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ARTHUR II (1304-1312) - JEAN III (1312-1341) - JEAN DE BRETAGNE, COMTE DE RICHEMONT (1307-1333)

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Mieux que personne, Arthur avait été témoin des embarras qu'avait créés à son père son titre de comte de Richemont. Or il se voyait plus étroitement attaché à son suzerain le Roi de France : ses deux mariages l'avaient fait vicomte de Limoges (1286) et comte de Montfort l'Amaury (1294), et, à ce double titre, homme lige du Roi. Comment accorder ses devoirs féodaux envers ses deux suzerains qui, selon toute apparence, allaient reprendre la guerre.

Arthur prit un sage parti : il donna Richemont à son frère puîné, Jean, qui n'avait pas les mêmes attaches que lui en France et qui vivait à la cour d'Edouard ou dans les vastes domaines dont il avait la jouissance en Angleterre.

Jean de Bretagne, né en 1266, s'était attaché très jeune à son oncle Edouard Ier. Il l'avait fidèlement servi dans les guerres de Galles et d'Ecosse ; et, après la défaite de Baliol et son renvoi en Normandie (1296), Edouard lui avait donné la jouissance d'une part des dépouilles du vaincu, « des terres et tènements, entre autres, dans les comtés de Northumberland, Yorck, Lincoln, Derby, Huntington, Roteland, Hereford, Midlesex et Suffolk » [Note : E.114. Morice. Pr. I. 1230. — L'acte donné par D. Morice est la confirmation (avec augmentation) par Edouard II (12 juin 1310) du don fait par son père. — Plus tard, Edouard III confirma à son tour le don de son aïeul. E. 114].

Cette jouissance était précaire [Note : Le don d'Edouard Ier portait (d'après le résumé fait dans l'acte d'Edouard II) « tenementa ad voluntatem nostram habenda ». Il s'agit donc d'une possession qui peut cesser au bon plaisir du Roi] ; mais l'amitié d'Edouard était pour Jean de Bretagne un sûr garant qu'elle ne serait pas retirée. C'est ce qui arriva.

Après la mort d'Edouard (en mai 1307), Jean de Bretagne n'eut pas moins de faveur auprès de son cousin Edouard II ; et il en obtint bien d'autres avantages. Dès le 8 septembre 1307, le Roi le nommait lieutenant général en Ecosse, et le chargeait de la garde de ce pays : poste de confiance et de danger, car l'Ecosse était loin d'être soumise [Note : Morice Pr. I. 1214. — Le Roi lui demande d'entretenir soixante hommes d'armes « ex familià suà » ; et lui accorde pour cet entretien dix marcs par jour, de la Saint-Michel (29 septembre) jusqu'à la Purification (2 février), pendant 126 jours : c'est une somme de 1.260 marcs, 6.300 livres de France, plus de 500.000 monnaie actuelle en 1897. 3.968 francs par jour, 66 francs par homme et par jour. Ce n'est pas possible].

Un peu après, Edouard II allait confirmer ou pour mieux dire compléter le don fait par son père des dépouilles de Baliol. Il convertit la jouissance de ces seigneuries en une pleine et entière propriété pour Jean de Bretagne et sa descendance légitime [Morice. Pr. I, 1230]. Or le comte de Richemont n'avait pas d'enfants. Quelques mois plus tard, Edouard II accorda au comte une faveur nouvelle : l'autorisation de transmettre à son frère, le duc Arthur, ou aux descendants de celui-ci, Richemont et les autres terres qu'il tenait en Angleterre [Note : Morice. Pr. I, 1231. L'acte ne nomme que « Castra de Richemundia et de Bowes ». C'étaient apparemment les principaux châteaux. Nous avons donné par ailleurs une liste des officiers du comté de Richemont. Nous pouvons la compléter et la rectifier. Voici les indications que nous devons à l'obligeance de M. Maître, archiviste : « Le syward général et son lieutenant, - Le receveur général, - Le connétable de Richemont, - Le bailli errant de Richemont, - Le garde des forêts, - Le maître mineur de plomb ». Ce bailli errant de Richemont semble être le grand juge qui va de proche en proche tenir des assises ; car, dans la liste des officiers de la seigneurie de Ricol (un nom qui ne se trouve pas dans la liste des domaines donnée), nous trouvons : « le bailli errant de Ricol avec quatre baillis au-dessous de lui »], (2 août 1310). C'est-à-dire que, au cas d'absence d'héritiers directs, Arthur ou ses enfants succéderaient à Jean de Bretagne. Cette disposition ne devait pas profiter au duc Arthur qui mourut, le 27 août 1312, laissant le trône à son fils Jean III.

