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LE PORHOËT : LE COMTÉ, SA CAPITALE ET SES SEIGNEURS. |
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AVANT-PROPOS.
En réunissant différents documents sur le Porhoët, nous nous sommes efforcés de montrer la place que tint en Bretagne cette ancienne Baronnie et le rôle joué par ses seigneurs, qui occupèrent de tous temps un rang supérieur dans la hiérarchie féodale de la province.
Nous avons cru intéressant de faire connaître d'abord ce que fut le vaste territoire qui donna son nom au Comté, ainsi qu'à un doyenné et à un archidiaconé ; on se rendra mieux compte de l’importance originelle de ce grand fief qui, par suite de multiples démembrements, se réduisit finalement à une seule châtellenie, celle de Josselin.
Du culte que nous devons au sol natal, l’étude de son histoire n'est pas une des moindres obligations ; nous devons moralement nous grandir et nous fortifier des défaillances comme des gloires nationales, leurs leçons seules maintiendront intactes en nous les traditions de la race. Réagissons contre l'oubli ; la vie n'est pas toute dans le présent, elle est dans le passé, elle en dépend fatalement et y a ses plus profondes racines.
Cependant les écrits, que le temps efface, ne suffisent pas à commémorer nos gloires ; la pierre et l'airain transmettent plus sûrement le souvenir aux générations futures.
Pourquoi ne verrions-nous pas un jour Guéthenoc, premier vicomte de Porhoët et fondateur de Josselin, revivre parmi nous ?
De la promenade publique qui domine la ville, non seulement il verrait à ses pieds la forteresse dont il jeta les bases et le sanctuaire de la Vierge qui l'attira en ce lieu, mais encore son regard pourrait embrasser le vaste horizon de son ancien « royaume ».
Dans cette courte étude, nous n'avons eu d'autre règle que la chronologie, d'autre guide que les faits eux-mêmes.
Il est inutile de citer ici nos sources ; nous les avons énoncées en notes. La Bibliothèque Nationale nous a fourni les principaux matériaux, et les archives municipales de la ville de Josselin nous ont particulièrement éclairés sur l’époque révolutionnaire.
Voir " Les abbayes (Lantenac, Saint-Jean-des-Prés, Mont-Cassin) du Porhoët. ".
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PIECES JUSTIFICATIVES
(Nous nous en sommes tenus au minimum, pour
les pièces justificatives).
Fondation du Château de Josselin. (Traduction
littérale).
Vers l'année 1008. « Le monde étant encore
florissant et la foi vivace, un homme d'une grande noblesse et d'une profonde sagesse,
Guéthenoc, vicomte de Château-Thro, désirant changer son château de place, ouït
dire que toute plantation qui n'a point été plantée par le Père céleste doit
être arrachée. Inspiré par l’esprit divin, il se rendit au monastère du Christ à
Redon, lequel possède la prééminence sur les autres couvents de cette région et
prit le conseil des moines pour savoir quel jour, à quelle heure et sur
quelles fondations il devait édifier son château. Or, ceux-ci lui répondirent
que le Christ est le fondement de tous les biens et que tout ce qui repose sur
lui ne peut être détruit. Ayant entendu ces paroles, le vénérable proconsul
honora le saint lieu d'un magnifique présent ; il fit apposer sur l'autel du
Sauveur une table d'argent élégamment dorée ; il se recommanda, lui et tous ses
biens, aux prières des moines, et leur demanda de lui accorder, après sa mort,
ainsi qu'à ses héritiers, l'honneur d'être ensevelis dans leur église, comme
c'est la coutume pour les seigneurs de Bretagne. En outre, il plaça le château
qu'il devait construire sous la juridiction du Christ et de l'église de Redon et
constitua en faveur des moines un cens annuel de cinq sous grèvant ledit château
; il s'engagea de plus, au cas où son château serait un jour suffisamment
agrandi pour recevoir un prieuré, de ne donner ce dernier à aucune église, sinon
à l'abbaye de Saint-Sauveur ; il prit soin de corroborer ces dispositions par
une sentence de malédiction inéluctable contre ceux de ses descendants qui
tenteraient de les violer en connaissance de cause. Cet acte fut passé en
l'église du Sauveur, avec l'attestation de Dieu et de tous les saints. Or
le dimanche suivant, à la première heure, le proconsul
planta, selon la coutume, le premier pieu pour l’éditication de son château,
fonda une chapelle en l'honneur du Saint Sauveur et confirma l'ensemble de ses
dispositions en présence de tous ses sujets » (Cartulaire de Redon, éd. de
COURSON, p. 241).
