire. (Mandements , vol. 58, f° 158. Ibid.)].

Saint Laurent, patron principal de la paroisse de Blain, dont la foire se tenait sur la vaste prairie au Duc, autour de la fontaine Saint-Laurent, a de bonne heure éclipsé le nom de la Madeleine dont la chapelle a dû disparaître au temps des ravages des huguenots.

La maladrerie de la Bénate, qu'il ne faut pas confondre avec l'hôpital de Saint-Antoine fondé au bourg même, était située au domaine de la Lardière, sur la route de Saint-Jean-de-Corcoué [Note : « Item ou quarteron de la Barretère, de la Lardère » (Aveu de 1390. Archives départementales, E, 489.) Le chemin de la Lardière à Saint–Jean­de–Corcoué bordait la vigne de la cure. (Ibid., série Q.) Le domaine noble de la Lardière fut imposé à la taxe des francs fiefs en 1536. (B, 3757)]. Elle est citée sous ce nom dans un titre de 1390, mais sans aucune mention de chapelle. En 1676, elle était possédée comme une métairie par la veuve de Charles Champeaux, sieur du Greix (Archives nationales, S, 4857) qui en fit la remise à l'ordre de Saint-Lazare. Je n'ai pas découvert comment cette propriété est sortie des mains des chevaliers.

Bouguenais avait une léproserie dont la chapelle a disparu, comme la précédente, depuis si longtemps qu'il n'en reste trace nulle part, mais comme sa situation est semblable à toutes les Madeleine des bords de la Loire, je n'hésite pas à l'indiquer ici. La terre qui conserve son souvenir fait partie de la Baronnais et se nomme le clos de la Maladrie [Note : « La tenue de la Maladrie alias le courtil Soulas » 1756. (Rôle rentier de Bougon, art. 25, Archives départementales, E)]. A côté de ce clos, qui borde le chemin des Courts, à Bouguenais, ou « le grand chemin nantais du Pellerin » (Titre de l'Hermitage. Minutes de 1756 - Présidial de Nantes), les vieillards se rappellent avoir vu une croix qui a été enlevée pour ouvrir une carrière et parlent d'ossements humains qui auraient été déterrés dans le voisinage. Le ruisseau du marais qui coule à quelques pas et la source qui était dans la pièce de la fontaine en face, fournissaient aux lépreux toute l'eau dont ils avaient besoin.

On ne peut pas douter que le vieux logis de Malabry de Casson, situé sur les limites de Grandchamp et de Héric, ait été une Maladrie, son domaine en a toutes les apparences. Son Paradis avec ses ossements et ses vestiges de murs est aujourd'hui une grande prairie comprise dans la terre voisine de Fresnay, et l'eau lui était procurée par les étangs desséchés de Voirel, de Mortéve et de l'Aulne. La pré de la Coutume est un indice de champ de foire, puisque les droits de foire s'appelaient droits de coutume (Archives départementales, Q, dossier Cadaran).

Au Cellier, la situation de la ferme de la Maladrie est en concordance parfaite avec les renseignements que fournissent les titres sur la léproserie de cette commune dès le XIIème siècle [Note : « Terram ad boscurn Rainerii et terram suam que est ante domum leprosorum » (D. Morice, Pr. de l'Histoire de Bretagne, t. I, col. 578)]. Elle est sur la grande route d'Ancenis à la rencontre du chemin de Couffé, près du bois Renier, sur les limites de trois paroisses. L'un des prés de cette léproserie fut donné au presbytère et figure dans l'estimation des domaines ecclésiastiques du Cellier [Note : « Le petit pré nommé la Maladrie, joignant, au levant, le chemin de la Maladrie » (Archives départementales, Q)]. En 1813, ce qui restait de terrain vague « sur la butte des Maladries » fut aliéné au profit de la Caisse d'amortissement. En étudiant de près le village de la Meilleraie, qui est à l'autre bout de la commune, on trouvera, j'en suis sûr, des raisons de l'assimiler aux léproseries. Saint Jacques, qui est le deuxième patron du Cellier, a été sans doute emprunté à l'une ou à l'autre de ces deux maladreries.

La Madeleine de la Chapelle-Glain n'est plus représentée que par un petit morceau de pré qu'arrose le Don, à quelques pas du pont de Gay et de la route d'Ancenis à Châteaubriant. Je ne crois pas qu'on puisse rattacher ce dernier débris aux pièces de la chapelle ignorée dont la mémoire vit encore autour de la Croix-Bazille, au Nord-Est de la Bobinais (Cadastre, sections D, 309, G, 308-313).

Le petit pré de la Madeleine englobé dans le beau domaine de la Pilottière, près de l'ancien étang, marque à peu près l'endroit où était la maladrie de la Chapelle-Heulin (Cadastre B, 2352). Le grand chemin de la Bernardière et ses embranchements ne sont pas loin.

Quand on sort de Clisson, par le faubourg de Saint-Gilles, on rencontre, à un kilomètre environ de la ville, les ruines d'une vieille chapelle élevée au XIème siècle, en l'honneur de la Madeleine. Les Templiers, qui avaient construit une commanderie à côté, sur le bord du chemin de Montaigu, l'avaient prise pour patronne (Aveux du temple de Clisson. - Ibid., série B). L'agglomération qui s'est formée peu à peu autour du donjon et de l'église est devenue une paroisse dont la suppression date seulement de 1790 (Ventes du district de Clisson. - Ibid., série Q).

La Madeleine de Chemeré était dans la forêt de Princé, sur les limites de Rouans et de Vue, près de la ferme des Béchis (Cadastre, section B. Voyez les n°s 20, 83 et 148). Les routes qui rayonnent autour d'elles sont nombreuses : il y a le chemin du Pont-Bérenger, la Grande-Allée, le chemin de la Madeleine et la route d'Arthon à Rouans, nommée le chemin pavé, sur le cadastre. Les étangs ne manquaient pas dans le voisinage. La pièce de la Croix est sans doute celle qui contenait la chapelle et le cimetière.

Crossac possédait une métairie dite de la Maladrie, entre le village de Cambéniac et le moulin de la Piolais, qui fut saisie sur l'émigré de la Brochardière [Note : Adjudications. (Archives départementales, série Q) — Archives du chapitre de Saint-Pierre, 1599, liasse de Nivillac. (Ibidem. Série G.) — Le courtil de la Croix, sis près la Maladrie, est sur le rôle rentier de Lorieuc. (Terrier de 1680, vol. VI, f° 248 et 255)] et vendue en l'an IV. Depuis cette époque, bien que les terres soient dispersées en plusieurs mains, le nom ne s'est pas effacé de la mémoire. Le grand chemin de la Roche-Bernard à Crossac se croise en cet endroit avec un autre. Il y avait, en Crossac, un fief du Melleray autour de la Martinière, sur lequel je n'ai rien découvert.

En Donges, les points de repère sont nombreux. Le premier, c'est la croix à double face de granit, représentant d'un côté, Notre-Dame-de-Pitié, de l'autre, le Christ entouré de saint Jean et de la Vierge, qui a donné son nom au hameau de la Croix [Note : Cette croix est souvent nommée la croix de Saint-Thébaud, nom que je n'ai rencontré qu'à Couëron où sont les ruines de Saint-Thébaud, sur le bord de la Loire]. Cette enseigne, placée sur le chemin de Montoir, était destinée à attirer l'attention sur l'hôpital placé un peu plus loin, au village des Bossènes (ou de la Peste, en breton), derrière lequel se trouve la pièce de la Maladrie, aujourd'hui appelée la Maletrie et la Merletrie, par les cultivateurs. L'agglomération des Bossènes ne ressemble pas aux autres endroits : elle a encore une physionomie particulière, bien que les ouvertures de granit aient été modifiées [Note : Terrier de la sénéchaussée de Nantes, de 1683, vol. VI, f° 184 et 343. Livre des visites de 1573. (Archives départementales, G). Livre des visites de 1673. (Archives du Chapitre)].

