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LES ANCIENS EVEQUES DE TREGUIER

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évêques de l'évêché de Tréguier

 

La chronologie des évêques de Tréguier, depuis la fin du XVIème siècle jusqu'à la suppression du siège épiscopal, le 15 juillet 1801, est parfaitement connue ; et la vie de plusieurs prélats a même fait l'objet d'importantes biographies. Nous nous bornerons donc, afin que le lecteur ait cependant un catalogue aussi complet que possible de l'épiscopat trégorrois, à relater ici très sommairement la succession des évêques depuis François de la Tour, successeur de Jean-Baptiste le Gras ; et à publier les portraits, plus intéressants qu'artistiques, ornant actuellement le presbytère.  

FRANÇOIS DE LA TOUR

François de la Tour, fils d'écuyer Guillaume, sr. de Penarstang et Kerloasser, et de Jeanne de Goesbriand, portait : d'azur à une tour crénelée et donjonnée d'or. Moine de l'abbaye du Relec, il en fut nommé, par acte du 26 août 1555, procureur général et spécial pour cinq ans. En 1560, il était chanoine de Tréguier, archidiacre de Plougastel et recteur de Plougonven, où il résidait au manoir de la Tour pendant la construction de Montplaisir. Recteur de Plestin en 1563, puis abbé de Coetmalouen en 1572, il succéda deux ans plus tard à l'évêque Etienne Boucher sur le siège de Cornouailles. 

A la suite de difficultés avec la communauté de Quimper, il fut transféré à Tréguier à la mort de J.-B. Le Gras. 

A sa requête, un arrêt du parlement daté du 30 avril 1585 prescrivit « à tous les seigneurs, gentilshommes et autres personnes de l'évêché, Ayant prééminences, enfeux, armoiries et autres prééminences aux vitres des églises et chapelles, de les réparer et mettre en état, et défendit, à tels prétendant droits ou tous autres, de troubler le service divin, battre ni intimider les marguiliers et serviteurs des dites églises, sur grosses peines ».

« Saepe morbo apoplexioe ; laboratus », suivant Eubel, ce qui explique peut-être les fâcheuses légendes ayant cours sur cet évêque, François de la Tour résigna son évêché en faveur de Guillaume du Hallegouet. Trois accords à ce sujet, datés des 19 mars 1586,1er août 1586 et 9 octobre 1587, lui réservaient un tiers des fruits et diverses présentations ; mais, tandis qu'en mars 1587 il est encore qualifié évêque de Tréguier, l'acte d'octobre 1587 fait précéder ce titre de naguères. 

Retiré en son manoir de Penarstang, il reçut pendant la ligue une sauvegarde du vicomte de Donges le 7 novembre 1589, et quelques hommes de troupe furent chargés de veiller à sa sûreté. 

Décédé le 11 août 1590, il fut inhumé le 13 à Plougonven, suivant M. le Guennec, à qui nous empruntons la plupart des détails précédents, et qui a publié son acte de décès tiré d'un vieux nécrologe de Saint-Mathieu de Morlaix. « Franciscus de la Tour, dominus de Penarstan, obiit sabato die undecima mensis augusti anno domini millesimo quinquemo octuagemo decimo et sepultus fuit die luna decima tertia mensis augusti anno que supra in parochia de Ploegonven »

Comme l'a fait remarquer ce savant auteur, il est étrange que la dignité épiscopale de François de la Tour ne soit pas mentionnée dans cet acte et que sa sépulture ne soit pas relatée dans le procès-verbal très détaillé des tombes et enfeux de l'église de Plougonven dressé en 1679. 

Divers auteurs ont indiqué sa sépulture dans la cathédrale de Tréguier, et il est en effet certain qu'un enfeu lui fut préparé. Par acte du 30 mars 1587, passé devant R. Goalès et J. de Kerbouric, l'évêque avait fondé « deux anniversaires sur l'autel à l'entrée du choeur, du côté de l'évangile, à chaque lundi de Quasimodo et fête de saint François, avec concession d'un enfeu au côté de la tombe de saint Yves, vers la nef, et obligation de réciter le stabat et antienne avec De profundis à la fin, chaque dimanche de carême »

Le 25 octobre 1588, Messires Guillaume de Cameru et Guillaume le Jolif, chanoines, achetaient avec l'argent de cette fondation la métairie noble du Rochdu de noble homme François de Kerousy. 

Bien que la fondation fut encore desservie au XVIIIème siècle, comme l'indiquent les registres du chapitre, il est cependant permis de douter, d'après un acte du 1er juillet 1596, que le corps de l'évêque ait été déposé dans son enfeu. Suivant cet acte, Yves Arrel, scholastique, remonte en effet aux autres chanoines « qu'il a obtenu don et supplantation d'avec dlle Marye de la Tour, épouse d'écuyer Nouel de Lesormel, sr. et dame de Kergroas, héritière p. et n. de deffunt révérend père en Dieu, Messire François de la Tour, en son vivant évêque de Tréguier, d'un emplacement de pierre tombale de sépulture, appartenant au feu de bonne mémoire sr. de Penarstang, évêque de Tréguier, joignant la tombe de Monseigneur saint Yves, vis-à-vis le Crucifix, où il n'y a que carreau à présent » (Note : Sur François de la Tour et sa légende, voir la belle monographie que M. Le Guennec a consacrée à la commune de Plougonven : Notice sur la commune de Plougonven, Morlaix, s. d., p. 62 et suivantes et 210 et suivantes).

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GUILLAUME DU HALEGOET

évêques de l'évêché de Tréguier

Fils du second mariage de Pierre du Halegouet, sr. de Kergresq, et d'Anne de Kernevenoy, Guillaume était archidiacre de Tréguier lorsqu'il fut pourvu de l'évêché par la résignation de François de la Tour. 

Peu après, la ligue battait son plein et les tribulations commençaient pour l'évêque. Tréguier tenant pour le roi, les troupes de Mercœur, aidées des paysans d'alentour, que le duc avait réussi à soulever, en donnèrent l'assaut le 17 novembre 1589. Les habitants, défendus par la faible garnison du sr. de Châteauneuf et n'ayant reçu en temps utile les secours promis, durent céder à cette avalanche de quinze mille assaillants et se réfugièrent le premier jour dans la cathédrale, mais se rendirent le lendemain. 

Bien que l'acte de capitulation ait stipulé le respect de l'église, elle fut ravagée de fonds en comble, rapporte le sr. de Kercabin, « jusques à rompre et forcer l'armoire du saint sacrement du précieux corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui fut trouvé sur l'haustel, la custode volée et emportée, et une tombe enlevée qui était dans la chapelle Saint-Yves tournée, et enlevé le vestiaire où estoient les ornements et trésors de l'église et les reliques des saints... L'église même fut polluée, pillée et ravaigée, jusques aux robes et manteaux des pauvres prebstres ; et fut le service divin discontinué quelques jours en la dite église, laquelle était auparavant la mieux entretenue de tout le pays »

L'évêque, que l'on cherchait à faire prisonnier, put s'enfuir par mer à Grandville avec deux de ses cousins, le chanoine Philippe du Halegouet, prieur de Kermaria, et Ollivier du Halegouet, sr. de Kerpeulven, en Penvénan.

Nouveaux pillages de Tréguier en 1590 et 1591 ; enfin, le duc de Mercoeur, furieux de la prise de Guingamp par les royaux, et « pour rassasier son coeur de vindicte », suivant François de Kerguézec, « fit, le 17° jour d'août, en 1592, approcher du dit Lantreguer deux gallères et dix-huit grands vaisseaux remplis de gens de guerre, tant Français qu'Espagnols, lesquels ayant mis pied à terre, viollèrent ce qu'ils trouvèrent de femmes et de filles, vollèrent et ravagèrent ce qu'ils trouvèrent de biens, tuèrent et ranczonnèrent plusieurs ; et enfin, après y avoir séjourné trois jours, mirent le feu en la plus part et aux plus belles maisons de la dicte ville dont il y eut sept vingt maisons brûlées »

Il faut lire les émouvantes dépositions des témoins pour se rendre compte de la misère épouvantable qui régnait alors, due suivant Jean de Kercabin, « aux ravages des gens de guerre de l'un et l'autre party qui n'ont oublyé exercer au dit évêché aulchune espèce de cruaulté et tyrannie ». Les troupes de Mercoeur n'étaient pas, en effet, les seules coupables. L'armée anglaise, après avoir dévasté les cantons de Lanvollon et de Paimpol, vint cantonner à Ploézal et à La Roche-Derrien, vivant sur le pays environnant « en toute licence et discrétion », et exigeant, en plus des bestiaux, l'argent des habitants des paroisses, lesquels, dit un témoin, « n'ayantz plus de deniers, sont contrainctz vandre les calices, croix et ornementz de leurs églises et meurent enfin misérables entre les mains des gens de guerre »

L'évêque, particulièrement visé, dut séjourner seize mois à Grandville, puis vint au château de Tonquédec et enfin à Guingamp, dès que cette ville fut au pouvoir des royaux. Il y séjourna jusqu'en 1594 et regagna alors Tréguier, où son manoir épiscopal et tous ses biens avaient été dévastés. 

Craignant un nouveau coup de main, il fit fortifier le haut de la cathédrale, sur le conseil des gens de guerre que le sr. de Saint-Luc lui avait donnés pour sa défense, fit boucher les escaliers par lesquels on accédait aux tours, aux orgues et à la librairie au-dessus de la sacristie, salle dont il fit percer le pignon qui la séparait de son manoir pour s'assurer une retraite en cas de nécessité. Ces travaux lui valurent en 1598 un procès de la part du chapitre, procès dont les débats font connaître l'existence lamentable du pauvre évêque qui, « lorsqu'il baillait les ordres en son église », devait être assisté « de nombre d'hommes et faire tenir les portes fermées, fors un petit guichet pour ne pouvoir être en seureté en la dicte église ». L'année suivante, nouveau procès avec les chanoines sur la répartition des offrandes du pardon de Saint6Tugdual. 

Le vénérable chapitre, divisé par la ligue, ne paraît pas, d'ailleurs, avoir beaucoup pratiqué les préceptes évangéliques, si l'on en juge par exemple par la mention suivante : « Le dimanche du pardon de Saint-Tugdual 1593, Messire Jean Danyou, chanoine et trésorier de la cathédrale, étant pris de vin, traita Nicolas de Trogoff, vicaire général et official de Tréguier, de larron et voleur et voulut le frapper du poing. Un autre chanoine, Guillaume le Joliff, l'en empêcha, mais se blessa avec une hache d'armes que portait le dit Danyou à sa ceinture ».

Songeant à la mort, Guillaume du Halegouet avait fait accord le 28 septembre 1597 avec les paroissiens de Plougrescrant, pour être inhumé, ainsi que son frère Philippe, en la chapelle Saint-Gonéry, près de leur manoir de Kergresq [Note : Le manoir de Kergresq avait été porté à la fin du XIVme siècle dans la maison Gargian par le mariage de Jouhanne de Kergresq, fille et unique héritière de Rolland et de Mahaut Capill, avec Etienne Gargian, fils de Pierre, sr. du Rudonnou, et de Louise Le Goualès de Kerversault. D'abord indivis entre deux de leurs enfants, Olivier et Marie, épouse de Pierre du Halegoet, cadet de Guermel, et trisayeule de l'évêque, il resta finalement aux héritiers de cette dernière]. On peut encore admirer aujourd'hui le magnifique mausolée sous lequel il fut inhumé après son décès survenu le 29 octobre 1602. Ce tombeau porte l'inscription suivante : Cy gist Messire Guillaume du Halegoet, évesque esté de Tréguier, qui a fondé céans une messe perpétuelle à notte et à tous les dimenches et festes solennelles, vespres du jour, avec les vespres une nocturne et laudes pro defuntis avec l'antienne domine miserere à estre chantés à perpétuité et, pour dotation, a baillé mille escus pour être convertis en rente au denier qui nse recours à la fondation qui a esté rendue parmy les lettres de céans et celles de l'évesché. Pries Dieu pour son âme, 1599 [Note : Sur Guillaume du Halegoet, voir : Maurice LE BORGNE : Armorial manuscrit du château de Keroulas. — A. DE BARTHRLEMY : Choix de documents inédits sur l'histoire de la Ligue en Bretagne. Nantes, 1880, p. 27 à 57 et 156 et suivantes. — Du même auteur : Mélanges d'histoire et d'archéologie. Prise et pillage de Tréguier par les ligueurs. — Abbé J.-M. LUCAS : La vie, les reliques, le culte de saint Gonéry (Revue historique de l'Ouest et tiré à part, 1888)]. 

