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LES ANCIENS ORGANISTES DE LA CATHÉDRALE DE NANTES |
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C'est au XVème siècle, bien avant le transfert de l'orgue dans la tribune actuelle que nous trouvons trace des noms des organistes.
En 1451, il est question de Johannes, prénom d'un organiste dont le nom de famille ne nous est pas parvenu.
En 1465, l'organiste s'appelait Pierre Priou.
En 1480 et 1481, nous relevons les noms de Prigent et Charrier, de Guillaume Ruaux et Maurice Charrier, en 1483.
De 1507 à 1521, Etienne Pine, de Bourges et Thomas des Landes se succédèrent l'un à l'autre.
En 1521, nous ne trouvons que le prénom de l'organiste : Barnabé.
Le 26 novembre 1539, Maître Etienne Libourne est « institué » organiste de la Cathédrale, il y reste jusqu'au 6 avril 1547, date de sa mort.
Maître Jehan Touteau lui succède. En 1562, celui-ci se démet de ses fonctions et présente pour successeur, son disciple Pierre Rivière, élève de la Psallette depuis ses plus jeunes années.
Michel Cerisier est organiste en 1574 ; il y reste peu de temps sans doute, puisque nous savons que son successeur, Maître Jacques Dominel, mourut le 18 décembre 1577, d'une mort tragique. Il venait de souper à la Psallette, lorsque rentrant dans la nuit, il fut attaqué et étranglé par des malfaiteurs, entre la maison de l'archidiacre de Nantes et le cimetière de la Psallette.
André Bouvier succède au précédent.
A cette époque, à Nantes, comme d'ailleurs dans la plupart des villes, la Psallette était un petit conservatoire, une pépinière de chanteurs et d'organistes. L'organiste du grand orgue y enseignait l'épinette et l'orgue et formait les organistes d'accompagnement. Le Chapitre pourvoyait à l'achat des instruments nécessaires.
En 1587 c'est Leheule qui joue le grand orgue. Le 11 avril 1588 Charles de la Verdure lui succède. Il y reste jusqu'en 1591.
Le 13 février de cette année, Robert Denain, prêtre du diocèse d'Amiens, entre en fonctions. De 1615 à 1623, c'est A. Bouvier. A ce moment, la musique était très en honneur à Nantes. En 1616, au Collège des Oratoriens, on établit une classe de musique où le contrepoint fut enseigné.
En 1624, l'organiste a nom Charles Pillet.
Gabriel Lepaige débute en 1627 et meurt le 23 juin 1647.
Reçu le 6 septembre de la même année, François Néron, du diocèse de Poitiers, mourut en août 1678.
René Néron, frère du précédent et organiste de la collégiale Notre-Dame, remplaça son frère pendant quelque temps.
En 1679, nous trouvons Julien Louin. Il mourut le 15 janvier 1686.
Jean Loiseau, né à Tours, fut reçu le 10 mai 1686.
Le 19 août 1697, on confie l'orgue à Yves Lemarié, clerc tonsuré du diocèse de Quimper.
En 1712, Denis Boucherie, puis Jean Picot, mort en octobre 1721.
Jacques Collesse Devoleard est nommé en 1722.
Il a pour successeur Jean Bourdais qui démissionna en septembre 1748.
Mathieu Desforaz ou Desforatz, devint organiste de la Cathédrale le 22 février 1749 aux appointements de 600 livres par an. Si l'on tient compte de la valeur de la livre à cette époque il faut avouer que ce traitement n'était pas à dédaigner, et que maint organiste d'aujourd'hui le lui envierait.
Desforaz était originaire de Toulouse. Un de ses parents, Charles Desforaz, était d'ailleurs, à cette époque, organiste dans cette ville. C'était, paraît-il, un remarquable professeur de clavecin, qui ayant formé d'excellents élèves, se retira à Paris après fortune faite.
