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PAROISSE DE SAINT-MELAINE

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LA PAROISSE DE SAINT-MELAINE (jadis dans l'évêché de Tréguier).

L’église paroissiale de Saint-Melaine était autrefois une chapelle, sous l'invocation de la Vierge, dépendante de la paroisse de Ploujean, de Plebe Johannis. Guyomar III, vicomte de Léon, seigneur de Morlaix, la donna, dans le XIIème siècle, aux moines de l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes, avec toutes ses dépendances depuis et y compris le four banal de cette paroisse jusqu’à la vallée de Dolctan ou Dolahan que l’on nomme actuellement Traoundouster et qu’on prononce Troudoustein.

Hervé II du nom confirma, en 1154, cette donation de son père, après que ceux qui en tenaient les terres par alleu eurent donné leur consentement à cette ratification. Cet acte est ainsi conçu : « Moi, Hervé, par la grâce de Dieu, comte de Léon, pour le salut de mon âme et de celles de tous nos parents tant prédécesseurs qu’à venir, j’accorde, je concède et confirme par l’apposition de mon sceau, le don qu’a fait à perpétuité à Dieu, à Saint-Melaine et à ses moines, mon père, le vicomte Guyomar : — à savoir l’église de Sainte-Marie de Morlaix, située dans la tribu de Jean et tout le domaine de cette terre, et tout ce qui est sous la juridiction dans cette terre, depuis le four des moines jusqu’à la vallée, dite Dolahan, fief que les Godiens, possesseurs du lieu, ont abandonné en la présence de mon dit père et de plusieurs autres qui se trouvent plus spécialement désignés dans la charte rédigée à ce sujet, et qu’ils ont librement et sans violence accordé et concédé. Lesdits moines ont en outre reçu du susdit vicomte, pour l’usage de leur maison, de leur four et de leur chaudière où ils préparent le sel, ce qu'il leur faudra de bois sec de sa forêt nommée Comburium, son moulin, deux parties de la dîme de la tribu Inevoin, la moitié de la dîme de miel du pays de Léon de Castel-Paul, et toute la Chapellenie de Borret, qu’à la prière du vicomte, qui leur faisait ce don, leur a accordée et confirmée Salomon, évêque de Léon. J’ai aussi ajouté aux dons de mon père pour le salut de son âme, la redîme des dîmes que j’ai à percevoir dans tout le Léonais : et je leur ai accordé et confirmé tous ces dons avec ceux qu’ils pourront avoir, dans l’avenir, de mon consentement et de celui de mes barons, afin qu’ils le possèdent librement et paisiblement. Le tout conclu en présence de mes fils, savoir E. Le Blanc et Hervé, alloué de l’église de Léon, qui ont vu ce don et l’ont confirmé de leur pleine volonté. Témoins, moi, Hervé, mes deux fils, le fils de Martin, R. de Leveus, E. fils de l’archidiacre Glenio, Cudoret, fils de Gralen (Grallon), G. Le Roux et Monian son frère, le fils d'Otun, le fils de Recalazre (Rehalardre), R. et Hanevi, Buzouarn, R. Tanet. Ceci a été fait au temps du prieur B... Act. de St-Melaine » [Note : Voir pour l'original Dom Morice, Preuves tome 1er, page 621, Charte de Hervé, vicomte de Léon, pour l’abbaye de Saint-Melaine].

En 1180, il y eut un grand procès entre les moines du prieuré et les officiers du duc Geoffroy au sujet du four banal de Saint-Melaine. Les officiers soutenaient que les sujets du duc habitant le bourg des Moines, c’est-à-dire les faubourgs de Saint-Melaine et de Ploujean, le quai de Tréguier jusqu’à l’étang de Pennanru et la fontaine de Troudoustein, devaient cuire au four du duc, et les moines affirmaient au contraire que les habitants de ce bourg devaient faire cuire à leur four. Après bien des contestations le procès fut jugé en faveur des moines par Derrien, bailli de Morlaix. Ce procès se trouve au cartulaire de Saint-Melaine de Rennes et il est ainsi conçu : « Cette relation authentique et véritable que voici est soumise à la vue et à la connaissance de tous. A tous les fidèles qui liront cette charte, moi, Yves, évêque de Léon, je fais connaître qu’il s’était élevé une discussion entre les baillis du duc Geoffroy de Bretagne et les moines de St-Melaine au sujet de ceux qui venaient cuire au four situé dans le bourg des moines de Morlaix. Les baillis disaient que les hommes du comte, qui sont sur la paroisse de Saint-Melaine, ne devaient cuire leurs pains que dans le four du comte : et les moines répliquaient qu’ils avaient-là un droit et une concession faite par le vicomte Guyomar, par son fils Hervé, par Guyomar, fils d’Hervé et par Nobilis son épouse. Un conseil de notables personnages ayant été réuni, les baillis dirent aux moines que, s’ils pouvaient prouver ce fait par des témoins probes et honnêtes, on leur laisserait la paisible jouissance de ce droit. C’est pourquoi les moines firent paraître le plus qu’ils purent d’hommes notables et âgés... qui en notre présence ont attesté par une déposition authentique, que tous les hommes qui sont en la paroisse Saint-Meleine, doivent cuire leur pain au four des moines, et que ces derniers le tenaient de la générosité du vicomte Guyomar, d'Hervé son fils, de Guyomar, fils d'Hervé et de Nobilis son épouse. Et pour que cette discussion ne se réveille plus à l’avenir, nous avons confirmé de l’autorité de notre sceau, ce que nous avons vu et entendu : et Derrien, alors bailli, l’a attesté et revêtu de sen sceau. Les témoins sont, moi, Yves, évêque de Léon, Hervé et Sabioc, clercs, Salomon, chapelain, Hamon, sénéchal, et beaucoup d’autres ». [Note : Voir pour l'original Dom Morice, Preuves tome 1er, page 705].

Ce prieuré dépendait donc de l’abbaye de Saint-Melaine de Rennes. Il fut sécularisé on ne sait quand. Le prieur était gros décimateur. Il avait fief, juridiction, four banal, etc. et un revenu de 1600 livres. Le curé ou vicaire perpétuel n’avait que la simple portion congrue ; il était aussi nommé par l’abbé de Saint-Melaine. La paroisse comprenait toute la partie de la ville au Nord-Est du Jarleau (ou Jarlo), et dans la campagne, les villages de la Magdeleine, Troudoustein [Note : Ces deux villages furent réunis à Ploujean au XVIIIème siècle], Roscongar, Kerhuel, Pennanru, La Fontaine-Lez, etc..

Le corps politique ou fabrique était composé des plus notables habitants de la paroisse. Le procureur noble ou marguillier était nommé par la fabrique et servait aussi longtemps qu’il le voulait.

En 1489, les paroissiens rebâtirent à neuf leur église et la tour, ainsi que le témoigne une inscription tenue par deux anges, sur le pignon du portail du midi [Note : Fin des recherches de Daumesnil sur Saint-Melaine].

Dans la Réformation de 1677, nous trouvons l'aveu du prieuré de Saint-Melaine, rendu par le procureur de l’abbé de Saint-Melaine de Rennes duquel dépendait ledit prieuré, qui consistait comme suit : Le prieuré s’étend dans toute la paroisse de ce nom, aux environs dans le territoire limité, vers le midi et l’ouest, par la rivière de Jarleau qui sépare le faubourg et le prieuré des anciennes murailles de la ville close de Morlaix, au nord et à l’orient par les mêmes bornes et limites attribuées aux bornes portables de Morlaix du côté du faubourg Saint-Melaine par le cahier de la réformation de 1455. L’île qui est située entre la rivière de Jarleau, la rivière le Queuleuc, le mur et portail de la ville close, appelée Notre-Dame et la rive de la mer dans laquelle sont l’hôtel de ville, les moulins au duc et quelques maisons de particuliers, est pareillement au-dedans des limites du prieuré de Saint-Melaine. Cette île ayant été jadis retranchée du continent, du faubourg et prieuré de Saint-Melaine par les deux lits et bardeaux que l’on a faits à la rivière de Jarleau pour le service du moulin. Déclare l’abbé que le prieur a droit de lods et ventes dans les limites ci-dessus. Item qu’il a droit de four banal, que dans l’enceinte et pourpris du prieuré sont bâtis l’église paroissiale de Saint-Melaine, la sacristie, le clocher, le reliquaire, le cimetière et chapelle Sainte-Barbe, la maison prieurale, cour, jardin, le tout contenant un demi journal de terre. Item qu’il a droit de prééminence et prérogatives dans l’église paroissiale en qualité de curé primitif, oblations, droit de présentation du vicaire et toutes les dîmes. Item qu’il a 9 liv. de rente depuis 1365. Item qu’il a 12 sols 2 deniers de rente depuis 1371. Item qu’il a plus 20 sols de rente depuis 1381. Item qu’il a plus 45 sols depuis 1477.  Item qu’il a plus 9 liv. 10 sols depuis 1422. Item qu’il a plus 6 deniers depuis 1432. Item déclare que par acte du mois de juillet 1264, que le duc Jean I du nom, ayant par la construction de ses moulins de Morlaix, submergé les moulins à blé et à foulon du prieur de Saint-Melaine, il lui assigna en échange une rente de 10 livres. Item qu’il a droit de bois de chauffage, usage dans la forêt de Cuburien pour la confection du sel et cuisson du pain. Item qu’il a divers droits en Léon, Plougastel, en l'île d'Ouessant, en Plouénan.

L’aveu de la fabrique s’exprime ainsi : Déclaration et dénombrement de l'estendue de terre contenue soubz l’édifice de l'esglise paroissiale de Sainct-Melaine de Morlaix et soubz le cimetière, reliquaire, chapelle de Saincte-Barbe, maison presbytérale, sa cour et son jardin, maison ou demeure à present Maistre Pierre Chapuis, chireurgien de grez et perrons de la dite esglise et son cimetière et leur circuit et ses autres terres, maisons et heritaiges, appartenant à la fabrice de la dicte esglise dans l’estendue de la dicte paroisse au faubourg ou bornes de la ville de Morlaix soubz le proche fief du roy, nostre sire et souverain seigneur, laquelle déclaration fournist noble homme Guillaume Legac, sieur de Esguercon, l’an présent procureur noble de la dicte esglise et icelle présente au roy devant Messire François Bouyn, seigneur de Rains, conseiller du roy, maistre ordinaire de la chambre des comptes en Bretaigne, commissaire, deputé par arrest d’icelle du diziesme janvier, mil six cent septante et six, et par autre arrest du Conseil du 19 mars de 1618, pour la réformation du domaine et confection du papier terrier et messieurs les Juges du siége royal dudict Morlaix, pour satisfaire aux ordonnances, luy ont esté publiées à cette fin.

Scavoir est une estendue de terre, cernée, scavoir du côté suzain de la rue dicte de Ploujan d’un costé de la rue ou venelle appelée la rue Courte, du bout souzain de la rue appelée de la Rive au quai de Tréguier, de l’autre costé de la maison du seigneur de Escadou, conseiller en la cour, de la maison des héritiers du sieur de Launay Blanchard et de la maison et jardin des heritiers du feu sieur de Esmoué Henry, contenant la dicte estendue de terre le nombre de trente cordes et trois quarts de mesurage, cernée de murailles ayant les bouts en divers endroits à raison que la terrasse et plate-forme du dict cimetière est en plusieurs endroits plus haulte que les dictes rues Courte et de la Rive, déclare que dans la dicte estendue est située la dicte esglise paroissiale avec sa tour et clocher et son reliquaire d’attache et que dans la maîtresse vitre sur le grand autel sont les escussons des armes du roy et des ducs de Bretaigne et sans que dans la dicte vitre il y aie aucuns autres escussons ny armes d’autres seigneurs ny particuliers et que la liziere de sa dicte maiesté se voit sans autre liziere au dedans et au dessous de la dicte esglise que dans le dict cimetière, aussi a déclaré que dans le dict cimetière est la chapelle dédiée à Saincte-Barbe ayant cy-devant servy de reliquaire.

Déclare que la maison presbyterale avec sa cour et jardin, situés dans la dicte estendue de terre, cernéz de la dicte esglise, cimetiere, rue de Ploujan, et en partie du jardin et maison des dicts sieur de Esmoué et de celle du dict de Launay Blanchard, a esté de toute antiquité la residence et le domicile des vicaires perpétuels de la dicte esglise, sur la quelle le dict presbytère a la fréquentation par une porte pour l’administration des sacrements, lorsqu’il en est requis ;

Aussy déclare que contre la terre et le talus du dict cimetière, sur la rive et quay de Tréguier, entre les arcboutants qui soutiennent la dicte terrasse et sans outre passer la ligne et le niveau de la dernière marche du degré quy descend du dict cimetière sur la dicte rue de la Rive au quay de Tréguier, les anciens administrateurs de la dicte esglise ont du plus ancien temps faict bastir des logements en forme de boutiques, dans l’estendue seulement des dicts arcboutants, lesquels logements ont au plus par l’endroict le plus large quy est le milieu, sept pieds et de largeur, et dans chacun des deux boults en diminuant, six pieds.

Que comme le talus quy soustient le dict cimetière est escarpé pour mieux soustenir la charge de la dicte terrasse quy a dix-huict pieds de hauteur à prendre du niveau du pavé de ladicte rue de la Rive, dans laquelle hauteur, il y a trois estages et quoyque les dicts logements soient bastis à droict plomb, le premier estage n’ayant que sept pieds par réduction, le second estage a huict pieds et le troisiesme estage neuf pieds aussy par réduction de largeur de sorte qu’il s’en fault plus de deux pieds que le dict talus ne soit en droict plomb.