Par son testament du 4 juillet 1619, le cousin et compagnon d'infortune de l'évêque, Philippe du Halegoet, alors trésorier de Tréguier, fonda une messe hebdomadaire le mardi au choeur de la cathédrale, avec à la fin un de profundis sur sa tombe, entre les deux piliers du choeur, vis-à-vis de la chapelle Saint-Martin, fondation pour laquelle il laissait 3.600 livres.

 

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ADRIEN D'AMBOISE

Adrien d'Amboise (d'azur au lion d'or, au chef palé d'or et de gueules, le premier pal brisé d'un dauphin d'azur en chef) était fils cadet de Jean, chirurgien des rois de France, et de Marie Fromaget, et avait pour frères et soeur : François, sr. d'Esmery, procureur général an grand conseil, puis maître des requêtes ; Jacques, médecin et Marie, épouse de Jacques de Marans. 

Docteur en théologie, Adrien fut chanoine d'Amiens, grand maître du collège de Navarre, curé de Saint-André-de-Arcs à Paris, enfin nommé en 1604 à l'évêché de Tréguier par Henri IV à la place de Georges Louet, abbé de Toussaint et doyen de l'église d'Angers, élu, mais décédé avant sa consécration. 

Désirant apaiser les esprits encore surexcités par les guerres de la ligue et rénover l'esprit religieux dans son diocèse, le nouvel évêque, frappé à Morlaix des heureux effets du catéchisme et des instructions de Michel le Nobletz, l'invita à parcourir son diocèse. « Marchez de l'avant, lui dit-il, quelqu'obstacle on opposition qu'il vous arrive de rencontrer, et donnez des missions partout où vous le pourrez, dans toute l'étendue de mon diocèse ». Le missionnaire, déjà  souffrant et attiré par la Cornouaille, ne put se rendre à cet encouragement. 

Adrien d'Amboise présida avec autorité les Etats de Bretagne de 1607. Par actes des 15 février 1610 et 30 septembre 1611, il fit fondation d'un office pontifical le jour de l'Assomption, d'un office canonial le jour de l'Immaculée-Conception ; et de deux anniversaires, l'un le jour de son décès et l'autre au mois de mars, l'un des deux anniversaires pouvant être remplacé par un office canonial à la fête de la Nativité de la Vierge, fondation dotée de 1.200 livres de rentes. 

Par testament du 22 août 1614, il confirmait ces fondations, demandait que son corps fut inhumé dans le choeur de la cathédrale, et donnait 600 livres pour faire prier pour le repos de son âme et acheter différentes chapes et autres ornements qu'il léguait à la fabrique. Les nombreux dons faits par l'évêque sont consignés dans l'inventaire de 1626 : 

« Un grand calice d'argent doré, cizelé en la patte, en la couppe et en la pomme, donné par Mgr d'Amboise, évesque, ses armes au dessoubs, avec la pataine aussi d'argent, dorée, gravée, ciselée et esmaillée au dehors ».

« Autre calice et pataine d'argent avec leur estui, donnés par ledit sr. évesque, armoyés de ses armes ».

« Deux grands urceaux, dorés, ciselés, donnés aussi par ledit évêque d'Amboise ».

« Une croix d'argent doré avec sa patte en ovalle, armoyée des armes du dit évêque ».

« Une piscine ou benestier d'argent doré avec son ance et aspergeoir de mesme, armoiés des armes du dit évêque ».

« Deux chandelliers de médiocre volume d'argent doré, ciselés, armoyés de ses armes ».

« Huit chappes de damas blanc garnyes de passement d'or dont il y a deux neufves et six un peu usées avec deux chasubles, quattre tunicques, cinq estolles et six manipules de même parure, armoyés des armes du seigneur évêque d'Amboyse ».

« Un parement ou devant d'autel de damas blanc avec deux pantes ou tour de mesme avec la frange de soye blanche, armoyée des armes du dit seigneur évêque et deux rideaux de taffetas blanc pour garnir les deux costés du grand autel du dit seigneur évêque ».

« Un parement ou devant d'autel de damas rouge cramoisy avec quattre rideaux de mesme estoffe, deux grands et deux médiocres, armoyés au dit parement des armes du seigneur évêque ».         .

Enfin, c'est à cet évêque qu'est due la construction du palais épiscopal commencé en 1608.

Adrien d'Amboise mourut le jeudi 28 juillet 1616 entre dix, et onze heures du soir. Son corps fut inhumé, suivant son désir, le dimanche suivant, dans le chœur de la cathédrale, près de celui de Jean de Calloet qui fut trouvé intact. La lame d'airain le recouvrant portait l'inscription suivante :

AMBOESI PATER ERUDITORUM,
ARGIVA ET LATIA MADENS MINERVA ;
PAULINA IN CATHEDRA DISERTE PRAECO,
IDEMQUE HOERESEOS SEVERE CENSOR,
PRISCARUM NOVA NORMA EPISCOPORUM,
ANTISTES PIE, PAUPERUM PATRONE,
CUSTOS VIRGINITATIS ATQUE AMATOR,
TU QUOCUMQUE IERIS, SEQUERIS AGNUM.

Son coeur fut déposé en la chapelle Saint-Adrien, comme l'indique une transaction faite à Paris entre le sr. Poulain, délégué du chapitre, et le sr. d'Esmery d'Amboise, par laquelle le premier reconnaît avoir touché 900 livres pour acheter 50 livres de rentes pour deux messes fondées par le feu seigneur évêque d'Amboise et desservie dans la chapelle Saint-Adrien où repose son coeur [Note : Sur Adrien d'Amboise, voir : Bibliothèque Nationale, Cabinet des Titres et Archive Côtes d'Armor : G. 118. La chapelle Saint-Adrien était autrefois sous le vocable de Saint-Martin et actuellement de Saint-André].

 

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PIERRE CORNULIER

évêques de l'évêché de Tréguier

Pierre Cornulier (d'azur à la rencontre de cerf d'or surmontée d'une hermine d'argent), fils cadet d'autre Pierre et de Claude de Comaille, naquit à Nantes en 1575, Destiné par son père, dès son jeune âge, à l'état ecclésiastique, il était à 18 ans licencié en droit civil et canon. Entré dans les ordres, il fut immédiatement pourvu du doyenné de Pirmil par la résignation de Tristan Guillemier. Conseiller clerc au parlement de Bretagne le 17 septembre 1597, abbé commandataire de Sainte-Croix de Guingamp en 1598, puis de Saint-Martin de Gael, où il fonda un hôpital en 1604, et enfin de Blanche couronne en 1612, il fut nommé commissaire des Etats près de la Chambre des Comptes de Bretagne en 1613 et assista comme député du clergé de Bretagne aux Etats généraux du 13 octobre 1614 au 23 février 1615. 

C'était l'un des hommes les plus érudits de son temps, juris-consulte éminent et bibliophile éclairé.

Nommé en 1617 évêque de Tréguier et conseiller du roi en ses Conseils d'Etat et privé, il prêta serment le 27 juillet. Il résida peu à Tréguier et tint seulement à Guingamp un synode extraordinaire le 9 juin 1618. Il avait recommandé à son vicaire général et à son official, qui le représentaient, d'éviter autant que possible tous froissements avec les fougueux chanoines ; aussi, après son transfert à Rennes, ceux-ci, voulant sans doute se ménager un puissant protecteur, adressaient-ils leurs regrets à « Monsieur de Cornulier, à présent évêque de Rennes, duquel on connaît assez l'expérience et la capacité en toutes bonnes choses »

Il avait été, en effet, nommé à ce dernier siège le 17 mars 1619 et en prit possession en septembre. Il s'y montra le plus zélé des pasteurs, notamment au moment de l'épidémie de peste. 

Décédé le 22 juillet 1639 à son manoir des Croix, près Rennes, il fut inhumé le 28 en la chapelle de Notre-Dame du Voeu, dans le croisillon nord de sa cathédrale [Note : Sur Pierre Cornulier, voir : Généalogie de la Maison de Cornulier, Nantes, 1863, p. 30 et suivantes — GUILLOTIN DE CORSON : Pouillé historique de Rennes, T. I, p. 93 et suivantes. — PALUSTRE : L'ancienne Cathédrale de Rennes].

 

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GUY CHAMPION

évêques de l'évêché de Tréguier

Guy Champion, sr. de la Chaise, était fils cadet de François, sr. des Croix, et de Françoise de la Chapelle, et avait pour frères et soeurs, René, sr. de Cicé, Georges, sr. de Serrières, Marguerite, épouse de Pierre Boutin, et Louise, religieuse. Il portait : écartelé au 1 et 4 : d'azur à 3 écus chargés chacun de trois bandes de gueules, contrecartelé de gueules à une bande d'hermines

Abbé commendataire de Saint-Etienne de Fontenay-les-Caen, bénéfice valant 8.000 livres, il résidait à Paris, lorsqu'il reçut partage de la succession de ses parents les 7 novembre 1609 et 26 janvier 1610. 

Chanoine de Paris, puis abbé de Bonnefontaine, il fut nommé à l'évêché de Tréguier après la translation de Pierre Cornulier, et sacré à Paris en 1620 par René de Breslay, évêque de Troyes, assisté des évêques d'Amiens et de Meaux. 

Dès la prise de possession de son siège qui eut lieu peu de jours avant la Pentecôte 1620, il trouva, suivant un curieux mémoire du temps, « toutes choses en désordre et confusion, notamment ce qui regardait le service divin en l'église cathédrale. Il ne s'y observait aucun usage particulier et chacun y ajoutait ou diminuait selon que bon lui semblait, faisant un mélange de prières rapportées qui bien souvent causait risée et scandale au peuple »

L'évêque, après avoir invité les chanoines à mettre bon ordre à cet état de choses, leur remontra, deux mois après, que son devoir l'obligeait à ne plus tolérer pareil dérèglement et leur ordonna de lui présenter leurs bréviaires, missels et autres livres des offices qu'ils observaient. Les chanoines répondirent qu'ils n'en avaient pas, qu'après le décès d'Adrien d'Amboise, ils avaient reçu en chapitre l'usage de l'office et des cérémonies romaines, et qu'à cet effet ils avaient acheté les graduels, antiphonaires et autres livres dont ils se servaient au choeur. Ils prièrent l'évêque d'approuver cet usage, ce qu'il fit volontiers et confirma par ordonnance du 14 août 1620. 

Guy Champion fit alors la visite complète de son diocèse en confirmant cette ordonnance. A son retour, constatant à la cathédrale le même désordre, et en ayant demandé raison, les chanoines donnèrent comme excuse qu'ils n'avaient pas de cérémonial pour instruire les choristes, chantres et suppôts, et qu'ils regrettaient d'avoir reçu l'usage romain. Eu réalité, écrit le rédacteur du vieux mémoire concernant cette querelle « ils voyaient bien que l'évêque voulait commander et les contraindre de l'observer, n'ayant rien de plus en horreur que de se soumettre à la supériorité d'un évêque »

Quelque temps après, l'évêque ayant reproché à nouveau au chapitre sa négligence et le peu de respect qu'il apportait à l'office, les chanoines demandèrent à députer trois d'entre eux pour faire avec Guy Champion des extraits du cérémonial afin d'instruire leurs vicaires, choristes et suppôts, permission qui leur fut accordée, mais dont ils se gardèrent bien d'user. 

La rébellion du chapitre contre l'évêque devint alors ouverte et le prélat ne pouvait assister aux réunions capitulaires ou se rendre au choeur sans que quelque scandale n'éclatât, les chanoines répétant à tout venant que l'évêque n'avait aucun pouvoir ni autorité sur eux. 

