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VITRE |
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La commune de Vitré ( Gwitreg) est chef lieu de canton. Vitré dépend de l'arrondissement de Rennes, du département d' Ille-et-Vilaine (Bretagne). |
ETYMOLOGIE et HISTOIRE de VITRE
Vitré vient du gallo-romain "Victrix", ou du latin "vicus".
Un premier château, mentionné au début du XIème siècle, est édifié sur le coteau Sainte-Croix par Rivallon (basé à Marcillé) ou Riwallon le Vicaire, vicarius (délégué) du comte de Rennes et fidèle du duc breton Alain III (un des chevaliers du duc Geoffroy Ier). Ce château est donné par son petit-fils Robert Ier, baron de Vitré, aux moines de Marmoutier qui établissent le prieuré de Sainte-Croix, et créent le Bourg-aux-Moines.
Vers 1066-1076, le baron de Vitré Robert Ier implante un nouveau château sur un promontoire dominant au nord la vallée de la Vilaine. Ce château semble être construit dans une importante agglomération car on y a découvert vers 1870 une nécropole mérovingienne ou carolingienne d’au moins cent sépultures.
Il se peut que Goranton Ier, qui apparaît dans trois actes d'Allain III entre 1024 et 1040, ait eu la garde du premier château. Les Goranton-Hervé étaient en effet possesseurs de biens et de droits au pays de Vitré avant les successeurs de Rivallon, les futurs seigneurs de Vitré. L’église du prieuré de Sainte-Croix est élevée au rang de paroisse en 1120-1123. A l’est se développe le Vieux-Bourg avec l’église Notre-Dame.
La seigneurie de Vitré est donnée au début du XIème siècle par le duc Geoffroy Ier à Rivallon (ou Riwallon) surnommé le Vicaire ou le Vicomte, comme vicomte de Rennes du chef de sa femme Gwen Argant. Elle passe par alliance en 1251 à la famille Laval-Vitré, branche de la famille française des Montmorency, seigneurs de Laval. Laval ayant été pris par les Anglais en 1428, la famille Laval s'installent à Vitré pour plus d'un siècle. Puis la seigneurie passe successivement, par alliance à la famille Montfort qui prend le nom de Laval, à la famille Rieux en 1547, à la famille Coligny et enfin par succession en 1605 à la famille de la Trémoille, ducs de Thouars qui l’avait encore en 1789. La seigneurie de Vitré était une baronnie d’ancienneté comprenant plus de 80 paroisses ; elle jouissait d’un droit de haute justice.
« Vitré est une ville féodale, dit M. de la Borderie ; comme toutes les villes féodales, elle a commencé par un château Ce château s'éleva d'abord sur le coteau et presque sur le lieu même où nous voyons maintenant l'église Sainte-Croix ; il n'y resta pas longtemps. Le seigneur de Vitré comprit bientôt la force et l'avantage supérieur de ce promontoire de roches abruptes où se trouve aujourd'hui placé le château, et il y transporta sa forteresse au plus tard, semble-t-il, vers l'an 1060 et peut-être plus tôt. Non loin s'établit l'église paroissiale et se groupèrent quelques maisons. Sur l'emplacement du vieux château naquirent le prieuré et le bourg de Sainte-Croix (de 1064 à 1076), et sur le coteau opposé furent construites deux autres agglomérations de maisons tirant leurs noms de deux églises et appelées en 1157 le Bourg Notre-Dame et le Bourg Saint-Martin ; ces deux derniers se réunirent avec le temps, mais ce ne fut que de 1220 à 1240 que Vitré reçut une enceinte murale ; jusque-là le château seul avait été fortifiée ».
Trois paroisses furent donc érigées à Vitré : Notre-Dame, Saint-Martin et Sainte-Croix. Examinons l'origine de chacune d'elles :
1° - Notre-Dame, appelée originairement Saint-Pierre. — La première mention faite de cette paroisse se trouve dans une convention passée vers 1070-1075 entre les moines du prieuré de Sainte-Croix et les clercs de Notre-Dame de Vitré. Il y est dit que les religieux ne recevront aucun paroissien de Notre-Dame et Saint-Pierre, « non recipient parrochianum Sanctœ Mariœ et Sancti Petri ». A cette époque, des chanoines occupaient l'église Notre-Dame, considérée comme collégiale ; mais ils étaient en même temps chargés de la paroisse, placée sous le patronage de saint Pierre. Il paraît toutefois que ces chanoines faisaient administrer la paroisse par des chapelains ou vicaires qu'ils choisissaient et pouvaient révoquer à leur gré, encore bien que ces vicaires eussent reçu l'institution épiscopale. Lorsque fut fondé le prieuré de Notre-Dame en faveur de l'abbaye de Saint-Melaine, cet état de choses se soutint après la substitution des Bénédictins aux chanoines ; c'est ce que prouve en 1138 l'acte de démission d'Hamelin, chapelain ou recteur de Saint-Pierre de Vitré (« Hamelinus capellanus dimisit ecclesiam Sancti Petri Vitreiensis » - Bulletin de l'Association bretonne, IX, 139). Mais plus tard la discipline générale de l'église ôta aux religieux, en pareil cas, le pouvoir de révoquer leurs vicaires séculiers, qui, comme les autres prêtres ayant charge d'âmes, devinrent inamovibles. Jusqu'en 1208 les moines de Notre-Dame se bornèrent à entretenir pour le service paroissial un seul prêtre ou chapelain séculier. Ce prêtre, surchargé de travail, porta ses réclamations jusqu'au Saint-Siège, et le pape Innocent III délégua trois commissaires, l'évêque de Rennes et les abbés de Savigné et de Clermont, pour informer et statuer à ce sujet. « Il fut réglé par les commissaires qu'un seul prêtre étant insuffisant pour le service de la paroisse, les moines lui en adjoindraient un second, et de plus un clerc qui serait pour le moins sous-diacre ; — que le clerc et les deux prêtres mangeraient à la table des moines ; — que ceux-ci feraient au clerc une pension annuelle de 20 sols et une de 60 au second prêtre, pour s'acheter des vêtements, le premier prêtre ayant été pourvu auparavant d'un revenu suffisant pour cet objet ; — que les moines feraient construire près de l'église Saint-Pierre, « juxta matrem ecclesiam Beati Petri », une maison neuve pour servir de demeure aux prêtres, — et qu'ils y entretiendraient un cheval à l'usage de ceux-ci » (M. de la Borderie, Les paroisses de Vitré - Bulletin de l'Association bretonne, IX, 105). Il faut remarquer en cette charte que la paroisse dont les commissaires pontificaux règlent l'administration, et dont l'église Saint-Pierre était le centre, est appelée la paroisse de Vitré, « parochia de Vitreio », et l'église Saint-Pierre elle-même l'église-mère ou matrice, « juxta matrem ecclesiam B. Petri ». « D'où il faut conclure que cette paroisse devait renfermer, sauf Sainte-Croix, tout le territoire vitréen, et que l'église Saint-Pierre est appelée mère ou matrice pour la distinguer d'une autre église située sur le territoire de cette même paroisse de Vitré, mais qui n'était que succursale, c'est-à-dire apparemment Saint-Martin » (M. de la Borderie, Loco citato). Nous venons de voir jusqu'à présent la paroisse de Vitré appelée Notre-Dame et Saint-Pierre, ou simplement Saint-Pierre ; mais au XVème siècle elle ne portait plus vulgairement que le nom de Notre-Dame, quoiqu'elle demeurât toujours sous le patronage du prince des apôtres. Aussi voyons-nous en 1474 les messes dominicales dues aux paroissiens dites en l'église Notre-Dame à l'autel Saint-Pierre. En 1672, la fête patronale de la paroisse était encore la Saint-Pierre (29 juin) ce qui subsista jusqu'à la Révolution, car en 1766 on appelait officiellement la paroisse "Saint-Pierre en Notre-Dame" (Journal historique de Vitré, 174 et 373). A cette époque, le recteur et le vicaire de Notre-Dame, exerçant « exclusivement les fonctions pastorales dans leur église, abandonnaient Saint-Martin à des chapelains temporaires désignés par le curé et par lui révocables ad nutum dont parle une transaction de 1437. Mais il en fut autrement au siècle suivant. Les deux prêtres chargés en titre d'office du gouvernement de la paroisse de Notre-Dame (c'est-à-dire le curé et le vicaire) résolurent de reprendre aussi immédiatement en leur main l'administration de sa succursale, Saint-Martin. Alors surgit une difficulté : le service de Saint-Martin était plus pénible que celui de Notre-Dame, à cause de l'étendue de la banlieue, et en même temps bien moins lucratif. Dès lors, si l'un des deux prêtres avait été attaché à demeure et exclusivement à l'administration de la succursale, sa condition serait devenue évidemment beaucoup moins avantageuse que par le passé. Le curé, premier en grade, ne pouvait se condamner à un tel poste ; mais il ne pouvait non plus y condamner son vicaire, puisque celui-ci, par le titre de son institution et de son bénéfice (nota : d'après une enquête de 1474, la rectorerie et le vicariat de Notre-Dame étaient "deux bénéfices distincts", c'est-à-dire que le vicaire avait charge d'âmes), avait pouvoir d'exercer son ministère dans toute la paroisse de Notre-Dame, c'est-à-dire tout aussi bien dans la paroisse principale que dans la succursale ou annexe. De là, pour ménager les droits et les intérêts de chacun, la nécessité d'un expédient, et cet expédient fut l'alternative. Il fut convenu entre les deux prêtres que l'un d'eux desservirait huit jours la paroisse pendant que l'autre ferait le service de la succursale, que la semaine suivante ils changeraient d'église, et ainsi de suite indéfiniment » (M. de la Borderie, loco citato). Cet ordre de choses commença, croit-on, vers 1525, dura et s'affermit pendant le reste du XVIème siècle, et fut explicitement confirmé en 1615 par une sentence rendue en l'officialité de Rennes. Cependant, en 1674, Mgr de la Vieuville essaya de supprimer l'alternative des recteurs ou vicaires perpétuels de Notre-Dame et Saint-Martin ; il ne put y réussir. Après la mort de ce prélat, « l'alternative se rétablit sans débat, et depuis lors jusqu'à la Révolution elle continua de subsister sans avoir à soutenir aucune attaque, et aussi, constatons-le, sans soulever aucune plainte » (M. de la Borderie, loco citato). En 1709, le prieur de Notre-Dame de Vitré, grand décimateur en Notre-Dame et Saint-Martin, et recteur primitif de ces deux paroisses, payait des portions congrues de 600 livres aux vicaires perpétuels et alternatifs de Notre-Dame et de Saint-Martin, et 300 livres aux deux curés ou vicaires ; en 1727 il accorda 150 livres à un second vicaire pour Notre-Dame (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). En 1803 fut reconstituée la paroisse de Notre-Dame, érigée en cure de première classe et placée sous le patronage de la Très-Sainte Vierge ; elle est devenue en 1859 chef-lieu du doyenné de Notre-Dame de Vitré (Pouillé de Rennes).
2° - Saint-Martin. — L'église Saint-Martin appartenait à l'origine aux chanoines de Notre-Dame, mais en 1116 l'évêque en déposséda ces derniers et donna Saint-Martin à l'abbaye de Saint-Melaine, fondant à Vitré le prieuré de Notre-Dame. Plus tard, le pape Luce III, en 1185, confirma les religieux de Saint-Melaine dans la possession de l'église Saint-Martin. Mais Saint-Martin n'était point encore érigée en paroisse au commencement du XVème siècle. En 1425, en effet, le recteur de Notre-Dame fit défense à Jean Dupont, chapelain de Saint-Martin, « de faire pain et eau bénite, donner absolution en caresme », et faire « aulcun faict de curé » ; la même défense fut faite l'année suivante à Jean Blenhu, autre chapelain de Saint-Martin, ce qui prouve que le recteur de Notre-Dame avait alors toute juridiction sur Saint-Martin (Notes ms. de M. l'abbé Pâris-Jallobert - Archives paroissiales). Bien plus, quelques années auparavant, les églises de Notre-Dame et de Saint-Martin étant fort délabrées, les deux fabriques convinrent en 1421 d'unir leurs ressources pour opérer cette double restauration. Or, il résulte des actes concernant cette affaire que Saint-Martin, à cette époque, n'avait d'autre recteur que celui de Notre-Dame, car c'était le recteur et le vicaire de cette dernière église qui devaient (avec le prieur curé primitif) entretenir à Saint-Martin l'exercice du culte. On y voit, de plus, que Saint-Martin n'avait pas de fonts baptismaux, ce qui prouve qu'en réalité cette église, loin d'être paroissiale, n'était même pas succursale, car les « marques caractéristiques d'une succursale », c'est-à-dire celles qui la distinguent d'une chapelle ordinaire, « sont les fonts baptismaux et la conservation des saintes huiles » (Potier de la Germondaye, Introduction au gouvernement des paroisses, 36). Si donc on appelait alors Saint-Martin « église parochiale », cela voulait dire seulement que le culte s'y célébrait avec la même solennité que dans une véritable église paroissiale, à la réserve des fonts (Bulletin de l'Association bretonne, IX, 142). Dès 1420, il est vrai, Anselme de Chantemerle, évêque de Rennes, considérant que dans le cas où la guerre forçait de tenir fermées les portes de la ville de Vitré, il pouvait arriver que des enfants nés hors des murailles de cette ville mourussent sans les cérémonies du baptême, avait ordonné à la fabrique de Saint-Martin de faire construire en cette église des fonts baptismaux. Malgré cet ordre, ces fonts n'étaient pas encore construits en 1434, lorsque Guillaume Brillet, devenu évêque de Rennes, renouvela aux fabriciens de Saint-Martin l'autorisation d'établir des fonts dans leur église, en réservant toutefois expressément les droits « du recteur de l'église paroissiale de Notre-Dame, dans l'étendue de laquelle paroisse l'église Saint-Martin se trouvait située ». Cette autorisation déplut d'abord au recteur de Notre-Dame, qui, se trouvant alors à un concile, n'avait point été consulté par l'évêque ; mais une transaction intervint entre les parties et fut signée le 1er février 1437. Par cette transaction, le curé de Notre-Dame accorda pour l'avenir, à tout jamais, dans l'église Saint-Martin, la continuation du culte divin more parochiali, comme il y avait été célébré jusque-là, et, de plus, le maintien des fonts nouvellement érigés ; — sous la condition expresse que, quand lui curé, ou son vicaire, ne voudrait ou ne pourrait remplir en personne en ladite église les fonctions pastorales, elles y seraient exercées en son nom par un chapelain temporaire qu'il nommerait et révoquerait à son plaisir ; — sous la condition encore que, outre ses droits curiaux, qu'il conservait comme par le passé en ladite église, les habitués (c'est-à-dire les paroissiens de Notre-Dame fréquentant l'église Saint-Martin "parrochiani seu habitantes in burgo Sancti Martini") de Saint Martin lui feraient dorénavant une rente annuelle de 10 livres payable moitié par moitié à Noël et à la Saint-Jean. — Les habitués de Saint-Martin, ayant accepté ces conditions, déclarèrent solennellement par l'acte même de la transaction « qu'ils sont et qu'ils ont toujours été paroissiens de Notre-Dame de Vitré ; que cette église est et sera leur église matrice et paroissiale ; que le recteur de cette église est et sera leur vrai curé, et qu'eux-mêmes sont et seront dans la cure et sous le gouvernement du recteur en question et de son vicaire ; que, de plus, toutes et quantes fois ledit recteur fera procession où que ce soit avec ses autres paroissiens, les paroissiens de Notre-Dame habitués de Saint-Martin se rendront à l'église de Notre-Dame, feront la procession et reviendront à ladite église absolument comme les autres paroissiens » (Bulletin de l'Association bretonne, IX, 113, 154). « Cette transaction, dit M. de la Borderie, doit être considérée comme l'érection régulière de l'église Saint-Martin en succursale de la paroisse Notre-Dame, dont elle n'avait été jusque-là qu'une chapelle, — chapelle importante, sans doute, et considérable, où le culte se célébrait (aux fonts près) more parochiali, mais sans pouvoir lui conférer réellement ni la qualité de paroisse (qu'elle n'eut pas davantage après la transaction) ni même celle de succursale véritable » (Bulletin de l'Association bretonne, IX, 113, 154). Comme nous l'avons dit plus haut, l'église Saint-Martin fut longtemps administrée par un chapelain nommé par le recteur de Notre-Dame ; mais vers l'an 1525 fut établie l'alternative, dont nous avons expliqué le fonctionnement, et qui persista jusqu'en 1790. En 1803, Saint-Martin fut érigée en paroisse et en cure de première classe ; en outre, elle est devenue en 1859 chef-lieu du doyenné de Saint-Martin de Vitré (Pouillé de Rennes).
- 3° Sainte-Croix. — Les deux églises de Notre-Dame et de Saint-Martin dont nous venons de nous occuper dépendirent jusqu'à la Révolution de l'abbaye de Saint-Melaine ; celle de Sainte-Croix, au contraire, fut une fondation de l'abbaye de Marmoutiers. Les religieux de ce dernier monastère ayant, en effet, fondé le prieuré de Sainte-Croix de Vitré, de nombreuses difficultés survinrent entre eux et les chanoines de Notre-Dame, qui tenaient la paroisse Saint-Pierre de Vitré. Pour y mettre fin, les seconds se décidèrent dès le commencement du XIIème siècle à concéder aux premiers, à l'entour de leur église, un certain territoire où ceux-ci exerceraient sans contestation tous les droits et les devoirs paroissiaux. « C'est là véritablement la fondation de la paroisse Sainte-Croix, dont l'acte nous a été conservé. On y voit que les chanoines de Notre-Dame mirent à leur concession — comme c'était l'usage en pareil cas — quelques conditions spéciales destinées à conserver une certaine sujétion de la nouvelle paroisse vis-à-vis de celle d'où elle avait été extraite. Ainsi il fut stipulé que les moines et prêtres de Sainte-Croix viendraient en procession à Notre-Dame le dimanche des Rameaux et le premier jour des Rogations ; qu'ils viendraient aussi à Notre-Dame chercher le saint-chrème et les saintes huiles ; et qu'enfin, le mercredi de la semaine de Pâques ils paieraient aux chanoines une rente annuelle de 10 sols » (Bulletin de l'Association bretonne, IX, 100). Cette convention, sanctionnée une première fois par Marbode, évêque de Rennes (1096-1123), le fut de nouveau en 1136 par Hamelin et en 1197 par Herbert, ses successeurs sur le siège épiscopal. Jusqu'à la Révolution, l'abbaye de Marmoutiers conserva des droits sur Sainte-Croix. En 1790, le recteur, M. Levesque, déclara jouir du presbytère et de son jardin, d'une portion congrue de 700 livres et d'un casuel de 70 livres ; il recevait, en outre, pour son curé une portion congrue de 302 livres, ce qui, joint à 48 livres que le recteur donnait lui-même, faisait une pension de 350 livres au curé (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 27). La paroisse de Sainte-Croix fut reconstituée en 1803, mais en 1806, malgré les réclamations des habitants et le voeu de la municipalité, elle fut supprimée par le gouvernement. Elle continua toutefois d'être administrée religieusement par un vicaire desservant. Une ordonnance royale datée du 11 février 1820 érigea de nouveau Sainte-Croix en paroisse ; ce ne fut d'abord qu'une succursale, devenue en 1826 cure de seconde classe (Journal historique de Vitré, 443, et Pouillé de Rennes).
Les paroisses de Vitré (leurs origines et leur organisation ancienne).
Trois bourgs vont se développer : le Vieil-Bourg sur le plateau à l'est du château ; le bourg Saint-Martin plus à l'Est ; au Sud sur le coteau Sainte-Croix, le Bourg-aux-Moines, autour d'un prieuré de Marmoutier. Le baron André III protège la ville de Vitré en l'entourant de murailles entre les années 1220 et 1250 : ses fortifications ont été restaurées en 1419 et en 1464. Les artères principales de la ville close étaient, de l’ouest à l’est, la rue Notre-Dame et la rue d'En-Haut, les rues d'En-Bas, Poterie, petite rue Notre-Dame et d'En-Haut, les rues du Four, Saint-Louis, de la Trémoille et de Sévigné. Celles du sud au nord étaient les rues Baudrairie, Gâtesel (rue Garengeot), de la Commune, et la place de Marchix.
Une troupe anglaise passe trois jours dans les faubourgs de Vitré en se dirigeant vers Rennes en 1380. Saint Vincent Ferrier, dominicain espagnol, fait des prédications dans la ville en 1418. Vitré reçoit du 1er au 17 septembre 1487 le roi Charles VIII. L’armée française, aux ordres de Louis de la Trémoille, s’établit dans ses faubourgs en 1488. La reine Anne de Bretagne visite Vitré lors de son voyage en Bretagne en 1505. Le protestantisme s'implante dans les années 1540 à Vitré : la baronne Renée de Rieux, Guyonne XVIII, contribue à sa diffusion. Les alliances avec la famille Coligny en font une place protestante, marquée par un long siège de cinq mois en 1589. Les Ligueurs, sous les ordres de Talhouët-Boisorhant, assiégent Vitré en 1589. Henri IV passe à Vitré en 1598 et visite l’église Notre-Dame.
Une léproserie est mentionnée dès le XVème siècle dans le village de Saint-Etienne. Vitré est érigé en chef-lieu de district en 1790 et en chef-lieu d’arrondissement en l'an VIII. La paroisse de Vitré dépendait autrefois de l’ancien évêché de Rennes.
On rencontre les appellations suivantes : ecclesia Vitriacensis (en 1070), Vitreyum (en 1516).
Nota 1 :
Principaux personnages célèbres nés à Vitré :
.
Pierre
Landais, trésorier
général de Bretagne, pendu à Nantes en 1485 ;
.
Pierre
Guibé, évêque de
Tréguier, mort en 1513 ;
. Bertrand
d’Argentré,
historien et jurisconsulte (1519-1590) ;
. Pouppé
des Portes, médecin
et membre de l'Académie des Sciences (1704-1748) ;
. Arthur
le Moyne de la Borderie,
historien de la Bretagne (1829-1901) ;
Nota 2 : liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de Notre-Dame ou de Saint-Pierre : Hamelin (il se démit en 1138), Jonas (en 1138), Jacques Salmon (en 1208), Hervé (au XIIIème siècle), James Guérin (en 1420), N.. Godard (en 1430), Pierre Leclerc (en 1435 et 1445), Pierre Gesbert (en 1460), Robert de Grasmesnil (permuta en 1474 avec le suivant), Etienne Lecocu (précédemment chapelain ou prieur de Saint-Nicolas, fut pourvu en 1474), Pierre Houdry (en 1486), André Morel (en 1502), Pierre Mazurais (en 1506), Guillaume Chédane (en 1510), Julien Lefebvre (en 1514), Guillaume Tirel (en 1519), Jean de Romelin (décédé vers 1525), ....
Note 3 : liste non exhaustive des recteurs alternatifs de Notre-Dame et de Saint-Martin (nota : on ne connaît qu'approximativement la date de l'institution de l'alternative à Vitré) :
— Jean Delalande (en 1525 et 1537), Robert Oger (1551-1568), Guillaume Tizon (1568-1588), Jean Lodiel (1588-1596), Jean Lespaigneul (1597-1624), Pierre Le Moyne (1624-1631), Dom Jean du Bouexic (en 1631), Dom François Joubin (1631-1654), Pierre Roulleaux (1654-1673), Julien Vallet (1673-1676), Jean-Baptiste de la Méhaignerie (1676-1705), Jacques Letexier (1705-1708), Jacques-Guy Arot (1708-1724), Pierre-Jean Saiget (1724-1725), Pierre-Etienne Ravet (1725-1754), Pierre-Nicolas de Gennes (1754-1767), Jean-Baptiste Bienvenue (1767-1775), Jean-Marie Moulin (1775-1793) ;
— Jean Le Clavier (en 1530), François Prieur (en 1540), Louis Thomas (en 1540), Guillaume Geslin (1549-1569), Pierre Bonnieu (1569-1586), Pierre Bazin (1588-1598), Michel Touillon (1598-1604), Julien Blanchard (en 1604), André Berthault (1605-1613), Vincent Bernier (1613-1629), Dom René Hodemon (1629-1654), Jacques Baragnes (1654-1655), Pierre Duperron (1655-1692), Dom Julien Bourgonnière (1692-1693), Pierre Bidault (1692-1709), Eustache Gisquel (1710-1713), Paul Bely (1713-1740), Eusèbe-François Houvet (1740-1743), Jacques de Gennes (1743-1768), Joseph-François Viseiche (en 1768), Louis-Joseph Brunet (1768-1793) ;
Nota 4 : liste non exhaustive des curés de la paroisse de Notre-Dame : François-Julien Levesque de la Mesrie (1803-1805), Dominique-Louis Marion (1806-1818), Pierre-François Joyer, chanoine honoraire (1819-1842), René Guilloys, chanoine honoraire (1842-1850), Gilles Aubrée, chanoine honoraire (1850-1881), Félix-Jean Lochet, chanoine honoraire (à partir de 1882), ....
Nota 5 : liste non exhaustive des curés de la paroisse de Saint-Martin : René-Sébastien Breteau de la Gueretterie, chanoine honoraire (1803-1840), Nicolas-Louis Chatel, chanoine honoraire (1841-1861), Mathurin-Joseph Collet, chanoine honoraire (1862-1866), Augustin Gavrard, chanoine honoraire (1867-1881), Léon-Marie Renault, chanoine honoraire (à partir de 1881), ...
Nota 6 : liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de Sainte-Croix : André (en 1164), Pierre Le Petit (en 1275), Jean de la Châsse (en 1388), Guillaume de Launay (en 1417), Jean Picauld (en 1545), Jean Desprez (1567-1589), Jean Trublet (1589-1599), Michel Gérard (1599-1611), Maurice Bouvet (1613-1615), Jacques Le Maignan (1615-1629), Jean Rouesson (1629-1661), Jean Guibé (1661-1707), René Deseuche (1708-1722), Philippe Dallon (1723-1758), René-Augustin Duverger (1759-1763), François Pasquier (en 1763), François-Julien Levesque de la Mesrie (1763-1789), Pierre-Joseph Beaugeard (1803-1805), Joseph-Emmanuel Barbot-Chevri (1805-1824), Pierre-François Coconnier (1824-1861), Casimir Troprée (1862-1882), Jean Barré (à partir de 1883), ...
Nota 7 : MAIRES ET LIEUTENANTS DE MAIRES. Maires perpétuels et héréditaires : Etienne Duverger sieur de la Gravelle (1692-1703) ; François-M. Le Ribault (1703-1717) [Note : Cette charge fut supprimée en 1716]. Maires alternatifs et triennaux : Pierre Sigay sieur de la Goupillère, 28 juin 1707, mort à Paris en juin 1708 ; Julien Charil sieur de la Grande Lande, 1709, se démit au mois d’août de la même année et ne fut pas remplacé [Note : Créé en 1706, cet office fut supprimé en 1716 et rétabli en 1733]. Maires : Daniel Berny, 23 mars 1744 à 1748 ; René-Olivier Duverger sieur de la Gravelle, 11 juin 1748-1756 ; Mathurin Hardy sieur du Rocher, 11 mai 1756-1758 ; Mathurîn Seré sieur du Teil, 16 mai 1758-1764 ; Gilles-Ch. le Maczon sieur de Courcelles, 15 mai 1764-1766 ; Jean-Isaac Berny sieur de la Gaulayrie, 10 juin 1766 au 5 juillet 1770 ; Benjamin-Cl. Dubourdieu sieur de Heulet, 10 juillet 1770-1772 ; Pierre Duperron sieur de Tesnières, 30 juin 1772-1778 ; Joseph-Félix de Gennes, 15 septembre 1778-1780 ; Mathurin Hardy sieur de la Largère, 19 septembre 1780-1790 [Note : Mathurin-François-Mathieu Hardy de la Largère, maire de Vitré et député aux Etats Généraux, mourut à Paris le 6 novembre 1792. Il avait épousé, le 3 juin 1760, Jeanne-Aimée Lemoyne, fille de Jean et de Marie de Baudouard, et sœur de Jean-Ignace Lemoyne, curé de Marly, qui fut chargé de traiter avec la maison de Paris]. Lieutenants de maires : Pierre Sigay sieur de la Goupillère demanda cette charge en offrant 500 livres à la Communauté pour acquitter ses dettes, 19 mai 1705 au 26 juin 1708 ; Jean de Gennes sieur de la Guilmarais, fut nommé lieutenant alternatif le 25 avril 1707, et devint lieutenant des maires en 1708 jusqu’au 14 mars 1709, époque de sa mort ; il ne fut point remplacé par la Communauté de ville ; Joachim Renault sieur de la Mancelière, lieutenant de maire ancien et alternatif, du 12 mai 1711 à 1717 [Note : Louis XV supprima cette charge par les édits de 1716]. Depuis 1790 ont été maires ou présidents de l’administration municipale : Paul-Alexis Thomas de Maurepas (1790) ; Luc Boischapelle (1790) ; François-Jacques Daniel du Jarday (1790) ; Augustin Loychon (1791) ; Pierre-Prosper Fouassier (1792) ; Pierre Corbeau (1794) [Note : Le citoyen Corbeau, fils, ci-devant administrateur du district, remplacera provisoirement le citoyen Fouassier dans les fonctions de maire, mis en arrestation par le comité révolutionnaire] ; Antoine Christophe (1794, 27 novembre) [Note : Antoine Christophe, originaire de Paris. Il mourut à Rennes, en 1841, et fut inhumé à Bais dont il avait été maire] ; Luc Boischapelle, président (1795), Mathurin Lemoyne de la Borderie, président (1797) ; Augustin Loychon, président (1797) ; Joseph-M. Berthois, président (1798) ; Jean-Pierre Mesnage, président en 1799 et maire à partir de 1801 ; Mathurin-René Lemoyne de la Borderie (1804) ; Augustin Hardy de la Largère (1815) ; Charles-M. Pierre Hardy (1818) ; Joseph Thomas de la Plesse (1830 à 1832). Il ne fut pas remplacé immédiatement. Louis Hirou (1835) ; Joseph Thomas de la Plesse (1837) ; François-Henri Havard-Duclos (1848) ; Toussaint-René Ruault de La Lande (1848) ; Prosper-Amédée Rubin de la Missonnais (1852) ; Waldeck Lemoyne de la Borderie (1855) ; Paul-Joseph Thomas de la Plesse (1863 à 1870) ; Emile Ragot (1871) ; Georges Garreau (1896-Mai 1929) ; Emile Ruellot (Mai 1929-Mars 1939) ; Marcel Rupied (1939-Mars 1959) ; Louis Giroux (1959-Août 1966) ; René Crinon (1966-Mars 1977) ; Pierre Méhaignerie (1977-Mai 2020) ; Isabelle Le Callenec (2020- ?).
Nota 8 : La charte apocryphe de Conan IV, datée de 1182, dit que les Templiers avaient des droits sur trois habitants de Vitré, « tres homines in Vitré ». Un acte de vente, de 1455, fait aussi mention de la « rue aux Templiers », dans le faubourg du Rachapt, à Vitré (M. Pâris-Jallobert, Journal historique de Vitré, 131). La Déclaration de 1681 ajoute enfin que « le membre de Vitré, dépendant de la commanderie de la Guerche, a cours dans les ville et forsbourg dudit Vitré et ès paroisses d'Argentré, Etrelles et Erbrée ». Il consistait, à cette dernière époque, « en fief et juridiction » sur quelques habitants et en rentes sur quelques maisons, notamment sur certaines habitations du faubourg Saint-Martin et sur la « maison de la Croix, en la ville de Vitré ». Ce membre, comme l'on voit, n'avait plus d'importance au XVIIème siècle (Pouillé de Rennes).