Pareillement a déclaré que sur te troisiesme estage l’on a basti, en temps plus récent, une salle qui represente du costé de la rue un quatriesme estage et du costé du cimetière un seul estage ayant la dicte salle de largeur vingt-un pieds scavoir : neuf pieds sur les dicts petits logements et boutiques, douze pieds sur la terrasse et terre béniste du dict cimetière du costé duquel la dicte salle a quarante deux pieds et demy de front, desquels l’on a boutiqué en longueur quoy que du costé de la rue le dict bastiment n’aie que trente quatre pieds et la salle à présent au-dessus comme le tout estant basty dans le fond du dict cimetière et plus des deux tiers dans la terre béniste d’iceluy, les vicaires et administrateurs de la dicte esglise ont de tout temps et du plus ancien receu et touché les fermes et prix des arrentements de ceux qui en ont jouy et faict les baux à fermes, dont l’on en a reconnu un entre autres de cette propriété et ceste possession de cette jouissance se prouvera sans contredit par la veue et inspection des choses et par les anciens baux à fermes et comptes des vicaires de la dicte esglise et par continuation sans que les fermiers du domaine ayent jamais pensé de priver l’esglise d’un fond quy luy est acquis en proprieté et en possession d’un aussy ancien temps que la dicte esglise et paroisse et que le dict cimetière est cimetière, de telle sorte qu’on ne conçoit pas pour quelle raison le sieur Lavreau faisant pour le domaine s’est advencé d’en recevoir le revenu, tant il est vray qu’on ne presume pas que le roy aye eu intention de se réunir les temporels quy n’ont point de meilleurs contracts que leur antiquité, leurs clochers et leurs possessions qu’on ne trouvera pas avoir jamais esté interrompues par les fermiers du domaine ny qu’ils se sont en aucun temps chargéz dans leur compte en la chambre du revenu des logements et bastiments.

Aussy déclare que la fabrice de la dicte paroisse possède en proprieté la maison et jardin où est apresent basty le corps de garde de la rue de Plouian en la dicte paroisse, acquis des deniers de la dicte fabrice par contract du vingt-deuxiesme may mil six cent vingt-deux par les procureurs nobles de la dicte esglise, la quelle en a pris possession et en a jouy depuis ce temps-là en vertu d’un titre authentique.

Encore déclare que la fabrice de la dicte esglise est en possession de faire les baux à fermes et d'en toucher le prix du bouleuard de la rue et fauxbourg des Fontaines et de celui de la rue et fauxbourg des Vignes et que s’il n’en répresente pas les titres primordiaux, ainsi qu’il le faict de celui de Plouian, la calamité des temps en a privé la dicte esglise, mais que dans les biens dont jouist l'esglise, sa Majesté a toujours considéré la possession pour un titre valable à l'esglise ; joint le peu de valeur des dicts bouleuards, dont le tenant à peine peust valoir les reparations et l’entretien, à raison desquels héritages et autres appartenants à la dicte fabrice, ayant esté anciennement satisfaict aux amortissements, le dict sieur du Esgnereon, en la dicte qualité, s’est veu obligé de rédiger la présente déclaration, laquelle il affirme véritable à sa cognoissance, sauf à y augmenter ou diminuer en caz d’erreur ou d'obmission et tous les autres droicts de l'esglise réservés avecq pouvoir à M. René Morice, son procureur, chez lequel il a esleu domicile au dict Morlaix, de présenter la dicte déclaration deuant mesdicts sieurs les commissaires et d’en réquerir acte et quelle soit curetée sur le papier terrier.

Et par cequ’il a signé ci-dessus, voulu, requis et consenty, nous l’y avons condamné par l’autorité de notre cour royale de Morlaix, avecq submission à icelle soubz son seing et les nostres le vingtiesme de janvier mil six cent septante et neuf. Signé : Guillaume Legac, P. de St-Melaine ; Le Bras, notaire royal ; René Morin, Notaire royal [Note : Chambre des Comptes de la Cour de Nantes. Réformation de 1679, Sénéchaussée de Morlaix, vol. II, n° 125].

Procès-verbal des prééminences dans l'esglise et paroisse Sainct-Melaine. « Nous François Bouyn etc... scavoir faisons que ce jour cinquiesme septembre, mil six cent soixante-dix-neuf, nous étant rendu jusques en l’esglise paroissiale de Sainct-Melaine, pour mesurages et blasons des escussons qui s’y trouveront, comme aussi de tous droits honorifiques, prééminences, chapelles, bancs, escabeaux et tombes prohibées, nous avons déclaré au sieur vicaire et au sieur de Keredern Guillouzou, procureur de la paroisse et aux marguilliers d’icelle, l'effet de nostre commission... et commençant par la maîtresse vitre.

Nous avons remarqué que dans le plus bas lieu de la dicte maîtresse vitre, il y a six escussons, dans les deux milieux sont les armes du roy à my-partie avec celles de Bretaigne, et les quatre autres sont les armes de Bretaigne tout plein et enquis du sieur vicaire sy ou non on fait prières à l’endroit des prosnes des grandes messes de prières nominales pour quelques seigneurs prétendantz estre fondateurs de la dicte esglise, ou autres y prétendantz droitz, Nous a, en l’endroit, déclaré ne connoistre autre fondateur de la dicte esglise que le Roy, pour le quel on fait les prières accoutumées et a signé sa déposition, ainsy signé R. Duval, V. de Sainct-Melaine.

Et pour marque que l’esglise ne reconnoist aucun autre patron fondateur, avons donné pour connu que la lizière qui est au dedans de la nef de la dite esglise s’estendant dans le choeur et dans la nef et au dehors esgalement, sont seulement les armes de France en plein en certains escussons, et en d’autres my-partye de France et de Navarre, et de France et de Bretaigne et dans le restable de l’autel du costé de l’évangile, sont les armes de France en plein et du costé de l’épistre les armes de Bretaigne en plein.

Et continuant... avons veu dans la vitre de la chapelle de la Charité anciennement dicte Saint-Louis un escusson au premier soufflet au plus haut d’icelle vitre des armes portant de Sinople à un lion d’argent rampant à trois estoiles de mesme, deux en chef et l’autre en pointe, et demandé au sieur vicaire et aux marguilliers à qui pouvoient appartenir la dicte chapelle, nous ont dit ne scavoir, et néant moins avons au dict peintre — Yves-Charles Destouches, — ordonné de blasonner tous les escussons qui y sont placez ce que faisant au second soufflet est un escusson à my-partye, au premier quartier d’or à la fasce d’azur monté d’un merlet de mesme, et au second de gueules, à six tourteaux d’or à l’environ d’argent posé au milieu, et au troisiesme soufflet sont les mesmes premières armes, et au second d’argent, à trois tourteaux de gueules avec une estoile de Sinople posée en abisme, et sont dans le second soufflet les armes de Calloet en alliance et au dessoubz, il y a un escusson posé au milieu de la vitre portant escartelé d’azur au chevron d’azur à trois poires de mesme, deux et un, a d’argent, au sautoir de gueules, accompagné de trois roses et une annelette en chef de mesme, et dans le restable du dict autel au haut d’iceluy, il y a aussy un pareil escusson comme le premier, et le dict quatriesme escusson porte les armes de Kergadyou-Kernéguez et Keruella des Anges, et il y a encore dans le dict restable les armes cy devant dernier chiffrez, scavoir le premier de gueules, à six tourteaux d’or à l’annelet d’argent posé en abisme, le second escartelé au premier quartier des mesmes armes, au second d’or ondé d’azur au chevron naissant de gueules, au troisiesme d’argent, à l’arbre de pin de Sinople, trois tourtes de sable, un en chef et deux en pointe, au quatriesme d’argent, à la croix de sable, chargée de cinq estoiles d’or et sur le tout d’argent chicqueté de sable en fasce, au troisiesme de mesme en alliance et aux deux costés du dict autel, il y a aussy deux escussons soutenus d’angelets, des mesmes premières armes et sont les mesmes armes en plein du premier escusson, dans le premier et second pilier de la nef du costé de l’évangile, et au dict premier pilier, avons remarqué y joignant une pierre tombale eslevée de la hauteur de deux piedz et demy, ayant de longueur six piedz et demy, et de laize deux piedz, dans la quelle tombe il y a quatre escussons empreintz, deux au dessus des armes des Nouel en alliance et de Lhonoré, et aux deux autres autour et au bout de mesmes que le premier escusson de la dicte vitre et à vis de la dite chapelle joignant un banc qui sert pour ramasser les ornemens de la confrairie du sacre, il y a un petit banc qu’on nous a dit appartenir aux héritiers du sieur de Tranmeur Denis contenant de longueur trois piedz et demy et deux et demy de laize.

Et à costé de la dicte chapelle avons remarqué une vitre sur la seconde arcade, joignant la porte de la sacristie, dans laquelle vitre sont les armes des Grand, sieurs de Candour, portant en plein d’azur à trois trèfles d’argent, deux et escartelé d’or à la fasce de gueules, chargé de trois macles d’argent, avec trois hures de sanglier de sable, deux en chef et l’autre en pointe, un second escusson porte d’azur à la main d’argent, surmonté d’un épervier d’argent, au troisiesme escusson est d’or au lion rampant de sable en escartelle est d’azur à l’épée d’argent, à l’autre porte d’argent fretté d’azur, au second soufflet de la dicte vitre sont les armes à de sable, chargé de six trèfles d’argent, trois deux et un, avec une couronne de comte, et dans la voulte de la dicte seconde arcade, avons remarqué trois escussons en bosse, le premier en plein des dictes armes des Grand, le second d’argent, fretté d’azur, en alliance avec le mesme, et le troisiesme aussy en my-partye d’argent au chef de gueules, au dessoubz de la quelle arcade est un banc, bénitier et dossier, armoyez des mesmes armes, le quel banc porte de long tirant au dehors vers la sacristie huict piedz et demy et de large quatre piedz et demy.

Et la troisiesme voulte sont les armes portant d’azur à trois gresliers d’or, surmontés d’un croissant de mesme avec un casque de front, et soustenu par deux lions et au dessoubz est encore placé un autre escusson des mesmes armes, my-partye avec les armes des Rigollé qu’on nous a dictes appartenir à damoiselle Perrine Le Borgne, dame de Goazmelquin, au dessoubz desquelles armes, dans le mesme pilier de l’arcade et au bénitier, enfoncé dans icelles, sont les mesmes armes, et au dessus dans le mesme pilier sont les mesmes armes et aux deux costes de l’arcade sont deux escussons, le premier a my-partye d’or à l’arbre de pin de Sinople, portant son fruit du mesme et l’autre partye d’or à la fleur de lys de sable, surmontée d’une merlette de mesme, et le second escusson est tellement effacé qu’à peine le peut-on distinguer, au bas de laquelle arcade, il y a un banc armoyé des mesmes armes des Borgne, blasonné et situé au premier escusson lequel contient de long sept piedz et demy et quatre de large et à costé du quel banc joignant le pilier, il y a un banc contenant de large du bout d’en hault quatre pieds, du bout d’en bas deux pieds et demy, et de long cinq pieds, que l’on a dict appartenir au sieur de la Tour-Partevaux.

Et continuant dans la seconde chapelle, dédiée à Sainct-Etienne et Sainct-Laurent, que le sieur de Keramoal Salaün nous a dicte lui appartenir, avons au haut et au dessus du dict autel remarqué la représentation d’un ange en pierre, portant un escusson d’argent à une hure de sanglier, arraché de sable, couronné d’or et une estoile aussy de sable au premier canton, et à costé du dict autel une arcade de pierre de taille avec enfeu, contenant en long six pieds et demy, et dans les deux chefs de la dite arcade, deux escussons en bosse de pierre de taille, le premier partye de la dicte hure, couronne et estoile, avec une fasce et merlette, le second partye d’argent à l’arbre de Sinople et pomme d’or et au dessoubz de la dite arcade une vitre à plusieurs jours, et dans icelle, le premier escusson d’argent à la dicte hure, couronne et estoile, orné de son timbre, et de quatre lambrequins armoyés, le premier verré d’argent de gueules, le second de sable au cygne d’argent, au troisiesme d’argent à la fasce et merlette d’azur, et le quatriesme d’un losange d’argent et de sable au canton de pourpre, à l’oiseau d’argent, le second escusson partye de le hure et d’argent à la fasce surmontée d’une merlette d’azur, et le troisiesme aussy partye d’argent, arbre de Sinople, pomme d’or et au dessoubz, dans la mesme vitre, deux Priantz de deux cavaliers à genoux en selle d’armes, blasonné d’argent à la hure de sanglier, arraché de sable, courononé d’or et à l’estoile de sable, au premier canton présenté par un Sainct Pierre et une dame à genoux ayant dans sa robe le mesme escusson en partye et d’argent à l’arbre de Sinople, pomme d’or, et au dessoubz en lettres gothiques, l’an mil cinq cent trois, et contre la dicte arcade, et dans l’enclos de la dicte chapelle, il y a trois bancs en contiguité, le dernier donnant au dehors, armoyez des mesmes armes, contenant de long douze piedz et trois de laize que le dit sr de Keramoal a aussy dict lui appartenir tout ainsy que la chapelle qui a de long onze piedz et demy et autant de laize et a signé, aussy signé N. Salaün.

Et du costé de l’épistre du dict autel, il y a un petit banc au dessus d’une tombe armoyé des armes de la maison du Plessix Coatserhou, contenant trois piedz et demy de long et trois de laize.