Ils prenaient pour de la faiblesse la modération de Guy Champion et cette confusion, qui dura trois mois, se fût sans doute prolongée si le chapitre n'avait décidé de frapper un grand coup le jour de la fête de Saint-Yves. Les chanoines, ayant en effet fait venir deux notaires à la sacristie, décrétèrent à l'évêque, au moment de l'office, qu'ils ne célébreraient les vêpres solennelles que s'il renonçait par écrit, sur-le-champ, à faire observer l'usage des cérémonies romaines, à moins d'autorisation du chapitre ; que s'il abdiquait les droits de commination et de censures ; enfin qu'ils entendaient d'ailleurs célébrer la solennité de Saint-Yves suivant l'usage du passé et non autrement. 

L'évêque, voyant qu'il n'y avait aucun espoir d'obtenir quoi que ce soit par la douceur et la persuasion, leur enjoignit alors d'observer strictement l'usage romain et d'assister immédiatement à l'office sous peine d'excommunication encourue ipso facto. Le chapitre suivit donc tête basse son évêque au choeur, probablement sous les sourires du peuple à qui il avait fait annoncer son ultimatum. 

Il ne se tint pas cependant pour battu et en appela au parlement, comme d'abus de pouvoir, par lettres du 2 juin 1621. D'un autre côté il répandit par tout le diocèse que l'évêque avait défendu à l'avenir de faire l'office des bienheureux saint Tugdual et saint Yves, ce qui émut tant le peuple que l'évêque dut, par une nouvelle ordonnance, démentir ces bruits et prescrire de célébrer les fêtes de saint Tugdual, de saint Yves et des saints locaux comme de coutume. 

Cette lutte montre à quel degré était tombé ce chapitre, ce que viennent confirmer de multiples ordonnances épiscopales relatives à la tenue des chanoines, ordonnances par lesquelles Guy Champion leur interdisait d'aller aux tavernes, de se rendre à l'église autrement qu'en habits ecclésiastiques, de ne faire aucune collation, pour quelque raison que ce soit, à la sacristie ni derrière le grand autel ; enfin de cesser d'apporter pain et vin, les jours où l'on chante la passion au jubé, pour boire durant le service au lieu d'y pleurer sur leurs fautes. Il demandait également au chapitre de lui présenter les comptes de l'église, ce qui, devant le refus de celui-ci, fut ordonné par le grand Conseil du roi le 5 août 1623. Enfin, le 30 mai 1623, il renouvela son ordonnance de 1620 relative au cérémonial romain.

Les chanoines reprirent alors la dispute engagée avec Guillaume du Halegoet sur les privilèges du chapitre revendiquant entre autres la possession de la librairie au-dessus de la sacristie et accusant l'évêque ou ses officiers d'avoir brisé les scellés apposés à la mort d'Adrien d'Amboise sur les trois coffres renfermant ses titres. Il fut dressé à cette occasion de nombreux procès-verbaux détaillés, d'autant plus précieux que quelques titres disparurent peu après dans l'incendie de la sacristie. Les chanoines perdirent leur procès par sentence rendue par le doyen de l'église de Nantes le 24 mai 1625, et firent appel. Ils demandaient :

1° que l'évêque ne pût faire aucune innovation tant en l'office divin qu'aux chaires du choeur de la cathédrale ;

2° que le grand vicaire ne célébrât aucun office pontifical, au préjudice du seigneur chantre premier dignitaire ;

3° que le mandement et visa de la collation de la sacristie faite par le seigneur évêque fussent réformés en tous leurs points ;

4° que les chanoines fussent ressaisis de la clef de la bibliothèque au-dessus de la sacristie ;

5° que l'évêque payât son pontifical ;

6° que le devoir du prandium fût payé aux suppôts, au jour des offices pontificaux ;

7° que la sentence des requêtes fût reformée touchant la résidence et les distributions ;

8° que le chapitre ait la disposition des offices et recettes de Plouguiel et Plougrescant et le pouvoir de les conférer et de bailler les fermes au plus offrant en chapitre où l'évêque assiste si bon lui semble ;

9° que l'assemblée synodale et les statuts d'icelle se fissent par l'avis et conseil du chapitre, tant pour le lieu que pour la matière ;

10° qu'il fût procédé à l'avenir à l'examen des comptes de la fabrique au désir du transact cy devant passé entre les parties ;

11° que l'évêque ne donnât pas d'ordre dans le choeur ni ne troublât l'ordonnance de l'office et qu'il ne l'avançât ou le retardât sans délibération capitulaire ;

12° que les rubriques de l'usage romain et cérémonies ordinaires de la dite église fussent observées pour les encensements ;

13° qu'aux assemblées capitulaires les suffrages fussent libres et les décisions énoncées à la pluralité des voix.

Un accord amiable intervint le 9 avril 1626, accord enregistré au parlement le 15 juillet 1628. Par quelques concessions, l'évêque obtenait entièrement gain de cause. Le cérémonial romain était confirmé ; la juridiction contentieuse, même entre chanoines, en matière civile appartenait à l'évêque, ainsi que toutes corrections plus grandes que la privation des distributions du choeur ; le droit de visite de l'église lui était confirmé, à condition, il est vrai, que ce fût en personne, et il était enfin stipulé que tout ce qui concernait l'ordre de la cathédrale, à l'exception du choeur, était sous son entière dépendance. Guy Champion, qui avait entrepris sans l'avis du chapitre la construction d'une nouvelle chaire épiscopale, au haut du choeur, et les clôtures des chapelles de l'Ecce Homo et de Saint-Nicolas, obtenait néanmoins la permission de faire les embellissements et décorations projetées, « sous l'espérance de certaines dotations », mais sans que ses héritiers ou ses successeurs aient aucune prérogative dans ces chapelles. 

Les chanoines, de leur côté, obtenaient l'accès de la librairie et promesse de paiement du pontifical. La trêve dura peu. Dès le 1er juin 1629, l'évêque reproche à nouveau au chapitre de n'assister qu'à une seule heure de l'office, « uniquement pour gagner son pain », et de laisser le reste à la discrétion des suppôts et du bas-choeur, « contre tout honneur ». Il voulut donc exiger des chanoines qu'ils assistassent au choeur aux trois heures principales sous menace de privation de distribution ; mais ceux-ci répliquèrent qu'ils se conformaient strictement aux anciens statuts de l'église, que Monseigneur avait juré d'observer, lors de son entrée solennelle, statuts qui ne prévoyaient nullement la présence aux trois heures principales, et Guy Champion dut céder momentanément.

L'évêque avait d'ailleurs fort affaire par ailleurs et recevait notamment les doléances des habitants qui se plaignaient entre autres que Messire Pierre Labbé, principal du collège « ait expédié leurs enfants à grands coups de bâton jusqu'à contusion et à grands coups, de poing et de pied, les menaçant également de pareil traitement ».

Enfin et surtout, la contagion régnait avec son cortège de misères qu'il fallait secourir, ce à quoi le pasteur ne faillit pas. A cette occasion, Mathurin Lhostis, chanoine, ayant fait fondation, le 12 avril 1630, d'une messe sur l'autel Saint-Sébastien, en la nef, au bas de l'église, le procès-verbal d'acceptation du chapitre ajoute que « comme il y a là affluence de peuple et qu'au temps de la contagion, comme à présent, le peuple pourrait communiquer le mal au collège, la messe sera célébrée jusqu'à nouvel ordre sur l'autel de la nef situé devant le chanceau, proche la porte, du côté de l'évangile, autel sur lequel on posera un beau-tableau des images de la Sainte Vierge, des bienheureux saint Sébastien et saint Roch, autel qui s'appellera dorénavant Saint-Sébastien devant le choeur ».

Le vendredi 14 juin suivant, messeigneurs du chapitre décidèrent d'aller processionnellement le mardi suivant à la chapelle Saint-Sébastien de Penvénan pour qu'il plaise à Dieu, par l'intercession de saint Fiacre, de faire cesser la contagion. L'office commencera, indique le texte, à quatre heures du matin pour que la procession puisse sortir à huit heures.

Ce beau zèle dura peu. L'évêque dut à nouveau donner plusieurs avertissements au chapitre et le chantre lui-même admonesta ses confrères et leur enjoignit d'être plus assidus.

Divers incidents mirent à nouveau le feu aux poudres en 1630. Le chapitre ayant décidé, sans en référer à l'évêque, de faire murer la partie basse de la grand vitre du clocher pour éviter que les voleurs ne pénètrent par le porche dans la cathédrale, Guy Champion manda le maçon et lui interdit de continuer son travail sous peine de prison ; puis ayant rencontré le procureur de la fabrique il lui intima de ne rien faire à l'avenir sans son ordre. Trouvant également que l'on enterrait n'importe qui dans la cathédrale et que « des personnes s'attribuaient trop hardiment des droits prohibitifs dans ses plus belles chapelles », il rappela aux vénérables chantre et chanoines qu'ils n'avaient pas le droit de traiter ni d'accorder à aucune personne, de quelque qualité qu'elle fût, sépulture prohibitive ni droit d'apposer aucun écusson sans son exprès consentement, ni d'accepter aucune fondation sans son avis, d'où fureur du chapitre. 

Aussi, lorsque le 19 décembre 1631 l'évêque demanda de faire l'ordination prochaine dans le choeur, les chanoines refusèrent, prétextant que cela troublerait leur office et invitèrent l'évêque à célébrer cette cérémonie dans la chapelle au Duc. Guy passa outre, fit prendre possession du choeur par son valet de chambre qui ne rencontra d'ailleurs aucune résistance du seul chanoine qui s'y trouvait et officia sans se soucier du chapitre qui, naturellement, lui intenta un nouveau procès. 

Le trésorier Mathurin Lhostis qui l'avait engagé, exposa à cette occasion à ses confrères combien il était regrettable qu'il ne fut pas suivi de tous ; qu'il dépensait, quant à lui, sa fortune pour sauvegarder les libertés du chapitre, et que la postérité jugerait les chanoines bien indignes s'ils ne résistaient pas. L'évêque, une fois de plus, admonesta son chapitre, lui faisant remarquer que le propre des saints et le cérémonial n'avançaient pas, que le choeur de l'église était dans un désordre lamentable ; enfin que les chanoines n'étaient toujours pas plus assidus et d'une ignorance déconcertante. Aussi prit-il la décision de faire lire la théologie par le théologal et d'obliger le chapitre à assister à cette lecture sous peine de privation des bénéfices. Les chanoines s'insurgèrent naturellement, mais, la dignité de chantre étant devenue vacante, l'évêque la conféra à René de Rosmar, l'une de ses créatures, qui exerça la plus heureuse influence sur les belliqueux chanoines qui perdirent d'ailleurs presque simultanément l'âme de leur résistance en Mathurin Lhostis, décédé en mai 1634.

Aussi, dans la suite, les rapports du chapitre et de l'évêque paraissent avoir été moins tendus et Guy Champion fut pleuré de celui-ci lorsqu'il mourut d'esquinencie, dans la nuit du 14 au 15 septembre 1635. 

A la nouvelle de sa mort, le samedi 15, les chanoines se réunirent à sept heures du matin et décidèrent de faire sonner immédiatement les cloches pour avertir la population du décès de son pasteur ; puis ils se rendirent en corps au manoir épiscopal réciter le De Profundis et bénir la dépouille épiscopale. Ils y retournèrent, toujours en corps, à l'issue des complies, pour célébrer les vigiles des trépassés ; et le lendemain, en grande solennité, procédèrent à l'inhumation au milieu du chœur de la cathédrale. 