Nota 9 : 1347, v. s., mars. - Statuts de la confrérie du Saint-Sacrement de Vitré (original, Bibliothèque Nationale, latin, nouv. acq., 2369, 25). « In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen. Coram nobis gerente vices decani de Vitreio personaliter constituti confratres et consorores confratrie Sanctissimi Sacramenti quorum nomina inferius continentur : Guillelmus Baugé, Jametus dictus le Bœdrot, Jamin de Poscé, Johanninus Pie Gaye, Jorginus le Bygot, Johanninus Trehu, Johannes Mascot, Petrus Hamelin, Robertus dictus Cales, Perrotus Bouète, Thomas Brillays, Gaufridus Venant, Guillelmus d'Abari, Johannes Vesoy, Raol d'Avi, continentes statuta predicte confrarie fecerunt et ordinaverunt in modum qui sequitur et in formam : Ce sont les statuz é ordennances de la frarie dou Saint Sacre Jésus Christ que nous frères é sours faymes é establissons en église de Nostre Dame de Vitré, en l'ennour de Deu, é de son Saint-Sacrement é de la benaystre vierge Marie é de tous les sains. C'est assavair à estre fait é célébré l'office é le servige à l'austeil Nostre Dame, en la dicte yglèse à l'austel Nostre Dame de em bas près l'austeil Saint Père parroissial. Premièrement est establi é ordrené que la veille de ladite feste dou Saint Sacre chascunz de diz frères é sours doyt venir é estre à vespres et le jour de ladite feste aus messes et à vespres, si il le poent faire proffritablement. - Item, seront célébrées le jour de ladite feste trays meisses é y sera alumé tout le luminaire de la dite frarie : c'est à savair une meisse de requiem pour les deffuns de la dite frarie é une meisse de Nostre Dame é une de la solempnité dou jour. - Item, aus dites vespres de la veille é dou jour de la dite feste sera alumé du luminaire de la dite frarie segont que les provous de la frarie verront que bien sera. - Item, devront sairs à la dite frarie le diz frères é sours le jour de la dite feste dou Saint Sacre. - Item celuy ou ceille qui ne voudra sairs à la dite frarie doit é est tenu le feire asavoir aus dyz prouvous de la dite frarie oeyt jours davant la dite feste, et celuy ou celle qui n'i voudra sairs doyt paier quatre deniers d'amone é pour a[men]dier le luminaire. - Item, deyvent estre receuz le jour de la dite frarie trèze paovres ou plus par les dys prouvous comme ils veirront que bien sera à matin davant dyner [lesqu]eux prouvous lour deyvent amenistrer des biens de la dite frarie comme ils veirront que bien sera en l'anour de Deu et de la vierge Marie é pour le salus des ames des dys frères [et sours]. - Item nuyl ne sera receu à prouvout de la dite frarie si il n'est demorant au bourc Saint-Nicholas, ou Rachaz, ou sus la Chauciée. - Item seront éleuz à prouvout deus des dys [frères de] la dite frarie des plus proffeitables qui tendront par dous ans la dite frarie é lour temps de dous ans passé, ils pourront élère à prouvons dous autres des frères des plus prof[fitablcs] pour la frarie, o le conseil des sages de la dite frarie, les queux ils voudront appeler à ce. - Item, celuy qui sera éleu à prouvout qui refusera le fès de la dite frarie doyt et est tenu [payer] une livre de cire au proffet de la frarie. - Item, celuy ou ceille qui sera receu à la dite frarie paiera à son entrée une livre de cire et la volantée au prouvout davantage. - Item, celuy [ou cel]le qui se voudra départir à sa vie et lessier la dite frarie sera tenu paier aus prouvous et à la frarie dous livres de cire de son essue et conteront les prouvous é Guillaume Baugé chacun [de so]n temps po des autres de plus seiges. - Item, deyvent les dys prouvous conter o les dys frères dedens sept jours apprès lour temps tenu dou proffet é émolument de la dite frarie. - Item, ne sera receu en la dite frarie nuyl esquemunié ne à sairs à la dite frarie. E si il aveint que aucun de diz sours ou frères sait en sentence de esquemunie ou temps de sa mort, il ne ara nuyl de ses deveirs des autres frères é sours douques il sait absouls. - Item, seront tenus les diz frères é sours estant ou païs venir é estre à la gueste de chacun deffunt ou deffuncte de la dite frarie dedens l'oure de mesnoyt ou envaier chescun son messaye pour suy. E sera checun é checcune apelé pour ce à la dite gueyte dedens l'oure de matines de Notre Dame sonnans é checun et chescune qui deffaudra payera : c'est assavoir le marié dous deniers et celuy non marié autretant, à convertir ou proffet de la frarie, si ils ne ont souffissant essœyne que ils puyssent léaument affermer. - Item, sont tenuz les diz frères é sours, si ils les poent faire proffectablement, venir à porter le corps dou deffunt à l'iglèse é si le deffunt ou temps de sa vie a lessié rente à la frarie mourant plus de tres souls chescun peir de diz frères et sours sera tenu pour le dit deffunt faire célébrer une meisse le jour de l'enterrement ou dedens la octiève. - Item, devent faire registrer lours messies, que ils feront dire par les diz prouvous léaument. - Item, sera alumé à trays meisses vint cierges dou luminayre ; é si les amys au deffunt le veulent plus avair ils payront le dechié ; é le deffunt qui ne ara fait point de les ara trays meisse o les diz vint cierges, comme il est dessus dit. E sont tenus les diz frères é sours faire oblacion aus dites meisses au mains à une au dit auteil Nostre Dame. - Item, le servige accompli, sunt tenuz les diz frères porter le corps du deffunt au cemetère é estre à l'enterrement ou envaier pour eux. E sera tenu chescun des diz frères é sours payer aux prouvous le dit enterrement fait ou cemetère un denier pour payer les dites meisses é convertir ou luminayre. - Item, chescun déffaillant à ce, comme il est dessus dit, doit payer dous deniers de paine c'est assavair le marié dous deniers et non marié autretant é pourront les diz prouvous, si ils véeut que bien soit, faire dous torches de cire ou plus à la lévation ou Sacrement pour ardre environ le corps de chescun deffunc, en alant à l'églèse et au cemetère, lequel luminayre guarderont les diz prouvous. E ne seront pas tenus les diz frères et sonrs demournns en la ville entre les quatre portes aler à la dite gueyte hors de la dite ville, ne ceux déhors en la dite ville, si ne voulent. - Item, sera fest asavoir au diz frères é sours la mort dou trepassé ou de la trepassée de la dite frarie ou despens dou trespassé ou trespassée qui en payera oeuyt deniers à la mein des diz prouvous au cemetère é pour y porter les échelètes sonans o le corps. - Item tendront et feront les diz frères et sours, qui se mettront en la dite frarie, les ordenances qui sont distes desus. Ausquelles chou es tenir é garder en bonne foy, sans venir encontre condampnons per lour serments. Doné tesmoyn le seel de nostre court le doyen de Vitré, o le seel de la cour de Vytré, à mayre confirmacion, la juridytion de l'une court n'empêchant pas l'autre. Donné au mois de mars, l'an MCCCXLVII ans, ou quel mays é en l'an furent receuz en la frarie dessus dite : Perrot de la Gré, Richard le Meyguen, Martin Jolivet, Ligyer Guinart, Guillaume le Parchyminier, Adam Boute-Avant, Jehan Geray, Robin Guandon, Bertrand Signori, Macé Baudoyn, Perrot Baugé, Johan Mellin, Macé Bonnête et Aubine, la fame son fils, la famé feu Loians dou Chesne, Martin Plaçon, Hamelin, gendre Robin Navète, Symon le Parchenèce, Perrone Pychart, Thomas Rohyer, et les fames au dessus diz, é sy furent condampnés comme les dessus diz. Donné comme dessus ».
Voir "Etude historique de la ville de Vitré et de ses seigneurs"
Voir "Les délibérations de la communauté de la ville de Vitré en 1788"
Voir "Les Curés alternatifs de Notre-Dame et de Saint-Martin de Vitré de 1525 à 1790"
Voir "Le cahier de doléances de la ville de Vitré en 1789"
Voir "Aperçu historique sur Vitré"
PATRIMOINE de VITRE
l'église Notre-Dame (XV-XVIème siècle). La nef et le transept datent du XV-XVIème siècle, période de grande prospérité à Vitré. En 1440-1442 est élevée la tour-clocher à la croisée, avec un départ de transept et une travée de la nef. En 1467, le trésorier Macé Vétier fait édifier les chapelles nord contre le cloître du prieuré. La façade sud est construite entre 1490 et 1540 (date sur le contrefort d'angle). La façade ouest date de 1540-1586. La chaire extérieure date de 1490-1500. La porte du milieu date de 1530-1609 (vantaux 1609 avec bas-reliefs XVIème siècle de l'Annonciation). L'entrée ouest, la principale, devient en 1578 un portail Renaissance en arc de triomphe : vantaux de 1586. La flèche, oeuvre de l'architecte L. Raffray, date de 1858. La chaire à prêcher intérieure, oeuvre du sculpteur Valentin et du menuisier Hérault, date de 1855. L'orgue, qui sort des ateliers de M. Ducrocquet de Paris, date de 1851 [Note : Cet orgue avait obtenu une grande médaille d'or à l'exposition de Londres, et avait coûté ving-cinq mille francs]. Il remplace l'ancien orgue détruit par des citoyens le 9 février 1794 et fut inauguré le 30 mars 1852 [Note : Voici les organistes de Notre-Dame connus par les registres : Jean Vincent, sieur de Marville, en 1639 ; Messire François La Chapelle, nommé pour trois mois, en 1641 ; Michel Lemarié, sieur de la Besneterie, de 1642 à 1650 ; Georges Bouvet, sieur de Bourgjoly, de 1650 à 169. ; Nicolas Besnier ; Jean Daumouche, mort en 1729 ; Mathurin Ruffault, en 1729 ; M. Trublet, de 177. à 1793 ; Charles Steiger ; Jean-B. Steiger ; Henri Lamandé,...]. L’autel et le retable du Chœur-aux-Moines datent de 1852. Les confessionnaux datent du XIXème siècle. Le monument funéraire du curé Aubrée date de 1881. Le bénitier en marbre blanc date de 1593. L'huile sur toile représentant le "Martyre de saint Sébastien", oeuvre du peintre Picard, date de 1640 (il s'agit d'une reproduction d'une gravure d'Hans von Aachen). Le tableau représentant le "Couronnement de sainte Cécile", oeuvre de Fournier, date de 1646. Les vitraux, situés dans le transept, sont de Chauvel et datent de 1868-1870. Dans le choeur, se trouve le tombeau de Marie de Retz, fille de Gilles de Retz (le Barbe Bleue), épouse d'André de Laval. Dans le collatéral gauche, l’enfeu du chanoine Pierre Hubert est édifié vers 1490. Dans le collatéral droit, se trouvent : un vantail de l'ancienne sacristie (1491), le vitrail représentant l'Entrée du Christ à Jérusalem (oeuvre du maître verrier Pierre Symon et daté de 1537), le vitrail représentant la Résurrection (oeuvre du verrier Charles Champigneulle fils et daté de la fin du XIXème siècle), une statue de la Vierge et saint Jean, en bois, datée du XVème siècle. La Collégiale de Notre-Dame, fondée vers 1060 par Robert Ier de Vitré, est confiée d’abord à des chanoines, puis au début du XIIème siècle à l'Abbaye Saint-Melaine de Rennes qui y établit un prieuré. L’église sert aussi de paroisse dès les années 1070 à 1075 sous le vocable de Saint-Pierre. Il possédait un cimetière en 1116. Un petit cimetière appelé Cimetière neuf, Cimetière Saint-Pierre ou Cimetière des Pauvres est ouvert en 1550 au nord-ouest et au sud de l’église, et l’on y construit une petite chapelle qui est remplacée en 1748 par une chapelle nouvelle sur l’emplacement du presbytère actuel ; cette dernière est démolie vers 1825. Les sacristes de Notre-Dame étaient des ecclésiastiques attachés à la paroisse ; en voici la liste depuis la seconde moitié du quinzième siècle : Juliot Gainchard, 1473 à 1484 ; Jehan Nepveu, 1484 à 1490 et de 1491 à 1517 ; Pierre Mazurais, 1490 ; Gilles Delebays, 1517 à 1524 ; Jehan Bricier, 1524 à 1547 ; René Perrigois sieur de la Bonnais, 1547 à 1555 et de 1556 à 1562 ; Guillaume Guibourg, 1555 ; François Bricier, 1562 à ..... ; Bertrand Ruffault, 159... à 16... ; Guillaume Turocher, 160.... ; Jacques Bouvet, 1611, mort le 9 mai 1656 ; Mathurin Lemoyne sieur de la Chevalerie, 1656, mort le 6 janvier 1676 ; Jacques Ronceray sieur de la Babinière, 1676 à 1687 ; Guy Moisan, 1687 à 1695 ; Guy Billeu sieur du Mesnil, 1695 mort le 9 mars 1726 ; Charles Leclerc 1726 au 18 juillet 1741 ; Pierre Dubourdieu, 1741 à 1745 ; Jean-Baptiste de Bouessel, 1745 à 1747 ; Guillaume Leprestre sieur de la Gadonnière, 1747 à 1772 ; Pierre Turquety sieur de la Meltière, 1672 à 1789 ; René Caillet, 1789 à 1791 ;
Note 1 : Il semble bien qu'à l'origine existait à Vitré une église Saint-Pierre distincte de l'église Notre-Dame ; c'est du moins ce qui ressort des chartes de fondation du prieuré de Notre-Dame de Vitré. L'on y voit en 1116 l'évêque Marbode donner à l'abbaye de Saint-Melaine les églises de Notre-Dame, de Saint-Pierre et de Saint-Martin ; le pape Luce III, confirmant en 1185 les religieux de SaintMelaine dans la possession de ces églises, est encore plus explicite : « Ecclesiam Sanctœ Mariœ de Vitreio cum omnibus appendiciis suis, ecclesiam Sancti Petri, ecclesiam Sancti Martini in eodem castro » (Cartulaire de l'abbaye Saint-Melaine). Cependant, M. de la Borderie croit que cette église Saint-Pierre ne fut jamais différente de celle de Notre-Dame. Il est néanmoins permis de faire observer qu'à l'intérieur du château de Vitré apparaissent encore à la fin du XIXème siècle deux voussures de portes romanes, formées de claveaux alternatifs de granit gris et de schiste noir. On les regarde comme les derniers vestiges d'un édifice religieux contemporain des origines de Vitré ; on a voulu y voir les restes de la première église de la Magdeleine, ce qui n'est guère vraisemblable, puisque la collégiale de Sainte-Magdeleine, bâtie à quelque distance de là, offrait elle-même des traces d'une semblable construction romane. C'était donc deux églises distinctes et contemporaines. Ne faudrait-il pas plutôt reconnaître dans ces vestiges antiques innommés soit la première église de Notre-Dame, soit celle de Saint-Pierre ? Quoi qu'il en soit, si les moines de Saint-Melaine reçurent en 1116 deux églises en acceptant Notre-Dame et Saint-Pierre, ils ne tardèrent pas, par économie, à en supprimer une, et ils se contentèrent d'entretenir l'église de leur prieuré, dédiée à Notre-Dame ; ils élevèrent toutefois dans ce temple un autel en l'honneur de saint Pierre. Cet autel fut d'abord placé dans une des chapelles de Notre-Dame, mais en 1625 on le mit au haut de la nef, adossé à un mur bouchant l'arcade occidentale de l'intertransept. Les moines se réservèrent seulement l'ancien choeur du prieuré, dédié à la Sainte Vierge, et abandonnèrent le reste de l'église aux paroissiens de « Saint-Pierre en Nostre-Dame » (Pouillé de Rennes).
Note 2 : Cette église Notre-Dame fort intéressante a été presque entièrement reconstruite au XVème siècle ; il ne reste de l'édifice primitif que l'intertransept et l'abside, qui semblent du XIIème siècle. Les seigneurs de Vitré contribuèrent à la réédification de Notre-Dame, car nous savons que François de Laval, qui devint plus tard Guy XI, baron de Vitré, donna à cet effet, vers 1485, une somme de 1 200 écus. L'édifice se compose de trois nefs à six travées, accostées de douze chapelles, des transepts et de l'ancien choeur des moines, formant aujourd'hui chapelle absidale. Examinons rapidement l'extérieur : « La tour centrale, commencée en 1420, fut terminée en 1442 ; la première flèche fut détruite par la foudre en 1704 et relevée en charpente et en ardoises ; celle que nous admirons aujourd'hui a été construite en 1858 sur les plans de M. Raffray ; elle est en pierre, octogone et découpée à jour. La hauteur totale du clocher dépasse 190 pieds. La façade du Sud, qui est la meilleure partie de cet édifice, a été construite à deux époques différentes : le transept méridional et les trois premières chapelles de 1480 à 1500 ; les trois dernières, avec la porte du milieu, de 1530 à 1540. A chaque chapelle latérale répond extérieurement un gâble ou pignon triangulaire, ajouré de grandes fenêtres remplies de moulures flamboyantes et flanqué de riches contreforts couronnés d'aiguilles » (M. l'abbé Pâris-Jallobert, Bulletin de l'Association bretonne, IX, 288). Sur cette façade méridionale on voit au-dessus de la porte du transept l'écusson d'André de Laval, maréchal de France, dont la femme repose dans l'église. « Près de cette porte, appuyée contre l'un des contreforts, se détache extérieurement une chaire en pierre, octogone, portée sur un pédicule, décorée d'arcatures trilobées et dont le dais ressemble au toit d'un clocheton garni de crochets ». On y arrive par un escalier intérieur et une porte ouverte au dossier même de la chaire. On y prêchait encore en plein air en 1663 pour réfuter les prêches des protestants (nota : les barons de Vitré avaient au XVIème siècle embrassé les idées de la Réforme et introduit par suite le protestantisme dans leur ville). Un peu plus bas, vers l'Ouest, s'ouvre la porte dite du milieu. « C'est la partie la plus soignée ; toutes les moulures sont conduites avec un soin, une rectitude et une pureté rares ; les festons qui décorent l'arcade supérieure, les feuilles frisées du contour de cette même arcade, de la fenêtre et du pignon, les guirlandes et feuilles courantes qu'on remarque sur l'arc Tudor servant de linteau et sur les bords du fronton, enfin les pinacles appliqués sur les faces des contreforts, tous ces détails sont traités avec une finesse et un poli que ne comportent pas généralement nos matériaux » (M. l'abbé Brune, Archéologie religieuses, 360). Au reste, toute cette décoration, qui annonce le commencement de la renaissance, appartient aux dernières années du XVème siècle, car nous lisons le millésime de 1499 sur l'un des contreforts voisins. La jolie porte en chêne sculpté qui ferme cette entrée ne date que de 1609. La façade occidentale, un peu plus chargée d'ornementation et d'un style moins pur, a été construite vers 1550 ; mais elle est surtout gâtée par une arcade en cintre surbaissé et par une porte d'une architecture néo-classique, datée de 1578. Les battants de cette porte, en bois de chêne et d'un travail remarquable, sont de 1586. En 1467 fut réédifié par les paroissiens le bas-côté septentrional de l'église, contigu au cloître du prieuré. L'ornementation très simple de cette partie de l'édifice voisine du monastère et des remparts se résume dans six croisées à meneaux, dans l'une desquelles l'on remarque trois hermines parfaitement formées en pierre. Pénétrons maintenant dans le temple et commençons par examiner la chapelle absidale ou le choeur proprement dit, dont l'extérieur est caché par les maisons voisines. Cette partie de l'édifice appartient au XIIème siècle, ainsi que le prouvaient naguère deux longues fenêtres cintrées aujourd'hui bouchées ; au XVème siècle on y perça plusieurs fenêtres gothiques, entre autres une grande baie dans le mur du chevet. On l'appelait autrefois le choeur aux moines, parce que les religieux se l'étaient réservé, comme nous l'avons déjà dit. Du côté de l'évangile se trouve en cette chapelle la sépulture d'une dame de Laval portant cette épitaphe : Cy gist Madamme Marie damme et héritière de Raix, jadis espouse de hault et puissant Monsieur André de Laval, en son temps seigneur de Lohéac, de Lanveaux et de Guergorlaix, maréchal de France, laquelle damme trespassa le premier jour de novembre l'an mil IIIIcc LVII. Les transepts renferment deux grandes verrières modernes, consacrées au Rosaire et à l'arbre de Jessé, oeuvre d'un peintre-verrier de Vitré, M. Chauvel. « Au flanc oriental de chaque transept, une petite chapelle, en forme d'abside, à pans coupés répond à chacun des bas-côtés et termine la perspective de la plus heureuse façon ». Dans la chapelle du Nord se dessert la confrérie des Anges-Gardiens, fondée en 1639. Il y avait jadis, en outre, dans cette église les confréries de Saint-Nicolas, fondée en 1330 ; du Saint-Sacrement, en 1348 ; du Rosaire, en 1612 ; du Port du Saint-Sacrement, en 1634 ; de l'Ange-Gardien, en 1639 ; de la Rédemption des Captifs, mentionnée en 1732 ; plus un grand nombre de confréries d'artisans placées en 1659 sous les vocables de saint Roch, la Trinité, l'Ascension, saint Eloy, saint Crespin, sainte Anne, saint Jean, saints Jacques et Philippe, saint Honoré (Journal historique de Vitré, 162). Nous avons dit que douze chapelles entouraient les nefs ; parcourons-les rapidement, en commençant par la première au haut du collatéral Nord : Saint-Mathurin, portant à sa clef de voûte les armes de Vitré, est aujourd'hui dédiée au Sacré-Coeur ; elle renferme le tombeau du curé, M. Aubrée, décédé en 1881 ; la statue du vénérable défunt, oeuvre de M. Valentin, le représente agenouillé sur un prie-Dieu. — L'Annonciation, où se réunissait jadis la confrérie des marchands de toile, fondée au XVème siècle. — Saint-Jean-Baptiste, fondée en 1469 par Pierre Landais, dont elle porte les armes : de gueules à trois badelaires d'argent posés en bande. — Saint-Sébastien, ornée des blasons de Bretagne, fut fondée, croit-on, pour recevoir de précieuses reliques de ce martyr envoyées en 1476 à Notre-Dame par Jeanne de Laval, femme du bon roi René d'Anjou. — Saint-Michel ou Saint-Roch, aux armes de Laval, avec quelques restes de verrières du suite siècle. — Saint-Hubert ou Notre-Dame-de-Pitié, fondée de messes en 1498 par Pierre Hubert, doyen de Vitré, recteur de la Chapelle-Erbrée et chanoine de la Magdeleine, qui s'y trouve inhumé ; son tombeau, malheureusement mutilé, est remarquable ; il est placé sous une arcade et orné de la statue du défunt, revêtu de ses ornements sacerdotaux. En remontant de l'autre côté nous trouvons les chapelles de : Sainte-Anne, nunc Saint-Laurent ; — Saint-François, renfermant un reste de verrière antique ; — puis l'entrée de la porte du milieu, qui occupe la place d'une chapelle : on y admire une superbe verrière datée de 1537 et figurant l'entrée triomphante de Jésus à Jérusalem ; — Saint-Clément, olim Saint-Joseph ; — Sainte-Anne, olim Saint-Pierre ; c'est là que se faisait l'office paroissial avant 1625 ; — enfin, l'emplacement de la douzième chapelle est occupé par une petite sacristie et une espèce de jubé portant la date de 1491. Dans l'une de ces chapelles se trouve un admirable tryptique contenant trente-deux petits tableaux en émail, partagés en quatre séries, et représentant toute l'histoire de la Sainte Vierge et de Notre-Seigneur. Derrière ces précieux émaux est une longue inscription dont nous tirons ce qui suit : Donné céans fut ce tableau - Par ung nommé Jehan Bricier, - Qui escripvit ce escripteau - Et le dicta tel que voiez - La veille de Noël, croiez, - Que l'on disoit mit et cinq cens - Quarante et quatre bien comptez; - Et lui cousta cinquante francs. - Les hystoires qui sont dedens - De Lymouges en apporta, - Et Robert Sarcel, point ne mens, - Le bois tailla et assembla, etc. Ce tryptique est signé de J.-B. Pénicaud, l'un des premiers émailleurs de Limoges au XVIème siècle. Terminons en signalant les orgues, dont les premières furent données et fondées en 1639 par René Nouail ; — une superbe chaire en bois sculpté, oeuvre de M. Hérault, — et le maître-autel en marbre blanc, placé à l'entrée de la grande nef, sous l'arcade de l'intertransept. Il n'y avait, à proprement parler, dans cette église que trois enfeus : celui des Bénédictins dans leur propre choeur, celui des Sévigné, seigneurs des Rochers, dans le choeur de la paroisse, et celui des Cholets, sieurs de la Mériais, dans le transept Sud, en la chapelle Saint-Christophe ou de la Miséricorde, proche le petit autel placé près de la sacristie. Cette sacristie est remarquable par ses sculptures en bois et présente cette inscription : Cete sacristie a esté bastie par l'aumosne des paroissiens, estant trésoriers Messieurs de la Sibonniere-Séré, du Mesnit-Bileu, de la Rouselière-Lemoyne, députés avec eux les sieurs Dubois-Lecoq et des Ormeaux-Lecorvaisier, en l'an 1666 ; mais plusieurs autres paroissiens avaient obtenu d'y être inhumés (Pouillé de Rennes).
Note 2bis : Confrérie du Saint-Esprit et Confrérie du Saint-Sacrement. « La confrérie du Très-Saint-Sacrement de l'autel, avait été fondée par les habitants du forbourg du Rachapt, de la ville de Vitré ; elle était desservye dans l'église Notre-Dame et dans les chapelles de Saint-Nicolas et des Trois-Maries ». (27 mai 1653). (E, Baronnie de Vitré, liasse 37). (1580) Même liasse. — La confrérie du Saint-Esprit semble avoir précédé celle du Saint-Sacrement et lui avoir cédé ses droits. (Dans la même liasse spéciale existent les traces de divers procès contre les habitants de la ville close qui troublaient les exercices des Confrères du Saint-Sacrement. On y trouve même des décisions diverses du Parlement en faveur desdits confrères).
l'église Sainte-Croix (XVIIème siècle-1827). L’église primitive du prieuré de Sainte-Croix est élevée au rang de paroisse en 1120-1123. Elle est incendiée par les Huguenots en 1591 ; elle est alors reconstruite et agrandie en 1672. Elle est presque entièrement reconstruite en 1828. Elle conserve un chœur du XVIIème siècle. Les fonts baptismaux datent du XVIIème siècle-1827. Le retable du maître-autel, oeuvre du sculpteur Gandon, date de 1804-1834. Le prieuré est vendu en 1783 ; il possédait autrefois un droit de haute justice ;
Note 3 : De l'église de Sainte-Croix, bâtie au XIème siècle, il ne reste plus de traces ; il paraît qu'elle était à la fois priorale et paroissiale. Les huguenots brûlèrent ce vieil édifice en décembre 1591. Sainte-Croix fut relevée quelque temps après et agrandie considérablement en 1671. Le 11 septembre de cette année-là, Mgr de la Vieuville vint bénir la première pierre de cette reconstruction, que rappelle l'inscription suivante découverte à la fin du XIXème siècle dans le mur du Sud : Pietate, studio et cura D. Joannis Guibe rectoris, hoc templum de novo edificatum est anno ab incarnato J. Cheto MVIc LXXII. Cette nouvelle église, en forme de croix, n'avait pas grand mérite, semble-t-il ; on la reconstruisit presque en entier en 1828 telle qu'elle se présente aujourd'hui, et Mgr de Lesquen vint en faire la bénédiction le 24 juillet 1830. L'édifice se compose de trois nefs en plein cintre et son portail est d'ordre ionique (Pouillé de Rennes).
l'église Saint-Martin (1868-1885), oeuvre des architectes rennais Jacques et Henri Mellet. La nef et le chœur datent de 1883. Le maître-autel, oeuvre de Poussielgue-Rusand fils, date de 1891-1893. Les stalles, oeuvre du sculpteur Savary, datent de 1893-1895. Les mosaïques, oeuvre des frères Odorico, datent de 1894. L’ancienne église Saint-Martin s’élevait dans le premier cimetière de Notre-Dame, et elle est mentionnée dès le XIIème siècle. Quelques éléments du chœur remontaient au XVème siècle. Le chœur avait été reconstruit peu après 1659, la nef était de 1822. Le maître-autel datait de 1649. Les seigneurs des Rochers y avaient un enfeu. L’église dépendait autrefois de l'Abbaye de Saint-Melaine de Rennes, elle devient en 1437 succursale de Notre-Dame. Dans le cimetière, au sud de l’église, se dressait autrefois la Chapelle Saint-Gilles.
