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LES ÉVÊQUES DE DOL, PRÉSIDENTS DES ÉTATS DE BRETAGNE.

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Lorsque, au IXème siècle, Nominoé, duc de Bretagne, transformait le siège épiscopal de Dol en Archevêché, il y était poussé par un sentiment de pur patriotisme. Jusque là les évêques bretons avaient été les suffragants de l'Archevêque de Tours, et, par conséquent, soumis à l'influence française. En érigeant Dol en métropole, c'est-à-dire en soustrayant les évêques bretons à cette influence, Nominoé posait le fondement principal de l'indépendance de la Bretagne, à laquelle cet illustre prince consacra toute sa vie.

Nous n'avons pas à rechercher si l'origine de l'archevêché de Dol fut bien légitime, bien canonique. Nous nous contenterons de constater que, de fait, pendant 300 ans, les papes reconnurent les archevêques de Dol, puisqu'ils leur donnaient le pallium.

Tant que les prélats dolois furent métropolitains de la Bretagne, ils jouirent de tous les privilèges ; ils eurent, sans conteste, la préséance dans toutes les assemblées de la province. Mais lorsque, dépouillés par Rome de leur titre (1199), ils voulurent prendre le pas, comme autrefois, sur leurs anciens suffragants, ceux-ci protestèrent.

Ce sont ces prétentions des évêques de Dol et ces protestations des autres évêques de notre province, que nous voulons montrer dans les assemblées des Etats de Bretagne.

Les Etats de Bretagne étaient composés des députés des trois ordres de l'Eglise, de la Noblesse et du Tiers. Chacun de ces ordres avait un président ; et, dans les assemblées générales, c'était le président de l'ordre de l'Eglise à qui incombait la première présidence.

Or, les évêques de Dol prétendaient à la présidence de leur ordre, comme anciens métropolitains de Bretagne ; les évêques de Rennes y prétendaient également, comme évêques de la capitale de la Bretagne. Quant aux autres prélats bretons, ils auraient voulu que chaque évêque présidât en son diocèse, et que chacun prit rang d'après son ordre de consécration.

Cependant ces discussions sur la préséance ne furent sérieuses qu'après l'union du Duché à la Couronne.

« Sous le règne des Ducs, l'Evêque de Dol était presque en possession de précéder tous les Evêques de la Province » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, t. III, p. VII). Cela ressort particulièrement de ce qui se passa à Vannes aux Etats de 1451, entre Raoul de la Moussaye, évêque de Dol, et Jean de Coetquis, évêque de Rennes.

« Au Parlement général tenu à Vannes, le 24ème jour de may l'an 1451, — lit-on dans le procès-verbal de cette tenue (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, t. II, col. 1569), — pour obvier à la contrariété qui estoit entre les Evêques de Dol et de Rennes sur les assieptes et rancs, que chacun d'eux prétendoit avoir en cestuy et aultres Parlemens et Estats de Bretaigne, disant un chacun d'eux lui appartenir et y avoir prééminence par raison de la dignité de leurs Eglises, et duquel débat s'en sont voulu rapporter à Monsieur le Duc, et à l'information qu'il en voudra faire ; amprès que mondit sieur a relatté avoir vacqué à ceste information avec plusieurs Prélats, Barons, et autres gens de ses Etats congnoissants en celle matière, et par lui sur ce sermentez d'en dire vray ; Monsieur a ordonné que à ce présent Parlement l'Evesque de Dol aura son assiepte et proposition, faisant nos aultres Parlement, et aussi des assemblées de nosdits Etats, ledit Evesque de Rennes aura son assiepte au premier lieu et au devant de l'Evesque de Dol ; et ainsi continueront alternis vicibus jusqu'à ce que mondit sieur soit plus amplement informé de leursdits droits, sans préjudice dice à eux et aux libertés de leurs Eglises. Ainsi signé, De Coetlogon ».

Au grand Parlement qui suivit et n'eut lieu que quatre ans plus tard, en 1455, à Vannes, l'Evêque de Dol, malgré la décision ci-dessus, prit la première place. Voici d'ailleurs dans quel ordre s'assirent les prélats bretons : Dol, Rennes, Nantes, Saint-Malo, Cornouaille (Quimper), Vannes, Saint-Brieuc, Léon et Tréguier.

