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LE PORHOËT : LE COMTÉ, SA CAPITALE ET SES SEIGNEURS.

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AVANT-PROPOS.

En réunissant différents documents sur le Porhoët, nous nous sommes efforcés de montrer la place que tint en Bretagne cette ancienne Baronnie et le rôle joué par ses seigneurs, qui occupèrent de tous temps un rang supérieur dans la hiérarchie féodale de la province.

Nous avons cru intéressant de faire connaître d'abord ce que fut le vaste territoire qui donna son nom au Comté, ainsi qu'à un doyenné et à un archidiaconé ; on se rendra mieux compte de l’importance originelle de ce grand fief qui, par suite de multiples démembrements, se réduisit finalement à une seule châtellenie, celle de Josselin.

Du culte que nous devons au sol natal, l’étude de son histoire n'est pas une des moindres obligations ; nous devons moralement nous grandir et nous fortifier des défaillances comme des gloires nationales, leurs leçons seules maintiendront intactes en nous les traditions de la race. Réagissons contre l'oubli ; la vie n'est pas toute dans le présent, elle est dans le passé, elle en dépend fatalement et y a ses plus profondes racines.

Cependant les écrits, que le temps efface, ne suffisent pas à commémorer nos gloires ; la pierre et l'airain transmettent plus sûrement le souvenir aux générations futures.

Pourquoi ne verrions-nous pas un jour Guéthenoc, premier vicomte de Porhoët et fondateur de Josselin, revivre parmi nous ?

De la promenade publique qui domine la ville, non seulement il verrait à ses pieds la forteresse dont il jeta les bases et le sanctuaire de la Vierge qui l'attira en ce lieu, mais encore son regard pourrait embrasser le vaste horizon de son ancien « royaume ».

Dans cette courte étude, nous n'avons eu d'autre règle que la chronologie, d'autre guide que les faits eux-mêmes.

Il est inutile de citer ici nos sources ; nous les avons énoncées en notes. La Bibliothèque Nationale nous a fourni les principaux matériaux, et les archives municipales de la ville de Josselin nous ont particulièrement éclairés sur l’époque révolutionnaire.

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " Les Origines et le Pagus trans sylvam. Le Poutrocouët et le Porhoët, juveignerie de Bretagne. La fondation de Josselin et les premiers seigneurs. De Guéthenoc à Eudon II. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " La ville de Josselin au XIIème siècle. Le Porhoët et son démembrement, la vicomté de Rohan. Eudon II et la guerre de succession. Son fils Eudon III. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " Le Porhoët tombe en quenouille. Nouvelle dislocation du Porhoët au commencement du XIIIème siècle. Le comté de Porhoët passe tour à tour aux maisons de Fougères, de Lusignan et de France (1239-1370). Deuxième guerre de succession. Blois et Montfort. Combat des Trente. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " Clisson par voie d'échange acquiert le comté de Porhoët (1370). Alix, fille de Clisson, apporte ce fief de Porhoët aux Rohan. Porhoët au moyen âge. L'usance. Divisions ecclésiastiques et administratives. La Communauté de ville. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " Les Rohan-Porhoet (1407-1527). Alain VIII et Alain IX. La Querelle de préséance. Jean II et ses prétentions au duché. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " Les guerres de religion et la Ligue dans le comté de Porhoët. Formation du duché de Rohan. Le comté de Porhoët réduit à la châtellenie de Josselin (1603). Henri II, duc et Pair. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " La princesse Marguerite. Le XVIIème siècle et la période de calme en Bretagne. Fondations religieuses à Josselin. Sa dévotion à Notre-Dame du Roncier. Les Rohan-Chabot. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " Organisation administrative et judiciaire du comté de Porhoët. Les anciennes coutumes. Ce qu'étaient devenus Josselin et ses prieurés. La piété des habitants. La fin du comté de Porhoët. ".

 

Voir   Le Comté de Porhoët (Bretagne) " La Persécution religieuse soulève les campagnes du comté de Porhoët. L'œuvre de spoliation. La chouannerie dans l'ancien Porhoët. L'affaire de Collédo. Josselin grenier et place d'appui. L'attaque de Tinténiac et le combat de la Vachegare. Les derniers mouvements insurrectionnels. Le château de Josselin pendant l'époque révolutionnaire. Les Rohan perdent leurs biens en Bretagne. ".

 

Voir   Le Porhoët (Bretagne) " Les abbayes (Lantenac, Saint-Jean-des-Prés, Mont-Cassin) du Porhoët. ".