Jean-Christophe Walther, lui succéda le 14 novembre 1771, aux mêmes appointements de 600 livres par an. C'était le fils du grand Walther (Johann-Gottfried), le collègue, l'émule et l'ami de J.-S. Bach à Weimar, celui dont Mattheson disait que c'était un « second Pachelbel » [Note : Johann Pachelbel (1653-1706), organiste et compositeur célèbre, dont l'influence fut grande sur le génie de J.-S. Bach]. En 1732, Johann-Gottfried publiait un « Musikalisches Lexicon » rempli de renseignements intéressants sur la musique de son temps. Fils d'un tel musicien, Jean-Christophe Walther était lui-même un compositeur remarquable.
Il était d'usage à cette époque de donner dans les églises, pendant les offices ou en dehors, des auditions d'orgue de chant ou d'instrument. Ces auditions étant souvent données par des artistes de passage, on les appelait dans certaines contrées des « passades ». C'est ainsi qu'en 1772, pour les fêtes de Pâques, un violoncelliste célèbre, du nom de Lamarre, vint jouer de la basse de viole à la Cathédrale. La délibération du Chapitre porte qu'il lui fut payé 12 livres pour la semaine sainte et Pâques.
Fait amusant à noter : Par un arrêté porté en 1774, l'organiste était exempt « du logement des gens de guerre et du service de la milice bourgeoise ». Cette faveur était d'ailleurs accordée à d'autres employés de l'Eglise : les souffleurs, le sonneur et les quatre bedeaux.
Si maintenant, nous continuons à relever les noms des organistes, nous voyons que le 13 novembre 1776, Denis Joubert, du diocèse d'Angers, fut nommé organiste, au prix de 600 puis 700 livres. C'est à la suite d'un concours qu il avait obtenu cette situation.
Joubert était un compositeur assez remarquable. Il écrivit la partition d'un opéra : La Force de l'Habitude, et il fit exécuter dans les concerts, un oratorio : La ruine de Jérusalem ou le Triomphe du Christianisme.
En 1782, on lui offrit 1300 livres pour jouer l'orgue à Mayenne. Le Chapitre, désireux de le conserver, lui accorda 800 livres. Rappelons qu'il fil réparer l'orgue par Clicquot et qu'il le sauva pendant la Révolution.
Lorsqu'on rétablit le culte à la Cathédrale, il y fut donné un concert au cours duquel Joubert et deux autres organistes se firent entendre. Celui-ci se montra nettement supérieur à ses collègues, aussi fut-il rétabli avec enthousiasme dans ses fonctions.
L'orgue passe ensuite en des mains féminines. Le 9 novembre 1808, Mlle Aimée Goutel, âgée de 19 ans, était nommée organiste. Une inscription gravée sur les murs de la tribune le rappelle.
Après elle, François Benoist devint organiste titulaire de la Cathédrale. C'était le fils de M. Benoist, chef du bureau de la comptabilité à la Préfecture et trésorier de la fabrique de Saint-Pierre.
François Benoist était un merveilleux improvisateur. Fétis disait de lui qu'il était le seul organiste de France capable de lutter avec les Allemands.
En 1815, il quittait la Cathédrale pour devenir pensionnaire du Roi à l'Académie de Rome, pendant trois ans. Puis il fut appelé au Conservatoire de Paris, comme professeur d'orgue. Benoist eut l'honneur d'avoir dans sa classe, une pléiade d'illustres organistes, parmi lesquels il faut citer : Chauvet, Th. Dubois, et surtout César Franck qui devait d'ailleurs lui succéder dans ce poste.
A cette époque vint une série d'organistes dont on n'a guère conservé que les noms : Legendre, Duclos, Poulleau, Hildebrand, Meyer, puis en 1825, Lupperger.
Nicolas Minard est le premier membre d'une famille qui, pendant près d'un siècle, fournira des organistes au grand orgue de la Cathédrale.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, on était organiste de père en fils dans beaucoup d'églises de Paris. Les noms des ‘’ Couperin ", des " Bousset ", des " Gigault ", des " Thomeliné ", des " Houssu ", et d'autres, évoquent de longues dynasties d'organistes.
Il en fut de même à Nantes, pendant la plus grande partie du XIXème siècle et le début du XXème.