La chapelle suivante est dédiée à saint Isidore, dans la première arcade de la quelle sont les mesmes armes que celles portées dans la ville de la dicte chapelle, portant d’argent chicqueté de sable, monté d’une annelette de mesme, au second escusson d’une annelette de mesure, à l’autre escusson sont des armes portant d’argent au sautoir de gueules, chargé de quatre tourteaux de sable, et au troisiesme escusson d’azur à trois gresliers d’or, deux et un, et sont les armes en plein des Blonsart et des Borgne et de Kernéguez en alliance, et au bas de laquelle vitre sont les armes que cy-dessus, et dans la seconde arcade sont les armes en plein des dicts Blonsart, relevées en bosse des deux costés de la dite arcade et dans le pilier un bénitier, le quel est gravé et enfoncé dans le dict bénitier sont les armes gravéez des dicts Blonsart et des Borgne en alliance, et au bas de la seconde arcade est un banc contenant de longueur huict piedz et trois de large par le boult d’en haut, et trois et demy par l’autre boult, le petit banc, dans la dite chapelle du costé de l’épistre, contient quatre piedz et demy de long et trois et demy de large. Un troisiesme petit banc joignant le premier cy-dessus, contenant de long six piedz et deux et demy de large, et demandé à qui pouvoit appartenir le dit troisiesme banc, l’on nous a dit au sieur Le Bartz, à costé du quel banc est un autre banc qu’on nous a dit estre armoyé des armes des Perros en alliance avec celles des Foullis, contenant de long quatre piedz et demy et deux et demy de large, et entretemps s’est présentée Martine Le Goic la quelle a soutenu la propriété des tombes qui sont soubz le dict banc et a signé Catherine Cariou sa fille pour elle ainsy signé Catherine Cariou.

Et joignant le banc cy-dessus est un autre banc en forme de prie-Dieu, joignant la chapelle des Cinq Playes, contenant de long quatre piedz et demy et deux et demy de large, appartenant, à ce que l’on nous a dit, à la dame de Kerlosquet Calloet, et un antre banc au dessoubz, contenant quatre piedz de long et trois et demy de large.

Et entré dans la dicte chapelle des Cinq Playes, qu’on nous a dicte appartenir au sieur du Roudour, et sont les armes au premier escusson d’argent à trois trèfles d’azur, deux et un, et aux deux seconds escussons de mesme en alliance, à my-partye, au premier quartier d’azur, à six besans d’or, deux et un, et au second d’argent au sautoir de sable, et au second les mesmes et d’argent, à la quinte feuille de gueules, et au bas de la vitre sont les mesmes armes dans la robe d’un priant et dessoubz est escrit Hervé le Lagadec, et dans la mesme vitre de l’autre costé, au pied d’un Christ, posé en chiffre mil cinq cent sept et au hault du restable de l’autel sont les armes en plein des Lagadec, et en bosse, dans le pilier, dans la quelle chapelle, il y a deux arcades remplies de quatre escussons de mesme et d’au autre dans le pilier de la dicte chapelle, les dictes arcades de la dicte chapelle contenant de long dix-neuf piedz et de large dix et demy, dans la quelle, il y a deux bancs l’un dans l’arcade bas d'icelle, de la grandeur de la dicte chapelle et un autre au milieu contenant trois prie-Dieu avec quelques tombes armoyéez, et à la sortie de la dicte chapelle, il y a un banc, joignant l’autel de Saincte-Catherine, contenant de long six piedz et de large deux pieds et demy sans armes.

Et entré dans la dicte chapelle de Saincte-Catherine sont les armes des Crouezé et des Siochan, appartenant au sieur de la Maillardière, séneschal de Morlaix, les armes du quel sont en plein dans les vitres de la dicte chapelle portant d’argent à la fasce de sable, chargé de trois roses d’argent, à trois molettes de sable, deux et un, et à my-partye de gueules, à la boucle d’or passée de deux flesches d’or et contient la dicte chapelle de longueur onze piedz et de largeur six et demy, dans la quelle chapelle, il y a un banc de la mesme longueur armoyé des mesmes armes, et aux quatre coings de la dicte chapelle, au bas du lambris, sont quatre escussons soutenus par quatre angelots et un escusson de mesme, dans une petite vitre au bas de la dicte chapelle.

Et descendant entre les fonds et la dicte chapelle, il y a un banc contenant cinq piedz de long et deux et demy de large, et un petit banc au dessoubz, contenant de longueur six piedz et demy, et de largeur deux et demy, le quel premier banc on dit appartenir aux héritiers de feue la dame de la Cornillière, et au-dessus du dernier banc, est une vitre à trois souffletz dans la quelle sont des armes ; au premier soufflet portant de sable, frotté d’or avec deux croissants en chef de mesme, au second, vers le grand autel sont des armes à my-partye, de mesme d’azur, à une aisle de sourye-chauve d’or, et au troisiesme et dernier soufflet sont des mesmes armes, à my-partye, avec d’autres armes portant de sable à un palmier d’argent.

Et au plus bas de l'esglise, dans une vitre qui est vis-à-vis des fondz, sont les armes de Kerret, portant d’or an lion rampant d’azur traversé d’une bande on escharpe de gueules, et les mesmes armes dans les autres souffletz en alliance, et la grande et dernière vitre est sans escusson ny armoirye.

Et estant remonté au hault de la dicte esglise à la chapelle de Sainct-Yves et du costé de l’épistre, y a une vitre au premier soufflet, de la quelle sont les armes des Marrant, portant d’azur à une teste d’épervier, arraché d’argent et cantonné d’une barre de gueules, avec une bande d’argent, chargé de trois hermines de sable, avec deux estoiles, l’une en chef et l’autre en pointe, et sont les mesmes armes en bosse, en différentz lieux de la chapelle, et il y a une voulte de boys du costé du grand autel, dépendant de la dicte chapelle, à la quelle y joint un banc contenant de long cinq piedz, et de large un et demy, hauteur deux, et la dicte voulte au dedans de la dicte chapelle contient, comme dit est cy-devant, dans les quelz sont les mesmes armes en alliance avec celles des Dresnay, portant d’argent à la croix de sable, à trois coquilles de gueules deux et un.

Et à costé de la dicte chapelle, soubz mesmes eschanceaux sont deux voultes ; dans la première sont les armes de Kersaintgilly avec les Bigot, portant en plein d’argent, écartelé à un écureuil de sable à un chevron d’argent, à six trèfles, trois en chef et trois en pointe ; au premier et second quartier, surmonté d’un casque, avec un banc, dans la dicte première arcade, contenant cinq piedz et demy de long, et de largeur quatre piedz et demy, et sont les mesmes armes en bosse des deux costés de la dicte voulte, et dans la seconde voulte, il y a un banc, qu’on dict appartenir au sieur du Parc Kerhadou, contenant de long cinq piedz et demy et de large trois piedz, contre lequel il y a une fausse chasse, avec un escusson de ses armes et ceux de Madame, en alliance, portant le dict sieur du Parc d’argent à six jumelles de gueules, surmonté d’une estoile de mesme et celles de Madame portent d’azur à trois estoiles d’argent, deux et un, et au dessus des dictez arcades et voultes, il y a une vitre en partye figurée, où au premier soufflet sont les armes de la première arcade et au second celles de Keradou, en alliance d’argent, à trois chevrons de gueules, traversé d’une fasce d’azur, et au troisiesme vis à vis, les mesmes armes du dict du Parc en partye avec aultres d’argent, à trois chevrons de sable, et plus bas à un autre soufflet, au dessus de la pre­mière arcade, sont les mesmes armes d’icelle en partye et en l’autre d’or, à la fasce de sable, chargée de trois arbres d’argent et au quatriesme soufflet sont les armes du dict du Parc en alliance avec autres, portant d’argent à deux fasces d’azur, à cinq roses de gueules, avec deux aultres escussons, avec les armes de du Parc et autres, en alliance, et dans l’estendue et eschanceau de la dicte chapelle, au bas d’icelle, il y a une troisiesme arcade, remplye d’un banc de sa grandeur contenant six piedz de long et quatre et demy de laize, et au dessus de la hauteur de la muraille, il y a trois escussons, empreintz en pierre, dont l’on ne peut connoistre les armes, et de chaque costé de la dicte arcade, deux aultres escussons en bosse non chicquetés, que l’on nous a dicts appartenir au sieur du Boudon, et à costé de la dicte arcade est un autre banc appartenant aux héritiers de feu du Préprigent, le quel est soubz la nef de la dicte chapelle, et contient cinq piedz de long et trois et demy de laize, dans le quel endroit nous avons finy, attendu que l’heure de sept heures est sonnée.....

....... Etant descendu, le jour quinziesme septembre, en la dicte esglise, ... et commençant par la seconde vitre du costé da l’épistre du grand autel, à l’aisle droite, entrant en la dicte esglise, et qui donne sur le cimetière, aurions remarqué à costé de l’autel, du costé de l’épistre, qui est dédié à Ecce homo, les armes au plus haut d’une petite vitre en rond, les armes des Borgne, en alliance avec celles de Lesquiffiou, et dans la vitre au dessoubz, du costé de l’épistre du dict autel des armes au plus haut soufflet, écartelé, le premier et quatriesme d’argent, à la fleur de lys de sable, surmonté d’une merlette de mesme et sont les armes des Coatalem et Lannidy Calloët, à la seconde rose au dessus du premier soufflet sont les mesmes armes en my-partye de mesme, et à la troisiesme rose est un escusson, écartelé des mesmes armes des Borgne Lesquiffiou et Lannidy, au dessoubz de la quelle vitre est une arcade contenant de long six piedz et quatre poulces, au plus haut de la quelle sont les armes des Coatalem en bosse, et au dedans de la dicte voulte, il y a un banc armoyé des armes escartelées du Sr. de Goezbriant, du comte de Boyséou et Coatalem et de l'Armorique, contenant le dict banc de long cinq pieds et quatre poulces et de laize trois pieds qu’on dict estre prétendu par le sieur de Goezbriant.

Et à iceluy joignant un autre petit banc qu’on nous a dict appartenir au sieur de Kerdvo et consorts et contient le dit banc quatre pieds de long et deux poulces de laise. 

Et de l’autre costé de l’évangile du dict autel, nous a esté dit de la part de Xphe le Nicol anciennement sonneur de cloches, du quel ayant pris le serment pour nous dire les armes de ceux à qui appartiennent les bancs qui sont dans l’esglise, nous a promis dire vérité, et que le dict banc joignant appartient au sieur de Botmeur et contient six pieds de long et trois de laize et est armoyé de ses armes.

Dans la seconde vitre avons remarqué les armes escarteléez des Borgne, cy-dessus blasonnées et les autres à six bandes d’or et d’azur cantonnées de gueules, à la fleur de lys d’argent, sont les mesmes armes dans les deux autres roses au dessoubz, excepté les armes des Kerloaguen portant d’argent à l’aigle éployé de sable et les armes des du Val Pinart, et sont dans le troisiesme soufflet de la dicte vitre, et à costé de l’arcade de la dicte vitre, il y a trois bancs de suite et se joignant, le premier armoyé des armes de du Val Pinart, à my-partye le quel banc contient six pieds de long et quatre de laize, le second armoyé des armes de Kermorvan Jégou, contient six pieds de long et demy et cinq de laize, le boult des quelz bancs donne dans une troisième arcade, qui est de face du dict autel, et le troisiesme lot armoyé des armes de Kerguz, appartient à la dame du Mesambez Kerguz, contenant de long trois pieds et huitc poulces, et de laize deux et huict poulces et celuy au dessoubz appartient à la damoiselle du Runiou contenant quatre pieds et deux poulces de long et de laize trois pieds.

Et entré dans la chapelle de Nostre Dame des Neiges au dessoubz de la susdicte avons veu une vitre chargée de trois escussons dont l’un est plein portant d’azur au chevron d’or surmonté d’un croissant de mesme accompaigné de trois reüs de mesme, deux et un, qu’on nous a dict estre les armes des Guillouzou, et les deux autres my-partye de mesme d’azur au chevron d’or avec deux croissants d’argent en chef, et une estoile d’or en pointe au dessoubz de laquelle vitre est une arcade à voulte chargée de trois autres escussons portant les deux plus bas les mesmes armes et l’escusson posé au dessus de la dicte arcade sont des armes en bosse à six partye au premier chef d’argent à la teste de sanglier de sable surmontée d'une couronne d’or, la seconde d’argent à trois fasces de gueules, troisiesme d’or à la fasce dentelée de sable, quatriesme d’or au lion de sable, la cottice de gueules et le cinquiesme est effacé et sur le tout en abisme sont les armes des Guillouzou en plein, et le banc dans la dicte arcade contient de long six piez et demy, et de laize trois et demy, et au bas de la dicte chapelle laquelle contient de long dans sa fermeture et closture quatorze pieds et demy et de laize huict et demy, et le second banc armoyé comme cy-devant à my-partye des armes des Guillouzou, contient de long dix piedz et demy et de laize trois piedz, et dans le pilier joignant le dict banc sont encore les mesmes armes en my-partye, proche le quel est un petit banc et au dehors de la dicte chapelle joignant une porte pour sortir de l’esglise dans le cimetière, contient cinq piedz de long et de laize deux piedz et neuf poulces appartenant à la damoiselle de Kerdalaer.