Si l'on veut que j'interprète ces deux noms, je dirai que le même emplacement a pu servir, tout à la fois, de lazaret et de léproserie, dans le même temps ou successivement. Après avoir exploré la commune, je n'ai pas trouvé d'endroit qui convînt mieux que celui-ci pour y placer la chapelle de la Madeleine citée dans les titres de Donges, au XVIIème siècle. Les abords sont à noter, comme ailleurs. Au midi, le chemin de Donges à Montoir par la rive de la Loire, bordait les Bossènes, au Nord la Charrau, chemin insubmersible de Montoir, longeait la Maladrie et à l'Est, une troisième route montait vers le Nord par la Hélardière.

Dans le vaste territoire de la commune d'Erbrée, le cadastre n'indique pas moins de trois Madeleine : deux au Nord du bourg et une au Sud. Il y a un pré de la Madeleine au carrefour où aboutit le chemin du Buron, au Sud du village de la Feuvrais et à l'Est du Bas-Saint-James, au lieu dit les His-Martin (Cadastre, sections I, 485 ; M, 442 ; F, 531). Il y a un autre pré de la Madeleine sur le bord ruisseau de la Touche à un carrefour près du chemin de la Touche, au bourg, entre les prairies du Brevand et celles des Lauriages. Enfin, il y a un troisième pré de la Madeleine au village de la Rilardière, à l'angle d'un carrefour où passe le chemin du Châtellier.

Sur le bord de l'ancien grand chemin de Batz qui suivait la côte depuis Saint-Sébastien, à deux cents mètres du bourg actuel d'Escoublac, dans la direction du Sud-Ouest, il existe un champ nommé le parc de la Madeleine. Le terrain qui s'allonge sur le versant gauche du ruisseau de Mazy (Mazeries ?) entre la Ville-Haspot et le chemin de la Ville-Halgand, contient environ six hectares, il se nomme aussi les Madeleines.

La chapelle, dont ces terres formaient le temporel, était située non loin de l'ancien presbytère, sur le premier de ces deux emplacements [Note : « Le presbytère du bourg d'Escoublac, joignant le chemin et pavé qui mainne de la Magdelaine aux Trois-Fontaines. » (Cab. de M. le baron de Wismes, coll. Lesnerac, acte de 1622)]. Au XVIème siècle, et peut-être avant, les seigneurs de Trevecar fondèrent une chapellenie à laquelle ils affectèrent pour dotation une maison avec jardin, au bourg, près de la chapelle de Notre-Dame, diverses terres à Baussan, à Meru, à Bourbelle, au clos Nérac [Note : Acte de 1543, coll. Lesnerac. — Voir aussi acte de 1661. (Archives départementales, E, 1483)], qui ont aussi porté le nom de la Madeleine. Ces dernières ont toujours été regardées comme le patrimoine du chapelain qui, dés le XVIème siècle, acquittait deux messes par semaine en l'église de Saint-Pierre d'Escoublac [Note : Livre des visites du climat de la Mée de 1573, et titres de la série G (Archives départementales)]. Ce fait n'implique pas nécessairement que le bénéfice ait toujours été indépendant de la léproserie ; il est possible que le service religieux ait été assigné en l'église paroissiale, à la suite de la destruction de la chapelle. En 1661, toutes les terres portant le nom de Madeleine se trouvaient réunies sur la même tête.

La Madeleine de Fay est à 600 mètres environ du bourg, vers l'Est, sur le bord de l'ancien chemin de Fay à Héric, sur une hauteur dont le pied est baigné par un étang. Les pièces de terre environnantes portent le nom de la Madeleine et il est à présumer que le domaine du presbytère qui est voisin, a été formé avec un démembrement de la léproserie. A 100 mènes de là se voit une bonne fontaine qui devait être un appendice de l'hôpital, de même que l'étang. La chapelle actuelle est une reconstruction de 1868, qui a remplacé un vieil édifice mentionné dans des titres très-anciens. La foire qui se tient après la fête de la Madeleine est de fondation immémoriale.

Au Sud du bourg de Fégréac, sur la route de Saint-Gildas et à l'angle d'un petit chemin, se voit une chapelle de la Madeleine, reconstruite en 1780, avec de vieux matériaux. Le pâtis à côté et la châtaigneraie en face ont le même nom, et la première construction qui s'offre à la vue en approchant du bourg se nomme l'Hospice. Quand on a sous les yeux le plan des lieux, on ne peut pas douter que les terres situées des deux côtés de la route, entre la maison de l'hospice et la chapelle, n'aient constitué une seule tenue.

A Fercé, sur les marches du comté nantais et dans les anciennes limites du diocèse de Rennes, on trouve un pré, une fontaine et deux champs de la Madeleine, à 200 mètres du bourg. Le chemin qui y conduit n'a pas d'issue. Fougeray avait aussi sa chapelle de la Madeleine, en dehors des murs de la ville [Note : « Chemin qui va de la chapelle Saint-Roch à la chapelle de la Madeleine » (Aveu de 1747, Archives départementales, série B)].

Le domaine de Beaumont, en Fresnay, a toutes les apparences d'une léproserie dédiée à la Madeleine. Son propriétaire se rappelle parfaitement avoir vu une vieille croix, dite de la Maladrie, sur le talus du taillis qui borde la route de Fresnay à Sainte-Pazanne. Les pièces de terre situées en face sont inscrites au cadastre sous le nom de pièces de la Croix et de chemin du Roi. Il ne serait pas impossible que la foire de Saint-Barthélemy, si connue à Fresnay, de temps immémorial, ait été concédée à cette maladrerie.

La paroisse de Frossay était riche en édifices religieux : outre le prieuré de Notre-Dame, bâti sur les ruines de l'oratoire de Saint-Front, de Périgueux, près d'une tour et d'une voie romaine [Note : « Ab oriente veniens a castello via publica » (Cartulaire de Redon, p. 342)], on comptait les chapelles de Saint-Michel, de Saint-Julien, de Saint-Nicolas, de Sainte-Catherine et une autre encore à la chapelle Malmouche, dans le voisinage de laquelle on a trouvé les restes d'une station romaine, à la Desnerie. Le bénéfice de la Madeleine, dont le centre n'est pas bien connu, avait un temporel composé de 4 hommées trois quarts de pré, d'un revenu de 57 livres en 1790, et d'une vigne, au clos du Fief-Grohaud (Archives départementales, Q. Voir aussi série G, paroisses), arrentée pour 6 boisseaux de froment. J'incline à croire que ce clos, borné d'un côté par un bien d'église, la vigne de la paroisse, et d'un autre, par le grand chemin du Migron, était l'emplacement de la chapelle de la Madeleine [Note : Le fief Grohaud a été donné par la fille de M. Boulay-Paty à la commune de Donges avec d'autres immeubles à la charge de construire un hospice. Le voilà donc revenu à sa première destination].

La forêt du Gâvre, comme beaucoup de forêts, avait sa Madeleine. La chapelle qui dépendait autrefois de l'abbaye de Blanche-Couronne est devenue le centre d'un village qu'on rencontre sur l'ancien chemin du Gâvre à Plessé. Dans les aveux du XVème siècle, elle est dénommée la Madeleine de ays, plus tard de ys, puis d'aiff et enfin d'iff [Note : Archives départementales, série H, fonds de Blanche-Couronne, et série B, biens de main-morte]. Je n'ai pu recueillir aucune indication sur le cimetière et le champ de la maladrerie.