Jean de Bretagne se montra reconnaissant de tant de faveurs et il servit vaillamment le Roi en Ecosse, notamment dans une expédition à laquelle Edouard prenait part, en 1321. Surpris et accablé par le nombre, le comte de Richemont fut fait prisonnier avec le seigneur de Sully, grand bouteiller de France, et ambassadeur en Angleterre. Le pape Jean XXII, qui était Français, mais du duché d'Aquitaine, et qui résidait à Avignon, s'empressa d'écrire à Edouard lui recommandant de mettre tout en oeuvre pour procurer la liberté des prisonniers [Note : Morice, Pr. 1338-1339. — La date XIIème année du pontificat commencé en 1316 renvoie à 1327-1328. Cette date doit être erronée : le pape intercède pour la liberté des deux prisonniers. Or Sully fut rendu sans retard au Roi de France, et le comte de Richemont était libre en 1324 ou an moins en 1325]. Robert Bruce rendit Sully au Roi de France et sans rançon. Mais la capture du comte de Richemont lui sembla d'une telle importance qu'il jura de ne le relâcher jamais. Le Roi convoqua un parlement à Londres pour obtenir la levée d'un subside sur le peuple et le clergé ; mais le parlement répondit que ce subside ne s'accordait que pour la rançon du Roi ou de l'héritier de la couronne [Lobineau. Hist. p. 304].

Captivité de Jean de Bretagne Voir La captivité de Jean de Bretagne, comte de Richemont, en Ecosse.

Toutefois, on ne peut douter que, probablement avant 1324, Jean de Bretagne n'ait été rendu à la liberté. En novembre de cette année, le Roi Edouard accordait, sur sa demande, passage et sauvegarde pour seize Français ou Bretons « de ses amis », au nombre desquels Bertrand de Montbourcher, chevalier, et deux frères mineurs. D'après les termes de la lettre, il semble bien que ces Français et Bretons viennent rendre visite au comte de Richemont [Note : Morice. Pr. I. 1341-1342. — Les Français et Bretons sont dits « ex familiaribus suis »].

L'année suivante, le Roi charge le comte de Richemont de négocier une trêve avec la Bretagne [Note : Morice. Pr. I. 1343, 12 février 1325 (v. s.)] ; et le nomme un de ses ambassadeurs pour traiter de la paix avec la France [Note : Lobineau. Hist. p. 304. — Morice. Pr. I. 1348].

Le Roi lui donna même une marque d'une plus intime confiance. La reine Isabelle de France s'était jointe aux ambassadeurs, avait fait venir son fils le prince de Galles en France, et restait sur le continent bien plus de temps qu'il ne convenait au Roi. Jaloux, non sans cause, Edouard supplia le comte de Richemont de la faire empoisonner. Mais le dévouement du comte n'allait pas jusque-là.

La paix fut signée le 31 mai.

L'année suivante (1326), nous trouvons Jean de Bretagne en France avec le titre de lieutenant du prince de Galles duc d'Aquitaine, qui sera le roi Edouard III. Le duc d'Aquitaine est un enfant de quatorze ans que sa mère et des seigneurs conjurés contre son malheureux père retiennent en Angleterre ; et son lieutenant en Aquitaine est chargé du gouvernement du duché ! [Morice. Pr. I. 1343].

Le comte rentra bientôt en Angleterre, et il y mourut, le 17 janvier 1333. Bien que vivant loin de la Bretagne, le comte de Richemont resta Breton de coeur ; en mourant il tourna un dernier regard vers le lieu où s'était écoulée son enfance, et il ordonna sa sépulture au couvent des frères mineurs de Nantes [Note : Lobineau. Hist. p. 3o8. — Il rappelle un don opulent fait à la cathédrale de Nantes. Morice. Pr. I. 113].

Il laissait Richemont et ses autres possessions d'Angleterre à son neveu, le duc Jean III.

C'est sans doute à cette époque que nous devons rapporter certain accord entre les deux Rois à propos de Richemont.

Le Roi d'Angleterre voyait avec peine le duc de Bretagne pourvu de vastes possessions en Angleterre. Mais dépouiller le duc n'était-ce pas le jeter dans les bras de la France ? L'intérêt du Roi d'accord avec l'équité lui conseillait d'offrir une juste compensation. De son côté, le Roi de France pouvait toujours craindre que le devoir féodal dû à propos de Richemont n'attirât le duc dans le parti d'Angleterre. Pour ces divers motifs l'un et l'autre devaient souhaiter que Richemont cessât d'appartenir au duc de Bretagne.

