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LA FORTERESSE DE PIRMIL.

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I.
La ville de Nantes avait, au moyen-âge, trois principaux ouvrages de défense : c'étaient le château ducal de la Tour-Neuve, le Bouffay et la forteresse de Pirmil.

Aucune notice n'a, jusqu'à ce jour, été écrite sur Pirmil. Cela vient sans doute du peu d'importance de cette forteresse, dont rien n'indique aujourd'hui l'existence ni l'emplacement. Nous voulons cependant en dire quelques mots, afin de compléter l'histoire des monuments militaires de notre ville et fournir ainsi à l'homme, qui en aurait le temps et le courage, les moyens d'entreprendre un travail d'ensemble sur les fortifications de Nantes.

Nantes : le Tour et le Pont de Pirmil

Pirmil, en Latin Pilameium, s'est successivement et indistinctement écrit Pilemil ou Pilemy, Piremil ou Piremy, et enfin Pirmil.

D'où dérive ce mot ? Les écrivains ne sont pas d'accord sur ce point. « Et depuis, dit Albert le Grand, Paulus Emilius, proconsul des Armoriques pour les Romains, voulut rebastir ce costé méridional de Nantes, mais en deça la rivière de Sèvre, au lieu où aboutissent les magnificques ponts de Nantes, lequel, encore aujourd'huy, s'appelle le faubourg de Piremil, voulans dire de Paul Emile » (Vies des saints de Bretagne, par Albert le Grand ; Vie de saint Martin de Vertou, p. 383).

Pour notre part, nous n'embrassons pas cette opinion, et nous nous rallions très-volontiers à celle de M. Stéphane de la Nicollière, qui, dans un Mémoire sur le prieuré de la Madeleine, explique ainsi l'étymologie de ce mot : « Le bourg de Pilemil, maintenant Piremil (appellation dérivée vraisemblablement de pila milliaria, borne des routes romaines venant aboutir et converger à ce point.... » (Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, tome III, 3ème trimestre de 1863, p. 196).

Examinons maintenant la prétendue fondation romaine de la tour de Pirmil.

Bâtie seulement à la fin du XIVème siècle, cette forteresse prit le nom de l'endroit où elle fut construite. Cet endroit se nommait Pilemil ; la forteresse prit ce nom.

Situé au Sud de Nantes, sur la rive gauche de la Loire, relié par un pont à la ville, le faubourg de Pilemil remonte à la conquête des Gaules et était à cette époque le point de départ des voies romaines de la Bretagne vers le Poitou. Plus tard il devint une importante châlellenie, qui appartenait en 1205 à messire Gautier, seigneur de Pilemil (Archives de la Loire-Inférieure, registre de la Chambre des comptes). Dans ce lieu, et non loin de l'endroit ou devait s'élever la forteresse, existait un prieuré de Bénédictins, fondé vers 1108.

L'origine romaine du faubourg a fait croire à quelques écrivains que le château avait une origine semblable. « Le seul monument que l'on trouve et que l'on puisse attribuer à ces conquérants, dit le président de Robien, est la tour de Pilmil, qu'on croit être un ouvrage de Paul Emile, proconsul des Armoricains. L’ancienneté de l'édifice et l'analogie du nom sont tout ce qu'on peut apporter de preuves, soutenues d'une tradition qui s'est  perpétuée jusqu'à nous » (Manuscrit du président de Robien sur la Bretagne, chapitre XII).

Plusieurs savants avaient adopté cette opinion ; ils croyaient que les fortifications de Pirmil remontaient aux Romains et qu'elles avaient été seulement augmentées en 1365. Ce qui a induit en erreur ces écrivains, c'est l'origine du faubourg et des routes qui le traversaient. Aucune preuve ne vient à l'appui de cette hypothèse.

Si Nicolas Bouchard avait seulement réparé ou agrandi la citadelle de Pirmil, les chroniqueurs auraient mentionné cette circonstance ; ils auraient rappelé la construction et les développements de cet édifice. Si cette tour existait avant 1365, l'histoire de Bretagne l'aurait citée au nombre des fortifications qui protégeaient Nantes dans ces temps malheureux, où le pays était continuellement ravagé, soit par l'invasion étrangère, soit par les désordres de la guerre civile. Ce château n'avait pas non plus le caractère d'antiquité que lui attribuaient sans raison ces écrivains, et son style était parfaitement en rapport avec les autres monuments de la fin du XIVème siècle. Du reste, les textes sont précis ; ils ne disent pas que le duc fit réédifier mais « bastir la grosse tour et forteresse qui est au bout des ponts de Piremil ».

 

II.
En 1365, la Bretagne venait de sortir de cette guerre désastreuse que l'héritage du duc Jean III avait allumée entre Charles de Blois et le comte de Montfort.

Jean III était mort sans enfants. Son frère consanguin, Jean de Montfort, se prétendait le seul héritier légitime. Charles de Blois, de son côté, revendiquait la couronne ducale au nom de son épouse Jeanne de Penthièvre.

Après quelques négociations restées infructueuses, les partis coururent aux armes et engagèrent une de ces guerres « pleines de rencontres, belles cavaleries, belles rescousses, beaux faits d'armes et belles prouesses » (Chroniques de Froissart).