Note 4 : Il ne reste rien de l'édifice primitif de Saint-Martin, mentionné au XIIème siècle. L'église qui a été abandonnée, bâtie à l'origine dans le cimetière paroissial de Notre-Dame, était bien pauvre sous le rapport architectural. Quelques portions du choeur rappelaient toutefois le XVème siècle. Le clocher, ayant été renversé par un ouragan en 1659, avait été relevé quelque temps après ; quant à la nef, elle ne datait que de 1822. A l'intérieur, une seule chose attirait les regards : c'était les retables de style Louis XIII dont les autels étaient ornés. Le maître-autel, fort beau, avait, en effet, été construit en 1649, « à la diligence de René Hodemon, recteur de Notre-Dame et Saint-Martin » (Journal historique de Vitré, 137). L'on vient de construire dans un autre quartier de Vitré une nouvelle église plus en rapport avec l'importante population de la paroisse actuelle de Saint-Martin ; la première pierre en a été bénite par Mgr Saint-Marc le 15 novembre 1868 ; l'édifice terminé n'a encore reçu qu'une simple bénédiction, le 10 avril 1883, mais il ne tardera pas, semble-t-il, à recevoir les honneurs de la consécration. Cette église, l'une des plus considérables du diocèse, se compose de trois nefs, de vastes transepts, d'une abside avec déambulatoire et d'une chapelle absidale. Au-dessus de l'intertransept s'élève une coupole que surmonte extérieurement une statue de saint Martin. La façade de l'Ouest, terminée, sera monumentale. Sur les collatéraux de la grande nef règnent de vastes tribunes tenant lieu de triforium. L'aspect général est saisissant et grandiose, mais les détails d'architecture appartiennent par malheur à ce style néo-roman qui soutient difficilement la comparaison avec les chefs-d'oeuvre du XIIème siècle (Pouillé de Rennes).
la chapelle Notre-Dame-de-Galiot (XVIIème siècle), située au n° 66 bis rue de Rachapt. On y trouvait à proximité un cimetière mentionné dès 1315 et qui servait à l’hôpital ;
la chapelle des bénédictines (XVIIIème siècle), située au n° 2 rue de la Mériais. Le maître-autel et le retable datent du XVII-XVIIIème siècle. L’ancien couvent des Bénédictines est fondé en 1625, transformé en gendarmerie en 1796, et devient ensuite le Couvent des Ursulines ;
la chapelle Sainte-Anne (1856), oeuvre de l'architecte Droyaux. Sainte-Anne fut bâtie vers 1639 dans la rue dite de la Porte-Nantaise (aujourd'hui rue Sainte-Croix) par Jean Rouësson, recteur de Sainte-Croix, qui y fonda une messe tous les mardis le 5 octobre 1655, ce qu'approuva l'ordinaire le 17 octobre 1661. Cette chapelle, très vénérée à Vitré, tombant en ruine, fut reconstruite et bénite le 1er août 1856 par Mgr Saint-Marc. C'est un joli petit édifice de style ogival fleuri, orné d'une statue de sainte Anne, oeuvre de Barré (Pouillé de Rennes) ;
la chapelle des Trois-Maries (XVIIIème siècle), située rue du Rachapt. Les Trois-Maries, située dans le faubourg du Rachapt, est un ancien sanctuaire où la procession du Sacre se rendait dès 1643 ; elle fut rebâtie en 1754 telle qu'elle est aujourd'hui et bénite le 24 mai 1755. Vendue nationalement, elle fut rachetée en 1824 par M. Joyer, curé de Notre-Dame, et érigée par l'ordinaire en chapelle de secours en 1843 (Pouillé de Rennes) ;
l'ancienne chapelle Saint-Louis, aujourd'hui disparue. Lorsqu'en 1642 il fut défendu aux huguenots de Vitré d'exercer leur culte dans l'intérieur de la ville, on transféra dans leur temple (situé rue du Vieux-Bourg, depuis rue Saint-Louis) la maison de ville et l'auditoire du sénéchal, et en 1643 on y établit une chapelle. Celle-ci fut d'abord dédiée au Saint-Esprit, mais en 1645 on la mit sous l'invocation de saint Louis et de saint Henri. Le duc de la Trémoille y fit alors une fondation de trois messes par semaine aux jours d'audience, et la dota de 400 livres de rente. En 1683, la congrégation des hommes, instituée sous le titre de la Nativité de la Sainte Vierge, fut érigée en la chapelle de l'auditoire et y y resta jusqu'en 1723, époque à laquelle elle fut transférée dans la chapelle Notre-Dame de la Ricordais (Pouillé de Rennes) ;
l'ancienne chapelle de la Ricordais ou de la Congrégation (1723), aujourd'hui disparue. François de la Bouverie, membre de la congrégation de la Sainte-Vierge, fit bâtir dans la rue Ricordais une chapelle qu'il donna en 1723 à cette pieuse association. Vendue nationalement en 1796, cette chapelle a été rendue en 1822 à sa première destination (Pouillé de Rennes) ;
les anciennes chapelles des cimetières, aujourd'hui en majorité disparues. Il existait dans les cimetières de Vitré, outre l'église Saint-Martin, plusieurs chapelles : — la chapelle de Saint-Pierre. Cette chapelle, qu'il ne faut pas confondre avec l'ancienne église Saint-Pierre, ne fut bâtie qu'en 1550, lorsque les religieux de Notre-Dame autorisèrent les paroissiens à établir un petit cimetière à l'Ouest et au Sud de l'église de Notre-Dame. — la chapelle de Saint-Joseph remplaça la précédente et fut bénite le 19 juin 1748 ; on y établit vers 1750 une congrégation de jeunes gens. Appelé vulgairement la chapelle du cimetière neuf, ce sanctuaire fut détruit vers 1825 ; il occupait l'emplacement du presbytère actuel de Notre-Dame. — la chapelle de Saint-Gilles, située dans le grand cimetière, près de l'église Saint-Martin, avait été fondée de messes au XVème siècle par Jeanne du Grasmesnil, veuve de Benoît Dollier ; les seigneurs du Bois-Belin, descendants de cette dame, y avaient un enfeu. — la chapelle Notre-Dame de Galiot se trouve dans le cimetière de ce nom, cité dès 1315 et servant jadis à l'hôpital Saint-Nicolas. C'est un édifice insignifiant du XVIIème siècle, orné des statues de saint Yves et de sainte Marguerite, dont le costume semble rappeler le XVème siècle. — la chapelle de Saint-Sauveur ou Sainte-Claire. Bâtie en l'honneur de Saint-Sauveur, dans le cimetière de Sainte-Croix environnant l'église, cette chapelle fut bénite le 23 septembre 1731. Placée plus tard sous le vocable de sainte Claire, elle a été détruite par les travaux de la voie ferrée (Pouillé de Rennes) ;
les autres anciennes chapelles, aujourd'hui en majorité disparues : — la chapelle Sainte-Magdeleine (église collégiale), — la chapelle des Augustins, — la chapelle des Dominicains, — la chapelle des Recollets, — la chapelle des Ursulines, — la chapelle Notre-Dame-de-Miséricorde de la Retraite, — la chapelle des Filles de la Charité (où se réunit la congrégation des Enfants de Marie, de la paroisse Notre-Dame), — la chapelle de l'Immaculée-Conception du collège, — la chapelle Saint-Nicolas de l'Hôtel-Dieu, — la chapelle de Saint-Yves, dépendant de l'hôpital de ce nom, — la chapelle de Saint-Joseph de l'Hôpital-Général, — la chapelle de Saint-Etienne, dépendant de la léproserie, — la chapelle du Sacré-Coeur de la Guilmarais, — la chapelle de la prison, — la chapelle Saint-Méen de Plaguet (lieu de pèlerinage pour se préserver ou se guérir de la gale), — la chapelle de l'Immaculée-Conception, jolie chapelle gothique bénite le 23 novembre 1879 et construite sur le boulevard des Jacobins (c'est le lieu de réunion de la congrégation des Enfants de Marie de la paroisse Saint-Martin) ;
le château de Vitré (XI-XIIème siècle). En 1209, le baron André II fonde la collégiale de la Madeleine avec douze chanoines, dans la basse-cour du château. Son fils, André III, reconstruit le château de 1200 à 1250 : il s'agit d'une forteresse plus étendue qui elle-même est reconstruite aux XIVème et XVème siècles. Du XIVème au XVIème siècle, ce château est la résidence des barons puis des comtes de Laval-Montmorency. Propriété successive des familles Rieux, Coligny, la Trémoille (en 1605), avant d’être racheté par la ville au XIXème siècle. Le Châtelet d’entrée date du XIVème siècle. La tour de la Madeleine, oeuvre de l'architecte Michel de Saint-François, date de 1420 : elle agrandit le logis vers le nord et elle est l'oeuvre de Michel de Saint-François pour Jeanne de Laval, veuve de Guy XII. La tour Saint-Laurent date du XVème siècle (des années 1430) : elle s'élève à l'angle Sud. Contre la grande salle du logis du XIIIème siècle, se trouve la chapelle Saint-Jean, consacrée en 1432 pour Jeanne de Laval. La tour romane reçoit, semble-t-il, un beffroi et devient la tour de l'Horloge. La tour de l’oratoire et la chapelle Saint-Michel datent de 1526-1531. Classé monument historique en 1872-1902, le château est restauré par l'architecte Darcy. L'Hôtel de Ville, situé dans la cours du château et oeuvre de l'architecte Paul Grout, date de 1902-1913. A signaler, le tombeau de Guy X, vers 1400, élevé par Guy XII pour son grand-père tué en 1347, ainsi qu'une cheminée datée de 1583 (oeuvre du sculpteur André Bonnecamp) et un retable renfermant trente plaques d'émaux peints retraçant la vie de la Vierge et du Christ (1544). Le château est pris par le duc Conan III le Gros vers le milieu du XIIème siècle. Il est livré au roi Charles VIII par Guy XV de Laval, le 1er septembre 1487. Le parlement de Bretagne s’installe quelque temps au château lors des épidémies de peste qui sévissent à Rennes en 1564, 1582 et 1583 ;
Note 5 : Plusieurs chapelles, outre l'église collégiale de la Magdeleine, furent construites dans le château de Vitré : — la chapelle Saint-Jean fut consacrée le 10 août 1432 par Guillaume Brillet, évêque de Rennes ; elle fut sécularisée en 1626. — la chapelle Saint-Julien, également détruite maintenant, se trouvait en 1575 au pied de la tour de Montafilant et dépendait comme cette tour de l'évêque de Dol. — la chapelle Saint-Michel est mentionnée en ces termes dans un aveu de 1681 : « Au bout d'une galerie du chasteau, du costé de septentrion, il y a une petite chapelle nommée la chapelle de Saint-Michel, bastie pour la commodité des seigneurs de Vitré pour y faire célébrer la sainte messe ». Extérieurement, l'abside de cette chapelle attire l'attention : elle est à pans coupés et ouverte par trois arcades cintrées que soutiennent d'élégants pilastres, chargés, comme tout l'édicule, de rinceaux, d'arabesques et de figurines d'un travail exquis. On y voit aussi gravés les écussons de Guy XVI, comte de Laval et baron de Vitré, et de ses deux dernières femmes, Anne de Montmorency et Antoinette de Daillon, — ce qui prouve que cette jolie chapelle fut construite vers 1526, — et cette devise tirée du Livre de Job : Post tenebras spero lucem (Pouillé de Rennes).
Voir "Le château de Vitré en 1935"
le château des Rochers-Sévigné (XV-XVII-XVIII-XIXème siècle). Le château doit sa notoriété à Mme de Sévigné. Il relevait de la baronnie de Vitré. Il possédait autrefois des douves, une chapelle et une fuie. La chapelle Notre-Dame et Saint-Christophe des Rochers fut bâtie dans la cour du manoir des Rochers, en 1670, par Marie de Rabutin-Chantal, veuve d'Henri marquis de Sévigné et seigneur des Rochers, à l'instigation de son oncle Christophe de Coulanges, abbé de Livry, mais la première messe n'y fut dite que le 15 décembre 1675. Le 4 du même mois, Mme de Sévigné fonda en ce sanctuaire trois messes hebdomadaires tous les dimanches, mercredis et vendredis, et dota le chapelain des maisons et terres de la Ruchonnière et de la Cour-Neuve, en Etrelles. Charles de Sévigné, fils de la fondatrice, joignit à cette chapellenie celle de la Cochonnière, desservie à Etrelles, et dont la présentation lui appartenait. L'ordinaire approuva tous ces actes le 24 décembre 1675 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 84). Les Rochers se trouvant alors en Vitré, Mme de Sévigné obtint en 1683 de l'évêque de Rennes l'annexion de sa maison et de sa chapelle à la paroisse d'Etrelles. Mais l'ordinaire voulut que « en recognoissance de cette distraction », le seigneur des Rochers donnât dès lors chaque année 3 livres aux recteurs alternatifs de Vitré et un cierge, le jour de la Chandeleur, au prieuré de Notre-Dame. Les Rochers sont revenus à Vitré à l'époque de la Révolution et se trouvent aujourd'hui en Saint-Martin. La chapelle, de forme octogone, bâtie par Mme de Sévigné, subsistait toujours à la fin du XIXème siècle (abbé Guillotin de Corson). Une aile a été ajoutée au château au XVIIIème siècle. Le parc est dessiné par Lenôtre. Propriété des familles Mathefelon (en 1144), Sévigné (vers 1410), Hay, barons des Nétumières (en 1715). Il est reconstruit par Guillaume V de Sévigné (décédé en 1490) ou par son fils Guyon III (décédé en 1521). La chapelle privative, reconstruite par Mme de Sévigné, date de 1671-1675. Le jardin à la Française est édifie par Charles de Sévigné vers 1690. La petite-fille de Mme de Sévigné, Pauline de Grignan, marquise de Simiane, vend les Rochers en 1715 à Jean Paul Hay des Nétumières, conseiller au parlement de Bretagne. Cette famille ajoute un petit logis au sud du manoir. En 1784, Marie Paul Hay des Nétumières construit en 1789 une ferme et ses dépendances;
Note 5a : "Au nom de ce château, on se rappelle la marquise de Sévigné. On a lu le Recueil des lettres de cette dame, écrites d'un style qu'on a nommé inimitable, tant par l'expression si touchante de la tendresse maternelle, qui va jusqu'à la piété filiale, que par la variété des récitatifs, soit légers, sait profonds, où se trouve souvent jointe l'éloquence instructive à la description charmante de la frivolité. Née sous le beau climat de la Bourgogne, Marie de Rabutin de Chantal épousa le marquis de Sévigné d'une ancienne famille bretonne. Devenue veuve six ans après son mariage, elle unissait les charmes de la figure aux grâces naturelles, et celles qui naissent de l'esprit, cultivé ; elle eût pu jouir des avantages, toujours séduisans, des sociétés les plus relevées de la capitale, en faire l'ornement et y recevoir les hommages de tous, à une époque où la galanterie était encore fille de la chevalerie, et lorsque le grand monarque occupait le trône de France. Mais madame de Sévigné connaissait le vide que laisse le monde, lorsque le tems a privé de ses charmes une jolie femme : aussi, sans se séparer entièrement des événemens de son siècle, elle chercha de bonne heure, dans la solitude, le calme que procure une vie intérieure, livrée à des occupations paisibles. Éloignée de sa fille, la comtesse de Grignan, elle soulagea l'absence par l'épanchement de la tendresse, en écrivant à cet objet, si chéri de son cœur. C'est aussi à cette séparation qu'on doit la plupart de ses lettres. Un sujet attrayant est celui de visiter les lieux où ont vécu les personnages illustres ; et sous ce rapport, nous pensons faire plaisir aux amateurs des Lettres de madame de Sévigné, en leur offrant la vue des Rochers, d’où elle en data un si grand nombre. Ce sont des souvenirs que l'étranger vient chercher aux Rochers, encore plein de celui de ses habitans au XVIIème siècle. Il entre dans une vaste cour, et croit encore la voir remplie de beaux équipages et d'un nombre infini de cavaliers ; il se rappelle une visite faite à la marquise le 12 août 1671, qu'elle-même a décrite dans une de ses lettres à sa fille. Voici ce qu'elle en dit : « Dimanche dernier, aussitôt après avoir cacheté mes lettres, je vis entrer, six carosses dans ma cour, avec cinquante gardes à cheval, plusieurs pages également à cheval c'étaient MM. de Chaulnes, de Rohan, de Lavardin, MM. de Coëtlogon, de Locmaria, le baron de Guay, les évêques de Rennes, de Saint-Malo, les MM. d'Argousse, et huit ou dix que je ne connais pas ». On demande d'où venait ce grand train, et l'on apprend dans les Lettres de madame de Sévigné qu'on tenait alors les Etats de la province à Vitré, dont le château des Rochers n'est distant que d'une lieue et demie. Cette même année, l'abbé de Coulanges, oncle de la marquise, faisait bâtir la chapelle qu'on voit sur la gauche en entrant dans la cour. Entre la chapelle et le pavillon carré qui tient au corps de logis, il existe une clairevoie par laquelle on passe dans le jardin. On se souvient que madame de Sévigné aimait à converser avec Pillois, son jardinier ; conversation, dit-elle malignement, qu'elle préférait à celle de certains conseillers du Parlement de Bretagne. Du jardin on passe dans le parc ; on revoit les belles allées où se promenaient les dames en robes traînantes et les cavaliers portant des chapeaux à bord rabattus et garnis de plumes blanches ; leurs pourpoints sont souvent en taillades ; leurs épées sont suspendues à des écharpes blanches, et leurs bottines à hauts talons forment des plis et une espèce d'entonnoir au-dessus du mollet. L'imagination se représente cette belle compagnie se promenant à l'ombre des grands arbres qui bordaient les allées, ou bien elle croit voir madame de Sévigné à la fraîcheur du matin s'enfoncer dans l’épaisseur des bois, un livre à la main, peut-être les maximes de la Rochefoucault qu'elle médite, et vouant franchement qu'elle ne les comprend pas toujours. Elle porte sa vue sur les arbres d'alentour ; elle leur prête la parole : l'un dit bella cosa far niente, l'antre amor odit inertes. Vous entrez dans le château ; on vous conduit à l’appartement auquel la tradition a conservé le nom de madame de Sévigné, et vous vous y trouvez en fort bonne compagnie ; car, à l'aide de la peinture, vous y voyez mesdames de Sévigné, de Grignan, de Simiane ; messieurs de Sévigné père et fils, l'abbé et le conseiller de Coulanges, le duc de Chaulnes, M. de Pomnars. On entre en quelque sorte par l'illusion, en sympathie avec ces vieux personnages dont on voit les portraits, et l'on se refuse difficilement à les mettre en scène avec l'objet principal qui nous les a fait connaître. Chaque tableau mériterait une description. On se bornera à celui de madame de Sévigné, Elle est peinte de grandeur naturelle, et elle paraît avoir vingt-cinq ans ; elle est assise près d'une table sur laquelle on voit des fleurs qu'elle s'occupe à rassembler pour en faire une guirlande ; sa tête est coiffée en cheveux ; des boucles ondulées tombent sur son sein ; un collier de perles orne son cou ; elle est vêtue d'une robe de satin gris ; sa taille est serrée, mais l'ampleur de sa robe produit vers le bas du tableau de beaux effets. Sur ses épaules est artistement jetée une riche draperie de couleurs variées. C’est dans ses lettres qu'il faut chercher l'expression de sa physionomie, quoiqu’il ne soit pas difficile de lire sur ses lèvres les jolies pensées qu'elles exprimèrent. Ceux qui se rendront aux Rochers ajouteront de nouvelles observations à celles-ci ; toutes s'accorderont sur les louanges de madame de Sévigné, qu'on a rencontrées dans ce vers de Virgile : Semper honos, nomenque tuum, laudesque manebunt (La gloire et les éloges accompagneront toujours ton nom). Une particularité curieuse du château des Rochers est un écho dans le jardin, qui ne trouve plus d'OEdipe pour en deviner la cause, mais qu'on soupçonne dépendre de la transmission et du son. Cette belle propriété appartient (vers 1830), à M. Isidore des Nétumières ; elle est située dans la petite commune d'Etrelles, arrondissement de Vitré, département d'Ille et Vilaine ". (Maudet de Penhouët, 1829).
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le château de la Baratière (XVI-XVII-XVIII-XIXème siècle), situé boulevard de Châteaubriant. Il est anobli en 1445 en faveur de la famille Gaudy. Puis il devient successivement la propriété des familles Chevallerie, Legge (au début du XVIIème siècle), la Bigotière (en 1698), le Gonidec (en 1744). La famille le Gonidec, propriétaire du château, acquiert à la fin du XVIIIème siècle les droits seigneuriaux du prieuré Sainte-Croix. La conciergerie est édifiée vers 1900 ;
le prieuré Notre-Dame (XVIIème siècle), situé rue des Bénédictins. Au XIème siècle, les chartes citent une église collégiale sous le vocable de Notre-Dame et une église paroissiale sous celui de Saint-Pierre. En 1116-1132, les chanoines sont remplacés par les bénédictins de l'abbaye Saint-Melaine de Rennes. Tombé en commende au XVIème siècle, le prieuré est donné en 1658 à la Congrégation de Saint-Maur. Cet ancien prieuré bénédictin, relevant de l’abbaye Saint-Melaine de Rennes, est reconstruit au XVIIème siècle par les mauristes. Après un premier projet de reconstruction sur un plan en 1659, le plan du père Georges Lebret est accepté en 1661. Les travaux dureront de 1662 à 1671. Les bâtiments anciens sont rasés et remplacés par un jardin. Le monastère est disjoint de l'église. Cinq ou six moines y résident jusqu'à la suppression du prieuré en 1790. Les bâtiments du Prieuré étaient occupés par la Sous-Préfecture et le Tribunal (jusqu'en 1925), ainsi que par la mairie jusqu’en 1912-1913 ;
Note 6 : l'ancien prieuré Notre-Dame de Vitré : « D'or à une demi-croix de gueules chargée de quatre coquilles d'argent posées 3 sur le montant et 1 sur la traverse, et cantonnée à dextre de huit alérions d'azur, 4 au 1er canton et 4 au 3ème canton ; parti d'hermines plein » (Armorial généram ms. de 1697). Vers l'an 1060, Robert Ier, seigneur de Vitré, transféra le château de ce nom, construit d'abord au lieu qu'occupe à présent l'église Sainte-Croix, sur le promontoire de roches abruptes où il se dresse encore aujourd'hui. « C'est à ce moment, au plus tard, que fut fondée l'église Notre-Dame, un peu à l'Est du château, dont elle dut être la première chapelle. Le baron de Vitré y établit un corps de chanoines, — réguliers ou séculiers, cela est incertain ». Ce qui ne l'est pas malheureusement, c'est le désordre qui ne tarda pas à s'introduire parmi eux. « On vit, au commencement du XIIème siècle, les chanoines de Notre-Dame dilapider les biens de leur église sans en faire le service, et se rendre par leur arrogance également désagréables à leurs seigneurs temporels et à leurs supérieurs ecclésiastiques ». C'est pourquoi, en 1116, l'évêque de Rennes Marbode, du consentement du baron de Vitré et du de de Bretagne, leur retira Notre-Dame pour la donner aux religieux de l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes « avec tous ses biens, terres et domaines, et aussi avec les divers revenus des églises que possédaient les chanoines, savoir : l'église. Saint-Pierre et l'église Saint-Martin, dans la même ville de Vitré ; les églises rurales de Balazé, de Mécé et de Saint-Didier, et l'église Saint-Symphorien en la ville de Rennes » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 531). « L'église Saint-Pierre de Vitré, ici nommée, n'était point différente de celle de Notre-Dame, seulement on lui donnait de préférence le premier de ces deux noms quand on la considérait comme paroissiale et non comme collégiale, sans doute parce que la paroisse se desservait à un autel dont saint Pierre était le patron » (M. de la Borderie, Les Paroisses de Vitré). Quoique les chanoines dépossédés ne fussent plus qu'au nombre de trois, ils ne se soumirent point à la décision épiscopale ; ils en appelèrent à Rome et plaidèrent si habilement leur cause que le pape Calixte II ordonna aux moines de Saint-Melaine de quitter immédiatement Vitré, et comme ils tardaient à le faire, il lança contre eux une sentence d'excommunication, en 1120, et ordonna à Marbode de faire rentrer à Notre-Dame les chanoines que ce prélat en avait expulsés ; il maintint même l'excommunication jusqu'à ce que Raoul, abbé de Saint-Melaine, fût venu avec quelques-uns de ses religieux s'excuser à Rome même. Mais lorsque les moines de Saint-Melaine, justement effrayés, eurent gagné la Ville-Eternelle, ils surent à leur tour si bien prendre le Pape et si bien défendre leurs intérêts, que Calixte leur pardonna et prit l'abbaye de Saint-Melaine sous sa protection ; toutefois les chanoines demeurèrent en possession de Vitré (M. Hauréau, Gallia christ., XIV, 773). Mais ces derniers ne se conduisirent pas mieux que précédemment ; la désolation et le deuil régnaient toujours avec eux dans l'église de Notre-Dame. Hamelin, évêque de Rennes, et le pape Innocent II en furent informés et durent sévir de nouveau contre ces chanoines scandaleux (« Cum subreptione et dodo (canonici) matrem suam vexaverant et in desolatione et luctu eam detinebant » - D. Morice, Preuves de l'Hist. de Bret., I, 567). A la prière de Conan III, duc de Bretagne, et sur l'ordre même du Souverain-Pontife, l'évêque de Rennes chassa définitivement les chanoines de Vitré de l'église de Notre-Dame en 1132, et rendit cette église aux Bénédictins de Saint-Melaine, ce qu'approuvèrent grandement les archidiacres et le Chapitre de Rennes (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 566). En 1157, Guillaume Chalopin, abbé de Saint-Melaine, fit ratifier par Etienne de la Rochefoucaud, évêque de Rennes, toutes les donations faites précédemment au prieuré de Notre-Dame de Vitré par les barons de Vitré. On voit dans cette intéressante charte que André Ier et Robert II, seigneurs de Vitré, comblèrent de leurs faveurs les moines de Saint-Melaine rétablis dans le monastère de Notre-Dame. Ils leur donnèrent les églises de Saint-Pierre et de Saint-Martin de Vitré, avec tous leurs revenus ; — le bourg Notre-Dame et le bourg Saint-Martin, ainsi que le cimetière, également avec tous leurs revenus excepté le droit de bouteillage, le four banal et les moulins de Crochot ; — la huitième partie des coutumes des foires de Saint-Pierre et de mars, les coutumes entières des hommes de Notre-Dame dans ces foires, et la moitié de la foire de Pocé ; — l'église de Balazé et la partie du bourg en dépendant ; — l'église de Mécé et trois parties de son cimetière ; — Marpiré tout entier ; — la moitié de l'église de Saint-Didier ; — l'église de Saint-Symphorien de Rennes. — Enfin, comme l'église de Billé, ainsi que sa dîme et son cimetière, avaient été violemment et avec effusion de sang enlevés aux religieux, les sires de Vitré promirent de la leur faire restituer. Robert II leur donna aussi un droit d'usage dans ses forêts pour faire paître leurs porcs, sans payer de droit de pasnage, et pour y prendre le bois nécessaire au chauffage et même aux constructions du prieuré ; puis il les confirma dans la possession de plusieurs terres et métairies dont les noms sont difficiles à retrouver maintenant. De leur côté, l'abbé et les religieux de Saint-Melaine s'engagèrent à abandonner à leurs frères du prieuré de Vitré, pour contribuer à leur entretien, tout ce qu'ils possédaient dans les paroisses de Pocé, Saint-Aubin-des-Landes, Saint-Didier, Louvigné-de-Bais, Bais, Moulins, Saint-Jean et Saint-Melaine-sur-Vilaine, la Bouëxière, Acigné et Mouazé. On voit par ce qui précède que dès l'origine le prieuré de Vitré fut très richement doté par ses fondateurs (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 630). Ce prieuré de Notre-Dame eut à souffrir plus tard de la commende, comme tous les monastères au moyen-âge ; mais, en 1658, Siméon Hay du Chastelet, chanoine et archidiacre de l'Eglise du Mans, prieur commendataire de Vitré, cédant aux sollicitations d'Henry de la Trémoille, baron de Vitré, se démit de son prieuré en faveur des religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. Il se réserva toutefois une pension annuelle de 3 000 livres pendant sa vie, qu'il finit pieusement à Saint-Germain-des-Prés, où il s'était fait transporter. La congrégation de Saint-Maur employa pendant quelques années les revenus du prieuré de Notre-Dame à le rebâtir depuis les fondements et à mettre en état les lieux réguliers, car tout s'y trouvait en ruine. Il existe aux Archives Nationales un plan de l'ancien prieuré de Notre-Dame de Vitré en 1636. On y voit que le cloître se trouvait au Nord de l'église, le long de la nef ; à l'Est du cloître était la salle du chapitre, et au-delà, près la muraille de la ville, le logis du prieur ; le presbytère et son jardin, ainsi que le four à ban, étaient derrière le chevet du choeur, et la sacristie au Nord de ce chevet. L'église était ellemême divisée en deux parties : l'église paroissiale occupait les nefs et l'église priorale était le choeur. A l'entrée occidentale de l'église était le « cimetière des pauvres », ou cimetière Saint-Pierre. Puis la Congrégation de Saint-Maur y envoya des religieux à la place des six prêtres séculiers qui, faute de moines, faisaient l'office depuis plusieurs années. Le rétablissement des Bénédictins et de la régularité dans le prieuré de Notre-Dame de Vitré fut solennellement célébré le 28 septembre 1671, et D. Raguideau, prieur de l'abbaye de Saint-Melaine, nomma D. Yves Laurent pour gouverner le nouveau monastère en qualité de prieur claustral. On ne reprit toutefois le choeur de l'église pour y faire l'office des religieux que le 8 septembre 1672. Quoique le prieuré de Notre-Dame de Vitré soit retombé en commende presque aussitôt après son rétablissement par la congrégation de Saint-Maur, la règle conventuelle n'y persévéra pas moins jusqu'au moment de la Révolution, et cinq ou six religieux, gouvernés par un prieur claustral distinct du prieur commendataire, y chantèrent l'office divin jusqu'à cette époque. Dans les siècles derniers, voici quel était l'état général de fortune du prieuré de Notre-Dame : Tout d'abord, la maison conventuelle ou prieuré, joignant l'église de Notre-Dame, appartenait aux moines, qui avaient dans cette église, aussi bien que dans celle de Saint-Martin, les droits honorifiques et les oblations. Ils se réservaient aussi, à Notre-Dame, l'ancienne partie de l'édifice appelée choeur des moines, et formant aujourd'hui la chapelle absidale. Ils avaient, en outre, les métairies nobles de l'Elberte en Bais, la Blanchardière et le Radray en Saint-Aubin-des-Landes, la Grande-Haye en Vitré, l'Endormière en Erbrée, et primitivement les métairies de Brimbault en Brielles, des Bignons et de Loussignière en Erbrée, qui furent aliénées au XVIème siècle. Les dîmes recueillies par les religieux formaient la plus forte partie de leurs revenus : c'était celles de Notre-Dame et de Saint-Martin de Vitré, affermées en 1709 2 708 livres, — la moitié de celles de Cornillé, affermée 910 livres, — le tiers de celles de Louvigné, affermé 1 349 livres, — les dîmes de Marpiré, les deux tiers de celles de Balazé, — quelques autres petites dîmes en la Bouëxière, Saint-Jean-sur-Couesnon, Pocé, etc. Le prieur de Notre-Dame possédait à l'origine un fief et une juridiction seigneuriale, un moulin et un four à ban ; mais, en 1637, il échangea ces biens contre une rente de 350 livres que lui assura le duc de la Trémoille, seigneur de Vitré à cette époque. Toutefois, le prieur obtint en plus de ce seigneur le privilège de faire moudre franc un boisseau de grain chaque semaine au moulin seigneurial de Vitré, et de faire cuire sans payer le pain du prieur au petit four banal de la baronnie. Le prieur de Notre-Dame jouissait aussi du droit de lever sur les bestiaux amenés aux foires de Vitré, le 16 août et le 9 septembre, un denier pareil à celui que levait le seigneur de Vitré lui-même. Il était encore dû d'autres rentes à Notre-Dame : le recteur de Saint-Aubin-des-Landes lui devait 254 boisseaux de grains, celui de Chasné 31 boisseaux, celui de Mécé 30 livres, et le prieur d'Izé 56 boisseaux. De plus, des fondations avaient été faites au prieuré par les seigneurs des Rochers, du Bois-Teilleul, du Vaufleury et de la Conterie, ainsi que par un ancien prieur, Auffray Le Vayer ; tous avaient donné des rentes ou de belles terres à cette occasion. Pour résumer, les revenus du prieuré étaient divisés, au XVIIIème siècle, en deux parts : 1° la mense priorale, comprenant tout ce que nous venons d'énumérer, sauf les métairies de la Blanchardière et de l'Endormière et quelques petites rentes ; cette mense priorale, dont jouissait le prieur commendataire, avait, en 1790, 14 612 livres 5 sols de revenu brut, avec 11 356 livres 17 sols 5 deniers de charges; — 2° la mense conventuelle, laissée aux religieux habitant le prieuré sous la conduite du prieur claustral, se composant du tiers de la mense priorale dû par le prieur commendataire, des métairies de la Blanchardière et de l'Endormière, affermées 850 livres, et de quelques petites rentes montant à 124 livres ; cette mense conventuelle n'atteignait guère, au total, qu'un peu plus de 5 000 livres (Déclaration de 1790 - Journal de Vitré, 421, 528). Tel était l'état de l'établissement bénédictin de Vitré quand éclata la Révolution. A cette époque, le prieuré de Notre-Dame fut supprimé et les bâtiments furent déclarés propriété nationale ; ils existent encore aujourd'hui, avec leur cloître du XVIIème siècle, bien conservé, et sont occupés par les services de la mairie, de la sous-préfecture et du tribunal de Vitré. Quant à l'ancienne église priorale, elle est simplement paroissiale de nos jours (abbé Guillotin de Corson).