La nouvelle de la mort de Guy Champion fut rapidement connue à Paris. Dans une lettre du 20 septembre, datée de Charonne, le duc de Richelieu écrivit à ce sujet au secrétaire d'Etat Bouthillet : « L'évêque de Tréguier est mort ; son évêché vaut dix mille livres de rentes. Il avait l'abbaye de Fontenay, en Normandie, laquelle M. de Tellis, conseiller en la Cour, fait courir pour son neveu. Il est affectionné au service du Roy ; je lui ai donné une lettre que je vous écris en recommandation, laquelle le bonhomme est venu quérir à dix heures du soir en ce lieu. Sy le Roy considère le père Deslandes, qu'il avait destiné pour Périgueux qui n'est pas vacant, pour Tréguier, je croy qu'il s'en acquittera bien. Sy cependant Sa Majesté a quelqu'autre pensée, je m'y soumets, sachant bien que la prudence de Sa Majesté est telle, qu'elle ne saurait faire un mauvais choix » [Lettres du Cardinal de Richelieu, T. V, p. 246].

Guy Champion ne fut heureusement pas occupé uniquement par les querelles des chanoines. Il garda son troupeau avec beaucoup d'autorité et de sollicitude. C'est sous son épiscopat que vinrent s'établir les capucins à Guingamp, en 1615, les récollets à Morlaix, en 1622 ; les carmélites à Morlaix, en 1624, et à Guingamp en 1625 ; les ursulines à Tréguier en 1625, les bénédictines du calvaire à Morlaix en 1626. C'est également en 1624, le 3 des calendes d'octobre que fut posée la première pierre du couvent de capucins de Lannion, achevé en 1630. 

Enfin c'est le 16 avril 1635 que fut fondée à Tréguier, par Messire Michel Thépault, sr. de Rumelin, la confrérie (ou confrairie) du rosaire qui s'étendit bientôt à toutes les paroisses. La tombe de ce chanoine avec inscription rappelant cette fondation et timbrée de ses armes : de gueules à une croix alesée d'or et une macle de même au quartier dextre, a été confondue par Gaultier du Mottay avec celle de Noël Deslandes qui portait : d'argent à la croix alesée de sable et pour devise : Dei gratia sum id quod sum

L'évêque s'occupa également activement de sa cathédrale. Le 27 juin 1625, il fit faire un procès-verbal par Guillaume Prigent et Philippe du Val, notaires, pour constater l'indigence des réparations de l'église où la pluie tombait notamment en la chapelle Saint-Yves et dans le cloître où « l'eau découlait sur l'autel de N.-D. de Pitié au-dessus de l'Image » et il força les chanoines à faire les travaux nécessaires. 

En 1627, il promit de donner 400 livres pour la réfection des orgues sur les 1.200 demandées, et marché fut passé avec le sr. du Haut, qui le résilia bientôt. Nouveau marché fut passé moyennant 2.400 livres avec Henry Vaignon, facteur, qui livra les orgues le 14 mai 1632. 

Le 26 mars 1632, trouvant qu'il n'y avait pas de lampe décente devant le Saint Sacrement, il en fit don de ses deniers. 

Nous avons vu qu'il avait également fait faire une nouvelle chaire épiscopale et les ballustres des chapelles Saint-Nicolas et de l'Ecce Homo. Enfin, la tempête ayant abîmé la pointe du clocher, il fit passer marché le 6 août 1634 pour la refaire, réparer et remettre en place le coq servant de girouette ainsi que la croix.

 

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NOEL DESLANDES

évêques de l'évêché de Tréguier

Noël Deslandes, né en 1569, fit profession aux Jacobins de Blois. Venu à Paris, il reçut le bonnet de docteur en théologie en 1606 et acquit vite une réputation justifiée d'orateur qui lui valut de prononcer à Saint-Merry, en 1610, l'oraison funèbre du roi Henri IV. Prédicateur de Louis XIII, il fut prieur du grand couvent des Jacobins de Paris et vicaire général de la congrégation gallicane du même ordre, en 1626. C'est en cette qualité que, visitant le couvent de Morlaix, il ordonna, le 29 juin 1628, au père Albert Le Grand d'entreprendre le récit de la vie des Saints de Bretagne. 

Bien qu'il ait plusieurs fois refusé un siège épiscopal, le roi, désirant reconnaître ses longs services et travaux, résolut de lui donner la succession de Guy Champion. Dès le 22 septembre, il écrivit à son ambassadeur à Rome, M. de Noailles, pour obtenir l'agrément du pape ; et, la réponse ayant été favorable, la nomination fut promulguée le 29 octobre, jour anniversaire de la translation de saint Yves. 

Noël Deslandes remplit avec grand zèle et grande piété ses hautes fonctions et réussit à préserver son troupeau des doctrines calvinistes. Il propagea le culte du Rosaire dans tout le diocèse et mourut à Tréguier, le 19 août 1645, pleuré de tous. Aussi son corps fut-il enseveli le 21, au milieu du choeur de la cathédrale près de celui de son prédécesseur, malgré le désir qu'il avait manifesté d'être inhumé aux Jacobins de Blois. 

Dans ce dernier couvent, une plaque de marbre noir, timbrée de ses armes et portant l'épitaphe suivante, fut placée au-dessus de la porte de la sacristie, rappelant ainsi le souvenir de l'évêque dans cette maison qu'il avait tant aimée.

EPITAPHIUM VIVENTIS
F. NATALIS DES LANDES
DOCOR THEOLOGUS
INSIGNIS.
REGIBUS ET PRINCIPIBUS
CHARUS
CONCIONATOR INTER REGIOS
EXIMIUS
HUJUS COENOBII ALUMNUS
ET REPARATOR
TRECORENCIS EPISCOPUS
ET COMES.
SANCTITATE ET VIRTUTIBUS
PLENUS.
JACET TRECORIBUS.
VIVIT HIC
IN CORDIBUS ET LAPIDIBUS.
OBIIT DIE XIX AUG. M VIc  XLV
AETATIS SUAE ANNO LXXIV 

[Voir Bibliothèque Nationale, f. lat. 17029, p. 83]

Pendant son épiscopat, les chanoines firent de nombreux aménagements. Les sieurs chantre et scholastique, députés à cet effet, passèrent marché à Rennes, le 3 juillet 1639, avec Tugdual Caris, architecte, faisant tant pour lui que pour Jean Martinet aussi architecte, pour la construction du contretable du grand autel de l'église cathédrale, faict de tuffau et marbre ainsi qu'il suit : « Ledit autel aura à la face un cadre pour recevoir un grand tableau, lequel sera orné de six colones de marbre en lesquelles il y aura deux niches de grandeur nécessaire pour recevoir des figures (Saint Tugdual et Saint Yves) ; les dites colonnes seront posées sur les pieds d'estals et bases et ornées de leurs chapitreaux à la corintienne avec pilastres par derrière accompagnés de leurs arquitraux, frizes et corniches avec leurs frontispices et architectures. Outre et plus, en l'estage du haut, en la face du milieu, il y aura une niche (pour la statue de Notre-Dame) ornée de quatre colonnes avec leur suitte et ornement selon 1 ordre composite. A costé de la dite niche, y aura deux amortissements pour recevoir deux tableaux. Tout l'autel sera bien et dûment fait d'architecture ornée et enrichie de chérubins, feuillages, festons, nombre de pierres de marbre noir et jaspé, le tout suivant le dessin du dit autel. Comme expressément convenu, les 6 colonnes seront de sept pieds et demi de hauteur et celles du haut de quatre pieds et demi, diversifiées de couleurs et la dite contretable enrichie de soixante-dix pièces de marbre taillées de diverses grandeurs lequel marbre sera de Laval bon. Le dit autel sera de trente-six pieds de hauteur ou environ à proportion des colonnes. La face duquel autel sera droite ligne et les côtés seront disposés pour recevoir deux évidements et même le derrière du dit autel sera revêtu de tuffeau entre les piliers ».

Le 4 mai 1644, les chanoines passèrent marché avec Yves le Bonniec, sculpteur, et Pierre Robin, estoffeur, pour la façon et construction du tabernacle et gradin du grand autel, suivant dessin, pour six vingt livres

C'est également à cette époque que fut réparée la chapelle Saint-Yves de Kermartin. Le 28 octobre 1639, le chapitre traitait avec François le Guen la fourniture du bois nécessaire et le raccommodage tant de la tour de la chapelle que de la charpente et boisage de la nef pour la somme de six vingt livres ; et, le 28 mars 1644, il confiait à René le Louarn, plombier, la remise en plomb du fenestrage de la chapelle avec feuillage d'étain moyennant 150 livres.

 

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BALTHAZAR GRANGIER

évêques de l'évêché de Tréguier

Balthazar Grangier, fils de Timoléon, sr. de Liverdis et d'Anne du Refuge, fut d'abord aumônier du roi Louis XIII et abbé commandataire de Saint-Barthélemy de Noyon. Nommé à l'évêché de Tréguier en février 1646, il fut sacré à Paris le 18 novembre suivant, en l'église Saint-Victor, par Dominique Seguier, évêque de Meaux, assisté de Denis Cohon, évêque de Dol, et de Jean de Lingendes, évêque de Sarlat.

Il portait pour armes : d'azur au chevron d'or accompagné de trois gerbes de même 2 et 1, au chef vairé d'argent et de gueules, suivant Guy Le Borgne qui en 1667, ajoute que « par ses soins et labeurs il acquiert journellement l'estime de veiller autant bien son troupeau qu'aucun autre pasteur ». 

évêques de l'évêché de Tréguier

C'est qu'en effet Balthazar Grangier se consacra sans répit à ses diocésains, donnant à tous l'exemple de la perfection. 

Voyant les heureux effets des prédications du père Maunoir dans le diocèse de Quimper, et sachant combien il y avait à faire dans son évêché, il appela ce missionnaire à Tréguier. Le père Maunoir y vint lui-même à de nombreuses reprises ainsi que ses fidèles catéchistes : M. de Trémaria, M. de Kerisac et l'abbé de Guer de Pontcallec. L'évêque entretint également des rapports suivis avec le père Huby, le père Martin et Mme du Houx. Il fit également prêcher, en 1666, une mission très importante à Guingamp par les capucins, à l'occasion de leur chapitre provincial réuni en cette ville, prédication en français à Notre-Dame et en breton à la Trinité.

Profitant de l'influence acquise par les missionnaires, l'évêque leur adressa ainsi qu'à son clergé, conformément du reste aux résolutions de l'assemblée générale le 17 novembre 1670, des instructions les invitant à accorder par leur médiation les pro­cès, querelles ou inimitiés, dans son diocèse, ruineuses pour les familles tant pécuniairement que moralement.

Ces instructions prévoyaient la conduite à tenir dans les trois cas suivants :

1° Pour les inimitiés de cause légère, « il faut faire s'entre embrasser les parties chez le recteur ou chez les missionnaires ; les obliger à s'entrevisiter ensuite pour édifier leurs prochains, et enfin à s'entrerégaler s'ils ont qualité pour cela et s'ils avaient l'habitude de le faire avant leur division ».

2° Pour les querelles ayant pour base des injures qualifiées demandant réparations, les recteurs et missionnaires doivent les accorder par l'avis et en présence des personnes laïques du lieu, les plus considérables, qui soient témoins et cautions des engagements des parties et les obligent à tenir parole.

 3° Pour les procès, « guerre funeste de chicane », il faut utiliser surtout l'époque des missions. Les recteurs et missionnaires doivent rechercher l'arbitrage, agir par transaction et faire signer un compromis.

Le succès de ces missions fut considérable et vint récompenser l'évêque du surmenage qu'il s'imposait pour les préparer et les suivre, redoutant toujours au contraire la fatigue des autres. 

On connaît la belle réponse qu'il fit au père Maunoir qui lui en faisait la remarque : « Je reconnais qu'il y a des occasions où l'on ne peut se modérer et où, laissant à Dieu le soin du pasteur et des ministres, il faut se donner tout entier au besoin du troupeau »

Les communautés du diocèse furent également l'objet de son attention constante, notamment les ursulines qu'il établit à Guingamp et à Lannion, ainsi que les hospitalières et les filles de la Croix pour lesquelles il fonda des communautés à Tréguier. 

Son clergé enfin, pour lequel il avait la plus grande sollicitude, trouva en lui un guide très sûr au moment où les controverses jansénistes eussent pu semer la discorde. 