Et descendu au bas de l’esglise vers la grande porte qui est au dessoubz du Jubé, remontant la dicte esglise avons procédé à la description et estat des bancs qui sont dans la nef de la dicte esglise et attaché au premier et second pilier de la dicte esglise et commencé par celuy qui est à droite du costé de l’epistre au dessus du quel est un banc contenant de long sept piedz et de large six piedz, fors deux poulces, et est entre le dict pilier et le second auquel est attachée l’image de sainct Nicolas et un autel au dessoubz dedié au dict sainct et, joignant le banc cy-dessus, à gauche est un petit banc ruiné et sans siège appartenant aux Moricquin et consorts, contenant de long quatre piedz et huict poulces et de laize quatre piedz trois poulces, au quel est joignant un autre petit banc appartenant à Penvern le Joyeux et contient de long cinq piedz, fors deux poulces et de laize trois, fors deux poulces, et au dessus des susdits bancs est un autre petit banc contenant de long cinq pieds et deux poulces et de laize trois et demy, appartenant au sieur de Kervella des Anges, et du costé de l’évangile du dict autel est encore un autre petit banc contenant cinq piedz de long et trois et demy de laize.

Et continuant au troisiesme pilier est un autel dédié à Ecce Homo du costé du quel à l’évangile est un petit banc armoyé des armes des Diouguel et Guillouzou, contenant cinq pieds de long et de laize quatre piedz sept poulces, et dans le dict pilier sont des armes eu bosse, et au dessoubz de l’image de l'Ecce Homo, des Borgne de Kergadiou Kernéguez.

Et entre le dict troisiesme pilier et le quatriesme au quel est attachée l’image de sainct François sont deux bancs, le premier appartenant an sieur de Trécoudal contenant quatre piedz de long et trois et demy de laize et l’autre appartenant aux enfeux de Kerguellen Coroller, contient de long cinq piedz et demy et de laize deux et demy, au dessoubz de la dicte image de sainct François et au dessus de l’autel, sont les armes des Blonsart portant d’argent la fasce chiquetée de sable, et est attachée au dict pilier la Chaize du prédicateur.

Au dessoubz de la quelle est un banc contenant de long cinq pieds et deux poulces et de laize trois pieds et deux poulces appartenant au sieur du Kerdanet Nouel et joint un autre petit banc armoyé des armes de Penchoadic avec celles du Goaspern Penchoadic portant d’argent au lion de gueules à des billettes d’azur sans nombre, et ceux de Penchoadic sont d’argent à la fasce d’azur surmontée d’une merlette de mesme accompagnée de trois molettes de gueules, deux et un, contenant de long cinq pieds et deux de laize à costé du quel et entre le quatriesme et cinquiesme pilier vis à vis de l’autel dédié à sainct Joseph est un banc contenant de long cinq piedz et demy et de laize quatre piedz et huict poulces et appartient au sieur de Lannidy Calloet.

Et entre le cinquiesme et sixiesme pilier, il y a quatre bancs scavoir, le plus bas et joignant le cinquiesme pilier et l’autel de sainct Joseph du costé de l’epistre contenant de long quatre piedz, fors deux poulces, et de laize trois piedz appartenant au sieur de Penanyun, prestre, celuy de dessus armoyé des armes des Levier contenant quatre piedz de long et deux piedz et un poulce de laize appartenant au sieur de Restigou, au costé du quel et à vis d’autre autel de Ecce Homo où est un tableau de l'image de Jésus descendu de la croix, est un autre banc le quel a de long quatre piedz et demy et de laize quatre, armoyé des armes des Guillouzou, et dans le dict autel avons remarqué du costé de l’épistre les armes de Penprat Honoré en bosse, et un autre banc armoyé de trois trèfles deux et un contenant de long cinq piedz, fors un poulce, et de laize deux piedz et un poulce, appartenant à un particulier de Quimper. Et est la description de tous les bancs attachés aux dicts piliers de l’aisle droite.

Et procédant à l’état des autres bancs à l’aisle gauche entrant par ladicte grande porte et en montant vers le grand autel, au premier pilier au dessoubz de l’emplacement des orgues est l’autel de Sainct-Jean-Baptiste du costé de l’épistre, il y a un banc contenant de long cinq piedz et quatre poulces et de laize trois piedz et demy appartenant à la damoiselle de la Landinaye.

Et entre le dict premier pilier et le second est un banc armoyé, fretté et cantonné d’un lion appartenant aux héritiers de Keridec Marec, lequel a de long quatre piedz et quatre poulces et de laize quatre piedz et demy et l’autre joignant appartenant au sieur de Kervella contient de long quatre piedz et de laize trois.

Et sous l’autel attaché un second pilier dédié à Saincte Anne sont des armes on bosse pareilles à celles du banc à vis du dict autel et du costé de l’épistre du dict autel est on petit banc contenant de long trois pieds et huict poulces et de laize deux piedz et demy armoyé à my partye d’un arbre et d’un lion appartenant au dict sieur de Kervella et à costé du dict second pilier, il y a un petit banc qui a de long quatre piedz et demy et de laize deux piedz et neuf poulces appartenant à mademoiselle de Morbic.

Entre le second et le troisiesme pilier, il y a deux bancs vis à vis de l’autel de Saincte Suzanne, le premier contenant de long trois pieds et demy et de laize trois piedz et huict poulces, appartenant au sieur de Coatelant Colin, armoyé des armes des Gac, Quintin et Toulcoët, et sont les mesmes armes au dessoubz de l’image de la dicte Saincte Suzanne, et l’autre banc contient de long quatre piedz cinq poulces et de laize trois piedz et huict poulces, appartenant au sieur de Kermorvan Jégou et armoyé de ses armes.

Et entre le troisiesme et quatriesme pilier à vis l’autel de Nostre-Dame-de-Pitié est un banc armoyé des armes du Roudour, contenant de long quatre piedz et de laize quatre, fors deux poulces, portant d’azur à cinq quintes feuilles d’or en bosse, et à costé du dict autel à l’épistre, il y a un petit banc contenant de long trois piedz et demy et de laize trois, appartenant au sieur de Kerdanet Noue!, armoyé my-partye des armes des Blonsart.

Et entre le quatriesme et le cinquiesme pilier, il y a trois bancs, le premier vis-à-vis de l’autel de Nostre-Dame-des-Anges appartenant à la damoiselle de Kerunou Claude Lemoyne, dame de Sainct-Guennou, contient de long quatre piedz et de laize trois et demy, le second appartenant aux héritiers de Kersallou Calvez, contenant de long quatre piedz sept poulces, de laize trois piedz, le troisiesme et dernier appartenant au sieur de Boissauveur, contient de long six piedz trois poulces et de laize deux piedz et huict poulces armoyé de ses armes.

Et du costé de l’évangile du dict autel, est un petit banc appartenant au sieur Croisier contenant de long quatre piedz et demy et de laize trois piedz et trois poulces.

Entre le cinquiesme et sixiesme pilier, il y a un banc contenant de long trois piedz et huict poulces et autant de laize appartenant au dict sieur de Penanyun à vis l’autel de Sainct-Maudez et du costé de l’évangile du dict autel, il y a un petit banc appartenant au sieur de Mesambez armoyé de ses armes, my-partye portant à un greslier en abisme et fretté de l’autre costé contenant de long quatre piedz et trois poulces et de laize deux piedz et demy, et au dessoubz de la dicte image sont les armes en bosse de la maison de Penvern cinq sceaux portant six estoiles à un croissant en abisme.

Il est à remarquer qu’au haut des arcades des dictz piliers en plusieurs endroitz sont les armes et escussons en bosse des Quintin et est la description de l’aisle gauche de la nef de la dicte esglise du costé de l’évangile du grand autel.

Et puis après nous sommes entré dans la sacristie, dans la vitre de la quelle, il n’y a aucun escusson, et avons finy l’estat et description des armoyries, bancs et enfeux qui se sont trouvés tant dans le dedans du choeur et hameau, la nef que les deux ailles de la dicte esglise, après quoy nous estant retiré, sommes entré accompagné des sus dénommés dans une chapelle située dans le cimetière, dans la grande vitre de la quelle avons remarqué et au plus bas endroit d’icelle un escusson chargé des armes en plein de France et de Bretagne, après quoy nous nous sommes retiré n’ayant autre matière sur quoy nous appliquer ... et déclarons n’avoir faict un estat particulier de toutes les tombes plates de la dicte esglise n’estant pavée que d’icelles ainsy signé François Bouyn, G. Chrestien, Laurean, Jean Chrestien priseur noble, Yves-Charles Etesse, Nayl » [Voir Archives de la recette de l'Enregistrement : Réformation de 1679, Ms in folio].

Dès les premières années de la Révolution et lorsque le régime féodal eut été aboli, la municipalité fut informée que le clergé de la ville ne se conformait pas aux décrets de l'Assemblée nationale sur les Droits de l’homme, et nous trouvons plusieurs lettres de la municipalité adressées aux membres du clergé pour les rappeler à l’observation des lois.

Le 13 janvier 1791, le maire s’adressant aux curés des trois paroisses leur dit : « Il est quelques décrets dont il est de notre devoir de vous rappeler les dispositions. Nous y sommes d’autant plus obligé qu’il nous a été dénoncé qu’on y contrevenait. Celui sur les droits de l’homme porte que les hommes sont égaux en droits ; d’où l’on est fondé à conclure qu’au roi près, personne ne doit être nommé dans les prières publiques, c’est-à-dire que ces prières ne doivent pas être annoncées pour quelque citoyen que ce soit, nommément, sans cela il subsisterait dans les églises une inégalité de droits qui ne doit subsister désormais nulle part. Vous voudrez bien vous ressouvenir encore, messieurs, que suivant l’article premier des lettres patentes du 23 janvier dernier, sur décret du 19, les titres de prince, de duc, de comte, de marquis, de vicomte, de vidame, de baron, de chevalier, de messire, d’écuyer, de noble et tous autres titres semblables ne doivent être donnés à personne, et que l’article 3 du même décret a une pareille disposition à l’égard des titres de monseigneur et de messeigneurs, de ceux d’excellence, d’altesse, d’éminence, de grandeur, etc. Vous voudrez bien, messieurs, vous conformer ponctuellement aux dispositions de ces décrets, en vous abstenant de faire d’un côté des prières nominales pour tout autre que le roi et de donner de l’autre à qui que ce soit les titres abolis par ces lois ».

Lorsque la constitution civile du clergé eut ordonné que les prêtres prêteraient serment, le conseil municipal décida, par une délibération du 28 janvier, que l’administration recevrait, le 6 février, le serment des prêtres. Trois prêtres de Saint-Melaine, Lefèvre, Lucas et Cotty se conformèrent à la loi. A cette occasion le maire écrivit, le 4 février, an recteur de Saint-Melaine : « Nous avons reçu la lettre que vous nous avez fait l’honneur de nous écrire aujourd’hui. Nous y avons lu avec autant d’édification que de plaisir l’expression de votre disposition à vous soumettre aux décrets de l'Assemblée nationale. Le conseil général de la commune se rendra donc, monsieur, à votre église paroissiale, dimanche prochain, 6 de ce mois, à l’issue de votre grand'messe, pour assister au serment que vous devez prêter, en exécution de l’article 1er de la loi du 26 décembre, mais nous devons vous faire observer que, suivant l’article 3, vous devez faire, par écrit, au greffe de la municipalité, la déclaration préalable de votre intention de prêter serment. Nous espérons que vous voudrez bien remplir cette formalité. Vous savez, monsieur, que tout est rigoureux dans l’exécution des lois, et que l’on ne doit pas plus manquer de se conformer à toutes leurs dispositions, qu’on ne doit en excéder la teneur ».

Le 6 février, le conseil général de la commune reçut le serment des sieurs Jean-François Lefèvre et Mathieu Lucas « étant arrivés, dit la délibération, au moment où la messe finissait, nous sommes entrés dans le sanctuaire de ladite église, qui était pleine de fidèles qui venaient d’entendre ladite messe, et d’une foule d’autres citoyens, et après nous être agenouillés dans ledit sanctuaire, nous avons député MM. Guillaume et Pezron, officiers municipaux, chercher lesdits sieurs Lucas et Lefèvre, qui venaient de se rendre dans la sacristie, lesquels étant venus avec les susdits deux officiers municipaux, ont successivement et individuellement juré en notre présence et en celle des fidèles de remplir leurs fonctions avec exactitude, d’être fidèles à la nation, à la loi et au roi et de maintenir de tout leur pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi, après quoi et après nous être encore agenouillés dans le sanctuaire de ladite église, nous nous sommes retirés au bureau municipal où nous avons rédigé le présent procès-verbal ».

Le 20 Janvier 1792, le district fit arrêter l’abbé Le Noannès ci-devant recteur de Saint-Melaine, qui refusait obéissance aux lois.

La ville ne conserva alors qu’une paroisse et le conseil général de la commune émit le voeu, dans sa délibération du 13 avril, que l’église de Saint-Melaine fût choisie comme église paroissiale. Ce voeu appuyé par M. Expilly, évêque constitutionnel du Finistère, fut exaucé par le gouvernement. Saint-Melaine fut la paroisse, pendant plusieurs années, et s’appela paroisse Notre-Dame ; ce fut l’abbé Derrien, prêtre assermenté, qui fut nommé curé.

Vers la fin de la même année, Guillaume et Pezron, conseillers municipaux, furent chargés de faire enlever les armoiries qui se trouvaient dans l’église de Saint-Melaine, et c’est alors qu’on martela les écussons nobiliaires. En l’an II, on nomma de nouveaux délégués qui firent enlever les statues placées en dehors des églises et procédèrent à la descente des cloches.

Sous la Terreur, l'église de Saint-Melaine cessa d’être paroisse, elle fut fermée au culte et devint un magasin aux vivres. En l’an IX, plusieurs prêtres et un certain nombre de citoyens adressèrent au général Bernadotte, général en chef des armées de l'Ouest, une pétition pour demander que l’église de Saint-Melaine fût ouverte au culte catholique ; les pétitionnaires s’engageaient à faire à leurs frais les réparations nécessaires à l’édifice du Calvaire, qui servait déjà de manutention, afin d’y transférer les magasins militaires.

