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LES RELIGIEUSES URSULINES A MORLAIX

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LES RELIGIEUSES URSULINES DE MORLAIX

Le couvent des Ursulines fut fondé au haut de la rue des Vignes, en 1640, par la famille Thépault de Tréfalégan. Leur chapelle fut achevée, en 1661, et leur maison conventuelle, en 1664. En 1792, cet établissement contenait dix-neuf mères de chœur et treize converses. Le 12 juin 1792, les religieuses reçurent l'ordre de renvoyer leurs pensionnaires au-dessous de quatorze ans. Le 2 octobre, la municipalité leur envoya deux commissaires qui dressèrent l'inventaire de ce qu'elles possédaient.

Les aumôniers des Ursulines, des Carmélites et des Calvairiennes ne voulurent pas prêter le serment et prirent la fuite, lorsqu'ils connurent l'arrêté du 26 novembre 1792 contre les ecclésiastiques. Cependant leurs noms n'étaient pas portés sur la liste de proscription. Les religieuses, privées de tout secours religieux, demandèrent à la municipalité de vouloir bien autoriser le retour de leurs aumôniers, la municipalité leur donna une sauvegarde (Lettre du 10 janvier 1792) et ces prêtres revinrent prendre leurs fonctions.

Mais quelque temps après, M. Morvan, directeur des Carmélites, M. Lagadec, aumônier des Calvairiennes et M. Mével, aumônier des Ursulines, furent arrêtés, le 23 mars 1792, par ordre du Directoire du district. La dénonciation portée contre M. Morvan ayant été reconnue mal fondée, ce prêtre fut relâché aussitôt, mais les deux autres furent conduits au château de Brest. Ces arrestations furent considérées par le public comme une violation de la parole donnée par la municipalité. Des cris de réprobation s'élevèrent contre elle et on l'accusa de perfidie. La municipalité ne voulut pas rester sous le coup de cette accusation et protesta par la lettre suivante qu'elle adressa au District, le 23 mars : « La municipalité, gardienne naturelle de la propriété et de la liberté des citoyens de la commune, ne peut sans trahir son devoir, ne pas s'intéresser pour ceux dont vous avez ordonné l'arrestation, sans doute ils sont coupables, puisque vous avez sévi, mais leurs représentants ont droit de connaître la nature des délits, dont on les a accusés auprès de vous ; comme il serait injuste qu'ils fussent punis avant d'avoir été entendus et convaincus, et qu'aucune instruction ne doit être secrète, la municipalité réclame de votre justice que les Srs. Mével et Lagadec demeureront en arrestation à Morlaix jusqu'à la pleine conviction de leur culpabilité que vous ne refuserez sans doute pas de nous faire connaître ».

Après cela, le maire s'empressa de réunir le conseil général de la commune pour prendre une prompte délibération sur cette affaire et en même temps tous les officiers municipaux donnèrent leur démission.

Le Conseil général approuva la conduite de la municipalité et nomma une députation composée du maire et de deux conseillers pour se rendre à Quimper auprès du Directoire du département. Le maire fut fort bien accueilli par l'évêque, M. Expilly, qui accompagna la députation auprès des membres du Directoire. Le Maire, M. Diot, prit la parole et dit au président : « Députés par la commune de Morlaix, ses représentants viennent avec confiance vous porter ses doléances, intéresser votre attention, réclamer votre justice » et il exposa l'affaire de l'arrestation des prêtres, fit entrevoir la possibilité d'une démission générale des représentants de la cité et termina en disant : « La Révolution, Messieurs, a détruit les lettres de cachet, le fléau de la liberté ; sans doute vous ne pouvez permettre que cette verge du despotisme renaisse sous une autre forme, et si cela était jamais, ni moi ni mes collègues n'y prêterions notre ministère. Si notre conduite est répréhensible, prononcez, Messieurs, ouvertement votre opinion ; nous pouvons errer, mais du moins nos erreurs ne seront jamais volontaires. Si, comme la commune de Morlaix, vous approuvez notre conduite, manifestez votre opinion avec la même franchise, établissez la ligne de démarcation des pouvoirs respectifs des deux administrations et par là vous atteindrez le but de notre mission ».

Le Directoire engagea la municipalité à retirer sa démission et fit appel à la conciliation ; les deux pouvoirs firent la paix et le maire retira sa démission. Nous pensons que les aumôniers furent rendus à la liberté, mais nous n'en avons trouvé aucune preuve.