L'élite de la chevalerie et les plus célèbres capitaines de l'époque vinrent se ranger sous les étendards des deux prétendants. Trois femmes, ayant toutes le même prénom, (Jeanne de Montfort, Jeanne de Penthièvre et Jeanne de Belleville) jouèrent alors un grand rôle, et devinrent, à la mort de leurs époux, les chefs véritables de la guerre.

Au milieu de ces hostilités, les habitants de Nantes, sous l'influence de leur évêque, s'occupèrent surtout à rétablir l'ordre dans leur ville. Aussi, combattant pour le maintien de leur indépendance, luttèrent-ils tantôt contre les Français, alliés de Charles de Blois, et tantôt contre les Anglais, qui soutenaient la cause de Jean de Montfort.

Nantes était désolée depuis longtemps, lorsque la peste vint mettre le comble aux maux qui ravageaient le pays. Le jeune comte de Montfort eut pitié des misères du peuple et il proposa à Charles de Blois le partage du duché. « Je ne suis qu'une femme, lui répondit Jeanne de Penthièvre mais je perdrais plustost la vie et deux, si je les avais, que de consentir à une chose si honteuse ». Les hostilités reprirent ; mais, après la bataille d'Auray, où mourut Charles de Blois, les belligérants signèrent le traité de Guérande le samedi 12 avril 1365.

Ainsi se termina cette guerre, qui dura plus de vingt ans, pendant laquelle furent livrés 1.500 combats et 800 assauts, périrent 200.000 hommes, et dont un des épisodes les plus mémorables est le combat qui eut lieu le 27 mars 1351 au chêne de Mi-Voie, dans les landes de la Croix-Helléan, entre 30 Anglais et 30 chevaliers bretons.

Conformément au traité, la ville de Nantes fut rendue au comte de Montfort, qui prit le nom de Jean IV. Celui-ci, de Guérande où il se trouvait, envoya aussitôt à Nicolas Bouchard, amiral de Bretagne, l’ordre de construire la forteresse de Pirmil. Ce mandement porte la date de 1365. « La même année, dit Albert-le-Grand, Nicolas Bouchard, amiral de Bretagne, fit, par le commandement du duc bastir la grosse tour et forteresse de Piremil, pour défendre l'entrée desdits ponts » (Vies des saints de Bretagne, par Albert le Grand. Histoire des évêques de Nantes, p. 415).

D'après Fournier, l'érection de cet édifice était indiquée par une inscription sur pierre calcaire, qui faisait partie de la belle collection de Guillaume Harel, déposée aux archives de la Mairie et détruite en 1793. Nous laissons à l'auteur de l'Histoire lapidaire de Nantes toute la responsabilité de son assertion, que nous rapportons ici à titre de simple renseignement (Histoire lapidaire de Nantes, par Foumier, tome I, chapitre II, p. 47. Ce manuscrit appartient à la Bibliothèque publique de Nantes).

Cette forteresse était bien destinée à défendre Nantes du côté des ponts, mais elle avait aussi un autre but. Jean IV voulait par ce moyen s'assurer de la ville et la tenir sous sa domination par la crainte.

Ce prince, en effet, n'avait pas une très-grande confiance dans les protestations de fidélité que lui adressait le peuple et il se rappelait l'hésitation des Nantais à secourir son père dans sa guerre contre Charles de Blois. Le château de Pirmil pouvait de plus servir d'asile en cas de révolte, et nous partageons entièrement à ce sujet l'opinion de M. le docteur Guépin, qui, dans son Histoire de Nantes, s'exprime en ces termes : « Comme toutes les fortifications des grandes cités, elle avait un double but ; et, si l'on songe qu'à cette époque les Anglais occupaient le Poitou, l'on restera convaincu, surtout après en avoir examiné les ruines, que Jean IV avait plutôt ordonné son érection dans la prévision de quelque soulèvement populaire qui eût pu le conduire à réclamer le secours de ses alliés, que dans la crainte d'une invasion » (Histoire de Nantes, par M. Guépin).

Bâtie dans une situation avantageuse, à la tête des ponts de Nantes, baignée d'un côté directement par la Loire et défendue du côté de la terre par de larges douves précédées d'une contrescarpe en maçonnerie, communiquant au moyen d'une poterne avec le fleuve, et pouvant être ravitaillée par eau en cas de siège, la forteresse de Pirmil était à cette époque d'une grande utilité et pouvait, sinon arrêter l'envahisseur, du moins lui opposer une sérieuse résistance. Les avantages que ce château offrait à ses défenseurs semblent pouvoir se résumer dans ces paroles de Vegece : « Ut qui scalas vel machinas voluerit admovere, non solum a fronte, sed etiam a lateribus et prope a tergo veluti in sinum circumclusis opprimatur » (Vegcce, livre IV, chapitre II).

Ce château avait la forme d'un quadrilatère irrégulier ; il était composé de trois tours, d'un corps de bâtiment, de trois courtines et d'une grande cour. Toutes ces constructions étaient reliées entre elles par un chemin de ronde à créneaux et à mâchicoulis.

Le premier côté, tourné vers le Nord, comprenait la grosse tour, dite tour du Duc ou de la Loire, et deux courtines qui la reliaient aux côtés Est et Ouest de l'enceinte. A l'extrémité de l'une de ces murailles était la poterne qui donnait accès sur le fleuve.