Au général Bernadotte, Conseiller d'État. « Vous avez marché à la défense du Finistère, vous et les troupes qui vous ont suivi, y avez été reçus en pères et en amis, marquez-y votre séjour par un bienfait qui nous attacherait davantage à la patrie, si cela était possible. Lorsque vous et les autres généraux avez accordé aux ministres de la religion des cartes de sûreté qui leur donnaient la liberté d’exercer leur culte, dans les villes et les campagnes, en les exhortant à maintenir la paix et la soumission aux lois, vous avez compté que ce titre, délivré au nom de la République, était péremptoire, et que ministres et citoyens exerceraient en pleine liberté le culte de leur goût, comme la loi le garantit. Pour remplir votre attente et la nôtre, nous vous prions de requérir de la municipalité de cette commune, qu’il soit mis à notre disposition les édifices nationaux qui servaient autrefois de temples, en tant qu’ils n’aient pas d’autre destination, ou qu’on la puisse changer. Là nous serons sous l'oeil des magistrats et celui de la loi, on y jugera nos principes et si servant Dieu à notre goût nous aimons moins la patrie. Déjà ce bienfait existe dans une grande partie du département, les temples en ruine se réparent et la République n’en est que plus chérie. Salut et respect. Férec, Guillaume Fournery, Jean-Louis Le Dantec, Lucas, Jean Mével, Vincent Redon, Beaumont, Guillaume Hervé, Bernard, P. Barrère, Louis Morvan, Charles Rolland, Lannux, Droniou, Kerautret, Guillaume Menou, J.-M. Le Bolloch, Kerautret fils, Hervé Cherri, Jean Bellec, Le Hénaff, Le Fèvre, Hom Lot, Resguen, Le Denmat ».

Le général Bernadotte accueillit favorablement la pétition et la renvoya au sous-préfet avec son apostille : « Vu la présente pétition qui exprime le voeu d’exercer publiquement un culte dirigé par les ministres soumis aux lois de la République, puisqu’ils sont porteurs de cartes de sûreté qui les exhortent et leur imposent l’obligation de maintenir la tranquillité publique de la soumission aux lois. Augurant favorablement des sentiments des pétitionnaires et de la surveillance des magistrats établis pour la garantie du peuple, le général en chef, conseiller d'Etat, soussigné, invite le sous-préfet de Morlaix de prendre en considération la demande ci-dessus et à y faire droit. Morlaix, le 30 Fructidor, an VIII (17 septembre 1800). JH. BERNADOTTE ».

Les prêtres adressèrent aussi une demande à la municipalité. « Les citoyens soussignés, ministres du culte catholique, aux citoyens administrateurs de la ville de Morlaix, du 1er complémentaire (18 septembre) an VIII de la République. Nous sommes porteurs de cartes de sûreté émanées du général en chef de l’armée de l’ouest, en les acceptant nous avons renouvelé tacitement l’obligation, gravée dans nos coeurs, de prêcher l’ordre et la concorde, ces cartes de sûreté nous autorisent à exercer les fonctions du Saint Ministère ; ce serait pour nous une grande satisfaction de l’exercer publiquement, parce que constamment sous les yeux des magistrats, notre conduite au grand jour serait une réponse victorieuse aux allégations dont nous sommes encore l’objet de la part de quelques hommes qui ne nous jugent défavorablement que parce qu’ils ne nous connaissent pas. Depuis trop longtemps les citoyens sont divisés, nous ferons tous nos efforts pour les réunir dans un même esprit, nous ne nous servirons de l’influence que peut nous donner notre ministère que pour graver dans tous les coeurs ces maximes du code évangélique : Paix, Union, Oubli des injures, Amour de l’ordre et Respect aux puissances. Nous vous prions donc, citoyens administrateurs, de désigner aux fidèles de cette commune une église dans laquelle nous puissions exercer publiquement le culte, dont nous sommes les ministres, et nous assurer protection contre quiconque viendrait nous y troubler, nous vous supplions de désigner Saint-Melaine comme plus central et plus commode pour le public. Salut et respect. Y. Savidan, prêtre, Noirot, prêtre, Le Noanès, prêtre, Latour, prêtre, Daffinet, prêtre, L. Martel, prêtre, François Cotty, prêtre ».

L'administration municipale ayant émis un voeu favorable, le sous-préfet, M. Duquesne prit, en date du 4 vendémiaire, un arrêté qui faisait droit à la pétition des prêtres catholiques. Quelques considérants de cet arrêté méritent d’être rapportés : « Le sous-préfet de Morlaix, considérant que dans la pétition, dont est cas, les pétitionnaires expriment au général en chef Bernadotte et aux défenseurs qui l’ont suivi dans le Finistère, des sentiments affectueux qui distinguent les vrais amis de la Patrie, en même temps qu’ils émettent leur voeu d’exercer publiquement le culte auquel ils sont attachés, avec des ministres porteurs de cartes de sûreté. Considérant que ces citoyens jaloux de se mettre en présence de leurs magistrats pendant leurs cérémonies religieuses, comme ils se plaisent à y être dans tous les temps, réclament la disposition d’un édifice national disponible et qu’ils témoignent l’impatience de prouver à la patrie qu’en priant à leur manière, elle leur en devient plus chère ; ....... Considérant que pénétrés des devoirs que la religion et la patrie leur imposent, ils promettent de faire leurs efforts pour désespérer les divisions intestines et réunir les citoyens dans le même esprit, l’oubli des injures, l’amour de l’ordre et le respect à l’autorité ; Considérant que l’avis de l'Administration municipale vient à l’appui de l’invitation consignée dans l’attache du général, invitation qui ne peut être trop prise en considération en ce qu’elle émane d’un citoyen investi d’un grand pouvoir et dont les preuves qu’il a données de son courage et de ses talents ne laissent rien à désirer, sur la confiance qu’il est en droit d’attendre ; Arrête que les pétitionnaires pourront exercer publiquement leur culte dans l’édifice national, connu sous le nom d'église Saint-Melaine ;... 2° Qu’à l’avenir et pour toujours tout ministre du culte qui garantirait sa bonne conduite et sa soumission au gouvernement et lui accorderait l’exercice de son culte, sera appelé à souscrire à la sous-préfecture la pétition adressée à la municipalité par les ministres dénommés ci-dessus ; Arrête enfin que le présent sera adressé à la municipalité à l’effet de faire connaître aux pétitionnaires la faveur que le concours unanime des autorités leur accorde, l’obligation qu’elle leur impose de ne jamais démériter des sentiments de confiance qui leur sont accordés et le devoir impérieux que la patrie leur impose de concourir à son bonheur inséparable du respect à l’autorité qui gouverne et à la soumission aux lois ». (Voir Registre des copies de lettres du 29 pluviôse an VII au 28 nivôse an XIII).

Le Concordat ne donna à la ville qu’une seule paroisse, ce fut celle de Saint-Mathieu. La municipalité demanda que l’église de Saint-Melaine fût conservée comme oratoire, ce qui lui fut accordé [Délibération du 15 pluviôse an XII (5 février 1804)]. C’est grâce à cette intervention de notre administration municipale que notre ville a préservé de la destruction cet édifice qui est sans contredit, malgré ses défauts, le plus beau monument que nous ait légué le moyen âge.

Au mois de février 1856, furent lues avant la grande messe la lettre de Mgr Sergent, évêque de Quimper, ainsi que divers autres titres déclarant l’érection de Saint-Melaine en église paroissiale avec les délimitations qu’elle avait toujours eues, et qui n’avaient jamais subi d’altération en ce qui concernait les services funèbres. M. l’abbé Alexandre, originaire de Morlaix, prit possession du nouveau rectorat et de son église, dont une notable partie exigeait d’urgentes améliorations. Située au haut d’un escalier d’une quarantaine de marches, cet édifice produit du côté de la place, avec la tour qui en dépend, un certain effet grandiose qui disparaît bientôt pour laisser l’impression causée par une architecture gothique peu ornée et d’une pesante exécution. Le portail de la façade ne mérite que peu d’attention. Les voussures de l’ogive sont formées de moulures que surmontent des ornements feuillagés et des pinacles. Au-dessus s’ouvre une belle fenêtre aux meneaux flamboyants ; deux autres fenêtres plus petites, de même style, sont percées dans l’axe des nefs latérales. Les rampants des pignons sont ornés de crochets, de gargouilles et autres sculptures analogues d’un grossier travail. La tour placée à droite en entrant a été achevée, en 1574. Il n’y a pas lieu de la remarquer pour son élévation qui est très ordinaire. Mais ce qui présente un contraste singulier, c’est la lourdeur murale de cette tour et la construction demi cylindrique qui contient une partie de l’escalier en colimaçon ; cette annexe n’a que vingt centimètres d’épaisseur, ce qui n’a pas empêché de terminer son couronnement en pierres de taille. De la plate-forme, ornée d’une galerie flamboyante dont les angles sont terminés par des clochetons, s’élevait autrefois un campanile en pierres assez léger et d’un effet gracieux ; on l’a démoli, sous prétexte qu’il écrasait la tour, et on l’a remplacé, en 1817, par une lanterne en bois d’une forme et de dimensions qui laissent à désirer. La façade latérale sud demande un moment d’arrêt. Le portail encadré de colonnettes légères que surmontent des chapitaux d’une exécution délicate, est enrichi de nombreuses moulures et de deux figures grotesques qui servent de modillons à la retombée de l’arcature. L’archivolte est ornée de choux, de croix et de pinacles. Sur le pignon se trouve une inscription en caractères gothiques, qui nous fait connaître la date commémorative de sa fondation ; elle est tenue par deux anges : L’AN MIL QUATRE CENTZ QUATRE VINGTZ NEUFFS FUT COMMÉCÉE CESTE ÉGLISE DE PER DIEU.

On remarque, dans l’intérieur de son porche, un portail en ogive, subdivisé en deux baies géminées, dont les chambranles terminés à contre-courbures ou en accolades, sont chargés de décorations, de crochets, de pinacles et de croix végétales. Ces deux ouvertures sont séparées par un meneau qui porte un charmant bénitier formant une niche hexagonale d’un bon effet. Au-dessus se trouve, sous un dais gothique, une statue de la Vierge avec l’enfant Jésus, ouvrage assez médiocre du XVIème siècle. Cette statue est sous le vocable de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Sur le mur latéral est placé un chandelier à plusieurs branches, et il est bien rare que le porche ne soit pas éclairé par la lumière vacillante de quelque cierge bénit. Si vous stationnez un moment en cet endroit, vous verrez « des femmes, les yeux rouges de larmes, s’avancer vers la statue de la Vierge, avec des cierges qu’elles allument et qu’elles y déposent. Ce sont des soeurs, des épouses, des mères, qui viennent demander la vie d’un être chéri qui se meurt, à la femme céleste qui, comme elles, sut ce que coûtent les larmes versées sur les cercueils. On peut dire en comptant les cierges qui brûlent, d’une lumière pâle, combien il y a dans la paroisse d’âmes prêtes à quitter la terre ; combien de maisons où l’on écoute avec terreur le râle d’un agonisant ; combien d’épouses qui attendent le nom désolé de veuve. Nous n’avons jamais vu, sans un mélange de terreur et de pitié, cette annonce muette d’agonie, placée-là pour nous rappeler à tous que la mort est proche » (Emile Souvestre. Les derniers Bretons). Tout cet ensemble se trouve encadré dans une ogive soutenue par des colonnettes d’un bon travail. Cet édicule a dû être autrefois légèrement colorié et relevé de quelques dorures. Les portes sont surmontées de panneaux fixes, sur lesquels on lit l’inscription suivante, dont les syllabes sont divisées par d’étroites traverses : .... a - fait - ces - deux - huis - ys - sci - bon (Ce panneau manque) - nes - gens - pri - es - Dieu - pour - lui. Les deux premiers panneaux ont été enlevés et nous regrettons de ne pouvoir suppléer la première syllabe qui fait défaut au commencement et qui donnait le nom du donateur ou celui de l’ouvrier graveur [Note : M. Miorcec de Kerdanet donne dans la Vie des saints de Bretagne d'Albert Le Grand, page 690, une traduction fantaisiste de cette inscription où il a lu : « A faict cest huis Vt Laisnez Coespiez Priez Dieu pour luy ». Sa traduction de l’inscription qui existe au dessus du portail, n’est pas plus fidèle : « L’an mil quatre cens quatre-vingt-deux le VII jour de mars, fust ceste eglise fondée ». Si nous jugions les travaux de cet écrivain par ces deux citations, nous serions porté à n’accepter ses notes que sous bénéfice d’inventaire]. Ce dernier était un véritable artiste en son genre ; on trouverait difficilement des caractères plus élégants que ces lettres historiées à traits serpentés, et qui, au premier aspect, semblent moins une inscription qu’une frise d’ornements.