Fondation du Prieuré de Sainte-Croix de Josselin.
(Traduction littérale).
Vers l'année 1059. «
Le noble et sage proconsul Guéthenoc étant mort fut
enseveli dans l'église capitulaire de Redon ; il eut pour
successeur son très noble et très sage fils Goscelin. Celui-ci voyant qu'à la
suite d'une donation faite par son père au Dieu-Sauveur, les possessions
paternelles s'étaient accrues, résolut d'augmenter la dite fondation et par là
même d'augmenter ses biens. Il fit donc venir auprès de lui Perennesius,
vénérable abbé de Redon, désirant accomplir les vœux faits jadis par son père
pour l'agrandissement de son château, avec la protection de Dieu. Il constatait
en effet, et telle était sa ferme conviction, que non seulement son château mais
encore son fief en entier avaient été pour eux agrandis de toute part ; c'est
pourquoi il fit don à la sainte église de Redon d'une habitation voisine de son
château et propre au logement des moines, à savoir : le prieuré de Sainte-Croix
et des saints martyrs Corneille et Cyprien, avec l'ancien faubourg et le
territoire s'étendant jusqu'au milieu de la rivière d'Oult, y compris ses
revenus et sa juridiction tels que lui-même les possédait pour son château. Et
pour jouir en tous temps du conseil desdits moines, il leur donna par la même
charte les terres suivantes éparses dans diverses paroisses ; « Crannam et
Tinsedio » sur le territoire desquelles est bâtie l'église de Sainte-Croix ;
« Plucgaduc in Keminet » ; la quatrième partie des redevances de la saint Michel ;
« Tossat et Griat in Lannois » : « Kerhennam in Gillac » ; « Treublen
in Loiat » ; « Corrinbuhucan in Quilir » ; « Kerloern in Muthon »
; « Keridlven in Miniac » ; « Kermoil in Plumiuc » ; «
Kermelennan in Locduiac » ; « Tresmes in Nuial » ; « Coidan in
Pluhuduc » ; « Choitmesun in Nuiliac » [Note : On reconnaît
là un grand nombre des anciennes paroisses du Porhoët : Lanouée, Guillac, Loyat.
Quilly, Mohon, Plumieux, Loudéac, Noyal..., etc.]. De leur côté
l'abbé et les moines considérant la dévotion du vénérable
proconsul accorderont à ladite église de Sainte-Croix le privilège et l'honneur
de servir de sépulture, pouvoir que la sainte église de Redon a reçu du Pape ;
ils donnèrent en outre toutes les terres qu'ils possédaient sous la suzeraineté
dudit château, car il est écrit dans leurs chartes qu'ils ne doivent posséder
ces biens qu'à la condition de les tenir en fiefs desdits vicomtes. Du présent
acte sont témoins : le proconsul lui-même comme suzerain du bénéfice ; son fils,
l'évêque Maenguis, et ses deux autres fils, Roger et Eudon ; Donuallon ; Joël,
notaire ; Hervé, prêtre ; Robert, fils de Roger ; Roger, fils de Guenealon ;
Theholus, Garnier, Etienne, fils de Kaledan ; Guillaume et plusieurs autres
moines de Saint-Sauveur : Perennesius, abbé ; Almodus, prieur ; Jehan, moine ;
Hervé, prêtre ; Heloir, prêtre ; Helogon, Declu, Hugolin de Ploiarmel ;
Morwethenus.
(Cartulaire de Redon. Biblioth. Nat. man. fr. 22 330 et éd. de
COURSON, p. 242-243).
Fondation du Prieuré de Saint-Martin de Josselin.
(Traduction littérale).