Le deuxième front, tourné vers l'Ouest, s'étendait de la grosse tour à la tour de la Sèvre et comprenait une belle et haute courtine défendue par un ouvrage avancé, percé de cinq grands créneaux.

Le troisième côté, tourné vers le Sud, était le plus important de la forteresse. Là était la porte principale d'entrée avec son pont-levis. Ce front se composait du grand bâtiment, flanqué d'une tour à chacune de ses extrémités, à droite la tour de la Sèvre, à gauche, la tour de l'Amiral. Au rez-de-chaussée se trouvaient les cuisines, les corps-de-garde et les prisons ; au premier étage étaient les appartements du capitaine et aux étages supérieurs le logement des hommes d'armes. C'est dans la grande salle de la citadelle qu'étaient exposés ces tableaux peints sur bois, dont l'un était le portrait de Nicolas Bouchard et l'autre représentait la remise des clefs de la ville à Jean IV en 1382.

Le quatrième côté, tourné vers l'Est, était une simple courtine qui s'étendait de la tour de l'Amiral à la grosse tour.

Jean IV ayant laissé passer sur son territoire les troupes de « ses chers Anglais, » Charles V, roi de France, chargea Bertrand Duguesclin d'exécuter l'arrêt du parlement, qui déclarait le duc coupable du crime de lèse-majesté et la Bretagne unie au royaume. Le connétable vint à Nantes, « prit poçession du chasteau de la tour Neufve et de la citadelle de Pilemil, » et partit en confiant le gouvernement à Amaury de Clisson. Les habitants, qui avaient refusé l'entrée de leur ville à l'armée française, furent bientôt attaqués par les Anglais, venus pour rétablir Jean IV dans son duché. Le sentiment de l'indépendance ranima leur courage ; ils soutinrent deux fois les efforts des assiégeants et les forcèrent à abandonner leur entreprise (1381).

« Après le partement du comte de Bocquingham, les places selon le traicté furent rendues au duc de Bretaigne ; aucunes furent remises iusques après l'Ascension du mesme an mille trois cent octante un. Après ceste feste luy furent rendues Ploërmel, Redon, Morlaix et Nantes, » mais non si promptement et non plustôt que la feste de la sainct Jean, comme Touffou, la tour de Pillemy et autres forteresses qui en dépendoient » (Histoire de Bretagne, par d'Argentré, livre, VIII).

« A Nantes ses gens envoya,
Mais de la rendre on déloya,
Jusques à la Nativité
De saint Jehan, c'est vérité !
Deux jours devant, ne plus ne mains,
Entra à Nantes, j'en suy certains;
Et feu receu à grant honnour
Comme prince et vray seignour;
Ne sembla pas estre en exil
Quand on li randist Piremil »
[Note : Documents inédits sur l’histoire de France, 1839, 1ère série. Chronique de Bertrand Duguesclin, par Cuvelier. Livre du bon Jehan, duc de Bretaigne].

Jean IV fit son entrée à Nantes le 22 juin 1382 et le peuple ne cessait de lui dire avec franchise : « Monseigneur, sitôt que nous pourrons apercevoir que vous êtes pour l'Angleterre, nous vous relinquerons tous et mettrons hors de Bretagne ».

Le lendemain, vers les quatre heures de l'après midi, le duc accompagné de Jean du Fou, de Gilles de Lesbiest et de cinquante chevaliers de sa garde sous les ordres de Jean Blosset, reçut avec le cérémonial ordinaire les clefs de la forteresse de Pirmil des mains de l'amiral de Bretagne.

Quelques années plus tard la citadelle de Pirmil fut prise par les soldats du roi de France, avec plusieurs autres châteaux du pays. Elle fut rendue au duc au mois de juin 1387, ainsi qu'il résulte des lettres-suivantes :

« Jehan, duc de Bretaigne, conte de Montfort et de Richemont, à touz ceulz qui ces lettres verront, salut. Comme par le traictié fait entre Monseigneur le Roy et nous, les chasteaux, villes et forteresses, qui ont esté prinz et occupez d'une partie et d'autre pour cause du débat d'entre Monseigneur le Roy et nous, doyvent estre renduz et délivrez à qui ils appartiennent ; et pour ce les villes et chasteaux d'Aurray, Ploërmel, Nantes, Piremil et Touffou nous aient esté renduz et délivrez selon la fourme dudict traictié. Savoir faisons que nous nous tenons pour bien contens de la rendue desdittes villes et chasteaulx d'Aurroy, Ploërmel, Nantes, Piremil et Touffou, et en quictons Monseigneur le Roy et touz autres à qui il pourroit appartenir à touz jours. En tesmoing de ce nous avons fait mettre nostre scel à ces lettres. Donné audit lieu de Nantes, le, XXVème juin l'an 1387. (Scellé) » (Archives de l'Empire, à Paris. Section historique. J. 243. Layettes, n° 64-2. Trésor des chartes des rois de France).

La châtellenie de Pirmil, avec ses appartenances et dépendances, faisait partie du douaire qui avait été assigné le 26 février 1395, par le duc Jean IV, à son épouse Jeanne de Navarre (Dom Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, tome II, col. 662).