Note 7 : liste des prieurs de Notre-Dame de Vitré : - Rotoald (1138). - Robert Fauvel (1157). - Guillaume (1190). - Hervé (1247). - Pierre (1278). - Pierre de Rennes (1319). - Pierre de la Roche (1332). - Guillaume devint abbé de Saint-Méen en 1344. - Guillaume Nouail (1350). - Pierre de Crennes (1377). - Olivier Hay, fils de Guillaume Hay et de Rollande Nepvou (1398) ; décédé en 1422. - Raoul Ferron (1424-1447). - Guillaume du Matz (1464-1493). - Dom Auffray Le Vayer, fils de Georges Le Vayer et de Clémence de Bintin, religieux de Saint-Melaine, fut aussi prieur de Saint-Nicolas de la Guerche. Il résigna en 1507 le prieuré de Vitré, en faveur du suivant, mais avec faculté de le reprendre si bon lui semblait, et devint en 1509 abbé de Saint-Aubin-des-Bois. - Dom Julien Rouxel, Bénédictin de Saint-Melaine (1507). - Dom Auffray Le Vayer reprit le prieuré de Vitré en 1511 et y fonda une messe hebdomadaire et une distribution de pains aux pauvres de la paroisse de Notre-Dame (1513). - François Le Vayer, neveu du précédent, lui succéda en 1523 au prieuré de Vitré, et fut comme lui abbé commendataire de Saint-Aubin-des-Bois. - Lancelot de Langan (1544). - Georges de Langon (1550). - Louis d'Espinay, protonotaire apostolique, abbé du Tronchet, chanoine et chantre de Rennes (1558). - Gilles Robidou (1572 à juillet 1573). - Julien Leroux (septembre 1573). - Isaac Hay, fils de Jean Hay, seigneur du Plessix et des Nétumières, et de Perrine Chevallerie, naquit à Vitré en 1561 et fut baptisé selon le rite protestant. Devenu catholique, il fut nommé prieur de Notre-Dame et de Sainte-Croix de Vitré, recteur d'Etrelles, ensuite d'Erbrée, et doyen de Saint-Tugdual de Laval. Il mourut le 6 mars 1631 et fut inhumé le 13 en l'église d'Erbrée, « en une voûte qu'il s'était fait faire peu de temps auparavant ». Voici l'épitaphe qu'il avait fait graver lui-même et qu'on lit encore sur une plaque de marbre transportée de nos jours dans la nouvelle église d'Erbrée, proche l'autel de la Sainte-Vierge : Cy gist le corps de vénérable, noble et discret Missire Isaac Hay, vivant prieur des prieurés de Vitré, doyen de Sainct Tugal de Laval, recteur de céans, sgr de la Goderie, etc., qui fist construire le présent autel et sépulture cy-dessous, l'an 1626, et décéda le ......... Priez Dieu pour luy. - Siméon Hay du Chastelet, fils de Daniel Hay, seigneur de la Motte, le Chastelet et Vaufleury, et de Perrine de Pellineuc, neveu du précédent prieur, lui succéda à Notre-Dame ; il devint aussi conseiller et aumônier ordinaire du roi, chanoine et archidiacre du Mans. Il fut le dernier prêtre séculier prieur commendataire de Notre-Dame de Vitré, et résigna en 1658 ce prieuré en faveur des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur ; il habitait alors Le Mans, mais il alla mourir saintement à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Dom Gaspart Martinet, premier prieur de la congrégation de Saint-Maur (1661-1671). - Dom Charles Rateau (1671-1675) . - Dom Georges Louvel prit possession le 25 décembre 1675. - Dom Pierre Gingast, prieur claustral de Saint-Magloire de Léhon, fut pourvu du prieuré de Vitré le 25 octobre 1678. - Dom Julien Garnier prit possession le 17 février 1708, sur la résignation du précédent ; mourut à Saint-Germain-des-Prés le 3 juin 1725. - Dom René-Jean Rouaud, pourvu par le Chapitre de Saint-Melaine, le siège abbatial étant vacant, prit possession le 31 août 1725. Le roi donna ce bénéfice comme vacant en régale à D. Martin Lallier, qui prit à son tour possession le 19 septembre suivant ; mais ce dernier fut débouté par arrêt du Parlement de Paris en 1726. D. Rouaud, devenu paisible possesseur du prieuré de Vitré, le résigna en 1769, ayant été nommé dès 1763 abbé de Saint-Vincent du Mans. - Dom Joseph Malherbe, prieur de Saint-Aubin d'Angers, prit possession de Notre-Dame de Vitré le 17 mai 1769, et conserva ce prieuré jusqu'au moment de la Révolution.
Note 7bis : Rente assurant une aumône quotidienne à treize pauvres assistant à la messe dite de Notre-Dame. L'abbé de Saint-Melaine de Rennes devait sur ses dismes de Saint Pebre (sic) en la paroisse de Bais, quarante-huit boisseaux de froment rouge, mesure de Vitré, rendus au prieuré (de Notre-Dame de Vitré) par chacun an, au jour de Notre-Dame de l'Angevine « qui est pour l'entretien d'une aumosne qui se fait par chacun jour de l'année à treize pauvres qui assistent à la messe ditte audit prieuré, appellée la messe de Notre-Dame ausquels est baillé par chacun jour un pain blanc et deux deniers payés jusqu'à l'an présent ». (Extrait d'une longue note qui semble avoir été rédigée par le prieur de Vitré, vers la fin du XVIème siècle. Cette note n'est ni datée ni signée. Voir liasse 26, Saint-Aubin-des-Landes, E, Baronnie de Vitré). « En 1679, l'abbaye de Saint-Melaine n'avait plus à Bais que la présentation de la chapelle Saint-Pierre (au bourg Saint-Père) et un trait de dîme appelé dîme de Baye qui se levait à la treizième gerbe » (Pouillé, II, page 58).
le monastère Saint-Nicolas (1675), situé au n°1 rue Rachapt. Les religieuses hospitalières de la Miséricorde, de l'ordre de saint Augustin, arrivent à Vitré en 1655. Elles construisent en 1657 un premier monastère près de l’hôpital Saint-Nicolas fondé à la fin du XIIème siècle : il subsiste, de cette époque, le choeur des religieuses séparé de la chapelle par une grille de fer forgé. En 1675, il est décidé la construction d'un nouveau monastère, plus grand, sur plan carré à quatre ailes avec cloître. Le portail date de 1675. Le cloître date de 1675. La chapelle Saint-Nicolas date du XIIIème siècle ; elle est reconstruite dans le dernier quart du XVème siècle. Le choeur est redessiné vers 1830, lambris de couvrement vers 1870. Le chevet da la chapelle Saint-Nicolas est édifié vers 1500. Les peintures murales autour du choeur (l'Incrédulité de saint Thomas, Saint-Georges terrassant le dragon, Saint-Christophe) datent des années 1500. On y trouve le tombeau de Robert de Grasmesnil (vers 1500), chanoine de la Collégiale de la Madeleine, prieur et administrateur de l’hôpital de Saint-Nicolas : c'est lui qui a fait réédifier la chapelle. Le maître-autel baroque en bois doré de la chapelle Saint-Nicolas date de 1710-1715 ;
Note 8 : Dès l'an 1654 quelques habitants de Vitré, voyant le triste état où se trouvait l'hôpital Saint-Nicolas de cette ville, résolurent d'y établir des religieuses hospitalières et en demandèrent au monastère de Rennes. Mgr de la Mothe-Houdancourt, évêque de Rennes, s'empressa de consentir à ce nouvel établissement, et le duc de la Trémoille, baron de Vitré, approuva également ce dessein (Journal historique de Vitré, 146). Alors MM. de la Maisonneuve-Le Moyne et de la Morandière-Duverger s'occupèrent du monastère projeté et achetèrent des maisons situées près l'église de l'hôpital, qu'ils cédèrent ensuite aux religieuses. Toutefois, quelques obstacles firent traîner en longueur la réception de ces dernières. Ce que voyant, les Hospitalières de Rennes profitèrent de la tenue des Etats de Bretagne à Vitré pour venir en cette ville, espérant y trouver des protecteurs en cette circonstance. Elles arrivèrent cinq à Vitré le 3 août 1655, à savoir : les mères Nicolle Le Roux, dite de la Nativité, élue supérieure ; Anne Le Nue, dite de Sainte-Claire, assistante, toutes deux professes de Dieppe ; Marie de Saint-Joseph et Marie Dorson, dite des Anges, professes de Rennes, et la soeur converse Marguerite du Moussel. Elles furent reçues avec joie par Guillemette Duverger, veuve de Jean Le Clavier, sieur du Rocher, qui les logea chez elle et les y garda pendant six semaines. Malgré certaines difficultés, les Hospitalières réussirent dans leur entreprise et passèrent un contrat le 10 août 1655 avec les bourgeois de Vitré, qui les admirent dans leur hôpital. Mais il fallut aux religieuses subir les mêmes conditions à Vitré qu'à Rennes. Le 10 septembre suivant, elles furent conduites à Saint-Nicolas par le clergé et les magistrats de Vitré et mises en possession de leurs droits. Elles avaient obtenu de la Communauté de ville la permission d'ouvrir à leurs frais des ouvertures dans la chapelle Saint-Nicolas, dépendant de l'hospice, de sorte qu'elles purent user de cette église et se contentèrent d'élever à côté un monastère, dont la construction fut commencée en 1657 (Journal historique de Vitré, 147). En 1790, les Hospitalières de Vitré déclarèrent avoir 7 422 livres de rentes et 4 591 livres de charges. Elles possédaient alors les terres de la Billonnière en Etrelles, de la Sellerie et de la Guitonais en Pocé, de la Galliénais en Notre-Dame de Vitré, quelques jardins et maisons dans la rue du Rachapt et quelques rentes constituées (Journal historique de Vitré, 423). La Révolution n'osa pas chasser les Hospitalières de Vitré ; elles demeurèrent près de leurs malades dans les plus mauvais jours de la Terreur, et elles desservent encore à la fin du XIXème siècle l'hospice Saint-Nicolas et l'hospice Saint-Yves, son annexe (abbé Guillotin de Corson) ;
l'ancien prieuré de Sainte-Croix : « D'azur à une croix d'or » (Armorial général ms. de 1698). Du temps de Main, évêque de Rennes, et de Barthélemy, abbé de Marmoutiers, c'est-à-dire de 1064 à 1076 (Barthélemy devint abbé en 1064 et Main mourut en 1076), Robert Ier, seigneur de Vitré, avec l'assentiment d'Innoguent sa mère, de Berthe sa femme, et d'André et Robert ses fils, donna aux religieux de Saint-Martin l'emplacement de l'ancien château de Vitré qu'il avait abandonné pour en reconstruire un autre plus loin, « terram quae est sita juxta castellum Vitriacum in qua fuit olim vetus castellum ». Il autorisa les moines à y construire un bourg et un monastère, « ad burgum aedificandum et ad cellam construendam » ; c'est ce qu'on appelle encore, à Vitré, le Bourg-aux-Moines et l'église Sainte-Croix. Il leur donna une manse de terre et approuva l'acquisition qu'ils avaient faite de deux autres manses vendues par Hervé de Martigné ; il y ajouta deux étangs, avec faculté d'y construire des moulins, et le droit de pêche dans son propre étang ; enfin, il leur concéda tous les droits de coutume et une juridiction seigneuriale sur les hommes de leur bourg, se réservant seulement de permettre ou de refuser à ses propres vassaux de passer dans le fief des moines. Ainsi fut fondé le prieuré de Sainte-Croix, sous l'invocation de la Sainte Croix et de saint Blaise, « sub invocation Sanctae Crucis et Sancti Blasii martyris ». Le seigneur de Vitré en investit d'abord Ervodius, moine de Marmoutiers, à Vitré même, en présence de beaucoup de personnes de toutes sortes de conditions. Mais Robert Ier, ayant ensuite entrepris un voyage à Rome, passa par Tours, et, entrant à Marmoutiers, il investit de nouveau l'abbé Barthélemy par un couteau qu'il lui donna et qu'il déposa sur l'autel. Il demanda en même temps à l'abbé qu'il envoyât douze moines au prieuré de Vitré, et témoigna le désir de voir le prieuré de Marcillé-Robert uni à celui qu'il venait de fonder ; enfin, il stipula que si l'abbé acceptait le service de quelque église dans le pays de Vitré, il n'enlèverait peint pour cela quelqu'un des moines de Sainte-Croix, qui devraient toujours être au nombre de douze. L'abbé de Marmoutiers accepta toutes ces conditions et vint à Vitré en compagnie de Main, évêque de Rennes ; le seigneur de Vitré, qui s'y trouvait de retour, pria l'évêque de désigner l'emplacement du nouveau monastère. Main y consentit volontiers : il traça avec son bâton pastoral le circuit du cimetière et l'aspergea d'eau bénite. Cette bénédiction solennelle des fondations du prieuré par l'évêque diocésain fut accueillie avec la plus grande joie par tous les assistants, « exultantibus hominibus et dicentibus qui aderant : feliciter, feliciter ». Quelques-uns d'entre eux voulurent même prendre part à la fondation et donnèrent : Oric de la Marche, son droit de fournage ; Raoul le Vicaire, sa vicairie, et Gaultier, fils d'Ebrault, son droit sur la vente du pain et du vin (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 424, 425). « Sainte-Croix ne fut d'abord qu'un couvent, non une paroisse, dit M. de la Borderie, et pour bien régler les droits de chacun, une convention intervint entre les prêtres de Notre-Dame (alors seule paroisse de Vitré) et les moines de Marmoutiers, par laquelle ceux-ci s'engagèrent à ne point recevoir les droits et devoirs ecclésiastiques (dîme, sépulture, etc.) des individus domiciliés à Notre-Dame, mais obtinrent la faculté d'en agir tout autrement avec les chevaliers, vassaux du baron de Vitré, qui venaient tenir garnison dans le château de cette ville pour satisfaire à leur devoir féodal, attendu que ces derniers ne pouvaient être considérés comme domiciliés dans la paroisse. Cet accord fut conclu en présence et du commun consentement de l'évêque Main, de l'abbé Barthélemy et de Robert Ier de Vitré, par conséquent fort peu de temps après la fondation du prieuré de Sainte-Croix ». Un peu plus tard cependant la paroisse de Sainte-Croix fut fondée, comme nous aurons occasion de le dire un jour. « Les religieux de Marmoutiers servirent Dieu en paix et avec édification au prieuré de Sainte-Croix du vivant de Robert de Vitré, leur fondateur ; mais après sa mort, Gautier de Pouancé, surnommé le Haï, Oditus, leur fit une persécution si ouverte qu'on ne doit pas s'étonner d'où lui est venu le surnom de Haï. Ce seigneur, on ne sait pas sur quoi fondé, prétendit avoir droit de gîte au prieuré de Sainte-Croix, en sorte que toutes les fois que bon lui semblait, il voulait y loger avec un grand train et y être traité de manière convenable à sa qualité. Les religieux, qui ne reconnaissaient pas ce droit prétendu, lui firent toutes les remontrances possibles pour le mettre à la raison ; mais n'ayant pu en venir à bout, et d'ailleurs ne se sentant pas assez forts pour résister à ses violences, ils aimèrent mieux quitter le prieuré que de perdre leur repos, et être obligés de faire tête à un grand seigneur, ou lui abandonner le bien qui ne leur avait été donné que pour nourrir des serviteurs de Dieu. Ils s'en revinrent donc à Marmoutiers, d'où l'abbé renvoya au seigneur Gautier, Eudes, prieur du monastère, Guillaume de Ramera et Guillaume, autrefois archidiacre de Nantes et pour lors moine de Marmoutiers, lesquels avec plusieurs des prieurs d'alentour de Pouancé (Rainaud, prieur de Pouancé ; Hamelin, prieur de Béré ; Haimon, prieur de Vitré ; Bernard, prieur de Carbay) vinrent le trouver, et traitèrent avec lui de son prétendu droit de gîte pour une grosse somme qu'ils lui donnèrent, achetant ainsi la paix qui ne peut être trop payée, et donnant à leurs successeurs un rare exemple de désintéressement. Cette transaction fut signée par Basilie, épouse de Gautier, et par leurs fils Gautier et Geffroy, et Emme leur fille » (D. Martène, Histoire de Marmoutiers, I, 417, 418). Les revenus du prieuré de Vitré s'augmentèrent par les donations qu'y firent plusieurs particuliers. Entre ceux-là on doit noter Robert, chapelain de cette ville, qui y donna une maison, et, de plus, se consacra lui-même à Dieu dans l'abbaye de Marmoutiers, où il fit profession de la vie monastique ; et comme apparemment il avait la voix belle, dit dom Martène, il fut fait chantre de ce monastère. En 1093, Hervé, fils de Goranton, avec l'assentiment de sa mère Béatrice, donna aussi aux moines de Sainte-Croix toutes les coutumes qui lui étaient dues par leurs vassaux aux foires de Vitré, en y comprenant même la coutume du sel (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 481). Cependant Robert III baron de Vitré, oubliant que son père s'était fait lui-même religieux à Marmoutiers sur la fin de ses jours (Robert II, dit le Vieux, seigneur de Vitré, fit profession au monastère de Marmoutiers en 1155), ne craignit pas d'inquiéter les moines de Sainte-Croix au sujet des droits dont ils avaient toujours joui dans leur bourg, mais que ce seigneur voulait usurper. Toutefois, il céda aux remontrances d'Etienne, évêque de Rennes, et accepta l'arbitrage d'hommes âgés et probes qui, d'un commun accord, rendirent témoignage en faveur des religieux ; l'affaire fut donc terminée à l'avantage du prieuré en 1158. Quelques années plus tard, en 1172, ce même Robert III, devenu tout à fait l'ami des Bénédictins, donna au prieur de Sainte-Croix la moitié de la foire qu'il établit le jour Saint-Blaise dans le Bourg-aux-Moines (D. Martène, Histoire de Marmoutiers, I, 119). Mais André II, son fils, alla bien plus loin dans la guerre injuste qu'il déclara aux religieux de Sainte-Croix. Il leur fit des vexations si excessives qu'Herbert, évêque de Rennes, fut obligé d'opposer à ses violences les censures ecclésiastiques, de l'excommunier et de mettre ses terres en interdit. Cela fit rentrer en lui-même le seigneur de Vitré, qui, pour réparer les torts qu'il avait faits aux moines, leur céda pendant dix ans 20 livres de taille que lui payaient les vassaux du prieuré de Sainte-Croix, c'est-à-dire un total de 200 livres, dont ses barons et les bourgeois de Vitré se rendirent garants l'an 1196 (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 666, 725). Le prieuré de Sainte-Croix fut ruiné pendant la guerre que soutint Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, contre le roi de France. Par une transaction passée en août 1237 entre André III, seigneur de Vitré, et les religieux de Marmoutiers, ce seigneur donna en dédommagement 150 livres aux habitants du Bourg-aux-Moines, dont il avait détruit vingt-quatre maisons pour construire les fortifications de Vitré ; plus une même somme de 150 livres au prieur de Sainte-Croix pour relever l'église et le cloître de son monastère, qui avaient été détruits, avec la permission de prendre dans ses forêts tout le bois nécessaire à cette reconstruction ; il accorda encore vingt-quatre emplacements de maisons sur le Champ-Goranton aux vassaux du prieuré pour s'y établir, tout en demeurant sous la juridiction des moines ; enfin, il leur remit à perpétuité la somme de 20 livres de taille qu'il avait coutume, comme nous venons de le dire, de lever tous les ans dans le bourg de Sainte-Croix, se contentant qu'à l'avenir ils lui payassent seulement 5 livres le jour de la Nativité de la Sainte Vierge (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 905). Les comtes de Laval, qui succédèrent aux sires de Vitré dans cette dernière seigneurie, traitèrent aussi favorablement les religieux de Sainte-Croix. En 1249, Guy de Laval, voulant entreprendre le voyage de Terre-Sainte et attirer sur lui la bénédiction du ciel, donna aux moines de Vitré le droit d'usage dans ses forêts (nota : C'est cet usage que mentionne une Déclaration du prieuré en 1679, en ces termes : « Droit d'usage en la forest du Pertre pour chauffage, bois à merrain et pasnage, avec droit d'avoir chaque année un tizon de Noël, qui doibt estre un chesne ou fouteau » - Archives Nationales, P. 1719) ; en reconnaissance de quoi les religieux de Marmoutiers l'admirent à la participation de leurs prières. Ce même seigneur, ayant épousé l'héritière de Vitré, prétendit toutefois que le prieur de Sainte-Croix et ses vassaux de Mondevert (nota : Mondevert était une annexe du prieuré de Sainte-Croix. Riwallon, prieur de Vitré, avait acheté vers l'an 1090 cette terre, qui était alors une foret déserte, et l'avait fait défricher) devaient lui payer certains droits passablement onéreux connus sous le nom d'achat, taille d'achat, taille de rançon, taille de mariage. Mais les religieux s'y opposèrent énergiquement et maintinrent la liberté de leurs vassaux. Ce que voyant, le sire de Laval, qui avait de la piété, comme on vient de le voir, consulta des personnes sages et consciencieuses, finit par reconnaître qu'il ne lui était rien dû et renonça à ses prétentions par un acte public daté du mois d'avril 1254 (D. Martène, Histoire de Marmoutiers, II, 231). En 1319, Jean de Mauléon, abbé de Marmoutiers, vint visiter le prieuré de Sainte-Croix de Vitré ; il n'y trouva plus les douze religieux de la fondation primitive, mais seulement quatre moines, le prieur Pierre Cordelier et les frères Girard du Buisson, Pierre de Laulne et Geffroy d'Aventeniac (nota : l'abbé de Marmoutiers revint à Vitré en 1325 et y retrouva le même prieur de Sainte-Croix, assisté des frères Le Maréchal, Guy de Cailleme et Pierre de SaintSérénique), suivant religieusement leur règle et chantant l'office de jour et de nuit. Les édifices claustraux étaient d'ailleurs en bon état, les terres et les vignes bien cultivées et le prieuré suffisamment garni de provisions ; mais le prieur devait 60 livres. Les revenus du prieuré de Sainte-Croix consistaient alors en ce qui suit : environ 60 livres de rentes censives ; — la dîme de Mézières, valant 40 mines de grain ; — la dîme de Luitré, valant 40 quartiers ; — la dîme de Princé, 24 quartiers ; — la dîme d'Erbrée, 60 quartiers ; — la dîme et la ferme de Mondevert, déduction faite des frais de culture, valant 20 quartiers ; — Marcillé-Robert, rapportant 40 quartiers. — Quant aux vignes et aux prairies, elles furent estimées valoir environ 6 livres 4 sols de revenu. De ce prieuré dépendaient enfin les églises de Sainte-Croix de Vitré, Marcillé-Robert, Moutiers, Erbrée et Princé, dont les recteurs, aussi bien que celui de Mézières, étaient présentés à l'évêque de Rennes par l'abbé de Marmoutiers à cause du couvent de Vitré (Archives départementales d'Indre-et-Loire). Le Livre des Prieurés de Marmoutiers dit aussi en 1587 que celui de Sainte-Croix de Vitré n'était plus que pour quatre moines, « trois compagnons avec le prieur ». Ces religieux devaient à la mense abbatiale 18 livres, aux officiers de Marmoutiers 38 sols, et à l'aumônier de ce monastère 6 septiers de seigle. Vers 1604, les religieux de Marmoutiers envoyèrent à Vitré l'un d'entre eux pour desservir le prieuré ; c'était dom Cyprien Brissard, qui refusa d'abord de se rendre à ce poste. Il y alla cependant, mais revint peu après. Le novembre 1605, le Chapitre de Marmoutiers intima à ce moine l'ordre de « retourner audit prieuré de Sainte-Croix de Vitré pour y demeurer par obédience et en iceluy faire son devoir, porter son habit décent, robe, colleron et bonnet carré, principalement à l'église ; acquitter le service dû et accoustumé d'ancienne fondation audit prieuré, spécialement trois messes basses par semaine, faire l'office en l'acquit du sieur prieur (Isaac Hay, alors prieur commendataire) aux quatre festes annuelles et le jour du patron, scavoir vespres premières et secondes et matines avec la grand messe, assister le curé aux jours qu'il conviendra dire vespres comme aux dimanches et festes, etc. » (Journal historique de Vitré, p. 65). Cet acte prouve bien que le monastère de Sainte-Croix n'existait plus de fait, puisqu'on avait peine à y faire résider un seul moine. Au XVIIIème siècle, les moines de Marmoutiers ayant quitté complètement Vitré, la maison priorale de Sainte-Croix fut louée à différents particuliers. C'était cette grande cour entourée d'habitations que l'on voit encore au-dessous de l'église Sainte-Croix. Voici de quoi se composait en 1751 le prieuré de Sainte-Croix de Vitré : L'ancien logis prioral, avec son jardin ; — les droits honorifiques et seigneuriaux dans l'église paroissiale de Sainte-Croix, dont était curé primitif le prieur ; — un four à ban, avec sa cour et son jardin, où tous les vassaux devaient faire cuire leur pain ; — un verger près du cimetière ; — les métairies de Mondevert et du Buef ; — les fiefs dont les noms suivent : 1° fief de Sainte-Croix, comprenant toute la paroisse de ce nom, à Vitré ; 2° fief de Pesselle, en Notre-Dame de Vitré ; 3° fief de Meurillais, en Etrelles ; 4° fief de Mésard, en Erbrée ; 5° fief de Mondevert, en Mondevert ; 6° fief du Prieuré, en Marcillé-Robert : tous ces fiefs jouissant des droits de haute, moyenne et basse justice ; — des droits de bouteillage, lods et ventes, etc. ; — des dîmes dans les paroisses suivantes : Sainte-Croix de Vitré, Erbrée, Mondevert, Marcillé-Robert, Princé, Mézières, Luitré, Argentré et Moutiers ; — enfin, diverses rentes dues par le baron de Vitré, les Augustins, les Bénédictines, les Hospitalières, les Ursulines, la Collégiale, l'hôpital Saint-Nicolas et l'Hôpital-Général de Vitré (Déclaration du prieuré). Dans le fief de Sainte-Croix, il y avait quelques droits féodaux particuliers au prieuré. Ainsi, dans un aveu de 1699, nous voyons que « chaque estager du Faubourg-aux-Moines et de celui de Sainte-Croix doit au prieur de Sainte-Croix, chaque année, au jour et feste de saint Vincent, le septain denier, valant neuf deniers tournois ; et lesdits estagers qui épousent en l'église et paroisse de Sainte-Croix dudit Vitré lui doivent aussi une paire de gants ; et le dernier desdits mariés doit présenter audit sieur prieur ou à ses officiers une soule au jour et feste de saint Estienne, le lendemain de la feste de Noël » (Archives de Sainte-Croix de Vitré). En 1731, le prieur-visiteur de Marmoutiers se trouvant à Vitré, abolit ce droit de soute dû au prieuré de Sainte-Croix ; il le commua en l'obligation pour le dernier marié de fournir un cierge de dix livres, mis à brûler devant le Saint-Sacrement dans l'église Sainte-Croix (Communication de M. de la Borderie). Le prieuré de Sainte-Croix n'existant plus comme monastère, les religieux de Marmoutiers et les prieurs commendataires, qui depuis plusieurs siècles le possédaient, s'intéressaient médiocrement à la conservation de ses anciens bâtiments ; nous venons de dire qu'ils étaient en location au siècle dernier. Ce que voyant, le gouvernement projeta d'en faire une caserne. Mais le prieur d'alors, Louis Le Beau du Bignon, craignant peut-être des difficultés avec l'Administration, résolut de se débarrasser de toute la partie du prieuré qui ne lui rapportait que quelques honneurs et fort peu d'argent ; c'était agir en vrai prieur commendataire. Le 28 avril 1783, ce prieur vendit donc à Magdeleine-Renée de la Bigotière, veuve d'Olivier Le Gonidec, seigneur de Traissan : 1° la maison priorale de Sainte-Croix, son four banal, ses jardins et vergers ; — 2° la seigneurie de Sainte-Croix, ses droits honorifiques et ses rentes dans tous les fiefs du prieuré énumérés plus haut ; — 3° les rentes dues par les couvents et hôpitaux de Vitré ; — 4° les droits de bouteillage, lods et ventes, avec la juridiction du prieuré en haute, moyenne et basse justice. Mme Le Gonidec paya tout cela 41 440 livres. Des lettres patentes du roi, en date de février 1784, confirmèrent cette vente (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 13 H, 1 - Archives du Parlement de Bretagne). Le prieur de Sainte-Croix se réserva, comme l'on voit, toutes les dîmes, — la métairie de Mondevert (nota : la métairie de Mondevert, qu'on appelait le Prieuré, et qui existe encore à la fin du XIXème siècle dans le bourg de Mondevert, était affermée en 1758 1 400 livres, parce qu'outre un domaine assez considérable, les moines y jouissaient d'une partie des dames d'Erbrée et de Mondevert, d'une rente de 32 boisseaux de grains due par le recteur d'Etrelles, de 8 boisseaux dus par le meunier de Montperron, et de plusieurs autres rentes féodales) et celle du Buef, pensons-nous, — quelques petits domaines en Sainte-Croix et en Princé, — les rentes dues par le baron de Vitré, la collégiale de la Magdeleine, le recteur d'Etrelles, et deux autres rentes sur le moulin de Montperron et sur l'Hôtel-deVille de Paris. Toutes ces réserves formaient encore un assez joli revenu (de beaucoup supérieur à celui de la partie vendue). Le dernier prieur, Louis Le Beau du Bignon, dans sa déclaration du 30 décembre 1789, reçue par la municipalité de Vitré le 24 février 1790, estima, en effet, le revenu de ce qui lui restait du prieuré de Sainte-Croix à 15 250 livres. Sur cette somme il avait à payer 3 901 livres pour portions congrues des recteurs de Sainte-Croix de Vitré, Marcillé-Robert et Princé, et de leurs vicaires ; pour trois messes par semaine dites dans l'église Sainte-Croix ; pour quelques rentes féodales dues à l'abbaye de Marmoutiers, à la baronnie de Vitré et à la collégiale de cette ville, etc. Il lui restait par conséquent un revenu net de 11 349 livres (abbé Guillotin de Corson).