Année 1112. Si quelqu'un désire
connaître plus à plein la donation de la chapelle du château de Josselin, que Josselin,
vicomte, fils de l'illustre vicomte Eudon, a faite pour le repos de son âme et
de celles de ses ancêtres, à Dieu, à Saint-Martin et à nous, moines de
Marmoutiers vivant sous la discipline de l'abbé Guillaume, la première année de
l'abbatiat de ce dernier, c'est à savoir l'an de l'Incarnation de N. S. 1105 ; si
quelqu'un, dis-je, souhaite connaître entièrement cette donation, qu'il se
reporte à l'acte ci-dessous intitulé : « Cyrographe au sujet du château de
Josselin fait entre nous et lui et conservé dans les archives de notre monastère
pour l'instruction de la prospérité » [Note : Cet acte n'est pas reproduit
dans Dom Morice]. Pour l'instant nous avons seulement
pris soin de désigner les reliques que messire Guillaume, abbé, a transférées de
notre monastère dans ladite chapelle à la demande du susdit vicomte Josselin, et
de désigner l'époque de ce transfert, à savoir l'an de l'Incarnation de N. S.
1112 à la 3ème indiction, sous le pontificat du pape Pascal, le règne de Louis,
roi de France, et d'Alain comte de Bretagne, sous l'épiscopat de Benoît
évêque d'Aleth et le gouvernement du vicomte Josselin déjà cité, enfin la
cinquième année de l'abbatiat de notre abbé Guillaume. Messire l'abbé Guillaume
ouvrit lui-même les reliquaires de notre monastère et en retira ces restes si
précieux ou plutôt inestimables qui sont les saintes reliques de la Croix divine
et les ossements des saints Corentin, évêque, Flavien, martyr, des saints
évêques Fulgences et Samson, et de saint Martin abbé ; cette cérémonie eut lieu
sous les yeux de nos moines, du prieur Guillaume, d'André de Gomez, d'Hervé
prieur de Camors, de Pierre Baile, etc. Après avoir réuni lesdites reliques avec
le plus grand soin, messire l'abbé les transporta en Bretagne et les déposa dans
ladite chapelle.
(Extrait du Cartulaire de Marmoutiers, Don MORICE,
Preuves, t. I, col. 511).
Principal accord sur le partage des biens d'Eudon III de
Porhoët. (Traduction littérale).
Année 1241. A tous
ceux qui ces présentes lettres verront, Jean, duc
de Bretagne, comte de Richemond, salut en N. S.
Sachez que, constitués en notre présence, Raoul de Fougères d'une part et Pierre
de Chemille et Ollivier de Montauban d'autre part, agissant en leur nom et en
celui de leurs épouses comme héritiers d'Eudon, fils de comte, au sujet de
l’héritage qui leur était échu en commun dudit Eudon, ont conclu en notre
présence un accord sous la forme suivante : à savoir que dudit héritage qui leur
est échu comme il a été annoncé, ledit Raoul possédera et aura à perpétuité deux
parts et mêmement lesdits Pierre et Ollivier et leurs femmes posséderont et
auront à perpétuité la tierce part : sous telle condition cependant que dans la
part dudit Raoul il restera audit Raoul la ville et le château de Josselin, la
forêt de Lannois et la paroisse de Mohon comme elle se comporte, sauf les
exceptions ci-dessous écrites et selon la prisée qui sera faite par messires
Bonab de Rogey, Men de Derval, Jean de Maurre et Georges Villageois, chevaliers.