Il reste encore des débris de peinture murale dans les recoins laissés par l’ogive. Ces fresques médiocres, pour ne pas dire nulles, ne doivent pas être bien anciennes ; elles remontent tout au plus au règne de Louis XIII, à en juger par les figures des apôtres que l’on voyait peintes de même sur les parois latérales du porche. Il y en avait six de chaque côté et chacun d’eux tenait une banderolle sur laquelle était un article du Credo. Au moyen âge, il était souvent d’usage de surmonter les portes des églises de sujets religieux, tirés de la vie du saint patron auquel elles étaient dédiées. L’artiste s’était conformé à la tradition et avait peint sur la demi-ogive de droite Saint-Melaine exorcisant un démoniaque. Ce miracle est ainsi raconté par Albert Le Grand : « Estant allé une fois à Vannes, comme il entrait dans la ville, on luy dit qu’un jeune homme, possédé du malin esprit, venait de se pendre, chose qui affligeait extrêmement ses parents, qui estaient des principaux de la ville ; le saint Prélat sceut, par révélation divine, que l’ennemy s’estait hasté de dépescher ce pauvre garçon, avant son arrivée, et, s’estant fait conduire là où estait le corps, il le fit détacher du croc et estendre sur le carreau et, ayant fait sa prière, il le ressuscita, en présence d’une grande multitude de peuple, qui rendit grâce à Dieu et à Saint Melaine ».

De l’autre côté de l’ogive l’artiste a peint saint Marc prosterné aux pieds de saint Melaine et lui demandant l’absolution pour une faute qu'Albert le Grand nous a aussi racontée : « Il alla, une fois, à Angers visiter saint Aubin, son compatriote et bon amy, et avait emmené en sa compagnie un saint religieux, nommé Mars (evesque de Nantes), originaire de la paroisse de Bagus, en son diocèse ; estant arrivé vers Saint Aubin, il y trouva saint Victor, evesque du Mans, et saint Lauton, evesque de Coutances, qui l’estoient aussi venus visiter ; le lendemain, ces cinq Saints allèrent visiter la chapelle de Nostre Dame du Ronceray, alors (maintenant dedans la ville) en deçà de la rivière du Maine, où saint Melaine célébra la messe, soit que saint Aubin lui déferast par honneur, ou, ce qui est plus probable, que l'evesché de Rennes, s’estendit jusqu’à la dite rivière, aussi bien que la domination de nos princes bretons. Selon la louable coustume de ces temps-là, il bénit les Eulogiee (pain) et les distribua aux autres saints, qui les receurent et mangèrent, saint Mars seul excepté, qui, pour quelque considération, serra la sienne dans son sein, et, à quelque temps de là, l’y estant allé chercher, il ne trouva plus son Eulogie, mais un hideux serpent qui luy ceignoit le corps, comme d’une ceinture, dont il fut extrêmement effroyé ; et, reconnoissant sa faute, il alla trouver saint Melaine, se prosterna à ses pieds, luy demanda pardon, receut sa benediction, et, incontinent, ce serpent reprit sa première forme d'Eulogie ».

La voûte ou plutôt le lambris a été récemment décoré d’arabesques par M. Jean-Louis Nicolas, qui y a peint les bustes des douze apôtres. Les extrémités des poinçons sont sculptées en modillons représentant deux licornes et deux personnages grotesques dont l’un, à panse rebondie, tient un verre à la main ; sous les voussoirs, il y a quelques mascarons fantaisistes.

Si on pénètre dans l’église par le portail de la façade ouest, et si on se place à l'entrée, on a un effet de perspective remarquable, c’est qu’on voit toutes les chapelles et que d’un même coup d’oeil on embrasse à peu près l’ensemble de l’édifice.

Le style employé est le gothique flamboyant de la première période. L’église est divisée en trois nefs à sept travées, dont les arcs ogivaux sont fort simples et naissent de piliers ronds ayant la moitié de leur base carrée. Des écussons, qui ont été martelés sous la Révolution, font saillie aux intersections des arcs. Nous avons vu dans la Réformation qu’ils portaient les armes des Quintin ; on y distingue encore celles de Kergariou et de La Forest de Keranroux. De l’époque de la construction, il n’y a qu’un nom qui survive, c’est celui d’un bienfaiteur qui a fait construire l’arcade et la fenêtre de la façade ; on trouve au-dessus de cette arcade — avec une pierre non badigeonnée — ces mots : « Menou Le Torgan fit faire cet arc ».

La frise de la nef présente des sculptures fantaisistes, dont les ornements infiniment variés, têtes couronnées, figures grotesques, personnages accroupis, animaux réels ou fantastiques, feuillages exotiques, attirent les regards. A l’extrémité de la frise, du côté du chevet, se voient deux anges aux ailes déployées. On doit remarquer aussi un système complet d’entraits sculptés, terminés en engueulement. Aux sous-faites des nefs latérales, on remarque de jolis pendentifs et des prolongements de sablières sculptées en figures de moines demi-grotesques.

Comme nos aïeux étaient moins prudes que nous, les artistes du XVème siècle, livrés à leurs fantaisies et emportés par la folle du logis, se laissaient aller à des débauches du ciseau et ne craignaient pas de livrer l’idée monacale aux railleries de la foule, en se moquant des vices des religieux indignes de porter la robe : aussi ne peut-on s’empêcher de sourire à la vue de ces sculptures pleines de verve et de mouvement. Plusieurs de ces grotesques semblent offrir l’image de la fainéantise et de l’ignorance ; d’autres ont été décapités ou mutilés de sorte qu’il est assez difficile de reconnaître la pensée de l’artiste. Ils portent tous des banderolles sur lesquelles devait être écrite une légende, qui malheureusement a disparu et qui aurait pu nous donner la clé de l’énigme que nous ne pouvons déchiffrer aujourd’hui.

Il ne reste aucune statue contemporaine de la primitive église, sauf celle de la Vierge que nous avons vue à l’entrée, par contre la sculpture y est représentée par deux objets d’art qui sont de vrais chefs-d’oeuvre ; nous voulons parler des orgues et du baptistère. La balustrade de la tribune des orgues qui est en chêne, est de la plus belle exécution gothique du XVème siècle et d’une conservation parfaite. Cette galerie est composée d’une suite de panneaux couronnés d’arcs en accolades, bordés et surmontés de crochets et de pinacles, qui sont découpée avec un rare talent et ciselés avec la plus grande perfection : c’est un point de malines brodé dans le chêne. Ces panneaux sont séparés par des pinacles à bases superposées d’un excellent travail. Le buffet d’orgue n’est pas non plus sans mérite et date du temps de Louis XIV.

Les fonts baptismaux, placés dans une petite chapelle à l’entrée de l’église du côté du nord, sont en pierre d’après la règle établie par les auteurs ecclésiastiques. Ils se composent de deux piscines de diamètres différents et de forme octogonale, taillées dans le même bloc de granit et portées sur un pédicule aussi octogone. L’eau purificatoire recueillie de la piscine principale dans la plus petite, va ensuite se perdre par un caniveau dans les fondations de l’édifice sacré. Les cuves sont surmontées d’un charmant baldaquin octogonal en chêne sculpté, qui est établi sur quatre colonnes corinthiennes très sveltes, dont les piedestaux sont ornés de têtes de bélier ; on remarque aussi les fûts, deux sont couverts de ramifications et de feuilles de lierre, deux autres de ceps et de feuilles de vigne où se reposent des oiseaux et des colimaçons. Entre les chapitaux, des pendentifs très-légers représentant des sirènes terminent cette première partie du baptistère qui a pour amortissement un dôme supporté par huit colonnes ; elles forment autant de niches contenant les statues de St Jean-Baptiste, St Marc, St Melaine, St Augustin, St Pierre, St Jean l'évangéliste et St Mathieu. Un autre dôme de très-petites dimensions couronne le tout. Au plafond du charmant édicule des consoles chantournées et réunies en pointe constituent un autre genre de pendentifs des plus gracieux, dont l’aspect est relevé par un fond d’azur orné d’arabesques blanches et de liserés d’or. Par la légèreté de son ordonnance, la délicatesse de ses ornements, son exécution remarquable, cette oeuvre d’art accuse, chez son auteur, une richesse d’imagination et un talent de ciselure qu’on ne saurait trop admirer. La chapelle qui le renferme a été peinte à fresque par M. Jean-Louis Nicolas ; au haut de la coupole il a placé le Père Eternel portant un globe dans la main et au-dessous le baptême du Christ.

On remarque à chaque chapelle des enfeux bien travaillée, les écussons qui les ornaient n’existent plus, mais il est facile de reconnaître les familles des prééminenciers et des bienfaiteurs auxquelles ils appartenaient, il n’y a pour cela qu’à s’en référer à la Réformation.

Le choeur ne se recommande que par sa boiserie moderne soigneusement travaillée et par la grande verrière qui remplit la fenêtre principale de l’église. Sans parler de la transparence et d’une harmonie suffisante de couleurs, on peut porter à l’actif de cette vitre le choix apprécié des sujets qui y sont contenus. D’abord, dans la rangée supérieure des trois baies rectilignes, on voit : 1° un Christ en croix accompagné de la Vierge et de St Jean ; 2° la Cène ; 3° la Résurrection. A ces tableaux correspondent dans la rangée inférieure des mêmes baies : 1° le sacrifice d'Isaac ; 2° l’arbre de vie devenu une cause de mort par la désobéissance d'Adam ; 3° la sortie d'Egypte. Ces trois sujets de l’ancien Testament ont une corrélation figurée et concernent respectivement les trois autres ci-dessus indiqués, ce qui donne les points culminants d’une période de plus de quarante siècles et affirme le berceau de la religion dans le paradis terrestre. Après la rangée des panneaux représentant les promesses et les figures, après l’autre rangée qui lui est superposée et qui exprime les réalités du nouveau Testament, il reste à dire un mot du tympan ou ciel de l'ogive consacré aux glorifications. D’abord l'Assomption, placée dans le lobe central inférieur ; deux anges tenant des instruments d’harmonie s’y rapportent ; ils occupent de petits panneaux latéraux. Dans le lobe le plus élevé de tous est figurée la Sainte-Trinité. Les panneaux de droite et de gauche contiennent des anges portant divers attributs et enroulements écrits. Enfin les deux grands panneaux placés un peu plus bas et latéralement ont pour sujets : 1° St Melaine, patron de la paroisse ; il présente les voeux et les prières des fidèles spécialement confiés à sa sollicitude ; 2° Ste Anne, qui est honorée dans cette église avec une piété particulière, intercède de même du côté de l’épître.

Ces explications assez souvent demandées sont ici suffisamment complètes. Quant aux qualités et aux défauts matériels inhérents à des compositions si compliquées, chacun les appréciera selon son degré d’instruction on son bon goût, en se rappelant toutefois que la matière mise en emploi est rigide sous tous les rapports. Cette verrière, qui est du travail de M. Clech, date de 1862. Si nous étudions les chapelles, nous voyons que presque tous les autels latéraux sont du temps de Louis XVI, excepté les statues, dont ils sont décorés, qui remontent pour la plupart au commencement du XVIIème siècle.

Le premier autel que nous trouvons dans le collatéral, du côté de l’épître, est celui des Trépassés, surmonté d’un tableau, « l'Ame sauvée » : c’est le meilleur tableau que nous possédions à Morlaix. L’auteur est un artiste du dernier siècle, François Valentin, né à Guingamp, le 3 avril 1738, et mort à Quimper, le 21 septembre 1805, laissant un nom qui eût mérité d’être plus connu à Paris où se voit l’un de ses bons tableaux : le Martyre de Saint Etienne dans l’église de Saint-Etienne-du-Mont.

Quelques personnes ont cru reconnaître dans le tableau que nous possédons, la manière du Valentin, peintre bourguignon du XVIème siècle, d’autres l’ont attribué à un artiste de l’école de Simon Vouët. Au milieu de ces différentes appréciations, nous avons voulu, pour éclairer notre religion, avoir l’avis d’une personne compétente pouvant lever tous nos doutes, et nous nous sommes adressé à M. Clech. Nous transcrivons ici sa réponse. « Monsieur, Si je réponds, avec un vrai plaisir, à la lettre que vous me faites l’honneur de m’adresser relativement à deux tableaux du Peintre breton Valentin, c’est à titre de simples témoignages ou renseignements qui me sont parvenus par suite de circonstances qu’il est inutile de rapporter ici. S’il en était autrement, ce serait une présomption déplacée de ma part, de donner cours à ces lignes, dans une ville où les artistes et les connaisseurs éclairés, en fait de beaux-arts, sont loin de faire défaut. Dans le cas dont il s’agit, les convictions réduites à elles-mêmes me paraissent insuffisantes, je crois donc devoir les motiver par la filiation des idées ci-dessous exprimées, dans le but d’approcher d’une part de vérité, et aussi de mettre à la disposition d’un annaliste quelques points de repère, que l’on regrette quelquefois de n’avoir pas rassemblés. Voyons d’abord le plus petit de ces deux ouvrages dit " l’Enfant Jésus ". Ce tableau qui n’appelle pas de loin, a la couleur, la grâce facile et l’aspect léger qui caractérisent son époque, c’est-à-dire la fin du XVIIIème siècle. Vêtu d’une tunique rouge, les jambes nues, le Divin Enfant est debout sur un globe ; sa pose se ressent de cette double condition : à savoir, une sorte de gène gracieuse produite par une surcharge relative de vêtements ; de plus le genre d’aplomb nécessaire à toute personne qui se tient sur une surface étroite ou peu commode. L'intérêt de cette position augmente par les bras ouverts de l’enfant ; c’est l’attitude du bon accueil, qui d’ailleurs continue parfaitement l’équilibre déjà si bien commencé ; le tout terminé par une physionomie empreinte d’une gaieté affable unie à une bonté compatissante. Sous ce dernier rapport cette figure était [Note : Nous disons " était " ; car bien qu’une partie de l’ancienne expression ne soit pas effacée, on est obligé d’avouer que malgré toute la sollicitude imaginable, elle se trouve affaiblie par des écaillures produites par le temps de complicité avec la mauvaise préparation à la colle que le peintre faisait subir à ses toiles, une restauration bien faite a enrayé le mal, mais il n’était pas possible de deviner les teintes fugitives oblitérées depuis longtemps] un vrai modèle de grâce enfantine. Deux groupes de têtes d’anges, qui avec le sujet principal se détachent sur un fond jaunâtre lumineux, font de ce tableau un des plus jolis ornements d’autel que l’on puisse voir en ce genre. Ce dernier tableau, aussi bien que la " Délivrance d’une âme du purgatoire ", dont il est ici question, estimés dès leur apparition, — il y aura de cela bientôt un siècle — sont devenus, vers l’année 1836, et depuis cette date jusqu’à nos jours, l’objet de vives critiques et de dédains plus apparents que réels de la part de quelques artistes, et de nombreux amateurs de peinture.  Cette réaction à la date précitée s’explique : c’était l’époque des pérégrinations en Bretagne, récemment mises en vogue par des romanciers et des poètes dont le nom retentit encore ; c’était aussi l’époque où quelques artistes se rencontrèrent inopinément dans notre ville. Enfin on peut ajouter que ce mouvement coïncidait avec la diffusion des théories du romantisme artistique et littéraire, qui excita ici aussi bien qu’ailleurs un engouement au détriment du passé. Valentin fut naturellement battu en-brèche. Son tableau du purgatoire fut trouvé pâle, sans expression, sans mouvement, et sans le moindre intérêt dramatique. Si ces reproches avaient été posés en antithèse, vis-à-vis du naufrage de la Méduse par Géricault ou bien de l'Atala de Girodet, le fait eût été compréhensible, mais non, le deuxième terme de l’opposition n’était formulé que par des dessins... quelque valeur qu’ils pussent avoir, encore convenait-il de maintenir une différence entre la mise en scène d’un simple trait et l’exécution complète d’un tableau de style élevé. sans avoir le droit on le désir d’infirmer les opinions contraire à Valentin, je suis du nombre de ceux qui croient que les partisans du mouvement dans une composition pittoresque, estimeront le groupe principal de " la Délivrance ". Ils trouveront sa composition originale, correcte, savante sous l’apparence de la simplicité ; ils pourront aussi défendre l’harmonieuse énergie des ombres, et les hardiesses exécutives du Peintre ; toutes ces qualités existent dans son travail, seulement elles se contrebalancent trop et il en résulte qu’aucune ne subjugue spécialement le spectateur........