 

III.
Considérée à cette époque et avec raison comme un ouvrage important, la citadelle de Pirmil fut érigée en capitainerie et placée sous la direction immédiate du gouverneur de Nantes. Son commandement ne fut pas confié à des hommes vulgaires comme celui des autres fortifications de la ville, qui avaient pour chef un simple sergent du duc. Son premier capitaine fut celui-là même qui l'avait construite, Nicolas Bouchard, seigneur du Kerbouchart, amiral de Bretagne, Il eut pour successeur messire de la Barde.

En 1402 la capitainerie de Pirmil fut donnée à Jean de Langle, « pannetier du duc, ayant bouche à cour, escuyer du corps et de la chambre » (Dom Lobineau, Preuves de l'histoire de Bretagne, tome II, col. 814, 913).

« Jean de Langle, capitaine et garde du chastel et forteresse de Piremill .... print et accepta les soins et charges dudit chastel, promist et jura par la foi et serment de son corps et sur le dampnement de son asme, qu'il gardera et défendera à tout son pouvoir les droits, noblesses, libertés, franchises et usages de son seigneur de Bretagne, vers tous et contre tous » (Dom Morice, Preuves, tome II, col. 742, 743).

Au mois de septembre de la même année, pour prêter son serment de fidélité comme gouverneur de place, Jean de Langle « donna pour plege Jehan seigneur de la Jou »  (Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1635).

Il fut remplacé en 1423 par Guillaume de Grantboays, maréchal de salle, chevalier et écuyer de Jean V, dont l'obligation est ainsi conçue : « Sachent touz que par nos courtz de Nantes et de Vennes et par chascune d'icelles en droit fut présent et personelement establi noble escuier Guillaume de Grantboays, se submettant de fait, se submit et submet par son serment et ses hers et touz ses biens meubles et héritages présens et avenirs, à la jurisdicion, pouoir et desir de nosdictes courtz et de chascune quant es chouses et chascune qui ensuivent faire, tenir et accomplir ; lequel Grantboays de son bon gré, pure, franche et liberalle voloncté cognutt, confessa et coguoit et confesse par davant nous que mon souverain seigneur le duc luy avoit baillé la garde de son chastel et forteresse de Piremill et en avoit fait capitaine et garde ; laquelle il avoit prense et acceptée aux gaiges et prouffiz accoustumés, et pour ce ledit Grantboays cognut et confessa et uncore cognoit et confesse par davant nous avoir promis et estre tenu et obligé et de fait en nos dictes courtz et chacune promist et se obligea sur l'obligation de touz sesdicts biens meubles et héritages garder et deffendre loyaument et deument de son lige pouoir sans fraude, fiction, ne mal engin lesd. chastel et forteresse de Piremill, pour et ou nom de mond. Seigneur le duc, vers touz contre touz qui peuent vivre et mourir sans y lesser entrer auscuns ennemis ou malveillants de mond. seigneur le duc plus fort que ledit capitaine. Et aud. Monseigneur le duc, madame la duchesse sa compeigne, noz seigneurs et dammes, leurs enffans, toutes les foiz qu'il leur plaira et à leurs gens et serviteurs à leur service, donner franche entrée et issue en iceux chastel et forteresse de Piremill et iceux et la garde d'eux bailler, rendre et délivrer à mond. seigneur le duc ou à son certain commandement toutes les foiz que requis, en sera et non à d'autres quelconques de quelque estat, seignorie, auctorite ou prééminance qu'ils soient ou puissent estre, fort à mond. seigneur le duc comme dit est, ou après son décès à madame la duchesse dessurdicte ou nom et comme garde de leur fils aisné ; laquelle garde, oudit cas, mond. seigneur a ordrennée à madicte damme la duchesse et li a establie des à présent, et s'il avenoit que durant celle garde, madicte damme yroit de vie à trespassement avant l’aage acompli de Monseigneur leurd. fils aisné, led. capitaine sera tenu et obligé garder lad. forteresse en sa main, aux despens de la revenue dud. lieu deuement si le cas le requiert, jusques à tant qu'il soit pourveu de garde, etc…. Ce fut fait le XXVIIème jour de l'an mil quatre cens vingt et troys » (Ainsi signé :) « Grantboays » et au-dessous « Auffroy Guinot » (Archives de la Loire-Inférieure, à la préfecture de Nantes. Trésor des chartes de Bretagne, armoire N, cas. G, n° 19).

Les habitants des faubourgs de Pirmil et de Vertais étaient chargés de fournir tous les jours un certain nombre d'hommes pour le service de la forteresse, et la ville subvenait à leur entretien en prélevant quelques droits à l'entrée des ponts. Il y avait de plus une garde variable selon les circonstances, qui était à la solde du duc et qui se composait en 1430, de trois hommes d'armes et six arbalétriers.

« Extrait du compte d'Aufroy Guynot, trésorier et receveur général. MCCCCXXX et environ .... Guillaume de Grantboais, escuyer et capitaine de Piremil, III hommes d'armes et VI arbalestriers, audit lieu  » (Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1019, et Dom Morice, Preuves, tome II, col. 1234).

Pendant la guerre qu'il soutint contre le duc d'Alençon en 1431, Jean IV de Bretagne « establit d'abord pour son lieutenant général, le comte de Laval, son gendre. ... Guillaume de Grand-Bois se tint à Pirmil dont il estoit capitaine » (Dom Lobineau, Histoire, p. 589).