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PIECES JUSTIFICATIVES
(Nous nous en sommes tenus au minimum, pour les pièces justificatives).

Fondation du Château de Josselin. (Traduction littérale).
Vers l'année 1008. « Le monde étant encore florissant et la foi vivace, un homme d'une grande noblesse et d'une profonde sagesse, Guéthenoc, vicomte de Château-Thro, désirant changer son château de place, ouït dire que toute plantation qui n'a point été plantée par le Père céleste doit être arrachée. Inspiré par l’esprit divin, il se rendit au monastère du Christ à Redon, lequel possède la prééminence sur les autres couvents de cette région et prit le conseil des moines pour savoir quel jour, à quelle heure et sur quelles fondations il devait édifier son château. Or, ceux-ci lui répondirent que le Christ est le fondement de tous les biens et que tout ce qui repose sur lui ne peut être détruit. Ayant entendu ces paroles, le vénérable proconsul honora le saint lieu d'un magnifique présent ; il fit apposer sur l'autel du Sauveur une table d'argent élégamment dorée ; il se recommanda, lui et tous ses biens, aux prières des moines, et leur demanda de lui accorder, après sa mort, ainsi qu'à ses héritiers, l'honneur d'être ensevelis dans leur église, comme c'est la coutume pour les seigneurs de Bretagne. En outre, il plaça le château qu'il devait construire sous la juridiction du Christ et de l'église de Redon et constitua en faveur des moines un cens annuel de cinq sous grèvant ledit château ; il s'engagea de plus, au cas où son château serait un jour suffisamment agrandi pour recevoir un prieuré, de ne donner ce dernier à aucune église, sinon à l'abbaye de Saint-Sauveur ; il prit soin de corroborer ces dispositions par une sentence de malédiction inéluctable contre ceux de ses descendants qui tenteraient de les violer en connaissance de cause. Cet acte fut passé en l'église du Sauveur, avec l'attestation de Dieu et de tous les saints. Or le dimanche suivant, à la première heure, le proconsul planta, selon la coutume, le premier pieu pour l’éditication de son château, fonda une chapelle en l'honneur du Saint Sauveur et confirma l'ensemble de ses dispositions en présence de tous ses sujets » (Cartulaire de Redon, éd. de COURSON, p. 241).

Fondation du Prieuré de Sainte-Croix de Josselin. (Traduction littérale).
Vers l'année 1059. « Le noble et sage proconsul Guéthenoc étant mort fut enseveli dans l'église capitulaire de Redon ; il eut pour successeur son très noble et très sage fils Goscelin. Celui-ci voyant qu'à la suite d'une donation faite par son père au Dieu-Sauveur, les possessions paternelles s'étaient accrues, résolut d'augmenter la dite fondation et par là même d'augmenter ses biens. Il fit donc venir auprès de lui Perennesius, vénérable abbé de Redon, désirant accomplir les vœux faits jadis par son père pour l'agrandissement de son château, avec la protection de Dieu. Il constatait en effet, et telle était sa ferme conviction, que non seulement son château mais encore son fief en entier avaient été pour eux agrandis de toute part ; c'est pourquoi il fit don à la sainte église de Redon d'une habitation voisine de son château et propre au logement des moines, à savoir : le prieuré de Sainte-Croix et des saints martyrs Corneille et Cyprien, avec l'ancien faubourg et le territoire s'étendant jusqu'au milieu de la rivière d'Oult, y compris ses revenus et sa juridiction tels que lui-même les possédait pour son château. Et pour jouir en tous temps du conseil desdits moines, il leur donna par la même charte les terres suivantes éparses dans diverses paroisses ; « Crannam et Tinsedio » sur le territoire desquelles est bâtie l'église de Sainte-Croix ; « Plucgaduc in Keminet » ; la quatrième partie des redevances de la saint Michel ; « Tossat et Griat in Lannois » : « Kerhennam in Gillac » ; « Treublen in Loiat » ; « Corrinbuhucan in Quilir » ; « Kerloern in Muthon » ; « Keridlven in Miniac » ; « Kermoil in Plumiuc » ; « Kermelennan in Locduiac » ; « Tresmes in Nuial » ; « Coidan in Pluhuduc » ; « Choitmesun in Nuiliac » [Note : On reconnaît là un grand nombre des anciennes paroisses du Porhoët : Lanouée, Guillac, Loyat. Quilly, Mohon, Plumieux, Loudéac, Noyal..., etc.]. De leur côté l'abbé et les moines considérant la dévotion du vénérable proconsul accorderont à ladite église de Sainte-Croix le privilège et l'honneur de servir de sépulture, pouvoir que la sainte église de Redon a reçu du Pape ; ils donnèrent en outre toutes les terres qu'ils possédaient sous la suzeraineté dudit château, car il est écrit dans leurs chartes qu'ils ne doivent posséder ces biens qu'à la condition de les tenir en fiefs desdits vicomtes. Du présent acte sont témoins : le proconsul lui-même comme suzerain du bénéfice ; son fils, l'évêque Maenguis, et ses deux autres fils, Roger et Eudon ; Donuallon ; Joël, notaire ; Hervé, prêtre ; Robert, fils de Roger ; Roger, fils de Guenealon ; Theholus, Garnier, Etienne, fils de Kaledan ; Guillaume et plusieurs autres moines de Saint-Sauveur : Perennesius, abbé ; Almodus, prieur ; Jehan, moine ; Hervé, prêtre ; Heloir, prêtre ; Helogon, Declu, Hugolin de Ploiarmel ; Morwethenus.
(Cartulaire de Redon. Biblioth. Nat. man. fr. 22 330 et éd. de COURSON, p. 242-243).