L'abbaye de Geneston, fondée en 1148, sur les défrichements de la forêt des Huguetières et des landes de Bouaine, au croisement des routes de Nantes à Roche-Servière et de Clisson à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, s'était placée sous l'invocation de la Madeleine, pour conserver un culte établi saris doute en ce lieu auparavant, ou pour indiquer que les premiers solitaires se vouaient au soulagement des lépreux. La grande place qui est devant l'église sert de champ de foire, le 22 juillet, jour de la Madeleine, depuis des siècles.

La Madeleine de Guérande a été érigée à la limite de Saint-Lyphard, sur le domaine de la seigneurie de Trevenegat, près d'un grand étang, à la rencontre de plusieurs chemins [Note : « Le grand chemin qui conduict de Guérande droict à la Magdeleine » (Aveu de Trevecart, 1574, f° 30 Archives départementales, B, sénéchaussée de Guérande. La chapelle dep. de la coll. de Guérande (Terrier de 1860, I 136 et X, 2.407, Ibid.)]. Ce lieu, habité depuis les époques préhistoriques, est curieux à observer à plusieurs points de vue. Les archéologues y remarquent un monument spécial, nommé la Pierre-Blanche, qui a toutes les apparences d'une pierre à sacrifice. La table est inclinée et sur la surface on voit des cupules et des augettes. Autour de la vieille chapelle, en fouillant le terrain pour faire un jardin, on a trouvé, en 1864, des tombeaux en briques qui remontent au moins aux temps carolingiens.

A 600 mètres du bourg de Guenrouet, on montre un pré qui a toujours porté le nom de la Maladrie. Il est borné, au Nord, par un bois taillis qui le domine, et à l'Est, par la rivière d'Isac. Personne ne connaît la Madeleine ou le saint honoré en ce lieu ; mais les vieillards certifient que leurs ancêtres ont vu une croix au bord de ce pré. Je serais surpris qu'il n'y ait pas eu un passage pour se rendre de là au Rozet de Plessé.

Dans la commune d'Herbignac, la léproserie nous est marquée par la métairie de la Maladrie, au Nord du bourg, au point où le grand chemin de Redon rencontre l'ancienne route allant de Férel à la Chapelle-des-Marais et par la croix de la Maladrie, qui remplace sans doute la chapelle. Je n'ai pas la preuve que la Madeleine fût, précisément, la patronne, mais je suis porté à le croire par la fondation d'une chapellenie de la Madeleine, desservie en la chapelle de Férel, dont les seigneurs de Trégrain, voisins, étaient les présentateurs [Note : « Une lande bornée : d'un bout, le grand chemin qui conduit d'Herbignac à Redon » (Archives départementales, E, 1534). Les terres, landes, jardins, prés de cette Maladrie sont dénombrés dans un acte de 1726. (E, 1475)].

La maison de la Madeleine, construite il y a environ trente ans sur la grande route de Nantes à Nozay, sur le territoire de Héric, marque, à peu de chose près, l'emplacement occupé autrefois par la léproserie de cette paroisse, dans la forêt de Héric. La vieille croix de la Masserie, nom dérivé de Mazeries et de Mazureries, me semble aussi une indication à noter. Comme cours d'eau, je remarque ceux de Tivaux et de la Bosse, qui forment le ruisseau de la Remaudais. A l'extrémité Nord de la même forêt, à Bout-de-Bois, était le prieuré de Sainte-Honorine, dépendant de l'abbaye de Saint-Sulpice de Rennes.

Au carrefour formé par la grande route de Vallet et le chemin de Haute-Goulaine, sur le territoire de la Haie-Fouassière, on rencontre le petit hameau du Paradis, à droite et à gauche de la route. Cette dénomination n'est pas vaine. Arrêtez-vous et demandez. Vous trouverez la ferme de la Maladrie dans le village de la Boisnière, près d'un bois, d'un ruisseau et d'une fontaine, sur un terrain sillonné de chemins anciens et le propriétaire vous dira qu'il a vu tomber une chapelle.

La Madeleine de Legé était à la Perranche, village situé sur la lisière de la forêt de Touvois, à la rencontre des routes de Nantes aux Sables et de la Rocheservière à Machecoul. Le bénéfice valait 180 livres pour le titulaire, en 1790 (Estimations de biens d'église – Archives départementales, série Q).

Au village de la Quetterie, à l'Est de Ligné, sur la vieille route de Couffé à Petit-Mars, se trouve une prairie de cinq cordes, nommée la Madeleine, qui faisait partie d'un grand domaine ecclésiastique appelé le bénéfice des Duvaux, dont le revenu s'élevait à 1.230 livres (Estimations de biens d'église – Archives départementales, série Q).

Outre Saint-Lazare, Machecoul possédait deux établissements sous l'invocation de la Madeleine : l’un, au Sud-Ouest, sur la limite de Bois-de-Céné, en l'île de Quinquenavant ; et l'autre au Nord-Est, à 1.600 mètres de la ville, à la ferme de la Madeleine, sur le chemin qui conduisait à la forêt. Le premier fut donné comme prieuré à l'abbaye de Nieul-sur-l'Autize ; l'autre, englobé dans le domaine de la Reinerie [Note : « Trois quarts de terre appelé la Chapelle, borné d'un bout au chemin de la Madeleine » 1791. (Domaines des Calvairiennes, Archives départementales, Q)], devint le patrimoine du couvent des Calvairiennes de Machecoul. Après la destruction de la chapelle de la Madeleine, le comte d'Escoubleau de Sourdis fonda un service religieux de deux messes par semaine en l'église paroissiale de la Trinité, pour en perpétuer le souvenir (Archives départementales, série G. Bénéfices et paroisses).

La paroisse de la Marne a eu sa chapelle de la Madeleine sur le bord de la forêt de Machecoul, à 200 mètres de la ferme de la Talle, au lieu dit les Champs-Bons. Son temporel se composait de 11 journaux de terre et de 130 oeillets de marais (Terrier de la réformation de 1680, vol. XVI, f° 425. — Livre des visites du climat de Retz, f° 83). On montre encore le ruisseau de la Madeleine. Le chemin du Breuil se croisait là avec celui du Landreau.

En Marsac, sur la rive droite du Don, je trouve deux léproseries à peu de distance l'une de l'autre, et cependant bien distinctes : la première, sur les terres de la Petite-Vallée, sur le passage de plusieurs chemins, dont l'un côtoie les prés de la Madeleine, en se dirigeant sur Derval ; l'autre, près du pont de Cadeux, sur le chemin de Jans et à un carrefour. La borderie de la Maillarderie, qui rappelle la seconde, est récente ; elle a été fondée depuis la confection du cadastre sur des terres en prairie qui portaient ce nom, sans aucune habitation (Cadastre A, 293-296, 1604-1609).

La Madeleine de la paroisse de Mésanger a donné naissance au village de la Chapelle-Rigaud, lieu de jonction de plusieurs chemins. Une foire antique s'est tenue en cet endroit, le 22 juillet, jusqu'en 1790. Les mères de famille ont l'habitude de porter leurs enfants, le premier mardi de mai, à cette chapelle, pour les guérir de la peur.

J'ai dit précédemment que les lieux nommés Melleray ou la Meilleraie signifiaient, pour moi, la demeure des mézeaux ou lépreux (mezellorum locus) ; j'en vois la preuve dans l'existence d'une léproserie de la Madeleine à côté des terres de l'abbaye de la Meilleraie données à l'abbaye de Pontron, au XIIème siècle, sous la désignation de Vetus Melereium, le vieux Melleray, par opposition sans doute au nouveau Melleray, fondé autour du prieuré de Saint-Etienne, desservi par les moines de Saint-Florent. Que reste-t-il de cette Maladrie ? Presque rien ; mais ce rien nous est précieux. Le pré qui est situé à la limite de Riaillé, à côté du ruisseau du Pas-Chevreuil, entre l'ancien étang et le village de la Chaussée, s'appelle le pré de la Madeleine (Cadastre de la Meilleraie, section C, lieu dit 5, n° 23).