Note 9 : liste des prieurs de Sainte-Croix de Vitré : - Orric (1093). - Haimon (vers 1100). - Odéric (1115). - Bernard (1120). - Hervé (1161). - Riwallon (1170). - Bernard de Dinan (1180). - Bertrand planta des vignes à Marcillé en 1185. - Emeric (vers 1190). - Geffroy de Lamballe (1207). - Pierre Cordelier (1319 et 1325). - Guillaume Louis (1369 et 1387). - Geoffroy de Launoy (1408). - Jehan de Cahideuc (1422). - Dom Salmon Chevalier (en 1430). - Guy du Boschet (1466). - Robert Guibé, décédé cardinal en 1513. - Antoine Fumée, seigneur de Génillé, chanoine et archidiacre de Tours, prieur de Saint-Martin de Josselin (1521-1543). - François du Fau (1561). - Christophe de Marafin (en 1567). - Dom Christophe du Verdier rendit aveu au roi le 5 janvier 1574. - Jean de la Porte résigna en 1599 en faveur d'Issac Hay. - Isaac Hay, fils de Jean, seigneur des Nétumières, né en 1561, prieur de Notre-Dame de Vitré, doyen de Saint-Tugdual de Laval, etc., décédé en 1631 et inhumé en l'église d'Erbrée. - Daniel Hay, neveu du précédent, qui résigna en sa faveur en 1618, et fils du seigneur du Chastelet, en Balazé, était né en 1596 ; il fut abbé de Chambon, doyen de Laval, official du Mans et membre de l'Académie française ; décédé à Laval le 20 avril 1671. - Luc de Rives (en 1671). - Arthur de Lyonne, clerc tonsuré, frère de l'abbé de Saint-Melaine, prit possession le 30 avril 1671. - Pierre du Boisbaudry de Langan, docteur en Sorbonne (1677-1679). - Salmon Chevalier (1695). - Jérôme Gourreau, seigneur de la Proustière (1696 et 1698). - François Robert, docteur en théologie, conseiller-clerc en la Grand'Chambre de Paris, prieur en 1699, permuta en 1704 avec le suivant, prieur de Saint-Theoffroy de Gordes, diocèse de Cavaillon. - Armand-Pierre de la Croix de Castries, docteur en théologie, prieur de Gordes, fut pourvu en 1704, devint aumônier de la duchesse d'Orléans, archidiacre de Narbonne, archevêque de Tours, puis d'Alby, et résigna Sainte-Croix en 1727 en faveur du suivant. - Dom Benoît de la Borde de la Salle, diacre, Bénédictin, prit possession le 19 février 1727. Il résidait en 1768 à l'abbaye de Saint-André de Villeneuve-lez-Avignon, et résigna l'année suivante, en se réservant une pension de 2 000 livres. Louis-Clair Le Beau du Bignon, prêtre de Nantes, licencié en théologie, protonotaire apostolique, vicaire général de Bordeaux, puis d'Amiens, membre de l'Académie des Arcades de Rome, pourvu par le roi le 7 mai 1769, prit possession le 20 septembre suivant et fut le dernier prieur de Sainte-Croix. Il fut exilé, vers 1775, dans son prieuré de Vitré pour écrits politiques.
l'ancien couvent des Augustins (XV-XVIIème siècle), situé au n° 1 rue des Augustins. Le couvent est fondé dès 1240 et incendié par les Huguenots en 1592, puis reconstruit en 1600. Son église renfermait autrefois une chapelle appartenant aux seigneurs des Nétumières. « D'or, à un coeur enflammé de gueules percé de deux flèches en sautoir de sable ferrées d'argent » (Armorial général ms. de 1698). D'après la tradition, les ermites Augustins de Rennes eussent été appelés à Vitré par la femme de Riwallon, premier baron de Vitré, dès la fin du Xème siècle. Cette dame, dit le P. Le Grand, « leur édifia un petit monastère près l'église de la Trinité, au pied de son château de Vitré » (Chronologie des Evêques de Rennes). Mais, de son côté, M. l'abbé Tresvaux dit que le couvent des Augustins de Vitré ne fut fondé qu'en 1240 et qu'il appartenait à la réforme de Bourges (Eglise de Bretagne, 606). Le 17 juin 1592, Montmartin, capitaine huguenot, fit brûler l'église et le couvent des Augustins, à Vitré, sans donner aux religieux le temps de rien emporter ; « la chapelle Saint-Jean-Baptiste fut seule miraculeusement conservée, contre tous les efforts des hérétiques, qui s'efforcèrent en vain de l'embraser ». Ce couvent fut reconstruit en 1600 « par les libéralités des habitants de Vitré, toujours fort affectionnés à cette maison ». La réforme y fut établie en 1618, et un chapitre provincial s'y tint en 1622 (Journal historique de Vitré, 46, 60, 71 et 82). Les Augustins de Vitré possédaient en 1790, d'après la Déclaration de leur prieur, le P. Veillard, sept closeries : la Mochetière en Argentré, la Furairie en Balazé, le Petit-Pont en Sainte-Croix, le Grand-Breil et le Bas-Chemin en Izé, la Roncinière en Saint-Martin et les Bas-Teilleuls en Pocé ; — deux dîmereaux en Erbrée et la Chapelle-Erbrée ; — quatre maisons et un jardin en Notre-Dame, et deux maisons et un jardin en Sainte-Croix de Vitré ; — enfin, 705 livres de rentes foncières. Le total de leurs revenus était de 3 322 livres 16 sols 4 deniers, et leurs charges montaient à 1 073 livres 14 sols 9 deniers (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 28). Le couvent des Augustins de Vitré se trouvait au pied du château de cette ville, au bord de la rivière ; il n'en reste plus rien d'intéressant (abbé Guillotin de Corson) ;
l'ancien couvent des Dominicains. « D'argent, mantelé, arrondi de sable ; le champ, chargé d'un chien aussi de sable, tenant en sa gueule un flambeau de même allumé de gueules » (Armorial général ms. de 1698). En 1620, François Guesdon, sieur du Martinet, marchand de Vitré, appela en cette ville les Dominicains de la réforme de Rennes ; il donna à Hyacinthe Charpentier, prieur de Bonne-Nouvelle, « le lieu, terre et appartenances de la Grange, situé près le forbourg Saint-Martin dudit Vitré », à la charge pour ces religieux d'y bâtir un couvent « pour y pouvoir habiter quatre religieux prestres et deux frères laiz » tirés du monastère de Rennes. François Guesdon s'obligea, en outre, à verser aux Frères-Prêcheurs une somme de 3 500 livres, pour aider à la construction de leur nouveau monastère. L'acte définitif de donation fut signé le 19 mai 1621, et dix jours après la Communauté de ville de Vitré approuva cet établissement, parce que les religieux s'obligèrent à ne point faire de quêtes à Vitré, sauf les deux quêtes annuelles qu'ils avaient coutume de faire dans tout le diocèse de Rennes (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 26 H, 2, 3 — Les lettres patentes du baron de Vitré permettant l'établissement des Dominicains étaient du 14 octobre 1620 ; l'approbation dé l'évêque de Rennes du 14 janvier 1621, et les lettres royales du mois de février suivant, enregistrées au Parlement le 28 mars 1621 - Journal historique de Vitré, 585). Pour acquitter sa promesse de 3 500 livres, François Guesdon avait cédé une partie de sa terre de la Bédoyère, paroisse de la Croixille ; mais par acte du 21 juin 1632, il fit abandon de ses droits de fondateur à Renée Lambaré, veuve de Michel Le Bigot, et reprit la Bédoyère. Renée Lambaré fit de généreux dons au couvent des Dominicains ; son mari y avait déjà fondé la chapelle du Rosaire, où il fut inhumé le 11 mai 1632. Mais les religieux n'oublièrent pas pour cela leur premier fondateur, et ils donnèrent à François Guesdon un enfeu et un banc dans « une voûte au côté droit de la nef, entre les balustres du chanceau et la chaire de pierre engravée en la costière », avec permission d'y placer une plaque commémorative de sa fondation. Les seigneurs des Nétumières donnèrent beaucoup aussi aux Frères-Prêcheurs de Vitré et méritèrent d'être appelés à leur tour fondateurs de leur monastère. Françoise de Champagné, dame des Nétumières, fut inhumée en leur église le 10 mars 1631, et Paul Ray, baron des Nétumières, son mari, y fut enterré le 9 mai 1634 Vingt ans plus tard, les religieux achevèrent de construire leur couvent, et, de leur consentement, Paul Hay, seigneur des Nétumières, posa le 27 juin 1654 « la première pierre aux fondements des cloistres et bastiments de cette maison » (Journal historique de Vitré, 74, 101, 585). C'est au monastère de Vitré que mourut en odeur de sainteté, le 21 juin 1629, le P. Pierre Quintin, dont dom Lobineau a fait l'histoire (Vie des Saints de Bretagne, 372). En 1672, il y avait vingt religieux au couvent des Dominicains de Vitré. Leur sceau, de forme ovale, représente saint Dominique agenouillé aux pieds de la Sainte Vierge, qui lui apparaît et lui remet le rosaire. La légende porte : SIG. PP. C. S. DOM. DE. ROS. VITR. (Bulletin de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, en 1877). D'après la Déclaration faite en 1790 par le prieur Pierre Morel, les Dominicains de Vitré possédaient en rentes constituées, maisons et terres (nota : ces terres étaient le pourpris du couvent, la métairie de Sainte-Anne, en Izé, et la terre du Boisgros), 2 504 livres de rente, dont il fallait retirer 774 livres pour acquitter les charges ; il ne restait donc de revenu net que 1 730 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 28). La Révolution détruisit de fond en comble le monastère dominicain de Vitré, et nous croyons qu'il ne reste plus de traces de son église, située dans le faubourg Saint-Martin (abbé Guillotin de Corson) ;
l'ancien couvent des Recollets. Les Récollets furent appelés à Vitré en 1610. Le Parlement de Bretagne enregistra le 13 avril 1611 le consentement des habitants de cette ville à leur établissement parmi eux, et les Pères y commencèrent leurs exercices religieux le dimanche 7 octobre 1612. Lorsque l'église de ce couvent eut été construite, Pierre Duverger et Isabeau Lecocq, sieur et dame de la Morandière, obtinrent des religieux, par acte du 5 février 1633, un droit de banc et d'enfeu dans la chapelle Saint-Joseph de cette église, à la condition de construire à côté une autre chapelle (Journal historique de Vitré, 69, 384). Ce couvent était très pauvre quand vint la Révolution ; le gardien Zacharie Nicolle déclara en effet en 1790 qu'il ne possédait que la maison conventuelle avec son enclos, contenant environ 4 journaux de terre ; dans le mobilier, peu important, nous notons seulement la bibliothèque, composée de 3 000 volumes. Quant aux revenus, loin d'en avoir, le gardien déclara que son couvent était grevé de 500 livres de dettes (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 28). Le couvent des Récollets de Vitré se trouvait dans la rue de la Mériais. Vendu nationalement, c'est à la fin du XIXème siècle une propriété privée sise entre la Maison de Retraite et le collège actuel (abbé Guillotin de Corson) ;
l'ancien couvent des Bénédictines. « D'azur, au nom de Jésus d'or » (Armorial général ms. de 1697). Ce fut encore l'abbesse de la Trinité de Poitiers, Mme Jeanne Guischar de Bourbon, dite de Saint-Benoît, qui fonda le couvent des Bénédictines de Vitré, où elle envoya des religieuses de sa maison de Laval. D'après les lettres de consentement données par la Communauté de ville de Vitré le 16 février 1624, les religieuses offrirent elles-mêmes de construire à leurs frais le monastère de Vitré, sans rien demander soit pour les bâtiments, soit pour leur propre entretien (Journal historique de Vitré, 90). Ces Bénédictines s'installèrent au bas de la rue de la Mériais, et le 3 août 1625 M. Le Lource, vicaire général de l'évêque de Rennes, vint bénir leur église et prononça la clôture du nouveau monastère. En 1646, les Bénédictines achetèrent une terre à la Mériais relevant du prieur de Sainte-Croix, et elles s'obligèrent « à envoyer tous les ans, le jour de l'Invention de la Sainte-Croix, un bouquet de fleurs pour orner la croix dudit prieur de Sainte-Croix » (Journal historique de Vitré, 93, 133). La dernière prieure de ce couvent, soeur Olive du Feu, déclara le 1er mars 1790 posséder en terres et pensions 4 428 livres de rente, dont il fallait déduire 3 366 livres pour l'acquittement des charges, ce qui réduisait le revenu net à 1 062 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 28). Parmi les terres figurent les métairies de Maubert, et Marpiré, et de la Gilotière, en Balazé, et les closeries du Plessix, en Etrelles, des Courtils et de la Fleuriais, en Balazé. Le sceau des Bénédictines de Vitré portait leurs armoiries précitées, avec cette légende : TRINITE DE VITRE — BENEDICTINES. La Révolution chassa de Vitré les Bénédictines, dont le couvent devint une gendarmerie en 1796. A la fin du XIXème siècle, les Ursulines occupaient ce local (abbé Guillotin de Corson) ;
l'ancien cloître des Ursulines (XVIIème siècle). Les Ursulines arrivent à Vitré en 1679. Elles achètent le Boisjean et y construisent en 1701 un monastère. Elles s’installent après la Révolution dans l’ancien couvent des Bénédictines et le leur est transformé en collège en 1803. « D'azur, à une sainte Ursule d'or » (Armorial général ms. de 1698). En 1677, Mme Billon, supérieure des Ursulines de Laval, demanda permission à la Communauté de ville de Vitré de venir s'établir en cette ville pour y fonder une maison d'instruction. Les bourgeois donnèrent leur consentement le 6 juillet 1677. Charles de la Trémoille, baron de Vitré, envoya son autorisation le 21 août suivant, et peu de temps après Mgr de Beaumanoir, évêque de Rennes, fit la même chose, aussi bien que l'évêque du Mans. Enfin, les lettres patentes de Louis XIV, datées de septembre 1679, furent enregistrées le 5 octobre 1680. La communauté des Ursulines de Sainte-Croix de Laval envoya à Vitré quatre religieuses : Marie Billon, nommée supérieure, Hélène de Gennes, Marie Bachelot et Françoise Grignon. Elles arrivèrent le 15 mars 1679 et se logèrent d'abord dans une petite maison de la rue Saint-Louis, où elles demeurèrent quatre mois. Pendant ce temps, elles firent accommoder une plus grande maison située au faubourg de la Mériais, « où la première messe fut chantée et la clôture commencée à garder le 16e de juillet 1679, fête de Notre-Dame-du-Mont-Carmel » (Journal historique de Vitré, 185, 190 et 254). Ces quatre premières religieuses ne se trouvant pas en nombre suffisant pour instruire les jeunes filles qui se présentaient, demandèrent à l'évêque du Mans et obtinrent trois nouvelles soeurs, qui arrivèrent à Vitré en novembre 1679. Un peu plus tard, les Ursulines acquirent le lieu du Boisjean et y posèrent en 1697 la première pierre d'un monastère dont l'église fut bénite le 4 novembre 1701 par Charles Billon, trésorier de la collégiale. En 1790, la soeur J. du Bourg, supérieure des Ursulines de Vitré, déclara que son couvent avait 7 081 livres de rentes, en métairies, terres, constituts, pensions, etc., et que ses charges montaient à 4 035 livres ; il ne lui restait donc qu'un revenu net de 3 046 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 28). Les biens fonds des Ursulines consistaient en les métairies de la Bâte, du Bas-Pont-le-Baud, du Boishodais, du Haut et Bas-Montperron, le tout en Etrelles, de quelques champs en Vitré et de l'enclos du monastère, estimé 400 livres de rente. (Journal historique de Vitré, 426). Chassées de Vitré par la Révolution, les Ursulines y sont rentrées au XIXème siècle, mais elles occupent alors l'ancien couvent des Bénédictines et dans leur propre monastère est installé le collège communal ;
Note 10 : Les Ursulines de Vitré ayant été chassées de leur couvent par la Révolution, se réfugièrent en partie dans une maison voisine de l'église Notre-Dame. Elles voulurent bien s'y charger en 1795 d'y tenir un petit hôpital, tout en vivant en séculières, en apparence du moins (M. l'abbé Pâris-Jallobert, Journal historique de Vitré, 475, 586, etc.). Quand la paix fut rendue à la France, les Ursulines purent reprendre, en 1806, leur costume religieux ; leur association fut même approuvée comme communauté indépendante par décrets impériaux du 17 février 1807 et du 21 septembre 1808. Toutefois elles ne purent rentrer dans leur ancien monastère converti en collège, mais elles furent autorisées à prendre possession de l'ancien couvent des Bénédictines de Vitré, « à charge de payer aux hospices de cette ville, auxquels cette maison et ses dépendances avaient été précédemment transférées, une redevance annuelle de mille francs ». Elles acceptèrent ces conditions et firent ensuite un arrangement avec la Commission des hospices (M. l'abbé Pâris-Jallobert, Journal historique de Vitré, 475, 586, etc.). « Conformément aux constitutions approuvées par une bulle du pape Paul V, dit M. Keller, cette communauté est vouée à l'instruction des jeunes filles, et spécialement des enfants pauvres, qu'elle assiste dans la mesure de ses ressources. Le dimanche, les soeurs enseignent la doctrine chrétienne aux personnes âgées. Soixante familles indigentes reçoivent habituellement des secours de la communauté, qui paye, en outre, les loyers de plusieurs familles et procure chaque année un état à trois ou quatre enfants. De plus, les Ursulines viennent en aide au Bureau de bienfaisance. Leur concours à ces oeuvres d'enseignement et de charité est entièrement gratuit ». A la fin du XIXème siècle, le couvent des Ursulines de Vitré n'offrait rien d'intéressant par lui-même ; il se trouvait dans la paroisse de Sainte-Croix ; mais la chapelle de ces religieuses était ornée dans ses jours de fête de belles tapisseries d'Aubusson qui furent données en 1776 à l'occasion de la profession d'Esther-Fortunée Le Gonidec, en religion soeur Marie-François de Sales. Mises en vente pendant la Révolution, elles furent acquises par la famille Le Gonidec, qui les offrit de nouveau à la communauté en 1809 (abbé Guillotin de Corson).
le château des Tesnières (XIXème siècle), édifié par la famille de Langle ;
le Château-Marie ou Château-Madame, édifié vers 1670 par Emilie de Hesse-Cassel princesse de Tarente, veuve de Henri-Charles de la Trémoille, baron de Vitré. Le plafond est peint à l'étage aux armes de Marie de La Tour-Bouillon, épouse (1619) du baron Henri. Le jardin du Parc est dessiné vers 1870 par le paysagiste Georges Aumont ;
l'hôtel de Sévigné-Nétumières (1750), édifié pour la famille Hay des Nétumières, acquéreur de la maison de la Tour de Sévigné. Propriété successive des familles Sévigné, Liays, seigneurs du Cerny (en 1710), Hay des Nétumières, seigneurs des Rochers (vers 1740) ;
l'hôtel de la Botte-Dorée (1513), situé au n° 20 rue d'En-Bas et édifié pour Thibault Lecoq ;
l'hôtel du Bol-d’Or (XVIème siècle), situé au n° 10 rue d'En-Bas ;
l'hôtel Ringues ou Hardy de la Troussannais (1530-1550), situé au n° 27 rue Notre-Dame et édifié pour Etienne Ringues, sieur de La Troussannais. Cet hôtel fut affecté en 1787 à la fondation de la « Marmite des Pauvres ».La congrégation des Dames de la Charité fut établie à Vitré en 1655 et approuvée aussitôt par Mgr de la Mothe-Houdancourt, évêque de Rennes ; mais ces dames, en fondant en même temps l'oeuvre de la Marmite des pauvres, s'en réservèrent seules tout le soin. Ce ne fut que longtemps après, en 1786, que Mlle du Velaër songea à appeler à Vitré les Filles de la Charité. La société des Dames approuva volontiers cette fondation des Soeurs de Saint-Vincent, « à condition néanmoins que la compagnie desdites Dames de la Charité ne soit point détruite et puisse coopérer aux oeuvres de charité avec les Soeurs Grises ». Le 2 août 1788, des lettres patentes du roi approuvèrent l'établissement de quatre Filles de la Charité à Vitré. La Marmite avait alors 2 000 livres de rente, et Mlle du Velaër proposait d'entretenir les quatre soeurs à ses frais, de leur donner 20 000 livres pour acheter une maison et un jardin et de constituer 60 000 livres pour soulager les pauvres. L'évêque de Rennes avait approuvé ce projet dès le 22 avril 1787, et le 5 juillet suivant on avait traité avec les supérieurs de Saint-Lazare. Mlle du Velaër assura aussitôt aux soeurs une rente de 1 400 livres pour leur entretien et versa à la Communauté de ville 60 000 livres pour les pauvres ; elle monta en même temps la pharmacie du nouvel établissement (Archives du Parlement de Bretagne). Le 15 octobre 1793 la société des Dames de la Charité fut dissoute et la Marmite des pauvres fut exclusivement confiée aux Filles de Saint-Vincent-de-Paul. Le 15 juin 1791, Mlle du Velaër avait acheté de Pierre Hardy, son parent, pour 20 000 livres, un bel hôtel de la renaissance dont elle fit cadeau aux Filles de la Charité ; la Révolution ne put réussir à en chasser ces bonnes religieuses, qui y habitent encore à la fin du XIXème siècle (abbé Guillotin de Corson) ;
l'hôtel Caillel du Tertre (1860-1870), situé au n° 5 rue de La Trémouille ;
l'hôtel de La Teillais (1850), situé au n° 13 rue de La Trémouille ;
l'hôtel de la Borderie (XVI-XIXème siècle), situé au n° 11 rue Notre-Dame ;
l'hôtel du Grand-Monarque (XVIIème siècle), situé au n° 26 rue de Paris ;
la tour des prisonniers (XIIIème siècle), située promenade du Val ;
la tourelle dite « du Guetteur » (XVème siècle), située au n° 28 rue de Paris ;
la tour de la Bridole (première moitié du XVème siècle), située rue de la Bridole ;
la tour du Vieux-Saint-Martin (XVème siècle-1659), située rue d'Ernée ;
la tour des Claviers : tour d'artillerie édifiée de 1482 à 1486 par Jean de La Marche pour le duc François II, pour renforcer le flanc sud de la ville ;
l'Eperon : bastion d'artillerie élevé en 1591 pour protéger l'angle nord-est de l'enceinte de la ville de Vitré durant le siège de 1589 ;
la poterne Saint-Pierre. Il s'agit de la porte de ville de l'enceinte du XIIIème siècle ;
la maison de la Porte d'En-Bas (XVème siècle), située au n° 30, rue d'En-Bas ;
les maisons en pan-de-bois à porche (XV-XVIème siècle), situées aux n° 6, 8 et 10 rue de la Poterie. Les porches appelés "les Grands Porches" filaient sur tout le côté de la rue jusqu'à la rue de La Baudrairie ;
la maison en pierre (1623), située au n° 27 rue de la Poterie ;
la maison de la Porte d'En-Bas (XV-XXème siècle), située au n° 30, rue d'En-Bas. La façade a été restaurée en 1994 ;
la maison (fin du XVème siècle), située au n° 1 rue d’En-Bas ;
la maison (vers 1500-XVIIIème siècle), située au n° 28 rue Notre-Dame ;
la maison (XVIème siècle), située au n° 15 rue Saint-Louis ;
la maison à pan de bois (XVIème siècle), située au n° 25 rue de la Baudrairie ;
la maison en pierre (1782), située au n° 18 rue de la Baudrairie ;
la maison (XVIème siècle), située au n° 16 rue Notre-Dame ;
les maisons (XVI-XVIIème siècle) à pan de bois, situées aux n° 29, 31, 33 rue Notre-Dame ;
la maison de l'Isle (XVI-XVIIème siècle), située à l’angle de la rue de la Poterie et rue Sévigné. Propriété successive des familles Landais (au XVème siècle), Guibé, seigneurs de Saint-Jean-sur-Couësnon (en 1502), Pont-Bellanger (en 1537), Corvaisier et Boulais (en 1696 et 1711), Radiguer (vers 1751) ;
la maison (XVI-XXème siècle), située au n° 4 rue Du Guesclin ;
la maison (XVIème siècle), située au n° 23 rue de la Baudrairie ;
la maison (XVI-XVIIème siècle), située au n° 4 rue de la Baudrairie. Façade en pan de bois du XVIIème siècle ;
l'édifice (XVIIème siècle), situé au n° 2 place du Marchix ;
le lycée Bertrand d'Argentré, installé en partie dans l’ancien couvent des Ursulines créé au XVIIème siècle. On y voit une chapelle avec un maître-autel qui date du XVIII-XXème siècle. A noter qu'une école communale fut fondée en 1829 ; elle fut ensuite fermée le 30 juin 1832 et ouverte de nouveau le 23 septembre 1833 comme école libre. En 1850, la municipalité lui a rendu le titre d'école communale ;
le lavoir du Rachapt (1864) ;
la maison du Petit-Louvre (XVIII-XIXème siècle), située au n° 15 rue de Paris ;
l'ancienne tannerie Bouin (XIXème siècle), située au n° 28, rue du Pasteur ;
la gare du chemin-de-fer (en 1857), construite par l'architecte Victor Lenoir ;
le lavoir (XIX-XXème siècle), situé rue du Pasteur ;
la caserne de la Trémoille (1874) ;
le kiosque à musique (1897), situé dans le jardin du Parc ;
la salle du Temple (fin XIXème siècle), située place Notre-Dame ;
la tour d'En-Bas (vers 1900), située place Saint-Yves ;
5 moulins à eau (autrefois au pied du château). Etang et moulin de Paintourteaux ;
A signaler aussi :
l'ancienne église Collégiale de la Madeleine, fondée au XIIème siècle par les barons de Vitré. L’église de la Madeleine a été remplacée en 1860 par une école communale. Lorsque les seigneurs de Vitré eurent donné aux moines de Saint-Melaine leur église collégiale de Notre-Dame, en 1132, ils construisirent une autre église dans l'enceinte de leur château et la dédièrent à sainte Marie-Magdeleine. Ils firent d'abord desservir ce nouveau temple par plusieurs chapelains, dont le chef prit le nom de grand chapelain, « major capellanus ». Il est fait mention de ce chapelain de la Magdeleine de Vitré en 1172, lorsque Robert, seigneur de Vitré, donna aux Bénédictins de Sainte-Croix de Vitré la moitié des revenus de la foire de Saint-Blaise, s'en réservant l'autre moitié, que devait percevoir en son nom ledit chapelain (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 666). Mais le 7 décembre 1209 André, seigneur de Vitré, de concert avec Pierre de Dinan, évêque de Rennes, fonda un collège de chanoines dans cette église de la Magdeleine bâtie par ses ancêtres. Il déclara faire cette bonne oeuvre pour son propre salut et pour celui des âmes de son frère Robert, autrefois chantre de Paris, de sa défunte femme Eustachie et de sa mère, Emme de Dinan ; il fit constater aussi qu'il ne faisait cette fondation qu'avec le consentement de ses enfants, André et Anne, et de ses principaux vassaux (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 666 - Pierre Hévin a publié une copie de l'acte de cette fondation beaucoup plus complète que Dom Morice, voir à la bibliothèque de la ville de Rennes le n° 10873). Après ces préliminaires, le seigneur de Vitré entre dans les détails de sa fondation. Remarquons tout d'abord qu'il ne se présente pas comme seul fondateur, car il dit que l'évêque de Rennes veut contribuer à cette érection en fondant lui-même trois prébendes, « instituo novem canonicos, et dominus episcopus Redonensis tres canonicos instituit, quorum trium prebendae, quoties vacaverint, a D. Redonensi erunt in perpetuum con ferendae » Il ajoute que tous ces chanoines devront servir Dieu, la Sainte Vierge et Marie-Magdeleine dans l'église de la Bienheureuse Magdeleine de Vitré, « in ecclesia Beatae Mariae Magdalenae de Vitreio Deo et Beatae Virgini et B. Mariae Magdalenae et omnibus sanctis in perpetuum servituros ». Enfin, il règle que quatre au moins de ces chanoines devront être prêtres, aussi bien que leur chef, nommé trésorier (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 815). La collégiale de Vitré fut donc fondée pour douze chanoines, ayant à leur tête l'un d'entre eux, appelé trésorier. Le baron de Vitré conférait de plein droit la dignité de trésorier et sept autres prébendes ; le trésorier présentait le neuvième chanoine au même baron, qui lui conférait son bénéfice ; enfin, l'évêque de Rennes instituait les trois derniers chanoines. A la tête de la collégiale, André de Vitré plaça le grand chapelain de la Magdeleine, qui dut prendre le nom de trésorier et être nécessairement prêtre, « major capellanus qui necessario erit sacerdos et qui a modo thesaurarius nuncupabitur ». On l'appela trésorier parce que le seigneur de Vitré lui confia le trésor de l'église de la Magdeleine et les sceaux de sa baronnie ; il le chargea aussi de percevoir les revenus de la collégiale et, semble-t-il, ceux mêmes de sa baronnie, et voulut être assisté de ses conseils (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 815). Quant à la dotation de ce trésorier, elle fut celle dont il jouissait auparavant en qualité de grand chapelain. Or, il paraît que ses revenus étaient assez considérables, puisqu'il put en distraire une partie pour doter une autre prébende. Celle-ci fut la prébende du chanoine coadjuteur du trésorier ; elle fut créée parce que le trésorier pouvait difficilement s'acquitter seul de tous ses devoirs à la collégiale et à la cour seigneuriale ; le chanoine du trésorier devait donc lui aider de tout son pouvoir ; aussi le trésorier le choisissait-il lui-même, et après l'avoir fait accepter par le baron, il recevait le serment de fidélité de ce coadjuteur et s'engageait à lui fournir une rente de 10 livres, somme qui paraît avoir été à l'origine la dotation commune de toutes les prébendes de Vitré. André de Vitré régla ensuite les revenus des quatre autres prébendes qui devaient être occupées par des prêtres. Il donna à la première 10 livres, c'est-à-dire 100 sols sur la dîme des mangers de Carême et de la Pentecôte, et 100 sols sur le passage de Vitré ; — à la deuxième 10 livres, c'est-à-dire 7 livres et 10 sols sur les forêts de Vitré, payables à la Saint-Michel, et au besoin sur les moulins de Chevré, et 50 sols sur quelques dîmes ; — à la troisième 10 livres sur le passage de Vitré, et au besoin sur les mangers du Carême ; — enfin, à la quatrième, 40 sols sur les hommages dus à Noël et à Pâques, 4 livres sur les cens de Chevré, 40 sols sur les dîmes de Hamel et la moitié des dîmes du moulin de Métiboeuf pour parfaire les 10 livres totales (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 815). Voilà donc six prébendes dotées. Ce sont les seules dont les revenus soient consignés dans l'acte de fondation de la collégiale de Vitré. Il est vraisemblable que l'évêque de Rennes dota lui-même les trois prébendes qu'il institua. Quant aux trois dernières, Hévin pense avec raison que leurs titulaires eurent la jouissance des revenus des anciens chapelains, à l'instar du trésorier et de son coadjuteur ; on pourrait peut-être même en conclure que dans l'origine ces premiers chapelains de la Magdeleine étaient au nombre de quatre, en y comprenant le grand chapelain, leur chef. L'acte de fondation mentionne ensuite les revenus et les privilèges communs à tous les chanoines, ce qu'on appelait la mense capitulaire. Après leur avoir rappelé que le Chapitre devra entretenir et desservir l'église de la Magdeleine, le seigneur fondateur ajoute : Tous les chanoines et tous leurs clercs mangeront à la table du baron de Vitré le jour de la solennité de Sainte-Magdeleine ; — ils jouiront du droit d'usage dans la forêt de Vitré, tant de bois mort pour leur chauffage que de bois à merrain pour la construction et l'entretien de leurs édifices ; — ils auront la faculté de faire paître leurs porcs, sans payer les droits de panage, dans la même forêt ; le trésorier pourra envoyer vingt porcs et chaque chanoine dix ; — ils auront le droit de tenir chaque année une foire à Vitré, à la fête de la Purification ; — ils seront exempts de toutes impositions seigneuriales pour les terres qu'ils possèdent ou qu'ils possèderont à l'avenir ; — ils jouiront, eux et leurs hommes (s'ils viennent à posséder un fief avec la permission du seigneur), de tous les privilèges et immunités dont jouissent déjà les moines et les hommes du prieuré de Sainte-Croix de Vitré (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 816). Enfin, André de Vitré donna aux chanoines de la Magdeleine les emplacements qui se trouvaient libres dans le Châtelet, c'est-à-dire