Fondation du Prieuré de Saint-Martin de Josselin.
(Traduction littérale).
Année 1112. Si quelqu'un désire connaître plus à plein la donation de la chapelle du château de Josselin, que Josselin, vicomte, fils de l'illustre vicomte Eudon, a faite pour le repos de son âme et de celles de ses ancêtres, à Dieu, à Saint-Martin et à nous, moines de Marmoutiers vivant sous la discipline de l'abbé Guillaume, la première année de l'abbatiat de ce dernier, c'est à savoir l'an de l'Incarnation de N. S. 1105 ; si quelqu'un, dis-je, souhaite connaître entièrement cette donation, qu'il se reporte à l'acte ci-dessous intitulé : « Cyrographe au sujet du château de Josselin fait entre nous et lui et conservé dans les archives de notre monastère pour l'instruction de la prospérité » [Note : Cet acte n'est pas reproduit dans Dom Morice]. Pour l'instant nous avons seulement pris soin de désigner les reliques que messire Guillaume, abbé, a transférées de notre monastère dans ladite chapelle à la demande du susdit vicomte Josselin, et de désigner l'époque de ce transfert, à savoir l'an de l'Incarnation de N. S. 1112 à la 3ème indiction, sous le pontificat du pape Pascal, le règne de Louis, roi de France, et d'Alain comte de Bretagne, sous l'épiscopat de Benoît évêque d'Aleth et le gouvernement du vicomte Josselin déjà cité, enfin la cinquième année de l'abbatiat de notre abbé Guillaume. Messire l'abbé Guillaume ouvrit lui-même les reliquaires de notre monastère et en retira ces restes si précieux ou plutôt inestimables qui sont les saintes reliques de la Croix divine et les ossements des saints Corentin, évêque, Flavien, martyr, des saints évêques Fulgences et Samson, et de saint Martin abbé ; cette cérémonie eut lieu sous les yeux de nos moines, du prieur Guillaume, d'André de Gomez, d'Hervé prieur de Camors, de Pierre Baile, etc. Après avoir réuni lesdites reliques avec le plus grand soin, messire l'abbé les transporta en Bretagne et les déposa dans ladite chapelle.
(Extrait du Cartulaire de Marmoutiers, Don MORICE, Preuves, t. I, col. 511).