De même, auxdits Pierre et Ollivier et à leurs femmes resteront la forteresse et
la ville de la Chèze, la ville de la Trinité et la forêt de Loudéac, en leur
part et selon la prisée qui sera faite par lesdits chevaliers. Tous les autres
biens qui leur sont échus par ledit héritage où qu'ils se trouvent : bois,
fermes, prés et eaux seront appréciés et estimés par lesdits chevaliers ; et, si
par cette appréciation et estimation on trouve que ledit Raoul possède à présent
au-delà de deux parts dudit héritage, lesdits chevaliers remettront auxdits
Pierre et Ollivier et à leurs femmes la partie qui leur est
dûe à choisir parmi les territoires qui leur seront les plus
accessibles et les plus commodes, sauf sur les lieux déjà mis hors de cause : la
même clause sera appliquée audit Raoul si lesdits Pierre et Ollivier possèdent
présentement au-delà de la tierce part. Pour ce qui concerne la ville de la
Trinité, à savoir les biens que ledit Raoul y possédait, ce dernier acceptera un
échange équitable proposé par lesdits chevaliers ; lesdits Pierre et Ollivier et
leurs femmes resteront en saisine de ces biens jusqu'à ce que la prisée en ait
été complètement terminée. Le présent accord a été conclu en réservant le droit
d'aînesse dudit Raoul que ce dernier pourra faire valoir quand il voudra :
lesdites parties sont tenues de faire venir de leurs terres tous les témoins que
les susdits chevaliers demanderont pour procéder à la prisée, nous avons même
accordé auxdits chevaliers le pouvoir de se faire envoyer nos propres sujets
s'il en est besoin. Ainsi ledit héritage sera divisé entre les parties par ces
chevaliers de telle sorte que Raoul aura deux parts en fief et en domaine et
Pierre et Ollivier et leurs femmes la tierce part susdite ou que l'échange sera
fait aux conditions ci-dessus énoncées au sujet de la ville de la Trinité, s'il
arrive que les chevaliers fassent à Raoul restitution de quelque bien en la
possession actuelle de Pierre, d'Ollivier et de leurs femmes. Pour procéder de
bonne foi entre les parties à cette appréciation, estimation, échange et
division, lesdits chevaliers ont prêté serment corporel et lesdites parties se
sont engagées par serment verbal à se soumettre à leurs décisions. Donné à
l'abbaye du Mellerai l'an du Seigneur mil deux cent quarante-et-un, le lundi
lendemain de la fête des saints Tiburce et Valérien.
(Cartulaire d'Alençon,
Bibliot. Nat. Titres Fougères et Porhoët, man. fr. 22 330).
Contrat d'échange du comté de Porhoët avec la baronnie de Tuit en Normandie.
(Copie textuelle).
Année 1370. « Nous Pierre Conte d'Alençon, et nous Robert
d'Alençon Conte du Perche, faisons sçavoir à tous présens et avenir, que nous bien avisiez,
pourveuz et conseilliez pour notre cler et évident prouffit avons eschangé,
quittié, cessié, transporté, et délaissié, et par la teneur de ces présentes
lettres baillons, quictons, cessons, transportons et délaissons par nom de pur,
vray et loyal eschange fait but à but sans aucunes soltes d'argent à nostre très
chier et bien amé Messire Olivier Sire de Gliçon et à Madame Béatrix de Laval sa
femme, pour eulx, pour leurs hoirs, et pour leurs successeurs, et pour ceulx,
qui auzront cause d'eulz à toujoursmais, nostre chastel, ville et chastellenie
de chasteau Jocelin en Bretaigne avec toute les terres, boys, prez, rivières,
estans, manoirs, moulins, fiez, arriesrefiez, hommes, hommages, et toute
jurisdiction, et justice haute, moyenne et basse, et autres noblesses, cens,
rentes, revenus, prouffits et émolumens, et autres appartenances quelconques en
quelconques choses et valeur que elles soient pour la Baronnie, chastellenie,
et toute la terre du Tuit, que ledit Sire de Cliçon tient de son héritage séant
en la vicomté de Faloise en Normendie avecques les bois, prez, rivières, estans,
fiez, arriesfiez, hommes, hommaiges, et toute jurisdiction haute, moyenne et
basse, et autres noblesses, cens, rentes, revenus, et tous autres prouffilz et
émolumens, si comme ledit Sire de Cliçon les a tenu et tient ; et pour deux mille
livres tournois de rente que iceux Sire de Cliçon et sa femme prennent à
héritage à cause de ladite Dame sur la recepte de Champaigne ; lesquelles
Baronnie, chastellenie et terres, et deux mil livres tournois de rente à
héritage iceulx Sire de Cliçon et sa femme nous ont transportez, quittiez et
délaissiez pour nous et pour nos hoirs et successeurs et ceulx
qui auront cause de nous à toujoursmais parmi ledit eschange,
et nous en tenons pour bien contens. Et pour nous désaisir desmettre de la foy et
homage desdits chastel, ville, chastellenie, et appartenances de chastel Jocelin
en la main de nostre très-cher et très amé cousin le Duc de Bretaigne, de qui y sont
tenus et meuvent, nous avons constitué et estably, et par la teneur de ces
présentes constituons et establissons nos Procureurs Messire Robert de Beaumanoir,
Messire Henry de Plédran, Messire P. du Bois-Helyou, et Messire Olivier de Valcler
et chascun deulx pour le tout. Prions et requérons nostredi cousin le Duc que ladite
desaisine et demission vueille prendre et recevoir et prandre aussi et recevoir
le dit Sire ce Cliçon en sa foi et homage d'iceulx au tiltre dessus dit,
promnettans que contre cest present eschange ne vendrons ne venir ferons par nous
ne par autres, mais le tendrons et ferons tenir et accomplir de point en point.
