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On ne sait ce qui a déterminé l’exécution et l'érection de ce Calvaire si remarquable par tant de côtés. Sait-on, du moins, à quelle époque il a été érigé ? Les archives paroissiales sont muettes sur ce point, mais nous croyons pouvoir, sans témérité, lui assigner la date de 1555. La date de 1650 que porte le Calvaire ne peut être celle de son origine : elle a trait tout simplement à l’adjonction de nouveaux groupes ou de personnages isolés à ceux préexistant en 1555 sur le Calvaire primitif. Ce travail d’embellissement fut exécuté par Thomas Ozanne, que l’on trouve à Pleyben, de 1650 à 1661, dirigeant la mise en place des groupes provenant des ateliers de Maître Yves Ozanne, son frère, architecte-sculpteur à Brest, comme le porte une inscription placée sur le Calvaire. 

Le Calvaire, tel que nous le voyons aujourd’hui s’est donc peu à peu enrichi. Il fut entièrement transformé, et d’une grandiose façon, lorsqu’en fin 1738, on songea à lui changer de place et à le transporter au lieu qu’il occupe présentement. Le motif de ce déplacement fut qu’il masquait l’entrée du grand porche dont il était trop rapproché et entravait la circulation des fidèles les jours de grande affluence.

De 1738 à 1743 durèrent les travaux de translation et de réédification à la plate-forme primitive de 1555, succédait l’imposante et magistrale oeuvre que nous admirons aujourd’hui. 1800 livres furent assignées comme salaires aux entrepreneurs Guillaume Le Goff, Yves Quiniou et François Motreff, habiles artisans originaires de Pleyben et y résidant. 

Nous n’entreprendrons pas ici la description des scènes, groupes, personnages qui animent le Calvaire : elle a été faite avec soin et avec fidélité par M. le chanoine Abgrall dans l’opuscule paru sur Pleyben en 1908. De quelque côté qu’on regarde ce monument, dit le savant Chanoine, il offre une silhouette très heureuse, grâce surtout aux personnages et aux cavaliers qui garnissent la plate-forme. 

Une inscription orne le socle de la statue de saint Germain au-dessus de l'entrée du porche et la date de 1555 : " En l'honneur de Dieu et de Notre-Dame et de monsieur saint Germain cette croix fut commencée". Les groupes de la Cène, de l'Entrée triomphale à Jérusalem et du Lavement des Pieds, situés sur la face Est, datent de 1650 et sont l'oeuvre du sculpteur brestois Julien Ozanne. Les principales scènes sont : l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, l'Adoration des Mages, la Fuite en Egypte, Jésus enfant et les docteurs de la loi, Entrée triomphale à Jérusalem, la Cène, le Lavement des Pieds, la tentation au désert, l'Agonie, l'Arrestation, Jésus devant Caiphe, Pietà, le Christ bafoué, Pierre pleure son reniement, " Ecce homo ", Pilate se lave les mains, les Cavaliers, la Crucifixion, la descente aux limbes, la mise au tombeau, la montée au calvaire, la Résurrection.

Parmi les calvaires de premier ordre situés dans le diocèse, celui de Pleyben devrait, d’après la date que nous lui fixons (1555), venir en troisième rang après ceux de Tronoën et de Plougonven. 

Comme l’église elle-même, l'arc-de-triomphe et l'ossuaire, le Calvaire de Pleyben est classé au nombre des monuments historiques.

(abbé Monfort)