En Montoir, au lieu de la Maladrie, je trouve au Nord le Bossineau ou Bocenno, qui signifie en breton le lieu de la peste, et à 500 mètres du hameau, une croix et les fondations d'une chapelle qui dépendait, avec l'île de Trignac, du prieuré de Notre-Dame de Donges. Comme les Madeleine ne sont pas rares autour des établissements de Marmoutiers, il est permis de supposer que celle-ci, détruite depuis plusieurs siècles, avait le même vocable. Un grand chemin traversait l'île de Trignac, comme l'île d'Esné (Titres du prieuré de Donges du XIème au XVIIème siècle. - Archives départementales, série H).

Sous le choeur de l'ancienne église paroissiale de Notre-Dame de Montfaucon, on voyait une chapelle souterraine dédiée à sainte Madeleine, qui tombait de vétusté (Livre des visites du climat de Clisson, f°s 316-317). Au XVIIème siècle, une confrérie de Toussaints y avait fondé une chapellenie.

Au Sud de Mouzillon, près du Bois-Ménard, il y avait une léproserie de la Madeleine, dont la chapelle était à la Rouaudière (Livre des visites du climat de Clisson de 1686, f° 238. Tableau des chemins ruraux, n° 96 - Archives départementales, série O). Le chemin qui va de ce village au village de Rousseau porte toujours le nom de la Madeleine.

La léproserie de Nivillac avait été réunie, au moins en partie, à la paroisse, puisqu'en 1787 la Fabrique percevait une rente de 12 livres sur une terre appelée « le pré de la Maladrie » (Brevet du Recteur de 1787. - Ibid., G).

A Oudon, on ne connait plus le clos de la Maladrie, qui, pourtant, avait encore ce nom lors de son adjudication faite en l'an VI ; mais on montre le clos de la Madeleine dans le même endroit, à l'Est de la ville, sur le sommet des coteaux qui dominent la Loire (Adjudications de l'an VI. - Archives départementales, Q) et Cadastre, section E, n°s 1916-1927). D'après le cadastre, dix pièces de vigne sont nommées la Maladrie ; elles sont dans le canton de Cadoreau, au Nord de la route d'Ancenis. La seule chapelle qui soit dans la contrée est celle de Notre-Dame-des-Ormeaux, au presbytère ; elle est peut-être trop éloignée, pour qu'on la rattache à la léproserie [Note : Comment expliquer l'éloignement du presbytère d'Oudon et sa chapelle, s’il n’a pas été fondé sur les terres  d'un ancien bénéfice ?].

Pannecé avait sa léproserie à l'Est, sur l'ancien chemin de Saint-Mars-la-Jaille, à 400 mètres de la rivière du Donneau. La lande de la Maladrie est maintenant un champ cultivé, d'un hectare. Le village de la Bourdinière, qui n'est pas loin, est le centre primitif de cette paroisse [Note : « Bourdinerian », XIIIème siècle. (Pouillé du cartulaire de Redon, p. 509.) — On a trouvé des ruines et des monnaies romaines à côté, dans le champ de la Bussonnière].

Au Pellerin, il existait une maladrerie, mentionnée dans le Pouillé du diocèse, comme une fondation commune, dont la trace s'est effacée plus qu'ailleurs. Ne pouvant la placer en ville à Saint-Antoine, au milieu de la population, ni à Saint-Nicolas de Corbière, dans les îles près de Buzay, je n'hésite pas à lui assigner le lieu isolé de la Maillarderie (Cadastre, section E, n°s 133-138), sur les hauteurs voisines du Grand-Chemin, au Midi de la commune. Ce terrain n'est pas habité comme les domaines de la Maillardière, qui existent de toutes parts et tirent leur nom de Maillard ; ici, ce sont des vignes situées à un carrefour, près d'un ruisseau, non loin de la Croix de la Cochère, sur le passage du grand chemin de Retz [Note : « Le grand chemin de Raiz passant par la Brossardière et Viesve » (Rôle rentier du Pellerin, sans date, Archives départementales, série B)].

La Hardière, village au Nord de Petit-Mars, est une terre où sont passés les lépreux, qu'il faudrait nommer la Lardière ou Larderie. Ses terres se retrouvent dans la composition du temporel de la cure ou chapellenie du Vieux-Bourg, sous la juridiction de la commanderie de Saint-Jean [Note : Brevet de 1760. (Archives départementales, G). Estimations de biens du clergé (Ibid., Q). Aveux de la Commanderie de Saint-Jean (Ibid., B)].

Le prieuré de la Roche-Mentru, donné à l'abbaye de Toussaints d'Angers, en la paroisse du Pin, sur la limite de Freigné, avait pour patronne la Madeleine. La grande route de Candé à Auverné traversait ses terres.

A l'Ouest du bourg de Plessé, il y a une lande de la Madeleine, habitée depuis 40 ans, qui se trouve à la jonction de deux chemins, près du bois de Bignolet, à 200 mètres du ruisseau de Lambaison. Les abords de cet emplacement sont bien ceux qui conviennent à une léproserie.

Le village de la Meilleraie, distrait du Pont-Saint-Martin et annexé aux Sorinières, tire son nom d'un bois de la forêt de Touffou, qui était à la limite des communes du Pont-Saint-Martin, de Vertou et de Rezé. Cette Meilleraie ne ressemble pas à tous les bois ; elle se présente à nous avec des désignations qui méritent de fixer l'attention. Les actes y signalent d'abord le canton des ruines, le pré de la Chaussée, puis un cimetière borné à l'occident, par le chemin du Pont-Saint-Martin à Nantes ; et, du côté de l'Est, comme limites, le grand chemin de l'abbaye de Villeneuve à Nantes. Les religieuses des Couëts et les moines voisins jouissaient exclusivement des triages, suivant une enquête de 1666. N'avons-nous pas là les meilleurs motifs de croire qu'il s'agit bien d'une Madeleine semblable à celles de Chémeré et de Pontchâteau ? [Note : Baux de l’an VII. Estimations des domaines royaux (Archives départementales, série Q). Terrier des Domaines de 1680, vol. IX, f° 310, et Enquête sur la forêt de Touffou, série B (Ibid.)].

La Madeleine de Pontchâteau est la plus connue du département, depuis surtout que le P. de Montfort est venu dans le pays ériger un calvaire monumental à côté de l'antique chapelle, dans les landes qui bordent la grande route de la Roche-Bernard, au Sud-Ouest, sur le sommet qu'on nomme le sillon de Bretagne. Cette Madeleine se composait d'un grand bois, d'une métairie, d'un moulin, d'un ruisseau ; et autour d'elle se rencontrent les chemins de Crossac, de Sainte-Reine, de Missillac et de Pontchâteau. Elle jouissait même d'une foire qui se tenait dans un enclos très-vaste touchant la forêt, et qui, dans notre siècle, a été transférée à la ville. Près du calvaire se voit un beau menhir qu'on nomme le fuseau de la Madeleine, et une source abondante dont l'eau est recherchée par les femmes qui sont mauvaises nourrices.