Et les chastel, chastellenie et appartenances de chastel Jocelin deffus diz nous
délivrerons ou ferons delivrer, et garantirons et deffendrons envers touz et
contre touz ausdit Sire de Cliçon et sa femme et à leurs hoirs et successeurs,
et ceulx qui auront cause d'eulx à tousjoursmais à nos propres couz et despens ; et
paierons et ferons paier tous couz despens et interestz, se aucus avoient ou
soutenoient par deffaute de délivrance de garantie ou de deffense. Et quant à ce
obligeons nous et nos hoirs et successeurs, meubles et non meubles et de
nosdits hoirs et successeurs, et les biens de nous et de nosdits hoirs et
successeurs, meubles et non meubles présens et avenir ou que ils
soient renonçans en ce fait à la toute erreur, fraude, lésion decevance, à toutes
graces, privileges, donnés et à donner, et à tout ce qui valoir et profiter nous
pourroit à venir ou faire encontre cest présent eschange en quelque maniere. Et que
ce soit ferme chose et estable à toujours nous avons fait mettre nostre sceaux à
ces lettres Donné à Paris le XIVème jour de May l'an de grâce MCCCLXX. Titre
de Blein ».
(Dom MORICE, Preuves, t. I, col. 1639-40).
Déclaration du Duc de Bretagne concernant la Châtellenie de la Chèze.
(Analyse).
Année 1396. Jehan, duc de Bretagne, à tous ceux qui ces
présentes lettres verront, salut. Nous venons d'entrer en composition avec notre très cher cousin, Alain
Vicomte de Rohan, au sujet du droit de rachat qui nous était dû par lui sur la
Vicomté de Rohan et sur le territoire de la Chèze, du fait de la mort de son
père, Jehan, Vicomte de Rohan ; ledit Vicomte Alain se libérera à notre égard par
le paiement d'une somme de trois mille livres. Mais comme le territoire de la
Chèze est de la tenue et ressort de la baronnie de Porhoët, laquelle est
actuellement en la possession de notre très cher cousin Olivier, sire de
Clisson, et comme ledit sire de Clisson prétend que sa baronnie de Porhoët est
exempte du droit de rachat, nous déclarons que les conventions faites entre nous
et le Vicomte de Rohan au sujet du territoire de la Chèze, ne porteront aucune
atteinte au privilège d'exemption de rachat dont ledit sire de Clisson jouit
pour sa baronnie de Porhoët. Fait à Quimperlé, le jeudi 11 mai 1396. Par le duc,
de son commandement ; G. ESCHALASTRE.
(Archives du château de Nantes. Dom
MORICE, Preuves, t. II, col. 666).
******
NOTES COMPLÉMENTAIRES.
Notes complémentaires concernant la ville de Josselin et les
seigneurs de Porhoët tirées de la Réformation du domaine de 1679.
(Archiv.
Nat. - Ploermel, Vol. VII (P. 1685).).
Au chapitre de Josselin, après avoir parlé du château « avec ses tours, parapets, mâchicoulis, fossés, grand et petit ponts levis et dormants » dans lequel la châtelaine d'alors, Princesse Marguerite, duchesse de Rohan, princesse de Léon, comtesse de Porhoët, marquise de Blain [Note : La veuve d'Henry Chabot, duc de Rohan], etc., et ses prédécesseurs « ont de tous temps immémorial mis et établi capitaine, concierge et portier », le Commissaire royal entre dans l'énoncé des églises, chapelles, prieurés de la ville et dans la description quelque peu détaillée de Notre-Dame.