Le Roi d'Angleterre crut pouvoir offrir l'échange dans son duché d'Aquitaine ; il lui parut qu' « une rente annuelle de 10.000 livres (au moins sept cent mille francs de notre monnaie en 1897) sur les coutumes de Bordeaux, Saint-Emilion, Saint-Macaire et Blaye » pouvait être acceptée par le duc en échange de Richemont.

Mais le traité à passer entre « le duc d'Aquitaine » et le duc de Bretagne devait être soumis à l'homologation du suzerain d'Aquitaine, le Roi de France. Le Roi d'Angleterre soumit les lettres de constitution de la rente à Philippe de Valois, et celui-ci n'eut garde de refuser l'homologation.

Il ne fallait plus que l'acceptation du duc de Bretagne. Ne fut-elle pas demandée ? Fut-elle refusée ? C'est ce que nous ne pouvons dire : ce que nous savons, c'est que, très malheureusement pour le duc et ses successeurs, « les lettres du duc d'Aquitaine homologuées par le Roi de France » restèrent sans suites [Note : Nantes. E. 114. « Lettres d'Edouard, alors duc d'Aquitaine, homologuées par Philippe de Valois, constituant sur les coutumes de Bordeaux, Saint-Emilion, Saint-Macaire et Blaye, une rente de 10.000 livres tournois en échange de Richemont pour Jean III, de Bretagne ». Edouard duc d'Aquitaine est bien le Roi d'Angleterre Edouard III, Roi depuis 1327, un an avant Philippe de Valois. Il ne céda le duché d'Aquitaine à son fils Edouard (le Prince Noir) qu'en 1363, et Philippe de Valois était mort en 1350].

Vicomte de Limoges et à ce titre homme lige du Roi de France, Jean III, s'il demeurait comte de Richemont, allait devenir homme lige du Roi d'Angleterre. Cette dualité avait effrayé Arthur II ; moins sage que son père, Jean III garda pour lui le comté et fit hommage à Edouard III [Morice. Pr. I. 1370].

La situation personnelle du duc n'était pas moins complexe : il était neveu à la mode de Bretagne d'Edouard II, lorsque son premier mariage avec Isabelle de Valois l'avait fait beau-frère de Philippe, que la mort de ses trois cousins Louis Le Hutin et ses deux frères allait faire Roi de France [Note : A propos de ce mariage, Lobineau écrit p. 285. « Isabeau, fille aînée de Charles de Valois fils, frère et père de trois rois de France ». La phrase est énigmatique. Il faut entendre fils d'un roi (Philippe le Hardi), frère d'un roi (Philippe Le Bel), qui fut père des trois rois, Louis Le Hutin, Philippe Le Long et Charles Le Bel, et père d'un roi, Philippe de Valois].

Pendant le règne d'Edouard II, le duc se ménagea prudemment entre la France et l'Angleterre [Morice. Pr. I. 1341]. Mais après la mort du malheureux Roi (1327) et l'avènement de Philippe de Valois (sacré le 29 mai 1328), s'éloignant de l'Angleterre, il se rapprocha ouvertement de la France.

Au lendemain de son sacre, le jeune Roi, à la prière de Louis de Nevers, comte de Flandre, marche contre les Flamands révoltés qui sont alliés de l'Angleterre. Le duc de Bretagne se joint au Roi. A la journée de Cassel (23 août 1328), il commande une des batailles françaises et il est même blessé. Pour prix de ses services, il demande au Roi la grâce de Robert d'Artois, leur commun beau-frère. Pour le malheur de la France, sa médiation fut sans succès.

Un peu après, le duc autorisait les Bénédictins de Saint-Mathieu à fortifier leur abbaye « pour protéger leurs reliques ». Mais quels ennemis peuvent les inquiéter, sinon les Anglais, comme nous l'avons vu en 1296 ? C'est donc contre les Anglais que s'élève « la forteresse » (Juin 1332) [Morice. Pr. I. 1358-1359].

Mais le Roi d'Angleterre ne parut pas tenir compte de ces faits : à la mort du comte de Richemont, il admit Jean III à l'hommage (8 mai), et le mît en possession du comté par lettres du 4 mai 1334 [Morice. Pr. I. 1370]. Edouard III avait un motif sérieux de ménager le duc de Bretagne.

En 1329, Guy, comte de Penthièvre, frère chéri de Jean III, était mort prématurément laissant une fille unique. Le duc n'avait pas eu d'enfant de ses deux premiers mariages, il n'en attendait pas, paraît-il, du troisième ; et il considérait comme son héritière la fille de Guy, son frère germain, à l'exclusion de son frère consanguin, Jean, comte de Montfort, qu'il n'aimait pas et dont il redoutait l'ambition.