Principal accord sur le partage des biens d'Eudon III de Porhoët. (Traduction littérale).
Année 1241. A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jean, duc
de Bretagne, comte de Richemond, salut en N. S. Sachez que, constitués en notre présence, Raoul de Fougères d'une part et Pierre de Chemille et Ollivier de Montauban d'autre part, agissant en leur nom et en celui de leurs épouses comme héritiers d'Eudon, fils de comte, au sujet de l’héritage qui leur était échu en commun dudit Eudon, ont conclu en notre présence un accord sous la forme suivante : à savoir que dudit héritage qui leur est échu comme il a été annoncé, ledit Raoul possédera et aura à perpétuité deux parts et mêmement lesdits Pierre et Ollivier et leurs femmes posséderont et auront à perpétuité la tierce part : sous telle condition cependant que dans la part dudit Raoul il restera audit Raoul la ville et le château de Josselin, la forêt de Lannois et la paroisse de Mohon comme elle se comporte, sauf les exceptions ci-dessous écrites et selon la prisée qui sera faite par messires Bonab de Rogey, Men de Derval, Jean de Maurre et Georges Villageois, chevaliers. De même, auxdits Pierre et Ollivier et à leurs femmes resteront la forteresse et la ville de la Chèze, la ville de la Trinité et la forêt de Loudéac, en leur part et selon la prisée qui sera faite par lesdits chevaliers. Tous les autres biens qui leur sont échus par ledit héritage où qu'ils se trouvent : bois, fermes, prés et eaux seront appréciés et estimés par lesdits chevaliers ; et, si par cette appréciation et estimation on trouve que ledit Raoul possède à présent au-delà de deux parts dudit héritage, lesdits chevaliers remettront auxdits Pierre et Ollivier et à leurs femmes la partie qui leur est dûe à choisir parmi les territoires qui leur seront les plus accessibles et les plus commodes, sauf sur les lieux déjà mis hors de cause : la même clause sera appliquée audit Raoul si lesdits Pierre et Ollivier possèdent présentement au-delà de la tierce part. Pour ce qui concerne la ville de la Trinité, à savoir les biens que ledit Raoul y possédait, ce dernier acceptera un échange équitable proposé par lesdits chevaliers ; lesdits Pierre et Ollivier et leurs femmes resteront en saisine de ces biens jusqu'à ce que la prisée en ait été complètement terminée. Le présent accord a été conclu en réservant le droit d'aînesse dudit Raoul que ce dernier pourra faire valoir quand il voudra : lesdites parties sont tenues de faire venir de leurs terres tous les témoins que les susdits chevaliers demanderont pour procéder à la prisée, nous avons même accordé auxdits chevaliers le pouvoir de se faire envoyer nos propres sujets s'il en est besoin. Ainsi ledit héritage sera divisé entre les parties par ces chevaliers de telle sorte que Raoul aura deux parts en fief et en domaine et Pierre et Ollivier et leurs femmes la tierce part susdite ou que l'échange sera fait aux conditions ci-dessus énoncées au sujet de la ville de la Trinité, s'il arrive que les chevaliers fassent à Raoul restitution de quelque bien en la possession actuelle de Pierre, d'Ollivier et de leurs femmes. Pour procéder de bonne foi entre les parties à cette appréciation, estimation, échange et division, lesdits chevaliers ont prêté serment corporel et lesdites parties se sont engagées par serment verbal à se soumettre à leurs décisions. Donné à l'abbaye du Mellerai l'an du Seigneur mil deux cent quarante-et-un, le lundi lendemain de la fête des saints Tiburce et Valérien.
(Cartulaire d'Alençon, Bibliot. Nat. Titres Fougères et Porhoët, man. fr. 22 330).