Il ne reste rien de l'ancienne Madeleine élevée au village de la Roussinière ou de la Roussellière, à 150 mètres de la rive gauche de la Chenau. L'emplacement de la chapelle, dont les dernières pierres ont été dispersées en 1837, a été heureusement marqué, suivant la coutume de nos pères, par une croix qui se trouve à l'angle formé par deux chemins [Note : Le vieux chemin du Port-Saint-Père est indiqué dans une procédure du dernier siècle. (Archives départementales, E, 371)] : celui du Port-Saint-Père et celui de Sainte-Pazanne. Deux pièces de terre voisines ont encore le nom de la Madeleine ; ce sont les derniers vestiges d'un domaine qui devait comprendre aussi les terres de la Moinerie. Ce territoire, aujourd'hui de la commune du Port-Saint-Père, faisait partie de la paroisse de Saint-Hilaire-de-Châléons. On voit, dans un procès-verbal de visite de 1686, que l'archidiacre invita les paroissiens de Châléons à réparer la chapelle de la Madeleine, sise au village de la Roussinière, près de Pilon (Livre des visites du climat de Retz. - Archives départementales, G). Dans les vieux titres, on la désigne toujours comme si elle était la chapelle de Pilon, et cependant elle en était séparée par la rivière. Au XVème siècle, c'est « le tenement de la Madelaine de Pillon que tient Cohordeau » (Aveu du baron de Retz de 1477, f° 41 - Ibid., série B), sous la mouvance des barons de Retz. Au XVIIème siècle, c'est « une tenue à la chapelle de Pontpilon » appartenant aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (Livre terrier de 1680, vol. V, f° 86. - Ibid.). Si ces deux noms sont accouplés avec tant de persistance, c'est qu'ils ont des liens de parenté. Ce rapprochement constant fait naturellement penser au Saint-Pilon ou Pilier de Provence élevé dans l'endroit où, suivant la tradition, sainte Madeleine aurait été enlevée par les Anges, pour être transportée à la Sainte-Baume, et la chapelle nommée aussi le Saint-Pilon, bâtie sur le sommet de la montagne de la Sainte-Baume, pour remplacer la colonne érigée en mémoire des assomptions journalières de la Madeleine [Note : Monuments de l'apostolat de sainte Madeleine, par l'abbé Faillon, t. II, p. 82, 83. (Ed. Migne)]. Il est vraisemblable que le village du Pilon, de Cheix, a possédé un pilier représentant la Madeleine enlevée par les Anges, et que ce monument lui a donné son nom. Sur la rive droite, en Cheix, il existait une autre chapelle dédiée à sainte Appoline, très-vieille, qui était à l'état de ruines dès 1638 [Note : Suivant le procès-verbal d'estimation, les terres qui dépendaient de Sainte-Appoline avaient été aliénées sous l'ancien régime. (Archives départementales, série Q). Voir aussi le Livre des visites de 1638. (Archives du Chapitre)]. Ce sont autant de témoins de l'antiquité du passage établi sur la Chenau, à Pilon. Contrairement à ce qu'on répète dans le pays, le pont actuel, construit en 1865, n'est pas le premier qui ait été fondé à Pilon pour remplacer un bac ; le texte cité plus haut montre qu'au XVIIème siècle, il existait un pont dont les bases remontaient sans doute à une époque reculée. Pendant les travaux de 1865, les ouvriers ont retiré de la rivière une belle épée gauloise en bronze et plusieurs monnaies romaines, qui viennent à point confirmer mes inductions.

La Madeleine de Rezé se trouvait sur le coteau qui domine l'île des Chevaliers, entre le prieuré de Saint-Lupien et le port au Blé. Ses terrains ont conservé le nom significatif de Clos Magdeleneux (Cadastre, section B, 922-924). Il y aurait à rechercher si la chapelle de N.-D.-de-Vertus, qui existait près Pont-Rousseau, à l'angle formé par la route de Machecoul et le chemin de Rezé, n'était pas la chapelle de la léproserie [Note : Cette chapelle fut interdite, en 1777. (Brevet de 1781. Archives départementales, G)].

Au Nord de Riaillé, entre l'étang de la Provôtière et le chemin de la Poitevinière à la Provôtière, au point de jonction du chemin de la Haute-Pierre, il existe un pré de la Madeleine qui, suivant la tradition, aurait été l'emplacement d'une forge à bras, au temps où il était en lande. Je n'ai pu recueillir d'autre souvenir. D'après les titres, le bénéfice ecclésiastique se composait d'une maison avec jardin et pré, affermée 25 livres, et d'une rente foncière de 4 livres (Déclaration de 1726 - Archives départementales, série G).

Pour la commune de Rouans, je possède des notes plus complètes. La chapelle de la Madeleine, sise au bas du bourg, sur la route de Chemeré, était annexée d'abord au prieuré de l'abbaye de Saint-Serge d'Angers, fondé à Rouans par les sires de Retz ; mais au XVIème siècle, sans doute, ses titulaires se l'approprièrent. On la trouve énumérée avec les terres qui en dépendaient en 1796, non pas comme un bénéfice d'église, mais comme le patrimoine personnel de l'abbé Gogué. Il est surprenant de lire, en effet, dans le dénombrement des biens de ce prêtre, l'une des victimes de la Révolution, les articles suivants :

« Une pièce de terre appelée le Grand Cimetière, contenant un journal. Le clos de vigne du Grand Cimetière, contenant un journal. Le Tuilly, contenant un journal. Le clos de vigne de la Magdelaine, dans laquelle est une chapelle de ce nom, et un petit canton de terre au Nord, contenant le tout dix journaux » (Estimations de l'an IV. Rouans. - Ibid., série Q).

L'abbé Gogué n'a fait aucune déclaration en 1790 quand les ecclésiastiques furent invités à fournir l'état des revenus dont ils jouissaient comme prêtres, et la municipalité a gardé le silence ; je suis donc autorisé à penser que ce bénéfice n'était plus soumis à l'investiture des abbés de Saint-Serge depuis longtemps. A côté des terres que j'indique ci-dessus, s'en trouvent énumérées d'autres qui peuvent passer pour le complément de la dotation de la Madeleine de Rouans. Il y a dix cordes de jardin à la Cavarnière, le pré de la Cavarnière, la pièce des Coleteries, des vignes aux Chaumes, deux maisons au bourg et deux jardins, plus un journal de marais. Le tout est estimé 273 livres de revenu annuel.

En Saint-Etienne-de-Montluc, l'emplacement de la léproserie de la Madeleine est marqué par la croix de la Maladrie, qui fut relevée en 1860 à la place de l'ancienne, près du pont et du ruisseau de la Recuse (ou Recluse), à 3 kilomètres environ du bourg et non loin du village de Saint-Savin. Les terres environnantes, qui étaient autrefois en landes, portent aussi le nom de la Maladrie. La route qui les traversait n'était autre que le grand chemin allant de Nantes à Savenay, par Saint-Herblain et le Goust, nommé le bas chemin Nantais, par opposition la voie qui allait de Nantes à Pontchâteau, par Sautron et le Temple. Après la disparition de la lèpre, un canton de terre fut détaché de la maladrerie pour augmenter la dotation du presbytère. On lit, en effet, dans l'énumération des biens de la cure de Saint-Etienne-de-Montluc, la mention suivante : « Sur le bas chemin de Nantes, un grand journal appelé la Maladrerie. — Auprès de la Maladrerie, de l'autre côté dudit chemin bas, la vigne de la cure » [Note : Déclaration de temporel de 1726. (Archives départementales, série G). Une pièce de terre nommée la Maladrie, des dépendances de la cure, fut vendue en 1793. (Adjudications du district de Savenay, série Q)]. Je n'ai pas découvert l'époque à laquelle la chapelle a été renversée ; j'ai lu seulement dans l'histoire de Travers qu'il fut question au XVIème siècle de réunir la chapellenie de la Madeleine au collège de Saint-Clément de Nantes (Histoire de la ville et du comté de Nantes, t. II, p. 528).