Ce qui paraît étrange, c'est que le Duc ait maintenu l'évêque de Dol à ce premier rang.

« Et combien que entre les Evesques de Dol et de Rennes se treuvast contrariété sur leurs rancs, comme autrefois avoient eue au dernier Parlement, toutefois Monsieur le Duc appointa que cette assiepte se faisoit sans préjudice de leurs droits ne de leurs Eglises » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, t. II, col. 1670).

Une fois la Bretagne réunie à la France, les timides observations de l'Evêque de Rennes contre la préséance de l’Evêque de Dol se changèrent en vives disputes, auxquelles prirent part tous les autres prélats de la Province.

Les Registres des Etats de Bretagne [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : Greffe des Etats, série C, N° 2640 (année 1567) à N° 2704 (année 1788-1789). On lit en tête du premier registre de la Bibliothèque Nationale (ms. fr. 22314) : « Registre des Estats de Bretaigne faict et tenu par Guillaume Meneust, greffier d'iceux, comencé à Vennes lesdits Estats tenans en septembre 1567, parce que le premier et precedent fut porté à Paris par les Commissaires à ce deputez par roi en l'an 1566 ». Qu'est devenu ce premier registre ?] nous révèlent cette situation. Nous dépouillerons ces 64 registres et nous assisterons pendant 200 ans à ces grandes contestations des évêques bretons.

Voir aussi   Evêché de Dol (Bretagne) "Les privilèges des évêques de Dol reconnus par les Etats de Bretagne"

Voir aussi   Evêché de Dol (Bretagne) "Désaccord entre le roi de France et les Etats de Bretagne sur les privilèges des évêques de Dol"

Voir aussi   Evêché de Dol (Bretagne) "Accord du roi de France et des Etats de Bretagne contre les privilèges des évêques de Dol"

 

La Révolution a fait tout disparaître : et la province de Bretagne avec ses Etats et ses libertés, et l'évêché de Dol avec ses prétentions.

Il ne reste plus que des souvenirs !

Dans toutes ces contestations entre les évêques bretons sur une question de préséance, il ne faudrait pas voir de la petitesse d'esprit. De telles compétitions, on en observe encore de nos jours entre nations, entre villes, entre paroisses. Eh, mon Dieu ! on trouve cela tout naturel ; chacun défend ses droits ou ce qu'il croit être ses droits.

Pour nous, dans les prétentions des évêques de Dol, nous voyons une question de patriotisme.

Lorsque les prélats dolois réclamaient la préséance, ils la réclamaient, non pas pour eux précisément, mais pour le diocèse qu'ils représentaient et qui avait eu l'honneur d'être, pendant 300 ans, la métropole de la Bretagne.

Le Pape accordait bien, de temps à autre, le pallium aux évêques de Dol ; il leur permettait bien de faire porter devant eux la croix archiépiscopale et d'en timbrer leurs armes ; il leur reconnaissait bien le droit de prendre le second rang dans les assemblées de la province ecclésiastique de Tours .... Pourquoi en Bretagne n'aurait-on pas eu égard à ces distinctions aussi flatteuses pour la province que pour le diocèse de Dol ?

Ah ! il n'aurait pas fait bon, croyons-nous, à un évêque de Dol de rentrer dans son diocèse, sans avoir fait valoir ses droits, c'est-à-dire les droits de son diocèse [Note : Dans son épitaphe (chapelle absidale de la cathédrale de Dol) Antoine de Reval est loué d'avoir revendiqué aux Etats les anciens privilèges attachés au siège de Dol : « Cathedræ suæ convulsum honorem tenendi primas in Comitiis hujus provinciæ penitus asseruit »]. Ne se serait-il pas même exposé à avoir le sort d'un de ses prédécesseurs du XIIème siècle, qui, après avoir reçu le pallium et le titre d'archevêque, voulut se soumettre à la juridiction de l'archevêque de Tours. Pour ce fait, il fut accusé de trahison, se vit refuser l'entrée de sa ville et fut réduit à se réfugier au Mont-Saint-Michel.

Les Dolois, dans leur patriotisme, tenaient à ce que leur diocèse fût le premier diocèse de Bretagne, comme la Bretagne tenait à être et tient encore à rester la première province de France.

(abbé ROBERT).

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