Or prévoyant que la compétition du comte de Montfort pouvait allumer la guerre dans le duché, Jean III avait imaginé un singulier moyen de parer à cette éventualité. C'était de donner la Bretagne au Roi de France qui saurait la défendre contre le comte de Montfort. Les Bretons consultés trouvèrent le remède pire que le mal ; et devant leur opposition le duc renonça à ce bizarre projet. Il revint alors au moyen le plus simple : un mariage qui donnât à sa nièce devenue héritière de Bretagne un champion capable de résister victorieusement aux entreprises de Jean de Montfort.

Edouard III était au courant de toutes ces démarches ; tout à coup il intervint ; le 31 décembre 1335, il envoya deux ambassadeurs au duc demander pour son frère le comte de Cornouaille la main de Jeanne « comtesse de Penthièvre, héritière de Bretagne » [Morice. Pr. I, 1375]. C'est ainsi qu'Edouard III qualifiait alors Jeanne de Penthièvre.

Avec l'appui de l'Angleterre le comte de Cornouaille avait la puissance que Jean III voulait trouver dans l'époux de son héritière. Mais le Roi de France recommandait un autre prétendant : Charles comte de Blois, fils de sa soeur Marguerite, qui avait été belle-soeur du duc. Jean III le choisit (1337) [Note : Philippe VI (de Valois), Isabelle, duchesse de Bretagne morte à 16 ans, an 1309, et Marguerite, femme de Guy de Châtillon, comte de Blois, promise en 1298 et mariée en 1310, morte avant août 1342, étaient frères et sœurs germains nés du premier mariage de Charles de Valois, fils de Philippe Le Hardi, avec Marguerite de Sicile].

La préférence donnée au neveu du Roi de France sur son propre frère n'était pas de nature à plaire au Roi d'Angleterre ; on ne voit pas pourtant qu'il en ait marqué quelque mauvais vouloir au duc. Au contraire, le 15 mars 1339, il lui accorde gracieusement « la remise de toutes les sommes qui peuvent être dues au trésor sur le comté de Richemont, du temps de ses prédécesseurs ou depuis son entrée en possession » [Note : Morice. Pr. I. 1392-1393. L'acte porte 1338 ; mais cette année Pâques tombait le 12 avril : il faut donc lire 1339].

Ainsi Edouard ne renonce pas à amadouer le duc de Bretagne. La guerre de Cent ans est commencée ! L'année précédente, Edouard a passé en Flandre, et le 1er juillet, il a pris le titre de Roi de France et peint les fleurs de lis sur son écu auprès des léopards d'Angleterre. Il a besoin du duc de Bretagne.

Mais Edouard ne réussit pas à attirer le duc dans ses intérêts. En 1339, Jean III armait quatre-vingts navires qui allèrent rejoindre la flotte française, et partait de sa personne avec huit mille Bretons. Les armées se séparèrent sans combat ; mais l'année suivante (24 juin 1340) la flotte entière fut détruite à l'Ecluse ; le Roi d'Angleterre estimant ce succès suffisant pour une campagne consentit une trêve ; l'armée française se sépara, et Jean III en route pour la Bretagne tomba malade et mourut à Caen, le 30 avril 1341.

Telles furent les relations de Jean III avec l'Angleterre. Quelle fut pendant son règne la situation de Richemont ? Lobineau dit que le comté fut saisi sur le duc et donné à Robert d'Artois ; et il semble rapporter la date de ce fait au temps où Robert se réfugia en Angleterre (1334) [Lobineau, Hist. p. 308].

Bien que lui-même ne donne pas la preuve de ce fait, nous n'osons pas contredire l'illustre historien. Nous dirons seulement que nous ne voyons pas à quelle époque placer la saisie. En mai 1334, le Roi accepte l'hommage de Jean III ; en 1335, il demande pour son frère l'héritière de Bretagne ; en juillet 1338, le duc fait un don à un Breton, Geffroy Le Voyer, seigneur de Trégomar, qui, dit-il a été « de long temps son sénéchal de Richemont » [Note : Morice. Pr. I. 1344. Ce don est rappelé dans des lettres de Charles de Blois et Jeanne de Penthièvre datées de novembre 1342] ; en mars 1339, Edouard accorde la grâce que nous avons dite au duc, « comte de Richemont ». Enfin, en avril 1341, Jean III meurt en possession du comté, puisque, dès le 16 mai (seize jours après la mort de Jean III), Edouard donnait des ordres pour la garde de Richemont et des autres seigneuries du duc, et pour la perception de leurs revenus qui devaient entrer dans le trésor royal, à raison de la mort du « duc de Bretagne, comte de Richemont » [Morice. Pr. I. 1413] (extrait de J. Trévédy).

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