Le 24 mai 1657, l'évêque déclara solennellement accepter la soumission aux deux bulles « Cum occasione » du 31 mai 1653 et « Ad sacram » du 16 octobre 1656, par lesquelles Innocent X et Alexandre VII condamnaient l'Augustinus. Aussi, l'ordonnance du 4 juin 1661, ordonnant à toute personne séculière et régulière de souscrire le formulaire contre le jansénisme fut-elle unanimement approuvée dans le diocèse. 

Un nouveau formulaire ayant été envoyé le 1er décembre 1665 par le pape, l'évêque publia un important mandement où il pouvait s'écrier avec satisfaction : « Quand nous considérons les troubles qui ont agité plusieurs diocèses de ce royaume au sujet des contestations qui s'y sont excitées touchant la matière de la grâce, nous remercions mille fois la Divine Bonté qui en a préservé le nôtre et qui a consacré les esprits de nos diocésaine dans toute la paix et l'union que nous pouvons désirer »

Il publia également un mandement important le 10 janvier 1668, pour annoncer la canonisation de saint François de Sales (19 avril 1665) et en fixa la fête au 29 janvier. 

Les registres des tournées épiscopales montrent avec quel soin il s'occupait de tous les détails et notamment de l'état matériel des églises et chapelles ; aussi, par mandement du 14 août 1662, invita-t-il les recteurs à publier à nouveau l'arrêt du parlement concernant les prééminences, fait à la requête de François de la Tour, et à en assurer l'exécution.

En ce qui concerne la cathédrale, les belles stalles furent malencontreusement modifiées en 1648 et 1649 et marché fut passé le 26 octobre 1653 avec Jean le Pelletier, peintre doreur en la ville de Rennes, paroisse de Saint-Germain, alors à Saint-Brieuc, pour peindre, moyennant 850 livres, le maître-autel qui venait d'être terminé.

D'autres marchés furent passés, entre autres en 1669, avec Jean Charles, vitrier, pour quatre panneaux au-dessus du portail du cloître, sous l'orgue ; le 10 juillet 1657, avec maître Michel Surville de la Roche-Derrien, pour réparer l'horloge ; et le 21 juillet 1663, avec René Hervé pour le même motif. Enfin, les orgues furent aussi réparées eu 1644 par Henri Vaignon et en 1662 par h. h. Guy Grohier, maître facteur d'orgues.

Ce grand évêque mourut en odeur de sainteté, le 2 février 1679, à l'âge de 74 ans. Il fut inhumé dans la cathédrale près de Guy Champion et Noël Deslandes. Son tombeau portait l'épitaphe suivante : 

LEGE ET LUGE
QUEM CLARA PROGENIES
GRANGERIONUM PROSAPIA ET
PARISIENSE CONDIDIT ATHENEUM
HUNC PASTOREM VIGILANTISSIMUM
PROESULUM EXEMPLAR
CLERICORUM SEMINARII
ET PAUPEREM PUBLICI XENODOCHII
PROTO PARENTEM
GREGI CHARUM, PARENTIBUS COLENDUM,
REGI FIDUM, DEO DILECTUM
NON TAM SENIO QUAM LABORE
IN EXPLENDIS DIU NOCTUQUE
EPISCOPATUS SUI MUNIIS
CONFECTUM.
TERRAE MORS ABSTULIT, COELO INTULIT
OMNES VITAE SANCTITATEM ODORANTUR.

au bas était écrit :

HUIC HONORIFICE PARENTABAT FRATER CHARISSIMUS
ET NEPOTES OBSEQUENTISSIMI

[Note : Sur Balthazar Grangier, voir : Dom LOBINEAU : Les Vies des Saints de Bretagne. — Rennes 1725 p. 505 et suivantes. — Abbé France : Kerduel ou les missionnaires du XVIIème siècle au pays de Lannion]

 

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FRANÇOIS-IGNACE DE BAGLION DE SAILLANT

évêques de l'évêché de Tréguier

François-Ignace de Baglion de Saillant, de la Maison de Baglioni, originaire de Pérouse, était fils de Léonor, baron de Jons et seigneur de Saillant, l'un des vingf-quatre gentilshommes de la Maison du roi Louis XIII, et de Jeanne-Françoise de Henry, fille d'Artus sr. de La Salle et de Denise de Bellièvre. 

Il portait : d'azur à un lion léopardé ayant sa patte dextre sur un tronc d'arbre écoté et posé en pal sur une terrasse, accompagné de trois fleurs de lys rangées en chef sous un lambel à quatre pendants, le tout d'or [Note : Sceau original - Bibliothèque Nationale, Pièces originales 266, f. fr. 26.650, n° 3.484]. 

Ayant embrassé tout d'abord la carrière des armes, il la quitta à l'âge de 23 ans, avec le grade de colonel, pour entrer à l'Oratoire le 5 juillet 1655.

Procureur général de la Congrégation après la mort du père Gassot, il faillit en devenir le général à la place du père Senault en 1672 et fut nommé supérieur de la Maison de la rue Saint-Honoré. 

Chargé par le roi de rétablir l'ordre dans la maison des Jacobins de la rue Saint-Jacques, il fit à ce sujet un rapport qui le mit en évidence ; aussi, peu après avoir présenté à Louis XIV le formulaire de doctrine, dressé à l'Assemblée de 1678, il fut désigné par le monarque, sur l'avis de l'archevêque de Paris, pour succéder à Balthazar Grangier. Ce choix ayant été ratifié par S. S. dans le consistoire tenu le 12 juin 1679, le nouvel élu fut sacré le 23 juillet suivant en l'église Saint-Honoré par son protecteur François du Harlay, assisté des évêques de Saint-Malo et Cahors. 

Dès qu'il eut pris possession de son siège, il sentit combien la méconnaissance du breton l'empêchait d'approcher le peuple, comme il le désirait ; aussi se mit-il à apprendre cette langue avec acharnement. Il réussit en peu de temps à se l'assimiler si parfaitement que, soit dans sa conversation, soit dans ses sermons, on eût dit que c'était sa langue maternelle, ce qui fit proclamer à la cour « qu'ailleurs les enfants apprennent la langue de leur père, mais qu'à Tréguier le père avait appris la langue de ses enfants »

Dans son évêché, il sut se concilier les sympathies de tous ; et, plus tard, le père Chesnon, ayant pris, pour thème de l'oraison funèbre qu'il prononça de l'évêque la grande bonté de ce prélat, rappela l'éloge en vers qui lui avait été adressé à Tréguier :

Non ullus melior vobis, non lenior unquam 
Contigerit domus superis, nec amicior ullus ;
Quippe illum non tam quae crines infula vestit, 
Sacrae non tam illum trubeae quam candida morum 
Temperies commendat, et ignea pectore in alto
Vis animi, quae multa oculis frontique sereno
Elucet, facilis mellitae eloquentia linguae
Et molles fandi illecebrae, blandique nitores
Eloquitis, quibus illa potens adducere mentes
Quo velit, arcanaque accendere pectora motus.

François de Saillant officia à la fameuse assemblée de 1682, et, bien que transféré à l'évêché de Poitiers le 19 avril 1686, il porta cependant la parole, comme député du clergé de Bretagne, aux Etats le 17 mai suivant. 

Il mourut à Poitiers le 26 janvier 1698, comme le rappelle son épitaphe :

HIC SITUS EST D. D. FRANCISCUS IGNATIUS
DE BAGLION DE SAILLANT,
PERUSIAE PRINCIPUM PROSAPIA ET REGIO DIADEMATE
CLARUS,
EX MILITARI PRAEFECTURA IN ORATORII D. JESU
FAMILIAM ADLECTUS ;
A SUIS SODALIBUS SUPERIOR GENERALIS EXPETITUS ;
LUDOVICI MAGNI NUNCUPATIONE
AD TRECORENSEM PRIMUM DEINDE PICTAVIENSEM
EPISCOPATUM ASSUMPTUS ;
IN QUOCUMQUE GRADU STATUQUE SUMMUS,
VIRTUTIBUS OMNIBUS
PASTORALI IMPRIMIS CHARITATE ABSOLUTUS,
DEO HOMINIBUSQUE VALDE DILECTUS
OBIIT PICTAVII, DIE JANUARI 26
ANNO DOMINI 1698

Ce fut sous son épiscopat que le sr. Charles Bougis, sous-fermier du domaine royal en Bretagne, obtint du parlement de cette province, par arrêt du 19 juillet 1680, le droit de réunir au domaine de Lannion les paroisses de Plouguiel et Plougrescant « d'un revenu considérable et ayant plusieurs belles terres en leur mouvance », moyennant le paiement au chapitre d'une rente de 500 livres, rachat prévu d'ailleurs par l'acte du 6 février 1453. Après appel des chanoines, la sentence fut ratifiée par le Conseil d'Etat du roi tenu à Versailles le 30 mai 1682.

 

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EUSTACHE LE SÉNÉCHAL DE CARCADO

évêques de l'évêché de Tréguier

Eustache le Sénéchal de Carcado, fils cadet de François et de Catherine de Lis, dame des Clouets et de la Villemaupetit, naquit le 16 octobre 1628. Dans son testament, son père, le trouvant de petite complexion, lui conseilla l'état ecclésiastique. 

Suivant cette recommandation, il entra dans les ordres et la cour ne lui tint pas rigueur de l'incartade qui avait obligé son père à quitter la carrière des armes, traditionnelle dans sa famille. Bientôt, en effet, l'abbé de Carcado fut nommé aumônier de la reine-mère Anne d'Autriche, puis de Marie-Thérèse. 

Pourvu de l'abbaye de Geneston en 1677, il fut nommé par le roi à l'évêché de Tréguier le 1er juin 1686. 

L'on sait qu'Innocent XI avait répondu à la déclaration gallicane de 1682 en refusant l'institution canonique à tout évêque nommé par le roi, qui aurait, comme prêtre délégué à l'assemblée, souscrit la déclaration. L'aumônier de la reine étant évidemment du nombre, ne reçut donc ses bulles de confirmation qu'après la mort d'Alexandre VIII, le 23 novembre 1692 et prêta serment le 1er décembre suivant. Il résida peu à Tréguier. Député vers le roi par les Etats de Bretagne, il mourut subitement à Paris le 15 mars 1694 et fut inhumé en l'église Saint-Cosme, au haut du choeur, du côté de l'épître, près du ballustre. Sa succession fut recueillie par Anne-Louise-Renée de Lannion, marquise d'Arradon, tutrice des enfants qu'elle avait eus de défunt Messire Eustache le Sénéchal de Carcado, qui fut, en cette qualité, en procès avec Mgr de Kervilio sur les réparations du manoir épiscopal [Note : Sur Eustache le Sénéchal de Carcado, voir : DU HALGOUET La Baronnie de Carcado et ses seigneurs (Mémoires de l'Association bretonne, 3ème Série, T. XXXIV) ; et Bibliothèque Nationale, Dossiers bleus].

 

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OLIVIER JEGOU DE KERVILIO

évêques de l'évêché de Tréguier

Huitième enfant de Gilles, sr. de Kervilio, Paule, Glomel, etc., et de Marie Budes du Tertrejouan, Olivier Jégou naquit en 1643. 

Reçu, à l'âge de 16 ans, bachelier en théologie à la Sorbonne et docteur quelques années plus tard, il fut tout d'abord recteur de Glomel, puis de Ploerdut. Nommé ensuite chanoine, puis grand archidiacre de Quimper, il occupait cette dignité lorsque le roi le pourvut de l'évêché de Tréguier le 29 mai 1694. Il fut sacré le 3 octobre suivant, dans l'église de Port-Royal, par Jean-Baptiste-Michel Colbert, archevêque de Toulouse, assisté de Pierre de la Broue et de l'évêque de Castres. 

Le choix de cette église, du consécrateur et des assistants montrait assez quelles étaient les idées jansénistes du nouvel évêque, qui suivit le cardinal de Noailles, comme d'ailleurs la plupart des docteurs de Sorbonne, dans son opposition à la bulle Unigenitus ; et, malgré la sévère bulle Pastoralis officii, fut au nombre des appelants. 