Contrat d'échange du comté de Porhoët avec la baronnie de Tuit en Normandie.
(Copie textuelle).
Année 1370. « Nous Pierre Conte d'Alençon, et nous Robert d'Alençon Conte du Perche, faisons sçavoir à tous présens et avenir, que nous bien avisiez, pourveuz et conseilliez pour notre cler et évident prouffit avons eschangé, quittié, cessié, transporté, et délaissié, et par la teneur de ces présentes lettres baillons, quictons, cessons, transportons et délaissons par nom de pur, vray et loyal eschange fait but à but sans aucunes soltes d'argent à nostre très chier et bien amé Messire Olivier Sire de Gliçon et à Madame Béatrix de Laval sa femme, pour eulx, pour leurs hoirs, et pour leurs successeurs, et pour ceulx, qui auzront cause d'eulz à toujoursmais, nostre chastel, ville et chastellenie de chasteau Jocelin en Bretaigne avec toute les terres, boys, prez, rivières, estans, manoirs, moulins, fiez, arriesrefiez, hommes, hommages, et toute jurisdiction, et justice haute, moyenne et basse, et autres noblesses, cens, rentes, revenus, prouffits et émolumens, et autres appartenances quelconques en quelconques choses et valeur que elles soient pour la Baronnie, chastellenie, et toute la terre du Tuit, que ledit Sire de Cliçon tient de son héritage séant en la vicomté de Faloise en Normendie avecques les bois, prez, rivières, estans, fiez, arriesfiez, hommes, hommaiges, et toute jurisdiction haute, moyenne et basse, et autres noblesses, cens, rentes, revenus, et tous autres prouffilz et émolumens, si comme ledit Sire de Cliçon les a tenu et tient ; et pour deux mille livres tournois de rente que iceux Sire de Cliçon et sa femme prennent à héritage à cause de ladite Dame sur la recepte de Champaigne ; lesquelles Baronnie, chastellenie et terres, et deux mil livres tournois de rente à héritage iceulx Sire de Cliçon et sa femme nous ont transportez, quittiez et délaissiez pour nous et pour nos hoirs et successeurs et ceulx qui auront cause de nous à toujoursmais parmi ledit eschange, et nous en tenons pour bien contens. Et pour nous désaisir desmettre de la foy et homage desdits chastel, ville, chastellenie, et appartenances de chastel Jocelin en la main de nostre très-cher et très amé cousin le Duc de Bretaigne, de qui y sont tenus et meuvent, nous avons constitué et estably, et par la teneur de ces présentes constituons et establissons nos Procureurs Messire Robert de Beaumanoir, Messire Henry de Plédran, Messire P. du Bois-Helyou, et Messire Olivier de Valcler et chascun deulx pour le tout. Prions et requérons nostredi cousin le Duc que ladite desaisine et demission vueille prendre et recevoir et prandre aussi et recevoir le dit Sire ce Cliçon en sa foi et homage d'iceulx au tiltre dessus dit, promnettans que contre cest present eschange ne vendrons ne venir ferons par nous ne par autres, mais le tendrons et ferons tenir et accomplir de point en point. Et les chastel, chastellenie et appartenances de chastel Jocelin deffus diz nous délivrerons ou ferons delivrer, et garantirons et deffendrons envers touz et contre touz ausdit Sire de Cliçon et sa femme et à leurs hoirs et successeurs, et ceulx qui auront cause d'eulx à tousjoursmais à nos propres couz et despens ; et paierons et ferons paier tous couz despens et interestz, se aucus avoient ou soutenoient par deffaute de délivrance de garantie ou de deffense. Et quant à ce obligeons nous et nos hoirs et successeurs, meubles et non meubles et de nosdits hoirs et successeurs, et les biens de nous et de nosdits hoirs et successeurs, meubles et non meubles présens et avenir ou que ils soient renonçans en ce fait à la toute erreur, fraude, lésion decevance, à toutes graces, privileges, donnés et à donner, et à tout ce qui valoir et profiter nous pourroit à venir ou faire encontre cest présent eschange en quelque maniere. Et que ce soit ferme chose et estable à toujours nous avons fait mettre nostre sceaux à ces lettres Donné à Paris le XIVème jour de May l'an de grâce MCCCLXX. Titre de Blein ».
(Dom MORICE, Preuves, t. I, col. 1639-40).

Déclaration du Duc de Bretagne concernant la Châtellenie de la Chèze.
(Analyse).
Année 1396. Jehan, duc de Bretagne, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Nous venons d'entrer en composition avec notre très cher cousin, Alain Vicomte de Rohan, au sujet du droit de rachat qui nous était dû par lui sur la Vicomté de Rohan et sur le territoire de la Chèze, du fait de la mort de son père, Jehan, Vicomte de Rohan ; ledit Vicomte Alain se libérera à notre égard par le paiement d'une somme de trois mille livres. Mais comme le territoire de la Chèze est de la tenue et ressort de la baronnie de Porhoët, laquelle est actuellement en la possession de notre très cher cousin Olivier, sire de Clisson, et comme ledit sire de Clisson prétend que sa baronnie de Porhoët est exempte du droit de rachat, nous déclarons que les conventions faites entre nous et le Vicomte de Rohan au sujet du territoire de la Chèze, ne porteront aucune atteinte au privilège d'exemption de rachat dont ledit sire de Clisson jouit pour sa baronnie de Porhoët. Fait à Quimperlé, le jeudi 11 mai 1396. Par le duc, de son commandement ; G. ESCHALASTRE.
(Archives du château de Nantes. Dom MORICE, Preuves, t. II, col. 666).

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NOTES COMPLÉMENTAIRES.

Notes complémentaires concernant la ville de Josselin et les seigneurs de Porhoët tirées de la Réformation du domaine de 1679.
(Archiv. Nat. - Ploermel, Vol. VII (P. 1685).).