Il ne faut pas chercher la Madeleine de Saint-Herblain sur les coteaux de la Loire, mais sur les bords de la Chésine, près du bois de la Glande. La ferme de la Vannerie, qui est sur la route de Saint-Herblain à Orvault, possède un pré dit de la Madeleine, qui est le dernier témoin de cette maladrie (Cadastre, section H, n° 13).

Autour de Pornic, deux emplacements se recommandent à notre attention. C'est d'abord une pièce de terre nommée la Maladrie depuis le XVème siècle au moins [Note : « La terre Jarie, sise cuire la Noë-Hamon et le chemin qui conduit de la Mallarderye à Pornic ». 1476. (Aveu de l'abbé de Sainte-Marie, E, 517.) — Cadastre, L, 552], située dans le voisinage des Granges, à un carrefour que traverse le vieux chemin de Pornic à la Plaine. L'autre est au Nord. La chapelle en ruine qu'on voit dans les landes situées entre les villages du Tabier [Note : Tabier peut bien venir de Tabes, nom latin de la peste et par extension des maladies aussi funestes] et de la Foucaudière, à 3 kilomètres de Sainte-Marie de Pornic, sur la route de Saint-Père-en-Retz, est celle d'une léproserie qui avait la Madeleine pour patronne. Ce grand terrain vague, partagé il y a peu d'années entre les villages voisins, se nomme encore les landes Madeleine. Aux quatre chemins voisins du signal des Pins, il y a aussi des pièces de la Madeleine (Cadastre, L, 22, 25, 30, 34).

A Saint-Mars-de-Coutais, deux emplacements se disputent la possession de la léproserie des Coutais, indiquée dans le Pouillé du diocèse. Il y a sur le domaine de la Haute-Rainerie un champ contenant des pans de mur en ruine qui, suivant le témoignage de quelques habitants, se nommerait la Maladrie. Par ailleurs, le tableau des chemins ruraux dit que le point élevé où se croisent les chemins du Recrédit, des Noës, de la Guibretière et de l'Enfrenière, s'appelle le carrefour de la Malabrie (Tableau des chemins ruraux. - Archives départementaux, O). En attendant que le problème soit résolu à l'aide des titres des propriétaires, je donne la préférence au carrefour : il a sur la Rainerie l'avantage du ruisseau de Praude et du voisinage de la forêt de Machecoul.

La Madeleine était honorée à Sainte-Pazanne par une foire, mais personne ne sait où était sa chapelle et sa maladrie. Divers endroits peuvent convenir à son emplacement. C'est d'abord la Préauté (ou le prieuré), à la limite de Saint-Mesme et de Machecoul ; puis le lieu du Cimetière, entre le Tenu et le chemin de Sainte-Pazanne à Saint-Mars-de-Coutais, sur le bord du chemin du Marais ; le bois de Paradis, près de la Croix-Rouge, entre la Tuilerie et l'Angle, sur la route de Sainte-Pazanne à Saint-Cyr ; ou bien le Paradis sis à la Chopinière, près du chemin de Fresnay, ou le village du Paradis situé au Nord-Est du bourg. L'histoire locale ne peut que gagner à l'éclaircissement de ces points obscurs (Cadastre, B, 509, H, 1090, E, 87).

Il existait à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu un bénéfice de la Madeleine, dont le titulaire possédait une maison dans la Grande-Rue, près le chemin du cimetière, avec une planche de terre au jardin des Poteries. J'incline à croire que la chapelle avec la maladrerie devaient être placées à l'ouest, vers la forêt de Machecoul. Les seigneurs du Chaffault, après sa disparition, fondèrent une chapellenie de Sainte-Madeleine, qui se desservait en la chapelle de Saint-Mandé du grand cimetière [Note : Terrier de la réformation de 1680, vol. V , fo 260. Voir aussi Brevet de 1778, et Estimations de biens d'église, (séries G et Q, Archives départementales). Livre des visites du climat de Retz, p. 171].

Si vous allez de Pirmil à Saint-Sébastien d'Aigne près Nantes, vous trouverez, entre Porte-Chaises et le bourg, une croix du XVIème siècle portant N. D. de Pitié, placée à l'entrée d'un chemin qui va vers la côte. A cette enseigne, le pèlerin d'autrefois se détournait de sa route pour aller s'agenouiller à la Madeleine de la Gibraie, vieille chapelle que la propriétaire a fait reconstruire.

Au lieu de la Maladrie, nous trouvons ici la Malabrie dans le langage vulgaire, et dans les titres depuis deux cents ans, Malabrit ; cependant il est indubitable que la Gibraie est une ancienne léproserie, quand on remonte aux premiers documents. Le bois voisin portait au XVème et au XVIème siècle le nom de bois de la Maladerie, et le beau clos de vigne bordé par la Loire est indiqué comme le cimetière par son nom de Paradis [Note : « Certains paquages ès landes d'entre le bourg de Saint-Sébastien et le bois de la Maladerie, 1429 » (Aveu du Chêne-Cottereau. Archives départementales, B). « Lande sise ès landes, entre le chemin qui conduit du bourg de Saint-Sébastien au bois de la Maladrie, 1541 » (Ibid.). — « L'ouche pointue près le bois de la Maladrie » (Déclaration de 1554, f° 78, série B)]. Ce clos figure parmi les terres qui composaient le temporel du bénéfice ecclésiastique de Rameningo ou de Carmeningo [Note : « Un clos de vigne appelé le Paradis et est de la vigne sise entre M. Berthelot, et l’île Forget ». (Ibid, G)]. Les Templiers n'étaient pas loin de là. Leurs possessions sont signalées aux Guyonnières [Note : « Huit hommnées de vigne avec ung petit bois au bout, le tout sis aux Guyonnières quelles furent aux Templiers » (Aveu de la Savarière de 1541, f° 24. Ibid., série B)] (aujourd'hui Goulonnières), sur la route de Saint-Sébastien à Vertou. Le chemin qui passait le long de la Madeleine de la Gibraie était le bas chemin de Pirmil au Loroux [Note : « Le chemin qui conduict de Piremil au Louroux-Botreau » (Ibid., f° 21). Il passait par la Savarière et Basse-Goulaine].

Le village de la Madeleine de Saint-Vincent-des-Landes, situé à un petit kilomètre du bourg à l'Ouest, au carrefour formé par la rencontre des routes de Châteaubriant à Treffieuc et de Saint-Vincent à Derval, ne possède plus que des ruines de son ancienne chapelle ; mais on conserve dans le pays le souvenir de la foire qui se tenait autrefois, dans la lande environnante, le jour de la fête de la Madeleine. Cette Madeleine avait aussi son bois comme la plupart des léproseries, et son cours d'eau était la rivière du Cône. Sa chapelle, qui dépendait du prieuré de Moisdon, était abandonnée sans réparations dès le XVIIème siècle. Un procès-verbal de visite de 1666 constate qu'elle n'a plus de portes (Livre des visites du climat de Châteaubriant de 1666. - Archives du chapitre) ; c'était le sort de beaucoup d'édifices religieux depuis que le fléau de la commende s'était glissé dans le clergé.

Au Nord de la forêt de Juigné, entre le ruisseau du Rocher et celui de l'étang de la Blizière, je vois, si je ne m'abuse, toutes les apparences d'une léproserie dédiée à la Madeleine, qui aurait occupé de vastes terrains. Outre la Mezaizellière, qui garde le radical de Mezel, je trouve les champs de la Croix (Liasse des Dîmes. - Archives départementales, Q), et dans les landes de Sion la pièce du Cimetière. Les anciens du pays répètent qu'on y a enterré d'abord les druides, puis les huguenots.