« J'ai lu votre mandement, écrit-il le 24 décembre 1718 à l'archevêque de Paris, avec autant de plaisir que de promptitude. Il ne ressemble pas aux mandements des évêques acceptants qui consistent en paroles et en suppositions. Vous annoncez de grandes vérités, vous les prouvez avec tant de solidité que je ne vois pas ce qu'il se pourrait répondre »

Le 13 février suivant, il lui écrit à nouveau : « Monseigneur, j'ai reçu l'instruction pastorale qu'il a plu à Votre Eminence de m'envoyer. Je suis enchanté du peu que j'en ai lu avant de la donner à relier avec vos deux derniers mandements ; j'ai cru que c'était un moyen de les mieux conserver et de les lire plus à son aise. Mon dessein a toujours été et sera de ne rien donner au public qu'après le lui avoir communiqué et reçu l'avis qu'Elle aura la bonté de me donner »

L'on voit ainsi qu'Olivier Jégou prenait en l'occurrence toutes ses directives du cardinal de Noailles ; aussi, lorsque ce prélat se soumit sans réserves en 1728 à la bulle Unigenitus, nul doute qu'il n'ait été imité par le vénérable évêque de Tréguier. Sa mort édifiante et l'octroi des derniers sacrements, sans qu'il ait eu à faire la moindre rétractation, sont là pour le prouver.

Il semble d'ailleurs que, comme le cardinal, il se soit plutôt attaché à des questions de forme qu'à la question de fond. Dans une lettre du 21 mai 1721, il écrit en effet : « J'apprends l'exil de M. l'abbé Lefebvre à Tréguier. Je supplie Votre Eminence de me faire savoir de quelle manière j'en dois rester avec lui. Comme docteur de la même faculté, je crois lui devoir bien des honnêtetés, quoique je désapprouve son renouvellement d 'appel »

Janséniste donc sans conteste, Olivier Jégou se défendit bien cependant, comme pasteur, de troubler la quiétude de son clergé et de son troupeau, et garda pour lui seul ses convictions. S'il fut privé, ainsi que son diocèse, de la grâce du jubilé extraordinaire de 1726 pour n'avoir pas voulu publier la bulle Unigenitus et s'être opposé à l'accomodement de 1720, il ne publia pas davantage de mandement relatif au schisme de l'église. « Je n'ai point fait de mandement, écrit-il en décembre 1718 ; et, pour deux raisons, je suis résolu de n'en faire pas que je n'y sois forcé : 1° Parce que j'ai promis au feu roi, de glorieuse mémoire, de garder pendant qu'on me le permettra un silence exact sur la matière de la Constitution, puisque ma conscience et mes lumières ne me permettaient pas de l'accepter de la manière que Sa Majesté me marquait le souhaiter ; et que je suis persuadé qu'une parole donnée doit être aussi religieusement observée après sa mort comme pendant sa vie. 2° Parce que le parti du silence que j'ai pris a été généralement applaudi par mes diocésains ; qu'ils ont toujours joui et jouissent d'une paix parfaite, exempte de toute agitation, et qu'un changement sans nécessité pourrait troubler cette grande tranquillité, m'attirer leurs reproches et peut-être même une indocilité que je n'ai pas éprouvée jusqu'à présent ». Voilà bien le véritable état d'âme de ce pasteur qui, comme nous l'allons voir, s'occupa avec la plus grande sollicitude de son troupeau et combattit jusqu'à la fin de sa vie tout ce qu'il croyait porter atteinte à son diocèse et aux droits que lui avaient légués ses prédécesseurs.

évêques de l'évêché de Tréguier

Armes d'Olivier Jégou de Kervilio

Rome tout d'abord, ainsi que le montre l'extrait suivant de février 1719, mettant en relief l'indépendance bien bretonne de l'évêque : « J'aurai l'honneur de dire à Votre Eminence que je suis en commerce avec Mgr le cardinal Sacrisparte. Sa Sainteté a pourvu un secrétaire de Mgr le cardinal Ottoboni de la première dignité de ma cathédrale, que j'ai aussi conférée. Son Eminence me demande en grâce, avec beaucoup de politesse, de ne m'opposer à l'effet de la nomination du Pape. Mais, comme je ne me suis pas rendu à ses politesses, que je lui ai dit seulement qu'Elle était trop juste pour vouloir que j'eusse privé ma crosse d'un droit qui lui appartient, notre commerce sera bientôt fini. Il ne l'eût pas moins été si je lui eusse accordé ».

D'ailleurs, mal en cour de Rome, il n'en a cure, comme le montre le passage suivant d'avril 1722 : « La cour de Rome continue à ne m'adresser ni à mon official ce qu'on avait coutume de m'adresser, comme les provisions de bénéfices et les dispenses et empêchements de mariage. Mon official, pressé par les expéditionnaires, fulmine les dispenses de mes diocésains adressés à d'autres officiaux. Pour moi, je crois que, passé l'an, je dois donner les provisions, si le pape ne me les adresse »

Nous le trouvons également en lutte, en 1729, contre le puissant ordre de Malte au sujet de la nomination des prêtres desservant les paroisses appartenant à cet ordre ; car, dit-il, « si ces paroisses relevaient au spirituel de Malte quand elles étaient desservies par des croisés, les temps ont changé depuis, et seul le temporel relève du commandeur ». L'ordre était cependant plutôt conciliant et fit demander à l'évêque de lui présenter un sujet qui serait immédiatement agréé ; mais Olivier Jégou, intransigeant, préféra un procès dont nous ne connaissons malheureusement pas l'issue. Deux ans plus tard, il protesta à nouveau contre un mandement adressé au recteur de Pontmelvez par le seigneur frère Victor de Tambonneau, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de la Feuillée, le Pallacret, Pont-Melvé, Mael et Louch, Quimper, Croasty et autres ses dépendances, comme portant atteinte à ses droits. Il fut également en lutte avec la noblesse, mais là il agit avec plus de diplomatie et « punit avec fermeté, écrit-il, sans donner prise sur lui, les personnes qui traitent avec supériorité les choses les plus saintes, témoin deux dames qui m'excommunièrent moi et mon clergé et nous damnèrent irrémédiablement ».

L'évêque expose ingénument comment il s'y prit pour excommunier, à son tour, une haute et puissante dame qui avait cause quelque scandale dans le couvent des Dominicains de Guingamp où elle avait pénétré avec deux gentilshommes, malgré le frère portier et le sous-prieur. L'excommunication directe, étant donné la haute situation du mari, présentait quelques inconvénients ; aussi Olivier Jégou profita-t-il de la présence du père vicaire provincial, qui justement prêchait le carême, pour lui faire rappeler au prône que l'entrée des couvents était défendue sous peine d'excommunication de facto ; et qu'en l'occurrence, la rémission dépendait de l'évêque ou de son vicaire général. Le prélat, décidé d'ailleurs à la clémence, espérait bien que les coupables viendraient faire amende honorable, mais, au cas contraire, prenait ses précautions en demandant au cardinal de Noailles par qui il devrait faire informer, « n'étant pas bien en notre parlement depuis les derniers Etats »

Que s'était-il donc passé aux Etats de 1718 ? Nous ne le savons au juste, mais il semble que le clergé, et l'évêque de Tréguier en particulier, ait manoeuvré contre la noblesse, si l'on en juge par le billet suivant du 1er juillet : « J'ai l'honneur d'écrire à Son Eminence que nous venons d'accorder au roi, par consentement des trois ordres qui composent nos Etats, deux millions de don gratuit payables dans les termes prescrits par la cour. Nous avions pris nos mesures pour le faire indépendamment de la noblesse, mais c'est une vraie joie qu'elle y ait concouru avec nous »

S'il entrait ainsi en lutte contre Rome, Malte et la noblesse, ce combatif évêque s'occupa avec beaucoup de zèle de son troupeau et plus particulièrement du clergé, des pauvres et surtout des religieuses qu'il affectionnait tout spécialement. Le cardinal de Noailles lui ayant demandé, en décembre 1719, des religieuses capables pour diriger les madelonnettes, l'évêque promit de lui envoyer ses sujets les meilleurs, mais supplia, étant donné le mauvais temps et les chemins peu praticables, que ses religieuses ne se missent en route qu'à Pâques. Arrivées à Paris, on voulut leur imposer la règle du nouvel ordre, ce qu'elles refusèrent, et elles en référèrent à leur maison-mère de Caen qui s'en émut et à leur évêque. Celui-ci, malgré ses soixante-dix-huit ans et malgré la mauvaise saison, offrit de faire le voyage de Paris pour rechercher s'il n'y aurait pas quelqu'expédient acceptable, bien que jugeant, pour sa part, la chose impraticable. Il n'eut pas besoin de se mettre en route et ses religieuses gardèrent leur règle, comme il convenait. 

Ayant reconnu dans son diocèse les inconvénients de l'école mixte, il estima qu'il était indispensable de faire instruire au plus tôt garçons et filles séparément par des personnes de leur sexe. Mais, s'il avait bien des prêtres, là où il n'y avait pas de maître d'école, il n'avait pas les mêmes facilités pour les filles ; aussi accepta-t-il avec empressement la fondation, dans ce but, par Mme de Lezardot, d'une communauté séculière, dite de Paulines, qu'il dota de statuts et règlements publiés le 23 juin 1727 et à laquelle il légua 500 livres à sa mort [Note : Voir l'approbation officielle de la nouvelle institution dans : F. HENRY Dom Maudez le Cozannet, loc. cit., p. 18]. 

D'autre part, l'évêque fit en 1700 reconstruire une partie du palais épiscopal et dégager et surélever la cour attenante à la chapelle du Duc, cour intérieure à cette époque. Ces travaux ayant bouché le conduit d'évacuation des eaux tombant de l'église, qui passait sous l'ancien bâtiment, il en résulta une grande humidité, pour la sacristie et la chapelle du Duc dont les portes étaient ainsi enterrées. Aussi le chapitre intenta-t-il à l'évêque un procès qui n'était pas encore terminé à sa mort. Le couvent des religieuses de N.-D. de la Charité, à Guingamp, étant en fort mauvais état, l'évêque, dans son mandement du 29 octobre 1714 qui constatait cette ruine, indique que les soeurs n'ont pas le moyen de réédifier leur maison qui d'ailleurs est trop petite pour contenir le grand nombre de personnes du sexe, déréglées, que l'on doit y enfermer pour éviter qu'elles n'entraînent beaucoup d'autres dans leur perdition. Il prescrivait donc aux recteurs une quête en argent et en nature pour la restauration et l'agrandissement de cette maison. 

Sous son épiscopat également, en 1705, les chanoines passèrent marché, le 11 janvier, avec maître François Troussel, fondeur à Morlaix, pour fondre une cloche moyennant 100 livres, le métal étant fourni par le chapitre. Un fourneau fut préparé en la chapelle Saint-Fiacre le 17 février suivant. 

Olivier Jégou mourut dans son palais épiscopal le 2 août 1731, à l'âge de 88 ans, regretté de tous, et fut inhumé le lendemain dans le choeur de sa cathédrale. Bien touchant est le mandement,publié le 9 août par les vicaires capitulaires pour annoncer son décès. « ... Trente-sept ans d'épiscopat, soutenus d'une prudence consommée et d'une vigilance continuelle aux besoins de son diocèse, nous le rendaient cher et immortel à nos désirs... » [Note : Sur Olivier Jégou, voir en particulier : Bibliothèque Nationale, f. fr. 23.207, 23.218, 23.229].  