En 1444 on répara les remparts de la ville, et « on fit dans ce temps une échelle de pierres à la tour de Pirmil » (Meuret, tome I, p. 264), ainsi que plusieurs travaux de peu d'importance dans l'intérieur du grand bâtiment. La dépense s'éleva à 200 #.

Olivier le Roux fut nommé en 1457 capitaine de Pirmil à la place de Charles l'Enfant. Olivier le Roux possédait la confiance d'Arthur III ; il était membre de son conseil, trésorier receveur général de Bretagne, et zélé partisan de l'indépendance. Aussi le prince, qui « sur toutes choses aimoit gens vaillans et bien renommés, » daigna-t-il l'investir en personne du commandement de la forteresse, voulant donner à ce serviteur dévoué une nouvelle preuve de l'estime qu'il avait pour lui.

Sous le règne d'Arthur III, on apporta de notables modifications dans les défenses de Pirmil, modifications rendues nécessaires par la récente découverte de la poudre, le plus terrible moyen de destruction que l'homme ait jamais inventé, et qui devint en quelque sorte le point de départ d'une révolution générale.

Amaury d'Acigné, qui avait succédé le 26 mars 1462 à Guillaume de Malestroit, s'était contenté à son avènement de présenter au clergé et au peuple la bulle du souverain Pontife, qui le nommait au siège épiscopal de Nantes. François II, à qui il avait refusé de faire l'hommage de son temporel, fit publier dans la ville et les faubourgs qu'il était défendu à l'évêque et aux ecclésiastiques de s'immiscer dans le gouvernement. Cet ordre fut transgressé et Amaury fut obligé de quitter le manoir de la Touche où il habitait. « Le secrétaire de l'évêque fut arrêté et conduit dans les prisons de la tour de Pirmil » (Travers, Histoire de Nantes, tome I, p. 126).  Ce fait se passait en 1462.

« Extrait d'un registre de la chancellerie de Bretagne pour 1474, 1475.
Commissions pour tenir les monstres.... dans le mesme evesché, de là la Loire, à Piremil, à Guillaume de Chevigné et Eon Sauvaige, seigneur du Plessis-Guerrif.
.... Mandement du duc pour tenir et recevoir les monstres des gens d'armes et archiers d'ordonnance, pour savoir s'ils sont en estat et habillement qu'ils doivent estre et pour les faire poyer, lesquelles monstres doivent estre tenues, celles des gens d'armes qui sont soubz la conduite de notre cousin le bastard, à Piremil, le 8 décembre prochain »
(Dom Morice, Preuves, tome III, col. 282, 283).

François Goheau commandait à Pirmil en 1476 (Dom Morice, Preuves, tome III, col. 321). La garnison se composait alors de 25 francs-archers et de 15 hommes de la milice bourgeoise ; elle fut augmentée de 13 canonniers en 1487 (Dom Morice, Preuves, tome III, col. 538, et Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1472).

Cette mesure était nécessitée par l'arrivée des troupes françaises sous la conduite de Gilles de Bourbon, comte de Montpensier, lieutenant du roi Charles VIII. Les Français commencèrent par l'attaque de la forteresse de Pirmil, espérant s'en rendre maîtres facilement et obtenir la reddition de la ville. Mais ils furent obligés de se retirer sous le feu des couleuvrines de la place, dirigées avec habileté par des canonniers que le duc avait fait venir de Hollande et pris à son service. C'est Dom Morice qui nous apprend cette retraite des assiégeants : « Avons receu les lettres du duc escrites de hier au soir de Nantes, par les quelles il nous fait scavoir que les Français ont désamparé les faubourgs et tour de Pirmil et se sont retirés avec les autres qui estoient aux faubourgs de Saint-Clément et de Richebourg » (Dom Morice, Preuves, tome III, col. 550).

 

IV.
La garnison de la forteresse se composait, comme nous l'avons déjà dit, de deux éléments bien distincts, de soldats et d'un certain nombre d'hommes de la milice bourgeoise. Nous n'allons pas, on le pense bien, disserter sur les dangers qui résultent des garnisons mixtes ; nous laissons aux hommes spéciaux le soin d'en parler, mais nous ne pouvons nous empêcher de signaler ici en passant un exemple de ces rivalités intestines, qui ont malheureusement désolé plus d'une fois nos places de guerre.

Dans les premières années du XVIème siècle, — c'était en 1516, — les arquebusiers de Pirmil s'était pris de querelle avec les bourgeois, et un de ces derniers, Guillaume Girault, avait succombé dans la lutte. Le tort venait du côté des arquebusiers. — L'officier de la garde bourgeoise fit sortir ses hommes de la place et demanda réparation au capitaine de la citadelle, qui se nommait Jean-Charles Guesdon. Celui-ci joignit l'insulte au refus. Le capitaine de la milice se plaignit au gouverneur de Nantes, qui appuya sa demande auprès du roi. François Ier, par ses lettres du 27 mai 1516, donna l'ordre au gouverneur d'ôter le commandement, du château de Pirmil à Jean Guesdon, et de faire continuer les gardes comme précédemment. « Pour complaire à nostre bone ville et cité de Nantes, ajoutait-il en terminant, nous désirons que touz les soldats qui estoient soubz les ordres dudit capitaine Jehan Guesdon soient changés et remplacés par XX harquebuziers de nostre chasteau dudit Nantes, avec X canonniers ».