« Dans laquelle église de Notre-Dame et au chœur d'icelle il y a un tombeau de marbre blanc et noir élevé de trois pieds, sur lequel sont embossées les représentations de feu Mgr Ollivier de Clisson et de défunte Mme Béatrix de Laval, son épouse [Note : Le tombeau que nous voyons maintenant dans la chapelle Marguerite était effectivement à cette époque en face du maître-autel, à l'emplacement des dalles qu'on y voit aujourd'hui] ; dans lequel chœur il y a, du côté de l'Evangile, un banc accoudeur, armorié d'un écusson couronné, mi-partie des armes de Rohan et de la Hunaudaie.
Et au côté dudit chœur, vers le Nord, est une chapelle de Sainte-Catherine dans laquelle et en partie sous la voûte, plus haute proche la sacristie, est un charnier en terre auquel se voit quelques corps des anciens seigneurs comtes dudit Porhoët ou d'autres de leur maison.
Et du côté du midi est une autre chapelle nommée Sainte-Marguerite, dans laquelle autrefois l'on inhumait les officiers et domestiques des anciens seigneurs comtes dudit Porhoët ».
Pour séparer cette chapelle du chœur « il y a une basse voûte dans l'épaisseur de la muraille avec une grande grille de fer du côté de la chapelle Sainte-Marguerite et du côté du chœur ». On reconnaît aisément là l'oratoire des seigneurs suzerains.
« Et dans les principales vitres dudit chœur, des chapelles Sainte-Catherine, Sainte-Marguerite et Saint-Jean (fonts baptismaux), sont les armes de la maison de Rohan avec les alliances d'hermines de Bretagne et d'un lion d'argent, couronné, armé et lam passé d'or..... » [Note : On se souvient que Clisson portait un lion d'argent].
A l'extérieur de l'église, gravés dans la pierre, outre les armoiries citées plus haut, on trouvait aussi des écussons « mi-parties de trois chabots de gueule en champ d'or et de neuf macles d'or en champ de gueule et des armes de Bretagne en alliance ». Les armoiries des Rohan, sous une forme ou sous une autre, figuraient du reste sur tous les autres sanctuaires de la ville. Saint-Laurent, la chapelle des Caquins, elle-même, en était ornée.
C'est à l'extrémité du faubourg Sainte-Croix que se trouvait le quartier des Caquins, qu'on appelait encore Cacoux ou Caqueux.
« Ceux-ci, descendants des lépreux ou des ladres du moyen âge, inspiraient au reste des habitants une répulsion dont les effets subsistèrent bien au delà de la Révolution et qui se traduisaient par certaines vexations contre lesquelles les arrêts du Parlement de Bretagne et les remontrances de la partie éclairée de la population cherchait en vain à lutter » (ROSENSWEIG). Toujours groupés ensemble dans des villages situés à quelque distance des bourgs ou villes, dont les uns ont conservé le nom primitif de Maladrerie, ils étaient relégués et mis pour ainsi dire hors la loi commune. Ils ne pouvaient contracter mariage qu'entre eux ; leurs enfants, sur les registres paroissiaux, étaient confondus avec les bâtards. A l'église, obligation leur était imposée de se tenir dans la partie inférieure ou même dans un bâtiment contigu ayant son entrée spéciale (la chapelle Saint-Gobrient, en Saint-Servan, nous en offre un exemple), de ne se présenter que les derniers pour baiser la paix et les reliques, de recevoir dans la main le pain béni qu'ils ne pouvaient prendre eux-mêmes. . . etc. Leur occupation particulière était la fabrication des cordes et cordages, si bien qu'au XVIIIème siècle on ne les désignait plus guère que sous le nom de cordiers.
« Les Caquins, dit le commissaire de 1679, contre le droit de foire dont ils jouissent, sont tenus de fournir les cordages nécessaires pour lier et exécuter les condamnés à mort, au fouet ou autres peines afflictives et corporelles qui sont exécutées dans le Comté, à la poursuite du procureur fiscal et outre de fournir licols et liens pour les chevaux de nos Seigneurs les Comtes ».
La foire dont il est question ici se tenait le 10 août, près du quartier Saint-Laurent. Du reste voici « les foires dépendantes dudit comté de Porhoët, lesquelles et autres se tiennent, tant en ladite ville que faubourgs d'icelle et autres lieux dans ledit comté, par an, où toutes espèces de bestiaux comme chevaux, bœufs, vaches, porcs, brebis, moutons et autres s'exposant et vendant en un lieu à ce destiné ».