dans l'avant-cour de son château, « concedo plateas quas in Castellulo meo vacuas poterunt invenire » ; il leur permit même de s'étendre au-delà, dans le Boulet ou au Vieux-Bourg, « in Boleto scilicet aut in Veteri Burgo », et exempta les places choisies par le Chapitre de toutes charges seigneuriales (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 816). Les chanoines s'établirent donc en ces lieux, autour de leur église collégiale ; la trésorerie fut construite dans la cour même du Châtelet et les autres maisons prébendales l'avoisinèrent; le tout forma ce qu'on appelait le cloître de la Magdeleine ; la rue de Boulet prit aussi le nom de rue de la Magdeleine. Le seigneur André de Vitré assura l'exécution de ses volontés en donnant à ses chanoines une charte de fondation scellée de son grand sceau et du propre sceau de l'évêque de Rennes, et il termina ce document par les paroles suivantes : Si quelqu'un de mes héritiers (ce que Dieu ne permette jamais !) était assez téméraire pour oser violer, diminuer ou détruire cette fondation, qu'il ne soit pas seulement privé, en punition de sa présomption, de la bénédiction paternelle, mais qu'il ressente encore les effets de la malédiction de notre Père céleste. Amen ! (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 816). L'année suivante, André de Vitré, s'étant croisé contre les Albigeois, passa par Tours, en 1210, et pria l'archevêque de cette ville de confirmer la fondation qu'il avait faite d'une collégiale à Vitré. L'archevêque, Jean de Faye, y consentit d'autant plus volontiers que le sire de Vitré lui présenta les lettres par lesquelles Pierre de Fougères, évêque de Rennes, et le Chapitre de cette dernière ville approuvaient la fondation de la Magdeleine de Vitré ; ces lettres étaient datées du 1er juillet 1210 ; et l'archevêque de Tours y joignit son approbation et son sceau (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 816). Enfin, cette même année 1210, André de Vitré donna au Chapitre de la Magdeleine la dîme de ses Moulins-Neufs. Au XVIème siècle, on appelait ces derniers les moulins de Malipasse, et la seigneurie de Vitré fut condamnée en 1579 à payer aux chanoines une rente de 10 écus, estimée valoir la dîme du revenu de ces moulins (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 4). André, seigneur de Vitré, mourut peu de temps après, en 1211, et fut inhumé au milieu du choeur de la collégiale qu'il avait fondée ; son tombeau, élevé de terre, se trouvait près du pupitre. Le Chapitre de la Magdeleine de Vitré se composa, dans la suite, du trésorier, seul dignitaire, de onze autres chanoines, de deux chapelains faisant les offices de diacre et sous-diacre, d'un maître de psallette, de quatre enfants de choeur et d'un massier. Le trésorier présidait partout et tenait le rang le plus honorable, même lorsqu'il n'officiait pas ; aux processions il marchait toujours sans pair. Il avait le droit de porter une soutane rouge et une ceinture semblable ; comme ses confrères les chanoines, il portait toujours l'aumusse, et de plus, en hiver, un grand camail ou manteau appelé chape. Au commencement du XVIIème siècle, quelques trésoriers cessèrent de porter la robe rouge, mais leurs successeurs la reprirent, et nous voyons encore, en 1736, le trésorier Jean Nouail, au jour de son installation, « revêtir la robe rouge qu'il a droit de porter, le surplis et l'aumusse, et s'asseoir ainsi vêtu sur sa chaise de choeur prohibitive à toute autre ». Il ne prit point la chape, parce qu'on était alors au mois d'août. Enfin le trésorier de la Magdeleine habitait dans le cloître un hôtel particulier appelé la Trésorerie (Bibliothèque Nationale, ms. lat., n° 22325 p. 569). Tous les chanoines devaient résider au cloître et officier à l'église ; en cas de légitime absence, ils devaient se faire remplacer au choeur par des clercs compétents ; ceux d'entre eux qui étaient prêtres ne pouvaient être remplacés que par d'autres prêtres (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 816). La psallette de la Magdeleine fut fondée par un comte de Laval, seigneur de Vitré, qui la dota de 36 livres de rente assise sur la forêt de Brécilien ; elle jouissait, en outre, de 10 livres de rente due par la seigneurie du Désert, en Domalain (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 10). En 1471, le pape Sixte IV, par bulle datée du 17 décembre, donna au trésorier et aux chanoines de Vitré la permission de faire leur office à l'instar de la Sainte-Chapelle de Paris, en adoptant l'ordre et les rubriques de cet illustre Chapitre (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 10). En 1570, les chanoines de Vitré dressèrent de nouveau leurs statuts, modifiés en quelques points peu importants. Ils réglèrent que désormais, outre le chapitre général fixé au lendemain de la fête de sainte Magdeleine et durant huit jours, il y aurait deux autres chapitres généraux, durant chacun deux jours, et tenus les vendredis après Pâques et après la Toussaint ; dans ces assemblées générales, auxquelles tous les chanoines étaient tenus d'assister, on relisait les statuts et l'on traitait des affaires importantes communes à la collégiale. Il fut aussi ordonné à tous les chanoines de porter leurs chapes noires, « cappas nigras », c'est-à-dire leurs grands manteaux de choeur, depuis les premières vêpres de la Commémoration des défunts jusqu'aux premières vêpres de Pâques (Pollet, Notice historique sur la Collégiale de Vitré). Les banquets jouaient un certain rôle à la collégiale de Vitré. Nous avons vu que le fondateur avait voulu que tous les chanoines et leurs clercs dînassent à la table seigneuriale du baron de Vitré le jour de la fête de sainte Magdeleine. Une lettre du comte de Laval, de 1491, nous apprend que les religieux de Notre-Dame prenaient part à ce festin (« Nous avons coustume, — dit le seigneur de Vitré, — de donner un dîner à nos chers et bien aimez les thésaurier et chapitre de nostre église collégiale de la Magdeleine de Vitré, et aux prieur et couvent de Nostre-Dame dudit lieu, au jour et feste de la Magdeleine, lequel dîner désirons leur entretenir, etc. » - (Archives départementales d'Ille-etVilaine, 8 G, 4). Cinquante ans plus tard, ce dîner n'ayant point été donné, les chanoines s'en plaignirent à Guyonne, comtesse de Laval et dame de Vitré, et comme cette dame ne paraissait pas leur être favorable, ils s'adressèrent à la justice et obtinrent, le 13 juillet 1548, une sentence condamnant le châtelain de Vitré à leur payer, chaque année, « les frais et coustages d'un banquet, à la feste de la Magdeleine » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 4). Mais outre ce grand dîner annuel, les chanoines avaient coutume de se réunir à la prise de possession de chacun d'entre eux ; le nouveau trésorier ou le nouveau chanoine recevait alors ses confrères. En 1611, le Chapitre abolit ces repas et régla que les nouveaux trésoriers et chanoines, au lieu de faire la dépense d'un dîner, paieraient à la fabrique un droit de chape fixé à 100 livres tournois pour le trésorier et 60 livres pour chaque chanoine, ces sommes devant être employées à l'entretien des ornements de la collégiale (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 22). Une autre réforme eut lieu vers le même temps. Certains chanoines n'assistaient point aux offices de leur église ; ils se contentaient d'y venir les jours de la fête et de l'octave de la Magdeleine, et d'y réclamer leur gros à cette occasion. Il y avait aussi des difficultés entre ceux qui résidaient, au sujet du service de l'église et des distributions manuelles. Le 24 octobre 1620, Pierre Cornulier, évêque de Rennes, rendit à ce sujet une sentence arbitrale ayant force de loi : il ordonna que tous les douze chanoines de la collégiale seraient également tenus à assister à l'office canonial ; que les chanoines prêtres feraient l'office tour-à-tour, chacun durant une semaine, et d'après l'ordre de leur réception au Chapitre ; que tous les chanoines assistants recevraient également leurs gros fruits ; que, quant aux distributions manuelles, elles seraient égalisées entre tous les chanoines prêtres, diacres et sous-diacres ; mais que les chanoines n'étant pas dans les Ordres sacrés recevraient seulement la moitié des mêmes distributions manuelles, quoiqu'ils fussent tenus d'assister exactement à l'office canonial, comme leurs confrères. Enfin, l'évêque défendit formellement au trésorier d'excuser aucun chanoine de son service canonial sans raisons très graves, et de lui adjuger son gros lorsqu'il n'assistait pas régulièrement à l'office divin (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 10). Quand vint la Révolution, voici quel était l'état financier de la collégiale de Vitré : Le trésorier, Jean Thomas de la Plesse, déclara, le 6 mars 1790, posséder : l'hôtel de la Trésorerie ; les terres de la Basse-Epine, en Châtillon, et de la Morlière, en Montreuil-des-Landes ; une dîme en Saint-M'hervé et quelques rentes dues par le baron de Vitré ; le tout estimé 1 812 livres de rente. Le trésorier ajouta qu'en qualité de chanoine il avait aussi droit aux distributions manuelles faites en raison du produit net des revenus de la collégiale ; enfin, il déclara avoir 265 livres de charges (M. l'abbé Pâris-Jallobert, Journal de Vitré, 431). De son côté, le Chapitre tout entier déclara, le 4 mars 1790, que la mense capitulaire, réunissant toutes les fondations faites primitivement en chaque prébende, se composait de ce qui suit : Quatorze maisons à Vitré, tant au cloître proche de l'église qu'aux rues de la Magdeleine, du Grand-Four, de Bourrienne, de Villaudain et du Bourg-aux-Moines, estimées ensemble 1,469 liv. 13 s. 4 d. de rente ; — rentes, en grain et en argent, dues par le seigneur de Vitré, le prieur de Sainte-Croix et la fabrique de Notre-Dame, montant à 1,146 liv. 12 s. 3 d. ; — en la paroisse de Saint-M'hervé : les métairies de Gaboreau et des Prunelais, affermées 1,020 liv. ; une dîme de 1,486 liv. et des rentes montant à 233 liv. 14 s. ; — en Balazé : la terre de la Hairie, affermée 620 liv. ; une dîme de 1,670 liv. et une rente de 33 liv. 4 s. 6 d. ; — en Montjean, dans le Maine : la métairie de la Bergerie, affermée 360 liv. ; — en Luitré : la métairie de Loisonnière, affermée 500 liv. ; — en Montreuil-sur-Pérouse : la métairie de la Pélerinais, affermée 562 liv., et une rente de 18 liv. 8 d. ; — en Argentré : la métairie de la Chalmière, affermée 912 liv., une dîme de 400 liv. et une rente de 18 liv. 12 s. 4 d. ; — en Etrelles : une dîme de 172 liv. 13 s. 4 d., et une rente de 54 liv. 7 s. 6 d. ; — en Marcillé-Robert : une dîme de 500 liv.; — au Pertre : une rente de 20 boisseaux de seigle ; — en Torcé : une rente de 65 liv. 16 s. 4 d. ; — rentes dues par les recteurs de Moulins, de Billé et de la Chapelle-Erbrée, 45 liv. 12 s. ; — quelques petites rentes presque insignifiantes dans les paroisses de Saint-Didier, Saint-Aubin-des-Landes, Saint-Germain-du-Pinel, Pocé, Taillis, Vergeal, Brielles, Montantour, Erbrée, Champeaux et Domalain ; — 36 liv. de rente sur la forêt de Brécilien, — et enfin 300 liv. constituées (M. l'abbé Pâris-Jallobert, Journal de Vitré, 429). Le total de tous ces revenus formait à peu près 12 000 livres de rente ; mais comme il y avait des charges considérables (Honoraires des diacre et sous-diacre et du maître de psalette, 1,632 liv. 17 s. 1 d. ; — dépenses pour les enfants de choeur, 299 liv. ; — entretien de la sacristie, 910 liv. ; — orgues et organiste, 225 liv. ; — réparations et frais divers, 1,520 liv. ; — rentes et aumônes dues, 157 liv., etc., etc.), chaque chanoine était loin de percevoir 1 000 livres de rente. Tout en étant moins pauvre que le Chapitre de la Guerche, la collégiale de Vitré ne pouvait donc pas encore être regardée comme riche. Nous connaissons plusieurs sceaux du Chapitre de la Magdeleine. L'un, de 1466, est ogival et représente Notre-Seigneur Jésus-Christ apparaissant après sa résurrection à sainte Magdeleine ; on lit autour : SIGILLUM CAPITULI MAGDALENE DE VITREIO. Le contre-sceau figure les mêmes personnages en moindre grandeur et la même légende. Un autre sceau de 1470, et servant encore en 1509, est également ogival : on y voit Jésus, orné du nimbe crucifère, sortant du tombeau et tenant sa croix de la main droite, apparaissant à sainte Magdeleine, qui tombe à ses pieds, sous l'arbre d'un jardin ; la légende porte : SIGILLUM . CAPITULI . BE . MAR . MAGDAL . DE . VITREIO . Le contre-sceau représente la même scène, avec ces mots : S . CAPITULI . MAGDALENE . DE . VITREIO . AD . CAUSAS . (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 22). Enfin, un sceau moderne, de 1700, est de forme ovale et représente sainte Magdeleine portant un vase de parfums et se dirigeant vers le tombeau de Notre-Seigneur ; on lit autour : SIGILLUM B. MARIAE MAGDALENAE DE VITREI0 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 64). En 1698, le Chapitre de la collégiale de Vitré fit enregistrer les armoiries suivantes : d'azur, à une sainte Magdeleine d'or, tenant de sa main senestre une boîte de même, qu'elle découvre de sa dextre (Armorial général ms.). L'église collégiale de la Magdeleine de Vitré ayant été détruite en 1860, il est d'autant plus intéressant de rechercher et de rappeler ici ce qu'elle était. Cette église présentait les traces de trois constructions successives. La partie centrale de la nef était la plus ancienne de tout l'édifice ; on y voyait une porte romane au Sud et deux fenêtres longues et étroites de même style ; « leur plein cintre, en pierres schisteuses recourbées, annonçait une époque antérieure au moins au XIIème siècle », disait, en 1841, M. Pollet, qui voyait encore debout les ruines de la collégiale. Cette partie romane devait appartenir à l'église de Sainte-Magdeleine, mentionnée en 1172. Il n'est guère supposable qu'André, seigneur de Vitré, ait reconstruit l'église qu'il érigea en collégiale en 1209, car, comme nous allons le voir, rien dans cet édifice ne rappelait la belle architecture du XIIIème siècle. En effet, toute la partie supérieure de la nef et le chevet lui-même, ainsi qu'une petite chapelle accolée au Nord du sanctuaire, étaient du XVème siècle ; le toit en était plus élevé que celui de la nef romane ; les fenêtres et les contreforts y présentaient quelques caractères architecturaux de style ogival flamboyant. C'était l'oeuvre du trésorier Jean Hodéart, qui gouverna la collégiale de 1404 à 1420 : voyant que son prédécesseur Hamon Le Taillandier avait construit le clocher de son église, il continua ses travaux ; il fit refaire le choeur de cet édifice et fit couvrir la moitié de la nef ; il s'apprêtait même à achever la restauration de cette nef, c'est-à-dire probablement à en détruire la partie romane, lorsqu'il fut surpris par la mort (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 4). Quant à la partie occidentale de l'église et au bas de la nef, la date de construction était précise : à la base même du pignon, dit M. Pollet, on lisait sur une pierre carrée reposant sur le roc la date 1535 ; de plus, treize autres pierres portaient les inscriptions suivantes, relatant les noms de tous les membres du Chapitre de cette époque : F. D. the, — G. de Grasmesnil, — E. des Marches, — J. Catherine, — G. Le Marchant, — A. Godart, — Guy Daunair,— Floart, — M. Le Febvre, — F. Amy, — F. Daville, — J. Fouesré. 1535 (Pollet, Notice historique de Vitré). On retrouve dans les archives de cette époque les noms de la plupart de ces chanoines : Guillaume de Grasmesnil, Jehan Catherine, Guillaume Le Marchant, André Godart, Michel Le Febvre, François Daville, Jehan Fouesré et Fiacre Amy. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 4). Le trésorier, désigné par ses seules initiales, était alors François, fils naturel de Guy XVI, comte de Laval, et d'Anne d'Espinay ; il ne fut légitimé qu'en 1539, de sorte qu'à l'époque où il fit agrandir sa collégiale il portait probablement encore le nom de sa mère ; de là ses initiales F. D. (François Despinay). A l'intérieur de l'église collégiale de Vitré, on remarquait l'écusson de ce même seigneur Guy XVI, comte de Laval et baron de Vitré, et celui de sa troisième femme, Antoinette de Daillon ; le premier portait les armes pleines de Laval entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel, le second était parti de Laval et de Daillon. Le choeur était séparé de la nef par deux murs avançant l'un vers l'autre et réunis par une grille ; dans ce choeur étaient trois autels : l'autel principal dédié à sainte Marie-Magdeleine et deux autres autels consacrés à saint Yves et à saint Louis. Au Nord du sanctuaire était une chapelle renfermant l'autel de Sainte-Marthe et contenant de précieuses reliques. Enfin, dans cette partie de l'église s'élevait encore une tribune à l'usage des seigneurs de Vitré. Au haut de la nef et aux deux côtés de l'entrée du choeur se trouvaient les autels de N.-D. de Toutes-Aides et de Saint-Etienne. Au bas de l'église était une tribune occupée par les gens attachés au service des chanoines (Pollet, Notice historique de Vitré). Plusieurs chapellenies se desservaient dans la collégiale, telles que celles du Bois-Jarry, de la Bergerie, du Bois-Mancel et de la Sacristie. Un certain nombre de tombeaux ornaient l'église de Sainte-Magdeleine : « Il y a deux tombeaux élevés au milieu du choeur, — écrivait, en 1683, le trésorier Jean Vigneaux, — l'un près du grand pupitre, où sont les ossements d'André de Vitré, fondateur de cette église (décédé en 1210), enfermés dans une chasse de plomb ; l'autre, vis-à-vis des marches du sanctuaire, avec une figure en représentation de pierre blanche, qui est celui de Guy de Laval, mort à la bataille de la Roche-Derrien, l'an 1347, le 18 juin » (Bibliothèque Nationale, ms. lat.). A côté de ce tombeau de Guy X, comte de Laval et baron de Vitré, était celui de son fils Guy XI, qui ne lui survécut qu'un an ; c'est probablement ce dernier que désigne Jean Vigneaux, en disant : « Il y a un autre tombeau aussi relevé, dans le sanctuaire, devant l'oratoire vitré de la chapelle Sainte-Marthe, qui est d'un autre comte de Laval, dont il n'est pas possible de lire le nom, tant l'écriture gravée dessus est effacée. ». Outre ces monuments funéraires, on voyait encore les tombeaux moins importants de Marguerite de Bretagne, fille du duc Jean V, fiancée toute enfant à Guy XIV, comte de Laval, et décédée au château de Vitré en 1420 ; — d'Antoinette de Daillon, femme de Guy XVI, comte de Laval, morte le 19 avril 1537, et inhumée dans le choeur, proche la muraille, du côté du Châtelet ; — de Jean de Montigny, évêque de Saint-Pol-de-Léon, décédé aux Etats de Bretagne siégeant à Vitré, le 29 septembre 1671, et inhumé au bas du choeur (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 4). Enfin, deux petits monuments renfermaient les coeurs de Guy XVI, comte de Laval, décédé le 20 mai 1531, et de François de Laval, son fils, trésorier du Chapitre et évêque de Dol, mort le 2 juillet 1556. Le coeur de Guy XVI reposait au milieu du sanctuaire, et une inscription en son honneur était gravée sur une plaque de cuivre posée sur la seconde marche de l'autel. — Le coeur de François de Laval était « à l'entrée du sanctuaire, sur l'endroit duquel est une épitaphe en vers alexandrins gravée sur une grande planche carrée de cuivre » (Bibliothèque Nationale ms. lat. ). Nous avons vu précédemment que la chapelle de Sainte-Marthe, située au Nord du sanctuaire, était « un oratoire vitré » renfermant de précieuses reliques. Cette chapelle était réservée aux barons de Vitré quand ils assistaient aux offices de la collégiale : « Vis-à-vis le grand autel, du costé de l'évangile, — dit une Déclaration de 1680, — est un bel oratoire, nommé la chapelle Sainte-Marthe, bastie d'une même construction et en mesme temps que l'église, y ayant dans la muraille deux grandes fenestres et ouvertures à costé dudit grand autel, par lesquelles les seigneurs de Vitré peuvent, quand bon leur semble, entendre la messe et le divin service qui est célébré dans ladite église ; dans laquelle chapelle il y a, aussi un autel pour y célébrer la messe et une ancienne tribune pour placer lesdits seigneurs, avec une cheminée pour leur commodité au temps d'hiver ; à laquelle chapelle lesdits seigneurs barons ont coutume d'aller de leur chasteau par le cloistre de ladite église collégiale, et pour plus grande commodité ils ont fait bastir une ancienne galerie joignant d'un bout à la tour dudit chasteau, dite tour de la Magdeleine, et conduisant jusqu'au cloître de ladite église » (M. l'abbé Pâris-Jallobert, Journal historique de Vitré). Les principales reliques déposées dans la chapelle de Sainte-Marthe étaient : une relique insigne de sainte Marthe, envoyée aux chanoines de Vitré, en 1477, avec l'authentique de l'archevêque d'Aix, par Jeanne de Laval, reine de Sicile ; — un doigt et une dent de sainte Marie-Magdeleine, donnés, le 3 août 1478, par René d'Anjou, roi de Sicile, mari de ladite dame Jeanne de Laval ; — un reliquaire de forme ronde, renfermant de vénérables ossements, provenant de l'ancienne chapelle Saint-Jean du château de Vitré, et donné au Chapitre, en 1626, par la duchesse de la Trémoille, baronne de Vitré, etc. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 10). Mais en dehors de la chapelle Sainte-Marthe, d'autres précieuses reliques se trouvaient exposées sur le maître-autel de la Magdeleine. C'était d'abord le corps de saint Marse, évêque démissionnaire de Nantes, mort à Bais, sa paroisse natale. Ce corps fut confié au Chapitre de Vitré vers 1427, et placé dans une nouvelle châsse, en 1521, par Guy XVI, comte de Laval, et Anne de Montmorency, sa femme, seigneur et dame de Vitré. Le nouveau reliquaire fut posé « sur la cornière du grand autel de la Magdeleine, du côté de l'évangile » ; en voici la description : la châsse de saint Marse était faite en forme de chapelle, avec six pilastres de cuivre doré et quatre tableaux en bas-relief d'argent massif ; elle était recouverte de feuilles d'argent en façon d'ardoises ; aux deux bouts étaient les écussons du comte et de la comtesse de Laval. Les quatre bas-reliefs représentaient, outre les figures de saint Marse, de saint Victor, de saint Aubin et de saint Melaine, Guy XVI agenouillé devant un crucifix, et sa femme priant dans la même posture aux pieds de sainte Anne, sa patronne. Quatre distiques ornaient ces tableaux et étaient ainsi conçus : — Jésus qui mort souffris pour les humains, — Merci, de coeur, te crie, à jointes mains. — Royne des cieux, pure et nette sans sy — Prie pour nous fille de Montmorency. — Saints Mars, Victour, Aubin et saint Melaine (nota : les saints évêques Victor, Aubin et Melaine étaient les amis particuliers de saint Marse, comme on peut le voir dans la vie de ce bienheureux) — Priez tous Dieu qu'à sa gloire nous meine. — Corps de saint Mars est ici enchâssé — Par Guy et Anne ; requiescant in pace ! — Amen. Outre cette châsse précieuse, l'autel de sainte Magdeleine était garni de deux bustes en bois doré, remplis de reliques, armoriés aux armes du trésorier François de Laval, évêque de Dol, qui les donna vers 1540 ; ils étaient placés « au haut dudit autel ». Enfin, au-dessus et au milieu du même autel, était une suspension renfermant les Saintes-Espèces ; c'était, en 1750, « un ciboire d'argent suspendu au grand autel et couvert d'un pavillon de velours fin cramoisi, orné de rubans or et argent, bordé de dentelles et petits glands rouges et argent et doublé de moire d'argent » (nota : en 1485, Michel Guibé, évêque de Rennes, avait autorisé les chanoines de Vitré à élever un "sacraire" dans leur église - Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 22). Treize pièces de tapisseries de haute-lice complétaient à la même époque l'ornementation de l'autel et du choeur de la Magdeleine, aux fêtes solennelles (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 8 G, 22). Telle était l'église collégiale de la Magdeleine de Vitré, que la Révolution transforma en magasin à fourrages, après en avoir dispersé le Chapitre. Elle devint plus tard caserne ; aujourd'hui elle n'existe plus, ayant été rasée pour faire place à la construction d'une école communale (Pouillé de Rennes) ;
Note 11 : liste des trésoriers de la Collégiale de Vitré : — Guillaume (1210). — André, au XIIIème siècle. — Jean de Montsurlon en 1265. — Raoul du Matz donna en 1287 les dîmes qu'il possédait dans la paroisse de Marcillé-Robert, et fonda ainsi la sacristie de la collégiale, unie plus tard au diaconat. — James Robasnier, vivant vers 1327, fonda deux obits en mars et juillet. — N............ Robasnier succéda au précédent, dont il était parent. — Hamon Le Taillandier, archidiacre de Rennes, fit construire vers 1374 le clocher de l'église collégiale ; on célébrait à son intention quatre obits en février, mai, septembre et octobre. — Gilles Tirel vivait en 1388. — Jehan Hodéart, archiprêtre de Bourgueil-en-Vallée, reçut le 27 juin 1404 la chapellenie de dom Gilles d'Erbrée, unie à la trésorerie, et la terre de la Chalmière, donnée au Chapitre le 17 août 1406. Jeanne, comtesse de Laval, lui confirma le 21 mai 1418 la jouissance de la dîme des moulins de Malipasse. Ce trésorier fit, comme on l'a vu, reconstruire le choeur de son église et mourut en 1420. Il avait été aussi prieur de Saint-Nicolas de Vitré. — Guillaume Portejoie, licencié en droit canon, passa une transaction le 22 octobre 1426 ; il vivait encore en 1451 et était alors prieur de Saint-Nicolas. — Guy du Boschet accepta le 5 juin 1455 une rente de 100 livres sur la seigneurie de Chévré, faite par le comte de Laval, seigneur de Vitré, pour la fondation des Petites-Heures canoniales dans l'église de la Magdeleine ; il devint conseiller et vice-chancelier de François II, duc de Bretagne, et fut nommé évêque de Cornouailles le 30 mars 1479. Il quitta alors Vitré et mourut le 10 janvier 1484. — Raoul Charron fut trésorier de 1480 à 1488. — Pierre Chabot l'était en 1488 et 1492. De son temps, Guy, comte de Laval et baron de Vitré, fonda le 15 mai 1491 l'office de la fête et de l'octave de la Visitation de la Sainte Vierge en son église collégiale, moyennant 100 sols de rente. — Pierre Le Baud, fils de Pierre Le Baud, seigneur de Saint-Ouen, dans le Maine, et de Jeanne de Châteaugiron, et doyen de Saint-Tugdual de Laval, était aussi trésorier de la Magdeleine de Vitré en 1495 ; il devint conseiller et aumônier de la reine-duchesse Anne de Bretagne, qui voulut en 1502 le nommer évêque de Rennes ; mais il ne monta point sur ce siège et mourut le 19 septembre 1505. Ce trésorier composa une Histoire de Bretagne et les Chroniques des maisons de Vitré et de Laval. — Jean d'Espinay, fils d'Henri, seigneur d'Espinay, et de Catherine d'Estouteville, prit possession de la trésorerie le 24 octobre 1505. Il fut aussi prieur de Saint-Nicolas de Senlis et chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris. — Pierre Jouault était trésorier en 1513 et 1518. — Jean Boulay alias de la Boulaye, recteur de la Chapelle-Erbrée, d'abord chanoine, fut nommé trésorier en avril 1518, fit le 21 juin 1521 la translation du corps de saint Marse dans la nouvelle châsse donnée par Guy XVI, et mourut le 22 septembre de la même année. — Tristan de Vendel, docteur en droit, fils de Jean de Vendel et d'Etaisse de Langan, chanoine de Dol, protonotaire apostolique, recteur de Plesguen, abbé du Tronchet en 1508, fut encore reçu trésorier de Vitré le 18 octobre 1523 ; il se démit en 1527 et mourut en 1533. — François de Laval, fils naturel de Guy XVI et d'Anne d'Espinay, fut reçu le 12 décembre 1527 ; l'année suivante il devint évêque de Dol. Il fut aussi abbé de Paimpont et du Tronchet, etc. Il mourut le 2 juillet 1556 dans son prieuré de Sainte-Catherine de Laval. Son corps fut inhumé dans le sanctuaire de sa cathédrale de Dol et son coeur fut déposé dans sa collégiale de Vitré. — Fiacre Amy fut pourvu à la suite du décès de l'évêque de Dol, en 1556, et mourut vers 1565. — Michel Tyrel, fils d'Olivier Tyrel et de Guyonne de Gennes, recteur de Cornillé et administrateur de Saint-Yves de Vitré, d'abord chanoine de la Magdeleine, prit possession de la trésorerie le 1er mars 1565 ; il résigna en 1574 et mourut le 5 septembre 1578. — Charles d'Argentré, pourvu sur la résignation du précédent, prit possession le 5 mai 1574 et résigna en 1582 en faveur du suivant. — Olivier Geslin, déjà chanoine, prit possession de la trésorerie le 31 juin 1582. Il embrassa avec ardeur le parti de la Ligue, devint recteur d'Etrelles et ne mourut que le 18 novembre 1630. — Georges de Frétart, sieur d'Anvilliers, prêtre du diocèse de Reims, prit possession le 8 février 1631 et mourut le 13 avril 1667. — Louis-Maurice de la Trémoille, fils de Henri de la Trémoille, duc de Thouars, prince de Talmont, comte de Laval et baron de Vitré, et de Marie de la Tour, prit possession de la Magdeleine le 31 mai 1667. Il devint abbé de Charroux et de Talmont, et doyen de Saint-Tugdual de Laval ; il résigna en faveur du suivant en 1672 et mourut le 25 janvier 1681. — Jean Vigneaux, docteur en théologie, prit possession le 6 octobre 1672 et mourut le 16 décembre 1688. — Philippe Amyot, recteur de Cesson, prit possession de la trésorerie le 4 avril 1689 et résigna cette dignité dès l'année suivante. — Jean Le Moyne, fils de Jean Le Moyne, sieur de la Maison-Neuve, et d'Etiennette Nouail, bachelier en théologie, prit possession le 17 octobre 1690 ; il fonda un obit au jour anniversaire de son décès, mourut le 20 août 1695 et fut inhumé le lendemain dans son église collégiale. — Charles-François Billon, sieur de l'Epineray, fils de Mathurin Billon, sieur du Demaine, et de Marie Hardy, licencié en l'Université de Paris, prit possession le 20 décembre 1695. Il fit en 1697 enregistrer ses armoiries : d'azur, à un chevron d'or, accompagné de trois billettes de même, deux en chef, une en pointe. Il mourut au commencement de 1736. — Jean-Baptiste Nouail, bachelier en droit, fils de Jean Nouail, sieur de la Foncherie, et de Marie Guy, fut nommé par le duc de la Trémoille, baron de Vitré, le 16 août 1736, et prit possession le 27 du même mois. Il mourut en 1753. — René Hourdier, sieur de Crannes, né à Domagné, fils de René Hourdier et de Jeanne Morel, devint trésorier le 24 janvier 1754 ; il mourut, âgé de soixante-douze ans, le 9 mars 1769, et fut inhumé dans son église collégiale. — Jean Thomas de la Plesse, fils de Jean Thomas de la Plesse et de Marie Curie, fut pourvu le 8 juin 1769. Il était aussi recteur de Chantenay, près Nantes, et y demeurait en 1772. Il conserva la trésorerie de la Magdeleine jusqu'à la destruction de cette collégiale, effectuée par la Révolution ; mort à Vitré le 9 avril 1791.