Le prieuré double du val de Morière, fondé vers 1135 dans l'ermitage de Haute-Courbe, paroisse de Touvois, sur le passage de plusieurs routes, avait choisi pour patronne la Madeleine. Il n'est pas invraisemblable de croire qu'à l'exemple de l'abbaye-mère de Fontevrault, de laquelle elle dépendait, cette maison religieuse avait soin des lépreux et des lépreuses de la contrée. Le couvent contenait vingt religieuses en 1689 (Livre des visites du climat de Retz, f° 112).

La ferme de la Lardière, aux Touches, est près de la route de Joué et du Tertre, à côté d'un ancien étang, et contient un champ nommé la pièce de la Croix. N'est-ce pas là le signalement des ladreries appelées Madeleine ? On en trouverait sans doute une autre aux Masures, près de la route de Petit-Mars, sur les terres de la Chapellerie et de l'Abbaye, vulgairement la Bouie [Note : Je signale ce point aux chercheurs ; il est tout-à-fait obscur ; on y signale un cimetière. (Cadastre, E, 121, 128, 141, 145, 147, 148). Le presbytère ancien était adossé au Mont-Juillet, et le grand chemin de Nantes venait de Petit-Mars s'y croiser avec celui de Nort aux Touches].

A Varades, sur ce magnifique coteau qui regarde Saint-Florent, nous retrouvons, comme à Barbechat, les ruines d'une Madeleine, à côté des murs renversés d'une forteresse féodale ; les restes de la chapelle sont séparés seulement par un fossé des constructions que les châtelains de Varades élevèrent au XIIème siècle. Les briques romaines que le propriétaire a trouvées dans la vigne voisine attestent que cet emplacement serait intéressant à fouiller pour les archéologues. On reconnaît parfaitement à la noirceur du terrain quelle était la pièce du cimetière : elle se trouvait à l'angle du chemin venant de Belligné au vieux château par le pont de la Boucherie [Note : « La Hairière, joignant, vers Orient, le chemin qui conduit du pont de la Boucherie au vieux château, vers Occident, au bois de Rieux, d'un côté au chemin qui conduit de Varades à Montrelais » (Terrier de la réformation de 1680, vol. XVI, p. 85)]. Le chemin qui passe devant la chapelle et suit la rive droite de la Loire, depuis Anetz, n'est autre que l'ancienne route d'Ancenis à Ingrandes, par Montrelais [Note : Il y avait sur le territoire de Varades, plusieurs chemins royaux allant de Nantes à Paris. On en cite un entre autres, d'Ingrandes à Nantes, par les prairies de la Becavinière et de l'Audace. (Acte de 1729, dossier Besson de la Vieuville, Archives départementales, série E)]. Le domaine annexé à la Madeleine de Varades, comprenait la métairie de la Hairière contenant en prés, vignes, jardins et terres labourables, quatre boisselées de terre, de plus, deux quartiers de pré, dans la prairie de Varades, un demi-quartier de vigne dans le clos de la Clôture, et des rentes foncières montant en total à 73 sous [Note : Terrier de la sénéchaussée de Nantes de 1680, vol. XVI, p. 85. Voir aussi série G, paroisses].

Sur le domaine de la Sinerais ou Seignerais, en Vay, près du bourg, il existe le pré de la Maladrie, sans que rien n'indique aux environs s'il appartient à la classe des léproseries de la Madeleine. Son ruisseau est celui de la Moulinée qui alimente l'étang de Clegreuc, et son chemin, celui des villages de Sabhel, du Cormier et de la Ballerie. Vertou possédait une léproserie que je range volontiers parmi les Madeleine. Il est facile de préciser sa situation, grâce au nom de la Maladrie qu'a conservé une ferme exploitée sur la grande route de Clisson, à la limite de Saint-Sébastien et de Haute-Goulaine. Le chemin du Pont de Louan à Portillon se croisait là avec le grand chemin Clissonnais qui descendait au bac royal de la Ramée [Note : Le chemin du Pont de Louan Portillon est indiqué dans un acte du XVIIème siècle. (Archives départementales, E, 1406)]. Voici la description que donnent les prieurs de Saint-Jacques de Pirmil, de ce domaine : « Item la tenue de la Maladerye en ladite paroisse de Vretou en laquelle est compris le lieu du Bois-Rigaud, toute en un tenant et séparée et bourrée par des chemins, l'un appellé le grand chemin Clissonnais et deux autres chemins, l'un qui conduit dudit grand chemin à la maison des Trois-Métairies et un autre qui conduit et traverse au bas de ladite tenue, etc. » [Note : Terrier de la sénéchaussée de Nantes de 1680, vol. V, f° 277. — Aveu de 1623, série H, Fonds de Pirmil. Le clos de la Strée, au village des Mortiers, indique bien le passage de la voie. (Ibid., série Q, Fermiers)].

A Vieillevigne, la léproserie de la Madeleine était au lieu nommé la Lardière, sur le bord du vieux chemin des Ambarres, près du ruisseau du Marseau. La pièce de la Madelon, nom vulgaire de la Madeleine, indique l'emplacement de la chapelle. Suivant la tradition du pays, ce pré était autrefois un bois qu'on nommait aussi le bois de la Madelon.

La Madeleine de Vigneu est en ruines depuis des siècles. Le châtaignier de 3 mètres de circonférence qui s'est développé entre ses murs l'affirmerait si les documents se taisaient. La pièce de terre voisine nommée le Carcan, contenait des pierres disposées en piédestal et des excavations profondes à l'entour dont j'ignore la destination. Ce sont sans doute les derniers témoins des fourches patibulaires de la haute justice dont jouissait le commandeur de la Madeleine. Cette léproserie était, comme le village qui a gardé son nom, aux confins des communes de Treillières et de Vigneu, près du pont jeté sur le ruisseau de Gesvres et sur la voie romaine qui conduisait de Nantes à Blain [Note : La voie très bien reconnue en cet endroit et ailleurs, séparait les paroisses d'Orvault, de Trellières et de Vigneu. (Bizeul, Voies romaines)].

A Vue, les vieillards seuls se souviennent que le petit ponceau sur lequel passait l'ancienne route de Paimbœuf en longeant la propriété de la Blanchardaie se nommait le pont de la Maladrie (Archives départementales, S, dossier de la Route nationale n° 23, de 1825). Il est à présumer que la léproserie se trouvait au village même de la Tournerie, puisqu'il est bâti à la rencontre des routes de Paimboeuf et d'Arthon entre la Croix-Blanche du carrefour et la pièce du Champfleury qui est à la Boirie (Cadastre B, 594-599 et 676-678). Les terrains qui sont à gauche du chemin de Chemeré s'appellent le bois de la Tournerie ; rien ne manque donc à cette maladrerie. Elle était, au moyen-âge, assez loin de Vue, car la partie nommée la ville, à tort, est un faubourg récent qui ne justifie pas son titre. La vraie ville de Vue est au bourg, sur ce terrain élevé que les eaux enveloppaient de toutes parts et près duquel on a trouvé dernièrement les restes d'une enceinte gauloise. Les rentes que percevaient les barons de Retz au XVème siècle sur les tenanciers de cette Maladerie, font penser qu'ils en étaient les fondateurs [Note : « Jean Bouyer sur sa prinse de la Maladerie doit 11 sous 1 denier ». 1477, f° 87. (Ibid., série B, Aveu des sires de Retz)].

PIECES JUSTIFICATIVES.