Au chapitre de Josselin, après avoir parlé du château « avec ses tours, parapets, mâchicoulis, fossés, grand et petit ponts levis et dormants » dans lequel la châtelaine d'alors, Princesse Marguerite, duchesse de Rohan, princesse de Léon, comtesse de Porhoët, marquise de Blain [Note : La veuve d'Henry Chabot, duc de Rohan], etc., et ses prédécesseurs « ont de tous temps immémorial mis et établi capitaine, concierge et portier », le Commissaire royal entre dans l'énoncé des églises, chapelles, prieurés de la ville et dans la description quelque peu détaillée de Notre-Dame.

« Dans laquelle église de Notre-Dame et au chœur d'icelle il y a un tombeau de marbre blanc et noir élevé de trois pieds, sur lequel sont embossées les représentations de feu Mgr Ollivier de Clisson et de défunte Mme Béatrix de Laval, son épouse [Note : Le tombeau que nous voyons maintenant dans la chapelle Marguerite était effectivement à cette époque en face du maître-autel, à l'emplacement des dalles qu'on y voit aujourd'hui] ; dans lequel chœur il y a, du côté de l'Evangile, un banc accoudeur, armorié d'un écusson couronné, mi-partie des armes de Rohan et de la Hunaudaie.

Et au côté dudit chœur, vers le Nord, est une chapelle de Sainte-Catherine dans laquelle et en partie sous la voûte, plus haute proche la sacristie, est un charnier en terre auquel se voit quelques corps des anciens seigneurs comtes dudit Porhoët ou d'autres de leur maison.

Et du côté du midi est une autre chapelle nommée Sainte-Marguerite, dans laquelle autrefois l'on inhumait les officiers et domestiques des anciens seigneurs comtes dudit Porhoët ».

Pour séparer cette chapelle du chœur « il y a une basse voûte dans l'épaisseur de la muraille avec une grande grille de fer du côté de la chapelle Sainte-Marguerite et du côté du chœur ». On reconnaît aisément là l'oratoire des seigneurs suzerains.

« Et dans les principales vitres dudit chœur, des chapelles Sainte-Catherine, Sainte-Marguerite et Saint-Jean (fonts baptismaux), sont les armes de la maison de Rohan avec les alliances d'hermines de Bretagne et d'un lion d'argent, couronné, armé et lam passé d'or..... » [Note : On se souvient que Clisson portait un lion d'argent].

A l'extérieur de l'église, gravés dans la pierre, outre les armoiries citées plus haut, on trouvait aussi des écussons « mi-parties de trois chabots de gueule en champ d'or et de neuf macles d'or en champ de gueule et des armes de Bretagne en alliance ». Les armoiries des Rohan, sous une forme ou sous une autre, figuraient du reste sur tous les autres sanctuaires de la ville. Saint-Laurent, la chapelle des Caquins, elle-même, en était ornée.

C'est à l'extrémité du faubourg Sainte-Croix que se trouvait le quartier des Caquins, qu'on appelait encore Cacoux ou Caqueux.

« Ceux-ci, descendants des lépreux ou des ladres du moyen âge, inspiraient au reste des habitants une répulsion dont les effets subsistèrent bien au delà de la Révolution et qui se traduisaient par certaines vexations contre lesquelles les arrêts du Parlement de Bretagne et les remontrances de la partie éclairée de la population cherchait en vain à lutter » (ROSENSWEIG). Toujours groupés ensemble dans des villages situés à quelque distance des bourgs ou villes, dont les uns ont conservé le nom primitif de Maladrerie, ils étaient relégués et mis pour ainsi dire hors la loi commune. Ils ne pouvaient contracter mariage qu'entre eux ; leurs enfants, sur les registres paroissiaux, étaient confondus avec les bâtards. A l'église, obligation leur était imposée de se tenir dans la partie inférieure ou même dans un bâtiment contigu ayant son entrée spéciale (la chapelle Saint-Gobrient, en Saint-Servan, nous en offre un exemple), de ne se présenter que les derniers pour baiser la paix et les reliques, de recevoir dans la main le pain béni qu'ils ne pouvaient prendre eux-mêmes. . . etc. Leur occupation particulière était la fabrication des cordes et cordages, si bien qu'au XVIIIème siècle on ne les désignait plus guère que sous le nom de cordiers.

« Les Caquins, dit le commissaire de 1679, contre le droit de foire dont ils jouissent, sont tenus de fournir les cordages nécessaires pour lier et exécuter les condamnés à mort, au fouet ou autres peines afflictives et corporelles qui sont exécutées dans le Comté, à la poursuite du procureur fiscal et outre de fournir licols et liens pour les chevaux de nos Seigneurs les Comtes ».