Pour les foires de la ville, qui suivent, et dont la jouissance était réservée au titulaire du Porhoët, ce lieu s'appelait « le fresche de Saint-Martin », dans le faubourg de ce nom.
1° La Grande foire, autrement dit la première foire. Le 6 mai. — On
l'appelle aussi la foire franche parce qu'elle est exempte de tous droits.
2°
La foire fleurie. Le mardi suivant le dimanche de la Quasimodo.
3°
La foire de la Guehenaie, 14 septembre.
Foires données aux prieurs des faubourgs :
1° Foire de Sainte-Croix, au prieur de Sainte-Croix,
le 3 mai, délaissée depuis 50 ans.
2° Foire Saint-Jacques, au prieur au
chapelain de Saint-Jacqueè, le 25 juillet.
3° Foire de Saint-Laurent,
appartenant aux caquins aux malades de la maladrerie et hospitalisés de
Saint-Laurent, le 10 août.
4° Foire de la décollation de Saint-Jean-Baptiste à l'abbé de Saint-Jean-des-Prés, 29 août.
5°
Foire de Saint-Nicolas, au prieur de Saint-Nicolas, le 6 décembre.
Autres foires, hors la ville et les faubourgs :
1° La foire de Saint-Maudé, au village de ce nom (en
La Croix Helléan), le 19 mai.
2° La foire du Mont-Guehenno, en ce lieu, le 29
septembre, appelée aussi la foire de Saint-Michel [Note : Cette foire existe
encore au début du XXème siècle et est une des plus importantes de la contrée].
3° La seconde foire de
Saint-Maudé, le 18 novembre.
Comme actuellement, les marchés avaient lieu tous les samedis.
Le droit d'étalage et de mesurage sur les marchandises appartenait au seigneur ; comme également le droit de bouteillage, c'est-à-dire, la retenue d'une pinte sur chaque charretée de vin ou boisson quelconque amenée en ville pour être vendue.
Dans cet ordre d'idées citons encore quelques servitudes et obéissances dues aux comtes de Porhoët, par les habitants de Josselin ou des environs.
Les habitants de Saint-Nicolas étaient obligés de « porter leurs grains à moudre et leurs draps à fouler au moulin Beaufort, dessous le château, et de payer le droit de mouture et le foulage à la coutume, à cause et parceque les prieurs n'avaient point droit de bâtir moulins ».
Il y avait aussi la servitude du four, qui concernait la ville entière : « tous les hommes et vassaux en proche fief dudit Porhoët, étant en la ville et faubourgs sont tenus de porter ou faire porter leurs pastes de seigle et froment à cuire et d'en payer pour devoir de cuisson deux sols tournois par boisseau de seigle et quatre sols tournois par boisseau de froment en petit pain ».
Comme autre coutume curieuse, les habitants de Glac, Haut et Bas [Note : Paroisses de Guillac, Helléan, La Croix Helléan], lorsque les seigneurs allaient de Josselin à Blain, ou inversement, étaient chargés du transport de leurs bagages durant le trajet Josselin-Redon ; ils devaient aussi « aider a prendre les loups chevaux de haras et autres bestes en la forêt de la Nouée » [Note : Ce texte nous apprend qu'à Lanouée (comme dans beaucoup d'autres forêts à cette époque) les seigneurs de Porhoët faisaient l'élevage du cheval, abandonnant un certain nombre de ces animaux à eux-mêmes, leur recommandant de croître et de se multiplier. Si l'on avait besoin de ces chevaux, pour un service ou pour un autre, il fallait naturellement organiser une sorte de battue] lorsqu'ils en étaient avertis. Ceux de Lanouée, eux étaient tenus à la fourniture du bois de chauffage pour les comtes et les capitaines du château.
Pour être exact, ajoutons que les paroisses ainsi grevées, bénéficiaient alors d'une réduction de la taille qu'elles avaient à payer annuellement.
LA CARTE DU PORHOËT.
Nous avons établi cette carte pour permettre d'embrasser d'un coup d'œil, toutes les phases par lesquelles a passé le Porhoët. Tandis que nous n'avons fait qu'indiquer d'un trait rapide les différents démembrements qui morcelèrent ce grand territoire, nous nous sommes plus particulièrement arrêtés au comté, tel qu'il fut après la généreuse donation du prince Geoffroy à son frère (1120).