La milice bourgeoise devait en outre fournir une garde quotidienne de 10, 20 ou 30 hommes selon les circonstances.

Claude de Laval, seigneur de Bois-Dauphin et de Théligny, chevalier, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, capitaine du château de Nantes, avait 120# comme gouverneur de Pirmil.

Il donna le commandement de cette dernière forteresse en 1552, à noble homme Jean de la Tour, écuyer. Celui-ci fut chargé la même année de toucher les gages de Claude de Laval. Cette procuration existe aux archives de la mairie de Nantes. Cette pièce sur parchemin est écrite en latin et datée de Londres, où était alors le sire de Laval. On y trouve joint un reçu de 120# donné le 7 septembre 1552, par Jean de la Tour, mandataire de Claude de Laval (Archives de la ville de Nantes. Série force publique, carton gouvernement de Nantes, n° 18).

Nous trouvons dans les archives municipales, à la date du 2 mai 1554, la commission donnée au capitaine de Pirmil par le seigneur de Bois-Dauphin, pour le remplacer pendant ses absences, en qualité de lieutenant du château de Nantes.

Ce document est ainsi conçu : « Nous Claude de Laval, etc..... scavoir faisons à tous qu'il apartiendra, comme ainsi soit que pour ne pouvoir ordinairement présider es-dites ville et château et vacquer aux choses qui y sont occurantes concernantes le service du roy nostre souverain seigneur, il soit besoing de commettre ung bon et suffisant personnage qui puisse bien et fidellement s'en acquitter ; à ceste cause et autres nous movans, ayans aussi bone cognoissance de la preudhomye, science, intégrité, expérience et fidélité de noble homme Jehan de la Tour, cappitaine de Piremil, l'avons nommée commis, ordonné et député et par ces présentes le nommons, commettons et députons pour commander esdites ville et château pour et en nostre lieu tout aussi que les autres précédans noz commis et lieutenants ont accoustumé, deschargeans et destituans René Haussart, sr de Boucillon, etc.... donné à l'Isle Adam soubz notre sing et le scel de noz armes, le 2ème jour de mai 1554 » (Archives de la ville de Nantes. Série force publique, carton gouvernement de Nantes, n° 20).

Au XVIème siècle, la citadelle de Pirmil contribua puissamment à la défense de Nantes, et rendit de véritables services dans ce temps de nos luttes religieuses.

Sentinelle avancée du côté des ponts, elle sut maintenir par l'attitude énergique de son capitaine et des hommes auxquels sa garde était confiée, la fougue du parti huguenot, et faire échouer ses tentatives multiples de s'emparer de la ville.

Le 18 février 1556, des calvinistes s'étaient réunis secrètement à Saint-Sébastien, et le comte de Sançay, capitaine du château de Nantes, les avait fait arrêter et enfermer dans les cachots de la tour de Pirmil. A cette nouvelle, quatre-vingt-dix de leurs frères d'armes se dirigent vers la forteresse et demandent la liberté des prisonniers. Sur le refus du capitaine, ils se préparent à escalader les murailles ; mais l'artillerie de la citadelle est dirigée contre eux, et ils sont bientôt mis en déroute.

François de Daillon, seigneur de la Chartebouchère, connétable de Nantes, chevalier de l'ordre du roi, succéda vers 1560 à Jean de la Tour, dans la capitainerie de Pirmil.

Le 30 mai 1568, le roi. Charles IX ordonna à la communauté de ville de loger et entretenir les hommes de garde à Pirmil et sur les ponts.

« A nos chers et bien amés les bourgeois, manans et habitans de nostre ville de Nantes.
Chers et bien amez, pour la sureté de vos personnes, femmes, familles et biens et pour la conservation de nostre ville de Nantes, nous avons advisé de faire soigneusement garder le pont et passaige de lad. Ville, et pour ce faire, avons commis et donné la charge au sr de la Chartebouchère avec 20 hommes qui demeureront continuellement à la garde d'icellui, et d'aultant qu'il est besoing que lesdits 20 hommes soient logés et accomodés près led. pont, vous ne fauldrez leur faire bastir une loge où ils se puissent retirer à couvert et en seureté de leurs personnes, si tant est que la tour de Pillemy ne leur puisse servir pour cet effect, et où il seroit besoing faire des ponts levis daventage que ce qui y est, vous ne fauldrez aussi de les faire construire et bastir, etc.... Donné à Paris le XXXème jour de may 1568. (Scellé et ainsi signé :) Charles et au dessoubs : Fises »
(Travers, Histoire de Nantes, tome II, ch. CIV, p. 404).

Dans une requête adressée au roi en 1568 par les habitants de Nantes, il est dit que : « de tout temps il y a eu à la tour de Piremy un capitaine à gages ; à présent c'est un sr de la Chartebouchère. Les paroisses de Piremy, de Rezai et de Vretais, doivent fournir chacune à leur tour des hommes nécessaires à cette garde ; en conséquence ils supplient sa Majesté d'exempter les habitants de Nantes de ce service, etc...  » (Archives de la ville de Nantes. Registres des délibérations).

« On gardera la coustume ancienne ». Telle fut la réponse du roi, en date à Bologne, du 6 août 1568.