La foire dont il est question ici se tenait le 10 août, près du quartier Saint-Laurent. Du reste voici « les foires dépendantes dudit comté de Porhoët, lesquelles et autres se tiennent, tant en ladite ville que faubourgs d'icelle et autres lieux dans ledit comté, par an, où toutes espèces de bestiaux comme chevaux, bœufs, vaches, porcs, brebis, moutons et autres s'exposant et vendant en un lieu à ce destiné ».

Pour les foires de la ville, qui suivent, et dont la jouissance était réservée au titulaire du Porhoët, ce lieu s'appelait « le fresche de Saint-Martin », dans le faubourg de ce nom.

La Grande foire, autrement dit la première foire. Le 6 mai. — On l'appelle aussi la foire franche parce qu'elle est exempte de tous droits.
La foire fleurie. Le mardi suivant le dimanche de la Quasimodo.
La foire de la Guehenaie, 14 septembre.

Foires données aux prieurs des faubourgs :
Foire de Sainte-Croix, au prieur de Sainte-Croix, le 3 mai, délaissée depuis 50 ans.
Foire Saint-Jacques, au prieur au chapelain de Saint-Jacqueè, le 25 juillet.
Foire de Saint-Laurent, appartenant aux caquins aux malades de la maladrerie et hospitalisés de Saint-Laurent, le 10 août.
Foire de la décollation de Saint-Jean-Baptiste à l'abbé de Saint-Jean-des-Prés, 29 août.
Foire de Saint-Nicolas, au prieur de Saint-Nicolas, le 6 décembre.

Autres foires, hors la ville et les faubourgs :
La foire de Saint-Maudé, au village de ce nom (en La Croix Helléan), le 19 mai.
La foire du Mont-Guehenno, en ce lieu, le 29 septembre, appelée aussi la foire de Saint-Michel [Note : Cette foire existe encore au début du XXème siècle et est une des plus importantes de la contrée].
La seconde foire de Saint-Maudé, le 18 novembre.

Comme actuellement, les marchés avaient lieu tous les samedis.

Le droit d'étalage et de mesurage sur les marchandises appartenait au seigneur ; comme également le droit de bouteillage, c'est-à-dire, la retenue d'une pinte sur chaque charretée de vin ou boisson quelconque amenée en ville pour être vendue.

Dans cet ordre d'idées citons encore quelques servitudes et obéissances dues aux comtes de Porhoët, par les habitants de Josselin ou des environs.

Les habitants de Saint-Nicolas étaient obligés de « porter leurs grains à moudre et leurs draps à fouler au moulin Beaufort, dessous le château, et de payer le droit de mouture et le foulage à la coutume, à cause et parceque les prieurs n'avaient point droit de bâtir moulins ».

Il y avait aussi la servitude du four, qui concernait la ville entière : « tous les hommes et vassaux en proche fief dudit Porhoët, étant en la ville et faubourgs sont tenus de porter ou faire porter leurs pastes de seigle et froment à cuire et d'en payer pour devoir de cuisson deux sols tournois par boisseau de seigle et quatre sols tournois par boisseau de froment en petit pain ».

Comme autre coutume curieuse, les habitants de Glac, Haut et Bas [Note : Paroisses de Guillac, Helléan, La Croix Helléan], lorsque les seigneurs allaient de Josselin à Blain, ou inversement, étaient chargés du transport de leurs bagages durant le trajet Josselin-Redon ; ils devaient aussi « aider a prendre les loups chevaux de haras et autres bestes en la forêt de la Nouée » [Note : Ce texte nous apprend qu'à Lanouée (comme dans beaucoup d'autres forêts à cette époque) les seigneurs de Porhoët faisaient l'élevage du cheval, abandonnant un certain nombre de ces animaux à eux-mêmes, leur recommandant de croître et de se multiplier. Si l'on avait besoin de ces chevaux, pour un service ou pour un autre, il fallait naturellement organiser une sorte de battue] lorsqu'ils en étaient avertis. Ceux de Lanouée, eux étaient tenus à la fourniture du bois de chauffage pour les comtes et les capitaines du château.

Pour être exact, ajoutons que les paroisses ainsi grevées, bénéficiaient alors d'une réduction de la taille qu'elles avaient à payer annuellement.

LA CARTE DU PORHOËT.

Carte du Porhoët (Bretagne).