Par un effet tout naturel, petit à petit, les habitations éparses se groupèrent, les paroisses se formèrent ; l’autorité ecclésiastique les réunit en doyennés, l'autorité seigneuriale en châtellenies. Le Porhoët forma deux châtellenies : la Chèze et Josselin, et subsista ainsi jusqu'à l'érection de la vicomté de Rohan en duché.
C'est un aveu de 1471, dont l'original existe à Nantes, aux archives de l'ancienne chambre des comptes de Bretagne, qui, le premier, nous révèle cette subdivision en deux membres principaux.
L’acte est d’autant plus intéressant qu’il donne les paroisses de chacune des châtellenies. C’est sur lui, et sur les déclarations qui ont servi à la réformation du domaine en 1679, que nous avons tablé, pour dresser notre carte. Les paroisses à cet intervalle de deux siècles, sont les mêmes, et le nombre n'en diffère pas.
La châtellenie de la Chèze comportait 21 paroisses ou trêves ; toutes faisant partie de l'évêché de Saint-Brieuc : Uzel. Saint-Hervé. Grâce. Saint-Thelo. Trevé. La Motte. Saint-Sauveur Le Haut. La Prenessaye. Lanrenan. Plemet. Loudéac. Cadillac. Saint-Barnabé. La Chèze. La Ferrière. Plumieux. La Trinité. Saint-Étienne. Saint Maudan. Saint- Samson. Brehan-Loudéac.
Quant à la châtellenie de Josselin, elle était ainsi composée.
Trois paroisses de l’évêché de Saint-Brieuc : Langourla, Saint-Vran, Mérillac.
Plus, dans le même évêché, toute la seigneurie de Bodegat avec ses dépendances en Plumieux (La Ville-Radio, la Barre, Renefort, avec baillages s'étendaat à différents villages), en la Chéze et la Trinité. Plus également, la terre de la Ville Jegu, en Plumieux.
Vingt paroisses ou trêves de l'évêché de Saint-Malo : Merdrignac. La Grée-Saint-Laurent. Gomené. Loyat et Gourhel. Brignac. Campénéac. Menéac et Evriguet. Helléan. Guilliers. La Groix Helléan. Mohon. Josselin (3 paroisses). Lanouée et Pommeleuc. Guillac et Montertelot
Seize paroisses ou trêves de l'évêché de Vannes. Cette portion prenait nom de fief de Quemenet, autrement d'Outre l'eau : Sainte-Groix de Josselin. Guégon avec Tregranteur et Goët-Bugat. Saint-Servan. Quily. Cruguel. Guehenno avec La Chapelle es Brières. Billio. Saint-Jean Brevelay, toute la partie « qui est deça la rivière la Claie vers ledit bourg » (entre autres les fiefs de Brenelo, du Poulduc, de Kerangat, de la Forest) [Note : Le reste de Saint-Jean Brevelay était de la vicomté de Rohan]. Plumelec et Saint-Aubin. Le Roc et Lizio, dites dans le terrier de 1679, fillettes ou trêves de Serent qui était tributaire du Porhoët, pour toute la seigneurie de la Chapelle qui s'étendait même dans Caro et Bohal [Note : La paroisse de Serent était de Malestroit].
Lantillac. — La seigneurie de Lantillac, comme nous l'avons déjà vu, aussi ancienne qu'importante, s'étendait hors des limites de la paroisse de ce nom. Tout ce qui dépendait d'elle, en Reguiny, Radenac et Moréac, relevait naturellement du Porhoët.
Du reste, une notable partie de Reguiny était « dans les bornes et estendue dudit comté » : le fief même et rolle de Reguiny s'étendant aux maisons nobles de Pornan, de Coetdrigan, du Rogouet ; la seigneurie du Resto et ce qui en a été détaché ; le fief de Briend Maillard.
Quand la châtellenie de la Chèze fut détachée en 1603, elle passa à la vicomté voisine, avec l'apport de toutes paroisses que nous avons vues ; il ne resta dès lors que le territoire de Josselin, nord et sud de l’Oust, pour constituer l'élément propre du comté.
GÉNÉALOGIES DES COMTES DE PORHOËT.
(Hervé DU HALGOUET).
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