Sur le débat qui par la court de céans estoit entre le procureur de ceste court parlant et stipulant pour et ou nom des malades de la Maladrie de Saint-Ladre hors ceste ville de Nantes, d'une partie et monsieur Jehan Bernard, recteur d'Orvault ou nom et comme chapelain d'une chapellenie fondée en l'église dudit lieu de Saint-Ladre d'autre partie, touchant ce que ledit procureur ès dits noms avoit dict que certains debvoirs lesquelz l'on liève ès portes de ceste ville de Nantes et ailleurs environ scavoir est :

Par chacune charretée de buche amenée conduicte et charroyée en ceste ville de Nantes et pareillement sur chacune somme de buche y amenée et conduicte à cheval passans par devant l'ostel desdits malades audict lieu de Saint-Ladre une bûche tant sur ladite charretée que sur chacune somme et mesmes sur toutes et chacune les charretées et sommes de bûche amenées charrées et conduictes en ceste ville de Nantes passant par le Gué Moreau ;

Item pareillement sur chacune desdictes charretées et sommes amenées en ceste ville de Nantes tant par les portes de Saint-Nicola, la porte Sauvetour, la porte Saint-Pierre ;

Item sur chacune challandée de bûche amenée par eaue en ceste dite ville de Nantes par les portes du Port Brient Maillard, le Port Poysonnier, le Port Communau sur chacun desdits challans et vesseaux le debvoir ainsi qu'on a accoustumé le lever ;

Item sur chacun vesseau amené et conduit au port de Nantes ayant sèches et morgadons à vendre au temps de quaresme et sur chacun cheval chargé desdites sèches et morgadons audit temps de quaresme par chacun cent desdites sèches : dix sèches.

Item sur les bouchers de ceste ville de Nantes qui vendront chair au dimanche sur chacun d'iceulx bouchers les numblaiges ainsi que les dits bouchers les doibvent et ont accoustumé paier ;

Lesquelz debvoirs et chacun avoit dict et disoit ledit procureur ès-dits noms apartenir ès-dits malades, estre leur héritaige, saesine et possession l'an de paravant : c'est le second, le tiers, le quart, le quint, dix, quinze, vignt, vignt cinq, trante, quarante, cinquante, soixante et plus et tant par si long temps que mémoire d'home n'est du contraire et en ont jouy ledit temps durant, sans ce que aulquuns en ayant mis aulquun débat ne empeschement ausdits malades qui ançoys en avoient jouy comme vray seigneur peut et doibt faire de son propre héritaige ;

Et par ce avois dict ledit procureur esdits noms envers ledit Bernard ou dit nom afin ce cogneu on trouvé qu'il n'estoit recevable à aulquune chose en demander ausdits malades ne leur y mettre aulquun débat ne empeschement, en l'empeschant qu'ils ne jouissent comme de leur héritaige ;

Et de la part dudit Bernard oudit nom avoir esté dict afin que les choses dudit procureur èsdits noms ne soient recepvables ne que d'icelles il ne debvoit avoir enterinance ne conclusion qui ançois il debvoit demourer seigneur desdits debvoirs et chacun ; que c'estoit l'héritaige, possession et saesine des chapelains de ladite chapellenie, dont il est chapelain l'an de paravant, c'est le second, le tiers, le quart, dix, quinze, vignt, vignt cinq, trante, quarante, cinquante, soixante et plus et tant et par si longtemps qu'a mémoire d'home n'est du contraire et lesdits chapelains avoir jouy desdits debvoirs et chacun, comme vray seigneur doibt faire de son héritaige, sans ce que aulqu'un durant celluy temps leur en ayant mis aulqu’un empeschement ;

Et par ce avoit dict ledit Bernard oudit nom que les choses dictes et aléguées dudit procureur esdits noms n'estoient recepvables en empeschant qu'il, ne les autres chappelains successeurs, chappelains de ladite chappellenie ne jouissent desdits debvoirs et chacun comme du propre héritaige de ladite chappellenie ;

Dont sur le débat de ce pourront ensuir entre eulx plusieurs longueurs de procès et matières de plaidoyries ; pour et esquelx eschives et amour et dilection nourrir entre eulx, se sont comparuz lesdites parties et chacune esdits noms en nostre court de la prévosté de Nantes par devant monsieur le Prévost d'icelle. Et après .que par mondit sieur le Prévost furent veues et visitées certaines enquestes entre eulx faicte touchant cette matière et ouy l'avisement de Guillaume de Grant-Bois conseiller et maistre d'hostel du duc nostre souverain seigneur et mesmes de plusieurs saiges advocatz assistans à la court, de Perrin Leon, Perrot Cordon, Thomas Moreau et plusieurs aultres bourgeoys et marchandz de ceste ville de Nantes, a esté entre eulx, pour obvier èsdits débatz, transigé, composé, pacifié et accordé en la forme et manière qui ensuyt :

C'est à scavoir : que lesdits malades jouyront et pourront jouyr à jamays ou temps advenir desdits dedvoirs debus ès portes cy après declarés. Scavoir est ; dudit debvoir debus chaise ainsy comme dessus est dict et recité des bouchers qui passeront par le chemyn devant leur hostel et de celluy du Gué-Moreau.

Item jouiront dudit debvoir de buchaige debus ainsy que dict est, des portes de Sauvetour, de Saint-Nicolas et du Port-Poysonnier de la Fosse et de la ripvière d'Erdre entrant en ceste dite ville de Nantes.

Item jouiront lesdits malades dudit debvoir dessus dit leuvé sur les sèches et morgadons au port de Nantes ainsy que dict est sur le port et ville de Nantes.

Item jouiront et pourront jouyr lesdits malades dudit debvoir de numblaige levé par chacun desdits bouchiers vendons chair à la boucherie de ceste ville de Nantes le jour du dimanche comme est accoustumé faire. Et des choses et chacune pourront et debvront jouir les dits malades a jamays ou temps advenir, sans ce que ledit Bernard oudict nom et les aultres chappelains de ladite leur en puissent rien querre ne demander.

Et ledit Bernard oudit nom jouira et pourra jouir pour le temps advenir pour luy et ses successeurs chappelains de ladite chappellenie des choses et debvoirs qui ensuyvent :

Scavoir est : dudit debvoir de buschaige leur debu, comme est accoustumé, par chacune charretée et somme de bûche qui sera amenée, charroyée et conduicte en ceste dite ville de Nantes par la porte Saint-Pierre.

Item jouira et pourra jouyr ledit Bernard oudit nom dudit debvoir de buschaige de la busche qui sera amenée par chacun vesseau et challan en ceste ville de Nantes par les ports Brient Maillard et port Communau et en jouira à jamays par héritaige pour luy et ses successeurs chappelains de ladite chappellenie sans ce que jamays ou temps advenir lesdits malades luy en puyssent riens querre ne demander.

Et s'il n'avoit nulz malades ledit Bernard et aultres chappelains de ladite chappellenie jouiront desdits debvoirs en tout et partout comme lesdits malades pour servir ladite chapellenie et prier Dieu pour euh par ainsy que ledit Bernard durant celluy temps tiendra les maisons desdits malades en bon et suffisant estat.

Et pour ce que la chose touche faict d'église a promis et est tenu ledit Bernard faire mettre et adjouster à cest appoinctement le decret de Revérend Père en Dieu l'Evesque de Nantes à fin de valoir et tenir en perpétuel.

Et les choses et chacune dessus dite ont promis lesdites parties et chacune èsdits noms tenir en présence des dessusdits et o leur avisement et jugé et déclaré envers eulx à tenir. Faict aux pledz de la provosté de Nantes le XIVème jour de Decembre l'an 1437. Ainsi signé Guillaume Rouxeau passe Ogier de la Valloye passe (Liasse des hôpitaux – Archives départementales, série H).

D'après une copie collationnée de 1502 (L. Maître).

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