Dans d'autres lettres envoyées au roi en 1574, les habitants, pour réfuter les inculpations formulées contre eux par le gouverneur, s'exprimaient ainsi : « Il (le connétable) est en outre capitaine d'une tour appelée Pirmil, où il lève gros guet sur le pauvre peuple, sans nécessité depuis la réunion ; car cette tour, en partie ruinée, ne rendrait aucun service en cas de guerre et les 1.000# destinées à la rétablir seraient mal employées » (Archives de la ville de Nantes. Registres des délibérations).

Au calvinisme succéda en 1577 la guerre de la Ligue.

La Ligue trouva de nombreux et zélés défenseurs dans la ville de Nantes, qui avait eu tant à souffrir de la part des huguenots et apparut à quelques-uns comme un moyen de reconquérir l'indépendance. Aussi le duc de Mercoeur sut-il encourager le peuple dans sa vengeance et mettre à profit les prétentions de son épouse au duché de Bretagne, en cachant ses ambitieux projets sous le prétexte du triomphe de la religion catholique.

La neutralité n'était pas possible ; tout habitant devint soldat, et la milice fut soumise à un service pénible. Trente bourgeois étaient alors de garde à Pirmil, dont le capitaine, Louis Thorres de Gastines, avait été nommé à cette fonction en 1580, en remplacement de M. de la Chartebouchère.

Le 15 avril de la même année, la communauté de ville décida de visiter la citadelle de Pirmil, afin de la mettre sur un pied redoutable de défense ; elle s'y rendit le lendemain et ordonna divers travaux, qui furent de suite exécutés.

Après la prise d'armes de Montaigu en 1580, trois colonnes ennemies s'étant dirigées sur Nantes avec des prisonniers, s'escarmouchèrent sous les murs de Pirmil. Voici comment ce fait est raconté dans les histoires de messire d'Aubigné : « Ils rompent 3 ou 4 églises, arborent 2 bannières en cornettes et vont mettre dans la prairie à main droite de Pillemil leurs prisonniers en bataille, gardez par lesd. harquebusiers à cheval et un des deux trompettes qu'ils avoient : les 20 salades qui venoient de prendre la lanière et un procureur du roi, aïans appris par eux, que quelques gentils-hommes de la compagnie de Vandré se sauvoient dans le fauxbourg, l'enfillèrent tout du long ; quelques-uns passant la tour de Pillemil, jusques au commencement du pont et furent longtemps là avant que ceux de la tour leur envoiassent quelque mauvaise harquebusade » (Les histoires du sieur d'Aubigné, tome II, liv. IV, ch. VI, p. 348).

En 1589, les bâtiments ne pouvant plus contenir les soldats et les prisonniers, on fut obligé de construire des baraques dans l'intérieur de la cour pour loger les hommes de la garde bourgeoise, qui étaient à cette époque au nombre de trente-cinq. La même année on nettoya les fossés et on répara les contrescarpes.

La garnison de Pirmil se composait, en 1491, de trente habitants et de vingt arquebusiers.

« Estat abrégé de la despance nécessaire pour la solde et payement des gens de guerre qu'il convient entretenir en garnison aux places cy après pour la conservation d’icelles et maintenir le pays.
Piremil.
à vingt harquebuziers à pied comprins les chefs, neuf vingtz sept escuz tiers qui est :
Un capitaine, XXXV escuz tiers ; un lieutenant, XVIII escuz II tiers ; à ung sergent VIII escuz tiers ; et à XVII soldatz dudict numbre ; à chacun V escuz, IIIIxxV escuz ; montant ensemble à IXxxVII escuz tiers »
(Archives d'Ille-et-Vilaine, états de la Ligue).

Les états de la Ligue, qui se tinrent à Vannes en 1592, après avoir assigné 6.000# par mois au duc de Mercoeur, firent « un fond de 1.175.436# pour le payement des garnisons de Nantes, de Pirmil, de Guerrande et des autres villes de la province possédées par la Ligue » (Taillandier, Histoire de Bretagne, p. 418).

En 1598, Hercules de Rohan, duc de Montbazon, comte de Rochefort, lieutenant général, grand veneur et pair de France, chevalier des ordres du roi, fut institué capitaine de Pirmil.

 

V.
Au XVIIème siècle, la municipalité regardant comme une charge onéreuse la citadelle de Pirmil, où la milice bourgeoise fournissait une garde quotidienne, profita de l'arrivée du souverain pour en demander la démolition.

Les Etats de Bretagne se tinrent à Nantes pendant le séjour de Louis XIII et de Marie de Médicis. Ils exprimèrent le voeu « qu'il plust à sa Majesté régente de faire démolir la tour de Pirmil, » mais n'obtinrent que la démolition des châteaux de Saint-Mars-la-Jaille, de Touffou et de Guérande. La ville fut obligée de payer 2.000# pour ces travaux, et d'envoyer à ses frais des soldats dans ces localités.

La communauté nantaise ne perdit pas courage, et, quand le roi revint en 1626, elle sollicita encore et à plusieurs reprises la démolition de la citadelle de Pirmil, se bornant pour la défense de la ligne des ponts à la porte fortifiée de Saint-Louis [Note : Cette porte fut démolie en 1737]. Louis XIII accéda en partie à la demande de la ville, et permit le démantèlement de la forteresse, qui continua d'avoir des capitaines.