l'ancien hôtel du Pied de Boulet (1571) ;
l'hôtel de la Corne de Cerf (XVIème siècle) ;
l'hôpital général, fondé à la Gautrais en 1678. Sa chapelle est datée de 1713. L'Hôpital-Général de Vitré fut fondé en 1678 et quatre ans après, les administrateurs de cet hospice demandèrent à l'évêque des Hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve. Celui-ci y consentit volontiers, et le P. Ange Proust donna aussi son assentiment. Le 9 juin 1682, deux religieuses, Mme Marie Mainée, de Paris, et Laurence Jamot, de Saint-Malo, entrèrent à l'Hôpital-Général de Vitré et en commencèrent le service. Mais l'année suivante, au mois de mars, elles s'en retournèrent à Rennes et furent remplacées par trois demoiselles de Vitré. La cause de leur départ fut probablement le peu de ressources qu'on leur offrait. En 1729, les Hospitalières de Saint-Thomas revinrent à Vitré sur une nouvelle demande des administrateurs de l'Hôpital-Général. Elles arrivèrent au nombre de trois et ne quittèrent plus ensuite cet hospice jusqu'au moment de la Révolution. Chassées en septembre 1793, les Dames de Saint-Thomas rentrèrent à l'Hôpital-Général de Vitré en novembre 1795. Elles ont quitté définitivement cette maison en 1857. Jusqu'en 1856, la Congrégation des Filles du Coeur immaculée de Marie ne s'était point établie en dehors de l'hospice des Incurables de Rennes ; à cette époque elle accepta de tenir l'Hôpital-Général de Vitré, à la suite d'une donation de 30 000 fr. faite aux hospices de Vitré par Mlle de Freslon, à condition qu'une salle spéciale d'incurables fût créée à l'hospice général (Journal de Vitré, p. 310). La chapelle de cette maison est dédiée à saint Jseph (abbé Guillotin de Corson) ;
l'ancienne maison de retraite de Vitré. Jean-Baptiste Nouail, prêtre de Vitré, qui fut plus tard trésorier de la Magdeleine, fonda la maison de retraite de Vitré. Il fit venir de Fougères Françoise Le Loup de la Corbinais, soeur de la directrice des retraites de cette ville, et trois soeurs, Mlles Le Poitevin. Ces pieuses dames commencèrent la première retraite à Vitré au mois de mai 1716, et obtinrent l'autorisation de Mgr Turpin de Crissé de continuer leur oeuvre. En 1733, Mgr de Vauréal donna un règlement à cette maison de Vitré et confirma Jean-Baptiste Nouail dans la qualité de directeur, l'autorisant à choisir les confesseurs et prédicateurs nécessaires et accordant à ces derniers les mêmes pouvoirs qu'à des missionnaires. En même temps, l'évêque confirma les demoiselles Jacqueline, Suzanne et Magdeleine Le Poitevin, toutes trois soeurs, dans l'administration du temporel de la maison. Ces dames reconnurent en 1746 tenir du prieuré de Sainte-Croix leur maison de retraite située au faubourg de la Mériais. Leur chapelle avait été construite en 1723, et c'étaient les Eudistes qui prêchaient habituellement les exercices des retraites tant pour les hommes que pour les femmes (Journal historique de Vitré, 286, 313, 341). En 1790, Mlles Duchemin et de la Porte, directrices, firent la déclaration suivante de leur établissement : « Les immeubles et revenus consistent uniquement dans la maison vieille et mal bâtie et un jardin dans lequel est bâtie la chapelle. Cette maison et jardin sont évalués à 150 livres, et les réparations annuelles à environ 50 livres. Le surplus des ressources de cet utile établissement consiste dans le modique bénéfice résultant de la pension que payent les personnes qui, cinq fois par an, viennent s'y retirer pendant huit jours, pour s'y renouveler dans l'esprit du christianisme. On observe que les demoiselles directrices payent elles-mêmes leur pension, tant la maison est peu aisée. Les autres charges, outre les réparations, sont une rente de 30 livres due à Mme de Traissan (propriétaire du fief du prieuré de Sainte-Croix), et une rente viagère de 75 livres à une autre personne » (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 28). A l'époque de la Révolution, la maison de retraite de Vitré servit d'abord d'Hôpital-Général, puis fut vendue nationalement en 1796. L'abbé Breteau de la Guérétrie la racheta en 1808 pour en faire un Petit-Séminaire, mais en 1819 il la rendit à l'oeuvre des retraites, qui s'y continue encore à la fin du XIXème siècle (abbé Guillotin de Corson) ;
l'ancienne Ecole Notre-Dame. Il s'agissait d'une école libre de filles fondée en 1876 ;
l'ancien manoir de Bourjoly ;
l'ancien manoir du Mée. Propriété successive des familles Lignières (en 1449), Gennes (au milieu du XVIème siècle et en 1706), Charil (vers 1736) ;
l'ancien hôpital Saint-Yves, fondé au XIVème siècle. Il est uni à l’hôtel-Dieu à la fin du XVIIème siècle. Sa chapelle a été incendiée durant la Ligue ;
l'ancien manoir de la Mériais. Propriété successive des familles Chollet (en 1506 et 1521), Collin (vers 1585), Ravenel, Ernault (vers 1684), de Langle (en 1789) ;
l'établissement de la voie ferrée a amené la destruction d’une chapelle construite en 1731, qui se trouvait dans le cimetière de Sainte-Croix ;
les anciens manoirs des Grands et des Petits Ormeaux. Les Grand-Ormeaux ont appartenu successivement aux familles Henry, Matz (en 1506), le Roux (en 1534), Lévêque (en 1789). Les Petits-Ormeaux ont appartenu successivement aux familles Henry, Fournier, le Royer (en 1506), le Moyne (à la fin du XVIème siècle), Charil, sieurs de la Barre (vers 1610), Boispéan, Bretteau, sieurs de la Guérétrie (en 1789) ;
l'ancien manoir de la Chesnelière. Propriété successive des familles Téhel (en 1427), Deleberte, Bouscher (vers 1439 et en 1486), Pépin (en 1506 et 1553), Guillaudeu (en 1557), Gennes, sieurs de la Pinelière (vers 1599), Levesque, sieurs de la Billonnière (en 1754), Charil, sieurs de Villanfray ;
l'ancien manoir de la Bilonnière. Propriété successive des familles Sévigné (en 1427 et 1513), Guémadeuc, Gennes (en 1600), Levesque, Charil, sieurs de Villanfray ;
l'ancien manoir de Cherseul (Clerheux). Propriété successive des familles Sévigné (en 1427 et 1513), du Verger (en 1670), Bidaud, sieurs des Landes, Hay, Du Bourg, la Tullaye ;
l'ancien manoir de la Mare. Propriété successive des familles Sévigné (en 1427 et 1513), du Verger, du Pontdavy (en 1628), Guesdon ;
l'ancien manoir du Pont-Billon. Propriété des barons de Vitré en 1427 et 1513, puis de la famille Gennes, et de la famille Ravenel, seigneurs de la Morandière (vers 1553) ;
l'ancien manoir de Baillé. Propriété successive des familles Sévigné, seigneurs des Rochers (en 1513), Guyot, sieurs de la Fontenelle (en 1604 et 1627), Garson, sieurs de la Guichardière, Ravenel (en 1668), de Gennes, sieurs de la Picotière, Radiguer (en 1741) ;
l'ancien manoir de la Grande Ferrière. Propriété successive des familles Sévigné (en 1427), Guémadeuc (vers 1599), Samson, sieurs des Essarts (en 1730), Marion, sieurs du Val, Boispéan (en 1789) ;
les anciens manoirs du Grand et du Petit Ruillé. L’un d’eux possédait une chapelle. La chapelle de Ruillé, dépendant de ce manoir, était fondée de messes en 1722. Le Grand Ruillé appartenait en 1599 à la famille Grislet, seigneurs de la Tirelière, et à la famille Charil, sieurs de Beauvais en 1673 et en 1754. Le Petit Ruillé appartenait en 1478 à la famille Ravenel, puis à la famille Gauvaing au milieu du XVIème siècle, et à la famille Nouail au XVIème siècle et en 1779 ;
l'ancien manoir du Bas Gast. Propriété successive des familles Ménesbart (en 1427), Brillet, seigneurs de l’Aubinière, de Gennes (en 1584), Guillaudeu, sieurs de la Vieuville (vers 1624), Charil, sieurs de Beauvais (vers 1680), le Faucheur (vers 1736) ;
l'ancien manoir de l'Aiglerie ;
l'ancien manoir de la Quéterie ;
l'ancienne chapelle de Plaguet, démolie en 1925 ;
l'ancien manoir de Chanteloup. Propriété successive des familles la Patrière (en 1427), Sévigné (en 1513), Liais, sieurs du Cerny (en 1661), de Gennes (en 1740), Charil, sieurs des Mazures (en 1789) ;
le manoir de la Piltière. Propriété successive des familles Sévigné (en 1658), Liais, seigneurs du Cerny (en 1661), de Gennes, Bernard de Courville ;
l'ancien manoir de la Guichardière. Il possédait jadis une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Compassion. Propriété successive des familles Haugoumar (en 1492), Argentré (vers 1523), Ringues, seigneurs de la Troussannaye (en 1595), de Marcille (vers 1641), Ravenel (en 1672), le Faucheur, seigneurs de la Cocherie (en 1716), Geffrard, sieurs de la Barre (vers 1725), Kerambert (en 1767), Thomas, sieurs de la Plesse (en 1789) ;
l'ancienne léproserie au village de Saint-Etienne. La léproserie est réunie en 1583 à l’hôpital Saint-Nicolas. Sa chapelle a disparu. Une autre chapelle du XVI-XVIIème siècle a été aussi détruite en 1927 ;
l'ancien manoir de la Guilmarais. Propriété de la famille l'Espinay en 1431 et en 1479, puis de la famille de Gennes en 1634 et en 1709 ;
l'ancien manoir des Bas Rochers. Il appartenait aux seigneurs des Rochers ;
l'ancien manoir de la Garenne. Il possédait autrefois une chapelle. Propriété de la famille Liais, sieurs du Temple, puis de la famille Rabutin ;
l'ancien manoir de la Baillerie (Billerie). Propriété de la famille Sévigné en 1427 et en 1513 ;
l'ancien manoir de la Basse Morandière. Propriété successive des familles du Préauvé (en 1427), Ravenel (au milieu du XVème siècle), le Moyne (en 1629), Hoisnard (en 1740), Boispéan (en 1789) ;
l'ancien manoir de la Haute Morandière. Propriété successive des familles Samson (en 1427), du Verger (au milieu du XVIème siècle et en 1629), Marion (en 1740) ;
l'ancien manoir de la Rivière. Propriété successive des familles du Préauvé (en 1427), Charil, de Gennes, sieurs de Beauchêne, Courcelles (en 1740) ;
l'ancien manoir du Boullay. Propriété de la famille Sévigné en 1427 et en 1658 ;
l'ancien manoir de l'Epine ;
l'ancien manoir de Clérisse. Il est donné en 1363 par Guy XII de Laval à l’hôpital Saint-Yves, à charge d’une messe chantée par an ;
l'ancien manoir de la Galionays (Galiennais). Propriété successive des familles du Matz (en 1427), Berte (en 1552), Monnerie (au XVIIème siècle), Reste (en 1740) ;
ANCIENNE NOBLESSE de VITRE
La baronnie de Vitré : Pour récompenser le dévouement d'un de ses chevaliers nommé Riwallon, Geoffroy Ier, duc de Bretagne, lui donna un grand fief limitrophe du Maine et de l'Anjou. « Dans ce fief, sur les deux plus grosses rivières qui le traversaient, Riwallon érigea deux châteaux, l'un au nord sur la Vilaine, qui fut Vitré, et l'autre au sud, sur la Seiche, Marcillé-Robert. Ce dernier semble avoir été d'abord le plus important ; c'était d'ailleurs un lieu fort anciennement habité où on avait battu monnaie à l'époque mérovingienne ; Riwallon s'y tenait aussi de préférence. Vitré, au contraire, création nouvelle, n'était encore guère peuplé ; d'ailleurs, la forteresse de Riwallon ne s'élevait point au lieu qu'occupe le château actuel, mais vis-à-vis, un peu plus au sud, dans l'emplacement même de l'église et du cimetière de Sainte-Croix. Telle fut l'origine de la baronnie de Vitré, certainement antérieure à la mort du duc Geoffroy Ier, c'est-à-dire à l'an 1008 » (A. de la Borderie – La ville de Vitré et ses premiers barons – Revue de Bretagne et Vendée, XVIII, 436). Le premier baron de Vitré avait épousé Gwen-Argant qui lui avait apporté avec la vicomté de Rennes la charge de lieutenant du comte de Rennes, ce qui le fit appeler Riwallon-le-Vicaire ou le Vicomte. Leur fils Tristan, devenu baron de Vitré à la mort de son père vers 1030, épousa Inoguen de Fougères ; celle-ci reçut en dot la seigneurie de Châtillon-en-Vendelais. « Robert Ier, fils et héritier de Tristan, peut être considéré comme le véritable fondateur de la ville de Vitré. Ses deux prédécesseurs n'avaient là qu'un château presque isolé qu'ils habitaient rarement. Robert qui affectionnait cette résidence, trouva ce château mal situé et le transporta sur ce promontoire de roches abruptes où il se dresse encore aujourd'hui » (A. de la Borderie – La ville de Vitré et ses premiers barons – Revue de Bretagne et Vendée, XVIII, 436). A côté il bâtit une église dédiée à Notre-Dame et donna aux moines de Marmoutiers l'ancien château de Riwallon pour y fonder un prieuré sous le vocable de Sainte-Croix. « Autour de Sainte-Croix, autour de Notre-Dame, autour du nouveau château des habitations s'élevèrent, se groupèrent et s'étendant de proche en proche, finirent par se réunir et former une ville » (A. de la Borderie – La ville de Vitré et ses premiers barons – Revue de Bretagne et Vendée, XVIII, 436). Quant à Robert Ier, après avoir pris part à la conquête de l'Angleterre: il fit le pèlerinage de Jérusalem et mourut vers 1090. De sa femme Berthe de Craon il laissait un fils qui lui succéda sous le nom d'André Ier, mourut en 1135 et fut inhumé dans l'église Notre-Dame de Vitré. Robert II, fils d'André Ier et d'Agnès de Mortain, eut une vie singulièrement agitée que le défaut d'espace ne nous permet pas de raconter ; il épousa Emme de la Guerche et finit ses jours sous l'habit religieux à l'abbaye de Marmoutiers. Son fils Robert III, mari d'Emme de Dinan, décéda en 1173. Il eut pour successeur André II, son fils aîné, l'un des plus intrépides champions de l'indépendance bretonne contre les Anglais. Ce seigneur alla deux fois en Palestine et se croisa une troisième fois pour combattre les Albigeois ; il mourut en 1211, ayant épousé successivement trois femmes : Mahaut de Mayenne, Eustachie de Rays et Luce Paynel. André III, fils du précédent, baron de Vitré, eut comme lui le goût des lointains voyages : en 1226 il visita Saint-Jacques de Compostelle ; en 1239 il suivit Pierre Mauclerc en Terre-Sainte et y retourna en 1248 sous les ordres du roi saint Louis. Il fut tué le 8 février 1250, au combat de la Massoure. André III avait épousé d'abord, Catherine de Thouars, puis Thomasse de Pouancé (B. de Broussillon – La maison de Laval) ; mais il ne laissait qu'un fils, André IV, âgé de deux ans à peine et qui mourut dès le 15 mars 1251. Par cette mort la baronnie de Vitré échut à la soeur aînée d'André IV, Philippette de Vitré, issue du premier lit et mariée depuis 1239 à Guy VI sire de Laval. Ainsi finit la maison de Vitré qui portait pour armes : De gueules au lion contourné et couronné d'argent.
Le sire de Laval, devenu baron de Vitré, était fils de Mathieu de Montmorency et d'Emme de Laval ; il avait eu Laval du chef de sa mère comme il eut Vitré du chef de sa femme ; cette dernière mourut en 1254 et lui-même décéda en 1267. Guy VII, son fils, sire de Laval et de Vitré, s'unit à Isabeau de Beaumont, dame de Caserte en Italie, et mourut en 1295. Guy VIII, sire de Laval et de Vitré et comte de Caserte, épousa Béatrice dame du Gavre en Flandre et décéda en 1333. Sou fils Guy IX fut tué à la Roche-Derrien en 1347 et enterré à Vitré ; il avait épousé en 1315 Béatrice de Bretagne, fille du duc Arthur II, qui ne mourut qu'en 1384 et dont il eut Guy X et Guy XI, successivement après lui sires de Laval et de Vitré ; le premier mourut sans postérité dès 1348, le second décéda en 1412 laissant de Jeanne de Laval un fils Guy XII victime d'un accident mortel et une fille nommée Anne (P. Anselme – Les Grands Officiers de la Couronne, III, 627). Guy XII étant mort avant d'avoir contracté mariage, sa soeur Anne de Laval hérita de ses importantes seigneuries. Elle s'était unie dès 1404 à Jean de Montfort qui prit le nom et les armes de Laval et devint Guy XIII. Ce seigneur mourut à Rhodes, revenant de Terre-Sainte en 1415 mais sa veuve lui survécut jusqu'en 1465. Guy XIV, fils des précédents, leur succéda et fut le premier comte de Laval, baron de Vitré et de Montfort. Il décéda en 1486, ayant épousé d'abord Isabeau de Bretagne fille du duc Jean V, puis Françoise de Dinan, dame de Châteaubriant. Du premier lit sortit Guy XV, marié à Catherine d'Alençon et mort le 15 mai 1500. Ce dernier eut pour successeur son neveu Guy XVI, fils de Jean de Laval sire de la Roche-Bernard. Guy XVI épousa successivement : Charlotte d'Aragon, princesse de Tarente, Anne de Montmorency et Antoinette de Daillon ; il mourut le 20 mai 1531 et eut pour successeur son fils Guy XVII, issu de sa seconde union. Celui-ci décéda en 1547, sans laisser d'enfants de Claude de Foix, sa femme. Sa succession fut alors recueillie par sa nièce Renée de Rieux, fille de Claude sire de Rieux et de Catherine de Laval. Cette dame prit le nom de Guyonne XVIII ; elle avait épousé en 1540 Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesles, et elle mourut sans postérité en 1567. Après elle, son neveu Paul de Coligny devint comte de Laval et baron de Vitré sous le nom de Guy XIX ; il était fils de François de Coligny, seigneur d'Andelot, et de Claudine de Rieux ; il décéda en 1586, laissant veuve Anne d'Allègre. François de Coligny, son fils, lui succéda et prit le nom de Guy XX ; mais ce jeune homme fut tué à la guerre en Hongrie, sans avoir été marié et âgé seulement de vingt ans en 1605.
La baronnie dé Vitré et le comté de Laval passèrent encore une fois aux mains d'une autre famille qui les conserva jusqu'à la Révolution. Henri de la Trémoille, duc de Thouars, petit-fils d'Anne de Laval fille de Guy XVI, recueillit ces belles seigneuries. C'était alors un enfant placé sous la tutelle de sa mère Charlotte de Nassau, veuve de Claude sire de la Trémoille, duc de Thouars et prince de Talmont, décédé en 1604. Cette dame fit hommage au roi en 1606, au nom de son fils, pour la baronnie de Vitré et le comté de Montfort (Archives de Loire-Inférieure, B 67). Plus tard Henri, créé duc de la Trémoille s'unit en 1619 à Marie de la Tour fille du duc de Bouillon ; il en eut un fils aîné Henri-Charles de la Trémoille, prince de Tarente, qui épousa en 1648 Emilie de Hesse-Cassel. En 1661 le duc de la Trémoille se démit en faveur de son fils de son duché et de la baronnie de Vitré (A. de la Borderie, Madame de Sévigné et sa tour – Journal de Rennes, 1882) ; mais il lui survécut, n'étant mort qu'en 1674 et ayant eu la douleur de le perdre deux ans auparavant. Le fils du prince de Tarente, Charles-Belgique, duc de la Trémoille et comte de Laval, fit un hommage au roi en 1681 pour sa baronnie de Vitré et son comté de Montfort (Archives de Loire-Inférieure, B 86). Il avait épousé en 1675 Madeleine de Créquy et il mourut à Paris en 1709. Charles-Louis Bretagne, fils des précédents, duc de la Trémoille, comte de Laval et baron de Vitré, décéda dix ans plus tard, laissant de son union avec Madeleine de la Fayette Charles-Armand duc de la Trémoille, baron de Vitré, etc., qui épousa Marie-Victoire Hortense de la Tour d'Auvergne et mourut âgé de trente-trois ans à Paris en 1741. Le fils de ces derniers Jean-Bretagne, duc de la Trémoille, clôt cette longue liste des barons de Vitré. Né en 1737, il se maria le 18 février 1751 à Marie-Geneviève de Durfort, dont il n'eut point d'enfants, et en 1763 à Marie-Maximilienne de Salm-Kirbourg. Il mourut à Aix en Savoie, le 19 mai 1792 ; sa femme était morte à Nice le 12 juillet 1790 (Abbé Pâris-Jallobert, Journal historique de Vitré, 349). De son second mariage il avait plusieurs fils, entre autres Charles-Bretagne, duc de la Trémoille, marié en 1781 à Louise de Châtillon, dont la postérité subsiste encore à la fin du XIXème siècle — et Antoine-Philippe prince de Talmont, condamné à mort à Vitré, le 26 janvier 1794, par une commission révolutionnaire et exécuté le lendemain à Laval en face du château de ses ancêtres (Abbé Pâris-Jallobert, Journal historique de Vitré, 462). La baronnie de Vitré — dit l'éminent historien breton M. de la Borderie — « était une des plus grandes seigneuries de notre province, la plus étendue assurément de toute la Haute-Bretagne. Au nord elle montait jusqu'au Couesnon, à une lieue environ de la ville de Fougères ; au sud elle descendait jusque et y compris la paroisse de Villepot, à quatre lieues de Châteaubriant, soit une quinzaine de lieues de longueur. Sa plus grande largeur de l'est à l'ouest était de la frontière bretonne auprès du Pertre, à la paroisse d'Acigné, soit neuf à dix lieues ; mais ailleurs son territoire était moins large et s'étrécissait surtout beaucoup vers le sud, pressé entre la baronnie de la Guerche d'une part, et d'autre part les seigneuries de Brie, du Teil et de Piré. Malgré cela elle s'étendait dans plus de quatre-vingts paroisses, et dans ce nombre il y en avait au moins soixante-dix relevant du baron de Vitré, en proche ou en arrière-fief, pour la totalité ou la très grande généralité de leur territoire » (La ville de Vitré et ses premiers barons – Revue de Bretagne et Vendée, XVIII, 446).
De toute antiquité la baronnie de Vitré se trouvait divisée en quatre grandes châtellenies : Vitré, Marcillé-Robert, Châtillon-en-Vendelais et Chevré. Par lettres patentes du 5 décembre 1623, Louis XIII y unit la châtellenie du Désert-en-Domalain, et ces lettres royales furent enregistrées au Parlement de Bretagne le 26 mars 1624 (Archives du Parlement de Bretagne, 16e reg. 314). Longtemps avant cette époque, les châtellenies de Mézières et du Pertre furent également annexées à la baronnie de Vitré. Enfin pendant plusieurs siècles la baronnie d'Aubigné et la vicomté de Rennes appartinrent aux barons de Vitré sans faire partie toutefois de leur baronnie. Ainsi au XVIIème siècle la baronnie de Vitré se composait de sept châtellenies qui toutes, sauf la première, nous sont déjà connues.
– 1° La châtellenie de Vitré comprenant les paroisses de Notre-Dame, Sainte-Croix et Sainte-Martin de Vitré, Pocé, Montreuil-sur-Pérouze, Balazé, Etrelles, Argentré, Erbrée, la Chapelle-Erbrée, Saint-M'hervé, Montautour, Taillis, Champeaux, Châteaubourg, Saint-Didier, Domagné, Saint-Aubin-des-Landes, Cornillé, Louvigné-de-Bais, Torcé, Vergeal, Brielles ; elle s'étendait, en outre, sur une partie de Mondevert, Izé, Livré, Marpiré, Saint-Jean-sur-Vilaine, Bais, Moulins, Acigné, Cesson et Thorigné (Journal historique de Vitré, 203).
- 2° La châtellenie de Marcillé s'étendant en Marcillé-Robert, Forges, Fercé, Villepot, Noyal-sur-Brutz, Tourie (ou Thourie), Retiers, le Teil, Moulins, Chancé, Bais (nota : ce qu'on nommait la vicomté de Bais faisait partie de la châtellenie de Marcillé) et Moutiers.
- 3° La châtellenie de Châtillon comprenant Châtillon-en-Vendelais, Saint-Christophe-des-Bois, Chesné, Mecé, Vendel, Billé, Combourtillé, Javené, Parcé, Dompierre-du-Chemin, Princé, Luitré, la Celle-en-Luitré, Beaucé Montreuil-des-Landes (Journal historique de Vitré, 204).
- 4° La châtellenie de Chevré « se distinguait des autres par un trait assez caractéristique ; elle représentait le territoire originairement couvert par l'ancienne forêt de Chevré, l'un des quartiers de cette immense forêt rennaise, célèbre dans notre histoire et dont le duc de Bretagne, en créant la baronnie de Vitré, avait détaché une part pour décorer le nouveau fief. De là la composition de cette châtellenie formée de pièces répandues assez irrégulièrement dans une douzaine de paroisses qui par le reste de leur territoire relevaient de la châtellenie de Vitré » (La ville de Vitré et ses premiers barons – Revue de Bretagne et de Vendée, XVIII, 447). Ces paroisses se nommaient la Bouëxière, Broons, Servon, Noyal-sur-Vilaine, Izé, Marpiré, Saint-Jean-sur-Vilaine, Acigné, Dourdain, Champeaux et Livré.
- 5° La châtellenie du Désert s'étendant en Domalain, Availles, Moutiers, Bais, Visseiche, Moulins, Chancé, Saint-Germain-du-Pinel, Gennes, Brielles, le Pertre et Vergeal.
- 6° La châtellenie de Mézières comprenant une partie des paroisses de Mézières, Ercé, Liffré, Gosné, Saint-Jean-sur-Couësnon, Saint-Aubin, la Bouëxière et Dourdain.
- 7. Enfin la châtellenie du Pertre s'étendant dans le Pertre, Bréal et Mondevert, mais se trouvant en dernier lieu unie à la châtellenie de Vitré.
Plus de cent juridictions seigneuriales, dont soixante hautes justices relevaient de la baronnie de Vitré : parmi elles se trouvaient les marquisats d'Acigné, du Bordage, du Châtelet, de la Dobiaye et d'Espinay, les vicomtés de Fercé, Mayneuf et Tourie (Thourie), la baronnie des Nétumières, les châtellenies de la Clarté, le Gué, la Montagne, Retiers, Serigné, etc. La haute justice ordinaire de la baronnie et celle des eaux et forêts du baron s'exerçaient à Vitré même dans l'auditoire qu'accompagnait une chapelle dédiée à saint Louis. Les fourches patibulaires se dressaient hors de la ville, près la porte Gâtesel, sur le marché aux bestiaux (Journal de Vitré, 204). Toute la baronnie relevait du roi en sa cour de Rennes, à devoir de foi et hommage seulement, « sans aucun debvoir de bail, rachapt ny chambellenage » (Déclaration de Vitré en 1631). Le baron de Vitré jouissait de tous les droits ordinaires des grandes seigneuries : capitainerie et guet pour ses châteaux, supériorité et fondation d'églises et de chapelles, foires et marchés, moulins et fours à ban, coutumes, etc., etc. Il avait aussi le droit de faire les nouveaux mariés courir la quintaine dans plusieurs paroisses, notamment en Etrelles, Châtillon, Mézières et Domalain. Il lui était dû plusieurs repas par certains vassaux : en Châteaubourg, par les hommes du fief de Bonnemaison, un dîner et un souper tous les ans ; — en Retiers, par les usagers des landes, un dîner tous les sept ans (voir la châtellenie de Marcillé-Robert) ; — en Izé, par les tenanciers de la Villedemaux « un dîner et souper de poules audit lieu de la Villedemaux, une fois l'an, au plaisir et volonté du seigneur de Vitré, tant pour lui que pour ses gens et serviteurs ; et au souper chandelle de cire pour la table dudit seigneur et chandelle de suif pour les autres : et pour les chevaux de la selle dudit seigneur avoine grosse et pour les autres avoine menue, et pour tous iceux chevaux paille blanche » (Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de Vitré). A Vitré, la confrérie de l'Annonciation, autrement dite des marchands, tenait du baron de cette ville un grand jardin, sous la seule obligation de présenter audit seigneur ou à son receveur « chacun an un bouquet d'oeillets ou de roses au jour de Feste-Dieu » (A. de la Borderie – Annuaire de Bretagne, 1861, P. 195).