Nicolas Minard devint organiste titulaire de la Cathédrale, en 1831. Avant cette époque, l'orgue étant devenu vacant, il venait déjà remplir ce poste chaque dimanche, dans son " coucou ", de Paimbœuf, où il était receveur particulier des Finances. Nicolas Minard avait d'ailleurs « de la race », il était le neveu et l'élève de Nicolas Sejan, le célèbre organiste de Saint-Sulpice.
André-Louis-Albert Minard, qui succéda à son père en 1834 était né à Paimbœuf, en 1814 ; il fut élève de son père et de Rebeyrol, artiste nantais, lauréat du Conservatoire de Paris. Membre de la Société Archéologique de Nantes, en 1869, il avait lu à une séance de cette Société, un rapport sur l'orgue. André Minard mourut le 11 juin 1872.
Legrand, Ernest, son neveu, né à Paimbœuf, en 1839, succéda au précédent en 1872. Il se destina d'abord aux finances, mais reconnut vite qu'il était plus fait pour les claviers que pour les chiffres ; il partit donc à 18 ans à l'Ecole Niedermeyer, illustre pépinière d'organistes et de compositeurs : Saint-Saëns, G. Fauré, Gigout, Boelmann, et combien d'autres !
Organiste à Saint-Clément a partir de 1861, il y fit placer un bel orgue de Cavaille qui se trouve en ce moment (vers 1924) dans la chapelle Saint-Stanislas.
M. Legrand a laissé parmi ceux qui l'ont entendu à la Cathédrale, le souvenir d'un improvisateur remarquable. Ajoutons aussi qu'il écrivit, comme compositeur, une œuvre assez importante : Messes, Psaumes pour chœurs et orchestre, mélodies...
A sa mort, l'orgue ne resta pas dans les mains de la famille Minard-Legrand, mais il y revint peu de temps après.
M. Bélédin succéda à M. Legrand en 1889. Compositeur lui-même, il écrivit dans le Journal des Organistes, plusieurs pièces de valeur et d'un très bon style d'orgue. Démissionnaire en 1894, il fut remplacé par son fils, M. Albert Bélédin. Celui-ci entra en fonctions en avril, exactement le jour du Jeudi-Saint. (Coïncidence assez curieuse, c'est un jeudi aussi que la mort le terrassant, l'enleva à son poste). Par son mariage avec Mlle Legrand, M. Albert Bélédin remettait l'orgue entre les mains de la famille Minard-Legrand, où il s'était déjà trouvé durant de longues années. Pendant près de 30 ans, M. Albert Bélédin devait tenir l'orgue avec une exactitude et une régularité exemplaires. Depuis longtemps fatigué, il se traînait littéralement à son instrument les derniers temps de sa vie. Bel exemple d'énergie et d'amour de son art. Qu'il l'aimait son vieil orgue, avec quels accents il en parlait ! Son collègue et ami, devenu depuis son successeur, devait rendre à cet homme modeste, mais de réelle valeur, l'hommage mérité.
La mort le foudroya dans la rue, pendant qu'il se rendait au Conservatoire de Musique faire son cours. C'était le jeudi 22 juin 1922.
L'auteur de ces lignes, l'abbé Marcel Courtonne, lui succéda.
Les hommes passent, le vieil instrument des Girardet, des Lépine, des Clicquot demeure. Planant au-dessus de toutes les contingences humaines, auxquelles il est cependant toujours mêlé, l'orgue ne participe-t-il pas un peu à l'éternité de Dieu qu'il a la mission de chanter !
REMARQUE : Félix Moreau (1922-2019), né en 1922 à Aigrefeuille sur Maine (Loire-Atlantique), est petit-fils et fils d’organistes et est organiste titulaire du grand orgue de Nantes à partir de 1954. Aujourd'hui l'orgue de choeur est indifféremment joué par les trois titulaires actuels : Marie-Thérèse Jehan (depuis 2002), Michel Bourcier et Mickaël Durand. En 2019, Madame Gaëlle Coulon rejoint l'équipe des organistes comme organiste suppléante.
(Marcel Courtonne).
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