Voyons actuellement si ces assertions sont vraies ? C’est Valentin lui-même qui va nous répondre en abordant sa page par ce que les peintres redoutent le plus, une figure en raccourci, l'Ange qui sert de préface à son oeuvre.

A cette difficulté il s’en joint une autre ; celle d’une notable surélévation au-dessus du point perspectif, dont la conséquence est de rendre souvent invraisemblables et laids les contours les plus corrects. Ce n’est pas tout, le Peintre spécifie cette figure, non par des teintes pâles et fugitives, employées le plus souvent à peindre des êtres essentiellement immatériels, mais par des ombres intenses, nettement accentuées ; de celles-là qui se convertissent inévitablement en lourds placards chez un exécutant qui ne possède pas à un degré élevé la légèreté du pinceau et la transparence de la couleur. Affirmer, ce qui est vrai, que le blâme n’a jamais « effleuré l'Ange », c’est reconnaître implicitement que le Peintre a gouverné son pinceau, sans encombre, entre des écueils voisins. Le résultat obtenu jusqu’ici, c’est de pouvoir développer par la perspective aérienne l’étendue du Messager céleste : Valentin, par des touches brillantes dont il connaît fort bien la valeur, peut le faire ressortir en grand relief sans autre limite que de sauvegarder la vraisemblance des proportions et de rester dans le plan assigné par l’économie générale du tableau. Le mouvement de l'Ange en question est aussi ce qu’il doit être ; il est au vol ; il tient parfaitement « l'Ame » représentée par un jeune homme ; son action est complète ; plus accentuée, elle fût devenue une contorsion. Nous venons de parler « de l'Ame » ou du jeune homme qui s’élance « du lieu de son exil » ; il offre nécessairement les mêmes difficultés que son auxiliaire, et apporte de plus un surcroît d’obstacles ; la réalisation picturale du corps humain. Si ce dernier thème est très-déchiffrable à un bon peintre, il n’est pas moins vrai qu’un artiste ne s’engage jamais à résoudre ce problème sans s’être assuré une lumière de son choix. Cette lumière est habituellement presque de face, d’un éclat modéré, propre à produire ce modelé qu’on admire dans une foule de bons ouvrages.

Mais ce n’est pas ce qui a lieu ici ; Valentin subit sans ambages les conséquences de la lumière locale ; par suite, un trait de hardiesse devient inévitable ; l’obligation d’envelopper d’obscurité une notable partie de la figure principale, et, par surcroît d’audace — le mot paraît exagéré, — de projeter sur la poitrine du jeune homme une ombre vive et déterminée, qui, médiocrement conduite, eût entraîné une solution de continuité à cette place.

Pour ne pas nous complaire dans des détails techniques, nous ajouterons brièvement que l’artiste a donné aux carnations de son tableau l’éclat suffisant qui convient à des êtres qui sont parvenus ou qui touchent au terme de leur suprême épuration.

On peut remarquer aussi qu’ils s’enlèvent, selon les lois d’une vigoureuse harmonie, sur le champ qui leur sert de fond. De ce qui précède se déduit une vérité incontestable ; l'habileté pittoresque du peintre, et la possession d’un talent suffisamment vigoureux pour faire usage de ses propres ressources. Si Valentin n’avait pas été un artiste idéaliste, il eût pu se proposer un programme plus commode à suivre ; il se fût dit : Je vais poser au fond du tableau un ange debout ; il tendra la main au « délivré » ; ses ailes de « blanche colombe » bien développées avec reflets nacrés sur fond d’azur et auréole d’or, feront un effet saisissant. Quant aux flammes, elles feront harmonie d’ensemble avec une rangée de bustes un peu rougeâtres et de visages éclairés de dents blanches ; le tout sera très-joli. Certainement cette conclusion eût été ratifiée par un grand nombre de spectateurs.

Mais il est plus que temps que nous revenions aux trois figures qui complètent la « Délivrance ». D'abord la jeune fille qui se croise les bras au bas du tableau, un peu à droite, est bien d’expression et d’attitude ; la personne qui élève les bras au second plan à gauche, a aussi l’animation qui convient ; enfin, le vieillard assis, vu presque de dos, à cause de la lumière qui l’éclaire, ne pouvait avoir un mouvement trop accentué, sans nuire au groupe principal ; par là même, il aurait rompu la grande spirale d’ensemble à laquelle il appartient, et troublé l’aspect de la composition trop blâmée de notre artiste. Mais ce vieillard, surtout, aussi bien que la plupart des visages qui l’entourent, y compris l’ange, pouvaient fort bien, ce me semble, offrir des accents de vie plus énergiquement prononcés, et cela d’autant mieux, que Valentin a souvent fait preuve positive de capacité sous ce rapport.

Les ternissures produites par l’humidité, les ravages du temps et quelques imperfections de détail, dont quelques-unes volontaires pour mieux supporter les effets de l’éloignement, rendent défavorable au peintre la vue trop rapprochée de son tableau. Il est vrai qu’en évitant ce reproche, il s’en fût probablement attiré un autre, celui du poncif.

Mais grâce aux qualités intrinsèques que renferme cette oeuvre ; à distance et avec le concours d’une lumière modérée, elle produit les effets de la bonne et grande peinture, abstraction faite des circonstances extérieures, celles de terminer dignement divers points de perspective et de faire une demi-illusion au milieu de légers nuages d’encens.

L’analyse que nous venons de soumettre au lecteur qui s’est donné la peine de la lire, n’est à notre regret que la moitié d’un litige.., ici s’élèvent de nouvelles questions.

Valentin qui a peint l'Enfant Jésus, est-il aussi le peintre du Purgatoires ? Non, disent les uns, les genres sont différents ; le premier travail est pâle, le second foncé. Réponse : Une scène de douleur et d’exil est très-différente d’un Enfant-Dieu dans une gloire d’anges. Refuser ce discernement et le contraste qui en résulte, c’est refuser à un peintre habile ce que l’on accorde tous les jours à un enfant de cinq ou six ans, quand il colorie des « images ».

Il a toujours été de notoriété à Morlaix que les deux tableaux étaient de la même main. Cette opinion, chez plusieurs témoins, était corroborée par la vue des quittances autographes du peintre ; elles m’ont été aussi communiquées, en 1849, par M. Keramanach, curé de notre ville. Peut-être existent-elles encore. Enfin les personnes à qui ces témoignages ne suffiraient point peuvent consulter le Voyage dans le Finistère (p. 148 de l’édition in-4°) par Cambry, et y lire une note que Valentin seul a pu communiquer à l’auteur de l'itinéraire, lorsqu’ils se virent à Quimper.

Cette liste commence ainsi qu’il suit : 1° Le Martyre de St-Etienne, exposé dans le salon de Le Brun, en 1790. Il appartenait à l’évêque de Saint-Brieuc, Renaud de Bellecise. Il est à présent à Paris .... 2° Deux tableaux à Morlaix, l'Enfant Jésus sur un globe et la délivrance d’une âme du Purgatoire [Note : Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère. Vous devez au citoyen Gratien, dit encore Cambry, la conservation de deux tableaux du citoyen Valentin. Ils sont encore dans la ci-devant église de St-Melaine. Un de ces tableaux présente l'Enfant Jésus sur un globe, l’autre offre un ange arrachant un jeune homme aux flammes du Purgatoire. Ces morceaux sortis du pinceau d’un artiste de la ci-devant Bretagne, par cette particularité et par leur mérite, sont dans le ras d’être ménagés par des ci-devant Bretons et par des amateurs de la peinture].

Or il appert de cette note authentique d’une part et d’un consentement unanime de tous les critiques d’autre part, que le Martyre est !’oeuvre de Valentin, donc il s’ensuit que les trois tableaux sont indivisiblement de la même main. Le lecteur est peut-être porté à croire que la question s’éclaircit ? Illusion ! Un curieux, artiste ou amateur, aura rencontré dans les catalogues ou biographies de peintres, le nom de Valentin (Moyse, né à Coulommiers, en Brie, en 1600, mort en 1638), de là une confusion de noms et d’attributions de tableaux à peu près inextricable... Par suite les amis des arts se sont instinctivement formés en trois groupes.

Le premier, composé des Con fusionnistes, par erreur attribuant à « Le » Valentin, les ouvrages de notre Peintre breton. Le deuxième groupe variant d’opinions selon l’occurrence. Le troisième rendant à chacun ce qui lui appartient. La vérité est que ces deux artistes n’ont rien de commun que le nom, et, nonobstant les qualités réelles de notre Breton, il y a lieu de convenir que son homonyme possède un tempérament artistique infiniment plus robuste que le sien. A cette qualité le Valentin sut ajouter de l’adresse et du savoir-faire, en se ménageant de puissants protecteurs entre autres le cardinal Barberini qui lui procura en commande pour l’église Saint-Pierre de Rome, le Martyre des Saints Processe et Martinien. Cet ouvrage valut au Peintre les honneurs de la reproduction en mosaïque. Ce même artiste a traité toutes sortes de sujets, tirés de l’histoire aussi bien que de la vie commune, tels que joueurs de cartes, diseurs de bonne aventure, etc. Sa manière était celle des vifs contrastes de lumière sur fonds extrêmement sombres ; procédé auquel il en ajoutait un autre non moins expéditif, celui de peindre des scènes complètes avec des figures vues seulement à mi-corps. C’était-là son usage habituel.

En ce qui concerne le classement relatif de Valentin, entre les Peintres de l’école Française, c’est un fait qui ne peut avoir lieu que par la comparaison d'oeuvres originales rassemblées dans un Musée ou une Exposition.

Néanmoins, nous croyons que s’il n’était pas possible à notre peintre de lutter à armes égales vis-à-vis des bons ouvrages des Maîtres connus, il ne perdrait que peu ou point dans le voisinage de leurs oeuvres moyennes ; et même par ses meilleurs dessins et ses portraits pourrait-il y obtenir des succès mérités ; ce qui d’ailleurs n’aurait pas lieu pour la première fois.

Cette longue explication a sa raison d’être à Morlaix, en ce quelle se rapporte aux deux seuls tableaux un peu distingués, visibles à tout le monde ; Valentin s’y est trouvé comme un peintre médaillé, et à ce titre aussi bien que par sa valeur, il y a reçu un accueil d'estime. Naturellement le « monde des arts » a voulu s’assurer si cette médaille avait un revers, et quelques-uns ont cru y lire cette légende connue : Ni excès d'honneur ni indignité. Agréez etc. E. CLECH. Morlaix, le 21 novembre 1878 ».

La seconde chapelle est celle de l'Enfant-Jésus adoré par les Anges. Les grisailles sont de M. Lobin, de Tours. Au-dessus de l’entablement de l’autel s’élève une niche à fronton circulaire, avec pilastres et enroulements, le tout supporté par deux colonnes d’ordre composite d’un faire délicat et gracieux. Sur la paroi opposée est placée une copie d’un ex-voto du vieux Palme, « l'Adoration des bergers, » donné par Jules Simon, ministre des Beaux-Arts, sur la demande du général Le Flô. L’original de ce tableau a fait partie du plus riche musée qui ait jamais existé dans l'Europe moderne, celui du Louvre, en 1811.