Le 29 octobre de la même année, conformément à la loi du 18 août, les Ursulines furent expulsées et leur couvent devint l'hospice militaire du Bel-Air. A la suppression de cet hôpital, les religieuses obtinrent la permission d'y rentrer, le 14 juillet 1807. Elles tiennent alors en 1879 un pensionnat de jeunes filles qui est très-prospère. Depuis leur retour elles ont eu pour aumôniers : Le P. Joseph et le P. Noirot, dominicains ; et les abbés, Léonard, Monfort, Georget, Le Roy, Pennors, Bothorel, 0llivier, Cabon et Jaouen.

La chapelle mérite une mention particulière. La façade se compose d'un grand rectangle, partagé en deux sections par un entablement continu, dont la frise est ornée de feuillages dans toute sa longueur ; on a gravé au milieu la date de 1661. Au centre de la partie inférieure s'ouvre une large porte à plein cintre, ayant pour clé de voûte un mascaron surmonté d'un collier de l'ordre de Saint-Jacques, qui entourait un écusson aujourd'hui martelé. Cette porte est flanquée de deux colonnes corinthiennes en granit qui font face à deux pilastres de même style. Les piedestaux qui supportent les colonnes sont d'un vigoureux relief. Les fûts ornés de feuillages au tiers inférieur, et cannelés aux deux tiers supérieurs, supportent au-dessus de leur entablement un fronton brisé pour laisser passer la grande fenêtre, placée dans l'axe de la porte. La section supérieure du rectangle est encadrée de modillons ; on y voit aussi deux niches vides de leurs statues.

L'intérieur comprend une nef qu'éclairent de chaque côté quatre fenêtres à plein cintre ornées d'éclatantes grisailles. A droite et à gauche du choeur s'ouvrent deux grandes baies à plein cintre et à riches moulures, qui donnent accès l'une à la chapelle de la Vierge et l'autre au choeur des Ursulines ; comme ces dernières sont des religieuses cloîtrées, une balustrade sépare cette annexe de la chapelle. 

L'autel peut être cité comme un bon spécimen de travail moderne ; la mort de saint Joseph y est représentée dans un bas-relief qu'entoure un cadre de feuillages et qu'ornent deux colonnes torses corinthiennes d'un bon travail : deux statuettes en plein relief, placées dans des dais circulaires, complètent cette ornementation. Derrière l'autel s'élève un portique corinthien avec fronton entrecoupé, qui donne place à un second petit portique en amortissement. Un tableau, auquel il sert d'encadrement, représente saint Joseph à son établi, en compagnie de la Vierge et de l'Enfant Jésus ; c'est une copie d'Annibal Carrache. Le choeur est encore orné de deux autres tableaux qui représentent, l'un saint Augustin et l'autre sainte Ursule ; un quatrième tableau qui représente le Christ en croix, orne la paroi du côté de l'Evangile.

Si nous pénétrons dans le portique qui est à droite, nous voyons une petite chapelle, éclairée par quatre fenêtres ornées de jolies grisailles ; à l'endroit de la frise, il y a des anges sculptés qui portent des écussons : ces oeuvres d'une facture grossière annoncent une main inexpérimentée.

En face de cette chapelle s'ouvre le choeur des religieuses qui est couvert de peintures, dues au pinceau des pères dominicains. Il reçoit le jour par trois fenêtres de chaque côté, séparées par des pilastres à chapiteaux corinthiens et, dans la partie qui correspond au fût, richement ornés de cartouches d'un style puissant du premier quart du XVIIIème siècle, mais rappelant complètement le style de Louis XIV. Les cartouches du plafond offrent les mêmes qualités ; ils sont séparés les uns des autres par des moulures blanches sur fond gris-bleu et simulant des caissons d'un grand style. Le panneau central représente le Père Eternel dans sa gloire ; deux panneaux voisins renferment des concerts de séraphins. Les artistes ont peint encore la Cène, le Jardin des Oliviers, le Portement de croix, le Calvaire, les quatre Evangélistes, enfin sainte Ursule et ses compagnes. Ce travail artistique nous permet de constater que les pères Jacobins ne se livraient pas seulement à l'étude de l'éloquence, plusieurs d'entre eux cultivaient les beaux-arts avec succès ; ils nous ont laissé des sculptures remarquables que nous avons pu admirer à Saint-Mathieu, et, dans cette chapelle, des peintures qui sont des oeuvres d'art d'un mérite réel (J. Daumesnil).

Ville de Morlaix - Bretagne Voir Histoire des Religieuses Ursulines de Morlaix.

Ville de Morlaix - Bretagne Voir Les Ursulines de Morlaix sous la Révolution.

Ville de Morlaix - Bretagne Voir Les Ursulines de Morlaix après la Révolution.

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