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FRANÇOIS-HYACINTHE DE LA FRUGLAIE DE KERVER

évêques de l'évêché de Tréguier

François-Hyacinthe de la Fruglaie (d'argent au lion de sable langué et ongué de gueules) était le douzième enfant de François Hyacinthe, sr. de Kerver, le Vaugaillard, etc., et de Marie-Anne Tanguy, fille elle-même de nobles gens Julien et Marie de Kerguelen, sr. et dame de Kerobezan, laquelle avait été dotée par R. P. en Dieu Messire Jacques Tanguy, abbé commandataire de Landevennec. Il n'avait que dix mois lorsque son père mourut, au début de 1694, au manoir de Launay, en Plouguernével [Note : Ses parents figurent entre autres sur la mention suivante des registres paroissiaux de Plouguernével : « Le huictiesme jour d'octobre mil six cent quatre-vingt dix, ont estés bénites la cloche de la chapelle de Saint-Thaou et celle de la chapelle Saint-Pierre, et ont estés les parrain et maraine de celle de Saint Thaou, messire François-Hyacinthe de la Fruglaye, ch. sr de Kerver, et dame Françoise-Louvel, dame de Coathüal, et ont només la cloche de Saint-Thaou Françoise, et de celle de Saint-Pierre du bigodaou ont estés les parain et maraine Messire Hyerosme de Perrien, chevalier, sieur de Tregarantay, et dame Marie Anne Tanguy, dame de Kerver. Ont signé : Françoise Claude Louvel, F. Hyacinthe de la Fruglaye, Hyerosme de Perrien, Marie-Anne Tanguy, Yves Lahüec, prêtre »]. Entré dans les ordres, il figure, le 6 octobre 1729, au mariage de son neveu Joseph-Marie de la Fruglaie et de Marie-Marguerite Moll de Kergus, avec les titres de seigneur abbé de Kervert, official de Cornouailles et recteur de Craozon ; et encore avec les mêmes titres, comme parrain de leur premier fils en 1730.

Nommé à l'évêché de Tréguier le 27 décembre 1731 et sacré le 4 mai 1732, il obtint aussitôt de Clément XI une bulle pour la publication du jubilé dans le diocèse de Tréguier, publication qu'il différa jusqu'en 1734 et à laquelle il joignit la bulle Unigenitus. Le mandement qu'il adressa à cette occasion, daté du 16 décembre, défendait de parler des cent et une propositions condamnées, autrement qu'il était indiqué dans la Constitution, sous peine d'excommunication encourue par ce seul fait ; et, dans un synode qu'il assembla à cet effet, il obligea chaque recteur à souscrire la condamnation des erreurs répandues dans les Réflexions Morales

Le 28 février 1741, il publia un mandement touchant le concours des cures du diocèse, vacantes pendant les mois réservés au Pape. Jusqu'en 1740, en effet, les candidats devaient se rendre à Rome, ce qui, outre de fortes dépenses, troublait l'exercice du culte. Benoît XIV, par bulle du 1er octobre 1740, décréta qu'à l'avenir le concours aurait lieu devant l'évêque du diocèse. 

Les registres de ses visites épiscopales montrent que rien ne lui échappait et en particulier toutes les réparations à effectuer à l'oeuvre et au mobilier des églises et chapelles y sont minutieusement consignées.

Sous son épiscopat, les chanoines désirant un buffet d'orgues neuf s'adressèrent au sr. Lesclop, facteur à Paris, qui leur adressa un devis s'élevant à la somme de 12.000 livres. La discussion en chapitre y fut amusante. Tout d'abord, les chanoines remarquent que, quoique ce fut un grand ouvrier, il n'avait pas rapporté l'épaisseur des tuyaux, et le souvenir d'un malencontreux marché de cloches les rendait méfiants. D'autre part, il fallait embarquer le buffet à Rouen sur un navire autant que possible direct pour Tréguier, d'où port élevé et douane ; puis, ajoutent-ils, si nous avions la guerre avec l'Angleterre, l'orgue serait bien « risqué » à moins d'une assurance maritime onéreuse. Enfin, il trouvait l'orgue proposé trop lourd pour les anciens supports qu'il eût fallu remplacer. Ils écrivirent donc au sr. Lesclop pour demander des renseignements complémentaires et l'inviter à venir travailler à Tréguier, lui indiquant qu'à Saint-Malo on trouvait tout l'étain et le bois de Hollande nécessaires, qu'il n'y avait pas de douane à payer, un port peu coûteux et enfin pas de risques, le trajet de ce dernier port à Tréguier étant très sûr. L'entente ne se réalisa pas et les chanoines se contentèrent de faire réparer l'ancien orgue par Jacques Guytot, facteur, moyennant 550 livres, le 1er juin 1735. Quelques jours auparavant, le 4 juin, ils avaient passé marché avec les srs. François Joly et Guillaume Chauchard, fondeurs de cloches à Brevan, en Lorraine, et alors à Tréguier, pour la refonte des deux grosses cloches de la cathédrale, appelées Saint-Tugdual et Saint-Yves, de façon à rendre la première en ut plein et la seconde en mi bémol. Le prix stipulé de 2.100 livres comprenait la descente des cloches, leur refonte et la mise en place. 

Les notes du chanoine Philibert le Gendre montrent que le chapitre ne fit cependant pas là une excellente affaire, et estiment que ce marché avait entraîné une perte de 6.000 livres. Ce curieux mémoire, auquel nous renvoyons le lecteur, fait regretter entre autres la disparition de deux beaux calices donnés l'un par la reine Anne et l'autre par Anne de Botbarec [Note : Voir Mémoires de la Société archéologique des C.-d.-N., 2ème série, T. II, p. 1 et suivantes]. 

François-Hyacinthe de la Fruglaye mourut le 23 décembre 1745 et fut inhumé dans la cathédrale.

 

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CHARLES-GUY LE BORGNE DE KERMORVAN

évêques de l'évêché de Tréguier

Fils cadet de Jacques et de Catherine Le Borgne, elle-même fille unique du second mariage de Guy, sr. de Treuscoat, bailli de Lanmeur et auteur de l'Armorial breton, avec Françoise le Gendre, dame de Kerouriou, Charles Guy naquit en 1694. Il portait pour armes : d'azur à trois huchets d'or 2 et 1 liés en sautoir de même

Nommé à l'évêché de Tréguier au début de 1746 et consacré le 11 juillet, il s'occupa activement de son diocèse, secondé les deux dernières années par son grand vicaire, Jean-François de la Marche, nommé, en 1772, à l'évêché de Léon. 

Sous son épiscopat eut lieu le jubilé de 1750 à l'occasion duquel l'évêque publia un important mandement. 

Il mourut en son palais épiscopal le 30 septembre 1761. 

Le siège vacant, un mandement des vicaires généraux, daté du 5 février 1762, permettait, « en raison de la misère, suite d'une guerre malheureuse », de manger des oeufs en carême jusqu'au dimanche des Rameaux.

 

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JOSEPH-DOMINIQUE DE CHEYLUS

évêques de l'évêché de Tréguier

D'une famille originaire du Vivarais, fixée plus tard dans le comtat Venaissin, Joseph-Dominique de Cheylus naquit en 1717 à Avignon d'illustre seigneur Alexandre de Cheylus, lieutenant des vaisseaux du roi, et de dame Marianne de Pielat. Il portait pour armes : D'azur à un dauphin d'argent et un lévrier d'or affrontés, le dauphin couronné d'or, le lévrier colleté de gueules

Vicaire général de Monseigneur de Brancas, évêque de Lisieux, son compatriote, et abbé commandataire de l'abbaye royale de Cormeille, il fut nommé à l'évêché de Tréguier et consacré le 25 avril 1762 dans la chapelle de l'archevêché de Paris par Mgr de Beaumont assisté de Mgr de la Bastie, évêque de Saint-Malo, et de Mgr de Caussade, évêque de Meaux. 

Le 8 avril 1763, il publia un important mandement à l'occasion de la première visite générale de son diocèse, où l'on remarque, entre autres dispositions, la recommandation suivante : « Vous assignerez aussi les maîtres et maîtresses d'école qui instruisent, la jeunesse afin que j'examine leur capacité pour un emploi si important »

Peu après, il recevait du roi une lettre annonçant la signature du traité d'Habertzbourg le 10 février 1763, et demandant la célébration d'un Te Deum. En la rendant publique, il l'accompagna d'un mandement un peu grandiloquent qui ne flattait pas précisément ses diocésains : « Qu'il s'en faut, mes très chers frères, que nous ayons été dociles à la voix de la disgrâce et de l'affliction ! Depuis si longtemps que Dieu nous exerce par le glaive de nos ennemis, par des humiliations, par des pertes et des revers, on voit régner parmi nous les mêmes vices, les mêmes moeurs, les mêmes désordres. Les mêmes objets nous dissipent, les mêmes passions nous agitent, les mêmes penchants nous entraînent. La calamité qui ramène toujours les coeurs droits et flexibles n'a excité dans le nôtre ni douleur, ni remords, ni crainte, ni désir. Vides des sentiments pour Dieu, ses coups nous ont trouvé froids et nous ont laissé pêcheurs... »

Transféré à Cahors le 22 décembre 1766, puis à Bayeux en 1776, Joseph-Dominique de Cheylus dut s'exiler, pendant la Révolution, à Jersey, où il mourut à l'âge de 80 ans le 22 février 1797. Son oraison funèbre fut prononcée par l'abbé de Châteaugiron qui composa également la pompeuse épitaphe qui recouvrait son tombeau [Note : Abbé DE LUBERSAC : Journal historique et religieux de l'émigration et déportation du clergé de France en Angleterre, Londres, 1802. Sur Mgr de Cheylus, voir aussi : R. P. ARMAND Jean : Un évêque émigré à Jersey (Revue du Monde catholique,  juin 1883)].

 

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JEAN-MARC DE ROYERE

évêques de l'évêché de Tréguier

D'une famille du Limousin, Jean-Marc de Royère naquit au château de Badefol le 1er octobre 1717 d'Helie et d'Antoinette Villovier de Lastrade [Note : Il portait pour armes : de gueules à trois faces de vair]. 

L'abbé d'Entraygues a relaté comment cette dernière, craignant de ne pouvoir élever décemment sa nombreuse famille, fit bâter son cheval le plus fort, s'installa sur le dos de la bête avec ses six enfants, et vint en cet équipage à Versailles les offrir à leurs Majestés. 

Jean-Marc fut confié à son parent l'abbé de Bonneguise, aumônier de la Dauphine, et fut placé au séminaire de Périgueux pour poursuivre ses études. A sa sortie du séminaire, appelé à Paris par son protecteur et par Mgr de Beaumont, ami de sa famille, il débuta comme vicaire à Saint-Roch, poste recherché, cette paroisse étant celle des Tuileries. Il y resta peu de temps, l'abbé de Bonneguise, nommé à l'évêché d'Arras en 1752, l'ayant choisi comme vicaire général. Député du clergé d'Artois à l'assemblée quinquennale du clergé de France à Paris en 1765, il fut chargé par ses collègues de rédiger le mémoire au Roi, et s'acquitta de cette tâche avec tant de talent que Sa Majesté ordonna au Ministre de la Feuille des bénéfices (Sextius de Jarente, évêque d'Orléans) de lui présenter M. de la Royère pour l'un des premiers évêchés vacants. 

Nommé à l'évêché de Tréguier le 1er janvier 1767, le chapitre le choisit quinze jours après comme premier vicaire capitulaire en attendant qu'il ait reçu ses bulles de provision. 

Celles-ci ayant été expédiées par Clément XIII le 16 février, le nouvel évêque fut sacré à Paris le 26 avril dans la chapelle des religieuses du Calvaire par l'archevêque, Mgr de Beaumont, assisté de Mgr de Bonneguise et de Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis. Il prêta serment au roi le lendemain à Versailles. 

Mgr de Royère prit possession de son siège le 14 mai par son procureur, Anne Nicolas de Borie, qu'il avait nommé son official ; et lui-même fit, le 4 août, son entrée solennelle, suivant le cérémonial accoutumé. 

Par mandement du 26 avril 1768, il institua dans son diocèse le culte du Sacré-Cœur et tint en 1769 un important synode où il publia un nouveau propre du diocèse qu'il avait rédigé et qui fut imprimé à Morlaix en 1770. Aux Etats réunis à Rennes, en cette dernière année, ce fut Mgr de Royère qui célébra, le 25 septembre, la messe du Saint-Esprit. Dans les jours suivants, il refusa de s'associer à la noblesse et au tiers dans leur hostilité contre le duc d'Aiguillon disgracié, et entraîna avec lui les représentants de son ordre, qui, par contre, s'associèrent à la juste requête au roi en faveur de la Chalotais et de ses co­détenus. 