Voici la courte notice qu’on lit dans le catalogue : Ex-voto. La Vierge et St Joseph présentent l'Enfant Jésus à l’adoration d’un jeune berger, dont les compagnons, dans le lointain, regardent avec surprise la venue du Messie. Une femme à genoux et les mains jointes, placée derrière la Vierge, est présumée la donatrice du tableau. Plusieurs personnes l’attribuent à Paris-Bordone. Après ces détails, il n’y a que peu de chose à dire de cette oeuvre, si ce n’est que la couleur et le clair-obscur en sont les qualités dominantes.

La troisième chapelle est dédiée à Notre-Dame-des-Neiges. L’autel est très-simple, et la statue de la Vierge qu’on y voit, sans être une oeuvre d’art, a un caractère de gracieuse simplicité. Les vitres en grisailles de cette chapelle, ainsi que celles des Trépassés, sont de M. Nicolas.

Si nous passons aux chapelles de la nef latérale du côté de l'Evangile, nous trouvons l’autel de Sainte-Anne. La statue de la mère de la Vierge, malgré son exécution d’une simplicité naïve, est en si grande vénération dans la paroisse qu’on serait mal vu d’en demander le remplacement.

En descendant, on rencontre la chapelle de Saint-Vincent-de-Paul. L’autel, dont la construction remonte au commencement du XVIIIème siècle, vient de l’église Saint-Fiacre aujourd’hui démolie. Il est composé de quatre colonnes corinthiennes d’une remarquable finesse d’exécution, avec un riche entablement surmonté d’un attique, renfermant une statue du saint patron de la chapelle. Le tableau qui est au-dessus du tabernacle représente le même saint personnage. Cette oeuvre, due au pinceau de M. Schopin [Schopin (Henri-Frédéric), peintre fiançais, né de parents français, à Lubeck (Allemagne)], a été accordée par le gouvernement, sur la demande de M. de Keranflech, député à la Constituante, en 1849. La figure du saint a la sérénité de l’homme utile et dévoué, s’oubliant dans les autres avec la satisfaction du devoir accompli. Quelle douceur dans le regard, quelle expression de bonté, et, comme on sent sous la bure, battre un coeur chaud, surexcité par les plus nobles sentiments ! Ce tableau est exécuté avec une fermeté de pinceau et une richesse de coloris qui dénotent le véritable artiste.

La dernière chapelle est consacrée à Notre-Dame-du-Rosaire. On y voit un autel composé de deux colonnes avec fronton, remontant à 1780, ainsi que quelques autres travaux de la même église. Le retable est occupé par un tableau représentant la Vierge et l'Enfant Jésus. Elle donne un chapelet à Saint-Dominique. Presque tout l’intérêt de cette modeste peinture est concentré sur la figure du saint, dont la ressemblance a été puisée à la meilleure source d’authenticité qui existe à l’égard de St-Dominique : Le couronnement de la Vierge, au musée du Louvre, peint par le bienheureux Angélique de Fiésole. C’est sur une étude faite d’après les admirables miniatures du tableau original qu’a été reproduite la figure dont il est ici question (1850).

Il y a aussi à la même chapelle un vitrail renfermant trois sujets sous des dais et pinacles blanc et or : la Nativité, l'Annonciation et la Présentation au temple. Le motif de ce dernier sujet est une oblation ayant une grande affinité avec celle du calvaire, de là l’attitude de l'Enfant Jésus étendant les bras comme en croix ; de là aussi une croix rouge, « en projection horizontale » sur une table à draperie verte transformée par suite en autel de sacrifice.

Ce vitrail et le tableau du rosaire sont de M. Clech, de Morlaix. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous trouvons dans l’ouvrage de M. Riou, Promenades dans le Finistère, ce jugement porté sur les travaux de notre compatriote : « Une des chapelles latérales de la cathédrale de St-Pol est décorée d’une fresque qui représente le jugement dernier. Cette curieuse peinture, où l’art de grouper les personnages et le sentiment de la couleur sont portés à un haut degré, est due au pinceau de M. Clech, de Morlaix. L’église du Collège possède aussi, à droite du choeur, un vitrail très-remarquable construit sur les dessins du même artiste ».

Enfin, un peu plus bas, près du baptistère, la mise au tombeau éclairée par un jour d’en haut, malgré la naïveté relative à l’exécution des statues, touche le coeur et lui fait éprouver une véritable émotion.

Le sol de l’église était autrefois presque entièrement pavé de pierres tombales que la Révolution a fait disparaître. Quelques-unes cependant subsistent encore et portent les armes de ceux qui y dorment leur dernier sommeil. En sortant de l’église, nous lisons sur le mur de soutènement de l’escalier, sur le côté sud, une inscription ainsi conçue : BONNES GENS QUI PAR ILLEC PASSÉS PRIEZ DIEU POUR LES TRÉPASSÉS. Cette inscription est en relief et en caractères très-allongés ; elle semble de la fin du XVème siècle ; elle était placée devant l’ossuaire qui s’élevait à droite du portail latéral et qui a disparu, en 1780, lors du remaniement des autels latéraux [De Wismes (le baron). Association bretonne. Rapport sur l’excursion archéologigue faite dans la ville de Morlaix. Guilmer, Morlaix, 1851. passim.].

En terminant cette étude, nous devons dire que toutes les dégradations de cette église ne sont pas dues à la Révolution ; il en est plusieurs qui sont l’oeuvre de l’incurie, de l’ignorance et du faux goût : telles sont l'enlèvement des meneaux vers la fin du XVIIIème siècle, pour donner à l’édifice un caractère moderne, le badigeonnage à l’intérieur sous la Restauration, la démolition du campanile et la prétendue restauration du baptistère, qui eut lieu sous le règne de Louis-Philippe ; à cette époque on jeta hors de l’église les piscines de granit pour les remplacer par une espèce de mortier de droguiste. Alors le clergé n’avait pas toujours le respect scrupuleux des souvenirs du passé, dont il était cependant le gardien, et il ne se génait nullement pour enlever ou mutiler des objets d’art, ainsi que nous venons de le constater. Le clergé contemporain ne suit pas les mêmes errements et nous dirons à sa louange qu’il a le sentiment de l’art. M. Sévézen, depuis qu’il est à la tête de la paroisse Saint-Melaine, a cherché à réparer les dégâts que ses devanciers avaient laissé opérer. C’est à lui que nous devons les fenêtres qui sont au-dessus de la frise de la nef principale, les peintures décoratives, la conservation du tableau de l'Enfant Jésus de Valentin, la restauration des fonts baptismaux dans leur disposition primitive, la mise au sépulcre et d’autres travaux d’embellissement conduits avec goût et habileté : en cela il a bien mérité de l’archéologie et nous devons lui en être reconnaissant.

Des Prieurs et Recteurs de Saint-Melaine : - 15... Jean Mathui. - 1593. François Mazé. - 1596. Gaudfroy Le Gualès. - 1598. Goulven Le Goff. - 1613. Geffroy Le Gualès, promoteur de l’archidiaconé de Plougastel. - 1636. Laurent Bernard. - 1641. N. de Varennes. - 1651. Jean de Bruillac. - 1656. Yves Le Helloco. - 1670. René Duval. - 1704. N. de Crésolles. - 1706. N. Gourvant. - 1707. Jean-Baptiste de Crésolles. - 1748. N. de Trolong. - 1750. N. Guillouzou. - 1753. J. Guillou de Pontusval. - 1762. Alexis Le Cleir des Aulnais. - 1778. V. Guillou le Pennanquer. - 1779. N. Le Noannès. - 1791. Derrien, curé constitutionnel. - 1856. (26 janvier) Jean-François Alexandre, chanoine honoraire. - 1859. (29 août) Christophe-François Léon. - 1861. (4 mars) Victor-Marie Londin. - 1870. (15 avril) Alexis-Julien Bergot, chanoine honoraire. Il passe supérieur du grand séminaire. - 1872. (14 octobre) Jean Sévézen.

Parmi les procureurs nobles (marguilliers), nous ne trouvons que, Jean-Marie Lemerer de Trevegan, Yves-Marie Fournier et Charles Sermensan, vers 1769.

Chapelle Saint-Nicolas. La chapelle Saint-Nicolas, qui n’existe plus aujourd’hui, était située au haut du coteau, près de l’embranchement des routes de Lannion et de Guingamp. Il est fait mention de cette chapelle avant le XVIème siècle, elle n’avait rien de remarquable. Elle appartenait à la ville et avait un gouverneur choisi parmi les membres du corps de ville. Auprès de cette chapelle se trouvaient un petit bois et un cimetière où étaient enterrées les personnes qui suivaient le culte réformé. Cette chapelle était encore debout, en l’an VIII ; à cette époque, la municipalité fit marché avec un nommé Souettre, maçon, pour en faire un corps de garde. Ce citoyen fut autorisé à la partager en deux parties et à établir une buvette dans la partie qui n’était pas occupée par le corps de garde [Délibération du 12 pluviôse an VIII (1er février 1800)]. Il devait faire ces réparations à ses frais, et, comme compensation, il eut le privilège de ce débit de boissons, assez achalandé les jours de marché, et la jouissance des matériaux de l’édifice : il n’en reste plus aujourd’hui la moindre trace ; aucune pierre n’en rappelle l’emplacement. Le champ, où elle était bâtie, porte maintenant le nom de Saint-Nicolas et sert de champ de foire pour les chevaux de luxe, les jours de marché. Cette année, le 18 juillet, l’échafaud s’y est dressé pour l’exécution d’un assassin, condamné à la peine de mort : c’est la dernière fois que le bois de justice se sera élevé sur une place publique, si, comme nous l’espérons, on adopte la loi qui est soumise au corps législatif et qui ordonne qu’à l’avenir les exécutions auront lieu dans l’intérieur des prisons.

Chapelles de la Magdeleine et de Saint-Charles. La chapelle de la Magdeleine s’élevait au centre du petit village auquel elle a donné son nom et qui est situé sur un plateau, entre la route de Guingamp et celle de Lannion ; ce lieu s’appelait encore la Maladrerie. C’est là qu’étaient relégués au moyen âge les lépreux, ladres, caqueux, en breton cacous, qui rappelle le mot grec kakos, signifiant mauvais ou malsain. A cette époque, ces pauvres parias étaient publiquement séparés de la société. Dès que le médecin avait légalement constaté sur un malheureux les stigmates de la lèpre, le curé de la paroisse, revêtu du surplis et de l’étole, se rendait en procession à son domicile où le malade l’attendait sur le seuil, la tête couverte d’un poële noir. On le conduisait à l’église où l’on chantait une messe de Requiem, et le Libera, après quoi on l’accompagnait, au milieu des chants lugubres, dans la maison qui lui était destinée. Le prêtre lui jetait une pelletée de terre sur les pieds et bénissait sa loge, puis avant de le quitter, il lui faisait les recommandements suivants : « Je te défens que jamais tu n'entres, ou en moustier, en foire ou en marchés, ne en compaignie de gens sains. Je te défens que tu ne voises point hors de ta maison sans ton habit de ladre et ta tartelle, afin qu’on te cognoisse ; et aussi que tu ne voises point déchaux. Je te défens que jamais tu ne laves tes mains, ne autre chose d’autour de toi, en rivaige, ne en fontaine, ne que tu n’y boives ; et si tu veulx de l’eau pour boire, puises-en en ton escuelle ou en ton baril. Je te défens que tu ne touches à chose que tu marchandes ou acheptes, jusqu’à tant qu’elle soit tienne. Je te défens que tu n’entres point en tavernes ; et si tu veulx du vin, soit que tu l’acheptes, soit qu’on te le donne, fais-le entonner en ton baril. Je te défens que tu ne habites à aultre femme que la tienne. Je te défens que si tu vas par chemins et encontres aucune personne qui parle à toi, ou qui t’arraisonne, que tu te mettes au-dessous du vent avant que tu répondes. Je te défens que tu ne voises point par estroites ruelles, afin que si tu encontres aucune personne, elle ne puisse pis avoir de toi. Je te défens que si tu veulx passer par aulcun passage, tu ne touches point au puits, ne à la corde, si tu n’as mis tes gants. Je te défens que tu touches à enfans, ne leur donnes auculne chose. Je te défens que tu ne boives ne manges à aultre vaisseau que au tien. Je te défens le boire et le mangier avec compaignie, sinon avec meseaulx »

Après leur mort ils étaient enterrés dans un cimetière particulier et on croit que celui de Sainte-Marthe leur était réservé. La profession de ces peuplades maudites était celle de cordiers ou celle de tonneliers ; jusqu’à nos jours les habitants de ce village ont exercé ces professions ainsi que celle de muletier.

La chapelle de la Magdeleine était une altaristie ; elle dépendait de l’archidiacre de Plougastel qui percevait une dîme dans les terres du quartier de la Magdeleine. Cette chapelle fut démolie, en 1799. Dans la même paroisse s’élève encore une autre chapelle, celle de Saint-Charles construite, en 1828, dans l’intérieur du cimetière du même nom qui avait été ouvert, en juillet 1826. Elle est fort simple et d’un style moderne. La voûte est décorée de fresques peintes par M. Nicolas.

Enfin, à l’embranchement de la rue des Fontaines et de la venelle des Fontaines, on voyait la Croix de la Lanterne, devant la quelle on entretenait constamment une bougie allumée. Comme sur l’autel de Vesta, cette lumière ne devait jamais s’éteindre, car, d’après les traditions locales, le jour où elle s’éteindrait, Morlaix devait disparaître dans les eaux de la mer. Cette tradition, dont les équivalentes sont assez nombreuses sur le littoral breton, s’est oubliée, depuis que la Révolution a renversé la croix et éteint la lanterne (J. Daumesnil).

Ville de Morlaix - Bretagne Voir Histoire des monuments religieux de la paroisse de Saint-Melaine à Morlaix.

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