Nous avons établi cette carte pour permettre d'embrasser d'un coup d'œil, toutes les phases par lesquelles a passé le Porhoët. Tandis que nous n'avons fait qu'indiquer d'un trait rapide les différents démembrements qui morcelèrent ce grand territoire, nous nous sommes plus particulièrement arrêtés au comté, tel qu'il fut après la généreuse donation du prince Geoffroy à son frère (1120).

Par un effet tout naturel, petit à petit, les habitations éparses se groupèrent, les paroisses se formèrent ; l’autorité ecclésiastique les réunit en doyennés, l'autorité seigneuriale en châtellenies. Le Porhoët forma deux châtellenies : la Chèze et Josselin, et subsista ainsi jusqu'à l'érection de la vicomté de Rohan en duché.

C'est un aveu de 1471, dont l'original existe à Nantes, aux archives de l'ancienne chambre des comptes de Bretagne, qui, le premier, nous révèle cette subdivision en deux membres principaux.

L’acte est d’autant plus intéressant qu’il donne les paroisses de chacune des châtellenies. C’est sur lui, et sur les déclarations qui ont servi à la réformation du domaine en 1679, que nous avons tablé, pour dresser notre carte. Les paroisses à cet intervalle de deux siècles, sont les mêmes, et le nombre n'en diffère pas.

La châtellenie de la Chèze comportait 21 paroisses ou trêves ; toutes faisant partie de l'évêché de Saint-Brieuc : Uzel. Saint-Hervé. Grâce. Saint-Thelo. Trevé. La Motte. Saint-Sauveur Le Haut. La Prenessaye. Lanrenan. Plemet. Loudéac. Cadillac. Saint-Barnabé. La Chèze. La Ferrière. Plumieux. La Trinité. Saint-Étienne. Saint Maudan. Saint- Samson. Brehan-Loudéac.

Quant à la châtellenie de Josselin, elle était ainsi composée.

Trois paroisses de l’évêché de Saint-Brieuc : Langourla, Saint-Vran, Mérillac.

Plus, dans le même évêché, toute la seigneurie de Bodegat avec ses dépendances en Plumieux (La Ville-Radio, la Barre, Renefort, avec baillages s'étendaat à différents villages), en la Chéze et la Trinité. Plus également, la terre de la Ville Jegu, en Plumieux.

Vingt paroisses ou trêves de l'évêché de Saint-Malo : Merdrignac. La Grée-Saint-Laurent. Gomené. Loyat et Gourhel. Brignac. Campénéac. Menéac et Evriguet. Helléan. Guilliers. La Groix Helléan. Mohon. Josselin (3 paroisses). Lanouée et Pommeleuc. Guillac et Montertelot

Seize paroisses ou trêves de l'évêché de Vannes. Cette portion prenait nom de fief de Quemenet, autrement d'Outre l'eau : Sainte-Groix de Josselin. Guégon avec Tregranteur et Goët-Bugat. Saint-Servan. Quily. Cruguel. Guehenno avec La Chapelle es Brières. Billio. Saint-Jean Brevelay, toute la partie « qui est deça la rivière la Claie vers ledit bourg » (entre autres les fiefs de Brenelo, du Poulduc, de Kerangat, de la Forest) [Note : Le reste de Saint-Jean Brevelay était de la vicomté de Rohan]. Plumelec et Saint-Aubin. Le Roc et Lizio, dites dans le terrier de 1679, fillettes ou trêves de Serent qui était tributaire du Porhoët, pour toute la seigneurie de la Chapelle qui s'étendait même dans Caro et Bohal [Note : La paroisse de Serent était de Malestroit].

Lantillac. — La seigneurie de Lantillac, comme nous l'avons déjà vu, aussi ancienne qu'importante, s'étendait hors des limites de la paroisse de ce nom. Tout ce qui dépendait d'elle, en Reguiny, Radenac et Moréac, relevait naturellement du Porhoët.

Du reste, une notable partie de Reguiny était « dans les bornes et estendue dudit comté » : le fief même et rolle de Reguiny s'étendant aux maisons nobles de Pornan, de Coetdrigan, du Rogouet ; la seigneurie du Resto et ce qui en a été détaché ; le fief de Briend Maillard.

Quand la châtellenie de la Chèze fut détachée en 1603, elle passa à la vicomté voisine, avec l'apport de toutes paroisses que nous avons vues ; il ne resta dès lors que le territoire de Josselin, nord et sud de l’Oust, pour constituer l'élément propre du comté.

 

GÉNÉALOGIES DES COMTES DE PORHOËT.

Généalogie des comtes du Porhoët (Bretagne).

(Hervé DU HALGOUET).

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