Député du clergé du premier ordre pour la province de Tours à l'assemblée de 1772, il y prononça le discours d'ouverture. Président des Etats de Bretagne la même année à Morlaix, il adressa à cette occasion, au roi, une lettre dans laquelle il s'élevait avec force contre l'augmentation de l'impôt exigée par les commissaires royaux et terminait par l'apostrophe restée célèbre : « Nous osons, Sire, vous faire l'aveu que, pour remplir le total de nos impôts, nous sommes forcés d'imposer jusqu'à nos pauvres mêmes ». Il réussit à obtenir par forfait une sensible réduction. Le 16 juillet, Mgr de Barral, évêque de Castres, étant décédé à Montpellier, il fut nommé le 28 à sa place. 

Sous son épiscopat, la flèche du clocher s'inclinant de façon dangereuse, les chanoines passèrent marché, en mars 1768, avec Henry Judes pour la consolider moyennant 495 livres ; mais, cette réparation étant insuffisante, ils firent venir Jacques. François Aufray, ingénieur des Ponts et Chaussées à Guingamp, qui conseilla vivement, toute la charpente étant pourrie, de démolir la flèche. Le procès-verbal du 13 août 1772 qu'il rédigea à cette occasion proposait divers plans et devis. « 12.000 livres pour une flèche semblable à celle qui existait, 3.000 livres pour un dôme honnête en charpente recouvert d'ardoises, 2.000 livres pour un en pierres de taille, enfin presque rien pour une calotte comme celle qui vient d'être faite à Guingamp sur la tour plate de Notre-Dame »

Heureusement pour l'édifice, ce fut le premier projet qui fut retenu [Note : Sur Mgr de Royères, voir : Abbé ENTRAYGUE8 : Mgr de Royère, évêque de Tréguier, dernier évêque de Castres, Paris, 1913].

 

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JEAN-AUGUSTIN DE FRETAT DE SARRA

Jean-Augustin de Fretat, né le g février 1726 au château de Sarra, en Auvergne, portait : d'azur à deux roses d'or en chef et un croissant d'argent en pointe

Nommé le jour même de son ordination vicaire général de Mgr Lefranc de Pompignan, évêque du Puy, et en 1755 abbé commandataire de Ferrières, il vécut avec grand faste jusqu'à ce qu'une retraite chez les Recollets de Saumur l'ait complètement transformé. 

Nommé évêque de Tréguier et consacré le 22 janvier 1774, il commença par faire la visite entière de son diocèse, prêchant par son exemple l'esprit de pénitence. 

Son vicaire général, l'abbé de Borie, a laissé de lui le portrait suivant : « Il était, écrit-il, si pénétré des sentiments de religion qu'on le voyait tout ému et comme ravi hors de lui-même dans la prière et surtout dans la célébration des saints mystères et les fonctions sacrées de l'épiscopat. Il montait tous les jours à l'autel et passait des heures entières devant le Saint Sacrement dans sa cathédrale. Son recueillement, sa componction, sa ferveur au-dessus de toute expression, faisaient assez connaître la vivacité de sa foi et l'ardeur de sa charité ». Il y avait un an à peine qu'il était à Tréguier lorsqu'il fut transféré à Nantes malgré son refus. Son départ causa d'universels regrets.

 

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JEAN-BAPTISTE-JOSEPH DE LUBERSAC

évêques de l'évêché de Tréguier

Jean-Baptiste-Joseph de Lubersac, troisième fils de Pierre, sr. de Chabrignac, et de Jeanne-Julie Chapelle de Jumilhac, naquit à Limoges le 15 avril 1740. Il portait : de gueules au loup passant d'or

Licencié en 1767, il fut nommé aussitôt aumônier du roi, archidiacre et vicaire général d'Arles ; puis, en 1773, abbé commaitdataire de N.-D. de la Grenetière ; enfin, en 1775, premier aumônier de Mme Sophie de France et évêque de Tréguier. Sacré le 6 août de cette dernière année, il ne fit que quelques apparitions sur son siège, d'où il fut transféré à l'évêché de Chartres le 15 janvier 1780, à la mort de Mgr de Fleury. Il y fit son entrée solennelle le 8 août. 

Dans ce nouveau diocèse qu'il administra avec piété et zèle, il sut se concilier la confiance et le respect de tous. 

Pendant la Révolution, il dut s'exiler, en Angleterre d'abord, puis en Allemagne. A la demande de Pie VII, il remit sa démission en 1801, revint en France et fut nommé chanoine de Saint-Denis en 1806. 

Il mourut à Paris le 30 août 1822, à l'âge de 83 ans, et fut inhumé à Chartres, comme il en avait exprimé le désir. Son corps fut déposé dans la crypte, dédiée à saint Lubin, de l'abbaye de Saint-Martin au Val, aujourd'hui hôpital Saint-Brice. A la lueur d'un cierge, nous avons relevé sur son tombeau l'épitaphe suivante : D. O. M. — HIC JACET ILLUSTRISSIMUS ET REVERENDISSIMUS D. D. JOANNES BAPTISTA JOSEPHUS DE LUBERSAC, PRIMUM TRECORENSIS, DEINDE CARNOTENSIS EPISCOPUS, IN ECCLESIA GALLICANAE EPISCOPALI DIGNITATE DECANUS. OBIIT PARISIIS DIE 30 MENSIS AUGUSTI ANNO DOM. 1822, AETATIS SUAE 82, MENS. 2, DIEB. 15. CORPUS EJUS, GREGI OLIM SUO SEMPERONE CARO UT MONDAVERET REDDITUM, POST JUSTA FUNEBRIA IN ECCLESIA CATHEDRALI CELEBRATA, ILLUSTRICUS AC REVERENDISSIMUS D. D. DE LATIL, EJUS IN SEDE EPISCOPALI CARNOTENSI DEO FAVENTE RESTITUTA SUCCESSOR, IN HOC TUMULO DEPOSUIT. REQUIESCAT IN PACE.

 

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AUGUSTIN-RENÉ-LOUIS LE MINTIER

évêques de l'évêché de Tréguier

Augustin-René-Louis Le Mintier, fils d'écuyer Augustin André et d'Yvonne-Jacquemine Le Mintier, naquit à Sévignac le 28 décembre 1728. Il portait pour armes : De gueules à la croix engreslée d'argent

Théologal de Dol, puis vicaire général de Mgr de Girac, il fut pourvu de l'archidiaconé d'Auch et de l'abbaye de Melleray. Il suivit son protecteur à Rennes et y resta jusqu'à sa nomination à l'évêché de Tréguier le 6 février 1780. 

Sacré à Paris, dans l'église des Feuillants, par Mgr de Girac, assisté de Mgr de Lubersac et de Mgr de la Marche, il fit prendre possession de son siège par son grand vicaire Anne-Nicolas Borie, et lui-même ne fit son entrée solennelle que le 15 février 1781. 

Pendant cette année, la correspondance qu'il échangea presque quotidiennement avec Anne-Nicolas Borie lui permit du reste de diriger en fait son diocèse de Paris d'abord, puis de Rennes, où il dut séjourner.

Correspondance bien curieuse où le grand vicaire traçait un tableau fort peu édifiant du clergé trécorrois, dont plusieurs membres devaient assez souvent faire, en pénitence, quelques séjours au séminaire. L'ivrognerie et l'indocilité sévissaient en grand, ce qui n'empêchait pas, du reste, le chapitre complaisant de délivrer des certificats de religion et de bonnes moeurs. 

Aussi Nicolas Borie écrivait-il le 13 octobre : « ... Jugez de là, Monseigneur, combien il me faut mettre de ménagements et d'insinuations pour l'administration du diocèse et qu'il m'est impossible, dans la disette et l'indocilité que nous éprouvons, de pourvoir suffisamment de prêtres toutes les parties de votre diocèse. Il n'y a que Dieu et Vous qui puissiez remédier à nos maux et pourvoir à nos besoins »

Il attirait également l'attention de l'évêque sur la situation précaire des religieuses Hospitalières de Guingamp, « la maison la plus utile de votre diocèse », qui, malgré 3.000 livres d'aumônes obtenues par le crédit de Mgr de Lubersac, était criblée de dettes. Cet Hôtel-Dieu, se trouvant placé sur la route de Brest, était en effet surchargé de matelots et soldats ; et, Brest et Rennes ne payant que très irrégulièrement, tout crédit était épuisé. 

Mais les questions diocésaines, si elles occupaient naturellement la plus large place dans cette correspondance, n'étaient pas les seules ; et, la guerre maritime passionnant les Trégorrois, Anne-Nicolas Borie demandait à l'évêque de lui communiquer les détails qu'il pouvait avoir soit sur le combat entre M. de Guichen et l'amiral Rodney, soit sur la prise, par un vaisseau anglais, de la frégate « La Nymphe », commandée par le chevalier du Rumain, soit enfin sur la descente faite à Jersey. 

Enfin Mgr Le Mintier put prendre directement en mains l'administration du diocèse où régnait une profonde misère. 

Dans la belle étude que lui a consacrée M. l'abbé Pommeret, dans les mémoires de notre Société, notre érudit confrère a montré comment l'évêque combattit le désordre de son clergé, a dépeint la bonté et la charité de cet éminent prélat, nous a fait connaître le courageux manifeste qu'il publia pendant la Révolution, puis son exil depuis le 26 février 1791, enfin sa mort, le 21 janvier 1801, peu de temps avant la suppression du diocèse de Tréguier et sa réunion à l'évêché de Saint-Brieuc. Nous renvoyons le lecteur à cette savante biographie du dernier évêque-comte de Tréguier [Note : Abbé H. POMMERIT : Le dernier évêque comte de Tréguier (Mémoires de la Société d'Emulation des C.-d.-N., T. LVI, pp. 129 et suivantes, et T. LVII, p. 25 et suivantes)].

 

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APPENDICE

Formule du Serment que chaque évêque de Tréguier devait prêter lors de son son entrée solennelle, avant que les portes de sa cathédrale ne s'ouvrent devant lui. Cette formule lui était présentée par le seigneur chantre ou par un délégué du chantre et du chapitre.

« Estis vos Dominus N. quem Dominus noster N. — Papa modernus mittit in Episcopum et Pastorem istius Ecclesiae et Diœcesis ? Respondeat Episcopus Ita. — Sicut bonus Pastor et Episcopus Trecorensis vos promittitis redditus, possessiones aliaque bona Immobilia hujus Trecorensis Ecclesiae non alinare praeterquam in casibus a jure permissis, eaque secundum capacitatem fragilitatis humanae fideliter custodire ? R. Promittimus. — Item promittitis redditur, possesiones, et alia bona immobilia ipsius Ecclesiae si quae sciveritis indebite alienata ad jus et proprietatem ejusdem revocare, ipsamque super his pro viribus restaurare ? R. Promittimus. — Promittitis similiter et dictae Ecclesiae jura, franchisias, libertates, et immunitates Ecclesiasticas praesertim minihii Beati Tugduali captiulum virosque Ecclesiasticos, homines et vassalos ipsius Ecclesiae et Capituli ejusdem una cum personis singularibus ejusdem Eorumque beneficiis tam in genere quam in Specie sub libertatibus, franchitiis et immunitatibus Ecclesiasticis dictae Trecorensis Ecclesiae ipsius que diœcesis et consuetudinibus Ejusdem hactenus laudabiliter observatis, et easdem personas Ecclesiasticas, consuetudinesque laudabiles et franchisias proedictas fideliter tenere, defendere pariter et tueri facere prout tenemini ex debito Pastoralis officii super hoc vobis commissi, et prout Praedecessores facere consueverunt ? Promittimus. — Ulterius promittitis Statuta ejusdem Ecclesiae rationabiliter edita tenere fideliter et observare, et dare operam ea ab atiis qui tenentur salubriter observari, et signanter inter caetera fundationem missœ ucalis inconcusse ? R. Promittimus. — Finaliter promittitis et Juratis praemissa et eorum singula ut praemittitur, tenere custodire, teneri ac custodiri ad posse procurare et facere fideliter ademplere, ita vos Deus adjuvet et haec sacrosancta Evangelia. Respondeat Episcopus. — Amen. » (R. Couffon).

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