Travers nous en fournit la preuve : le comte Henry de Rochefort de Montbazon, qui avait succédé à son père en 1616, se dessaisit « de la capitainerie de la tour de Piremil pour et en faveur de Monseigneur le cardinal de Richelieu, consent et accorde que toutes lettres et expéditions nécessaires lui en soient délivrées  » (Travers, Preuves inédites, p. 49). Cette démission est du lundi 1er mars 1632.

Par lettres patentes, en date à Saint-Germain-en-Laye du 2 mars même mois, le roi confirma la nomination du cardinal, qui prêta serment le lendemain : « Aujourd'hui 3 de mars 1632, Mgneur le cardinal de Richelieu a fait et presté ès-mains de Mgneur le marquis de Châteauneuf, chevalier et chancellier des ordres du roy et garde des sceaux de France, le serment qu'il devoit à cause de l'estat et charge de capitaine et gouverneur des ville et château de Nantes et capitainerie de la tour de Piremil, dont il a esté pourvu par sa Majesté, moy son conseiller et secrétaire présent à Saint-Germain-en-Laye » (Travers, Preuves inédites, p. 53).

Le cardinal de Richelieu se démit aussitôt de son commandement en faveur de Charles de la Porte, duc de la Meilleraye, lieutenant général, grand maître de l'artillerie, maréchal et pair de France. Ces lettres portent la date des 7 et 8 mars 1632 (Travers, Preuves inédites, p. 53).

Charles de la Porte prêta serment le 19 du même mois entre les mains du marquis de Châteauneuf.

Le 10 juillet 1643 il céda ses fonctions à Armand-Charles de la Porte-Mazarini, duc de Rethelois-Mazarin, de la Bleilleraye et de Mayenne.

Depuis celte époque jusqu'à la Révolution, la tour de Pirmil, bien que démantelée, demeura au pouvoir des gouverneurs de Nantes. Mais alors cette capitainerie ne constituait plus un commandement ; c'était un titre purement honorifique.

Les derniers capitaines de cette forteresse, dont nous achevons d'esquisser l'histoire, sont : M. Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac, en 1665 ; — le comte Sébastien de Rosmadec fils, en 1700 ; — le comte Jean d'Estrées, en 1702 ; — le duc Victor-Marie d'Estrées, en 1707 ; — le duc Pierre de Montesquiou d'Artagnan, en 1716 ; — M. de la Ferronays, en 1718 ; — M. le lieutenant-colonel Danuaux, en 1721 ; — le marquis Louis de Brancas, en 1738, et le duc Louis-Paul de Céreste-Brancas, en 1789.

Jacques Guérin, écuyer, seigneur de la Roche-Pallière, était lieutenant du roi à Pirmil, en 1696.

Depuis le démantèlement, en 1626, le prieur de Saint-Jacques levait certains droits à la tour de Pirmil. Il céda tous ses « devoirs et coutumes » à la ville, qui, par traité du 11 février 1644, afferma moyennant 40# les droits exercés avant par le prieur.

Dans l'état dé la ville de Nantes, dressé en 1745, il est dit en parlant de la tour de Pirmil, qu'il « y avait autrefois une très-belle tour dont on voit encore les débris et un petit fort pour sa défense. M. de Brancas en est le gouverneur ; elle a deux compagnies de milice bourgeoise  » (Archives de la ville de Nantes, registres de la Mairie).

Ces compagnies étaient celles de Vertais et de Pirmil. Leur uniforme était différent de celui des autres compagnies : l'habit, la veste et le pantalon étaient rouges, les boutons en cuivre, l'habit doublé de bleu et le chapeau bordé d'or (Archives de la ville de Nantes, série force publique, carton garde nationale).

 

VI.
Couverte de mousse et de lierre, la tour de Pirmil dressait encore au commencement du XIXème siècle ses noires et épaisses murailles. Bâtie sur le rocher, elle avait pendant plus de quatre cents ans résisté aux ravages du temps et des hommes. Elle semblait devoir rester debout pendant de longues années, bien que sous la couronne de verdure qui ceignait sa tête majestueuse se montrassent les rides du vieillard et les glorieuses cicatrices du soldat. Mais la vaillante sentinelle avait compté sur le respect de ceux dont elle avait protégé les ancêtres ?

Telle était la tour de Pirmil, quand en 1839 le Gouvernement donna l'ordre de l'abattre pour l'élargissement de la place et l'établissement d'une cale descendant à la Loire.

La presse locale lutta avec énergie, mais elle fut impuissante, et MM. Les ingénieurs purent tranquillement entreprendre leur oeuvre de destruction.

Il n'existe qu'un seul plan en relief de la tour de Pirmil. Ce plan n'est malheureusement pas dû à l'autorité municipale, mais à M. Guilbaud [Note : M. Guilbaud est également l'auteur des plans en relief de la ville de Nantes au XVème siècle, de la tour de Commequiers et de la porte Saint-Nicolas de Guérande], capitaine au bataillon des sapeurs-pompiers. Acheté à la mort de M. Guilbaud par M. Pilon, horloger à Nantes, le plan de la forteresse de Pirmil, telle qu'elle existait avant 1626, a été offert par ce dernier au Musée archéologique de la Loire-Inférieure.

(Charles Bougouin)

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