Naturellement
le domaine proche de la baronnie de Vitré était important. C'était d'abord le château de Vitré. Sans parler de la
forteresse bâtie par Riwallon là où se trouve Sainte-Croix, « il y eut successivement
trois châteaux de Vitré : le premier construit par Robert
Ier, vers 1050 et qui n'était qu'un donjon — celui d'André II et
André III, construit au commencement du XIIIème siècle, qui avait le même
plan que le château actuel ; de ce second château il reste quelques
courtines et la vieille tour située entre le Châtelet et la tour
Saint-Laurent. — Enfin le troisième, dont la dernière tour fut terminée
en 1420, et qui subsiste encore en grande partie à la fin du XIXème siècle
» (A. de la Borderie – Bulletin de l'Association bretonne, classe d'archéologie
2e série, XII, 160)
Nous terminerons cette étude par la description du château de Vitré et nous l'emprunterons encore à M. de la Borderie, auquel il appartient si bien de parler de cette ville qui s'honore de lui avoir donné le jour. « Le château de Vitré a la forme d'un triangle dont la base s'appuie à l'Est, sur la ville, et dont la pointe dirigée vers le Nord-Ouest, est marquée par une tour connue aujourd'hui sous le nom de Tour Plombée, plus anciennement tour de Montafilan, qui était, au spirituel comme au temporel, sous la juridiction de l'évêque de Dol. — A l'angle Nord-Est s'élève la tour de la Magdeleine (nota : cette tour tirait son nom de l'église collégiale de Sainte-Magdeleine qu'avaient fondée près de leur château les barons de Vitré) ou des Archives, primitivement dite Tour Neuve (parce qu'elle fut la dernière construite du château, et à l'angle Sud-Est la Tour Saint-Laurent, la plus grosse de toutes, qui était à proprement parler le donjon de la place. Entre la tour de la Magdeleine et la tour Saint-Laurent, à peu près à moitié chemin, il en existait une autre dite Tour au Véel (Tour au Veau) détruite longtemps avant la Révolution. Mais la courtine sud, qui relie la Tour Plombée à la tour Saint-Laurent, est encore défendue par deux tours de moindre force, l'une semi-circulaire, dite de l'Argenterie, et l'autre de forme carrée, dont le pignon intérieur, en dedans du château, porte suspendu un charmant édicule, — absidiole à pans coupés, percée d'arcades en plein cintre soutenues par d'élégants pilastres, couronnée d'un dôme avec lanterne, et portée sur une base à nid d'hirondelle construit en encorbellement ; toute la surface de ce petit monument est couverte de sculptures, caissons, rinceaux, figurines et arabesques du travail le plus exquis, dans le style le plus fleuri de la Renaissance. On a souvent voulu voir dans cet édicule une tribune destinée à la prédication, mais ce n'est autre chose que l'abside d'une petite chapelle intérieure. L'entrée du château de Vitré est placée à l'Est, entre la tour Saint-Laurent et celle de la Magdeleine, dans un bâtiment appelé le Châtelet, digne d'être cité comme l'un des types les plus élégants de l'architecture militaire du Moyen-Age. C'est un logis à peu près carré, fort élevé, remparé à sa partie antérieure de deux tours semi-circulaires d'un fort relief, et pourtant très sveltes, exhaussées d'un étage au dessus des créneaux et coiffées de toitures coniques fort aiguës, d'une grande légèreté. Entre ces deux tours la porte du château s'ouvre sous un grand arc ogival, orné de moulures toriques. La galerie des machicoulis, qui entoure tout l'édifice, se trouve portée sur de longues consoles, reliées entre elles par des arcatures découpées en trèfle. L'escalier intérieur est remarquable par ses paliers couverts de voûtes à nervures, retombant sur des modillons sculptés, dont les uns représentent des têtes de moines, de chevaliers, de femmes, des mains gantées, des animaux, des feuillages, etc., le tout dans le style correct et élégant du XIVème siècle » (A. de la Borderie – Bretagne contemporaine, Ille-et-Vilaine, p. 100). Ajoutons que ce château, actuellement propriété de la ville de Vitré et du Département d'Ille-et-Vilaine, vient d'être l'objet d'une excellente restauration (fin du XIX siècle - début du XXème siècle) : le Châtelet notamment — dont les salles contiennent une bibliothèque et un musée — et la tour Saint-Laurent méritent aujourd'hui de figurer parmi les plus beaux monuments que nous a laissés l'art militaire du temps passé. La ville de Vitré était également bien fortifiée et offrait encore au commencement du XIXème siècle un curieux spécimen des villes fortes d'autrefois (abbé Guillotin de Corson).
Voir "Documents concernant la Baronnie de Vitré (Bretagne)"
La seigneurie des Rochers : S'il est dans notre pays un ancien manoir seigneurial bien connu, c'est assurément celui des Rochers, à une lieue de Vitré. Ce ne fut jamais cependant une forteresse redoutée et il ne s'y accomplit aucun fait d'armes historique ; mais cette maison fut la demeure préférée en Bretagne d'une des femmes les plus justement célèbres du XVIIème siècle, Mme de Sévigné, et le nom de celle-ci lui est demeuré depuis intimement uni. Toutefois si tout le monde a visité les Rochers, ou tout au moins vu ce château en image et lu la description de ses appartements et de ses beaux entourages, beaucoup de gens ignorent encore l'importance féodale de cette seigneurie possédée par Marie de Rabutin, marquise de Sévigné ; c'est ce que nous allons essayer de faire connaître. Dans son article sur la paroisse d'Etrelles, Ogée parle comme suit de la terre des Rochers : « L'ancien château des Rochers appartenait en 1270 à Jamet de Sévigné, chevalier, seigneur des Rochers. Cette terre a haute, moyenne et basse justice » (Dictionnaire historique et géographique de Bretagne). Malheureusement, rien ne prouve que ce Jamet de Sévigné — seigneur de Sévigné en la paroisse de Cesson près Rennes et tige en 1279 de la filiation suivie des sires de Sévigné — ait possédé les Rochers ; le contraire est plutôt vraisemblable. Nous verrons bientôt, en outre, que la seigneurie des Rochers n'avait point une haute juridiction. La famille de Sévigné ne parait s'être établie au pays de Vitré qu'au XIVème siècle, à la suite du mariage contracté en 1355 par Guy de Sévigné, seigneur dudit lieu, avec Agaice Rabaud, héritière de la seigneurie du Châtelet en Balazé. La terre et les fiefs des Rochers appartenaient alors aux sires de Mathefelon qui donnèrent presque successivement (de 1295 à 1370) trois abbesses à l'abbaye Saint-Georges de Rennes. En 1410, Anne de Mathefelon, fille et principale héritière de Guillaume de Mathefelon, chevalier, seigneur des Rochers, épousa, par contrat du 10 mars, Guillaume III de Sévigné, seigneur dudit lieu et du Châtelet ; elle lui apporta la seigneurie des Rochers qu'ils possédaient en 1427 et dont elle fit elle-même aveu au baron de Vitré le 17 janvier 1448. A partir de cette époque et durant trois siècles consécutifs, les sires de Sévigné possédèrent les Rochers. Guillaume IV de Sévigné, fils des précédents, seigneur de Sévigné, du Châtelet et des Rochers, épousa en 1427 Isabeau de Malestroit ; chambellan de Jean V, duc de Bretagne, il obtint de ce prince l'érection en bannière de sa terre de Sévigné, par lettres patentes du mois de novembre 1440 (nota : Il est à remarquer que la terre de Sévigné n'eut pas d'autre érection que celle-là ; le titre de marquis de Sévigné fut un titre purement honorifique que le premier prit Henri de Sévigné ; quand ce seigneur épousa Marie de Rabutin en 1644, il se qualifia simplement baron de Sévigné, comme faisait son père ; plus tard il changea ce titre en celui de marquis que porte son épitaphe en 1651 et que conservèrent sa veuve et son fils). Il mourut en juin 1443, laissant sous la tutelle de sa veuve son fils encore jeune. Ce dernier, nommé Guillaume V de Sévigné, s'unit en 1462 à Jacquette de Montmorency ; chambellan, comme son père, du duc de Bretagne, il vit son château de Sévigné ruiné par la guerre civile vers 1484 (De Couffon, La Chevalerie de Bretagne, II, 420). Guy III de Sévigné, fils des précédents, marié vers 1490 à Gillette de Tréal, dame de Bodégat et du Buron, ne reconstruisit pas le château de Sévigné et vint habiter les Rochers qu'il rebâtit, semble-t-il, tels à peu près qu'ils subsistent encore à la fin du XIXème siècle (nota : au XVIIIème siècle, on ajouta seulement une aile à l'ancienne construction). Il mourut vers 1521, laissant ses seigneuries à son fils Christophe de Sévigné qui venait d'épouser en 1519 Renée Baranton, fille du seigneur de la Roche-Baranton. De cette dernière union naquirent deux fils : Claude de Sévigné, décédé sans postérité vers 1544, et Joachim de Sévigné, qui rendit aveu en 1553 pour sa seigneurie des Rochers (Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de Vitré). Devenu dès 1534 l'époux de Marie du Quellenec, fille du vicomte du Faou, Joachim de Sévigné eut pour fils Pierre de Sévigné, seigneur dudit lieu et des Rochers, marié en 1562 à Jeanne Laurens, dame du Branday. Celui-ci était mort en 1583, laissant deux enfants Jacques et Marie ; mais Jacques de Sévigné n'eut pas de postérité de son union avec Marie Le Poulchre, et décédé en 1599 il laissa ses terres de Sévigné et des Rochers à sa soeur Marie de Sévigné, mariée dès 1584 à son cousin Joachim de Sévigné, seigneur de la Baudière en Saint-Didier (Bibliothèque Nationale – Cabinet des titres). Ces derniers fixèrent leur résidence aux Rochers dont ils firent l'aveu en 1603 et où décéda le 19 mai 1612 Joachim de Sévigné ; son corps fut inhumé le 22 au choeur des Moines, dans l'église Notre-Dame de Vitré, en présence de l'évêque de Rennes. Sa veuve, Marie de Sévigné, ne mourut que le 12 août 1635 et fut enterrée le lendemain près de lui (Abbé Pâris-Jallobert – Journal historique de Vitré, 69). Charles de Sévigné, leur fils, né en 1598 et qualifié baron de Sévigné, épousa : - 1° en 1621 Marguerite de Vassé, nièce du cardinal de Retz et décédée en 1624, - 2° Marguerite de Coëtnempren, veuve de Guy de Keraldanet. Ce seigneur mourut aux Rochers le 14 janvier 1635, revêtu de l'habit des religieux de saint Dominique ; il fut inhumé à Notre-Dame de Vitré, au tombeau de ses ancêtres, et sa veuve convola en troisièmes noces avec Honorat d'Acigné. Le seigneur de Sévigné laissait un fils mineur nommé Henri, sous la tutelle de son parent, Renaud de Sévigné, seigneur de Montmoron. Henri, qualifié d'abord baron, puis marquis de Sévigné, né le 16 mars 1623, épousa en l'église Saint-Gervais de Paris, le 4 août 1644, Marie de Rabutin, fille du baron de Chantal. Peu de temps après leur mariage, les deux époux vinrent habiter les Rochers où ils demeurèrent plusieurs années ; Mme de Sévigné regagna toutefois Paris pour faire ses premières couches et y donna le jour, le 10 octobre 1646, à sa fille Françoise, devenue plus tard comtesse de Grignan. Elle revint plus tard aux Rochers où elle accoucha, au mois de mars 1648, de son fils Charles. Etant retourné à Paris, le marquis de Sévigné y succomba à la suite d'un duel avec le chevalier d'Albret, le 6 février 1651 ; il fut inhumé dans l'église des Visitandines de Paris ; l'année suivante, sa veuve vint passer neuf mois aux Rochers (Lettres de Mme de Sévigné, édition de Montmerqué). Quoique obligée de résider souvent à Paris, où l'intérêt de ses enfants ne lui permettait pas de se faire oublier, Mme de Sévigné continua de venir passer de longs mois aux Rochers ; elle y séjourna notamment tout l'hiver de 1666, et de 1671 à 1690 sa correspondance mentionne tous les quatre ans au moins un voyage en Bretagne ; ces passages de diverses durées équivalent environ à un séjour de six années (De la Brière – Mme de Sévigné en Bretagne). Elle mourut au château de Grignan, sur les bords du Rhône, âgée de soixante-dix ans, le 17 avril 1696 ; elle fut inhumée le lendemain dans l'enfeu du comte de Grignan, son gendre, époux de Françoise de Sévigné, en l'église collégiale Saint-Sauveur de Grignan (Lettres de Mme de Sévigné, I, 335). Charles, qualifié marquis de Sévigné, son fils, seigneur des Rochers, lieutenant du roi au comté nantais, épousa à Saint-Aubin de Rennes, le 8 février 1684, Jeanne-Marguerite de Brehant, fille du baron de Mauron. Il rendit aveu pour les Rochers en 1688, comme avait fait sa mère en 1667. Les jeunes époux vinrent habiter les Rochers, mais n'ayant point d'enfants, ils se firent, le 25 mai 1688, donation mutuelle de tous leurs biens, moitié en propriété et moitié en usufruit (Généalogie de la maison de Bréhant, 164). Charles de Sévigné mourut à Paris, le 26 mars 1713, et fut inhumé dans l'église Saint-Jacques du Haut-Pas ; sa veuve lui survécut jusqu'au 29 avril 1737 et fut enterrée au cimetière de cette même église (Lettres de Mme de Sévigné, XII, 22). A la mort du marquis de Sévigné, la terre seigneuriale des Rochers échut à sa nièce Pauline de Grignan, mariée en 1695 à Louis marquis de Simiane. Ces derniers la vendirent, par contrat du 4 août 1715, à leur parent, Jean-Paul Hay, baron des Nétumières (nota : C'était le fils aîné de Paul Hay, baron des Nétumières, et de Françoise de Bréhant. — Louis marquis de Simiane était lui-même issu du mariage de Charles marquis de Simiane avec Magdeleine Hay du Châtelet), époux d'Elisabeth de Cornulier. Le prix convenu fut de 106 000 livres, mais la dernière marquise de Sévigné, ayant droit en vertu de la donation de 1688 à la moitié de la propriété des Rochers, céda ce droit estimé 50 000 livres à son cousin germain le baron des Nétumières qui ne paya qu'en conséquence son acquisition. Il dut toutefois débourser en outre 8 000 livres « pour les meubles garnissant la maison des Rochers » (Généalogie de la maison de Bréhant, 164 – Généalogie de la maison de Cornulier, 2e suppl., 32). La famille Hay des Nétumières vint à son tour résider aux Rochers où décéda en mai 1717 Paul Hay, baron des Nétumières. Son fils, le seigneur des Rochers, Jean-Paul Hay, baron des Nétumières, mourut le 10 novembre 1726 et Elisabeth de Cornulier, sa veuve, lui survécut jusqu'en 1747. Leur fils, Charles-Paul-Hay, qualifié marquis des Nétumières, épousa en 1735 Marie-Rose de Larlan de Kercadio, mourut, comme ses prédécesseurs, aux Rochers, le 3 novembre 1762, et fut inhumé comme eux dans leur enfeu seigneurial de l'église des Dominicains à Vitré. Il laissait ses seigneuries à son fils, Marie-Paul Hay, marquis des Nétumières, marié en 1779 à sa parente Emilie-Olympe Hay de Bonteville, et dernier seigneur des Rochers.
La seigneurie des Rochers, malgré son ancienneté, n'était point une haute juridiction ; elle ne jouissait que d'une moyenne et basse justice exercée à Vitré en 1667 en l'auditoire de la baronnie de ce nom dont elle relevait. Mais au commencement du XVIIème siècle le seigneur des Rochers possédait aussi les seigneuries de la Haye de Torcé (nota : Située en la paroisse de Torcé, cette terre appartint durant les XVème et XVIème siècles à la famille du Bouschet ; la Haye de Torcé relevait, comme les Rochers, de la baronnie de Vitré) et du Pin en Domalain (nota : Les fiefs du Pin en Domalain étaient venus aux mains des sires de Sévigné par le mariage de l'un d'eux avec Marguerite du Pouez ; ils relevaient de la châtellenie du Désert unie à la baronnie de Vitré), l'une et l'autre dotées d'une haute justice, et au siècle dernier il fit exercer ensemble ces trois juridictions dans son auditoire du bourg d'Etrelles (Archives d'Ille-et-Vilaine, C, 1818) ; comme la terre des Rochers était le plus important des trois domaines, son possesseur fut naturellement, quoiqu'à tort, considéré comme étant seigneur haut justicier des Rochers. Nous n'avons à nous occuper ici que de la seigneurie des Rochers (nota : Outre les Rochers, la Haye de Torcé et le Pin, Mme de Sévigné possédait en 1658 plusieurs autres seigneuries en Bretagne : c'était Sévigné en Cesson, la Baudière en Saint-Didier, le Buron en Vigneux, le Plessiz en Tréal et Bodégat en Mohon). Cette juridiction s'étendait sur de nombreux fiefs situés çà et là dans dix paroisses : Saint-Martin de Vitré, Argentré, Saint-Germain-du-Pinel, Erbrée, Etrelles, Cornillé, Louvigné-de-Bais, Saint-Aubin-des-Landes, Taillis et Izé (Déclarations de la seigneurie des Rochers en 1448 et 1667). Parmi les redevances féodales des Rochers figurent plusieurs « paires de gants » que devaient offrir à leur seigneur certains vassaux tant de Vitré que d'Izé. A Etrelles, le dernier marié de cette paroisse était tenu, sous peine d'une amende de 64 sols, de présenter chaque premier jour de l'an, à l'issue des vêpres chantées en l'église paroissiale, « une soule de cuir » au seigneur des Rochers « lequel la jette où bon lui semble » (Déclaration de la seigneurie des Rochers en 1658). Les Rochers ne jouissant point d'une haute justice, n'avaient naturellement pas de gibet seigneurial ; mais en Torcé se dressaient, appartenant au seigneur des Rochers, les fourches patibulaires de la Haye de Torcé, « à trois posteaux eslevés en la pièce des Hauts-Champs » (Déclaration des Rochers et de la Haye de Torcé en 1658). Le sire des Rochers avait plusieurs privilèges d'églises : c'était d'abord dans la ville de Vitré « un droit de patronage, enfeu, banc à queue, accoudoir, prééminences, armoiries, ceinture dedans et dehors en l'église Saint-Martin » ; — un autre droit « d'enfeu et patronage au choeur-aux-Moines dans l'église Notre-Dame, avec tombes armoriées et fondation de messes à notes » (nota : Cette fondation comprenait deux grand'messes chaque semaine, chantées par les Bénédictins du prieuré Notre-Dame de Vitré ; le seigneur des Rochers leur devait pour ces messes cent livres de rente annuelle, d'après une transaction passée en 1671 entre le prieur de Notre-Dame et Marie de Rabutin, marquise de Sévigné, transaction ratifiée en 1679 par le fils de cette dame – Archives d'Ille-et-Vilaine, 18 H, 15) ; — enfin le droit de « fondation et patronage de la chapelle Saint-Christophe » bâtie dans la cour du manoir des Rochers (Déclarations de la seigneurie des Rochers en 1658 et 1667). C'était ensuite à Etrelles « le droit de patronage et fondation de l'église paroissiale dudit Etrelles, avec banc à queue au chanceau, du costé de l'évangile et joignant la dernière marche du grand autel, armoiries ès vitres principales, lisière d'écussons intérieure et extérieure, et enfin présentation dans ladite église de la chapellenie de la Chochonnière » (Déclarations de la seigneurie des Rochers en 1658 et 1667). A l'origine et jusqu'en 1683, le manoir des Rochers fit partie de Vitré : les registres de la Réformation le placent en 1427 dans la paroisse de Notre-Dame et en 1513 « en Nostre-Dame et Sainct-Martin », c'est-à-dire sur le territoire de Saint-Martin, considérée comme fillette de Notre-Dame. Mais du temps de Mme de Sévigné, son fils demanda l'annexion des Rochers à la paroisse d'Etrelles, en raison de l'éloignement de Saint-Martin de Vitré. Par ordonnance du 31 août 1683, l'évêque de Rennes — Mgr de Beaumanoir, ami de Mme de Sévigné — décréta volontiers cette annexion ; le prieur de Notre-Dame de Vitré, curé primitif de Saint-Martin, y donna son consentement parce que le seigneur des Rochers s'engagea à offrir chaque année au prieuré de Notre-Dame de Vitré, à la fête de la Purification, « un cierge de cire blanche de demie-livre aprecié 15 sols » et à payer « la somme de 3 livres aux recteurs alternatifs de Notre-Dame et Saint-Martin de Vitré » (Archives d'Ille-et-Vilaine, 18 H, 17 – En 1797, les Rochers furent restitués à la circonscription de Vitré et ils continuent depuis lors de faire partie de la paroisse Saint-Martin de Vitré). La maison noble des Rochers ne fut jamais un château-fort proprement dit ; mais, selon la coutume du moyen-âge, ce fut néanmoins à l'origine un manoir mis avec soin à l'abri d'un coup de main par certains travaux de défense. En 1658 et 1688 on y voyait encore « des tours défensives, canonnières, batteries et fortifications pour la garde d'iceluy chasteau » . Le principal corps-de-logis, — composé de deux bâtiments placés d'équerre et réunis par une grosse tour polygonale flanquée d'une tourelle en encorbellement — occupait le fonds d'une vaste cour murée entourée de douves, renfermant une chapelle et une fuie, et fermée d'un grand portail en pierre que surmontait l'écusson des seigneurs de Sévigné. Cette habitation même, élevée à la fin du XVème siècle ou au commencement du XVIème, existe encore, mais la cour murée qui la précédait, les douves qui la cernaient, en un mot toutes les fortifications subsistant en 1688, ont disparu au siècle dernier pour faire place à une vaste esplanade. Le tout s'élevait en terrasse au-dessus de l'étang et des moulins des Rochers et de « l'ancien manoir des Bas-Rochers » que précédait aussi jadis « une cour fermée de murailles ». Remarquons ici que les Rochers tirent leur nom de leur pittoresque position sur une colline dont la Vilaine baigne le pied. Au sommet de cette colline et non loin des beaux parterres de Mme de Sévigné émergeaient du sol naguère encore quelques rochers dénudés aujourd'hui nivelés. Autour de l'habitation seigneuriale des Rochers s'étendaient « une basse-cour avec des écuries et remises à carrosses, un grand jardin et un grand parc, un jeu de longue paume et un manège pour les chevaux, une chesnaye et un bois de décoration, enfin des garennes à lapins et plusieurs rabines ». Outre l'étang des Rochers, il y avait encore les deux étangs des Grand et Petit Beuvron, et le seigneur du lieu jouissait d'un droit de pêche prohibitive dans la rivière de Vilaine (Déclaration de la seigneurie des Rochers en 1658, 1667 et 1688).
Le domaine proche des Rochers comprenait aussi une retenue de plus de 50 journaux de terre — la métairie des Bas-Rochers contenant 74 journaux — l'ancien manoir de la Piletière avec sa fuie, son bois futaie et sa métairie de 71 journaux — les métairies nobles de la Féronnière (43 journaux), de Chantelou (60 journaux), du Grand-Boulay (78 journaux) — le bois des Rochers en Etrelles — et les métairies des Grand et Petit Rolland, également en Etrelles, celles-ci contenant ensemble 120 journaux (nota : Déclaration de la seigneurie des Rochers en 1658. — La déclaration de 1667 mentionne aussi comme faisant partie de la terre des Rochers « la maison noble de la Garenne en Saint-Martin de Vitré, pavillon, cour close, chapelle, jardin et rabine, closerie du Bordage et lieu noble de la Basse-Garenne ». Mme de Sévigné acquit cette terre de la Garenne d'avec Henri Liays, sieur du Cerny, en 1661, et en échange des terres de la Piletière et de Chantelou qu'elle lui céda). Le marquis de Sévigné estimait en 1696 la terre seigneuriale des Rochers valoir 6 000 livres de rente et 120 000 livres de capital (Lettres de Mme de Sévigné, VIII, 86), mais il devait comprendre sous ce nom les trois terres des Rochers, de la Haye de Torcé et du Pin. D'après les notes de l'Intendance de Bretagne vers 1720 les Rochers seuls rapportaient 2 400 livres de rente, quoique le sénéchal de M. des Nétumières n'eût alors déclaré qu'un revenu de 1 200 livres pour cette terre (Archives d'Ille-et-Vilaine, C, 2157).
Nous venons de voir qu'il existait dès 1658 une chapelle dédiée à saint Christophe dans la cour du manoir des Rochers. Il est probable que ce petit sanctuaire était ancien et menaçait ruine, puisque Mme de Sévigné entreprit de construire une nouvelle chapelle pour être agréable à son cher oncle « le Bien Bon », Christophe de Coulanges, abbé commendataire de Livry et son commensal. Cette chapelle, placée sous l'invocation de Notre-Dame et saint Christophe, de forme polygonale avec lanterne au sommet, fut bâtie en 1670 dans la cour du manoir, mais la première messe n'y fut dite que le 15 décembre 1675. Le 4 du même mois, Mme de Sévigné fonda dans ce sanctuaire trois messes hebdomadaires et le marquis de Sévigné, son fils, joignit à cette nouvelle chapellenie celle de la Chochonnière, desservie jusqu'alors à Etrelles et dont la présentation lui appartenait. L'Ordinaire approuva tous ces actes le 24 décembre 1675 (Archives d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 84).
Le seigneur de Sévigné possédait dans la ville de Vitré un bel hôtel, qu'habita parfois la spirituelle châtelaine des Rochers et dont il est convenable de dire ici quelques mots. Cet hôtel, appelé la Tour de Sévigné, tirait son nom d'une « tour sise en la cloison de la ville de Vitré » et en dépendant. Dès 1436 la Tour de Sévigné faisait partie de la seigneurie du Châtelet ; mais quand la famille de Sévigné aliéna plus tard le Châtelet elle se réserva sa « Tour » qui devint dès lors une dépendance de la seigneurie des Rochers. En 1658 l'hôtel de Sévigné à Vitré est ainsi décrit : « La maison noble à Vitré de la Tour de Sévigné, composée de deux grands corps de logix, tour et tourelles, cour et jardin, avec une grosse tour en l'enclos de ladite ville; ladite tour jointe à la muraille et à la porte de Sévigné de ladite ville, laquelle porte se doibt appeler ainsi et a droit (le seigneur de Sévigné) de faire mettre ses armes sur l'arcade de ladite porte, la place d'icelle porte ayant été prise sur le jardin de ladite maison et Tour de Sévigné par contrat avec les bourgeois de Vitré du 20 janvier 1599 » (Déclaration de la seigneurie des Rochers en 1658). La Tour de Sévigné fut vendue, le 20 août 1710, par le marquis de Sévigné à Henri Liays, sieur du Cerny, et à Elisabeth Le Vicomte, sa femme ; mais une trentaine d'années plus tard, le baron des Nétumières, seigneur des Rochers, racheta cet hôtel. Toutefois la Tour, aussi bien que les anciens logis, furent rasés vers cette époque ; on les remplaça assez mal par une grande maison sans cachet qui porte encore le nom d'Hôtel de Sévigné (A. de la Borderie, Mme de Sévigné à Vitré). Il ne reste donc plus rien à Vitré du vieil et important logis où Mme de Sévigné recevait en 1671 « toute la Bretagne » pendant la tenue des Etats. La physionomie générale du château des Rochers a également bien changé le manoir de style gothique et Renaissance qu'habitait l'illustre marquise existe encore, il est vrai, avec la chambre qu'elle occupa et le cabinet où elle écrivit ses lettres si justement célèbres ; son portrait et ceux des siens décorent toujours le grand salon à la fin du XIXème siècle ; mais, comme nous l'avons déjà signalé, l'entourage immédiat du château s'est métamorphosé par suite de la suppression des anciennes cours murées et des « fortifications ». Ce qui demeure intact, soigneusement entretenu par les propriétaires au XIXème siècle, M. et Mme Hay des Nétumières, ce sont les jardins « d'une beauté surprenante » , comme l'écrivait Mme de Sévigné, disposés en parterre français « tout-à-fait selon le dessin de Lenôtre », c'est le parc garni d'arbres « d'une beauté extraordinaire », ce sont les allées vertes « qu'on ne peut assez louer ; elles auraient leur mérite à Versailles » (Lettres de Mme de Sévigné). Magnifique ensemble qu'offrait au XVIIème siècle et qu'offre encore de nos jours l'aspect du château des Rochers. Joignez à la beauté du site, des jardins et du parc le souvenir maintenu vivant de l'aimable femme que fut Mme de Sévigné, et vous comprendrez l'attrait qu'offre la visite du vieux manoir seigneurial des Rochers (abbé Guillotin de Corson).
Voir "La terre de Vitré : ses possesseurs catholiques et protestants entre 1200 et 1600"
Lors de la Réformation faite en 1427, dans l'évêché de Rennes, par les commissaires Alain Le Jambu et Eon Pofraie, plusieurs nobles sont mentionnés à Notre-Dame de Vitré (aujourd'hui Vitré) (93 contribuants, 8 mendiants) :
Madame de Vitré, dame de l'hôtel du Pont-Billon ;
Messire Guillaume de Sévigné, sr. de la métairie des Rochiers (ou Rochers) du Boullays, de la Ferrière, de la Baillerie, de la Marre, de Clerheult, de la Billonnaye ;
Robert du Préauvay (ou Préauvé), sr. de la Morandière et de la Ripvière ;
Jean de la Patière (ou Patrière), dame de Chantelou ;
Gillet Sanczon (ou Samson), sr. de la haulte morendière (ou Haute-Morandière) ;
Jeran Gavignier, sr. de la métairie du Plesseix ;
Jean Bouerin (ou Jan Brouceiz), sr. de la métairie de la Fremenière (" l'on doute de sa noblesse ") ;
Jean le Vayer, sr. de la métairie du Reulle (ou Realle) ;
Pierre de Mebernart (ou Menesbart ou Mebennart), sr. de la métairie du Gast de Lat ;
Pierre Yvette, sr. de la métairie de la Ferrière ;
la veuve Jean Tehel, dame de la métairie de la Chesnellenie ;
Jean Hardi (Hardy) ou la veuve Jehan Johel, sr. ou dame de la métairie de la Rabasnerie (ou Robasnerie) ;
la femme André Rabaut (ou Rabault), dame de la métairie du Challet ;
Jean Dumaz (ou Du Maz), sr. de la métairie de la Gallionnaye ;
Jeanne Chevalier, sœur de Pierre Yvette, veuve de feu André Rabaut (ou Rabault) ;
Dame de la métairie de Pontjocelin.
Note : Sainte-Croix ne possédait pas de terres nobles. Saint-Martin n’existait pas encore comme paroisse, voilà pourquoi il n’en est pas fait mention dans cette réformation ; mais dans celle de 1513 son nom se trouve accolé à celui de Notre-Dame, et ces deux paroisses se partagent les propriétés de noblesse.
Lors de la Réformation faite en 1513, plusieurs nobles sont mentionnés à Notre-Dame de Vitré et Saint-Martin de Vitré :
Très puissant Guy comte de Laval, sire de Vitré ;
Noble homme Guy de Sévigné sieur dudit lieu [Note : En la paroisse de Cesson] et des Rochers ;
Le manoir de Pont-Billon appartenant au sire de Vitré ;
Les manoirs des Rochers, du Boullay, de Chantelou, de la Ferrière, de la Billonnière, de la Marre, de Baillé et de Clerheut apartenant audit sieur de Sévigné ;
Le manoir de la Ferrière-Yvette appartenant à Monsieur du Boishamon ;
La Hays-aux-Moines appartenante au prieur de Vitré. [Note : Prieur des Bénédictins].
Note : Les réformations commencèrent, en Bretagne, en 1423 : elles « avaient pour but, comme dit Potier de Courcy, de découvrir les personnes qui s’étaient indûment affranchies du paiement des fouages, tailles, subsides et autres levées de deniers dont la noblesse était exempte à cause de son obligation du service militaire ». Les réformations du quinzième siècle établissent le rôle des personnes exemptes de l’impôt, et celles du seizième la nomenclature des terres nobles.
(à compléter)
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